Chilpéric Ier (roi des Francs)
Modèle:Titre noble Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité politique
Modèle:Noble-, né entre 525 et 534, mort assassiné entre le 20 et le Modèle:Date à Chelles, est un souverain franc de la dynastie des Mérovingiens. Petit-fils de Clovis et fils de Modèle:Noble, il est roi de Soissons de 561 à 584.
À la mort de Modèle:Noble-, le royaume des Francs, réunifié en 558, est partagé entre ses quatre fils : Sigebert, Gontran, Caribert et leur demi-frère Chilpéric, qui reçoit le royaume de Soissons. Il est l'un des derniers rois mérovingiens à régner de manière autoritaire sur ses sujetsModèle:Sfn avant que le pouvoir ne s'effrite, capté par une noblesse ambitieuse. Une grande partie de son règne est occupée par des conflits avec ses frères, mais surtout avec Sigebert dans la première moitié des années 570.
Chilpéric est marié trois fois. Sa deuxième épouse, la princesse wisigothe Galswinthe, meurt assassinée en 568 et le roi se remarie rapidement avec Frédégonde. Son conflit avec Sigebert se double ainsi de la rivalité entre Frédégonde et Brunehaut, épouse de Sigebert et sœur de Galswinthe. Cette période de luttes intestines, la « faide royale », ne prend fin qu'en 613, avec la victoire de Modèle:Noble, le seul fils survivant de Chilpéric et Frédégonde, sur Brunehaut et ses descendants.
Chilpéric apparaît sous un jour négatif dans l'Histoire des Francs de Grégoire de Tours qui le surnomme Modèle:Citation.
Contexte historique : territoires francs au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
Dynastie mérovingienne
Modèle:Article détaillé Modèle:Noble- naît au sein d'une des familles princières franques, issue de Mérovée et de Clovis, fondateurs de la dynastie mérovingienne. Les Mérovingiens constituèrent la première dynastie qui régna sur la majorité des territoires actuellement français et belge, ainsi que sur une partie du Sud de l’Allemagne et de la Suisse du {{#switch: e
| e | er | = Modèle:S mini-{{#ifeq: jusqu’au|-| – | jusqu’au }}Modèle:S mini- siècle
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}}, après la fin des invasions barbares dans les provinces romaines occidentales, dont la Gaule. Ils sont issus des Francs saliens qui étaient établis au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle dans les régions de Cambrai et de Tournai, en Gaule belgique.
Le règne de Chilpéric se situe dans le cadre territorial et politique issu du partage du royaume franc effectué en 561 à la mort de Clotaire, fils de Clovis. Lors de la disparition de Clovis en 511, quatre royaumes avaient été créés avec pour capitales : Reims, Soissons, Paris et Orléans, l'Aquitaine étant répartie séparément. Dans les années 550, Clotaire, dernier survivant des quatre frères, avait reconstitué l'unité du royaume franc, augmenté du territoire burgonde, conquis entre-temps.
Société en Gaule franque au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
La société se compose d'hommes et de femmes libres (ingenui) formant la plus grande partie du peuple franc. Ils ont l'obligation de servir dans l'armée du roi, avec le droit de prendre part à la justice publique, et sont commandés par l'intermédiaire des ducs et des comtes. Il existe également des populations dépendantes comme les esclaves locataires d'une ferme (servi casati), les esclaves domestiques, et les esclaves travailleurs agricoles sur les grandes propriétésModèle:Sfn.
Les terres ecclésiastiques et des petites propriétés et fermes romaines continuent d'exister. Des comtes francs s'installent dans les cités d'Aquitaine, mais celles-ci conservent leurs langues et coutumes du fait de la faible influence que les Francs exercent sur la populationModèle:Sfn. De manière générale, le sud de la Gaule reste romanisé tandis qu'au nord, la culture franque remplace la culture romaine. Les noms germains prédominentModèle:Sfn, les hommes originaires de la région sont rarement considérés comme romains. Le dialecte roman reste parlé par la populationModèle:Sfn.
Mariage chez les Francs
Modèle:Article détaillé Les Francs, comme les autres peuples germains, pratiquent l'endogamieModèle:Sfn au sein de la Sippe ou clan (groupe de parenté étendu). Le mariage y prend plusieurs formes. Le père est le chef de la famille et exerce son autorité (mundium ou munduburdium) sur ses femmes, ses enfants, ses esclavesModèle:Sfn. Il a le pouvoir d’accepter ou de refuser les mariages de chaque membre de sa familia<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les jeunes nobles francs pratiquent une éducation sentimentale auprès des esclaves de leur familia ou des filles de leurs proches. Il en résulte souvent plusieurs mariages avec ses épouses de jeunesse (friedelfrau), qualifiées d’épouses de second rang ou d’épouses morganatiques. Ce type de mariage, la friedelehe, est généralement hypergamique et est conclu de façon privée entre le mari et la femmeModèle:Sfn.
Le chef de famille peut décider d’établir pour les jeunes Francs arrivés à maturité, des mariages avec des épouses prestigieuses dites de premier rang. Ce type de mariage, célébré en public, permet le rapprochement des familles, assurant une alliance diplomatique<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cette polygynie entraîne la confusion chez les chrétiens traditionnellement monogames, qui appliquent naturellement le droit matrimonial romain et qualifient à tort ces épouses de concubines ou de maîtresses, croyant leurs enfants illégitimes<ref group=note>L'évêque Sagittaire de Gap, au sujet du roi Gontran, se mit « à dire que les fils de ce dernier ne pouvaient occuper le royaume parce que leur mère appartenait à la domesticité de feu Magnacaire lorsqu'elle fut appelée à pénétrer dans la couche du roi ». Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 20 ; Saint Colomban voit les enfants du roi Modèle:Noble comme étant issus de concubines et donc inaptes à régner : « Sachez qu’ils ne porteront jamais le sceptre royal car ils sont sortis de mauvais lieux ». Jonas de Bobbio, Vita Colombani, Modèle:Rom-maj, 19.</ref>. Or, les enfants issus des différents mariages sont tous égaux en matière de succession<ref group=note>« ... on appelle fils de roi ceux qui ont été procréés par des rois sans tenir compte désormais de la famille des femmes ». Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 20.</ref>. Le père garde cependant le droit d’écarter de sa succession les enfants de son choix<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Biographie
Enfance et premières campagnes
Chilpéric est le fils de Modèle:Noble- et de sa seconde épouse, la reine Arégonde. Sa date de naissance n'est pas clairement établie : entre 525 et 527 selon Frédéric ArmandModèle:Sfn, vers 537 pour Pierre Riché et Christian Settipani.
Nom
Chilpéric est la forme francisée d'un nom vieux-francique qui apparaît dans les textes latins sous les formes Chilpericus (chez Grégoire de Tours et Venance Fortunat) ou Hilpericus (chez Marius d'Avenches et Paul Diacre). La forme francique originelle n'est pas attestée, mais elle peut être reconstituée en */χilprik/, où χ représente un k palatalisé. Elle se compose des éléments /χilp/ « aide » et /rik/ « puissant, riche »Modèle:Sfn. Venance Fortunat emploie pour désigner Chilpéric l'expression Modèle:Langue, « auxiliaire courageux », qui constitue en fait une traduction littérale du nom francique<ref name="Fortunat,IX,1"/>.
Le choix de ce nom est probablement influencé par la reine Clotilde, épouse de Clovis et mère de Clotaire. Il apparaît à deux reprises dans la famille des rois des Burgondes au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : Modèle:Noble et Modèle:Noble sont respectivement le grand-oncle et le père de ClotildeModèle:Sfn.
Éducation
Le jeune prince reçoit probablement une bonne éducation, que Venance Fortunat évoque ainsi : Modèle:Citation. Elle comprend l'apprentissage du maniement des armes et l’équitation, mais aussi une instruction littéraire : outre le francique, Chilpéric parle latin et possède peut-être des notions de grec<ref>Monod (1872), Modèle:P..</ref> et d’hébreu, grâce au contact des Juifs de sa cour. Il apprend l'art de la guerre au cours des parties de chasse qui lui permettent de pratiquer les bases du combat, le préparant ainsi à ses futures batailles<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. À partir de sa majorité, à l’âge de quinze ans, il participe à plusieurs campagnes, ce qu'évoque Fortunat de façon poétique : Modèle:Citation.
Au printemps 542, il accompagne son père et son oncle Modèle:NobleModèle:Sfn, ainsi que deux de ses demi-frères, dans une campagne en Espagne contre les Wisigoths. Les Francs s'emparent de Pampelune et assiègent Saragosse, puis doivent battre en retraite et quitter le pays. Vers 555, Chilpéric et Sigebert accompagnent leur père dans une campagne contre les Saxons. Après une bataille meurtrière pour les Francs et les Saxons, une paix est négociée, puis Clotaire se dirige vers la Thuringe afin de châtier ses habitants qui ont soutenu les Saxons. Lors de son retour, les Saxons coalisés avec les Thuringiens, et probablement les Frisons, les Danois et les Jutes, rentrent en territoire franc le long de la rive droite du Rhin jusqu’à Deutz. Clotaire et Chilpéric rejoignent Sigebert, qui a été posté pour garder la frontière, et repoussent ces envahisseurs<ref name="Fortunat,IX,1"/>. En novembre ou Modèle:Date-, il participe également à l'attaque contre son demi-frère révolté Chramn et le comte Conomor de Domnonée<ref name="Fortunat,IX,1"/>,<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 20.</ref>.
Succession de Modèle:Noble- (561-567)
Partagé entre ses quatre fils, le royaume de Clovis est réunifié en 558 par Modèle:Noble. À sa mort, en 561, il laisse lui aussi quatre fils : outre Chilpéric, le seul issu de son mariage avec Arégonde, on trouve trois fils d'Ingonde, sa première femme : Caribert, Gontran et Sigebert. Ils enterrent leur père à Soissons, dans la basilique Sainte-MarieModèle:Sfn qu'il a commencé à faire construire sur le tombeau de saint Médard<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 19, 21, 54.</ref>.
Contrairement au mode de succession par primogéniture qui régit la succession au trône du père au fils aîné, la tradition franque veut que le royaume soit divisé entre les fils du roi défunt afin que chacun puisse régner. La division du Modèle:Langue engendre des sous-royaumes distincts de celui-ci, permettant à chaque prince d'exercer une royauté complète dans le sous-royaume attribué, plutôt que de diviser l'exercice du pouvoir avec les autres princes sur l'ensemble du territoireModèle:Sfn.
À l'aide d'antrustions, des guerriers d'élite liés par un serment particulier formant la garde privilégiée du roi<ref>Feffer et Périn (1987b), Modèle:P., 39, 41.</ref>, Chilpéric fait main basse sur le trésor du « palais de Berny », Modèle:Langue en latin. L'emplacement exact de cette villa reste incertain : il peut s'agir de la Modèle:Langue de Berny-Rivière, à Modèle:Unité de Soissons, ou de la villa de Breny (au lieu-dit Le Martois) à Modèle:Unité. Par la force, il peut accéder aux richesses que son père a accumulées et entasse le trésor sur des chariotsModèle:Sfn. Il en profite pour acheter la fidélité de certains grands seigneurs et occupe Paris, en prenant possession du château de son oncle Modèle:Noble avec la portion du royaume associéeModèle:Sfn. Cependant, ses demi-frères l'obligent à respecter le principe du partage.
Le royaume franc est donc à nouveau divisé en quatre suivant « un partage régulier » et le sort (destin ou partage<ref group="note">Selon Frédéric Armand, en latin, sors, sortis au féminin, est un mot polysémique. Il peut désigner le sort : l'action de tirer au sort, le hasard ; mais aussi le partage : la part, la portion... Au masculin, avec une majuscule, Sors, Sortis désigne le sort, le destin. Modèle:Harvsp.</ref>) attribue à Chilpéric le territoire ancestral des Mérovingiens, le « royaume de Clotaire », avec Soissons pour capitale<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 22.</ref> et un territoire situé entre Tournai et la Picardie. Le royaume de Soissons se compose probablement des cités de Thérouanne, Tournai, Arras, Cambrai, Amiens et Noyon. La cité de Laon pourrait avoir été acquise par Sigebert, mais celle d'Amiens lui est peut-être revenue, car elle avait été attribuée en 511 à Modèle:Noble-<ref group="note">Selon la Vita sancti Ebrulphi, 5, la reine Frédégonde impose saint Evroul à l'abbaye de Saint-Fuscien, dans la banlieue d'Amiens (AA. SS. Boll. Juillet, Modèle:T., Modèle:P. ; Guérin (1876), Modèle:T., Modèle:P. ; Longnon (1878), Modèle:P.). Écrite au plus tôt au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (Longnon 1878, Modèle:P. note 2) ou peu avant (Vercauteren (1928), Modèle:P. note 1), elle ne permet pas de préciser si l'imposition a eu lieu avant ou après le partage du royaume de Paris appartenant à Modèle:Noble-.</ref>.
Cet état séparé, le plus pauvre en fisc, c'est-à-dire en terres, forêts ou mines appartenant à la couronneModèle:Sfn, est dépourvu de ressources importantes comme de frontières actives offrant des perspectives de conquêteModèle:Sfn. Augustin Thierry affirme que le partage était égal, non en superficie, mais en nombre de cités<ref>Augustin Thierry, Récit des temps mérovingiens, Modèle:T., Modèle:P..</ref>. Il affirme également que chacun des frères possède des enclaves dans les autres états séparés. Chilpéric aurait ainsi reçu Nantes et Rouen. Cependant, il ne reçoit ni Tours, ni Poitiers, qui constituaient l'enclave aquitaine de son père en 511Modèle:Sfn. De plus, le royaume de Paris, revenu à Caribert, cinq fois plus grand que celui de Chilpéric, possédant de nombreuses cités en Aquitaine, dans la vallée de la Loire, doit posséder plus de villes que Chilpéric, qui reçoit un territoire peu romanisé et ayant subi beaucoup de destructions du fait des invasions barbares<ref>Ivan Gobry, Les premiers rois de France : la dynastie des mérovingiens, collection « Documents d'Histoire », éditions Tallandier, 1998, Modèle:P..</ref>. Le critère déterminant la valeur d'une part peut ne pas prendre seulement en compte la superficie, mais aussi la nature du patrimoine. Comme Chilpéric reçoit le royaume de son père, la capitale des Gaules et la terre patrimoniale des Mérovingiens, sa part est vue comme égale aux autres, plus grandes géographiquement mais auxquelles aucun statut politique n'est attaché du fait de leur annexion par conquêteModèle:Sfn. Une autre hypothèse veut que le hasard soit à l'origine de l'attribution des royaumes qui se serait faite par tirage au sort. Cependant, Grégoire de Tours précise que la répartition des territoires est équitable, un tirage au sort avec des lots inégaux est donc à exclureModèle:Sfn.
Une autre vision du partage dresse un lien entre les états séparés et le nom des princes, qui auraient été destinés à régner sur un territoire donné. Le royaume de Metz que reçoit Sigebert englobe l'ancien royaume de Cologne des Francs rhénans dont un des rois se nommait Sigebert le Boiteux. Gontran porte un nom typiquement burgonde et reçoit le royaume d'Orléans qui correspond à l'ancien domaine des Burgondes<ref>Lebecq (1990), Modèle:P.).</ref>. Or, Chilpéric est aussi un nom typiquement burgondeModèle:Sfn. Depuis le premier partage du Modèle:Langue en 511, le royaume des Burgondes et la Provence ont été annexés, mais Chilpéric n'obtient rien de ces territoiresModèle:Sfn. Les rapports de forces déterminent en réalité les attributions ; de plus, la mise à l'écart des plus faibles fait partie des usages de la succession royale franque et il se peut que les trois fils d'Ingonde éprouvent de la défiance envers leur demi-frèreModèle:Sfn. Ce partage peut constituer une sanction à son égard pour avoir tenté de s'emparer de tout ou partie du royaume sans leur consentement avec son coup de main sur le trésor de Berny<ref>Longnon (1876), Modèle:P. ; Lebecq (1990), Modèle:P..</ref>.
Le partage du Modèle:Langue ne prend pas en compte la répartition des provinces ecclésiastiques. Le clergé a calqué le mode de division du territoire de l'administration civile romaine, en découpant le territoire en provinces, subdivisées en diocèses, dont les limites correspondent à celles des cités romaines. Chaque diocèse est dirigé par un évêque. En plus de son autorité religieuse, l'affaiblissement de l'administration romaine lui permet d'étendre son pouvoir aux domaines politiques et sociaux, faisant ainsi concurrence au pouvoir du comte qui est le représentant de l'autorité royale. Chez les Romains, les provinces regroupent plusieurs cités et sont dirigées par un gouverneur exerçant ses fonctions dans la cité du chef-lieuModèle:Sfn. Ainsi, l'évêque dont le diocèse correspond au chef-lieu est nommé évêque métropolitain (archevêque à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle) et exerce la fonction de primat sur sa province et ses coprovinciaux suivant les règles établies par le premier concile de Nicée en 325 et le concile de Turin en 398. Conservant l'héritage des droits que leur conférait l'Empire romain, en tant que magister militum, les rois francs peuvent désigner les évêques<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 17 ; Modèle:Nobr, 31 ; Vita patrum, 17.</ref>, ceci à l'encontre du clergé, des notables, et du peuple qui doivent pouvoir choisir leur évêque<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Or, tous les diocèses du royaume de Soissons appartiennent à la cité provinciale de Reims, propriété de Sigebert. Les évêques du royaume de Soissons sont donc soumis à un évêque métropolitain subordonné à Sigebert<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
En 562, les Avars font des incursions dans l'est du royaume franc. Modèle:Noble, qui transfère alors sa capitale de Reims à Metz, parvient à repousser les envahisseurs au-delà du Rhin, peut-être en Pannonie ou en BavièreModèle:Sfn. Chilpéric profite de son absence pour s'emparer de plusieurs villes du royaume de Sigebert, dont Reims. Sigebert contre-attaque, récupère les villes qui lui ont été prises et s'empare de Soissons. Thibert, fils de Chilpéric, est capturé et envoyé dans la villa de PonthionModèle:Sfn. Sigebert profite de sa domination sur Soissons pour terminer la construction de la basilique Saint-Médard<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 19.</ref>. Thibert est libéré au bout d'un an, avec comme condition qu'il prête serment de ne plus attaquer l'Austrasie. Il retourne alors auprès de son père avec des cadeaux<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 23.</ref>.
Partage du royaume de Caribert (567-568)
Caribert est le premier des fils de Clotaire à mourir, le Modèle:Date-. Il ne laisse pas d'héritier mâle et ses trois frères se partagent son héritage l'année suivante<ref name="Andelot,IX,20"/>. Les modalités du partage sont inscrites dans un pacte dont chacun jure de respecter les termes sur les reliques des saints Polyeucte, Hilaire et Martin. Le lieu des pourparlers n'est pas précisé : il pourrait s'agir de Paris, capitale du défunt, ou d'une ville du royaume de Modèle:Noble- où l'on trouve des églises dédiées aux trois saints mentionnés (Saint-Polyeucte de Metz, Saint-Hilaire de Poitiers et Saint-Martin de ToursModèle:Sfn).
La ville de Paris est maintenue dans l'indivision : ses revenus fiscaux sont partagés en trois et chaque roi jure de ne pas entrer dans la ville sans le consentement des deux autres<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 27 ; Modèle:VII, 6.</ref>. Senlis est également indivise<ref name="Andelot,IX,20"/>. La Modèle:Langue est divisée par la Seine et la Marne en trois parties à peu près équivalentes correspondant aux trois archidiaconés de l'ancien diocèse parisien. Chilpéric a dû recevoir le grand archidiaconé ou archidiaconé de Parisis, situé au nord sur la rive droite de la Marne et de la haute Seine<ref>Longnon (1877), Modèle:P. ; Longnon (1878), Modèle:P..</ref>, comprenant les domaines de Chelles et de Nogent-sur-Marne<ref>Longnon (1878), Modèle:P..</ref>.
Chilpéric obtient une grande partie de la province ecclésiastique de Rouen avec les diocèses de Coutances, Bayeux, Lisieux, Évreux, mais pas ceux de Séez et d'Avranches. L'attribution de ces deux dernières cités reste discutée, car si Sigebert les avait eues, elles étaient trop isolées pour ne pas passer sous l'influence de ChilpéricModèle:Sfn. De plus, le traité d'Andelot, datant du Modèle:Date-, octroie Avranches à Modèle:Noble sans préciser qu'elle appartenait à son père<ref name="Andelot,IX,20"/>,<ref>Thierry (1840), Modèle:P..</ref>,<ref name="Longnon,125"/>. Dans la province de Tours, tandis que Tours est attribuée à SigebertModèle:Sfn, Chilpéric obtient les diocèses de Vannes, Nantes, Le Mans, Angers et Rennes. Il est possible que les territoires tenus par les Bretons aient été intégrés à sa part, mais le pouvoir des Francs y est très limitéModèle:Sfn. En Aquitaine, il reçoit les cités de Limoges et de Cahors dans la province de Bourges, métropole attribuée à Gontran. La métropole provinciale de Bordeaux lui revient, ainsi que la province d'Eauze, comprenant la métropole et les diocèses de Bazas, Dax, Oloron, Comminges, Auch et Lectoure. Il reçoit aussi les évêchés de Lescar et de TarbesModèle:Sfn. La situation de la ville de Toulouse est incertaine; il est possible qu'elle ait appartenu à Gontran depuis 561<ref name="Andelot,IX,20"/>. Dans la province de Sens, le diocèse de Chartres est divisé en trois<ref name="Longnon,125">Longnon (1878), Modèle:P..</ref>. Chilpéric reçoit Poissy et peut-être Dreux. Dans la province de Reims, toujours à Sigebert, Chilpéric récupère Beauvais, mais Soissons reste sous la domination du roi de Metz.
Les nouvelles frontières du royaume de Chilpéric correspondent à ce que Jonas de Bobbio, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, appelle la « Neustrie ou Neuster », c'est-à-dire le « nouveau royaume de l'Ouest<ref>Jonas de Bobbio, Vita Colombani, Modèle:Rom-maj, 24.</ref>,<ref>Maurice Bouvier-Ajam, Dagobert Roi des Francs. « Figures de proue », éditions Tallandier, 2000, Modèle:P..</ref>,Modèle:Sfn ». Cette entité se perpétue au fil des partages du Modèle:Langue aux côtés de l'Austrasie et de la Bourgogne. La ville de Rouen ayant pu jouer un rôle politique<ref>Barbier (1990), Modèle:P..</ref>, il est possible que Chilpéric y ait installé sa capitale après la perte de Soissons. Par son extension, son royaume devient frontalier avec la Bretagne et le royaume wisigoth. Cependant, l'attribution des villes de Tours et Poitiers à Sigebert empêche le rattachement de ses possessions du nord avec celles du sudModèle:Sfn.
Mariage avec Galswinthe (568)
Vers 565, Sigebert épouse la fille du roi wisigoth Athanagild, la princesse Brunehaut. Ce rapprochement constitue une menace pour les possessions aquitaines de Chilpéric, qui jouxtent le royaume wisigoth et les possessions de Sigebert en Auvergne. Pour s'assurer de la neutralité du roi de Tolède, Chilpéric décide de se marier à son tour avec Galswinthe, la sœur aînée de BrunehautModèle:Sfn. Grégoire de Tours donne pour raison de ce mariage la jalousie suscitée par le prestigieux mariage de Sigebert<ref name="IV,28"/>, alors que ses frères ont Modèle:Citation.
Chilpéric envoie une ambassade auprès d'Athanagild en 568Modèle:Sfn. Sous l'influence de son épouse, la reine Goswinthe, qui n'apprécie pas les mœurs du roi franc, il fait patienter les envoyés neustriens, leur faisant savoir qu'il se sent gênéModèle:Sfn avant d'accéder finalement à la demande de Chilpéric. Il sécurise ainsi sa frontière septentrionale, sans compter que Chilpéric pourrait fournir une aide pour vaincre les révoltes vasconnes dans les piémonts pyrénéens. De plus, dans le contexte de la guerre entre Wisigoths et Byzantins, l'alliance avec deux rois francs permet à Athanagild d'envisager l'ouverture d'un nouveau front en Italie.
Huile sur toile d'Albert Maignan (1882).
Pour que le mariage ait lieu, Chilpéric doit répudier son épouse de second rang Audovère, épousée entre 542 et 552, étant donné que les Wisigoths appliquent le droit romain en matière de mariage<ref>Parisse (2002), Modèle:P..</ref>. Audovère est peut-être reléguée dans la villa royale de Vaudreuil<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ou dans un monastère au Mans<ref>Kurth (1919), Modèle:T., Modèle:P. ; de Saincte-Marthe (1628), Modèle:P. ; Anselme (1674), Modèle:P..</ref>. Selon un passage du Liber historiæ Francorum, datant de 727, Audovère aurait tenu sa fille Childesinde sur les fonts baptismaux, devenant ainsi la marraine de sa propre fille et provoquant la rupture de son mariage<ref name="LHF,31">Liber Historiae Francorum, 31.</ref>. Aucun document contemporain ne mentionnant cette histoire, son authenticité est douteuse. La parenté spirituelle ne devient en effet contraignante vis-à-vis du mariage qu'à partir du concile byzantin In Trullo de 692. L'Église de Rome ne l'adopte qu'à partir du concile de Rome en 721. L'anecdote ne serait qu'une invention de l'auteur, destinée à faire comprendre une interdiction canonique encore toute récente. Modèle:Quoi
Le mariage implique également le versement à Galswinthe d'un Modèle:Langue, littéralement « don du matin », qui correspond aux biens offerts par le mari à la mariée après la nuit de noces en échange du don de la virginitéModèle:Sfn,<ref>Rouche (1996), Modèle:P..</ref>. Outre les biens mobiliers et immobiliers habituels, il comprend les cités de Bordeaux, Limoges, Cahors, Béarn et Bigorre<ref name="IX,20">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 20.</ref>. Cela correspond environ à un tiers du royaume de Chilpéric, et sa partie la plus riche. Si Chilpéric venait à mourir avant elle, Galswinthe conserverait son Modèle:Langue, qu'elle pourrait transmettre à son père Athanagild ou à un éventuel nouvel époux. En cas de séparation, le roi de Neustrie perdrait toutModèle:Sfn. Athanagild constitue quant à lui à Galswinthe une dot en métaux précieuxModèle:Sfn, plus importante que celle apportée par Brunehaut à Sigebert. Dans les mariages francs, le fiancé fait un don au père de la fiancée (pretium nuptiale) afin d'obtenir l'autorité juridique et morale sur elle (mundium)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. L'épouse reçoit ensuite plusieurs dots : lors de la demande en mariage par le mari (ante nuptias) ; lors du mariage par son père (dot romaine). Le don important accordé à Galswinthe peut s'expliquer par l'union d'un morgengabe et d'une dot, Galswinthe ayant reçu des cités aquitaines « Tant à titre de dot que de morgengabe<ref name="Andelot,IX,20"/> ».
Apprenant qu'elle est obligée de se marier, Galswinthe se réfugie auprès de sa mère. N'ayant jamais quitté le palais de Tolède, elle appréhende le moment des épousailles avec un roi dont la religion et les coutumes sont différentes des siennes<ref>Venance Fortunat, Carmina. Modèle:VI, 5, v111-114.</ref>. Après trois jours d'attente, les ambassadeurs francs sont contraints de la réclamer. Goswinthe doit obliger sa fille à respecter le contrat de mariageModèle:Sfn. Chilpéric obtient de Galswinthe sa conversion au catholicisme. Avant le mariage, elle doit abjurer publiquement les thèses d'Arius, recevoir une chrismation et participer à un office catholiqueModèle:Sfn.
Chilpéric profite de la venue de Galswinthe pour prendre possession symboliquement des territoires reçus lors du partage du royaume de Caribert. De Narbonne, en territoire wisigoth, Galswinthe voyage à travers l'Aquitaine, passant par Poitiers et par Tours, puis gagne Rouen par bateau<ref>Venance Fortunat, Carmina. Modèle:VI, 5, v.215-236.</ref>. Le cortège nuptial remplace le « circuit royal », tour du royaume que les Mérovingiens font pour se montrer à leurs sujets après leur accession au trône.
Huile sur toile de Philastre fils (1846, musée municipal de Soissons).
Plusieurs mois après le mariage, les relations entre les époux sont plutôt mauvaises. Galswinthe n’est toujours pas enceinte. Si elle mourait sans avoir eu d'enfants, Athanagild pourrait réclamer son Modèle:LangueModèle:Sfn. Par ailleurs, Chilpéric trahit son engagement en fréquentant ses anciennes concubines, notamment Frédégonde<ref name="IV,28"/>. Galswinthe veut alors retourner en Hispanie, disant qu'elle ne peut supporter l'injure faite à son honneur, résolue à laisser sa dot à Chilpéric. Il tente d’apaiser Galswinthe, mais les tensions conjugales sont connues jusqu’en Hispanie.
Athanagild meurt à la fin de l'année 568<ref>Isidore de Séville, Historia Gothorum, 47. Jean de Biclar, Chronicon, 6.</ref>, ce qui modifie profondément la situation. L'union avec Galswinthe perd tout intérêt politique pour Chilpéric, qui peut penser qu'en l'absence d'héritier ou de frère, il n'a pas à craindre de vengeance en relation avec ses problèmes conjugaux, ni de devoir céder, le cas échéant, le Modèle:Langue de sa femmeModèle:Sfn. Quelque temps après, Galswinthe est assassinée, étranglée dans son lit par un serviteur de Chilpéric<ref name="IV,28"/>. Le roi tente de masquer sa responsabilité en pleurant le décès de sa femme, puis après quelques jours de veuvage, il épouse Frédégonde<ref name="IV,28"/>. Modèle:Quoi Après la mort de Galswinthe, Venance Fortunat compose un éloge funèbre souvent considéré comme le plus grand texte littéraire de l’époque mérovingienne.
Début de la faide royale (568-575)
La mort de Galswinthe met Chilpéric dans une position difficile par rapport à Léovigild, successeur d'Athanagild dont il a épousé la veuve, mais surtout par rapport à Sigebert. Pour trouver un accord à l'amiable, ils mettent en place un tribunal dans lequel Gontran, l'aîné, tient le rôle de juge. Des aristocrates austrasiens et burgondes sont nommés assesseurs<ref name="Andelot,IX,20">Pacte d'Andelot. Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 20.</ref>. Sigebert dépose plainte au nom de Brunehaut. Gontran condamne Chilpéric et ordonne qu'il soit détrôné<ref name="IV,28">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 28.</ref>, rendant possible une guerre contre la Neustrie. Pour éviter la guerre, il est décidé que Chilpéric doit payer une compensation (wergeld), conformément au droit germanique : en l'occurrence, le Modèle:Langue de Galswinthe doit être transféré à Brunehaut (donc à Sigebert), les cités concernées devant ensuite être transmises par héritage à Childebert, le jeune fils de Brunehaut et SigebertModèle:Sfn. Les demi-frères de Chilpéric ne veulent donc pas vraiment le détrôner, mais le chasser d'Aquitaine<ref>Longnon (1878), Modèle:P..</ref>.
Chilpéric ne tient pas compte de ces décisions. Au contraire, en 572, il envoie son fils Clovis s'emparer des cités de Tours et de Poitiers afin d'assurer la continuité entre ses possessions. À Tours, Clovis bénéficie du soutien du comte Leudaste, d'une partie de la population et du clergé<ref group=note>Grégoire de Tours cite les aristocrates Basile et Sicaire. Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 45.</ref>. Il prend également Poitiers et s'installe à Bordeaux. L'armée de Sigebert, renforcée par des troupes burgondes commandées par le patrice Mummol<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 45 et 57.</ref>, attaque Chilpéric en Aquitaine et conquiert Limoges et le Quercy. Clovis est chassé de Bordeaux par une révolte fomentée par Sigebert et le duc Sigulf<ref>Chronique de Frédégaire, Modèle:III, 69-70.</ref> et se réfugie chez son père. Le comte Leudaste, qui s'est également enfui, est remplacé par le comte JustinusModèle:Sfn. Bordeaux, partie du Modèle:Langue, se retrouve donc en possession de la reine d'Austrasie.
Gontran, voyant l'équilibre du Modèle:Langue mis en cause, convoque un concile afin que l'Église trouve une solution au problème de la guerre entre les rois francs<ref name="IV,47"/>. Il se réunit à Paris le Modèle:Date-<ref>Pontal (1989), Modèle:P..</ref>, . D'après les actes royaux, le concile ne réunit que les évêques de Burgondie sous la présidence de l'archevêque d'Arles Sapaudus, qui a trahi Sigebert durant l'expédition austrasienne en ProvenceModèle:Refnec. Les prélats déclarent tout de même avoir reçu la permission de Sigebert de se réunir à Paris, qui reste une ville indivise<ref group=note>Paris (573), Epistola synodi ad Sigisbertum regem (CC 148 A, Modèle:P.) : « non absque coniuentia gloriae uestrae, sicut credimus, euocati Parisius ».</ref>. L'évêque Promotus, nommé par Sigebert au siège de Châteaudun, qui relève du diocèse de Chartres dont l’évêque est sujet du roi Gontran, est déposé après avoir été accusé d’usurpation. Le concile reproche aussi à Egidius de Reims, qui a été nommé par Sigebert, son ordination illégale. Grégoire de Tours, lui aussi été nommé par Sigebert au mépris du droit canon, garde de la rancune contre Sapaudus. Le concile débouche sur une proposition de paix qui n'est pas mise en applicationModèle:Sfn.
Une nouvelle offensive a lieu en 574. Chilpéric envoie son fils Thibert récupérer les cités d’Aquitaine perdues, notamment Tours et Poitiers, mission dont il s'acquitte avec succès. L’armée austrasienne dirigée par le duc Gondovald tente de les reprendre, mais elle est battue. L’armée neustrienne progresse vers le sud pour occuper la cité de Limoges et le Quercy, qui sont ravagés. Les clercs et les structures chrétiennes sont aussi touchés<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 47-48.</ref>, de façon à ne rien laisser aux Austrasiens s'ils venaient à en reprendre le contrôleModèle:Sfn. Sigebert fait alors venir de ses territoires d’outre-Rhin, encore non christianisés, des troupes qu’il lance contre l’armée neustrienne qui est défaite. Pendant ce temps, le royaume burgonde doit affronter les Lombards sur sa frontière orientale. Craignant que l'Austrasie ne devienne trop puissante, Gontran passe un accord avec Chilpéric et lui garantit que les Austrasiens n’auront pas de droit de passage sur ses terres<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 49.</ref>, même s’il ne peut défendre la Neustrie en cas d’attaque. Le pacte est annulé sous la pression de Sigebert qui menace Gontran de l'attaquer. Le roi burgonde adopte alors une attitude de stricte neutralité. Chilpéric préfère négocier et rend les cités d'Aquitaine par un traité datant de 574. Ainsi s’installe une paix de compromis<ref>Agathias, Histoires, Modèle:Rom-maj, 2.</ref> grâce à laquelle Chilpéric sauve sa vie, Gontran ne perd rien et Sigebert obtient les terres de Galswinthe dévolues à Brunehaut.
Guillaume Crétin, Chroniques françaises, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (après 1515). Rouen.
En 575, Chilpéric conclut une nouvelle alliance avec Gontran avant d'attaquer l'Austrasie, atteignant Reims. Sigebert contre-attaque et Gontran annule son serment envers Chilpéric. Les ducs austrasiens Godegisèle et Gontran Boson se dirigent vers Paris où les troupes neustriennes commandées par Thibert sont peu nombreuses. Le prince tente de résister, mais il est tué au combat<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 50.</ref>. Sigebert lui accorde des funéraillesModèle:Sfn. Confronté à l'avancée de Sigebert, Chilpéric se replie et s’enferme dans Tournai tandis que son frère prend le contrôle de Paris. Dans une lettre adressée par l'évêque Germain à Brunehaut, il l'informe avoir entendu dire qu'elle serait l’instigatrice de la guerre et lui signifie que la mise à sac de la ville l'empêcherait de se redresser. Le butin amassé lors du pillage rapporterait moins que les rentrées fiscales d’une ville annexée. Il ajoute que la région se réjouirait de l’accueillir si elle peut y trouver son salut plutôt que son anéantissement<ref>LA, 9.</ref>. Ainsi, Sigebert veut Modèle:Citation.
Les autres cités de Neustrie, à l'exception de Rouen, rallient Sigebert, de même que les grands du royaume qui espèrent sauver leur vie et leur fortune. Il décide de se débarrasser de Chilpéric en assiégeant Tournai. Durant le siège, Frédégonde accouche d’un garçon à l'automne 575. Sur l'ordre du roi, le nouveau-né est immédiatement baptisé au lieu d’attendre Noël, première date canonique pour cette cérémonie. Il demande à l’évêque de Tournai d'être le parrain : ainsi, en cas de prise de la ville, il aurait l'obligation de protéger l’enfant, qui est nommé Samson<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 22.</ref> en référence à Samson dans la Bible. Ce nom peut faire allusion à la longue chevelure des rois francs, ainsi qu'à la possibilité d'un retour si l'enfant devait être tonsuré et envoyé dans un monastèreModèle:Sfn.
C'est à Vitry, près d'Arras, que Sigebert est « élevé sur le pavois » par l’armée de Chilpéric et par les grands de Neustrie qui ont abandonné leur roi. Il est ainsi reconnu comme le roi des Francs de l’ancien royaume de Modèle:Noble-. Cette cérémonie est très vite suivie par son assassinat : il est poignardé à coups de scramasaxe par deux esclaves de Frédégonde. Aussitôt, l'aristocratie neustrienne transfère à nouveau son allégeance à Chilpéric ; pour prouver sa fidélité, elle lui livre des grands austrasiens qui sont condamnés à mort. Chilpéric sort de Tournai, fait ensevelir Sigebert à Lambres, puis le transfère à l’abbaye Saint-Médard de Soissons, auprès de leur père Modèle:Noble-. Il se rend à Paris où se trouvent la reine Brunehaut, ses filles et son fils Childebert. Brunehaut est envoyée à Rouen et remise à l'évêque Prétextat, ses filles sont envoyées à Meaux.
En revanche, le prince Childebert échappe à Chilpéric, le duc Gondovald l'ayant emmené à temps en Austrasie<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 1.</ref> où il est élevé sur le trône le jour de Noël 575, à l'âge de cinq ansModèle:Sfn. Pour l'aristocratie austrasienne, il est capital que le prince survive pour empêcher un partage du royaume, sans compter que sa minorité leur donne l'occasion d'exercer le pouvoir. Le duc Loup de Champagne et le comte Gogon, celui-ci avec le titre de nourricier du roi, prennent le contrôle du royaume de Metz et affichent des tendances pro-burgondes. Cela suscite le mécontentement de certains qui se rallient à la Neustrie, tels Godin, général de Sigebert, ou Siggo, référendaire d'Austrasie qui devient référendaire de Neustrie. Ils reçoivent des terres autour de Soissons dont Chilpéric a repris le contrôle et où il réinstalle sa capitale<ref name="V,3"/>.
Révolte de Mérovée (576-577)
Au printemps 576, Chilpéric envoie le comte Roccolène conquérir Tours, où réside le duc Gontran Boson, meurtrier de son fils Thibert. Le duc se réfugie avec sa famille dans la basilique Saint-Martin de Tours. Chilpéric replace Leudaste à la tête du comté. Le comte Leudaste et l'évêque Grégoire, qui a été placé là par Modèle:Noble- et Brunehilde, ne s'entendent guère<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 48.</ref>. Mérovée, le fils de Chilpéric, est alors envoyé à Poitiers, ville encore fidèle à Sigebert, mais il s'arrête à Tours où il passe les fêtes de Pâques. Il vient ensuite à Rouen pour rencontrer sa mère, la reine Audovère. Il y épouse Brunehilde avec la bénédiction de l'évêque Prétextat. La reine Frédégonde ayant donné un fils au roi de Soissons, Mérovée tente ainsi de se donner une légitimité pour hériter du trône d'Austrasie et se protéger de sa belle-mère Frédégonde, qui peut favoriser son fils Samson sur le trône neustrien. Cependant, Brunehilde étant la tante par alliance de Mérovée, le droit canon stipule que ce mariage est de type incestueux. Par sa bénédiction, l'évêque Prétextat bafoue le droit matrimonial et des soupçons d'usurpation planent sur luiModèle:Sfn. Quant à Brunehilde, elle consent à ce mariage plutôt que d'être envoyée dans un monastèreModèle:Sfn.
Grandes chroniques de France, 1375-1379. Bibliothèque Municipale de Castres.
Le roi vient alors à Rouen où le couple s'est réfugié, au nom du droit d'asile, dans une église en bois dédiée à saint Martin, située en haut des murailles. Arrivé sur les lieux, Chilpéric jure de ne pas séparer Mérovée et Brunehilde et de leur offrir les gestes de la paix : un baiser échangé et un repas partagé. Le roi quitte ensuite Rouen avec Mérovée, trahissant sa promesse, laissant seule Brunehilde<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 2.</ref>. Retournant dans ses États, il s'aperçoit que des Champenois, peut-être dirigés par le duc Loup, ont attaqué Soissons que la famille royale neustrienne a dû évacuer en hâte. La ville est reprise<ref name="V,3"/>. Le duc Loup, proche de Brunehilde, a pu recevoir des ordres depuis Rouen et le roi devient soupçonneux. Aussi, Mérovée est dépossédé de ses armes, ce qui lui fait perdre son rang d'homme libre et tout droit de succession.
Le prince Clovis est chargé de reconquérir les anciennes possessions neustriennes au sud de la Loire<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 13.</ref>. Chilpéric s'entoure de nouvelles personnalités, dont Rauching, peut-être un fils non reconnu de Modèle:Noble-, qu'il fait duc de Soissons<ref name="V,3">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 3.</ref>. Frédégonde devient conseillère. À l'été ou l'automne 576, Mérovée est tonsuré, ordonné prêtre et enfermé dans le monastère de Saint-Calais, près du Mans<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 14.</ref>. Brunehilde et ses filles sont renvoyées en Austrasie. Elles laissent toutefois une partie du trésor, composé de cinq paquets d'or, de bijoux et de tissus précieux que la reine revient chercher dans les mois suivants, grâce à des groupes de serviteurs<ref name="V,18"/>.
Guillaume Crétin, Chroniques françaises, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (après 1515). Rouen.
Avec l'aide de compagnons, Mérovée s'évade de son monastère et rejoint Gontran Boson à Saint-Martin de Tours. Peut-être qu'il souhaite surtout rejoindre Grégoire de Tours, qui a la possibilité de lui porter secours, bien que l'évêque refuse de se compromettre avec un rebelle afin de garantir sa fidélité à Chilpéric. Mérovée passe des jours dans la basilique en prières et en médisance envers son père en compagnie de l'évêque Grégoire, pendant que ses compagnons sortent pour détrousser les fidèles du roi dont la principale victime est le comte Leudaste, dont le domaine est méthodiquement pillé. La chevelure du prince repousse et Leudaste réussit à éradiquer les pillards. Une rumeur circule disant que Frédégonde est prête à pardonner à Gontran Boson s'il fait sortir Mérovée de la basilique Saint-Martin.
Mérovée, accompagné de Gontran Boson et de cinq cents hommes, tente alors de rejoindre Brunehilde par le territoire burgonde. Il est arrêté par le duc Herpo à Auxerre, mais réussit à s'enfuir alors que Chilpéric demande son extradition. Arrivé en Austrasie, Mérovée est rejeté par Brunehilde, qui le considère maintenant comme gênant, et par les grands qui ne souhaitent pas d'ennuis avec le royaume de Soissons et qui ne veulent pas lui laisser la possibilité de revendiquer le trôneModèle:Sfn. Le prince se réfugie dans les environs de Reims grâce au soutien du duc Loup. D'anciens officiers de Modèle:Noble- se rallient à sa cause, comme le comte du palais Cuicilo.
Pour éviter de se faire renverser un jour par son fils, Chilpéric se débarrasse de ses partisans. En 577, un concile judiciaire est réuni à Paris pour juger l'évêque Prétextat. Quarante-cinq évêques y assistent, ce qui laisse penser que le royaume de Soissons englobe les cités de Meaux, Poitiers, Tours, Senlis, Soissons, Laon, Clermont, Velay, Javols et Rodez<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Prétextat est accusé d'avoir autorisé une union incestueuse, d'avoir soutenu un usurpateur et d'avoir utilisé une partie du trésor de Brunehilde pour corrompre les fidèles du roi. Afin d'obtenir son pardon, Prétextat plaide coupable ; il est envoyé en prison, puis exilé dans l'île de Jersey. Il est remplacé par l'évêque Melaine<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 18 ; Fastes, Modèle:II, Modèle:P..</ref>. Suspecté de complaisance avec Mérovée, Grégoire de Tours est accusé de félonie. Grégoire nie l'accusation puis partage un repas avec le roi en guise de réconciliationModèle:Sfn.
Une armée est envoyée en Champagne avec pour mission de capturer Mérovée, mais cette expédition se solde par un échec. À la fin de l'année 577, des messagers annoncent au prince que la ville de Thérouanne s'est ralliée à lui. Il réunit alors une troupe et part rejoindre la ville. Mais il y est attendu par des hommes du roi. Pris au piège, craignant d'être capturé et de subir le châtiment des usurpateurs, le prince aurait demandé à un de ses compagnons, Gaïlen, de lui faire grâce au nom de l'amitié, des tourments qu'il pourrait subir, et qu'il lui porte un coup fatal à l'aide de son couteau<ref name="V,18"/>. Ce suicide paraît peu probable, dans la mesure où au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, cette pratique tend à se réduire du fait de son interdiction par l'Église catholique, bien que la littérature antique évoque nombre de cas où des personnes de haut rang sont acculés à la mort à cause d'un tyran<ref group=note>Bruno Dumézil (p. 193) cite Brutus à Philippes, Caton à Utique, ainsi que le philosophe Sénèque obligé de se donner la mort à cause de Néron, dont Grégoire de Tours, Modèle:VI, 46, nous affirme que Chilpéric est le « Néron de notre temps ».</ref>. Grégoire de Tours note que le suicide de Mérovée est peut-être un mensonge d'État, que sa mort aurait été commanditée par Frédégonde<ref name="V,18"/>.
Arrivé sur les lieux, Chilpéric ne peut que constater la mort de son fils. Il fait alors châtier ses compagnons : Gaïlen a les mains, les pieds, les oreilles et le dessus des narines coupé avant d'être mis à mort. Un dénommé Grindion est roué, Cuicilo est décapité. Les autres compagnons sont également exécutés. Gontran Boson, qui n'a pas pris part à la marche sur Thérouanne, est suspecté d'être à l'origine de la trahison de Mérovée<ref name="V,18"/>, ainsi que l'évêque de Reims Egidius. Venu chercher ses filles à l’abri dans la basilique Saint-Martin de Tours, il est pourchassé par l’armée neustrienne et se réfugie à Poitiers, ville restée fidèle à l’Austrasie. Chilpéric fait assiéger et capturer la ville. Le duc laisse ses filles dans la basilique Saint-Hilaire et rejoint la cour de Modèle:Noble-<ref name="V,24"/>. C'est à cette époque, en 577, deux ans après sa naissance, que son fils Samson meurt de maladie<ref name="VI,22"/>.
Renforcement de l'autorité royale (577-580)
Les années suivantes, Chilpéric lève une armée dans les cités au sud de la Loire pour attaquer les Bretons<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 26.</ref>. Il perçoit également de lourds impôts<ref name="V,28"/> dans les cités aquitaines qui n’en payent plus du fait des changements constants de souveraineté. Il utilise ces richesses pour faire fabriquer un missorium (grand disque de métal) en or incrusté de pierres précieuses et pesant Modèle:Unité<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 2.</ref>, ce qui lui permet d’afficher sa puissance auprès d’ambassades étrangèresModèle:Refnec. D'une façon générale, il a une politique de renforcement de la fiscalité conforme à la pratique romaine, mais qui est mal acceptée par la tradition germanique.
Chilpéric doit en outre mater une aristocratie qui a tendance à se révolter, face à la précarité d’existence de la dynastie neustrienne. Il ordonne que l’on coupe les mains et les pieds à plusieurs personnes coupables de crime de lèse-majesté à titre d’exemple. Les coupables sont ensuite exposés aux carrefours des grandes routes<ref group=note>Peine infligée à Gaïlen, compagnon de Mérovée (Modèle:Nobr, 18) et à Dodo (Modèle:Nobr, 25). Grégoire de Tours, Histoire des Francs.</ref>, la loi salique interdisant qu’on les achève<ref>Pactus legis salicae, 41, 11.</ref>.
Conflit avec Grégoire de Tours (580)
Cette période est également marquée par la querelle entre le roi et Grégoire de Tours, devenu évêque vers 573 grâce à l'appui de Modèle:Noble- et Brunehilde. Il se trouve dans une position assez difficile sous la domination de Chilpéric dans la mesure où il est aussi en butte à l'inimitié d'une partie de son clergé. Il réussit cependant à devenir l’ami d'un grand officier palatin, Ansoald, proche de Frédégonde. Il obtient même la destitution de son ennemi personnel, le comte LeudasteModèle:Sfn, qui est remplacé par Eunomius. Leudaste se rend alors auprès du roi, affirmant que l’évêque de Tours veut livrer la ville à l’Austrasie et qu’il propage une rumeur selon laquelle la reine Frédégonde aurait commis un adultère avec l’évêque Bertrand de Bordeaux<ref name="V,47"/>, lointain parent de Chilpéric<ref>PLRE Modèle:III, Modèle:P..</ref>. Par peur que le doute n’atteigne la légitimité de ses fils, Chilpéric ordonne une enquête sur l’origine de la rumeur. Des clercs profitent de la situation pour déstabiliser leur évêque avec le soutien de l'évêque de Nantes, Félix, adversaire de Grégoire<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 5.</ref>.
Chilpéric décide alors de faire juger Grégoire et convoque un concile qui a lieu dans le palais royal de Berny (villa Brennacum), au mois de Modèle:Date-<ref name="V,39"/>. L’accusateur est l'évêque Bertrand de Bordeaux. Grégoire cherche des soutiens auprès de la princesse Rigonde, ainsi que de grands officiers palatins, tel que le chambrier Eberulf<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 22.</ref> et peut-être auprès du référendaire Faramod<ref group=note>Venance Fortunat lui avait envoyé un message, où il est qualifié d’homme à toujours rendre de bons offices. Carmina, Modèle:IX, 12.</ref>. Le jour du procès, Grégoire vient en compagnie de Venance Fortunat, évêque de Poitiers, qui souhaite se mettre au service de Chilpéric en échange d'un pardon accordé à l'évêque. Un éloge panégyrique célébrant le roi<ref name="Fortunat,IX,1">Venance Fortunat, Carmina. Modèle:IX, 1.</ref> est récité devant le concile, faisant de Chilpéric le fils préféré de Modèle:Noble-<ref>Venance Fortunat, Carmina, Modèle:IX, 1, v33-40.</ref>. Ce panégyrique présente l’assassinat de Sigebert comme un châtiment divin frappant celui qui a attaqué un bon roi, et la mort de son fils Mérovée, « rebelle en arme<ref>Venance Fortunat, Carmina. Modèle:IX, 1, v.71.</ref> », est interprétée comme ayant permis de prévenir une guerre civile. Fortunat évoque aussi très favorablement les œuvres de Chilpéric (un traité de théologie, des hymnes dédiés à saint Médard)<ref name="ReferenceA">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 46.</ref>,<ref group=note>Ces ouvrages de Chilpéric sont présentés de façon défavorables par Grégoire de Tours.</ref>. La suite fait l’éloge de la reine : fidèle, généreuse, prudente, bonne administratrice. La reine Radegonde est citée comme témoin de sa probité, les « mœurs de la reine étant les parures du royaume<ref>Venance Fortunat, Carmina. Modèle:IX, 1, v.117.</ref> ». Le poète recommande enfin au roi : « Domptez les méchants, protégez avec amour ceux qui vous sont fidèles, soyez aussi pour les catholiques la tête de la religion<ref>Venance Fortunat, Carmina, Modèle:IX, 142-145.</ref> ».
Grégoire de Tours est finalement innocenté en échange d’un serment purgatoire, le comte Leudaste est accusé de calomnie envers l’évêque. Sa destitution est confirmée et il est contraint de quitter le royaume. Selon Grégoire de Tours, à la suite du jugement, la Gaule est frappée par une série de cataclysmes : un tremblement de terre dévaste Bordeaux, des pluies diluviennes font déborder la Loire, un incendie se propage à Orléans et la grêle ruine Bourges<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 33.</ref>, qui cependant épargnent miraculeusement l’Austrasie. La Gaule est aussi ravagée par une épidémie de dysenterie.
Élimination des enfants d'Audovère (580)
À Paris, les jeunes princes Clodebert et Dagobert, fils de Frédégonde, sont atteints par la maladie et meurent, malgré les efforts de leur mère<ref name="V,34"/>. Celle-ci se retourne alors vers Clovis, le dernier fils d'Audovère, qui se vante d'être devenu l'unique héritier du trône. Se sentant insultée et menacée, elle l'accuse de sorcellerie et de trahison auprès de Chilpéric. Le prince, arrêté et désarmé lors d’une partie de chasse, est conduit garrotté auprès de la reine, mais refuse d'avouer quoi que ce soit. Trois jours plus tard, Frédégonde le fait conduire dans une maison appelée Nogent de l’autre côté de la Marne où il est poignardé<ref name="V,39">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 39.</ref>. Des messagers annoncent au roi que le prince s’est suicidé.
Après la mort de Clovis, Frédégonde fait aussi assassiner Audovère. Basine, dernière fille d’Audovère, est quant à elle violée par les serviteurs de la reine, ce qui la rend inapte au mariage, puis cloîtrée au monastère Sainte-Croix de Poitiers, auprès de Radegonde et des filles de Modèle:Noble-Modèle:Sfn. Le roi, n'ayant plus de filles à marier, perd un atout diplomatique et regrette d'avoir toléré ces crimes. Venance Fortunat offre à la cour deux poèmes considérés comme épitaphes en mémoire des deux princes<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 4 et 5.</ref>. Afin d’être définitivement pardonné, Grégoire de Tours accrédite la thèse du meurtre, même si cela n’apparaît pas dans son Histoire des Francs rédigée des années plus tard. Une lettre de consolation de Venance, envoyée au couple royal, insinue que Clovis est l'instigateur des meurtres : « Abel, le premier, succomba frappé d’une blessure lamentable et la houe déchire les membres d’un frère<ref>Venance Fortunat, Carmina. Modèle:IX, 2, v.13-14.</ref>. ». Grégoire de Tours rend visite au roi et à la reine à Nogent-sur-Marne en 581, où il leur remet un autre poème consolatoire de Venance<ref>Venance Fortunat, Carmina. Modèle:IX, 3.</ref>.
Rapprochement avec l'Austrasie (581-583)
Gogon, régent d'Austrasie, meurt en 581. La Chronique de Frédégaire affirme qu'il aurait été assassiné par Brunehilde<ref>Chronique de Frédégaire, Modèle:III, 57-59 (édition B. Krusch, Chronicarum libri Modèle:IV cum continuationibus, MGH SRM, Modèle:II, Hanovre, 1888, Modèle:P.).</ref>, mais son épitaphe dément tout assassinat<ref group=note>Epitaphe de Gogon éditée par Bernhard Bischoff, « Sylloge Elnonensis. Grabenschriften aus merowingischer Zeit (um 600) », in id., Anecdota novissima. Texte des vierten bis sechzehnten Jahrhunderts, Stuttgart (1984), Modèle:P.. Texte connu par un manuscrit de l'abbaye de Saint-Amand, composé autour de l'an 800. L'épitaphe ne précise pas le nom du défunt mais, selon Bischoff, l'attribution à Gogon est quasi-certaine.</ref>. Sa disparition marque un changement dans la politique austrasienne, avec l'arrivée au pouvoir d'un parti pro-neustrien comprenant les aristocrates Ursio et Berthefred, ainsi que l'évêque de Reims Egidius. Le poste de nourricier est attribué à un dénommé Wandalenus. Le duc Loup et le recteur Dynamius se réfugient en Burgondie.
Un rapprochement avec le royaume de Soissons s'ensuit<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 1.</ref>. La disparition des fils de Chilpéric donne en effet à Modèle:Noble-, successeur de Sigebert, la possibilité de se retrouver héritier de deux états séparés. Egidius négocie un pacte avec Chilpéric par lequel Modèle:Noble- devient légataire de tous ses biens<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 3.</ref>. Ce bouleversement diplomatique suscite des différends entre l'Austrasie et la Burgondie dont Chilpéric profite pour agrandir ses domaines aquitains en s'emparant des cités burgondes de Saintes, Angoulême, Périgueux et Agen. L'année suivante, Gontran reconnaît les conquêtes de Chilpéric afin de conclure la paix<ref name="VI,19"/>,<ref name="VI,22"/>.
En 582, des ambassadeurs sont envoyés en Hispanie, en vue de marier Rigonde, fille de Chilpéric, à Recarède<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 18.</ref>, second fils de Léovigild, désigné comme héritier de la couronne wisigothiqueModèle:Sfn. Frédégonde met alors au monde un fils. Chilpéric vient à Paris le Modèle:Date- malgré l'indivision décidée depuis 561. Le lendemain, jour de Pâques, l'enfant, nommé Thierry, est baptisé par l'évêque Ragnemod au milieu d'une foule en liesse<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 27.</ref>. Egidius et son entourage se rendent aussitôt à Paris pour confirmer le maintien de l'alliance. Pour les Austrasiens, le prénom que Chilpéric donne à son fils est un symbole inquiétant : leur premier roi ayant été Modèle:Noble-, ils se demandent s'il n'y a pas là une volonté de s'emparer de l'AustrasieModèle:Sfn). Chilpéric les rassure et accuse Gontran d'avoir commandité l'assassinat de Modèle:Noble-. Egidius et Chilpéric décident d'attaquer le royaume burgonde et de soumettre toutes les cités à l'autorité du roi de SoissonsModèle:Sfn.
Au printempsModèle:Sfn ou à l'été 583, les troupes de Chilpéric attaquent par le nord. Elles s'emparent de Melun, puis se dirigent vers Orléans. Egidius, accompagné par plusieurs ducs austrasiens, arrive par le nord-est depuis Reims, mais avec un retard dont le motif est peut-être le moindre intérêt de l'alliance avec Soissons, étant donné que l'existence du prince Thierry empêche l'Austrasie d'hériter des territoires de ChilpéricModèle:Sfn.
Au sud, le duc de Toulouse Didier commande les troupes venues d'Aquitaine, auxquelles sont jointes les troupes du duc Bladaste venues de Novempopulanie. Elles pénètrent dans le Berry où elles affrontent celles de Gontran près de la ville forte de Châteaumeillant Modèle:Langue. La bataille qui en résulte tourne au massacre et les envahisseurs en sortent victorieux. Ils s'unissent avec les troupes du duc Berulfus venues de Tours, s'emparent de la place forte d'Argenton Modèle:Langue et continuent leur chemin en incendiant et pillant tout sur leur passage avant de mettre le siège devant Bourges.
De son côté, Gontran marche vers le nord. Une bataille a lieu entre Étampes et Orléans<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 19.</ref> dont Gontran sort vainqueur. Le lendemain, une paix est conclue par échange d'ambassadeurs, mais les envahisseurs doivent payer des réparations. Chilpéric abandonne son butin et libère les prisonniers. Les ducs Berulfus, Bladaste et Didier sont contraints de lever le siège de Bourges. En repartant, Didier et Bladaste saccagent la Touraine avec une virulence égale à celle exercée à l'aller. Au nord, le comte de Rouen ne cesse pas les hostilités malgré les ordres et Chilpéric en est réduit à le tuer lui-même<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 31.</ref>.
Dernières manœuvres et assassinat (584)
Dans les premiers mois de l'année 584, le prince Thierry meurt de dysenterie<ref name="VI,34"/>. Chilpéric hésite alors à donner sa fille Rigonde, promise aux Wisigoths. Demeurant le dernier enfant en vie qu'il ait eu de Frédégonde, elle conserve des droits sur son royaume. Il essaie alors d'Modèle:Référence nécessaire, cloîtrée au monastère Sainte-Croix de Poitiers, mais celle-ci refuse, influencée par Radegonde<ref group=note>Pour Bruno Dumézil (p. 211), le roi de Soissons ayant usé de son influence pour empêcher la réception de la Vraie Croix, Radegonde veut nuire aux intérêts de Chilpéric. De plus, il s'est emparé de Poitiers par la force et a contraint Venance Fortunat, grand ami de la reine, à réciter un panégyrique à sa gloire. Dumézil note également que dans la Vie de Radegonde, celle-ci affiche plus d'affection pour Brunehilde et Gontran que pour Chilpéric, même si ses biographes la déclarent neutre.</ref> qui l'oblige à respecter ses vœux monastiques<ref name="VI,34">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 34.</ref>. Affaibli politiquement, Chilpéric quitte Paris pour s'établir à Cambrai où il installe son trésor. Par crainte d'une attaque combinée des armées austrasiennes et burgondes, il ordonne la réparation des murailles de ses cités<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 41.</ref>.
Au printemps de l'année 584, Frédégonde met de nouveau un fils au monde. Par prudence, Chilpéric ordonne d'élever l'enfant en secret dans la villa royale de Vitry pour le protéger d'assassins éventuels, dont on pense que ses frères ont été victimes. En cas de décès, sa disparition passerait inaperçue et éviterait de dévoiler une vacance de succession qui permettrait à des opportunistes de se saisir de l'occasion pour engendrer un conflit. Le nouveau-né ne reçoit pas de nom afin de garantir un anonymat qui n'inquiète personne. L'enfant n'est pas immédiatement baptisé, car le roi surveille l'évolution du Regnum Francorum avant de choisir un parrainModèle:Sfn. Il réinstalle sa capitale à Paris après que Modèle:Référence nécessaire. Il informe les ambassadeurs wisigoths qu'il accepte de marier Rigonde, dont le départ pour l'Espagne a lieu en septembre. Elle emporte une dot considérable, nécessitant une cinquantaine de chariots<ref name="VI,45"/>. Brunehilde envoie une ambassade à Chilpéric pour l'empêcher de prélever des biens dans les cités aquitaines pour constituer la dot. Elle considère Tours et Poitiers comme un héritage de Modèle:Noble- revenant à Modèle:Noble-. Un des ambassadeurs est tué, mais comme Chilpéric tient à maintenir la paix avec sa belle-sœur, il accepte de ne pas faire participer ces cités à la constitution de la dot<ref name="VI,45"/>. Les richesses sont si importantes que des grands s'inquiètent et cherchent à savoir si le trésor royal n'est pas vide. Frédégonde leur assure que les biens donnés à Rigonde proviennent de sa fortune personnelle.
Entre le 20 et le Modèle:Date-Modèle:Sfn, peu après le départ de sa fille, Chilpéric est assassiné près de sa villa de Chelles après une partie de chasse. À la tombée de la nuit, alors qu'un de ses serviteurs l'aide à descendre de cheval, un homme nommé Falco<ref name="Frédégaire,III,93"/>,<ref>Monod (1885), Modèle:P..</ref> le poignarde d'un coup sous l'aisselle puis dans le ventre<ref name="ReferenceA"/>. L'assassin réussit à s'enfuir et n'est pas retrouvé. La pierre de Chilpéric (ou croix de Sainte-Bautheur ou borne de Chilpéric) située dans le parc du souvenir Émile-Fouchard à Chelles, rappelle cet événement.
Dans son récit, Grégoire de Tours<ref name="ReferenceA"/> n'évoque pas la question de l'origine de l'assassinat, préférant insister sur les aspects négatifs de la mémoire du roiModèle:Sfn. La Chronique de Frédégaire désigne la reine Brunehilde comme commanditaire du crime<ref name="Frédégaire,III,93">Chronique de Frédégaire, Modèle:III, 93.</ref>. Le Liber historiæ Francorum, texte plus tardif, accuse Frédégonde<ref>Liber Historiae Francorum, 35.</ref> qui aurait trompé Chilpéric avec le maire du palais Landéric (Landericus), un individu que Grégoire de Tours ne mentionne pas. Cette version n'est pas crédible, car la mort du roi fait perdre à Frédégonde son mundium<ref>Georges Tessier, Le Baptême de Clovis, Gallimard, 1964, Modèle:P..</ref>, privant la reine de soutiens et la mettant à la merci de ses rivaux. De plus, si un maire du palais nommé Landéric est mentionné au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Vita Gaugerici episcopi caramacensis, 9 ; Krusch (1896), Modèle:P..</ref>, il n'est en fonction qu'à partir de 603<ref>Chronique de Frédégaire, Modèle:IV, 25, 26.</ref>. Modèle:Refnec
Présent à Chelles en vue d'une audience avec Chilpéric, l'évêque de Senlis Mallulf procède à la toilette du corps du défunt. Sa dépouille est ensuite placée sur un bateau qui descend la Marne, puis la Seine pour être conduite à Paris. Prise de peur, Frédégonde se réfugie dans la cathédrale de Paris et n'assiste pas à l'enterrement de son mari. Elle n'ose même pas traverser la Seine pour suivre le convoi funèbreModèle:Sfn. Chilpéric est enterré auprès de Modèle:Noble- dans l'église Saint-Vincent-Sainte-Croix (plus tard nommée Saint-Germain-des-Prés)<ref>P. Périn, « Saint-Germain-des-Prés, première nécropole des rois de France », La mort des grands. Hommage à Jean Devisse, Médiévales, 31 (1996), Modèle:P..</ref>. Son corps, vêtu de ses plus beaux atours, avec bijoux et armes d'apparat, est allongé sur le dos dans un sarcophage de pierre ou de plâtre, les avant-bras le long du corps ou croisés sur la poitrine. Le sarcophage est descendu dans une fosse, la tête tournée vers l'ouest. Un monument commémoratif est ensuite élevé, peut-être orné d'une épitapheModèle:Sfn. Sa pierre tombale porte l'inscription Modèle:Citation étrangère, « Sous cette pierre repose le roi ChilpéricModèle:Sfn ».
Vers 1163, pour orner son cénotaphe, l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés fait sculpter un gisant de Chilpéric surélevé par des colonnettes. Le roi est figuré couché sur le dos, un sceptre dans la main droite et portant la main gauche à sa barbe. L'emplacement exact de son sarcophage n'étant pas connu, le cénotaphe reste vide. En 1656, le gisant est déplacé du chœur aux piliers septentrionaux du carré de transept pour cause de travaux. En 1791, un décret de l'Assemblée constituante daté du Modèle:Date- dissout la communauté religieuse de Saint-Germain-des-Prés pour faire du monastère une église paroissiale. Les gisants de Chilpéric, Modèle:Noble et Frédégonde sont détruits dans la nuit du 27 au Modèle:Date- pour faire de la place et installer des chaisesModèle:Sfn. Il existe plusieurs reproductions de ce gisant<ref>Jean du Tillet (1580), Modèle:P. ; Mezeray (1685), Modèle:P. ; Montfaucon (1729), pl. Modèle:XIII-3.</ref> notamment sur le manuscrit du Recueil des rois de France daté de 1566, réalisé par Jean du Tillet.
Grégoire de Tours rapporte avec approbation les larmes versées par Gontran lorsqu'il apprend la mort de Chilpéric<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 5.</ref>. En revanche, il ne dit rien de la réaction de BrunehildeModèle:Sfn. La nouvelle de la mort du roi suscite un certain désordre dans le royaume dont l'une des victimes est Rigonde. Son convoi nuptial est pillé<ref name="VI,45">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 45.</ref>. Frédégonde réussit à obtenir le soutien de Gontran, qui récupère au passage le royaume de Paris. Le fils de Chilpéric est reconnu lors d'une assemblée de grands de Neustrie ; il est alors baptisé et reçoit le nom de Clotaire<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 7.</ref>. Il devient roi à Modèle:Unité sous la tutelle de sa mère et la protection de son oncle.
Mariages et descendance
Chilpéric épouse vers 549 Audovère (morte assassinée en 580) qui donne naissance à :
Nom | Naissance | Mort | Remarques |
---|---|---|---|
Thibert ou Théodebert | vers 552 | 573 | Fils aîné<ref name="IV,47">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 47.</ref>, il est vaincu et tué par les ducs Godegisel et Gontran Boson alors qu’il dévaste la Touraine, possession de son oncle Modèle:Noble. |
Mérovée | entre 553 et 556<ref group="note">« Si au moment de son mariage, il avait vingt ans, il serait né en 556. [...] S’il avait quinze ans en 568, il serait né en 553 ». Ewig (1974), Modèle:P.. « Mérovée devait être assez jeune en 573 ». Settipani (1990), Modèle:P..</ref> | 577 | Marié à Brunehaut (veuve de Modèle:Noble-), sa tante par alliance, et tonsuré, aurait été assassiné ou se serait suicidé par crainte de son père. |
Basine | entre 555 environ et 564Modèle:Sfn | ? | Violée par les hommes de Frédégonde après la mort de Clovis, elle devient religieuse à l’abbaye Sainte-Croix de Poitiers. |
Clovis | 553/557<ref group="note">Le commandement des troupes que le prince Clovis exerce contre les villes de Poitiers et Tours en 572, implique qu’il ait au moins quinze ans au moment des faits. Il serait donc né entre 553 et 557. Modèle:Harvsp.</ref> | 580 | Assassiné sur ordre de Frédégonde. Sa dépouille, repêchée dans la Marne, est inhumée en église Saint-Vincent de Paris après la mort de son père sur ordre de GontranModèle:Sfn. |
Childesinde<ref name="LHF,31"/> | ? | ? | Son existence est sujette à caution, car elle n’est pas citée par Grégoire de Tours, mais seulement par le Liber historiæ Francorum, un siècle et demi plus tard. |
En 568, Chilpéric se remarie avec Galswinthe, fille d’Athanagild, roi des Wisigoths, et sœur de Brunehilde. Elle entre rapidement en conflit avec son mari à propos de la liaison qu'il entretient avec Frédégonde, réclame son retour en Hispanie et est retrouvée étranglée dans son lit.
En troisièmes noces, Chilpéric épouse Frédégonde (morte en 597), probablement issue d’un milieu peu élevé, comme le suggère Grégoire de Tours. De ce mariage sont nés :
Nom | Naissance | Mort | Remarques |
---|---|---|---|
Clodebert | vers 565/570 | 580 | Mort de dysenterie en même temps que son frère Dagobert. Il est inhumé en la basilique Saints-Crépin-et-Crépinien de Soissons<ref>Modèle:Article.</ref>. |
Rigonde | vers 569 | après 589 | Elle est fiancée au prince wisigoth Récarède, le mariage n'a jamais lieu en raison de la mort de son père. |
Samson | 575 | 577 | Mort de dysenterie. |
Dagobert | 580 | 580 | Mort de dysenterie en même temps que son frère Clodebert. Il est inhumé à Saint-Denis<ref name="V,34"/>. |
Thierry ou Théodoric | 582 | 584 | Mort de dysenterie. |
Modèle:Noble | 584 | 629 | Roi de Neustrie, puis de tous les Francs. |
Aspects généraux du règne de Chilpéric
Justice
Les rois mérovingiens considérant que le royaume est leur propriété<ref>Feffer et Périn (1987b), Modèle:P..</ref>, règnent sans partage et ne reconnaissent pas l'existence de biens ou de services publics qui sont pris en charge par les comtes et les évêques. Un maire du palais (major domus, devenu majordome<ref>Ferrer et Périn (1987b), Modèle:P..</ref>), Badegisèle<ref>Maurice Bouvier-Ajam, Dagobert Roi des Francs, collection « Figures de proue », éditions Tallandier, 2000, Modèle:P..</ref>, est le supérieur de tous les fonctionnaires royaux ainsi que des Grands et des commis et a pour fonction leur coordination<ref>Maurice Bouvier-Ajam, Dagobert Roi des Francs, collection « Figures de proue », éditions Tallandier, 2000, Modèle:P., 84.</ref>. Les décisions prises n'émanent que du roi qui ne rend de comptes à personne. Cependant, Chilpéric prend conseil auprès d'« hommes de bien<ref name="VI,19">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 19.</ref> », notamment lors du conflit qui l'oppose à Gontran, d'évêques<ref name="V,49"/>,<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 44.</ref> ou de son épouse Frédégonde.
Divers témoignages émanant de Grégoire de Tours nous permettent de nous forger une opinion sur ses jugements que l'évêque Venance Fortunat juge « intègres, mesurés, désintéressés »<ref>Venance Fortunat, Carmina, Modèle:IX, 1, v.85-90.</ref>. Il cite notamment une profanation perpétrée par des Grands, en 579, qui se sont entretués dans la basilique Saint-Denis. Le roi décide de laisser l'évêque de Paris les juger<ref name="V,32"/>. Il épargne de la peine de mort, en 580, l'archidiacre de Tours Platon et Galien, ami de Grégoire<ref name="V,49"/>. En 581, suivant la demande de Grégoire de Tours, il laisse la vie sauve à des voleurs qui ont pillé la basilique Saint-Martin de Tours et remet les biens volés aux clercs de la basilique<ref name="VI,10"/>. En 582, un Juif nommé Pathir converti au christianisme, que Chilpéric a parrainé, est renvoyé en Burgondie, sa province d'origine, tandis que ses esclaves ou domestiques sont condamnés à mort, pour avoir assassiné un autre Juif de Paris nommé Priscus, conseiller du roi, qui refusait le baptême<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 17.</ref>, sans dommage pour lui mais ensuite le roi exige la conversion de tous les Juifs parisiens<ref name=":0">Modèle:Article.</ref>. Ledit Pathir se réfugie avec ses domestiques dans l'église Saint-Julien-le-Pauvre et réussit à s'enfuir, mais l'un de ses serviteurs est sauvagement tué par la foule<ref>Jean Verdon, Le Moyen Âge. Ombres et lumières, Perrin 2013, Modèle:P..</ref>.
En 582, l'évêque Carterius de Périgueux et le diacre Fronton sont pardonnés pour avoir insulté le roi dans une lettre<ref name="VI,22">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 22.</ref>. On constate aussi que le roi ne spolie pas automatiquement autrui : à la mort du comte Nonnichius en 582, le roi distribue ses biens à diverses personnes. Après la trahison de Godin, ses villae lui sont reprises pour être données à la basilique Saint-Médard<ref name="V,3" />. En 577, après avoir remplacé le comte Ennodius mis en place par Modèle:Noble-, il lui confisque ses biens et les lui rend un an après<ref name="V,24">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 24.</ref>. Le seul cas où Chilpéric confisque des biens est celui où les frères Burgolène et Dodon sont exécutés pour crime de lèse-majesté, crime pour lequel la loi préconise la mort et la confiscation des biens des coupables<ref name="V,25">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 25.</ref>.
Fiscalité
Depuis la chute de l'Empire romain d'Occident, les impôts indirects restent en vigueur. Il s'agit de taxes, telles que le tonlieu (teloneum : bureau des percepteurs d'impôts, déformé en teloneus) prélevé sur les transports de marchandises par les douanes ; le « prix de la paix » (fredus), correspondant au tiers des contributions payées par des condamnés au trésor public (wergeld)<ref>Feffer et Périn (1987b), Modèle:P., 32.</ref> ; les droits de passage pour les marchandises franchissant les ponts, routes, cours d'eau, ports, ou celles exposées sur les marchés ; et aussi des amendes publiques. Les impôts directs se sont réduits au nombre de deux : la capitatio humana (impôt payé par tête) et la capitatio terrana (impôt foncier). Ces impôts ne servant pas au fonctionnement de l'État, les agents du pouvoir ne reçoivent pas de traitement, mais vivent de la production des terres qui leur sont octroyées et se rémunèrent sur les contraventions. L'État ne finance plus d'armée de métier ni d'atelier de fabrication d'armes, les routes et les remparts sont financés par les localités. Les services publics n'étant plus assurés, les impôts sont perçus comme de l'extorsion<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cependant, le système de transport rapide du courrier et des voyageurs, le cursus publicus, fonctionne encore. Le pouvoir public a pour charge de fournir des esclaves publics pour conduire les chars ou transporter le courrierModèle:Sfn et de prélever sur des propriétaires du fourrage, des chevaux (paraveredi) ou des mules, que l'on entrepose dans des relais (mutationes) ou des auberges (mansiones) où l'on change les montures. Les rois mérovingiens continuent de l'utiliser en promulguant des ordres de réquisitions par lettres evectiones ou tractoriae, mais l'ancien prélèvement tourne avec les Francs au pillage systématique des riverainsModèle:Sfn. Pour échapper à l'imposition, certains sujets du royaume se réfugient dans des niches fiscales comme l'armée ou le clergé. L'immunité est accordée au clergé par le roi et provient de l'héritage du statut des terres du fisc du Bas-Empire. Le privilège consiste en une exemption d'impôt, mais aussi en une interdiction des agents du roi de pénétrer dans les domaines bénéficiant de l'immunité. L'immuniste n'est cependant pas exempté de service militaire. Sur ordre royal, il doit lever lui-même les troupes. Il doit également payer au roi le fredus dont le pourcentage exigé par le roi tombe en désuétude<ref>Feffer et Périn (1987b), Modèle:P..</ref>. Afin d'éviter ces évasions fiscales, les Empereurs, mais aussi Clovis en son temps<ref>Gaudemet (1989), Modèle:P..</ref>, ont établi et maintenu des dispositions pour restreindre l'accès à la cléricature. L'impôt étant impopulaire<ref>Chronique de Frédégaire, Modèle:III, 11 ; Thibault (1907), Modèle:P..</ref>, il arrive que la population se révolte, avec l'appui des évêques. De même, il arrive que certaines cités, parviennent à échapper à l'impôt grâce à leurs évêques qui brandissent la menace d'un saint patron comme c'est le cas à Tours, ville de saint Martin. À plusieurs reprises, les rois tentent d'imposer ces cités mais ils sont arrêtés par les évêques qui brandissent la menace des foudres divines<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Le Limousin comporte des petites vignes domaniales<ref>Diplomata, éd. Pardessus, Modèle:T., Modèle:N°.</ref> et sa partie méridionale, d'Uzerche à Brive, est vouée à la viticulture, notamment Chabignac, Sioussac, Loignac, Narzac et AstaillacModèle:Sfn. En 579, Chilpéric fait remettre à jour les livres du cadastre et du recensement. Les descriptiones qu'il fait établir sont jugées tellement « nouvelles et lourdes » qu'elles y engendrent une révolte et que beaucoup « abandonnèrent leurs villes et leurs possessions personnelles pour gagner d'autres royaumes, estimant qu'il valait mieux séjourner à l'étranger que de s'exposer à un tel danger. Il avait été décrété que chaque possesseur verserait pour sa terre une amphore de vin par arpent<ref name="V,28">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 28.</ref> ». Cela correspond à environ deux cent dix litres par hectare, ou si l'on suppose un rendement de mauvaise année de dix hectolitres par hectareModèle:Sfn. S'y ajoutent d'autres impôts perçus en froment et en orModèle:Sfn,<ref>W. Goffart, From Roman Taxation to Mediaeval Seugneurie, Modèle:Nobr rom, Speculum, Modèle:T., 1972, Modèle:N..</ref>, tant sur les autres terres que sur les esclaves. En 580, le couple royal fait un don d'arrérages, en jetant au feu les libri descriptiones qui ont provoqué la révolte du Limousin<ref name="V,34"/>. Ainsi, tout le royaume sous l'autorité de Chilpéric et en particulier la Première Aquitaine n'a pas eu à payer les arriérés de l'année 579. Cette décision entraîne un retour au taux coutumier et la renonciation de la réévaluation de ce taux, puisque le roi interdit toute « descriptio à l'avenir »Modèle:Sfn.
Le droit de propriété romain jus in re aliena distinguant le dominium, droit du propriétaire, et la possessio, droit que possède un cultivateur par la mise en culture de la terre du maître s'est perpétué. Sur les terres publiques incultes, il est possible de devenir possessor en les mettant en culture. Sur les terres privées abandonnées, l'abandon de l'epibolè (le percepteur calculait l’impôt global d’une région et le rapportait à la superficie des terres) permit un rapide accaparement des terres. Après un silence de deux ans du propriétaire, l'auteur de l'usurpatio ou de l'eruditio du sol devient possessor et dominus<ref>Code Théodosien, Modèle:V, 15.</ref>. Le roi reste investi du dominus sur les terres publiques défrichées, tandis que le nouvel occupant d'une terre privée abandonnée se retrouve propriétaire aux dépens de l'ancien maître au bout de deux ansModèle:Sfn. La loi romaine de prescription trentenaire favorise également le droit de possessio sur les terres publiques défrichées. Elle entraîne pour le possessor d'une terre publique ou d'église le paiement de redevances appelées condiciones ou canones ou encore agraria, pascuaria vel decimas porcorum<ref>Tablette Albertini, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr ; Précepte de Modèle:Noble-, Modèle:XI.</ref>. Il s'agit d'une part de fruit versée en nature ou en espèces, ou d'une tête de bétail sur dix. En plus des laïcs, les évêques s'attribuèrent des terres publiques. Les églises épiscopales devenues possessores de terres publiques devaient alors payer les redevances, mais elles essayaient d'obtenir l'immunité pour ces terresModèle:Sfn, ce qui fit dire à Chilpéric « Voici que notre fisc est devenu pauvre, voici que nos richesses sont passées aux églises<ref>Grégoire de Tours, Histoire des francs, Modèle:Nobr, 16.</ref> ».
Église
En tant que chef de l'Église franque et héritier des prérogatives de l'Empereur, le roi s'occupe des affaires religieuses. Il obtient la conversion de force au christianisme de Juifs de son royaume afin de « garantir leur Salut »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Béatrice Philippe, Être juif dans la société française, chapitre « Des origines à l'an 1000 », Montalba, 1979.</ref>,<ref name=":0" /> ; il convoque les évêques pour des conciles œcuméniques à Paris, à la demande de Gontran, en 573, en 577 et en 580, à la villa Brennacum. Il s'assure du bon déroulement et du maintien des élections épiscopales, même lorsqu'elles lui sont défavorables, contrairement à ses demi-frères, notamment Modèle:Noble- qui n'hésite pas à placer ses favoris à la tête des évêchés. Le seul cas où Chilpéric intervient pour remettre en cause un évêque dans son diocèse est lors de la condamnation de Prétextat de Rouen en 577. De même, les évêques élus sont souvent des clercs, là où Gontran nomme des laïcs à foison, ce qui est un moyen de bien tenir en main les évêquesModèle:Sfn. Le seul cas rapporté d'élection de laïc concerne l'ordination au Mans, en 581, du maire du palais Badegisèle<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 9.</ref>.
Il manifeste également un certain respect pour l'autorité religieuse à qui il accorde sa confiance. Ainsi, il épargne les voleurs de la basilique Saint-Martin sur demande de l'évêque Grégoire<ref name="VI,10" /> et lui laisse désigner le comte de Tours<ref name="V,47">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 47.</ref> ; il laisse l'évêque de Paris juger les nobles qui ont profané et perpétré des crimes dans sa basilique<ref name="V,32">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 32.</ref> ; il autorise l'évêque Aetherius, pourtant accusé de nombreux crimes, à revenir sur son siège épiscopal<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 36.</ref> ; il protège Prétextat de Rouen de la foule qui veut le lapider<ref name="V,18">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 18.</ref>. Il laisse également les évêques juger l'affaire concernant Frédégonde et l'évêque de Bordeaux au concile de 580<ref name="V,49">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 49.</ref>. Lorsqu'en 580, un homme de la familia de l'évêque de Bigorre s'enfuit du palais épiscopal et se pose en rival de Grégoire de Tours, ce dernier menace alors d'en appeler à ChilpéricModèle:Sfn.
Il use de charité envers les pauvres et les églises<ref name="V,34">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 34.</ref> en donnant les villae de Godin, sur le territoire de Soissons, à la basilique Saint-Médard<ref name="V,3" />. À l'occasion de la naissance de son fils Thierry, il décrète une amnistie générale et ordonne aux agents du fisc de laisser les mauvais débiteurs en paix<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 23.</ref>. Il rend les objets dérobés à la basilique Saint-Martin de Tours<ref name="VI,10">Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 10.</ref>, accorde confirmation à Radegonde des sessions qui lui ont été faites par Modèle:Noble-<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 42 ; Nisard 1889, Modèle:P. ; Venance Fortunat, Carmina, Modèle:Rom-maj, 3.</ref>, ainsi que des privilèges d'immunités aux églises et aux clercs<ref group="note">Chlotarii praeceptio, a. 584-629, c.11 (Boretius 1883, Modèle:P.19). L'origine de cet édit n'est pas sûre, du fait des divergences de termes entre les deux manuscrits ({{#switch: X
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}}
}}). Certains historiens l'attribuent à Modèle:Noble- tandis que d'autres l'attribuent à Modèle:Noble-. Levillain (1957), Modèle:P. ; Bloch (1927), Modèle:P..</ref>.
Un faux diplôme de l'abbaye Saint-Calais du Mans adressé au pape Modèle:Noble où sont utilisées plusieurs formulations de l'époque carolingienne et daté de la première année du règne de Chilpéric mais réalisé entre 850-855<ref>Havet (1896), Modèle:P..</ref>, affirme que cette abbaye est placée sous la protection du roi. Il en est de même pour le décret daté de 606, concernant la fondation de l'Abbaye Saint-Lucien de Beauvais<ref>Bouquet (1741), Modèle:P. ; Pertz (1872), Modèle:P. ; Vercauteren (1928), Modèle:Pp.110-112.</ref>, où il a été démontré qu'il s'agit d'un faux réalisé début Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle du fait de son caractère apocryphe et par ses paraphrases de la Vie de saint Evroul<ref>Vita sancti Ebrulfi abbatis Bellovacensis, 6 ; AA. SS. Boll. Juillet, Modèle:T., Modèle:P. ; Guérin (1876), Modèle:T., Modèle:P. ; Vercauteren (1928), Modèle:P.102 note 3.</ref>
Culture
Diverses anecdotes de Grégoire de Tours témoignent de son intérêt pour la culture : il lit la Bible et les poètes, rédige deux livres de poésie, et compose un Hymne sur la solennité de l'évêque saint Médard (Modèle:Langue), dont la forme s'éloigne du modèle de l'époque classique<ref>Strecker (1923), Modèle:P. ; Commentaire de Dag Nordberg, La poésie latine rythmique du haut Moyen Âge (Studia latina Holmiensia, Stocklholm, 1954, Modèle:P. ; Brunhölzl (1990), Modèle:P. ; Kurth (1919), Modèle:T. Modèle:P..</ref>.
Afin d'adapter l'alphabet à la phonétique germanique et de rendre des prononciations écrites en latin au moyen d'une lettre unique au lieu de plusieurs lettres<ref>Jacques-Paul Migne, Dictionnaire de Paléographie, 1854, Modèle:P. ; Buchner, Zehn Bücher Geschichten, 1956, Modèle:T., Modèle:P. note 5, cité par Latouche (1963), Modèle:T., Modèle:P. note 126 ; Sanders, Die Buchstaben des Königs Chilperic, Zeitsch. f. Deutsch. Altertum, 1972, Modèle:P., cité par Riché (1979), Modèle:P..</ref>, il tente, comme l'empereur Claude en son temps<ref>Suétone, Vie des douze Césars, Claude, 41 ; Tacite, Annales, Modèle:XI, 14.</ref>, d'ajouter des lettres à l'alphabet latin : la lettre grecque Modèle:Graphie et les lettres ae, thé, uui écrites Modèle:Graphie, Modèle:Graphie et Modèle:Graphie, dont une hypothèse affirme qu'elles seraient issues de l'alphabet hébreu<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cet élément bibliographique est rapporté par Grégoire de Tours avec ironie envers les prétentions littéraires de Chilpéric qu'il considérait comme un hérétique. Il est parfois évoqué les lettres Modèle:Graphie, Modèle:Graphie, Modèle:Graphie, Modèle:Graphie correspondant à Modèle:Graphie, Modèle:Graphie, Modèle:Graphie et Modèle:Graphie, issues d'une note de traduction par Aimoin de Fleury des œuvres d'Odon de Cluny<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Cependant, les clercs de la congrégation de Saint-Maur expliquent que ces lettres n'eurent cours que durant son règne<ref>Paris (1866), Modèle:P..</ref>, vraisemblablement car Chilpéric est mort 5 ans seulement après cette réforme.
Imitant son cousin Modèle:Noble ou l'empereur Modèle:Noble et, afin de montrer sa romanitéModèle:Sfn, il fait restaurer des cirques à Soissons et Paris<ref>Grégoire de Tours, Histoire des francs, Modèle:Nobr, 17.</ref> (probablement l'amphithéâtres du {{#switch: e
| e | er | = Modèle:S mini-{{#ifeq: ou|-| – | ou }}Modèle:S mini- siècle
| Modèle:S mini-{{#ifeq: e|-| – | e }}Modèle:S mini- siècleIII
}} faisant office d'arène et théâtre découvert en 1870 lors du percement de la rue Monge), entre 575 et 584, pour remettre à l'honneur des jeux équestres, combat d'animaux, lutte, théâtre, poésie et musique<ref>Suétone, Vie de César, 39 ; Vie d'Octave Auguste, 43 ; Magnin (1839-1840) ; Boyer de Sainte-Suzanne (1862) ; De Caumont (1862).</ref> appréciés par la population et qui avaient disparu sous l'influence du christianisme<ref>Modèle:Harvsp.</ref>
Sources historiques
Le règne de Chilpéric est connu principalement par l'intermédiaire de deux sources primaires.
En premier lieu, grâce aux Dix livres d'Histoire (ou Histoire des Francs), chronique universelle<ref>"Hagiographie" signifie "vie d'un saint". Le livre de Grégoire raconte l'histoire du monde des origines aux années 570.</ref> écrite par l'évêque Grégoire de Tours. Les six derniers livres sont consacrés aux rois mérovingiens, présentés du point de vue d'un évêque comme des « bons » ou des « mauvais » rois, selon leur relation avec l'Église. Il affirme la supériorité du pouvoir spirituel (auctoritas) exercé par les évêques sur le pouvoir temporel (potestas) exercé par les rois<ref>Magnou-Nortier (1997), Modèle:Pp.153-156.</ref>.
Pour cette raison, Grégoire de Tours s'oppose à l'autorité de Chilpéric lorsque celui-ci juge les évêques dont la dignité serait supérieure<ref>Dousse (1939), Modèle:P..</ref>.
Chilpéric apparaît aussi dans l'œuvre d'un contemporain de Grégoire de Tours, Venance Fortunat, évêque de Poitiers.
Chilpéric vu par Grégoire de Tours
Le roi Chilpéric est dépeint par son contemporain Grégoire de Tours comme « le Néron et l’Hérode de notre temps ». Il le présente comme un homme intempérant et présomptueux, avide de richesses, faisant périr ceux qui en possèdent. Selon lui, il prendrait plaisir à ravager les campagnes, à martyriser les pauvres et accabler les clercs. Il faut préciser que l'évêque Grégoire se sentit publiquement humilié au concile de Berny où il dut comparaître pour être jugé, accusé d’avoir calomnié FrédégondeModèle:Sfn. Chilpéric aurait même inscrit dans ses ordonnances adressées aux juges que l'on arrache les yeux des personnes ne tenant pas compte de ses prérogatives. À cela, Grégoire ajoute après sa mort qu’il n’a jamais aimé personne et que personne ne l’a jamais aimé<ref name="ReferenceA"/>.
Grégoire lui reconnaît une réelle culture en particulier religieuse. Selon Grégoire de Tours, il aurait rédigé un décret sur la Trinité<ref>Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Modèle:Nobr, 44.</ref> alors qu’à l’exception de Modèle:Noble et de Chilpéric, lesquels semblent avoir eu quelques lumières sur le débat trinitaire, les rois mérovingiens se désintéressent du problème, dont ils n’exploitent que les incidences diplomatiquesModèle:Sfn. Son traité, stipulant que l’on nomme Dieu la Sainte Trinité, ressemble à l’hérésie du prêtre Sabellius, excommunié en l’an 217 par le pape Modèle:Noble<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ainsi, Grégoire rejette son traité et le roi se tourne vers saint Salve, évêque d’Albi, qui le rejette également. Chilpéric doit alors se plier à la volonté des évêques.
Chilpéric vu par Fortunat
Une tout autre vision de la personnalité de Chilpéric se dégage des vers du poète Venance Fortunat, un autre de ses contemporains, qui le présente comme un homme instruit et le célèbre comme un brillant guerrier et législateur. Le poète écrit ainsi :
« vous réglez vos armes sur les lois et redressez les lois par vos armes », ajoutant que, parmi les Mérovingiens, « vous l’emportez par le savoir et par la doctrine ; par la science du dogme vous êtes tel que ne fut jamais votre père. ».
Venance Fortunat célèbre en lui un faiseur de vers parfaits, surpassant ainsi les autres rois de sa dynastie dans les lettres<ref name="Fortunat,IX,1"/>, même si l'évêque de Tours juge ses vers « sans mesure ni rythme ». Il est vrai que Venance Fortunat, se décrivant comme un « poète souriceau<ref>Venance Fortunat, Carmina, préface.</ref> » à l’affût des tables attendant que les puissants laissent tomber de bons morceaux, compose des œuvres louant les mécènes qui acceptent de financer son train de vieModèle:Sfn.
Par l’intermédiaire de ses décisions politiques, il montre surtout le visage d’un joueur prêt à tout miser sur la chanceModèle:Sfn.
Représentations de Chilpéric dans l'histoire et les arts
Romans historiques
- Népomucène Lemercier, Frédégonde et Brunehaut, Librairie Barba, 1821.
- François Cavanna, Le sang de Clovis, éditions Albin Michel, 2001 Modèle:ISBN.
- Jean-Louis Fetjaine, Les Voiles de Frédégonde, Belfond, Paris, 2006 Modèle:ISBN.
- Jean-Louis Fetjaine, Les Larmes de Brunehilde, Belfond, Paris, 2007 Modèle:ISBN.
- Paul Murray Kendall, Mon frère Chilpéric, Collection « J'ai Lu l'histoire », numéro 1786, éditions J'ai lu, 1979 Modèle:ISBN.
Télévision
- 1991 : L'Enfant des loups, téléfilm franco-espagnol de Philippe Monnier, avec Gil Lagay dans le rôle de Chilpéric.
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
Sources primaires
- Dom Martin Bouquet, Recueil des historiens des Gaules et de la France, Modèle:T., nouvelle édition publiée sous la direction de Léopold Delisle, 1869 (Modèle:1re éd. 1741). Modèle:Plume
- Grégoire de Tours (Modèle:Trad.Robert Latouche), Histoire des Francs, Les Belles Lettres, Modèle:Coll. « Les Classiques de l'histoire de France au Moyen Âge, 27-28 », Paris, 1963, Modèle:Unité ; réédition 1995. Modèle:Plume
- Justin Favrod, Texte, traduction et commentaires de La chronique de Marius d'Avenches (455-581), Lausanne, Cahiers lausannois d'histoire médiévale, 1993, Modèle:2e. Modèle:Plume
- Venance Fortunat (Modèle:Trad.Marc Reydellet), Poèmes.
- Modèle:T. : Modèle:Nobr, Les Belles Lettres, 1994 Modèle:ISBN .
- Modèle:T. : Modèle:Nobr, Les Belles Lettres, 2003 Modèle:ISBN. Modèle:Plume
- Modèle:T. : Modèle:Nobr, Les Belles Lettres, 2004 Modèle:ISBN. Modèle:Plume
- Bruno Krusch, Monumenta Germaniae Historica, Passiones Vitaeque sanctorum aevi merovingici et antiquiorum aliquot, Hanovre, 1896. Modèle:Plume
- Karl Fr. Pertz, Monumenta Germaniae Historica, Diplomata regum francorum e stirpe Merowingica, Hanovre, 1872. Modèle:Plume
- Karolus Strecker, Monumenta Germaniae Historica, Poetae latini, Modèle:T., fascicules 2 et 3, Berlin, 1923. Modèle:Plume
Travaux du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
- Julien Havet, Œuvres de Julien Havet, Modèle:T. - Questions mérovingiennes, Paris, Ernest Leroux Éditeur, 1896. Modèle:Plume
- Godefroid Kurth, Histoire poétique des Mérovingiens, Paris, A. Picard et fils éditeurs, 1893 ; Études franques, Bruxelles A. Dewit et Paris H. Champion, impression anastaltique Bruxelles, édition Culture et civilisations, 1982 (Modèle:1re éd. 1919), Modèle:Unité. Modèle:Plume
- Auguste Longnon, Géographie de la Gaule au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Hachette et Modèle:Cie, Paris, 1878. Modèle:Plume
- Gabriel Monod, Études critiques sur les sources de l'histoire mérovingienne, Paris, Lib. A. Franck, Slatkinen Genève - Lib. Champion, Paris, 1978, (Modèle:1re éd. 1872) Modèle:Unité ; (1885) Modèle:T.. Modèle:Plume
Travaux récents
Sur le Haut Moyen Âge
- Noëlle Deflou-Leca, Alain Dubreucq (dir.), Sociétés en Europe mi Modèle:S mini--fin Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Atlande, Modèle:Coll. « Clefs Concours », 2003, plus particulièrement les fiches biographique « Chilpéric », « Frédégonde », « Brunehaut ».
- Modèle:Ref-Settipani-PreCapetiens.
- Modèle:Ref-Volkmann-RoiDeFrance.
Études générales sur les Mérovingiens
- Modèle:Ref-Périn-Feffer-Francs.
- Modèle:T. : A la conquête de la Gaule, 1987a Modèle:ISBN.
- Modèle:T. : À l'origine de la France, 1987b Modèle:ISBN. Modèle:Plume
- Modèle:Ouvrage. Modèle:Plume
- Stéphane Lebecq, Les origines franques, Modèle:S mini - Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Seuil (Nouvelle histoire de la France médiévale, 1), 1990, particulièrement : Modèle:P. (première partie, chapitre 5 : « La faide royale (561-603) ») Modèle:ISBN. Modèle:Plume
- Ferdinand Lot, Naissance de la France, Librairie Arthème Fayard, 1948, Paris, Modèle:5e. Modèle:Plume
Thèmes particuliers
- Franz Brunhölzl, Histoire de la littérature latine du Moyen Âge, Modèle:T. - L'époque mérovingienne, Université Catholique de Louvain, Institut d'Études médiévales Louvain-La-Neuve, Brepols, 1990. Modèle:Plume
- Jean Gaudemet et Brigitte Basdevant, Les canons des conciles mérovingiens (Modèle:S mini - Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), Modèle:Unité, Le Cerf, 1989. Modèle:Plume
- Modèle:Ouvrage. Modèle:Plume
- Pierre Riché, École et enseignement dans le haut Moyen Âge, Fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Aubier-Montaigne, 1979, réédition Picard Éditeur 1989. Modèle:Plume
- Odette Pontal, Histoire des conciles mérovingiens, Le Cerf, 1989, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes (CNRS). Modèle:Plume
- Modèle:Ouvrage. Modèle:Plume
- Modèle:Ref-Rouche-Clovis. Modèle:Plume
Biographies
Articles
Dix-neuvième siècle et début vingtième
- Auguste Longnon, « La villa Brennacum », Bulletin de la société de l'Histoire de Paris et de l'Île-de-France, 1875, Modèle:Pp. ; « De l'emplacement de Sauriciacus, villa où se tint un concile en 589 », id., 1876, Modèle:Pp. ; « La Civitas Parisiorum d'après Grégoire de Tours », id., 1877, Modèle:Pp.. Modèle:Plume
- Charles Nisard, « Fortunat, panégyriste des rois mérovingiens », Revue historique, Modèle:T., 1889, septembre décembre, Modèle:Pp.. Modèle:Plume
- Fernand Vercauteren, « Étude critique d'un diplôme attribué à Modèle:Noble- », Revue belge de philologie et d'histoire, Modèle:T., no 1, 1928, Modèle:Pp. ; réédité dans Études d'histoire médiévale, 1978, Modèle:Pp.. Modèle:Plume
Articles récents
- Michel Rouche, « Le mariage et le célibat consacré de sainte Radegonde », dans Settimane di studio del Centro italiano di studi sull'alto medievo', Modèle:XXXIII, Segni e riti nella chiesa altomedievale occidentale, Spolète, 11-Modèle:Date- et 1987, Modèle:Pp., réédité dans La riche personnalité de sainte Radegonde..., Poitiers, 1988, Modèle:Pp., réédité dans Le choc des Cultures, Romanité, Germanité, Chrétienté durant le Haut Moyen Âge, Presses Universitaires du Septentrion, 2003, Modèle:Pp.. Modèle:Plume
- Charles Lelong, « Chilpéric, un grand roi méconnu », dans Mémoires de l'Académie des sciences, Art et Belles lettres de Touraine, Modèle:T., 1993, Modèle:Pp..
- Elisabeth Magnou-Nortier, « Existe-t-il une géographie des courants de pensée dans le clergé de Gaule au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle », dans Grégoire de Tours et l'espace gaulois, Actes du congrès international, Tours, 3-Modèle:Date-, textes réunis par Nancy Gauthier et Henri Galinié, Modèle:13e à la Revue Archéologique du Centre de la France, Tours, 1997, Modèle:Pp.. Modèle:Plume
- Marc Reydellet, « Tours et Poitiers : Les relations entre Grégoire et Fortunat », Grégoire de Tours et l'espace gaulois, Actes du congrès international, Tours, 3-Modèle:Date-…, Tours, 1997, Modèle:Pp..
En langues étrangères
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Egen Ewing, « Studien zur merowingischen Dynastie », dans Frühmittelalterliche Studien, Jahrbuch des Instituts für Frühmittelalterforschung der Universität Münster, Berlin-New York, 1974, Modèle:Pp..
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Egen Ewing, « Die Namengebung bei den ältesten Frankenkönigen und im merowingischen Königshaus», dans Francia, 1991, 18/1, Modèle:Pp..
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Guy Halsall, « Nero and Herod ? The Death of Chilperic and Gregory's Writings of History », dans The World of Gregory of Tours, K. Mitchell and I. Wood ed., Leiden, Boston, Cologne, 2002, Modèle:P..
- Modèle:Article.
Articles connexes
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- Généalogie des Mérovingiens
- Liste des monarques de France
- Royaumes francs
- Souverains français enterrés hors de Saint-Denis