Albert Schweitzer

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité des sciences humaines et sociales

Albert Schweitzer (Ludwig Philipp Albert Schweitzer), né le Modèle:Date de naissance à Kaysersberg (Alsace-Lorraine) et mort le Modèle:Date de décès à Lambaréné (Gabon), est un médecin, pasteur et théologien protestant, philosophe et musicien alsacien.

L'hôpital qu'il développe dans la forêt équatoriale au bord de l'Ogooué à partir de 1913 le fait connaître dans le monde entier. En 1952, l'attribution du prix Nobel de la paix lui apporte la consécration et une visibilité médiatique considérable.

Personnage marquant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, « homme universel », il est en même temps une figure emblématique de l'Alsace, de la théologie libérale ou des admirateurs de Jean-Sébastien Bach. On voit parfois en lui un précurseur de l'action humanitaire, de l'écologie, de l'antispécisme et du désarmement nucléaire.

La notion de « respect de la vie » (Modèle:Langue) et son indignation devant la souffrance sont au cœur de la démarche d'Albert Schweitzer, qui s'est voulu Modèle:Citation, tourné vers l'action.

Nourri d'une double culture allemande et française, il bénéficie d'une aura internationale, mais, à l'exception de son Alsace natale, son œuvre reste peu connue en France où elle a été diffusée plus tardivement. Auteur prolifique, il a laissé de nombreux travaux, sermons, lettres et documents, pas encore tous exploités. De leur côté, témoins, disciples et détracteurs, en Europe ou en Afrique, apportent des points de vue contrastés, que la recherche s'emploie à mettre en perspective. Son œuvre a été distinguée par le prix du patrimoine Nathan Katz (2015).

Biographie

Les années alsaciennes (1875-1913)

La question de la nationalité

La nationalité d'Albert Schweitzer fait parfois l'objet d'un débat, car les circonstances de sa vie personnelle et de celle de sa femme se conjuguent avec plusieurs épisodes majeurs de l'histoire contemporaine. Cette réflexion comporte des aspects à la fois juridiques et culturels.

Acte de naissance
Acte de naissance<ref>Archives du Haut-Rhin</ref>
(coll. musée Albert-Schweitzer de Kaysersberg).

Né en Alsace en 1875, de parents français devenus allemands après le rattachement de l’Alsace-Moselle à l’Empire allemand en 1871, comme tous les Alsaciens demeurés sur place (alors que deux de ses oncles, dont Charles, le grand-père de Jean-Paul Sartre, optent pour la France où ils vivent déjà), il est d’abord allemand. Après la Première Guerre mondiale, Albert Schweitzer réside à Strasbourg avec sa femme, Hélène Schweitzer-Bresslau. Il est – automatiquement<ref name="ENF">Matthieu Arnold, « On ne peut enfermer le docteur Schweitzer dans aucune catégorie », in La Croix, 27 décembre 2013.</ref> – réintégré dans la nationalité française en application du traité de Versailles. En revanche sa femme Hélène, née à Berlin et allemande de naissance, a dû obtenir sa naturalisation.

Ses origines alsaciennes le placent d'emblée à la croisée de deux cultures<ref name="GOUN1">André Gounelle, « Albert Schweitzer au carrefour des cultures », Études schweitzériennes, 1991, Modèle:N°.</ref>, dont il se réclame à de nombreuses reprises<ref group=note>« Je suis Allemand, je n'ai jamais cessé de l'être par mon identité la plus profonde et ma façon d'être au monde. Toutefois, j'aime la France, j'ai pour elle le respect que lui doit tout homme épris de progrès et de paix » (interview de Claude Bourdet, France-Observateur , 16 mars 1961.</ref>. Conscient de cet « héritage fatal » et de ce « beau privilège », guidé par une vision universaliste des cultures, il a choisi de n'en renier aucune<ref name="GOUN1"/>, mais cette double loyauté l'a parfois mis en mauvaise posture et n'a pas toujours été comprise. La plupart de ses ouvrages ayant été écrits en allemand et traduits tardivement, c'est seulement au début des années 1950 que « la France découvre qu'il est citoyen français »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Enfance

Les premières années d'Albert Schweitzer sont connues à travers ses propres récits, tels que Souvenirs de mon enfance (1924<ref group="note">D'abord publié en allemand sous le titre Aus meiner Kindheit and Jugendzeit. Voir Othon Prinz, « Albert Schweitzer : la genèse des Souvenirs de mon enfance. Avec présentation de deux textes inédits récemment retrouvés », in Revue d'histoire et de philosophie religieuses, tome 94, no 3, 2014, Modèle:P. [1]</ref>) et Ma vie et ma pensée (1931)<ref group=note>D'abord publié en allemand sous le titre Aus meinem Leben und Denken, édité en français en 1960</ref>, mais les sermons, la correspondance et les nombreuses archives utilisées par les biographies les plus récentes rendent compte d'une évolution plus complexe<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Nils Ole Oermann, Albert Schweitzer : 1875-1965 ; eine Biographie, München, Beck, 2009, 367 p. ; {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Thomas Suermann, Albert Schweitzer als "homo politicus": eine biographische Studie zum politischen Denken und Handeln des Friedensnobelpreisträgers, BWV Verlag, Berlin, 2012, 569 p. ; Modèle:Harvsp</ref>.

Fichier:Eglise simultanée de Gunsbach.jpg
Église de Gunsbach.

Il naît le Modèle:Date- à Kaysersberg (aujourd'hui dans le Haut-Rhin)<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Deuxième d'une fratrie de cinq, il est le fils de Louis Schweitzer, un pasteur érudit de tendance libérale, et d'Adèle Schillinger, elle-même fille de pasteur, décrite comme passionnée quoique réservée, et intéressée par la politique. La famille compte, parmi ses ascendants, d'autres pasteurs, mais surtout de nombreux enseignants<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Son père, resté en Alsace après 1870, devient pasteur à Gunsbach, quelques mois après la naissance d'Albert, qui y vit désormais. Albert parle plusieurs langues : l'alsacien familial, l'allemand à l'église et à l'école, et le français qu'il utilise dans sa correspondance et pour une partie de ses lectures (son père possède une riche bibliothèque dans les deux langues et est abonné au périodique de langue française le Journal des missions évangéliques). Il s'initie à la musique avec son père, qui lui fait jouer de l'orgue paroissial lorsqu'il a neuf ans.

Albert Schweitzer a une enfance heureuse, proche de la nature. Il fréquente l'école de Gunsbach, puis celle de Munster.

La musique

Il fait ses études secondaires au lycée de Mulhouse (1888-1893), hébergé par un grand-oncle et sa femme, et prend des cours de piano et d'orgue avec Eugène Münch, le frère aîné d'Ernest Münch, qui lui fait découvrir la musique de Beethoven et de Bach, à l'église Saint-Guillaume de Strasbourg, l'église des bateliers réputée pour son accueil inconditionnel. Il accompagne régulièrement, de 1894 à 1910, le Chœur de Saint-Guillaume à l'orgue lors des chorals et des concerts de la Passion de Jean-Sébastien Bach. Il peut s'entraîner sur l'orgue de l'église Saint-Étienne à Mulhouse et consacre à son professeur sa première œuvre écrite<ref>Modèle:Harvsp</ref>. En Modèle:Date- il obtient son Modèle:Langue, puis séjourne durant l'été à Paris, chez son oncle paternel Auguste Schweitzer, dont l'épouse Mathilde prend en charge ses premiers cours d'orgue avec le compositeur et organiste Charles-Marie Widor<ref>Gustave Woytt, « Schweitzer, Albert, Louis », in Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, 1999, vol. 34 Modèle:P.</ref>.

L'Université et l'Église

Fichier:The University and bridge, Strassburg, Alsace Lorraine, Germany-LCCN2002695085.jpg
Le palais universitaire de Strasbourg vers 1900.

En Modèle:Date-, il entreprend un double cursus de philosophie et de théologie protestante à l'université de Strasbourg, qu'il doit interrompre en 1894-1895 pour effectuer son service militaire dans le [[143e régiment d'infanterie (4e régiment d'infanterie bas-alsacien)|Modèle:143e d'infanterie]], cantonné à Strasbourg<ref name="AFAAS"/>. Sa solide constitution et un régime d'études selon lui peu contraignant, lui permettent de continuer à se former, tout en poursuivant de surcroît l'orgue et la musicologie<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Inspiré par son environnement familial, il a opté assez spontanément pour la théologie et, contrairement à d'autres condisciples, il ne doute pas de ce choix. La Kaiser-Wilhelms-Universität – qui cherche à germaniser les élites alsaciennes – attire alors d'excellents spécialistes et Albert Schweitzer apprécie tout particulièrement les enseignements de Heinrich Julius Holtzmann. Exégète réputé du Nouveau Testament, celui-ci pratique, comme ses collègues strasbourgeois, la méthode dite « historico-critique », qui refuse une lecture littérale de la Bible<ref name="SERM">Matthieu Arnold, « Les Serments de Strasbourg. Albert Schweitzer et l'université de Strasbourg », Les Saisons d'Alsace, février 2013, Modèle:P.</ref>.

Alors qu'il se consacre à ses études, il vit, à l'âge de Modèle:Nobr, une sorte d'« épiphanie », citée par nombre de biographes : Modèle:Citation bloc Se référant à l'exemple de Jésus, il en conclut qu'il a le droit de vivre pour la science jusqu'à sa trentième année, mais qu'il devra se consacrer ensuite à un « service purement humain »<ref>Trad. Ma vie et ma pensée, Albin Michel, 1960, Modèle:P.</ref>, même si les modalités de cet engagement futur ne lui apparaissent pas encore clairement.

Fichier:Stift de Strasbourg.jpg
Ancien Séminaire protestant de Strasbourg (Stift)

Enfant, il a été marqué par les sermons prononcés par son père et se destine à son tour à la prédication, qu'il apprécie particulièrement. En Modèle:Date- il obtient l'autorisation de prêcher (licentia concionandi) et effectue plusieurs stages auprès du pasteur Charles Théodore Gérold de l'église Saint-Nicolas de Strasbourg<ref group=note>C'est dans cette église qu'il bénira notamment, le Modèle:Date, le mariage de Theodor Heuss, futur premier président de la République fédérale d'Allemagne</ref>. Le Modèle:Date-, Schweitzer reçoit l'ordination de l'Église luthérienne d'Alsace et de Lorraine et le Modèle:Date- il est nommé Modèle:Lien de la paroisse<ref group=note>Saint-Nicolas comptait alors deux paroisses séparées, une allemande et une française.</ref> de Saint-Nicolas. Il demeure dans ces fonctions jusqu'en 1912, sans demander à devenir pasteur titulaire comme il aurait pu le faire, car la condition de vicaire lui laisse davantage de temps pour ses autres activités, la musique et la théologie<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Cependant, alors qu'il a consacré ses recherches universitaires à la pensée religieuse de Kant et soutenu sa thèse de philosophie en 1899<ref name="J.C.B.Mohr 1989">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Die Religionsphilosophie Kants von der Kritik der reinen Vernunft bis zur Religion innerhalb der Grenzen der blossen Vernunft, éd. J. C. B. Mohr, Freiburg i. B., Leipzig, Tübingen, 1899, 325 p.</ref>, son engagement comme prédicateur lui ferme une carrière académique en philosophie, malgré les éloges des éminents membres de son jury, Theobald Ziegler et Wilhelm Windelband<ref name="SERM"/>.

Ses études sont entrecoupées de séjours d'études. Il passe le semestre d'hiver 1898-1899 chez son oncle à Paris où il étudie l'orgue et le piano avec Charles-Marie Widor et Marie Jaëll. Pendant l'été suivant, il se rend à Berlin où il côtoie des musiciens, des artistes et des penseurs tels que Adolf von Harnack, Otto Pfleiderer, Julius Kaftan ou Friedrich Paulsen. Il apprécie tout particulièrement les cours de Georg Simmel et se lie avec Carl Stumpf<ref>Ma vie et ma pensée, op. cit.</ref>.

À son retour, il achève une thèse de théologie sur La Cène dans ses rapports avec la vie de Jésus et l'histoire du christianisme primitif<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Das Abendmahl im Zusammenhang mit dem Leben Jesu und der Geschichte des Urchristentums, 2 vol., éd. J. C. Mohr, Tübingen, 1901</ref>, puis complète ce cursus par une thèse d'habilitation sur Le secret de la messianité et de la passion de Jésus<ref>Das Messianitäts- und Leidensgeheimnis Jesu. Eine Skizze des Lebens Jesu</ref>. En 1902 il est nommé Privatdozent à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg, une position précaire non rémunérée<ref>Modèle:Harvsp</ref>. En même temps il devient le directeur du Modèle:Langue, connu aujourd'hui encore sous le nom de « Stift ». C'est le foyer qui héberge les étudiants en théologie, dont il est aussi l'aumônier et le répétiteur. Il conserve ce poste jusqu'en 1906.

Hélène Bresslau

Selon la version « officielle »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Patti M. Marxsen, « Helene Schweitzer Bresslau » (Project Continua)</ref>, Albert Schweitzer fait la connaissance d'Hélène Bresslau en 1898, à l'occasion d'un mariage. Quoique de santé délicate, c'est une jeune fille indépendante et précoce – elle enseigne dès l'âge de Modèle:Nobr. Fille de l'historien allemand Harry Bresslau, professeur à l'université de Strasbourg depuis 1890, elle prend des cours de piano au conservatoire de Strasbourg et devient aussi l'une des premières étudiantes en histoire et histoire de l'art de l'université. Elle partage avec Albert sa passion pour la musique : elle chante dans le chœur de Saint-Guillaume, qu'il accompagne parfois à l'orgue à la demande de son fondateur et directeur, Ernest Münch. Ils font aussi de longues promenades à bicyclette le long du Rhin et c'est au cours de l'une de ces excursions qu'ils concluent en 1902 le pacte d'une amitié profonde et durable<ref>Patti M. Marxsen, « Hélène Schweitzer Bresslau. Une âme entre deux mondes», Les Saisons d'Alsace, février 2013, Modèle:P. ; {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Patti M. Marxsen, « Helene Schweitzer Bresslau »[2] ; {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Verena Mühlstein, Helene Schweitzer Bresslau: Ein Leben für Lambarene, München : C. H. Beck Verlag, 1998</ref>.

Jusqu'à leur mariage en 1912, Albert et Hélène échangent une abondante correspondance, aujourd'hui publiée<ref>Correspondance entre Albert Schweitzer et Hélène Bresslau (introduction et notes de Jean-Paul Sorg), Jérome Do Bentzinger, Colmar, 3 vol., tome 1, 1901-1905 : L'Amitié dans l'amour, 2005, 250 p. Modèle:ISBN ; tome 2, 1906-1909 : L'Amour dans l'amitié, 2009, 334 p. Modèle:ISBN ; tome 3, 1910-1912 : L'Alliance, 2011, 331 p. + pl. Modèle:ISBN ; Matthieu Arnold, « La correspondance entre Albert Schweitzer et Hélène Bresslau (1901-1905), À propos d'une édition récente », in Revue d'histoire et de philosophie religieuses, tome 86, 2006/4, Modèle:P.</ref>. Le couple aura une fille unique, Rhéna (1919-2009).

Les années africaines (1913-1965)

L'appel de l'Afrique

Le jeune enseignant se trouve à l'aube d'une carrière universitaire, mais il réfléchit encore au sens qu'il souhaite donner à sa vie. Il envisage par exemple d'éduquer des enfants abandonnés et de les recueillir au Stift, ou de s'occuper de vagabonds ou d'anciens détenus<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Dans Ma vie et ma pensée, il raconte comment, à l'automne 1904, son regard tomba « machinalement » sur un article d'Alfred Boegner – un Alsacien directeur de la Société des missions à Paris – déplorant le manque de personnel pour la Mission au Congo – l'actuel Gabon. Il aurait pris aussitôt sa décision : Modèle:Citation L'un de ses biographes, Pierre Lassus, relativise cette explication conjoncturelle : la famille Schweitzer était déjà abonnée au Journal des missions, s'intéressait de longue date aux problèmes coloniaux, lisait les récits d'Eugène Casalis.

Dans sa première biographie, Souvenirs de mon enfance, Schweitzer évoquait aussi l'effet que produisit sur son imagination juvénile la contemplation répétée de la « figure herculéenne » d'un « nègre », « au visage triste et méditatif », sculptée au pied de la statue de l'amiral Bruat par Bartholdi.

Le choix de l'Afrique précède donc celui de la médecine, qui n'est que le moyen de se mettre « au service direct de l'humanité »<ref name="Lassus 1995" />. Selon lui, il s'agit avant tout de soigner, de soulager les souffrances pour expier les crimes de la colonisation.

Le choix de la médecine

Fichier:Sceau de la Faculté de médecine de Strasbourg 1872.jpg
Sceau de la Faculté de médecine de Strasbourg
(coll. BNUS).

Albert Schweitzer informe ses proches de sa décision de partir au Congo. Son amie Hélène le soutient, mais ses parents – tout particulièrement sa mère – sont désolés de le voir sacrifier l'université et la musique à un projet qui leur semble déraisonnable<ref>Modèle:Harvsp</ref>. En 1905 il commence son cursus à la faculté de médecine de Strasbourg. En 1910, il passe le Modèle:Lien (cycle préclinique). La même année, il obtient la mention Très bien à l'examen terminal des études théoriques de médecine. Il effectue plusieurs stages pratiques, notamment en chirurgie, dans les services du professeur Madelung<ref name="AFAAS"/>. En 1912 il est habilité à exercer la médecine (Approbation als Artzt). Il complète sa formation par des cours à l'Institut des maladies coloniales de Paris<ref>Modèle:Harvsp</ref>. En 1913 il soutient une thèse consacrée aux jugements psychiatriques sur Jésus<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Kritik der von medizinischer Seite veröffentlichtenten Pathographien über Jesus, publiée la même année à Tübingen sous le titre Die Psychiatrische Beurteilung Jesu [3]</ref>, un sujet très éloigné de la pratique médicale à laquelle il se destine. Ce choix inattendu a fait l'objet de nombreux commentaires<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Michael Seidel, « Albert Schweitzer's MD thesis on Criticism of the medical pathographies on Jesus », Wurzbg Medizinhist Mitt., 2009, no 28, Modèle:P., Modèle:PMID</ref>.

De son côté, Hélène Bresslau, nommée inspectrice des orphelinats de Strasbourg en 1905, entreprend en 1909 une formation d'infirmière à Francfort et cherche sa propre voie, alors qu'un mariage n'est pas encore à l'ordre du jour, car Albert hésite d'abord à l'entraîner dans une existence aussi périlleuse. Pourtant le couple se marie civilement à Strasbourg le Modèle:Date-, puis à l'église de Gunsbach trois jours plus tard<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Pendant ses études de médecine, il a continué à enseigner le Nouveau Testament et publié en 1906 une Histoire des recherches sur la vie de Jésus<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Von Reimarus zu Wrede: eine Geschichte der Leben-Jesu-Forschung, J.C.B. Mohr , Tübingen, 1906</ref>. Il a également poursuivi ses activités de musicien et de musicologue. En 1905, il publie, en français, J. S. Bach, le musicien-poète<ref>Jean-Sébastien Bach. Le musicien-poète, éd. Breitkopf & Härtel, Leipzig, 1905</ref>, dont paraîtra en 1908 à Leipzig une édition allemande considérablement augmentée. Il consacre un ouvrage à la facture d'orgue en France et en Allemagne<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Deutsche und französische Orgelbaukunst und Orgelkunst, Breitkopf & Härtel, 1906, 51 p.</ref>. À trois reprises il accompagne à l'orgue l'Orfeó Català de Barcelone<ref name="AFAAS"/>.

Une série d'obstacles a cependant retardé le départ en Afrique. Après la cession d'une partie du Congo français au Kamerun allemand le Modèle:Date-, la Société des missions évangéliques de Paris, organisme qui coordonne les missions protestantes en France, se montre plutôt réticente à l'idée de recruter un citoyen allemand, universitaire et théologien libéral de surcroît. Après une dépression de quelques mois, le jeune médecin accepte finalement de partir à ses propres frais. Pour financer cette expédition, il donne des concerts et sollicite ses amis, en Alsace et à Paris. Il réunit des médicaments et du matériel médical pour deux ans – soixante-dix caisses – et emporte aussi le piano à pédalier d'orgue, en bois résistant aux termites, spécialement réalisé pour lui par la Société Jean-Sébastien Bach de Paris, dont il est un membre actif<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Prudent, il envisage la possibilité d'un retour pour des raisons de santé et cherche à préserver son poste à l'université, mais la Faculté de théologie n'y consent pas. Le Modèle:Date-, alors qu'il est parti depuis deux semaines et fait escale à Dakar, il se résout à envoyer sa lettre de démission au recteur de l'université de Strasbourg<ref name="SERM"/>.

L'installation à la mission

Fichier:Musée africain de Gunsbach-Plaques.jpg
Matériel en partance
(coll. musée africain de Gunsbach).

Le Modèle:Date- Albert et Hélène Schweitzer quittent Gunsbach pour embarquer le Modèle:Date- à Bordeaux sur le paquebot Europe. Le Modèle:Date- ils arrivent à Andende, la station missionnaire protestante située au bord du fleuve Ogooué, à trois kilomètres de Lambaréné, dans l'actuelle province du Moyen-Ogooué<ref name="MAKI">Hines Makiba, « L'hôpital Albert Schweitzer de Lambaréné, 1913-2013 », in Angela Berlis, Hubert Steinke, Fritz von Gunten, Andras Wagner, Albert Schweitzer : Facetten einer Jahrhundertgestalt, Haupt Verlag, Bern, 2013, Modèle:P. Modèle:ISBN</ref>. Elle compte alors une vingtaine de cases.

Fichier:Musée africain de Gunsbach-Maquette de la maison d'Albert Schweitzer.jpg
Maquette de la maison d'Andende
(coll. musée africain de Gunsbach).

Annoncée au son du tam-tam, leur arrivée ne passe pas inaperçue et le succès est immédiat<ref name="WYSS">Christophe Wyss, « Lambaréné. Histoire d'un hôpital », in Les Saisons d'Alsace, février 2013, Modèle:P.</ref>. Comme la baraque en tôle promise n'est pas disponible, le médecin utilise d'abord sa maison comme pharmacie et installe la salle d'opération dans un vieux poulailler. Peu à peu, des huttes en bambou sont construites pour accueillir les malades. Entre le Modèle:Date- et le Modèle:Date-, l'hôpital a déjà accueilli plus de mille patients<ref name="MAKI"/>. Le médecin est secondé par sa femme infirmière et deux auxiliaires africains, N'zeng, secrétaire de santé, et Joseph – ancien cuisinier de Savorgnan de Brazza – qui fait aussi office de traducteur dans les différentes langues locales<ref name="WYSS"/>. La région est réputée inhospitalière. Dans ses Notes et nouvelles de la part du prof. Modèle:Dr Albert Schweitzer. Lambaréné (1913)<ref>Notes et nouvelles de la part du prof. Modèle:Dr Albert Schweitzer Lambaréné (s. Ogooué, Gabon français), Imprimerie M. DuMont Schauberg, Strasbourg, 1913, 21 p.</ref>, Albert Schweitzer en décrit les principales pathologies : les parasitoses intestinales, le paludisme, la lèpre, la maladie du sommeil. Il soigne les plaies, les gales, les ulcères et opère hernies étranglées et tumeurs éléphantiasiques<ref name="MAKI"/>.

Devant ces conditions précaires, il obtient le financement et la construction d'un dispensaire sur un terrain situé en contrebas. Une case en tôle ondulée posée sur du ciment abrite deux pièces, à laquelle s'ajoutent un logement pour l'infirmier, une salle d'attente et un dortoir<ref name="MAKI"/>.

Avant son départ Albert Schweitzer s'était engagé auprès de la Société des missions à ne pas prêcher mais, sur le terrain, il y est autorisé par les missionnaires. Il prononce donc de nombreux sermons<ref>Jean-Paul Sorg et Philippe Aubert (dir.), Les sermons de Lambaréné, Études schweitzeriennes, no 10, 2007 (Modèle:2e éd.), 190 p. ; Matthieu Arnold, « Les renvois autobiographiques dans les sermons de Lambaréné d'Albert Schweitzer », in Dominique Diner et François Igersheim (dir.) Terres d'Alsace, chemins de l'Europe : mélanges offerts à Bernard Vogler, Presses Universitaires de Strasbourg, 2003, Modèle:P.</ref>, dont le premier trois jours après son arrivée. Il dispose de peu de loisirs, mais joue chaque soir de l'orgue avec son piano à pédalier<ref name="WYSS"/>.

Les années de guerre

Alors que la mobilisation générale a été décrétée en France le Modèle:Date-, les Schweitzer – en tant que ressortissants allemands sur le territoire d'une colonie française – sont mis en garde à vue dès le Modèle:Date-. Le praticien doit alors cesser ses activités. Il est autorisé à les reprendre en novembre, mais de manière réduite. Comme il ne peut plus quitter le pays pour se réapprovisionner en médicaments, il contracte de lourdes dettes auprès de la Société des missions<ref name="AFAAS"/>.

En Modèle:Date-, Albert et Hélène Schweitzer sont arrêtés, considérés comme prisonniers de guerre et envoyés en France, d'abord consignés dans une caserne à Bordeaux, puis internés dans un camp de prisonniers civils à Notre-Dame-de-Garaison dans les Hautes-Pyrénées. En Modèle:Date- ils sont transférés au camp de Saint-Rémy-de-Provence. Au mois de juillet, ils bénéficient d'un échange de prisonniers entre la France et l'Allemagne et regagnent l'Alsace le Modèle:Date-<ref name="AFAAS"/>. Albert Schweitzer est très affecté par ce conflit qui oppose deux nations chrétiennes auxquelles il est lié. Physiquement affaibli – le Modèle:Date- il subit une première intervention chirurgicale<ref name="AFAAS"/> –, il pense aussi son œuvre compromise<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Dans l'intervalle il a mené une réflexion philosophique sur l'état de la civilisation. Le titre de son ébauche – publiée plus tard –, Wir Epigonen (« Nous, les Épigones »), lui est inspiré par une réflexion entendue chez la veuve de Curtius à Berlin en 1899 : « Nous ne sommes après tout que des Épigones ! ». Il est comme « frappé par la foudre » par ce jugement qui reflète exactement sa pensée : sa génération, non seulement n'a pas dépassé les précédentes, mais se contente de les imiter, voire gaspille leur héritage<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Dans Ma vie et ma pensée, il raconte comment, en Modèle:Date-, lors d'un voyage sur l'Ogooué, il a l'intuition de la notion de « Ehrfurcht vor dem Leben », que l'on traduit généralement par « respect de la vie », même si cette formulation, aujourd'hui passée dans l'usage, ne fait pas l'unanimité<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Les tournées en Europe

Après le traité de Versailles, Schweitzer obtient – de manière automatique<ref name="ENF"/> – la nationalité française.

Avant de partir en Afrique, Albert Schweitzer avait pris la précaution de se ménager un éventuel retour à Strasbourg en tant que pasteur – ce que l'Église luthérienne d'Alsace avait accepté. En 1919 il retrouve donc son poste de vicaire à l'église Saint-Nicolas. Il est en outre nommé assistant à la clinique de dermatologie de l'Hôpital civil<ref name="AFAAS"/>.

Fichier:Gunsbach-Ancien presbytère.jpg
Ancien presbytère de Gunsbach.

Sa fille unique Rhéna naît à Strasbourg le Modèle:Date. Il est alors âgé de Modèle:Nobr. Toute la famille s'installe au presbytère de Saint-Nicolas. Après une nouvelle intervention chirurgicale au cours de l'été<ref name="AFAAS"/>, les voyages se succèdent, le plus souvent dans le nord de l'Europe. En Modèle:Date-, l'archevêque luthérien Söderblom, primat de Suède – futur prix Nobel de la paix en 1930 –, l'invite à prononcer un cycle de conférences à l'université d'Uppsala, suivi par une tournée triomphale d'autres conférences et concerts à travers le pays<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Ces activités lui permettent de rembourser ses dettes à la Société des missions et d'envisager un retour à Lambaréné. Il publie À l'orée de la forêt vierge, présenté comme des « récits et réflexions d'un médecin en Afrique équatoriale »<ref>À l'orée de la forêt vierge : récits et réflexions d'un médecin en Afrique équatoriale, La Concorde, Lausanne, 1923, 192 p.</ref>. Ce livre le fait connaître en Europe et lui permet par la suite de trouver de nombreux donateurs<ref name="WYSS"/>.

En 1921 il demande à être nommé vicaire de son père à Gunsbach et s'installe au presbytère en avril. Il reprend alors ses travaux sur la « philosophie de la civilisation ». Il est régulièrement sollicité pour des conférences et des concerts en Suisse, à nouveau en Suède, en Grande-Bretagne, au Danemark, à Prague<ref name="AFAAS"/>. En 1922, ses interventions auprès de missionnaires réunis pour un séminaire d'été à Modèle:Lien, près de Birmingham, sont particulièrement remarquées. Il y insiste sur le caractère éthique du christianisme, beaucoup plus marqué que dans d'autres religions<ref>Présentation par Bernard Reymond de l'ouvrage Les religions mondiales et le christianisme, Van Dieren, Paris, 2000, Modèle:P. Modèle:ISBN</ref>. Ces textes sont publiés l'année suivante sous le titre Les religions mondiales et le christianisme<ref name="AFAAS"/>.

En Modèle:Date-, la famille s'installe dans une maison qu'il a fait construire à Königsfeld, en Forêt-Noire. Hélène et Rhéna y demeureront pendant ses absences et lui-même pourra venir s'y reposer de temps en temps et se consacrer à l'écriture<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Das Albert-Schweitzer-Haus, Königsfeld im Schwarzwald [4]</ref>. Il publie deux tomes de son œuvre philosophique, Décomposition et reconstruction de la civilisation<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Verfall und Wiederaufbau der Kultur, Beck, Munich, 1923, 65 p. [5]</ref> et La civilisation et l´éthique<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Kultur und Ethik, P. Haupt, Berne, Beck, 1923, 280 p. [6]</ref>, textes remaniés des conférences données à Uppsala. En 1924 il achève la rédaction des Souvenirs de mon enfance, avant son retour à Lambaréné<ref name="AFAAS"/>.

En parallèle il a continué de se former par des stages de gynécologie et de soins dentaires à Strasbourg, et de médecine tropicale à Hambourg<ref name="AFAAS"/>.

Lambaréné

Fichier:Localisation de Lambaréné.jpg
Localisation de Lambaréné dans le bassin de l'Ogooué.

Le Modèle:Date-, Albert Schweitzer est de retour à Lambaréné, mais sa femme et sa fille ne sont pas du voyage. Au cours des décennies suivantes il alterne quatorze séjours plus ou moins longs en Afrique avec des tournées de conférences et de concerts en Europe, puis aux États-Unis, qui lui permettent de financer ses projets. Il en profite pour achever plusieurs de ses œuvres et enregistrer des disques. Sa notoriété croît et les honneurs se succèdent. Sa famille l'accompagne quelquefois, mais la santé déclinante d'Hélène lui rend ces séjours de plus en plus difficiles.

À son arrivée en 1924, le docteur Schweitzer a retrouvé son hôpital à l'abandon. De nouveaux bâtiments s'avèrent encore plus nécessaires lorsque la région est touchée quelques mois plus tard par une grande famine et une épidémie de dysenterie<ref name="WYSS"/>. Mais dans l'intervalle, plusieurs nouveaux collaborateurs sont venus étoffer l'équipe : Noel Gillespie, un étudiant anglais, Marc Lauterburg, un chirurgien suisse, et plusieurs Alsaciens : l'infirmière Mathilde Kottmann, le docteur Victor Nessmann de Westhoffen et l'ancienne institutrice Emma Haussknecht qui restera trente ans aux côtés du médecin<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Fichier:Lambaréné-Bulletin d'hospitalisation.jpg
Bulletin d'hospitalisation (1947)
(coll. musée Albert-Schweitzer de Kaysersberg).

Le médecin décide de construire un nouvel hôpital à Lambaréné, à trois kilomètres en amont de l'Ogooué. Fort de ses deux expériences à Andende, il améliore la résistance de l'installation et le confort à l'intérieur des bâtiments, dotés d'une meilleure ventilation. Des cases séparées abritent les différentes populations (Fang et Galoa), les nouveaux opérés, les accouchées ou les tuberculeux. Le déménagement a lieu le Modèle:Date-, mais l'afflux de patients ne tarit pas et de nouveaux aménagements sont sans cesse nécessaires. La dotation liée au prix Nobel lui permet d'achever en 1955 la construction du « village de lumière », destiné aux lépreux<ref name="WYSS"/>.

Le vécu quotidien des patients est un peu mieux connu depuis qu'un chercheur gabonais, Augustin Emane, a mené pendant plusieurs années des enquêtes, dans leurs langues, auprès d'une soixantaine de témoins<ref name="Emane 2013">Modèle:Harvsp</ref>. Il explore les similitudes entre le médecin européen et l'onganga, le guérisseur ou mage local, et souligne que cet espace atypique n'est pas un « village-hôpital », comme on l'a souvent dit, mais plutôt une sorte de campement protecteur et provisoire. Enfin, les représentations iconiques contrastées de Schweitzer en Occident et en Afrique ne seraient, l'une comme l'autre, que des artifices reflétant deux cultures très différentes, mais ce malentendu peut, selon lui, s'avérer productif.

La consécration

Dès 1920, l'université de Zurich l'avait nommé docteur honoris causa pour l'ensemble de ses activités<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Le Modèle:Date- la ville de Francfort lui décerne le prix Goethe<ref name=AFAAS/>. Le Modèle:Date- de la même année il est nommé docteur honoris causa de la Faculté de philosophie de Prague<ref name=AFAAS/>.

La notoriété internationale d'Albert Schweitzer s'étend lorsque sa femme visite les États-Unis avec leur fille en 1937 et y donne des conférences. Les premiers envois de médicaments et de vivres de la part d'associations américaines arrivent en 1942. Les médias prennent alors le relais. Le Modèle:Date-, Life le désigne comme « le plus grand homme du monde »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « The greatest man in the world. That is what some people call Albert Schweitzer, jungle philosopher », Life, 6 octobre 1947</ref>. Après avoir décliné plusieurs invitations, lui-même ne se rend qu'une seule fois aux États-Unis, au début de l'été 1949. Le Modèle:Date- il prononce deux conférences (l'une en français, l'autre en allemand) sur Goethe à Aspen (Colorado), dont l'écrivain Thornton Wilder assure la traduction simultanée. Le Modèle:Date- il fait la une du magazine Time<ref>Time</ref>.

En Europe les distinctions se multiplient au cours des années 1950. La France le nomme chevalier (1948), puis officier de la Légion d'honneur (1950)<ref>Il est promu officier de la Légion d’honneur par décret du 22 août 1950, « sur le rapport du Ministère de la France d’Outre-Mer, en qualité de Médecin à Lambaréné-Gabon, Afrique équatoriale française. », in Gabriel Braeuner, Histoires d'Alsace [7]</ref>. Le Modèle:Date- il reçoit à Francfort le prix de la paix des libraires allemands<ref name=AFAAS/>. Le Modèle:Date- il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques à Paris<ref name=AFAAS/>. Le Modèle:Date-, le roi Gustave VI de Suède lui remet la médaille du prince Charles<ref name="ANTH">An anthology, Beacon Press, 1956, Modèle:P.</ref>. Le Modèle:Date-, il reçoit la médaille Paracelse, décernée par le corps médical en Allemagne<ref name=AFAAS/>. Albert Schweitzer est le lauréat du prix Nobel de la paix pour l'année 1952. En son absence, il est remis à l'ambassadeur de France en Norvège le Modèle:Date-<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} The Nobel Peace Prize 1952. Albert Schweitzer: Acceptance Speech [8]</ref>. En 1955, la reine Elizabeth lui décerne l'ordre du Mérite (Order of Merit)<ref name=AFAAS/>. Il reçoit en outre, à Bonn, les insignes de l'ordre Pour le Mérite (Friedensklasse)<ref name=AFAAS/> et, en France, la médaille d'or de la Ville de Paris. En 1959, il reçoit le Prix Sonning par l'université de Copenhague.

Au Gabon, le président de la République Léon Mba lui remet en 1961 la croix d'officier et la plaque de grand-officier de l'Étoile équatoriale<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Le combat pour la paix

Fichier:Einstein oppenheimer.jpg
Albert Einstein et Robert Oppenheimer, vers 1950.

Les horreurs de la Première Guerre mondiale, puis de la Seconde, nourrissent de longue date la réflexion d'Albert Schweitzer, et sa correspondance avec ses amis Albert Einstein<ref>« Lettres à Albert Einstein », in Études schweitzeriennes, no 2, 1991</ref> et Robert Oppenheimer témoigne de son inquiétude croissante devant la montée du péril nucléaire, mais dans un premier temps il préfère se tenir à l'écart des débats<ref name="BRA">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} James Brabazon, « The Nobel Peace Prize and the Bomb », in, Albert Schweitzer: A Biography, Syracuse University Press, 2000 (Modèle:2e éd.), Modèle:P.</ref>. L'attribution du prix Nobel en 1952 ne lui permet plus guère de s'y soustraire. Après l'explosion de la première bombe à hydrogène sur l'atoll de Bikini le Modèle:Date-, le quotidien britannique Daily Herald obtient une interview assez personnelle publiée le Modèle:Date-<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « The H-bomb: There is anguish in my heart, says Modèle:Dr Albert Schweitzer »</ref>, qui touche le grand public, mais n'a pas l'effet escompté auprès des scientifiques. Lorsqu'il se rend à Oslo pour recevoir son prix le Modèle:Date-, son discours sobre et factuel, Le problème de la paix dans le monde d'aujourd'hui, déçoit un peu les militants pacifistes. Cependant l'enthousiasme populaire est considérable, à tel point qu'un journal norvégien recommande à ceux qui voudraient serrer la main du lauréat de donner plutôt une couronne pour l'hôpital – une suggestion très entendue<ref name="BRA"/>.

En Modèle:Date-, Albert Einstein meurt, désespéré de n'avoir pas été entendu, et Albert Schweitzer se sent désormais investi d'une mission. Le Modèle:Date-, Radio Oslo diffuse son appel, Declaration of Conscience, relayé par de nombreuses radios dans le monde. Il y décrit en détail l'histoire des essais nucléaires, leur puissance et leurs effets à court et long terme<ref name="BRA"/>. L'année suivante la même radio diffuse les 28, 29 et Modèle:Date-, trois nouveaux appels contre l'armement atomique. Ces discours sont aussitôt réunis dans une brochure, Paix ou guerre atomique<ref>Paix ou guerre atomique, Albin Michel, 1958, 60 p.</ref>, et traduits en plusieurs langues.

En 1958, Linus Pauling et sa femme présentent aux Nations unies une pétition signée par Albert Schweitzer et plus de 9 000 scientifiques et appelant à l'arrêt des essais nucléaires<ref>Modèle:Article</ref>.

En pleine guerre froide, le docteur Schweitzer est descendu dans l'arène politique<ref name="SUER">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Thomas Suermann, Albert Schweitzer als “homo politicus”: eine biographische Studie zum politischen Denken und Handeln des Friedensnobelpreisträgers, BWV Verlag, Berlin, 2012, 569 p., analysé par Gabriel Braeuner, « Homo politicus ? », dans Les Saisons d'Alsace, février 2013, Modèle:P.</ref> et devra en payer le prix. Il indispose les militaires américains, agace les politiques – Adenauer et son ministre Strauss voudraient la bombe pour la Bundeswehr –, et inquiète ses amis qui craignent pour l'œuvre de Lambaréné et son financement, car les critiques pleuvent désormais : son hôpital, sa personnalité, ses compétences et ses idées sont tour à tour mis en cause. Il poursuit son combat jusqu'à la fin de sa vie, félicitant Kennedy et Khrouchtchev lorsque les deux chefs d'État signent le Modèle:Date- un traité d'interdiction partielle des essais nucléaires.

En 1965, Jean Rostand, cofondateur et président d'honneur du Mouvement contre l'armement atomique, signe avec Albert Schweitzer et le député polynésien John Teariki une Protestation solennelle contre le sort que le Gouvernement français a décidé d'imposer aux habitants de la Polynésie française et autres territoires du Pacifique par les essais nucléaires français à Moruroa<ref>Modèle:Article</ref>.

Les dernières années

Fichier:Lambarene-tombe-DrSchweitzer.jpg
Tombe du docteur Schweitzer à Lambaréné.

Le Modèle:Date-, le docteur Schweitzer retourne à Lambaréné pour la quatorzième et dernière fois. Il y reçoit la visite de personnalités, André Malraux venu pour la proclamation de l'indépendance du Gabon en Modèle:Date-, puis l'abbé Pierre en 1961, poursuit sa correspondance et achève l'édition critique Schirmer des œuvres intégrales pour orgue de J.- S. Bach. Le cinquantenaire de l'arrivée des Schweitzer à Lambaréné est célébré le Modèle:Date, son Modèle:90e est célébré le Modèle:Date. L'hôpital continue de s'agrandir et compte désormais 560 lits<ref name=AFAAS>« La vie et l'œuvre écrite d'Albert Schweitzer. Chronologie », AFAAS</ref>.

Le Modèle:Date-, à l'âge de Modèle:Nobr, Albert Schweitzer meurt à Lambaréné après une courte maladie. Il est enterré le lendemain dans le petit cimetière proche du fleuve Ogooué qu'il avait, à la demande de sa femme, aménagé devant la maison pour sa famille et ses collaborateurs. Les cendres d'Emma Hausknecht, son assistante, décédée le Modèle:Date- à Strasbourg, y reposaient déjà et celles de son épouse Hélène, morte à Zurich le Modèle:Date-, y avaient été déposées le Modèle:Date-<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Verena Mühlstein, Helene Schweitzer Bresslau: ein Leben für Lambarene, C.H. Beck, 2010, Modèle:P. Modèle:ISBN</ref>. Celles de leur fille Rhéna Schweitzer-Miller les y rejoignent en 2009<ref>« Rhena Schweitzer-Miller reposera aux côtés de son père à Lambaréné », L'Union, 14 mars 2009</ref>.

Une croix blanche porte l'inscription « Ci-gît le docteur Albert Schweitzer né le 14-1-1875, décédé le 4-9-1965 ».

Un « homme universel »

Une lettre de 1906<ref>Lettre à Hélène, août 1906, Correspondance, II, no 179, Modèle:P., cité dans Modèle:Harvsp</ref>, adressée par le jeune Albert Schweitzer à sa future femme Hélène, atteste qu'il était très conscient d'être un « homme universel » : « Quelquefois l'« universalité » de mon esprit me fait peur [...] je le porte comme un poids [...] mais, ensuite [...] je suis fier d'être plus universel que les autres et je me sens capable de rester à la hauteur pour tout. »

Musicien

Parmi les passions d'Albert Schweitzer, la musique occupe, chronologiquement, la première place. Sa double culture lui donne accès très tôt aux esthétiques allemande et française. Reconnu comme analyste et interprète de l'œuvre de Bach, il contribue aussi à la recherche sur l'histoire de l'orgue et de sa facture<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Son talent constitue selon lui une « grande chance »<ref>Témoignage dans l'émission Cinq colonnes à la une, 2 juin 1961 [9]</ref>, puisque le succès de ses concerts lui permet de contribuer au financement de son village-hôpital en Afrique. il correspondait avec la compositrice Clara Mathilda Faisst et les deux devinrent de bons amis<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Formation

Enfant sensible, il est parfois pris d'un véritable trouble, proche de l'évanouissement, lorsqu'il entend de la musique<ref name="WIRR">Benoît Wirrmann, « Le maître de musique », in Saisons d'Alsace, février 2013, Modèle:P.</ref>. Après ses premières gammes au village, il se forme auprès de plusieurs maîtres, dont le premier est Eugène Münch, l'organiste de l'église Saint-Étienne à Mulhouse où il est lycéen. Par lui il fait la connaissance de son frère, Ernest Munch, qu'il remplace quelquefois à l'orgue de l'église Saint-Guillaume de Strasbourg et auquel il succède. Leur attachement commun à l'œuvre de Jean-Sébastien Bach est, selon Fritz Münch – fils d'Ernest et beau-frère d'Alfred –, à l'origine d'une véritable « tradition Bach » à Strasbourg<ref name="MIM">Myriam Geyer, « Albert Schweitzer », in La vie musicale à Strasbourg sous l'empire Allemand (1871-1918), Publications de la société savante d'alsace, Strasbourg, 1999, Modèle:P. Modèle:ISBN</ref>. C'est ensuite à Paris qu'il va se perfectionner, d'abord auprès de Charles-Marie Widor, compositeur et organiste à l'église Saint-Sulpice, qui dispose d'un instrument prestigieux. Il étudie aussi le piano avec Marie Jaëll et Isidor Philipp.

Musicologue

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Premières mesures de la Toccata et fugue en ré mineur.

Avec ces éminents professeurs, il découvre d'autres compositeurs, mais reste fidèle à Bach, à qui il consacre une étude approfondie, Jean-Sébastien Bach, le musicien-poète<ref>Jean-Sébastien Bach, le musicien-poète, éd. Breitkopf & Härtel, Leipzig, 1905, Modèle:Lire en ligne</ref>. L'ouvrage, préfacé par Widor, est publié en français en 1905, mais, devant son succès, l'éditeur lui propose de le traduire en allemand. De fait le jeune homme en profite pour le remanier et cette nouvelle version considérablement augmentée paraît en 1908. En 1912 il entreprend, en collaboration avec Widor dont il reste proche<ref>Benoît Wirrmann, « La formation musicale d'Albert Schweitzer : apprentissage et publications musicologiques », in Modèle:Harvsp</ref>, l'édition complète des œuvres pour orgue de Bach pour le compte de G. Schirmer, un éditeur américain. Elle ne sera achevée que Modèle:Nobr plus tard<ref name="WIRR"/>. Les musicologues contemporains se sont éloignés des conceptions de Schweitzer, mais ses travaux ont marqué l'histoire de l'organologie<ref name="MIM"/>.

Concertiste

Fichier:Albert Schweitzer - Orgue - Salle Poirel Nancy - 1952.jpg
1952, Albert Schweitzer à l'orgue de la salle Poirel à Nancy

Sa réputation croît en Europe où il est de plus en plus sollicité. En 1905 il participe à la fondation de la Société Jean-Sébastien Bach avec Gustave Bret (1875-1969), puis accompagne parfois le chœur et l'orchestre qui se produisent à la salle Gaveau. À partir de 1908, il est également invité à Barcelone, à plusieurs reprises, pour accompagner l'Orfeó Català. Sous l'influence de Widor, Schweitzer, qui voulait que toutes les voix puissent être entendues distinctement, adopte à l'orgue un tempo que l'on juge aujourd'hui assez lent. Moqueur, le compositeur Nicolas Nabokov précisait : « ce qu'est la Volkswagen à la Porsche »<ref name="WIRR"/>.

Son activité de concertiste s'étale sur une période comprise en 1892 et 1955<ref>Arnaud Richard, « L'évocation du concertiste et son influence dans la sphère parisienne », in Modèle:Harvsp</ref>. On a recensé à ce jour 487 récitals dans Modèle:Nobr, particulièrement en Europe du Nord. Pendant les années 1920-1930, il donne ainsi plus de 120 concerts aux Pays-Bas, en Suède et au Danemark<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Quelques instruments utilisés<ref group=note>Certains de ces instruments ont subi des transformations dans l'intervalle.</ref>

Plusieurs interprétations de Schweitzer, à Londres – au Queen's Hall (1928) et à All Hallows-by-the-Tower (1935) –, à l'église Sainte-Aurélie de Strasbourg (1936) et à l'église paroissiale de Gunsbach (1951-1952), ont fait l'objet d'enregistrements, pour His Master's Voice, puis Philips et Columbia Records. Ces quelque 70 enregistrements historiques concernent principalement des pièces d'orgue de Jean-Sébastien Bach, mais aussi de Felix Mendelssohn, César Franck et Charles-Marie Widor<ref>A. Richard, loc. cit., in Modèle:Harvsp</ref>.

Facteur d'orgues

L'organiste Schweitzer est également un facteur d'orgue engagé dans la réforme alsacienne de l'orgue<ref>Benoît Wirrmann, « Des orgues et de la facture d'orgues chez Albert Schweitzer », in Modèle:Harvsp</ref>. Il publie un petit essai en 1906<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Deutsche und französische Orgelbaukunst und Orgelkunst, Breitkopf & Härtel, Leipzig, 1906, 51 p.</ref> et participe en 1909 à la publication d'un règlement international pour la construction des orgues<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Internationales Regulativ für Orgelbau (en collab. avec François-Xavier Mathias), Artoria, Vienne, Breitkopf et Haertel, Leipzig, 1909, 46 p.</ref>. À l'église Saint-Thomas de Strasbourg, où il a organisé le Modèle:Date- le premier concert anniversaire de la mort de Jean-Sébastien Bach – qui deviendra une tradition –, il lutte aussi pour la sauvegarde de son orgue Silbermann<ref name="WIRR"/>. Avec Émile Rupp, organiste de l'église Saint-Paul de Strasbourg<ref>Fédération francophone des amis de l'orgue, La réforme alsacienne de l'orgue inspirée par Émile Rupp et Albert Schweitzer : ses apports jusqu'à nos jours pour la facture d'orgue, l'édition et l'interprétation de l'œuvre d'orgue de J.S. Bach, Ed. Organa Europae, Saint-Dié-des-Vosges, 1990, 144 p.</ref>, il dénonce le nouvel « orgue d'usine », plus technique et plus puissant, mais privé de sentiments.

Lorsqu'il quitte l'Alsace en 1913, Albert Schweitzer emporte le piano à pédalier d'orgue qui lui a été offert : il pourra ainsi continuer à s'exercer pour ses futurs concerts en Europe<ref name="WIRR"/>.

Théologien

Albert Schweitzer s'inscrit dans la ligne du protestantisme libéral, courant théologique qui critique les conceptions traditionnelles et qui s'efforce de repenser et de reformuler le message chrétien pour qu’il soit compréhensible pour des esprits modernes et qu’il puisse les interpeller<ref>André Gounelle, Penser la foi. Pour un libéralisme évangélique, Van Dieren, Paris, 2006, Modèle:P. Modèle:ISBN.</ref>.

Il examine les dogmes Modèle:Citation, les considérant comme Modèle:Citation<ref name="ARN2">Matthieu Arnold, « Albert Schweitzer et la vie de Jésus. La place de la Geschichte der Leben-Jesu-Forschung dans son œuvre théologique et humanitaire », Études théologiques et religieuses, no 4, 2009, Modèle:P.</ref>. Président d'honneur de l'Association française des protestants libéraux, il a également été très proche des unitariens américains qui l'ont soutenu à la fin de la Deuxième Guerre mondiale<ref name="GOUN2"/>. Il se situe souvent à contre-courant des grandes tendances contemporaines – ce qui lui vaut de vives oppositions, en particulier de théologiens proches des positions de Karl Barth – et prône avant tout une « théologie de l'action »<ref name="GOUN3">André Gounelle, « Schweitzer propose une théologie de l'action », in Réforme, 29 juillet 2015 [10]</ref>.

Ses travaux portent principalement sur le Nouveau Testament, Jésus de Nazareth, l'apôtre Paul, les religions du monde et les spécificités du christianisme<ref name="GOUN2">André Gounelle, « Les grands thèmes théologiques de Schweitzer » [11]</ref>. Selon Étienne Trocmé, « Albert Schweitzer est assurément, par son étourdissante érudition et l'audace de ses thèses personnelles, le biographe de Jésus le plus important qui ait existé entre Renan et Bultmann. »<ref>Modèle:Article</ref>

L'appel de Jésus

Fichier:Hermann Samuel Reimarus.jpg
Reimarus (1749).

La réflexion de Schweitzer, étudiant, puis jeune enseignant à la Faculté de théologie de Strasbourg, s'inscrit dans le contexte général des quêtes du Jésus historique, commencées à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avec Reimarus.

Sa monumentale Histoire des recherches sur la vie de Jésus (1906)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Von Reimarus zu Wrede. Eine Geschichte der Leben-Jesu-Forschung, Mohr-Siebeck, Tübingen, 1906</ref> met en évidence la grande diversité des interprétations, toutes anachroniques, qu'il discute et critique tour à tour. Étienne Trocmé, à propos de sa présentation d'un Jésus prédicateur eschatologique, fait remarquer que lui-même n’échappe pas à un ancrage temporel<ref name="Trocmé p32">Étienne Trocmé, « Albert Schweitzer et la vie de Jésus », Revue d'histoire et de philosophie religieuses, no 56, 1976, Modèle:P. sq.</ref>. Schweitzer souligne l'« étrangeté » de Jésus (il appartient à un monde culturel totalement différent du nôtre) et son mystère (nous ne pouvons pénétrer dans sa vie intime ni déterminer sa relation exacte avec Dieu)<ref>Bernard Reymond, « Albert Schweitzer et l'étrangeté de Jésus », in Sur la trace des théologies libérales : un demi-siècle de rencontres, de lectures et de réflexions, Van Dieren, Paris, 2002, Modèle:P. Modèle:ISBN</ref>. Sa personne, son être, sa nature profonde nous sont hermétiques et inconnaissables, mais son message vaut pour tout homme à toute époque<ref name="Trocmé p32" />.

Il voit en lui l'inspirateur de sa propre vie, notamment lorsqu'il fait le choix de l'Afrique, qu'il interprète comme une réponse à l’appel de Jésus : « Toi, suis-moi ! »<ref name="ARN2"/>.

Spécificité du christianisme

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, de nombreux théologiens qualifient le christianisme de « religion absolue » (autrement dit, de « religion parfaite », alors que les autres sont fausses ou défectueuses)<ref name="GOUN2"/>, affirmation que la Grande Guerre discrédite pour beaucoup d'Européens, dont certains recherchent d'autres formes de spiritualité, notamment du côté des sagesses orientales.

En 1922, Albert Schweitzer déclare à des missionnaires anglais réunis à Selly Oak que la religion chrétienne ne doit « revendiquer aucun privilège, mais prendre part au combat des idées, en ne comptant que sur la force de sa vérité intrinsèque »<ref name="GOUN2"/>.

La comparaison entre les religions fait apparaître la spécificité du christianisme qui réside dans son message à la fois mystique et éthique. Schweitzer distingue deux types de spiritualités. Les unes, plutôt dualistes, opposent la vérité divine à un monde foncièrement mauvais, dont il faut alors se détacher pour pratiquer l'ascèse et la contemplation. Les autres, plutôt monistes, voient dans le monde l'expression de la volonté divine et prônent donc l'acceptation et la soumission. Selon Schweitzer, l'Évangile n'entre dans aucune de ces deux catégories : son eschatologie propose une vision dynamique, celle d’une transformation profonde de la réalité<ref name="GOUN2"/>. Le monde ne doit ni être méprisé ni être idéalisé, mais transformé par l’action de Dieu dans les hommes. Le christianisme joint indissociablement mystique (relation avec l'absolu) et éthique (engagement dans le monde). Dans le contexte spécifique de l'entre-deux-guerres, Schweitzer ne s'appesantit pas sur le judaïsme, écarte l'islam, et concentre ses recherches sur les religions de l'Antiquité, les spiritualités de l'Inde<ref>Les grands penseurs de l'Inde : étude de philosophie comparée, éd. Payot, Paris, 1936</ref>, puis celles de la Chine (il n’achèvera pas le livre qu'il voulait leur consacrer).

Prédication

Fichier:Strasbourg - Église Saint-Nicolas.jpg
Église Saint-Nicolas de Strasbourg.

Fils et petit-fils – par sa mère – de pasteurs, Albert Schweitzer s'engage dans une voie qui semble d'abord toute tracée. À partir de 1898, il a l'occasion de prononcer quelques sermons à Strasbourg et à Gunsbach<ref name="TILL">Serge Tillmann, La prédication d'Albert Schweitzer 1898-1948, Université de Strasbourg, 2012, 363 p. (thèse de théologie protestante) Modèle:Lire en ligne</ref>. Entre 1900 et 1912, puis à nouveau de 1918 à 1922, Albert Schweitzer, devenu vicaire à la paroisse de Saint-Nicolas, déploie alors une intense activité de prédication et en éprouve un « bonheur indicible »<ref name="PAST">« Le pasteur : exhorter à demeurer en Jésus et à œuvrer au Royaume par l'action », in Modèle:Harvsp</ref>. Puis il lui arrive de prononcer d'autres sermons, sans être desservant d'une paroisse, notamment à Stockholm et à Londres<ref name="TILL"/>. Au cours de ses différents séjours à Lambaréné, il continue de prêcher jusqu'à sa mort en 1965<ref>Matthieu Arnold, « Schweitzer, pasteur et prédicateur », in Réforme, 29 juillet 2015</ref>.

À travers ces sermons, préparés avec soin, il s'applique essentiellement à interpréter les paroles de Jésus dans les évangiles, exhortant, en termes enthousiastes, ses paroissiens à œuvrer à l'avènement du Royaume de Dieu par l'action. Ce Royaume, que les premiers chrétiens se représentaient comme une cité merveilleuse dans un futur post apocalyptique, ce monde-ci étant détruit pour laisser la place à « un nouveau ciel et une nouvelle terre »<ref>Apocalypse, 21:1</ref>, il en propose une autre vision, celle de la transformation de la terre et des hommes selon l'idéal chrétien de justice, d'humanité et de sincérité. Action humaine et action divine se conjuguent pour y parvenir, et chacun peut y prendre sa part (mitwirken), même si les obstacles sont nombreux : découragement, indifférence, habitudes et préjugés<ref name="PAST"/>.

Des centaines de sermons ont été conservés et constituent un matériau de choix pour l'étude de sa pensée<ref name="TILL"/>.

Philosophe

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Statue de Kant sur la corniche du palais universitaire de Strasbourg.

Albert Schweitzer se réclame d'abord de Goethe en qui il voit un héritier d'Héraclite qu'il oppose aux philosophes dogmatiques. À partir de ses premiers travaux sur la philosophie kantienne, il développe une œuvre originale, restée inachevée<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Pour Albert Schweitzer, théologie et philosophie doivent se rencontrer et collaborer<ref name="GOUN3"/>. Ses recherches le conduisent à l'élaboration d'un principe central, le respect de la vie, qui anime sa pensée et son action tout au long de sa vie.

Lecture de Kant

En 1899 il soutient, sous la direction de Theobald Ziegler, une thèse consacrée à la philosophie de la religion chez Kant<ref name="J.C.B.Mohr 1989" />, le « philosophe du devoir »<ref>Chris Doude van Troostwijk, « Maîtres du devoir : Albert Schweitzer, lecteur d'Emmanuel Kant, élève de Théobald Ziegler », in Modèle:Harvsp</ref>. L'approche kantienne interpelle l'étudiant dont toute l'éducation religieuse a été imprégnée du sens du devoir, mais il en propose une critique radicale : Kant a, selon lui, manqué de courage pour fonder son éthique dans la pensée et ne répond pas véritablement à la question primaire du « quoi faire ? ». À la fin de sa vie il en viendra à une éthique déontologique inspirée de Kant, allant en quelque sorte « avec Kant au-delà de Kant », pour reprendre la formule du néokantien Hermann Cohen.

Le jury de thèse a salué sa « grande pénétration d'esprit » et son travail est publié chez un éditeur reconnu<ref>Modèle:Harvsp</ref>, mais son engagement de prédicateur lui ferme la possibilité d'une carrière universitaire en philosophie. Il opte alors pour la théologie.

Philosophie de la civilisation

Déjà étudiant, Albert Schweitzer lit et relit abondamment l'œuvre de Friedrich Nietzsche (auquel il ressemble physiquement de façon étonnante) qui l'influence considérablement même si leurs conceptions divergent parfois<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Nils Ole Oermann, Albert Schweitzer : 1875-1965 ; eine Biographie, München, Beck, 2009</ref>. La Première Guerre mondiale lui apparaît comme un symptôme révélateur du déclin de la civilisation européenne<ref>Modèle:Harvsp</ref> et le conduit à élaborer une Kulturphilosophie, dont deux tomes sont publiés en 1923. Il n'achèvera pas le troisième, dont on publiera le brouillon après sa mort<ref>Reich Gottes und Christentum</ref>. Dans le premier volume<ref>Verfall und Wiederaufbau der Kultur</ref>, il brosse un tableau très sombre de la situation de l'humanité<ref>André Gounelle, « Albert Schweitzer : Le respect de la vie », in Ouvertures, mars 2007 [12]</ref>. La culture européenne – sa mission civilisatrice – a échoué, mais force est de constater que les autres n'ont pas mieux réussi. C'est dans le second tome<ref>Kultur und Ethik</ref> qu'il développe son principe du « respect de la vie ».

Interrogeant le rapport entre notre représentation du monde (Weltanschauung) et l'éthique, il reprend après Kant ces deux questions fondamentales : « Que puis-je savoir ? » et « Que dois-je faire ? ». Pour éclairer sa démarche, il explore d'autres cultures, en particulier la pensée de l'Inde<ref>Die Weltanschauung der indischen Denker, 1934</ref> et celle de la Chine<ref>Geschichte des chinesischen Denkens, 1937, publication posthume en 2002</ref>. Sa pensée est également nourrie par ses échanges avec d'autres philosophes et des personnalités de son temps, telles que le Tchèque Oskar Kraus, qui lui présente son compatriote, le président Tomáš Masaryk, Albert Einstein, Bertrand Russell, Linus Pauling ou Karl Jaspers<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Elle s'incarne dans l'action, sur le terrain en Afrique comme sur la scène internationale, lorsqu'il s'engage contre l'arme nucléaire.

Respect de la vie

Le « respect de la vie » constitue le fondement de l'éthique d'Albert Schweitzer, qui en a fait « l'étendard »<ref>Jean-Paul Sorg, « De l'éthique », in Modèle:Harvsp</ref> de son œuvre et de sa vie, même si ce principe est loin de résumer la totalité de sa pensée éthique. C'est la formulation qu'il a lui-même choisie pour transposer Ehrfurcht vor dem Leben, une expression allemande que l'on pourrait aussi traduire par « respect craintif » ou « crainte respectueuse devant la vie », puisque le verbe ehren signifie « honorer » et fürchten, « redouter »<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

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Flottage du bois sur l'Ogooué à Lambaréné (2006).

La genèse de cette idée a été expliquée, voire mise en scène<ref name="GOUN3"/>, par Schweitzer et abondamment citée en tant que moment fondateur de sa pensée<ref>« Le contexte d'une “découverte” », in Modèle:Harvsp</ref>. En Modèle:Date-, au cours d'un long trajet en pirogue sur l'Ogooué pour se rendre au chevet d'une malade, alors qu'il cherche en vain à élaborer une conception élémentaire et universelle de l'éthique, il vit une expérience inattendue : Modèle:Citation bloc

Cette nouvelle illumination<ref>« L'épiphanie du visage et l'épiphanie des hippopotames », Modèle:Harvsp</ref> cristallise une sensibilité et une réflexion antérieures. En effet, lors d'un cours donné le Modèle:Date- à l'université de Strasbourg, il a déjà traité du thème du respect de la vie. Il s'agissait alors de mettre l'accent sur le caractère irremplaçable de tout être vivant et sur la responsabilité de l'homme à l'égard de tous les êtres vivants<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Dès 1909, dans un sermon du Modèle:Date-, il utilisait Ehrfurcht dans un contexte un peu différent pour inviter ses paroissiens à ressentir ce sentiment de crainte respectueuse envers Jésus<ref>Albert Schweitzer, Predigten 1898-1948, 2001, Modèle:P., cité par Modèle:Harvsp</ref>.

La notion de respect de la vie ne désigne pas seulement un sentiment ou un état d'âme. Il s'agit d'une attitude dynamique, d'un combat à mener, pour servir la vie et la défendre parfois contre le danger qu’elle représente pour elle-même<ref name="GOUN3"/>. Toutefois, à ses yeux, ce n'est pas une éthique développée, ni « un système clos et complet », car beaucoup de problèmes subsistent, auxquels Schweitzer se confronte en de nombreuses occasions, comme en témoigne sa correspondance. Ouvrant la route pour des solutions réfléchies et créatives, ce principe constitue avant tout un fondement, une orientation : chaque vie est sacrée et il n'y a pas de hiérarchie de valeur entre les différentes formes de vie<ref>« Défendre et expliquer le “respect de la vie” », in Modèle:Harvsp</ref> : « je suis une vie qui veut vivre, au milieu d’autres vies qui veulent vivre »<ref group=note>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ich bin Leben, das leben will, inmitten von Leben das leben will</ref>.

Condition animale

Le jeune Albert, élevé à la campagne, était entouré d'animaux. C'est un enfant sensible, révolté par les mauvais traitements qui leur sont infligés<ref name="ARNO">Matthieu Arnold, « Les animaux dans les sermons d'Albert Schweitzer », Revue d'Alsace, no 132, 2006, Modèle:P.</ref>. Il protège les escargots, les vers de terre, également les plantes<ref>« Écologie », in Modèle:Harvsp</ref>.

Son éducation lui révèle le message d'amour et de non-violence de la Bible<ref name="NAK">Jean Nakos, « Albert Schweitzer et l'éthique envers les animaux », in Cahiers antispécistes, no 29, février 2008</ref>, mais, dans ses écrits ultérieurs, il dénonce l'indifférence de la philosophie européenne à la protection des animaux, alors que l'amour du prochain préconisé par le christianisme contient « implicitement » la compassion envers les bêtes<ref name="ARNO"/>. Au fil de ses lectures, il retrouve ces notions chez les penseurs indiens et chinois. Le jaïnisme, avec la notion d'ahimsa, retient particulièrement son attention et influence sa pensée<ref name="NAK"/>.

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Afrixalus dorsalis (Gabon).

En Afrique équatoriale, où le bien-être des animaux ne constitue pas alors une priorité, le docteur Schweitzer surprend par l'attention qu'il porte même aux plus petites espèces<ref>Modèle:Harvsp</ref>. À côté des cases destinées aux patients, il a aménagé une sorte de refuge pour les animaux, accueillant des singes, des chiens, des chats, des poules ou des pélicans – il eut pour compagnon un pélican nommé « Parsifal », auquel il donne la parole dans un petit ouvrage<ref>Histoire de mon pélican (photographies de Anna Wildikann), éd. Albin Michel, Paris, 1963, 72 p.</ref> –, voire des antilopes<ref name="NAK" />. Il réprouve totalement la chasse et lui-même est principalement végétarien, quoique sans ostentation<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Son éthique du respect de la vie s'étend donc explicitement à toute forme de vie. Il a conscience que l’être humain, comme tout vivant, se trouve dans l'impossibilité d'éviter totalement le sacrifice d'autres vies pour sa propre survie, et sa démarche prend en compte cette dimension. Il préconise un changement radical, réfléchi et déterminé du comportement des hommes<ref name="NAK"/>.

Médecin

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La panoplie du médecin de brousse
(coll. musée Albert-Schweitzer de Kaysersberg).

L'activité médicale d'Albert Schweitzer est à l'origine de sa notoriété auprès du grand public, mais, selon le chercheur gabonais Hines Mabika, elle a suscité moins de recherches historiques que ses autres travaux<ref name="MABIKA">Hines Mabika, « Des récentes et anciennes critiques de l’œuvre médicale d’Albert Schweitzer », in Cahiers Albert Schweitzer, no 166, mars 2013 Modèle:Lire en ligne</ref>.

Outre son autobiographie, Ma vie et ma pensée, son abondante correspondance avec Hélène permet néanmoins de le suivre pas à pas au cours de ses années de formation<ref name="Sorg 2011">Modèle:Harvsp</ref>. Selon son habitude, il travaille beaucoup, et ces études, d'abord choisies comme « utiles », le passionnent et constituent pour lui une véritable « expérience sur le plan spirituel<ref>Ma vie et ma pensée, Albin Michel, 1960, Modèle:P..</ref> ». On le voit aussi intervenir auprès de plusieurs proches, atteints de diverses pathologies, parfois à caractère psychosomatique, et apprendre à ne pas dissocier le malade de son esprit, de sa vie, de sa culture<ref name="Sorg 2011" />.

Le docteur Schweitzer arrive à Lambaréné en 1913. L'engagement des quelques missionnaires, formés en médecine, déjà à l'œuvre avant son arrivée ont été décrites par le docteur Othon Printz<ref>Othon Printz (2013), d'après son ouvrage Avant Schweitzer, les génies tutélaires de Lambaréné, Jérôme Do Bentzinger, 2004, 190 p. Modèle:ISBN. Modèle:Lire en ligne</ref>. Ses propres Lettres de Lambaréné contiennent de nombreuses observations cliniques, mais n'ont pas été traduites en français à ce jour. En 2005, un ancien médecin colonial français, André Audoynaud, dresse contre son confrère un réquisitoire très médiatisé<ref name="MABIKA"/>. Dans Cœur de gazelle et peau d'hippopotame (2006), le couple Walter et Jo Munz<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Walter und Jo Munz: Zwei Herzen für Lambarene », Schweizer Radio und Fernsehen, 27 avril 2014 [13]</ref> → lui médecin suisse, elle sage-femme d'origine néerlandaise – relate les dernières années d'Albert Schweitzer à Lambaréné et l'évolution ultérieure de son hôpital. Un autre chercheur gabonais, Augustin Emane, a recueilli les témoignages de patients et de leur entourage, publiés en 2013<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Selon le docteur Mabika, les investigations menées à ce jour ne rendent pas compte de l’apport original de Schweitzer à la médecine – notamment à la médecine tropicale –, son souci permanent d'adéquation à l'environnement social et la mise au point progressive d'une nouvelle forme d’accueil et de soins, le village-hôpital<ref name="MABIKA"/>.

Critiques

Albert Schweitzer a toujours été contesté, mais selon André Gounelle – qui lui reconnaît comme à tout être humain des faiblesses et des erreurs – , les attaques virulentes<ref name="ARY">Ary van Wijnen, « Critique d'Albert Schweitzer dans les 10 dernières années de sa vie », AISL, 2012 [14]</ref> dirigées contre lui dépassent le cadre d'une critique légitime : les partis pris idéologiques et le « goût de démolir les célébrités » y auraient sans doute leur part<ref name="GOUN3"/>. Le théologien français se demande aussi si elles ne traduiraient pas une forme de malaise, la pensée et l'action du docteur Schweitzer renvoyant chacun à ses propres responsabilités.

Premiers heurts

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La Société des missions
(avant 1910).

Sa lecture du Nouveau Testament suscite d'abord la désapprobation de tous, avant de faire son chemin. À la Société des missions, si l'on excepte Alfred Boegner et son neveu Marc Boegner, il est plutôt mal accueilli. On se méfie de ce théologien libéral et alsacien. Les Églises redoutent son indépendance d'esprit. De nombreux théologiens le soupçonnent de dénaturer l’Évangile et de s'éloigner du christianisme<ref name="GOUN1"/>.

En 1913, les amis, sa famille et sa belle-famille ne comprennent pas son choix de l'Afrique et de la médecine et cherchent à l'en dissuader<ref>« Les réactions à cette surprenante vocation », in Modèle:Harvsp</ref>. Sa mère meurt en 1916 sans s'être réconciliée avec lui.

Réticences françaises

En dehors de l'Alsace, Albert Schweitzer a rarement trouvé en France ses plus fervents adeptes et, selon André Gounelle<ref name="GOUN1"/> et Matthieu Arnold<ref>Modèle:Harvsp</ref>, y reste aujourd'hui largement méconnu, y compris parmi les protestants.

Les deux guerres mondiales, la nationalité de sa femme et son attachement à la double culture, éveillent quelquefois le soupçon du côté français et le mythe en agace plus d'un<ref name="GOUN1"/>.

Si Gilbert Cesbron s'enthousiasme en 1949, bien des intellectuels français ne se laissent pas séduire. La même année, dans un poème virulent<ref group=note>[...] Qu'il soit minuit, qu'il soit midi
Vous me faites chier, docteur Schweitzer
Il importait que ce fût dit...
</ref> de son recueil Cantilènes en gelée, Boris Vian s'attaque au personnage<ref>Cantilènes en gelée, Christian Bourgois, 1972, Modèle:P. : le poème est révélé pour la première fois par le douzième dossier du Collège de Pataphysique de juin 1960</ref>,<ref>Site abracadablog.canalblog.com, page "Cantilènes en gelée", consulté le 16 octobre 2020</ref>. Dans les années 1950, Jean-Paul Sartre, son cousin (la mère de Sartre est née Schweitzer) futur lauréat d'un prix Nobel qu'il refusera et coutumier des portraits au vitriol<ref>Jacques Deguy, Sartre : une écriture critique, Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve-d'Ascq, 2010, Modèle:P. Modèle:ISBN</ref>, le décrit comme « le plus grand filou qui soit »<ref>Jean Cau, Croquis de mémoire, Julliard, 1985, Modèle:P., cité par Modèle:Harvsp</ref>.

Ses prises de position contre l'arme nucléaire à la fin des années 1950 indisposent aussi l'État français, au moment où le général de Gaulle, de retour au pouvoir, y est favorable. Les hommages funèbres du gouvernement français seront tièdes<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

En 1959, lors de la décolonisation, Schweitzer estimait que « De Gaulle se trompe. Pourquoi veut-il décoloniser si vite ? [... Il] ne se rend pas compte qu’ils ne sont pas mûrs pour la démocratie. Encore moins pour l’indépendance. Elle sera pour eux une tragédie<ref name="Peyr">Modèle:Ouvrage.</ref>. ». À quoi de Gaulle répondait : « Vous croyez que je ne le sais pas, que la décolonisation est désastreuse pour l’Afrique ? [...] Mais que voulez-vous que j’y fasse ? Les Américains et les Russes se croient la vocation de libérer les peuples colonisés et se livrent à une surenchère<ref name="Peyr" />. »

L'avènement de la vogue humanitaire, par le biais des French doctors qui s'en réclament parfois, lui vaut une montée de popularité en France<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

En 2001, dans un ouvrage controversé, Les Frères invisibles<ref>Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre, Les Frères invisibles, Albin Michel, Paris, 2001, 356 p. Modèle:ISBN</ref>, portant sur le pouvoir de la franc-maçonnerie en France, les journalistes d'investigation Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre décrivent l'influence considérable de la franc-maçonnerie parmi les chefs d'État africains et les hommes d'affaires, également dans le domaine humanitaire, ajoutant qu'Albert Schweitzer en faisait partie, mais ils n’avancent aucune preuve et cela apparaît peu vraisemblable.

En 2005, André Audoynaud publie un ouvrage polémique, Le docteur Schweitzer et son hôpital à Lambaréné : l'envers d'un mythe<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Ancien médecin-chef de l'hôpital public de Lambaréné, il rend hommage au théologien, mais décrie le philosophe et le musicien, et bien davantage encore le confrère, sa personnalité et ses pratiques médicales. Son réquisitoire lui vaut d'être interviewé dans le film documentaire de Georg Misch, Anatomie d'un saint (2010)<ref name="ARY" />.

Méfiance américaine

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Le président Eisenhower et son Secrétaire d'État, Dulles (1956).

Les États-Unis ont d'abord célébré et soutenu le docteur Schweitzer, mais un revirement se produit à partir de 1957<ref name="ARY"/>, lorsque celui-ci prend ouvertement position contre les essais nucléaires, et plus généralement contre la course aux armements. Il devient alors persona non grata pour le gouvernement américain et certains médias voient dans ses appels une forme de propagande en faveur des thèses communistes, voire le soupçonnent d'être manipulé par des agents étrangers.

À partir de 1958, le président Eisenhower et son Secrétaire d'État Dulles cessent de lui envoyer leurs vœux à l'occasion de son anniversaire et, en Modèle:Date-, Eisenhower refuse de participer à la cérémonie de remise du titre de docteur honoris causa par l'université de Princeton. Cependant l'arrivée au pouvoir de John Kennedy en Modèle:Date- met un terme à cette crispation et, en 2009, lorsque Barack Obama reçoit à son tour le prix Nobel de la paix, il rend hommage à Albert Schweitzer et aux autres « géants de l’histoire » – Martin Luther King, George Marshall et Nelson Mandela – qui l'ont précédé<ref>Michael Shear, « Mandela, un héros pour Obama », in Courrier international, 6 décembre 2013</ref>.

Voix africaines

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Pirogue taillée par des lépreux de Lambaréné en 1962
(coll. musée africain de Gunsbach).

Dans les sermons prononcés à l'église Saint-Nicolas de Strasbourg avant 1914, Albert Schweitzer avait explicitement critiqué les entreprises coloniales de l'Allemagne et les méthodes violentes utilisées par celle-ci dans ses colonies du Sud-Ouest africain, particulièrement lors du massacre des Héréros<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Pourtant, dans le contexte général de la décolonisation, l'accession du Gabon à l'indépendance en 1960 fait apparaître une nouvelle forme de contestation.

En Modèle:Date-, l'hebdomadaire Jeune Afrique ouvre le feu avec un article intitulé « Le scandale de Lambaréné »<ref>Jane Rouch, « Le scandale de Lambaréné », Jeune Afrique, 24-30 septembre 1962</ref>. Son auteur, Jane Rouch – une journaliste américaine, épouse de Jean Rouch –, y dénonce les carences de l'hôpital et le regard condescendant que le médecin porterait sur les Africains. Cette tentative de déconstruction du mythe met fin à une monopolisation du discours par l'Europe<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Sylvère Mbondobari, « The Assessment of the Life and Thought of Albert Schweitzer in Germany and Africa », in Marvin Meyer et Kurt Bergel (dir.), Reverence for life : the ethics of Albert Schweitzer for the twenty-first century, Syracuse University Press, 2002, Modèle:P. Modèle:ISBN</ref>.

Avec Le Grand Blanc de Lambaréné (1994), tourné au Gabon dans les décors d'origine, le cinéaste camerounais Bassek Ba Kobhio revendique son propre regard sur l'Afrique coloniale – celui « plus authentique » du colonisé. Il fait pourtant le choix assumé de la fiction et remanie à son gré les données biographiques. De la large place faite aux dialogues entre de nombreux personnages émerge le portrait contrasté d'un homme présenté comme infatigable et passionné, mais autoritaire et paternaliste<ref name="Gerhmann et Riesz">Sylvère Mbondobari (Libreville) , « La re-présentation de l'imaginaire et du symbolique à l'écran, Albert Schweitzer dans la fiction cinématographique africaine », in Susanne Gehrmann et János Riesz (dir.), Le Blanc du Noir : représentations de l'Europe et des Européens dans les littératures africaines, Münster, LIT Verlag, 2004, Modèle:P. Modèle:ISBN</ref>.

En 2013 – année de la commémoration de l'arrivée du docteur Schweitzer en Afrique –, le Gabonais Augustin Emane, en poste dans une université française, fait le bilan des huit années d'enquêtes menées sur le terrain (en fang et en galoa, rarement en français), auprès de ceux qui l'ont connu<ref name="Emane 2013" />. Son livre montre comment le personnage érigé en mythe en Occident a également accédé, bien différemment, au statut d'icône au Gabon, où il l'a largement conservé.

En 2014, son compatriote Noël Bertrand Boundzanga, enseignant-chercheur à l'université Omar-Bongo, rebondit sur la notion de « malentendu productif » développée par Emane et publie avec d'autres historiens et anthropologues gabonais une série d'essais souvent critiques, Le malentendu Schweitzer<ref>Noël Bertrand Boundzanga et Wilson-André Ndombet (dir.), Le malentendu Schweitzer, L'Harmattan, 2014, 220 p. Modèle:ISBN</ref>. Le philosophe français Jean-Paul Sorg déplore à son tour que la dénonciation par Albert Schweitzer, bien avant la Grande Guerre, des atrocités du colonialisme n'ait pas été prise en compte<ref>Compte-rendu de lecture du Malentendu Schweitzer par Jean-Paul Sorg, in Revue d’Alsace, no 140, 2014, Modèle:P. [15]</ref>. Il attribue cette vision tronquée à l'« ère du soupçon », caractéristique d'une certaine modernité.

Héritage

En 1975, à l'occasion du centenaire de sa naissance, son élève et ami Robert Minder avait déjà réuni une centaine de témoignages explorant les multiples facettes du « rayonnement d'Albert Schweitzer »<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Depuis ce premier bilan, les hommages et les relais n'ont cessé de se multiplier.

Associations

Dès l'origine, les associations de soutien ont joué un rôle déterminant dans les réalisations d'Albert Schweitzer<ref name="ROL">Roland Wolf, « Les bâtisseurs de l'ombre », in Les Saisons d'Alsace, 2013, Modèle:P.</ref>. Avant son premier départ en Afrique (1913), il réunit des amis strasbourgeois auxquels il confie la comptabilité et les démarches administratives liées à ses projets. Puis lors de son deuxième séjour (1924) et dans la perspective de la construction de l'hôpital d'Andende, il trouve de nouveaux appuis en Suisse et en Allemagne. Une association suisse d'aide est fondée en 1949, suivie par une dizaine d'autres, en Europe, en Amérique et au Japon, ainsi que des cercles d'amis dans Modèle:Nobr<ref name="ROL"/>.

Par ailleurs, l'« Association de l'hôpital du Docteur Albert Schweitzer à Lambaréné » (ASL) - créée en 1930 et dont Schweitzer préside le comité directeur jusqu'en 1956 - devient propriétaire du nouvel hôpital. À la mort de Schweitzer, l'association se renomme « Association internationale de l'hôpital Albert Schweitzer à Lambaréné et de son œuvre » (AISL)<ref name="ROL"/>. Dans les années 1970, l'AISL se désinvestit de la gestion de l'hôpital au profit d'une fondation gabonaise, la « Fondation internationale de l'hôpital du Docteur Schweitzer à Lambaréné » (FISL)<ref>Lachian Forrow, « Les activités de la Fondation aujourd'hui », in Les Saisons d'Alsace, 2013, Modèle:P.</ref>. L'AISL prend alors le nom d'« Association internationale pour l'œuvre du docteur Albert Schweitzer de Lambaréné » et s'emploie désormais à faire connaître la vie et la pensée du Modèle:Dr Schweitzer. Elle gère le musée, les archives, le site Internet et publie des ouvrages<ref>AISL [16] et ses statuts définis en 2002 [17]</ref>.

Une autre association, l'« Association française des amis d'Albert Schweitzer » (AFAAS), fondée à Paris en 1957, édite les Études schweitzériennes (1990-2003)<ref>Catalogue SUDOC</ref> et les Cahiers Albert Schweitzer (Modèle:Date--)<ref>Sommaire des derniers Cahiers Albert Schweitzer sur le site de l'AFAAS</ref>, qui sont une mine de documents, de textes et d’études. Son siège se trouve aujourd'hui à Strasbourg. En Suisse, l'« Association suisse Albert Schweitzer » publie deux fois par an Les Nouvelles de Lambaréné et de l’œuvre d’Albert Schweitzer dans le monde<ref>« Publications », Association Suisse Albert Schweitzer</ref> et soutient occasionnellement les actions de Nouvelle Planète<ref>« L'association », Association Suisse Albert Schweitzer</ref>.

Prix Albert-Schweitzer

Plusieurs récompenses portent le nom de « prix Albert-Schweitzer ». La plus ancienne fut créée en 1969 par un mécène de Hambourg, Alfred Toepfer<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Musées

En France

  • la maison natale d'Albert Schweitzer à Kaysersberg<ref>Guylaine Gavroy, « Kaysersberg, un lieu de souvenir », in Les Saisons d'Alsace, no hors série Albert Schweizer, février 2013, Modèle:P.</ref>.

Modèle:Article détaillé

  • l'ancienne maison d'Albert Schweitzer à Gunsbach<ref>Guylaine Gavroy, « La maison du Docteur », in Les Saisons d'Alsace, no hors série Albert Schweizer, février 2013, Modèle:P.</ref> où sont exposées les collections et les archives tandis des objets africains sont exposés à la mairie de la ville.

Modèle:Article détaillé

En Allemagne

  • le musée Albert-Schweitzer-Gedenk- Und Begegnungsstätte à Weimar<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Albert- Schweitzer-Gedenk- und Begegnungsstätte [18]</ref>.
  • le Albert-Schweitzer-Haus à Königsfeld en Forêt-Noire<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Albert-Schweitzer-Haus [19]</ref>.

Au Gabon

  • à Lambaréné, sur le site de l'ancien hôpital<ref>Musée, Fondation Internationale de l’Hôpital du Docteur Albert Schweitzer à Lambaréné [20]</ref> au milieu des années 1980<ref>Damien Mougin, « Quand l'hôpital devient musée... », Les Saisons d'Alsace, février 2013, Modèle:P.</ref> un musée permet de voir des éléments d'origine (mobilier, matériel médical), reconstitué, ainsi que différents objets, tels souvenirs et photographies d'archives.

Œuvres d'art

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Monument de Gerhard Geyer à Weimar (1968).

Le personnage d'Albert Schweitzer, sa silhouette, sa moustache drue, avec ou sans casque colonial<ref>Modèle:Harvsp</ref>, ont inspiré nombre de créateurs, tout particulièrement les sculpteurs. Connus ou moins connus, ils ne peuvent être cités tous.

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Le sculpteur néerlandais Pieter de Monchy au travail (1974).

Parmi eux, l'Allemagne est bien représentée. Une photographie de 1929 montre Otto Leiber, artiste allemand né à Strasbourg, achevant un buste en présence de son modèle<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Schwarzweiß-Aufnahme von Otto Leiber als Bildhauer an der fast fertigen Büste von Albert Schweitzer, Wikimedia Commons [21]</ref>. Jürgen von Woyski est l'auteur, en 1961, d'une statuette de bronze, Professor Modèle:Dr A. Schweitzer, qui le met en scène avec costume de voyage et bagages<ref>Les Saisons d'Alsace, février 2013, Modèle:P. : Deutsche Fotothek [22]</ref>. Le peintre et sculpteur allemand originaire de Bohême, Oskar Kreibich, peint son portrait, « à la manière de Kokoschka », selon une étude de 1962<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Un artiste de Halle, Gerhard Geyer, est l'auteur du premier monument dédié à Albert Schweitzer<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Albert Schweitzer in Weimar » [23]</ref>. Érigé à Weimar en 1968, ce groupe sculpté en bronze représente une femme africaine, son bébé et une fillette, aux côtés du médecin qui porte casque, tablier et bottes. En Alsace, c'est aussi à un artiste allemand, Fritz Behn Modèle:Incise, que fut confié le monument érigé en 1969 sur les hauteurs de Gunsbach, au lieu-dit Kanzrain, où l'enfant du pays aimait se retirer pour contempler la nature et méditer, comme en témoigne une lettre au sculpteur : « Car là-bas j'étais celui qui était occupé à penser. Là-bas j'aimerais demeurer dans la pierre, et que l'on m'y rende visite »<ref>« Le sentier Albert Schweitzer », Gunsbach</ref>.

Fichier:Schweitzer statue in Deventer (2016).jpg
Statue d'Albert Schweitzer à Deventer (la formule "respect de la vie" est rappelée sur le socle, en néerlandais).

En 1953, le peintre polonais Modèle:Lien peint un portrait qui se trouve actuellement au Collège royal de médecine à Londres<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Your Paintings », BBC [24]</ref>. Le buste exécuté par le Français Georges Boulogne (1926-1992) en 1954 est érigé dans les jardins princiers de Monaco en 1966<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Le plâtre original de ce buste, pour lequel Albert Schweitzer avait posé dans sa maison de Gunsbach, est conservé au Musée du Plâtre avec le fonds d'atelier du sculpteur Boulogne<ref>Modèle:Lien web</ref>, fonds actuellement mis en réserve après l'éviction du Musée du Plâtre décidée par la municipalité de Cormeilles-en-Parisis.

Aux Pays-Bas, un buste du docteur Schweitzer a été offert au Palais de la Paix de La Haye en 1958<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Archives nationales (Pays-Bas) [25]</ref>. Une statue monumentale due au sculpteur néerlandais Pieter de Monchy est inaugurée en 1974 par la reine Juliana<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Europeana [26]</ref> sur le Brink, la place centrale de Deventer(dans la province d'Overijssel), car un fonds Schweitzer y avait été créé pour soutenir son travail en Afrique, ce qui avait conduit Albert Schweitzer à y venir à plusieurs reprises pour donner des concerts d'orgue et ainsi aider à la levée de fonds<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Le prix Nobel de la paix reçu en 1952 étend la notoriété d'Albert Schweitzer outre-Atlantique. Le graveur américain Arthur Heintzelman réalise son portrait dans les années 1950<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Graphic Arts Collection, Université de Princeton [27]</ref>. L'économiste Leo Cherne, également sculpteur de bustes de plusieurs contemporains, consacre en 1955 sa première œuvre à Albert Schweitzer<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Andrew F. Smith, « Albert Schweitzer », Rescuing the World: The Life and Times of Leo Cherne, Suny Press, 2012, Modèle:P. Modèle:ISBN</ref>. Travaillant d'après des photographies, il ne l'avait pas encore rencontré, mais les deux hommes entretiendront ensuite une correspondance jusqu'à la mort du médecin. Riverside Church, une église interdénominationnelle de Manhattan construite pendant l'entre-deux-guerres, abrite une statue de Lee Lawrie<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Abraham Aaron Roback, In Albert Schweitzer's Realms: A Symposium, Sci-Art Publishers, 1962, Modèle:P.</ref>, d'origine allemande et dont le nom est associé à de nombreuses réalisations architecturales de la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

L'art contemporain n'oublie pas Albert Schweitzer : aux côtés de Nelson Mandela ou du dalaï-lama, il a rang d'icône culturelle<ref>Newsletter de la Demeure du Chaos, 17 décembre 2013</ref>, comme à la Demeure du Chaos de Saint-Romain-au-Mont-d'Or.

Théâtre et cinéma

En 1949, Gilbert Cesbron, écrivain catholique engagé, rend visite pour la première fois à Albert Schweitzer à Gunsbach<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Il fonde de grands espoirs sur ce pasteur luthérien qu'il pense capable de revigorer un christianisme mis à mal par les horreurs de la guerre<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Sa pièce de théâtre, Il est minuit, docteur Schweitzer (1951), remporte un grand succès et contribue grandement à la notoriété du médecin en France. Elle est adaptée à la radio et portée à l'écran l'année suivante par André Haguet qui a confié le rôle principal à Pierre Fresnay. En 2011, le chanteur franco-gabonais Jann Halexander reprend à son compte le titre Il est minuit, Docteur Schweitzer pour l'une de ses chansons<ref>« Jann Halexander : Il est minuit Docteur Schweitzer », YouTube [28]</ref>.

Outre le long métrage de Haguet, Albert Schweitzer a inspiré une dizaine d'œuvres cinématographiques<ref name="Gerhmann et Riesz" />. Albert Schweitzer (1957), une hagiographie américaine d'Erica Anderson et Jerome Hill, remporte en 1958 l'Oscar du meilleur film documentaire. Un autre Américain, Modèle:Lien, réalise Médecin de l'impossible, interprété par Malcolm McDowell (1990). Le réalisateur camerounais Bassek Ba Kobhio brosse en 1990 un portrait iconoclaste, Le Grand Blanc de Lambaréné – la première représentation de Schweitzer par un cinéaste africain. En 2009, le Britannique Gavin Millar choisit de situer son Albert Schweitzer à l'orée de la guerre froide, lorsque le médecin prend ouvertement position contre l'arme nucléaire<ref>Albert Schweitzer, Arte, [29]</ref>. En 2010, le documentariste allemand Modèle:Lien réalise Albert Schweitzer, anatomie d'un saint pour la télévision et le cinéma<ref>Albert Schweitzer. Anatomie eines Heiligen, Africultures, [30]</ref>.

Noms d'organisations et de voies urbaines

Comme d'autres lauréats, Albert Schweitzer a bénéficié de l'« effet Nobel »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Roger Paul Alford, « The Nobel Effect: Nobel Peace Prize Laureates as International Norm Entrepreneurs. A. The Humanitarians », in Virginia Journal of International Law, vol. 49/1, 12 novembre 2008, Modèle:P.</ref>. Outre les avantages matériels liés, directement ou indirectement, à cette distinction, il acquiert en 1952 une aura internationale considérable, qui conduit de très nombreux établissements hospitaliers et scolaires, églises, institutions et voies urbaines à prendre son nom, inspirés ou non par son œuvre<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Le site The Albert Schweitzer Page en propose une sélection : « A list of things or places named after, and perhaps inspired by, Modèle:Dr Schweitzer » [31] ; sur Wikimedia Commons la catégorie Things named after Albert Schweitzer, réunit les images de quelques-uns de ces lieux [32]</ref>. L'hôpital Albert-Schweitzer de Lambaréné, mais aussi celui d'Haïti, fondé en 1956 par Larry Mellon, le square Albert-Schweitzer dans le [[4e arrondissement de Paris|Modèle:4e de Paris]] ou l'ancien train Albert-Schweitzer qui reliait Dortmund à Strasbourg, ainsi que deux lycées, en constituent quelques exemples.

La situation est différente en Afrique où, à l'exception de Lambaréné, il n'y a aujourd'hui ni rues ni établissements scolaires à son nom dans aucune ville du Gabon, ni de volonté particulière du gouvernement Modèle:Incise d'en faire une icône, contrairement à ce qui s'est passé dans le cas de Savorgnan de Brazza, par exemple<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Philatélie et numismatique

Fichier:Schweitzer VS.JPG
Médaille commémorative allemande (1965).

Albert Schweitzer constitue à lui seul un thème de collection, comme en témoigne une exposition de 2013 à Kaysersberg qui réunissait les quelque Modèle:Nombre (timbres, enveloppes, photos) d'un philatéliste passionné<ref>« Timbres, enveloppes, photos : Modèle:Nombre consacrées à Albert Schweitzer exposées à Kaysersberg », France 3 Alsace, 3 novembre 2013 [33]</ref>.

Les premiers timbres à l'effigie du docteur ont été émis à Monaco en 1955, à l'occasion de son Modèle:80e<ref name="COM">Communautés & Continents, 1974, Modèle:P.</ref>. En 1960 la toute jeune République gabonaise dédie son premier timbre à Albert Schweitzer<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Harald Steffahn, Das Albert Schweitzer Lesebuch, Beck, München, 2011 (Modèle:5e éd.), Modèle:P. Modèle:ISBN</ref>, puis, au fil des ans, en émet d'autres en hommage au médecin, à son hôpital et même à son pélican<ref>Sélection de timbres gabonais sur le site de FISL</ref>, ainsi qu'un timbre en or en 1965. Alors qu'en amont du centenaire de la naissance d'Albert Schweitzer en 1975, A. Brenet avait dressé une déjà riche « Histoire philatélique d'Albert Schweitzer »<ref name="COM"/>, cette année-là une centaine de timbres sont émis par Modèle:Nobr<ref name="COM"/>.

Les commémorations se succèdent et, en 2015, à l'occasion du Modèle:50e de son décès, un nouveau timbre est créé par la Société philatélique Union 1877 de Strasbourg<ref>« La Région Alsace rend hommage à Albert Schweitzer », Région Alsace, 7 septembre 2015 [34]</ref>.

Des monnaies commémoratives sont également frappées à son effigie, notamment en RFA et en RDA<ref name="NOR">Norman Laybourn, L'émigration des Alsaciens et des Lorrains du Modèle:S mini- au Modèle:S mini- siècle : essai d'histoire démographique, vol. 2, Association des publications près les Universités de Strasbourg, 1986, Modèle:P.</ref>.

Œuvres

Publications principales

  • Eugène Münch 1857-1898, éd. imprimerie J. Brinkmann, Mulhouse, 1898, 33 p.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue, éd. J. C. B. Mohr, Freiburg i. B., Leipzig, Tübingen, 1899, 325 p. (publication de sa thèse de philosophie, Die Religionsphilosophische Skizze der Kritik der reinen Vernunft, 1899)
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue (thèse de théologie soutenue en 1900, publiée chez J. C. Mohr, Tübingen, 1901)
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Das Leidens- und Messianitätsgeheimnis, eine Skizze des Lebens Jesu, (habilitation soutenue en 1902, publiée à Tübingen/ Lepzig, 1901
    • Trad. : Le secret historique de la vie de Jésus, (trad. Annie Anex-Heimbrod), éd. Albin Michel, Paris, 1961
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue, éd. Breitkopf & Härtel, Leipzig, 1908; ce livre n'est pas une traduction allemande du précédent mais une ré-écriture complète par Albert Schweitzer pour le public germanophone de l'ouvrage magistral écrit en français avec les encouragements de Charles-Marie Widor et d'Ernest Münch et publié en 1905. Le livre en allemand conserve sa préface de Charles-Marie Widor.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Internationales Regulativ für Orgelbau. Entworfen und bearbeitet von der Sektion für Orgelbau auf dem dritten Kongress der Internationalen Musikgesellschaft (en collab. avec l'abbé François-Xavier Mathias), Artaria, Vienne, Breitkopf et Haertel, Leipzig, 1909, 46 p.
    • Trad. : Règles internationales pour la construction des orgues, Strasbourg, 1909
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Geschichte der Paulinischen Forschung von der Reformation bis auf die Gegenwart, Georg Olms Verlag, 1911, 197 p.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Kritik der von medizinischer Seite veröffentlichten Pathographien über Jesus, Université de Strasbourg, 1913 (thèse de médecine)
    • Publiée sous le titre Modèle:Langue, éd. J. C. Mohr, Tübingen, 1913, 46 p.
  • Notes et nouvelles de la part du prof. Modèle:Dr Albert Schweitzer Lambaréné (s. Ogooué, Gabon français), Imprimerie M. DuMont Schauberg, Strasbourg, 1913, 21 p.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue, Mohr-Siebeck, Tübingen, 1913 (édition revue et augmentée de Von Reimarus zu Wrede, 1906)
  • Psychopathologie du nationalisme, 1915, Arfuyen, 2016.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Zwischen Wasser und Urwald. Erlebnisse und Beobachtungen eines Arztes im Urwalde Aequatorialafrikas, M. Drechsel, Bern, 1921, 165 p.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Kulturphilosophie. Verfall und Wiederaufbau der Kultur, Bern 1923.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Aus meiner Kindheit und Jugendzeit, Librairie évangélique, 1924, 73 p.
    • Trad. : Souvenirs de mon enfance, éd. de la Concorde, Lausanne, 1926, plusieurs rééd. chez Albin Michel, Paris, dont 1984, 108 p. Modèle:ISBN
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Das Christentum und die Weltreligionen (conférences de Selly Oak, 1922)
    • Trad. : Les religions mondiales et le christianisme, Van Dieren, Paris, 2000, 80 p. Modèle:ISBN
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Das Messianitäts- und Leidensgeheimnis, Mohr, Tübingen, 1929, 109 p.
  • Nouvelles de Lambaréné – Du printemps à l’automne 1924, éd. Librairie évangélique, Strasbourg, 1925
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Selbstdarstellung, Felix Meiner, Leipzig, 1929
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Die Mystik des Apostels Paulus, Mohr, Tübingen, 1930
    • Trad. : La mystique de l'apôtre Paul (traduction de l'allemand par Marcelle Guéritot), éd. Albin Michel, Paris, 1962, 338 p.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Aus meinem Leben und Denken, Meiner, 1931, 211 p.
    • Trad. : Ma vie et ma pensée, éd. Albin Michel, Paris, 1960 (plus. réimpr.), 286 p. Modèle:ISBN (la traduction française omet certains passages de l'original).
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Afrikanische Jagdgeschichten, Éditions des Sources, Strasbourg, 1936, 16 p.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Afrikanische Geschichten, Meiner, Hamburg, 1938, 98 p.
    • Trad. : Histoires de la forêt vierge, éd. Payot, Paris, 1941 (rééd. Payot, 1952, 174 p.)
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Die Weltanschauung der indischen Denker: Mystik und Ethik, C. H. Beck, Munich, 1935, 201 p.
    • Trad. : Les grands penseurs de l'Inde : étude de philosophie comparée, éd. Payot, Paris, 1936, plusieurs rééd. dont 2004, 271 p. Modèle:ISBN
  • Goethe : L'homme et l’œuvre, impr. des Dernières Nouvelles d'Alsace, Strasbourg, 1949, 16 p. (conférence faite à Aspen, Colorado, extrait de Les Saisons d'Alsace, no 1, 1950)
  • Paix ou guerre atomique, éd. Albin Michel, Paris, 1958, 60 p. (discours radiodiffusés)
  • Histoire de mon pélican (photographies de Anna Wildikann), éd. Albin Michel, Paris, 1963, 72 p.

Autres éditions posthumes

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Reich Gottes und Christentum (édition et préface d'Ulrich Neuenschwander), J. C. B. Mohr (P. Siebeck), Tübingen, 1967, 212 p., réédité sous la direction d'Ulrich Luz, Ulrich Neuenschwander et Johann Zürcher, C. H. Beck, München, 1995, 508 p. Modèle:ISBN
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Gesammelte Werke in fünf Bänden (éd. Rudolf Grabs), Beck, Munich, 1974
  • La civilisation et l’éthique (trad. Madeleine Horst, avant-propos par Robert Minder, préface du pasteur Georges Marchal), éd. Alsatia, Colmar, 1976, 215 p. (trad. du tome premier de Kultur und Ethik et dernière partie du second tome de Kulturphilosophie)
  • La paix par le respect de la vie (adresse au lecteur par Robert Minder, traduction, notes et conclusion par Madeleine Horst), éd. de la Nuée Bleue, Strasbourg, 1979, 328 p. Modèle:ISBN (traduction des 16 premiers chapitres du tome 2 de Kultur und Ethik)
  • Humanisme et mystique (textes choisis par Jean-Paul Sorg), éd. Albin Michel, Paris, 1995, 531 p. Modèle:ISBN
  • Conversations sur le Nouveau Testament (Gespräche über das Neue Testament, trad. de l'allemand par Pierre Kemner, préf. de Jean-Paul Sorg, postf. de Winfried Döbertin), éd. Brepols, Paris, 1996, 196 p. Modèle:ISBN
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Straßburger Vorlesungen (édité par Erich Gräßer et Johann Zürcher), C. H. Beck, München, 1998, 759 p. Modèle:ISBN
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Kultur und Ethik in den Weltreligionen (édité par Ulrich Körtner et Johann Zürcher), C. H. Beck, München, 2001, 467 p. Modèle:ISBN
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Geschichte des chinesischen Denkens (édité par Bernard Kaempf et Johann Zürcher), C. H. Beck, München, 2002 (élaboration en 1937), 360 p. Modèle:ISBN
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Wir Epigonen : Kultur und Kulturstaat (édité par Ulrich Körtner et Johann Zürcher), Beck, München, 2005, 416 p. Modèle:ISBN
  • Respect de la vie, textes choisis et présentés par Bernard Kaempf, introduction d'Alexandre Minkowski, Éditions Arfuyen, Paris-Orbey, 1990.
  • Psychopathologie du nationalisme (textes de 1915, établis, traduits et présentés par Jean-Paul Sorg), Éditions Arfuyen, coll. "La faute à Voltaire", Paris-Orbey, 2016, 150 p. Modèle:ISBN

Correspondance

en allemand

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Albert Schweitzer. Briefe aus Lambarene (1924-1927), C. H. Beck, München, 2009 (première éd. 1928, puis 1955), 191 p. Modèle:ISBN (lire extrait en ligne [35])
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Gerhardt Fischer (éd.), Briefe aus dem Lambaréné-Spital, Berichte aus den Jahren 1930-1954, Union Verlag, Berlin, 1981, 292 p.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Werner Zager (éd.) Albert Schweitzer. Theologischer und philosophischer Briefwechsel 1900-1965, C.H. Beck, München, 2006, 941 p. Modèle:ISBN

en français

  • Correspondance entre Albert Schweitzer et Hélène Bresslau (introduction et notes de Jean-Paul Sorg), Jérome Do Bentzinger, Colmar, 3 vol., tome 1, 1901-1905 : L'Amitié dans l'amour, 2005, 250 p. Modèle:ISBN ; tome 2, 1906-1909 : L'Amour dans l'amitié, 2009, 334 p. Modèle:ISBN ; tome 3, 1910-1912 : L'Alliance, 2011, 331 p. + pl. Modèle:ISBN
  • « Lettres à Albert Einstein », in Études schweitzeriennes, no 2, 1991
  • « Lettres à Oskar Kraus (Prague et Londres) », in Études schweitzeriennes, no 3, 1992
  • « Lettres à Gustav von Lüpke » (traduites par Jean-Paul Sorg), in Études schweitzeriennes, no 8, printemps 1998
  • « Lettres à Nikos Kazantzakis », in Études schweitzeriennes, no 9, 2000
  • Lettres à Annette, rédigées par Albert Schweitzer et quelques-unes de ses collaboratrices entre 1920 et 1966, Otterswiller, édition Albert Frey, 2010
  • Correspondance avec Charles Michel (1936-1965), tirage privé
  • L'anthologie Humanisme et mystique réunie par Jean-Paul Sorg, contient d'autres lettres inédites par ailleurs.

Sermons

Une thèse sur la prédication d'Albert Schweitzer entre 1898 et 1948, soutenue à Strasbourg en 2012, recense textes et analyses, mais nombre de sermons sont aujourd'hui considérés comme perdus <ref name="TILL" />.

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Straßburger Predigten (édition et postface d'Ulrich Neuenschwander), C.H. Beck, München, Modèle:1re éd. 1966, 169 p. (dix-sept sermons prononcés entre 1900 et 1919)
  • Vivre : paroles pour une éthique du temps présent (préface de Georges Marchal, traduction Madeleine Horst, postface d'Ulrich Neuenschwander, éd. Albin Michel, Paris, Modèle:1re éd. 1970 (traduction des Strassburger Predigten)
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Predigten 1898-1948 (édités par Richard Brüllmann et Erich Gräßer), C. H. Beck, München, 2001, 1 392 p. Modèle:ISBN
  • Les sermons de Lambaréné (édités par Jean-Paul Sorg et Philippe Aubert), Strasbourg, 2000, Études schweitzériennes, no 10
  • Agir : 21 sermons sur les missions et l'humanitaire (traduction, introduction et postface Jean-Paul Sorg), Éditions Ampelos, 2009, 193 p. Modèle:ISBN
  • L'Esprit et le Royaume (30 sermons traduits et édités par Jean-Paul Sorg), Éditions Arfuyen, Paris-Orbey, 2015, 252 p. Modèle:ISBN Prix Nathan Katz du Patrimoine 2015.

Enregistrements

Albert Schweitzer a enregistré plusieurs compositions de Mendelssohn, César Franck et Charles-Marie Widor, mais il a surtout réalisé de nombreux enregistrements de l'œuvre pour orgue de Jean-Sébastien Bach, à Londres (1928 et 1935), Strasbourg (1936) et Gunsbach (1951-1952)<ref>Livret du coffret d'enregistrements historiques, Albert Schweitzer - Der Organist, Ifo Classics, 2011, 6 CD</ref>. Le numéro du Bach-Werke-Verzeichnis (BWV) permet de situer chacun dans la liste des œuvres de Jean-Sébastien Bach.

Londres (Queen's Hall, Modèle:Date-, et Barking, All Hallows-by-the-Tower, 16-Modèle:Date-)

Modèle:Colonnes

Strasbourg (Église Sainte-Aurélie, 20-Modèle:Date-)

Modèle:Colonnes

Gunsbach (Église paroissiale, 1951-1952)

Modèle:Colonnes

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références nombreuses

Annexes

Modèle:Autres projets

Bibliographie sélective

La bibliographie complète sur Albert Schweitzer comporte plusieurs centaines de références en diverses langues. Ces publications sont collectées par les archives du musée de Gunsbach, où elles peuvent être consultées.

Ouvrages et thèses sont répertoriés dans le catalogue du Système universitaire de documentation (SUDOC) [36].

Ouvrages répertoriés dans les fonds des Archives d'Alsace.[37]

Publications collectives

Ouvrages

  • Modèle:Ouvrage
  • Modèle:Ouvrage
  • Modèle:Ouvrage
  • Philippe Aubert, Albert Schweitzer, une théologie raisonnable, Le Ralliement protestant, Mulhouse, 1998
  • Modèle:Ouvrage, compte rendu par Philippe David, in Afrique contemporaine, 2/2007, no 222, Modèle:P., Modèle:Lire en ligne
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} James Brabazon, Albert Schweitzer: A Biography, Syracuse University Press, 2000 (Modèle:2e éd.), 516 p. Modèle:ISBN
  • Modèle:Ouvrage, compte rendu par Jean-Paul Sorg, in Revue d’Alsace, no 140, 2014, Modèle:P., Modèle:Lire en ligne ; Ce que peut nous apprendre Albert Schweitzer, une icône africaine, conférence d'Augustin Emane à l'Institut d'études avancées de Nantes, avec la participation de Pierre Legendre, Modèle:Date-, 79 min, vidéo en ligne [38]
  • Titt Fasmer Dahl, L'Histoire merveilleuse d'Albert Schweitzer; (Eventyret om Albert Schweitzer), 1954. Traduction française en 1956 pour les Presses de la Cité.
  • Laurent Gagnebin, Albert Schweitzer (1875-1965), Desclée de Brouwer, Paris, 1999, 169 p. Modèle:ISBN
  • Modèle:Ouvrage
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Sebastian Moll, Albert Schweitzer : Meister der Selbstinszenierung, Berlin University Press, Berlin, 2014, 250 p. Modèle:ISBN, compte rendu par Gottfried Schüz, Deutsches Albert Schweitzer Zentrum Modèle:Lire en ligne
  • Modèle:Ouvrage
  • Modèle:Ouvrage
  • Modèle:Ouvrage
  • Modèle:Ouvrage
  • Randin Willy, Albert Schweitzer, un exemple pour notre temps, éditeur inconnu, 159 pages (disponible à Association suisse Albert Schweitzer<ref>Modèle:Lien web</ref>)
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Thomas Suermann, Albert Schweitzer als “homo politicus”: eine biographische Studie zum politischen Denken und Handeln des Friedensnobelpreisträgers, BWV Verlag, Berlin, 2012, 569 p. Modèle:ISBN
  • Anna Wildikann (photogr.), Le pélican du Modèle:Dr, éd. Sun, Paris, 1952, 62 p.
  • Benoît Wirrmann, Albert Schweitzer : un Alsacien sans frontières, Vent d'Est, Strasbourg, 2013, 61 p. Modèle:ISBN
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Werner Zager, Albert Schweitzer als liberaler Theologe: Studien zu einem theologischen und philosophischen Denker, LIT Verlag Münster, 2009, 417 p. Modèle:ISBN

Articles

Thèses

  • Sylvie Boussuge, Albert Schweitzer, un pionnier de l'action humanitaire, université Lyon 1, 1996 (thèse de médecine)
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Elisabeth Lamprecht-Naef, Albert Schweitzer und die Schweiz, université de Zurich, 1982 (thèse de médecine, publiée chez Juris Druck + Verlag, Zurich, 1982, 116 p. Modèle:ISBN)
  • Serge Tillmann, La prédication d'Albert Schweitzer 1898-1948, université de Strasbourg, 2012, 363 p. (thèse de théologie protestante) Modèle:Lire en ligne

Bande dessinée

  • Kevan, Oganga !, AISL, Gunsbach, 2014, 92 p. Modèle:ISBN (littérature jeunesse)

Modèle:Références

Documents audiovisuels

Articles connexes

Liens externes

Bases de données et dictionnaires

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