Femme de convictions et marquée par l'horreur du premier conflit mondial, elle cherche à rapprocher la France et l'Allemagne pour des intérêts publics. Après avoir collaboré au journal Le Radical sous le pseudonyme masculin Louis Lefranc, elle écrit jusqu'en 1934 dans la revue hebdomadaire L'Europe nouvelle<ref name=denechere/> — fondée avec le soutien financier du journaliste Hyacinthe Philouze, dont le premier numéro paraît le Modèle:Date- et le dernier en Modèle:Date-. Avec cet hebdomadaire, elle a pour ambition de fonder Modèle:Citation.
En désaccord avec Philouze, Louise Weiss quitte L'Europe nouvelle pour collaborer à L'Information et au Petit Parisien. Elle se rend en reportage dans les capitales de l'Europe orientale (Prague, Budapest, Vienne, Varsovie), et à son retour revient à L'Europe nouvelle, dont Philouze, qui quitte la revue, lui laisse les commandes. Elle entend utiliser ce journal pour diffuser sa volonté de pacifisme. Elle sait s'entourer de futures grandes personnalités, qui lui fournissent une aide précieuse au sein du comité de rédaction, tel Louis Joxe, collaborateur privilégié. Henry de Jouvenel, Wladimir d'Ormesson, Georges Bonnet, Aristide Briand, Édouard Herriot, Marcel Cachin, Léon Blum, Saint-John Perse, Paul Valéry, Élie Faure l'aident également, occasionnellement. Louise reprend ses voyages en Europe : elle se rend notamment en Russie où elle rencontre Léon Trotski, mais ne peut approcher Lénine.
Croyant toujours en l'efficacité de la SDN, elle accompagne à Genève Herriot, qui fait partie de la délégation française à la SDN, au début d'Modèle:Date-. Elle y rencontre Briand : celui-ci vient d'exprimer dans L'Europe Nouvelle son souhait de créer une Modèle:Citation. Pacifiste, elle s'efforce de suivre Briand dans ses déplacements, convaincue comme lui que le recours à l'arbitrage est la seule voie pour assurer la sécurité.
Les chances s'amenuisant de sauver la paix par le désarmement, face à l'atmosphère de l'Allemagne à partir de 1930, Louise Weiss organise un cycle de conférences dans le cadre de L'École de la Paix qu'elle a fondée à la fin de l'année. Louis Joxe en est le secrétaire général. Placée sous le haut patronage de Briand, elle est inaugurée le Modèle:Date- et connaît un certain succès du fait de la renommée des conférenciers. Devenue un "établissement libre d'enseignement supérieur", l'École de la Paix, rattachée à l'académie de Paris, alloue aussi des bourses d'études et de voyage aux étudiants des Écoles normales d'instituteurs et institutrices pour former des missionnaires de la paix qui feront évoluer les mentalités.
L'accession au pouvoir de Hitler, le Modèle:Date-, et la politique initiée par le nouveau chancelier allemand inquiètent Louise Weiss. Elle se fait un devoir de publier en 1933 les lois d'Adolf Hitler relatives à l'aryanisation des écoles et administrations allemandes, à la stérilisation des infirmes et des malades, et elle ajoute dans ses Mémoires d'une EuropéenneModèle:Citation.
Elle quitte L'Europe Nouvelle à la suite de l'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne, qui marque l'échec du projet européen de rapprochement franco-allemand porté dès 1930<ref>Mort le Modèle:Date-.</ref> par Aristide Briand, et à cause des dissensions au sein de l'équipe de la revue, certains souhaitant encore une coopération avec l'Allemagne. Elle y signe son dernier article le Modèle:Date- <ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
En 1934, elle épouse José Imbert, un architecte dont elle divorce deux ans plus tard en 1936, ce que certains jugeront comme un mariage de convenance.
Droit de voter et d'être élue : elle entend bousculer l'inertie des élus nationaux par des méthodes radicales et fonde en 1934 l'association « Les femmes nouvelles ». Louise Weiss se présente symboliquement aux élections municipales de Montmartre le Modèle:Date- ; elle excelle dans la provocation ironique : transformant des cartons à chapeaux en urnes, elle recueille Modèle:Unité en sa faveur. Aux élections législatives de 1936, elle se présente symboliquement dans le [[5e arrondissement de Paris|Modèle:5e de Paris]] et mène des actions spectaculaires destinées à attirer l'attention de la presse.
Après l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne, le Modèle:Date-, Louise Weiss cofonde avec Suzanne Grinberg<ref>Modèle:Lien web</ref> fin 1938 l'Union des Françaises décorées de la Légion d'honneur, comptant sur leur patriotisme pour promouvoir l'importance de la défense passive d'un « service national féminin ». Les volontaires sont nombreuses à vouloir s'engager pour défendre la patrie en cas de guerre, mais Édouard Daladier, ministre de la Guerre, et Albert Lebrun, président de la République, refusent de les incorporer. À la fin d'août 1939, elle propose au général responsable du Comité de la défense passive, d'utiliser les femmes à la défense de la patrie. Il lui propose seulement d'organiser des quêtes pour recueillir de l'argent.
Le Modèle:Date-, elle obtient de son ami Georges Bonnet, ministre des Affaires étrangères, la création d'un Comité des réfugiés — dont le baron Robert de Rothschild assurera généreusement le fonctionnement — pour accueillir ceux qui fuyaient le régime nazi. Elle écrit Modèle:Citation.
En 1940, le général de Gaulle prononce l'Appel du 18 Juin. Modèle:Évasif Elle effectue un séjour de quatre mois aux États-Unis à la tête d'une mission pour collecter des médicaments destinés aux enfants de France, dans la logique de son engagement humaniste. Il s'agit d'une action de solidarité qui ne peut en rien être apparentée à une adhésion à la politique vichyste. De retour à Paris, elle s'aperçoit que son nom figure sur la liste des personnalités juives à éliminer ; elle se fait délivrer un faux certificat de baptême protestant, grâce à la protection du pasteur Monod. La mention de son nom disparaît de la liste publiée par le Commissariat général aux questions juives. Des membres de sa famille seront déportés.
Louise Weiss s'oppose au maréchal Pétain, auquel elle reproche d'avoir tout cédé aux Allemands dès 1940. Elle critique aussi Laval et Doriot. Elle écrit une pièce de théâtre intitulée Sigmaringen, qui décrit l’absurdité de du gouvernement français vichyste en exil, exfiltré dans ce château sur ordre d'Hitler, du 7 septembre 1944 au 22 avril 1945. Voilà ce qu’elle en dit, dans Tempête sur l'Occident, p. 46 à 54 : « Et si je me suis férocement saisie d’un cas extrême de l’irréalisme auquel peut conduire la passion du pouvoir, c’est pour mettre en garde les hommes d’État qui se croient encore les maîtres alors qu’ils ne commandent plus ». Dans ce passage, elle a des propos mordants sur Pétain et Laval, véritables « fantômes », qu'elle qualifie d'« insensés », qui ont perdu contact avec le réel et s'enfuient dans l'imaginaire, semblables à des « bonnets à clochettes ». Elle ne s'est rendue à Sigmaringen qu'en juin 1946, étape dans son voyage pour assister au procès de Nuremberg. Là, elle médite sur l’histoire de cette ville et évoque cette période à la fin de la Seconde Guerre mondiale où le gouvernement de l'État français en déconfiture se donnait encore un semblant d’existence : « Personne n’existait plus en France qui pût déléguer des pouvoirs à quiconque, sauf le général de Gaulle ». Dans son agenda de 1948, le 19 décembre, elle est d'ailleurs invitée par le général de Gaulle, qui lui dédicace ses Mémoires, reconnaissant son engagement humaniste et la lucidité dont elle a fait preuve dès 1933, en titrant l'éditorial de L'Europe Nouvelle : « On ne pactise pas avec Hitler » (18 novembre 1933).
À la Libération, elle entreprend de s'informer en multipliant les voyages à l'étranger, aux États-Unis, au Canada, au Mexique, en attendant que la situation politique en France se décante. Elle a écrit, pendant l'occupation allemande, des articles dans le journal clandestin résistant La Nouvelle République sous le nom de code Valentine (on peut voir certains de ces articles exposés dans les vitrines du musée de Saverne) ; elle a aussi participé au réseau de résistance Patriam Recuperare.
En 1945, avec Gaston Bouthoul, fondateur de la polémologie (science de la compréhension des conflits), elle fonde l'Institut de polémologie, qu'elle fera rentrer à l'université de Strasbourg dans les années 1960. Elle va alors commencer à parcourir le monde, réalisant de nombreux films documentaires. En 1971, elle fonde à Strasbourg l'Institut des sciences de la paix.
En Modèle:Date-, elle crée une fondation portant son nom qui, chaque année, prime les auteurs ou les institutions ayant le plus contribué à l'avancement des sciences de la paix, à l'amélioration des relations humaines et aux efforts en faveur de l'Europe<ref name=denechere>Modèle:Article.</ref>. Parmi les lauréats, on compte Helmut Schmidt, Médecins sans frontières, Anouar el-Sadate.
Elle s'est engagée dans les premiers projets d'une union européenne. En 1979, pour la première élection au suffrage direct du Parlement européen, elle est élue eurodéputée sur la liste RPR malgré ses combats féministes assez éloignés de la ligne du parti<ref name="denechere" />. À 86 ans, elle y prononce, au titre de doyenne, un discours d'ouverture historique<ref name="denechere" /> lors de la première session du nouveau parlement à Strasbourg le Modèle:Date-. Elle se fait remarquer par son humour en interpellant un député dont l'intervention s'éternisait par un "Silence, jeune homme!".
Marie-Emmanuelle Reytier, Louise Weiss : pacifiste et féministe par opportunisme ? ou par conviction ?, dans Femmes, culture et pouvoir, Centre universitaire d'études québécoises, Université de Laval, Canada, 2011.
Michel Lœtscher, Louise Weiss, une Alsacienne au cœur de l'Europe, Éd.Place Stanislas (2009)
Vidéographie
Louise Weiss, une femme d'influence, documentaire télévisé d'Alain Jomy, 2003