Apostrophes

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Modèle:Homophone Modèle:Infobox Émission de télévision

Apostrophes est une émission de télévision littéraire française produite et animée par Bernard Pivot, diffusée en direct sur Modèle:Lnobr entre le Modèle:Date et le Modèle:Date<ref name="Apostrophes">« Apostrophes », sur Toutelatele.com.</ref>, chaque vendredi soir à Modèle:Heure.

Définie par Bernard Pivot comme un Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>, l'émission devient progressivement un magazine culturel consacré à l'actualité éditoriale, sinon à la littérature prise dans son acception la plus large<ref>Modèle:Article.</ref>.

L'émission proposait des discussions ouvertes entre quatre ou cinq auteurs autour d’un sujet commun, mais également des entrevues individuelles (appelés « Grands entretiens ») avec un seul auteur lorsque celui-ci avait acquis une place importante dans le champ académique ou littéraire.

En février 1975, Bernard Pivot déclare au sujet d'Apostrophe : Modèle:Citation<ref>Bernard Pivot à propos du titre de son émission "Apostrophes", émission Vive la télé. 23 février 1975. Institut national de l'audiovisuel</ref>. Bernard Pivot faisait peut-être allusion à Lettres ouvertes, auquel Françoise Giroud était l'invitée, et animée par Michel Bassi et Alain Duhamel pour le premier numéro de cette nouvelle émission, diffusée en direct le 2 octobre 1974 sur l'ORTF<ref>Françoise Giroud à propos de sa participation au gouvernement, émission Lettres ouvertes, 2 octobre 1974. Institut national de l'audiovisuel</ref>,<ref>Le principe de l'émission est de traiter des cas particuliers, Le Monde, 5 octobre 1974</ref>.

En quinze ans d’existence, Apostrophes est devenue l'émission littéraire emblématique de la télévision française à cette période, presque à rebours du projet initial. Elle le doit à une conjonction de facteurs favorables : une programmation avantageuse à une heure de grande écoute, un soutien continu des directeurs de la chaîne Modèle:Nobr<ref>Modèle:Article.</ref> et un paysage audiovisuel français quasi-neuf à la création du programme<ref>Modèle:Article.</ref>.

La personnalité de son présentateur, le choix initial de la formule de l'émission (débat autour d'un thème qui change chaque semaine), l'hétérogénéité de ses intervenants jouent en outre un rôle prépondérant dans la reconnaissance d'Apostrophes auprès du grand public, des professionnels du livre mais aussi du « tout-Paris » littéraire.

L'aura de l'émission éclipse quelque peu ses devancières (Lectures pour tous) ou celles qui lui succéderont (La Grande Librairie), autant qu'elle a estompé les critiques qui lui ont été adressées quant à son emprise sur la production éditoriale, voire au caractère factice des polémiques alimentées par Bernard Pivot au cours de l'émission.

Historique

Concept

Durant les premiers numéros d’Apostrophes, le présentateur Bernard Pivot a à ses côtés Gilles Lapouge, un ancien chroniqueur de l'émission Ouvrez les guillemets ; à partir du 24 octobre 1975, Pivot présente seul, ce qui en soi rompt avec la tradition établie des émissions littéraires où le producteur est entouré de chroniqueurs<ref>Modèle:Article</ref>.

L'émission, d'une durée d'une heure dix, est consacrée à un thème choisi selon l'actualité éditoriale pour les émission en plateau, ou bien sur un auteur reconnu faisant alors l'objet d'un entretien diffusé en différé. Le format varie en effet entre des discussions ouvertes entre quatre ou cinq auteurs<ref name="Reuters"/>,<ref name="Tempest">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Rone Tempest, « Host Bows Out of French Literary Talk Show 'Apostrophes' », Los Angeles Times, 5 septembre 1989.</ref> ou des entrevues individuelles avec un seul auteur<ref name="Reuters">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « French TV Show on Books Is Ending », Reuters, The New York Times, 5 septembre 1989.</ref>.

Le rituel de l'émission est bien rodé<ref>Modèle:Article</ref>. Il exige que les personnes invitées se plient à la lecture préalable des ouvrages rédigés par les autres invités, afin de pouvoir en discuter sur le plateau<ref>Claude Duneton, « Chronique de la langue parlée : Apostrophes 1/2 : Le compte à rebours », France Culture, 21 octobre 1984.</ref>,<ref>Claude Duneton, « Chronique de la langue parlée : Apostrophes 2/2 : L'alternative de Maspero », France Culture, 28 octobre 1984.
Cette source radiophonique offre plusieurs éclairages possibles : sur l'« effet Pivot » dont bénéficia Annie Ernaux après son passage à Apostrophes le Modèle:Date- et sur la solitude audiovisuelle qui fut celle de François Maspero à la même occasion ; sur les préparatifs des invités durant la semaine précédant l'émission ; sur les préparatifs de l'émission durant la dernière heure précédant le début du direct.</ref>.

Générique

L'indicatif musical du générique de l'émission est tiré du concerto pour piano no 1 de Rachmaninov, interprété au piano par Byron JanisModèle:Refsou.

Personnalités invitées

Parmi les auteurs notables qui sont apparus dans l'émission, on peut citer : Vladimir Nabokov, Norman Mailer, Alexandre Soljenitsyne, Marguerite Yourcenar, Susan Sontag, Neil Sheehan, Milan Kundera, Georges Simenon, William Styron<ref name="Cohen">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Roger Cohen, « The Media Business; Books Star on TV, but Only in France », The New York Times, 10 septembre 1990.</ref>, John Le Carré, Tom Wolfe<ref name="Tempest"/>, Umberto Eco ou Marguerite Duras.

L'apparition de Charles Bukowski dans l'émission du Modèle:Date- est restée célèbre car l'écrivain, visiblement ivre, insulta le présentateur avant de partir au milieu de l'émission<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien, Charles Bukowski: Locked in the Arms of a Crazy Life, Grove Press, 1998, pp. 182-3. Modèle:ISBN</ref>.

L'émission a également eu comme invités des personnalités politiques (tels Valéry Giscard d’Estaing, le Dalai Lama, Robert Badinter ou François Mitterrand), des intellectuels, historiens, sociologues et linguistes (par exemple Pierre Bourdieu, Claude Lévi-Strauss ou Claude Hagège), des acteurs et réalisateurs (comme Marcello Mastroianni, Roman Polanski, François Truffaut ou Jean-Luc Godard) mais aussi des auteurs-compositeurs-interprètes (à l'image de Georges Brassens, Serge Gainsbourg, Guy Béart, Pierre Perret ou encore Renaud) pour discuter de leurs livres et de la littérature en général.

Accueil et influence

La personnalité du présentateur d'Apostrophes, Bernard Pivot, ainsi que la variété des personnages présents ont fait de l'émission l'un des programmes culturels les plus regardés à la télévision française (avec une moyenne de trois à cinq millions de téléspectateurs<ref name=Saint_Hilaire>Hervé de Saint Hilaire, « “Apostrophes” : la vie littéraire entre parenthèses », Le Figaro.fr, Modèle:Date-.</ref> et des pointes à six millions<ref name="Tempest"/>).

On parle ainsi de l'« effet Pivot »<ref>Modèle:Ouvrage</ref> qui se définit par une audience supérieure aux émissions littéraires télévisées de la même époque (Ex-Libris, Boite aux lettres, Océaniques), une augmentation rapide des ventes de certains ouvrages présentés durant l'émission et une renommée internationale de l'émission, vendue et diffusée dans l'espace nord-américain notamment<ref>Au Québec, Apostrophes était diffusée sur TVFQ 99 puis sur TV5 ; source : Modèle:Article</ref>. Loin d'être uniforme et automatique, cet effet est fluctuant.

Meneur de jeu, Bernard Pivot a exercé un grand ascendant sur la production éditoriale de son temps (on trouve ainsi des Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref> dans les librairies et FNAC où les ouvrages des invités sont présentés). Cet ascendant sur la vie culturelle française reste cependant inégal et sujet à controverses (voir ci-après). Il s'appuie également sur la création la même année qu’Apostrophes de la revue Lire, qui propose des extraits d'ouvrages et des aides à la lecture. Lire, dirigé également par Bernard Pivot, permet un premier tri des ouvrages susceptibles d'être présentés à Apostrophes<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

En même temps, il y avait un phénomène curieux que toutes les personnes liées (ou qui voulaient se rapporter) à la culture devaient suivre l'émission pour parler de ce qui, dans les jours suivants, serait le thème littéraire à la mode. Aussi, les auteurs durent aller dans l'émission s'ils voulaient obtenir la reconnaissance du grand public littéraire<ref name="Saint_Hilaire" />. L'« effet Pivot » ne bénéficiait pas à tous et le bénéfice n'était pas nécessairement renouvelable pour ceux qui revenaient dans l’émission, s'adressant principalement aux auteurs novices et/ou à leur premier passages dans l'émission.

D'autre part, Bernard Pivot a toujours montré qu'il n'admettait aucune forme de censure de la part de la télévision publique française, ce qui lui donnait une grande crédibilité auprès du publicModèle:Refsou.

Ce magistère ainsi exercé par Bernard Pivot n'allait pas sans remises en question ou simple interrogation.

Un an après son passage à Apostrophes, Annie Ernaux s'interroge sur la nature de l'« effet Pivot » : Modèle:Citation bloc

En 1982-1983, une controverse surgit entre Bernard Pivot et Régis Debray, alors conseiller de François Mitterrand, président de la République française ; Debray dénonce l’ascendant pris par Apostrophes sur la vie intellectuelle en France, parlant de Modèle:Citation<ref name="Saint_Hilaire" />. Pivot, qui songeait alors à arrêter l’émission après quelques signes de lassitude, contre-attaque et décide de poursuivre l’aventure<ref name="Saint_Hilaire" />. L'année 1983 correspondra à l’apogée d’Apostrophes en termes d’audience (avec des parts de marché dépassant les 12 % de téléspectateurs dans son créneau horaire), mais aussi à celle d’Modèle:Lnobr, devenue cette année-là la chaîne de télévision la plus regardée de France devant TF1<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Remplacement et longévité

L’émission dura Modèle:Nobr jusqu'en Modèle:Date- ; en quinze ans d'existence, elle établit à l'époque un record de longévité pour une émission culturelle en France<ref name="match024">Benjamin Locoge, « Frédéric Taddeï : Ce soir plus que jamais », Paris Match.com, Modèle:Date-.</ref>.

Elle fut remplacée par l’émission Caractères produite par Bernard Rapp et diffusée à partir de septembre 1990 sur Antenne 2<ref>Modèle:Lien web.</ref> puis par Bouillon de culture, produite et également présentée par Bernard Pivot et diffusée du Modèle:Date- au Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

En Modèle:Date-, l’émission Ce soir (ou jamais !) égalise et bat le record d’Apostrophes après neuf années d’existence, devenant l'émission avec la plus grande longévité de la télévision française. Celle-ci était cependant diffusée quotidiennement au cours de ses cinq premières années, à la différence de l'émission de Bernard Pivot qui l'était de façon hebdomadaire<ref name=match024/>.

Quelques moments forts de l'émission

Années 1970

Années 1980 et 1990

Dans la culture populaire

Littérature

Bande dessinée

  • L'émission Apostrophes est au centre de l’histoire d’un album de bande dessinée de Pétillon, Les disparus d’Apostrophes (1982), où le héros Jack Palmer enquête sur l’enlèvement des invités d’une émission sur Paul Claudel.

Humoristes

Divers

Notes et références

Modèle:Traduction/référence Modèle:Références

Annexes

Sources et bibliographie

Sources

Bibliographie

  • Édouard Brasey, L’Effet Pivot, Ramsay, Paris, 1987.
  • Aurélie Barrière, Le livre et la télévision. Les émissions littéraires à la télévision française (1953-2000), mémoire de maîtrise d’histoire sous la direction de Jean-Yves Mollier et Diana Cooper-Richet, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 2001.
  • Tamara Chaplin-Matheson, Turning on the mind : french philosophers on television, Chicago, Chicago University Press, 2007.
  • Patrick Charaudeau (dir.), La Télévision. Les débats culturels « Apostrophes », Paris, Didier Erudition,  coll. « Langages, Discours, Sociétés », 1991, 389 p.
  • Sylvain Chavaribeyre, Le moment « Apostrophes », mémoire de DEA d’histoire de l’ Institut d’Etudes Politiques, sous  la direction de Jean-Noël Jeanneney, 2003.
  • Frédéric Delarue, « À la croisée des médiations : les émissions littéraires de la télévision française de 1968 à 1990 », thèse de doctorat d’histoire contemporaine sous la direction de Christian Delporte, 2010. (page visitée le 8 avril 2021).
  • Frédéric Delarue, « Les années 1970 en France au prisme de la médiation littéraire au petit écran », Enthymema, décembre 2012, Modèle:P.485-512 (page visitée le 8 avril 2021).
  • Jean-Noel Jeanneney, L’Écho du siècle. Dictionnaire de la radio-télévision, Hachette Littératures, Paris, 1999.
[Une bible de l’audiovisuel réalisée par un collectif de chercheurs sous l’égide de l’ancien président de la BNF, rapporteur du projet de loi sur le dépôt légal de l’image animée en 1992 et l’un des pionniers de l’histoire des médias en France. Se reporter, entre autres à la notice consacrée à Bernard Pivot et à la brève synthèse réalisée par Yannick Dehée sur les magazines littéraires à la télévision]
  • Noël Nel, À fleurets mouchetés. 25 ans de débats à la télévision française, Paris, Nathan, 1988, 243 p.
  • Priscilla Parkhurst Clark, La France, nation littéraire, Paris, Labor, 1990 (trad. fra).
  • Maria Pourchet, Face et envers des écrans de la littérature (1950-2007). Archéologie d’un Monde du discours : Images, acteurs et publics de télévision, thèse de doctorat de sciences de l’information et de la communication sous la direction de Jacques Walter, Université de Metz, 2007.
  • Rémy Rieffel, La tribu des clercs. Les intellectuels sous la {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:|  }} }} République, CNRS Éditions, Paris, 1993.
  • Michel Trebitsch, « Les Intellectuels au micro », Cahiers de l'IHTP, 21, novembre 1992
  • Patrick Tudoret, Vie et mort de l’émission littéraire, Paris, INA/Le Bord de l’eau, 2008.
  • Michel Winock, Jacques Julliard, Dictionnaire des intellectuels français, Le Seuil, Paris, 1998.
Parmi les nombreux articles, se reporter à celui rédigé par Jérôme Bourdon, intitulé : « Télévision : émissions littéraires ».

Article connexe

Liens externes

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