Jean de la Croix

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Modèle:Terme défini (en religion Jean de la Croix ou Juan de la Cruz), né le Modèle:Date de naissance à Fontiveros (Vieille-Castille, Espagne) et mort le Modèle:Date de décès au couvent d'Úbeda, est un prêtre carme, saint mystique, souvent appelé le « Réformateur » et Modèle:Citation. Ses écrits mystiques, toujours populaires, font qu'il fut déclaré Docteur de l'Église en 1926. Liturgiquement, il est commémoré le Modèle:Date-.

Né dans une famille aristocratique d'Espagne, il devient carme après ses études alors qu'il songeait à se faire ermite chez les chartreux. Thérèse d'Avila, réformatrice de l'ordre du Carmel, lui demande de prendre en charge l'ordre masculin du carmel. Il accepte et fonde l'ordre des Carmes déchaux. Il accompagne spirituellement les sœurs du Carmel, avant d'être enfermé par les autorités de l'ordre qui refusent sa réforme. Jean de la Croix fait alors l'expérience mystique qu'il appelle la « Nuit obscure » (Noche oscura). Il la décrit et développe tout au long de sa vie à travers des traités tels que La Montée du Carmel (Subida del Monte Carmelo), La Nuit obscure (Noche oscura), La Vive Flamme d'amour (Llama de amor viva), ou encore Le Cantique spirituel (Cántico espiritual). Il cherche à y témoigner du chemin des âmes vers Dieu. Après avoir été nommé prieur de divers couvents de carmes déchaussés, il finit par être mis au ban de sa communauté avant de mourir en décembre 1591.

Après sa mort, il est très vite considéré comme un saint et comme l'un des plus grands mystiques espagnols, au même titre que Thérèse d'Avila. L'Église catholique le béatifie en 1675 puis le canonise en 1726. Il est fêté le 14 décembre. Les querelles sur l'illuminisme conduisent cependant à remettre ses écrits en cause, mais la religieuse carmélite française Thérèse de Lisieux contribue fortement à promouvoir l'importance de sa doctrine. Il est proclamé « Docteur de l'Église » entre les deux guerres mondiales, le Modèle:Date.

Il est reconnu comme l'un des plus grands poètes du Siècle d'or espagnol. Il est depuis 1952 le saint patron des poètes espagnols. Certains philosophes s'appuient sur ses écrits pour conceptualiser le détachement.

Biographie

Enfance et études

Fichier:Valladolid Museo Diocesano y Catedralicio de Valladolid (05).JPG
Statue de Jean de la Croix au musée diocésain de Valladolid, en Espagne.

Gonzalo de Yepes et Catalina Álvarez ont déjà un premier fils, François, lorsque naît Jean en 1542 à Fontiveros en Vieille-Castille<ref group="Note">Certains historiens avancent l’année 1540.</ref>,<ref group="A" name="p.57">Modèle:P.57.</ref>. Le père, chevalier, appartient à la noblesse espagnoleModèle:Note. À la suite de son mariage, considéré comme une mésalliance<ref group="A" name="p.57"/>,<ref group="B" name="p.15">Modèle:P.15.</ref>,<ref group="C" name="p.56">Modèle:P.56.</ref>, avec Catalina Alvarez, une humble ouvrière, Gonzalo de Yepes a été non seulement déshérité, mais déclasséModèle:Note. Le couple vit du tissage, mais la situation économique est d'autant plus difficile que sévit la famine<ref group="B" name="p.16">Modèle:P.16.</ref>. Gonzalo de Yepes meurt dès 1545 et son frère Luis en 1547<ref group="A" name="p.57"/>. Ces décès affectent beaucoup le jeune Jean et le marqueront sa vie durant<ref group="C" name="p.56"/>. Les survivants connaissent alors l’exclusion, l’errance et la misère. Le manque d'argent conduit Catalina à confier Francisco, le frère aîné, à un oncle pendant un an avant de le lui reprendre à cause des maltraitances que subit l'enfant<ref group="B" name="p.18">Modèle:P.18.</ref>,<ref group="C" name="p.57">Modèle:P.57.</ref>.

Francisco la seconde alors dans son métier, et Jean, pour raison de pauvreté, est envoyé dans une école d'orphelins à l'âge de cinq ans<ref group="B" name="p.20">Modèle:P.20.</ref>. Il y aurait fait une expérience souvent racontée : il manqua de se noyer dans une lagune où il était tombé et y Modèle:Citation. Dans la dame, les hagiographes ont reconnu la Vierge Marie<ref group="B" name="p.20"/>.

En 1548, devant la famine et la sécheresse qui sévissent à Fontiveros, la famille décide de s'installer à Arévalo<ref group="C" name="p.57"/>. Francisco, le frère aîné, commence alors à avoir de mauvaises fréquentations, avant de rencontrer sa future femme, Ana<ref group="B" name="p.23">Modèle:P.23.</ref>. Il décide alors de venir en aide aux pauvres de la ville. Il les amène chez lui en hiver et, très vite, Jean découvre ainsi l'aide et le secours prodigués aux pauvres<ref group="B" name="p.23"/>. Tout au long de sa vie, Jean gardera une profonde amitié pour son frère, qui restera l'un de ses rares confidents<ref group="C" name="p.58">Modèle:P.58.</ref>,<ref group="Note">C'est à Francisco seulement que Jean confie l'une de ses expériences spirituelles survenue à Ségovie. Il affirme y avoir entendu une voix, qu'il attribue au Christ qui lui aurait fait part de sa volonté. Francisco a témoigné de cet épisode de la vie de son frère alors que Jean de la Croix était religieux carme.</ref>.

La situation familiale ne s'améliorant pas, Catalina décide, pour survivre, de déménager à Medina del Campo où elle trouve du travail comme tisserande. Dans un état de grande pauvreté, ils s'installent tous ensemble dans la même maison : Catalina, Francisco et sa femme Ana, ainsi que Jean<ref group="B" name="p.25">Modèle:P.25.</ref>,<ref group="C" name="p.58"/>.

Jean, parrainé par Rodrigo de Duenas, étudie au collège de la Doctrine chrétienne tenu par des frères. Il y apprend à lire, écrire, compter et prend connaissance de la doctrine chrétienne<ref group="B" name="p.26">Modèle:P.26.</ref>,<ref group="C" name="p.59">Modèle:P.59.</ref>. Il ne peut étudier qu'en échange de services rendus à la paroisse de la Madeleine tels le nettoyage de l'église, le service comme enfant de chœur, l'aide aux religieuses<ref group="B" name="p.26"/>,<ref group="C" name="p.59"/>. Jean se montre bon élève. Rodrigo de Duenas exige cependant que les enfants du collège apprennent un métier qui leur permette d'aider à subvenir aux besoins de leur famille<ref group="B" name="p.27">Modèle:P.27.</ref>. Jean s'essaie à plusieurs activités mais il ne se montre pas très habile et doit en changer plusieurs fois ; il est successivement charpentier, tailleur, sculpteur sur bois, puis peintre<ref group="A" name="p.60">Modèle:P.60.</ref>,<ref group="B" name="p.27"/>.

Sa mère l'envoie provisoirement au couvent de la pénitence où il est servant de messe. Un gentilhomme, Alvarez de Toledo, retiré du monde pour s'occuper des pauvres à l'hôpital de Medina del Campo, prend l'adolescent au service des indigents et comme infirmier à l'hôpital<ref group="A" name="p.60"/>,<ref group="B" name="p.29">Modèle:P.29.</ref>,<ref group="C" name="p.59"/>. Jean obtient finalement une licence pour suivre les cours du collège des jésuites de Medina del Campo, et y apprend la philosophie, la rhétorique, le latin et la grammaire, tout en poursuivant son travail à l’hôpital<ref group="A" name="p.61">Modèle:P.61.</ref>,<ref group="C" name="p.59"/>. Il se montre particulièrement doué pour les études<ref group="B" name="p.31">Modèle:P.31.</ref>.

Il vit encore chez ses parents avec son frère Francisco et Ana. Le couple a eu des enfants dont aucun n'a survécu, sans doute à cause de l'extrême misère ambiante. Jean qui a vu mourir deux des enfants de son frère en est profondément marqué<ref group="B" name="p.26"/>. Il reste dévoué aux pauvres, notamment aux mendiants, à la recherche de familles pour accueillir les orphelins<ref group="B" name="p.32">Modèle:P.32.</ref>.

Entrée au Carmel

À l'âge de 21 ans, Jean termine ses humanités ; il apprend les règles de la prosodie avec le père Bonifacio<ref group="A" name="p.63">Modèle:P.63.</ref>. Alvarez de Toledo et sa mère décident d'en faire le prochain chapelain de l'hôpital de Medina et, dans cet objectif, l'envoient parfaire ses études<ref group="A" name="p.64">Modèle:P.64.</ref>. Cependant Jean de Yepes avait eu maintes fois l'occasion de rencontrer des carmes. Il leur demande de l'accepter au sein de l'Ordre de Medina del Campo<ref group="B" name="p.34">Modèle:P.34.</ref>,<ref group="C" name="p.63">Modèle:P.63.</ref>. Le jeune homme intègre la communauté de Medina en 1563<ref group="A" name="p.64"/>,<ref group="C" name="p.63"/>. Il prend alors le nom de « Jean de Saint-Matthias », en référence à l'apôtre du même nom<ref group="C" name="p.63"/>. Il y découvre La règle de l'Ordre des frères et sœurs de Notre Dame du Mont Carmel ainsi que L'institution des premiers moines, deux œuvres qui fondent la spiritualité de l'ordre du Carmel<ref group="C" name="p.64">Modèle:P.64.</ref>. Il découvre aussi l'importance du renoncement dans la vie contemplative et mène une vie ascétique faite de pénitence<ref group="B" name="p.36">Modèle:P.36.</ref>,<ref group="C" name="p.64"/>. Un an plus tard, il prononce ses vœux perpétuels de pauvreté, d'obéissance, et de chasteté<ref group="B" name="p.36"/>. Le supérieur décide de l'envoyer poursuivre ses études au couvent Saint-André annexé à l'université de Salamanque, qui compte près de six mille étudiants, l'un des principaux foyers de réflexion du continent, l'une des quatre plus grandes universités d'Europe avec Paris, Oxford et Bologne<ref group="A" name="p.65">Modèle:P.65.</ref>,<ref group="B" name="p.37">Modèle:P.37.</ref>. L'université de Salamanque organise de nombreux débats, notamment autour de la modernité : la récente découverte et exploration de l'Amérique, la question de la place des pouvoirs du pape face au pouvoir temporel, par exemple<ref group="C" name="p.68">Modèle:P.68.</ref>.

De 1564 à 1568, Jean de Saint-Matthias étudie trois années durant la philosophie et la théologie morale de Thomas d'Aquin, devenu l'un de ses grands maîtres spirituels<ref group="A" name="p.65"/>. Il étudie aussi Aristote, Platon, et les écrits d'Augustin d'Hippone<ref group="C" name="p.67">Modèle:P.67.</ref>. Il poursuit sa quête incessante de pénitence, dormant sans matelas, portant le cilice et passant de nombreuses heures de la nuit en prière<ref group="B" name="p.44">Modèle:P.44.</ref>. Étudiant brillant, il devient préfet des études<ref group="A" name="p.68">Modèle:P.68.</ref>,<ref group="C" name="p.69">Modèle:P.69.</ref>. À la fin de son cursus à Salamanque, il rédige un mémoire dans lequel il soutient que la pratique du mysticisme, recherche du sensationnel, conduit à l'illuminisme, obstacle à la claire vision de la beauté de la contemplation<ref group="B" name="p.44"/>.

Cependant, Jean de Saint-Matthias a la certitude d'être investi par la présence divine<ref group="A" name="p.67">Modèle:P.67.</ref>,<ref group="C" name="p.69"/> et décide de consacrer sa vie à Dieu dans la voie contemplative. Il est d'abord persuadé que seul l'ordre religieux de la Chartreuse peut lui permettre de réaliser sa vocation<ref group="A" name="p.68"/>,<ref group="B" name="p.45">Modèle:P.45.</ref>. Il veut alors entrer à la Chartreuse de Ségovie<ref group="A" name="p.69">Modèle:P.69.</ref>. Ordonné prêtre en octobre 1567, il dit sa première messe en présence de sa mère Catherine et de son bienfaiteur Alvarez de Toledo<ref group="A" name="p.69"/>,<ref group="B" name="p.46">Modèle:P.46.</ref>,<ref group="C" name="p.71">Modèle:P.71.</ref>. Au cours de l'office, affirme-t-il, il a obtenu une grâce spéciale que la théologie appelle la Modèle:Citation, c'est-à-dire la certitude qu'il n'offenserait jamais Dieu. Cette révélation était d'autant plus importante qu'il était très souvent tourmenté par la peur de l'offenser gravement<ref group="C" name="p.70">Modèle:P.70.</ref>.

Fondation des carmes déchaussés avec Thérèse d'Avila

Fichier:S. Juan de la Cruz y Santa Teresa.JPG
Statues représentant Jean de la Croix et Thérèse d'Avila.

Au moment où Jean entre dans les ordres, Thérèse d'Avila réforme le Carmel, qui devient le « carmel déchaussé » (le nom « déchaussé » vient du fait que les carmélites ne portent plus de chaussures mais des sandales)<ref group="B" name="p.48">Modèle:P.48.</ref>. Elle souhaite y fonder une branche masculine. Elle a déjà obtenu l'autorisation du supérieur des carmes, Rubeo de Ravenna, de la constituer<ref group="B" name="p.48"/>. Elle cherche alors des volontaires pour entrer dans la nouvelle congrégation. Antoine de Heredia accepte la nouvelle règle mais Thérèse d'Avila lui demande de patienter un an afin de discerner s'il a la ferme volonté de fonder la branche masculine du carmel déchaussé<ref group="B" name="p.49">Modèle:P.49.</ref>,<ref group="C" name="p.71"/>. Alors qu'elle arrive à Medina del Campo, elle entend parler de Jean de Saint-Matthias, frère carme chaussé qui mène une vie d'ascèse et de pénitence<ref group="B" name="p.52">Modèle:P.52.</ref>. Thérèse d'Avila décide de le rencontrer et pour cela assiste à sa première messe<ref group="A" name="p.70">Modèle:P.70.</ref>,<ref group="B" name="p.53">Modèle:P.53.</ref>.

Elle a alors un long entretien avec Jean de Saint-Mathias au cours duquel elle lui fait part de sa volonté de réformer l'ordre. Elle lui demande son aide pour diriger la réforme de l'ordre masculin des carmes déchaussés<ref group="A" name="p.70"/>,<ref group="B" name="p.53"/>. L'objectif de cette réforme est de retourner aux pratiques primitives de l’Ordre. Jean accepte et renonce à devenir chartreux<ref group="C" name="p.71"/>. Thérèse d'Avila lui demande toutefois de poursuivre ses études avant de commencer l'entreprise, en attendant l'autorisation des supérieurs ; il retourne donc à l'université de Salamanque pour achever sa formation<ref group="A" name="p.74">Modèle:P.74.</ref>,<ref group="B" name="p.53"/>,<ref group="C" name="p.71"/>.

Pendant ce temps, Thérèse d'Avila fonde un nouveau couvent réformé à Valladolid. Elle reçoit en don une maison destinée à devenir le nouveau carmel de Duruelo<ref group="A" name="p.74"/>,<ref group="B" name="p.55">Modèle:P.55.</ref>. Elle décide d'y implanter le premier couvent des carmes déchaussés. Un an après leur première rencontre, en septembre 1568, Jean se rend à Valladolid accompagné de deux autres carmes, Joseph et Antonio. L'objectif du voyage est de juger sur place la réforme avant de partir pour Duruelo<ref group="A" name="p.75">Modèle:P.75.</ref>,<ref group="C" name="p.74">Modèle:P.74.</ref>. Thérèse d'Avila décrit alors Jean de manière élogieuse : Modèle:Citation.

Fichier:Pietro Novelli Our Lady of Carmel and Saints.JPG
Représentation de la Vierge du Carmel avec les fondateurs du Carmel : Thérèse d'Avila, Jean de la Croix et Anne de Jésus.

Duruelo : Bethléem des carmes déchaux

La maison de Duruelo, offerte à Thérèse d'Avila pour sa fondation<ref group="C" name="p.75">Modèle:P.75.</ref> est un lieu modeste que la religieuse surnomme « Duruelo Bethléem », en référence au lieu de naissance de Jésus-Christ<ref group="C" name="p.75"/>.

Arrivée à Duruelo, le Modèle:Date, Jean de Saint-Matthias prend alors le nom de « Jean de la Croix », qu'il gardera jusqu'à sa mort<ref group="B" name="p.58">Modèle:P.58.</ref>,<ref group="C" name="p.75" />. Il s'y installe avec deux autres compagnons et porte l'habit de carme confectionné par Thérèse d'Avila : une bure retenue par une ceinture, le scapulaire de l'Ordre et un court manteau blanc<ref group="A" name="p.76">Modèle:P.76.</ref>. Ils promettent de vivre selon la règle des carmes non réformés qui date du pape Innocent IV<ref group="C" name="p.75" />.

Jean travaille avec acharnement à des ouvrages de maçonnerie en vue de préparer le premier couvent des carmes déchaussés<ref group="B" name="p.61">Modèle:P.61.</ref>. Ses compagnons et lui prêchent aux alentours menant une vie très simple et très sobre<ref group="C" name="p.76">Modèle:P.76.</ref>.

Les premières années à Duruelo sont marquées par une radicalité importante : Jean de la Croix part évangéliser pieds nus, et parfois malgré la neige. Il prêche et prie la nuit, dormant très peu et dans des conditions très précaires, la maison n'étant pas très bien isolée du froid<ref group="A" name="p.76" />.

De plus, Jean de la Croix pratique une vie intense de mortification : il porte le cilice et s'impose différents autres types de pénitences physiques comme le jeûne. Il justifie cette dureté par la nécessité de rétablir en lui l'ordre détruit par le péché, mais aussi afin de faire réparation pour les autres<ref group="A" name="p.77">Modèle:P.77.</ref>,<ref group="B" name="p.70">Modèle:P.70.</ref>. Thérèse d'Avila cherche à modérer ce qu'elle considère comme un excès de pénitence qu'elle juge trop lourd à porter<ref group="B" name="p.70" />.

Pendant qu'un nouveau carmel déchaussé est fondé à Pastrana — celui de Duruelo étant trop petit<ref group="A" name="p.81">Modèle:P.81.</ref>,<ref group="B" name="p.70" />,<ref group="C" name="p.76" /> — ces pratiques extrêmes commencent bien vite à poser problème : les novices à présent nombreux tentent de se démarquer par l'imitation de Jean de la Croix. Il est alors envoyé à Pastrana, où il demande qu'on se limite, dans les pratiques d'austérité, aux seules exigences de la règle du Carmel<ref group="A" name="p.81" />.

Il a compris le danger des excès de pénitence et dénoncera, dans La Nuit obscure (Noche oscura), les débordements de ses débuts, affirmant : Modèle:Citation. La fondation de Pastrana attire de nombreuses recrues. Jean de la Croix fonde également un carmel à Mancera.

Le Modèle:Date-, alors âgé de 28 ans, il est nommé recteur du Collège que la réforme fonde à Alcala de Henares. Cette charge ne l'écarte pas de ses études de théologie qu'il poursuit tout en enseignant aux carmes déchaussés<ref group="A" name="p.82">Modèle:P.82.</ref>,<ref group="C" name="p.77">Modèle:P.77.</ref>. Une rumeur circule selon laquelle Jean exigerait trop d'austérité à ses novices, leur demandant de maintenir la règle de l'ordre (i.e. déchaussé) tout en étudiant (Modèle:Citation). Il est encouragé dans ses démarches lors de la visite d'un dominicain <ref group="B" name="p.76">Modèle:P.76.</ref>. Jean partira toutefois pour Pastrana pour modérer les pénitences qui y sont pratiquées<ref group="C" name="p.78">Modèle:P.78.</ref>. Il fera également en sorte que les novices n'aient plus qu'un directeur spirituel pour les suivre et les accompagner en continu. C'est à partir de ce moment que Jean est considéré comme le maître de la réforme<ref group="B" name="p.77">Modèle:P.77.</ref>.

Accompagnateur des carmélites d'Avila

Fichier:Zurbarán (atribuido)-John of the Cross-1656.jpg
Portrait de Jean de la Croix, par Zurbarán.

En 1571, un visiteur apostolique (membre de l'Église envoyé par le pape) nomme Thérèse d'Avila prieure du monastère de la Visitation d'Avila, le grand couvent où elle était entrée à vingt ans pour y conduire sa réforme du carmel déchaussé<ref group="A" name="p.82"/>,<ref group="B" name="p.80">Modèle:P.80.</ref>,<ref group="C" name="p.78"/>. En 1572, elle fait venir Jean de la Croix et le nomme directeur spirituel des religieuses, avec un autre carme déchaussé<ref group="A" name="p.82"/>,<ref group="B" name="p.80"/>.

Pendant trois ans, Jean de la Croix va vivre dans une profonde solitude et va accompagner spirituellement les 130 religieuses du couvent carmélite d'Avila<ref group="B" name="p.84">Modèle:P.84.</ref>,<ref group="C" name="p.79">Modèle:P.79.</ref>. Son accompagnement est d'une grande aide dans l'instauration de la nouvelle règle du Carmel, et il est très vite apprécié par les carmélites. Anne de Jésus affirme :

Modèle:Citation. L'accompagnement spirituel de Jean de la Croix a sans doute un grand impact sur Thérèse d'Avila qui commence à écrire ses principaux chefs-d'œuvre et prières, dont la célèbre Modèle:Citation.

Jean de la Croix vit seul dans une maison aux abords du couvent. Il n'a de contact avec le monde que quand il va chez les religieuses pour des directions spirituelles<ref group="A" name="p.82" />.

Très vite, il acquiert une réputation de sainteté à Avila même, et il commence à développer sa doctrine spirituelle, notamment en écrivant, sur de petits billets qu'il laisse à certaines sœurs, des phrases pour les encourager<ref group="B" name="p.92">Modèle:P.92.</ref>. Il y pousse les religieuses à se détacher des choses du monde, arguant que Modèle:Citation. Il affirme ailleurs que : Modèle:Citation. Il encourage ceux qui souffrent : Modèle:Citation.

Pour Jean, le silence est un moyen d'accéder à Dieu puisqu'il permet de limiter l'expérience des sens et réduit les activités désordonnées de l'intelligence. Il affirme : Modèle:Citation. Jean fuit toute lecture qui n'est pas la Bible, et évite les sentiments pour n'éprouver plus que la foi pure<ref group="A" name="p.85">Modèle:P.85.</ref>. C'est à travers cette recherche qu'il découvre l'expérience de ce qu'il appelle la « nuit de la foi<ref group="A" name="p.86">Modèle:P.86.</ref> ».

Dans cette quête du Divin, il expérimente une souffrance intérieure qu'il interprète comme une conséquence du péché : les facultés humaines ne sont pas adaptées, selon lui, à la découverte de Dieu<ref group="A" name="p.88">Modèle:P.88.</ref>. Il compare alors cette souffrance à celles décrites dans les Évangiles lors de la Passion du Christ<ref group="A" name="p.87">Modèle:P.87.</ref>. L'enseignement de Jean de la Croix influence beaucoup Thérèse d'Avila, qui écrit l'une de ses principales œuvres, le Château intérieur après avoir reçu son accompagnement<ref group="B" name="p.96">Modèle:P.96.</ref>.

En 1574, Thérèse d'Avila fonde un nouveau carmel à Ségovie et elle demande à Jean de la Croix de l'accompagner dans cette nouvelle institution<ref group="B" name="p.101">Modèle:P.101.</ref>. Un jour de 1575, dans le couvent de l'Incarnation, Jean de la Croix a une vision du Christ en croix, qu'il représente « vu d'en haut ». Ce dessin inspire plus tard le peintre Salvador Dalí qui peint en 1951 Le Christ de saint Jean de la Croix<ref>Modèle:Lien web.</ref>)<ref group="B" name="p.103">Modèle:P.103.</ref>,<ref group="C" name="p.80">Modèle:P.80.</ref>.

Cette vision conduit Jean de la Croix à approfondir ses méditations sur la souffrance du Christ, dont il écrit dans La Montée du Carmel (Subida del Monte Carmelo) : Modèle:Citation.

Prisonnier à Tolède

Modèle:Article détaillé

Les années 1576 et 1577 marquent des changements importants pour la réforme du Carmel déchaussé. Jean de la Croix bénéficie de la faveur du roi Phiippe II d'Epagne, de la protection du nonce Ormaneto et de celle des visiteurs apostoliques<ref group="A" name="p.30">Modèle:P.30.</ref>. Cependant, le père Rubeo, membre des carmes chaussés, incite des religieux de son ordre, qui mettent en application la réforme du Carmel, à revendiquer une plus grande indépendance<ref group="A" name="p.90">Modèle:P.90.</ref>. Ces bruits s'amplifient et conduisent à de profondes divisions. Un chapitre des Carmes chaussés décide alors de son arrestation temporaire en 1576 à Medina del Campo. Il est cependant très vite relâché.

Les carmes chaussés cherchent alors à anéantir la réforme des déchaussés. Le Modèle:Date, meurt le nonce Ormaneto, représentant du pape en Espagne et favorable à la réforme<ref group="B" name="p.104">Modèle:P.104.</ref>. Un chapitre général de l'Ordre, qui réunit tous les supérieurs de l'Ordre des Carmes, se tient à Plaisance en Italie. Il décide de déclarer rebelles les Carmes déchaussés, et accuse Jean de la Croix d'être le meneur de la rébellion<ref group="A" name="p.90" />. Ils cherchent à faire exclure Thérèse d'Avila du couvent des carmélites déchaussées, et, pour cela, ils conduisent à l'élection d'une nouvelle supérieure avant de faire exclure Jean de la Croix<ref group="B" name="p.106">Modèle:P.106.</ref>.

Fichier:En una noche oscura.jpg
Extrait du poème La Nuit obscure faisant mention de la fuite par l'escalier secret (plaque commémorative de la fondation du carmel à Tolède).

Dans la nuit du Modèle:Date, Jean de la Croix est fait prisonnier par une troupe armée, dirigée par le Père Moldonado, opposant à la réforme des carmes déchaussés. Il est emmené de manière secrète à Tolède puis retenu dans un cachot du couvent des carmes chaussés<ref group="A" name="p.90"/>,<ref group="B" name="p.106"/>,<ref group="C" name="p.39">Modèle:P.39.</ref>. On lui demande d'abjurer et de renoncer à la réforme du carmel, ce qu'il refuse<ref group="C" name="p.39"/>.

Cette arrestation marque un changement important dans la vie de Jean de la Croix : il souffre physiquement. En effet, le cachot ne permet de voir le jour que par le toit ; le régime punitif de cette réclusion est proche de celui d'un jeune forçat ; il doit affronter de fortes chaleurs et il reçoit aussi des coups de la part des geôliers qui le considèrent comme un rebelle<ref group="A" name="p.91">Modèle:P.91.</ref>,<ref group="C" name="p.40">Modèle:P.40.</ref>. La souffrance est aussi psychologique : on l'exhorte à quitter la réforme et il ne reçoit aucune nouvelle de l'extérieur<ref group="A" name="p.91" />. De plus, au début de son incarcération, on lui refuse tout accès à la Bible ou à aucun livre<ref group="C" name="p.42">Modèle:P.42.</ref>.

Dans sa foi, Jean de la Croix souffre de ce qu'il définit comme la Modèle:Citation: un abandon apparent de Dieu et de toute son œuvre<ref group="A" name="p.92">Modèle:P.92.</ref>. Cette période est cependant l'une des plus intenses de sa vie spirituelle ; il parvient après plusieurs mois à avoir du papier et rédige ses poèmes, dont Le Cantique spirituel (Cántico espiritual)<ref group="A" name="p.93">Modèle:P.93.</ref>,<ref group="C" name="p.43">Modèle:P.43.</ref>. Son passage en prison est Modèle:Citation selon Dominique Poirot<ref>Dominique Poirot, Vie de Jean de la Croix, Éd. du Cerf, 2004, Modèle:P.83.</ref>.

Jean de la Croix va rester huit mois à Tolède, dans des conditions très difficiles : chaque semaine, il est fouetté et insulté pour vouloir poursuivre la réforme déchaussée<ref group="B" name="p.114">Modèle:P.114.</ref>.

Il parvient toutefois à s'échapper mystérieusement le Modèle:Date<ref group="A" name="p.93" />,<ref group="B" name="p.120">Modèle:P.120.</ref>. Il entreprend d'écrire de nouveaux poèmes<ref group="B" name="p.125">Modèle:P.125.</ref>. Épuisé, il reste caché pendant deux mois chez les sœurs déchaussées de Tolède, où il réécrit Le Cantique Spirituel qu'il avait appris par cœur<ref group="B" name="p.126">Modèle:P.126.</ref>. Il participe alors à un chapitre des carmes déchaussés qui demande la séparation officielle de cette nouvelle branche de l'ordre<ref group="B" name="p.131">Modèle:P.131.</ref>,<ref group="C" name="p.46">Modèle:P.46.</ref>. Cette décision conduit à un renforcement de l'opposition des carmes chaussés, ce qui entraîne l'excommunication de Jean de la Croix<ref group="B" name="p.134">Modèle:P.134.</ref>.

Pour tenter d’apaiser la situation, les frères de la Réforme l’envoient à Jaén dans le sud de l’Espagne. Il accompagne aussi Thérèse dans ses dernières fondations. Il fonde, près de l’université de Baeza, un collège carmélitain pour les jeunes étudiants de la Réforme<ref group="C" name="p.44">Modèle:P.44.</ref>.

Chantre de l'amour

Fichier:Altar San Juan de la Cruz iglesia de los Descalzos (Écija).JPG
Autel consacré à Jean de la Croix dans l'église de Modèle:Langue à Écija.

Après son incarcération à la prison de Tolède, les tensions entre les carmes poussent Jean de la Croix à s'installer dans le couvent du Calvario, dans les montagnes de la Modèle:Langue en Andalousie<ref group="A" name="p.95">Modèle:P.95.</ref>,<ref group="C" name="p.46"/>. Il part en novembre 1578. Sur la route du couvent du Calvario, il passe par Modèle:Langue et y rencontre la supérieure du carmel déchaussé, Anne de Jésus ; il y récite son Cantique spirituel<ref group="A" name="p.95"/>,<ref group="B" name="p.137">Modèle:P.137.</ref>,<ref group="C" name="p.47">Modèle:P.47.</ref>. Jean de la Croix contribue à diminuer les pénitences des trente carmes présents, même s'il en maintient la rigueur<ref group="B" name="p.139">Modèle:P.139.</ref>,<ref group="C" name="p.48">Modèle:P.48.</ref>. Il continue d'écrire des poèmes et passe de longs moments en méditation<ref group="B" name="p.142">Modèle:P.142.</ref>.

Du couvent du Calvario Jean de la Croix descend régulièrement au couvent du carmel déchaussé de Beas de Segura. Il s'y est lié, dans une relation étroite, avec Anne de Jésus<ref group="A" name="p.112">Modèle:P.112.</ref> et Madeleine du Saint-Esprit. Il devient le directeur spirituel des carmélites et leur écrit des billets ou des vers pour les aider dans leur vie spirituelle<ref group="B" name="p.146">Modèle:P.146.</ref>.

Cette production spirituelle et littéraire a été réunie sous le titre Paroles de lumière et d'amour<ref group="B" name="p.146" />. Sur la demande d'Anne de Jésus, Jean de la Croix écrit aussi un commentaire sur le Cantique spirituel qu'il a dicté<ref group="A" name="p.112" />. Les membres de l'université de Baeza lui demandent de devenir recteur, ce qu'il accepte<ref group="A" name="p.113">Modèle:P.113.</ref>.

Afin d'accompagner les carmélites, il dessine le croquis de la montée du Carmel, dans lequel il montre le chemin pour parvenir à l'union à Dieu<ref group="B" name="p.149">Modèle:P.149.</ref>. Le dessin montre différents itinéraires pour s'unir à Dieu, comme ceux de l'imagination, de l'intelligence ou de la volonté. Tous ces chemins ne mènent cependant pas à Dieu et le seul et ultime moyen est le Modèle:Citation : Jean de la Croix prône un détachement intégral comme le fera plus tard sainte Thérèse de Lisieux. Au bas du croquis, il joint un poème dans lequel il affirme : Modèle:Citation. Ce dessin de Jean de la Croix lui inspire plus tard un ouvrage : La Montée du Carmel<ref group="B" name="p.151">Modèle:P.151.</ref>.

Jean quitte le monastère de Calvario pour fonder un nouveau couvent carme à Baeza. Il en achève la construction le Modèle:Date<ref group="B" name="p.160">Modèle:P.160.</ref>,<ref group="C" name="p.49">Modèle:P.49.</ref>. Baeza est une ville universitaire importante. Jean de la Croix y donne des cours aux carmes, et continue à écrire des poèmes et des réflexions<ref group="C" name="p.50">Modèle:P.50.</ref>. Il retourne souvent à Béas afin d'accompagner les carmélites<ref group="B" name="p.169">Modèle:P.169.</ref>,<ref group="C" name="p.50"/>. Au début de 1579, la région est victime de la peste. Jean de la Croix soigne alors les malades, recherche de la nourriture, et visite les souffrants. La mère de Jean de la Croix, Catalina, meurt au cours de l'épidémie<ref group="B" name="p.170">Modèle:P.170.</ref>,<ref group="C" name="p.51">Modèle:P.51.</ref>.

Le Modèle:Date marque une date importante pour le nouvel ordre du carmel : le pape Grégoire XIII signe le décret de séparation dénommé Modèle:Citation étrangère qui conduit à la distinction entre carmes chaussés et déchaussés<ref group="B" name="p.174">Modèle:P.174.</ref>,<ref group="C" name="p.51"/>. Le dominicain Juan de las Cuevas est nommé pour faire exécuter les décisions<ref group="B" name="p.175">Modèle:P.175.</ref>. Un chapitre réunit alors tous les supérieurs des Carmes le Modèle:Date à Alcala de Henares, où est donnée une fête splendide <ref group="C" name="p.51"/>.

Les principales décisions de l'ordre sont prises : Jean de la Croix est réélu et il rédige les constitutions<ref group="C" name="p.52">Modèle:P.52.</ref>. Le chapitre décide aussi d’envoyer des religieux en mission au Congo. Il use de son influence, afin que les supérieurs des carmes participent aux tâches les plus simples<ref group="B" name="p.176">Modèle:P.176.</ref>. Jean écrit à une sœur sa souffrance d’être séparé de Thérèse d'Avila : Modèle:Citation Le nouveau vicaire veut éloigner Jean de la Croix et l’envoie fonder un nouveau monastère à Grenade<ref group="B" name="p.177" />.

Fichier:A San Juan de la Cruz (detalle).jpg
Bronze de Rafael Pi Belda à Caravaca de la Cruz (Murcie).

Grenade

Jean de la Croix rencontre Thérèse d'Avila une dernière fois. Elle lui demande de fonder, avec Anne de Jésus, un nouveau monastère à Grenade<ref group="B" name="p.181">Modèle:P.181.</ref>. Tous deux s'y rendent, et ils y sont alors accueillis par Dona Ana en 1582<ref group="B" name="p.182">Modèle:P.182.</ref>. Le supérieur de la province du Carmel de Grenade est Diego de la Trinidad.

Jean de la Croix, maçon et jardinier, construit un nouveau monastère avec quelques frères. Il reçoit l’aide de son frère Francisco de Yepes<ref group="B" name="p.186">Modèle:P.186.</ref>. Jean de la Croix, lors de ses directions spirituelles, montre l'importance qu'il attache à ces directions au cas par cas, agissant avec délicatesse : Modèle:Citation.

En tant que supérieur, il se montre ferme mais doux : Modèle:Citation.

Pendant le priorat d'Anne de Jésus à Grenade, il est supérieur du couvent de la même ville. On l'appelle aussi couvent de Los Martires (« couvent des martyrs<ref name=Cristiani>Léon Cristiani, Saint Jean de la Croix: prince de la mystique (1542-1591), Éditions France-Empire, 1960, Modèle:P.207-208.</ref> »). En tant que directeur spirituel des religieuses<ref group="B" name="p.194">Modèle:P.194.</ref>, il permet l’entrée de postulantes sans dot, dont Marie de la Croix<ref group="B" name="p.194"/>. Sa santé s'affaiblit cependant<ref group="B" name="p.195">Modèle:P.195.</ref>. Il poursuit ses directions avec certaines personnes, en écrivant des lettres dans lesquelles il encourage à vivre un détachement complet : Modèle:Citation

Il apprend la mort de Thérèse d'Avila survenue en octobre 1582. Victime de critiques et de calomnies, il est le sujet d'un nouveau chapitre réuni en 1583 à Almodóvar, organisé par le supérieur le Père Gratien<ref group="B" name="p.199">Modèle:P.199.</ref>. Jean de la Croix est maintenu supérieur de Grenade<ref group="B" name="p.201">Modèle:P.201.</ref>.

Écrivain

En 1583, en revenant du chapitre d'Almodovar, Jean de la Croix retourne auprès des carmélites avec Anne de Jésus pour effectuer des directions spirituelles. Il aide alors les religieuses en leur prodiguant des billets et des petits traités comme : Les Propriétés du passereau solitaire, Les Précautions, Les Dits de lumière et d'amour dans lesquels il explique sa doctrine<ref group="B" name="p.147">Modèle:P.147.</ref>. Or Anne de Jésus lui demande une explication aux poèmes qu'il a écrits en sortant de sa prison de Tolède<ref group="B" name="p.202">Modèle:P.202.</ref>. Après un refus, Jean de la Croix décide finalement d'écrire une explication de son poème, après avoir mis en garde contre la difficulté d'expliquer ses écrits, qu'il dit inspirés par l'Esprit-Saint ; il écrit une explication de chaque strophe, le tout donnant naissance à ses traités spirituels tels : la Montée du Carmel et La Nuit obscure, dans lesquels il décrit les étapes de l'ascension de l'âme vers Dieu<ref group="A" name="p.113"/>,<ref group="B" name="p.202"/>,<ref group="A" name="p.117">Modèle:P.117.</ref>.

Ces deux traités tentent de décrire les actions de Dieu et tracent les contours de la théologie de Jean de la Croix : Modèle:Citation

Dans son ouvrage La Montée du Carmel, il développe son croquis représentant sa montée du Mont Carmel. Il montre que les différents chemins qui mènent à Dieu sont : l'intelligence, l'imagination, la volonté, etc. Modèle:Citation, Dieu élève l'âme Modèle:Citation. Cependant, l'âme doit se détacher de tout pour parvenir à la véritable union à Dieu : Modèle:Citation.

Jean de la Croix parcourt la région afin de fonder de nouveaux monastères. Toujours accompagné d’un frère laïc, à dos d’âne ordinairement, il voyage beaucoup pour encourager les nouveaux couvents de frères et de moniales. Il continue à écrire ses traités.

Quelque temps plus tard, à la demande d'une de ses filles spirituelles, il écrit La Vive Flamme d'amour (Llama de amor viva), en quinze jours, traité précisant sa doctrine spirituelle<ref group="A" name="p.114">Modèle:P.114.</ref>,<ref group="B" name="p.210">Modèle:P.210.</ref>. Dans cet ouvrage, Jean de la Croix affirme que Dieu est au centre de l'âme, en son lieu le plus profond. Il parle de la présence et de l'union de l'âme à Dieu en la comparant à un feu intérieur (d'où le titre de son ouvrage)<ref group="B" name="p.211">Modèle:P.211.</ref>. Là encore Jean de la Croix affirme que l'union à Dieu doit passer par une purification douloureuse. Afin de parvenir à cette union, il prend appui sur l'expérience de la transverbération de Thérèse d'Avila pour décrire cette intimité<ref group="B" name="p.214">Modèle:P.214.</ref>.

Charges et réformes

En 1585, devant l'importance du nouvel ordre religieux des carmes déchaussés (plus de 500 personnes y sont alors entrées<ref group="B" name="p.221">Modèle:P.221.</ref>), un chapitre est convoqué au Portugal<ref group="B" name="p.221"/>. Jean de la Croix fonde un couvent à Malaga et un autre chapitre est convoqué à Pastrana le Modèle:Date<ref group="B" name="p.222">Modèle:P.222.</ref>. Le chapitre vote le transfert des restes de Thérèse d'Avila au couvent de l'Incarnation à Avila<ref group="B" name="p.224">Modèle:P.224.</ref>. Jean de la Croix n'est plus le prieur de Grenade, mais devient le vicaire provincial d'Andalousie (le responsable des carmes dans toute la province)<ref group="B" name="p.224"/>.

Jean de la Croix voyage alors beaucoup. Il visite les nombreux couvents carmes d'Andalousie, il donne des conseils sur la conduite des frères<ref group="B" name="p.231">Modèle:P.231.</ref>. Il fonde une nouvelle institution à Ségovie<ref group="B" name="p.230">Modèle:P.230.</ref>. Cependant, la santé de Jean de la Croix se montre fragile et il doit s'arrêter à Guadalcázar, où il tombe malade<ref group="B" name="p.231"/>.

En 1586, Doria, le supérieur des carmes décide de convoquer un nouveau chapitre à Madrid pour le Modèle:Date-<ref group="B" name="p.233">Modèle:P.233.</ref>. Jean de la Croix part pour Madrid et est accompagné par Anne de Jésus qui doit fonder un carmel dans la région de cette ville<ref group="B" name="p.233"/>. Au cours du chapitre, il est décidé de publier les œuvres de Thérèse d'Avila, ainsi que le passage sur l'unification du rite romain au sein des carmes déchaussés<ref group="B" name="p.233"/>.

Il retourne en Andalousie où il rencontre la carmélite Marina de San Angelo et parle avec elle de l'oraison. Il lui démontre l'importance de l'examen de conscience afin de rechercher tout ce qui peut nous séparer de Dieu<ref group="B" name="p.234">Modèle:P.234.</ref>. Lors de ce retour, il confie néanmoins sa souffrance du fait que ses avis ne sont jamais écoutés et suivis dans les décisions des chapitres<ref group="B" name="p.235">Modèle:P.235.</ref>.

Le Modèle:Date il Modèle:Quoi et repart à Beas<ref group="B" name="p.237">Modèle:P.237.</ref>. Doria convoque alors de nouveau un chapitre pour avril 1587 à Valladolid<ref group="B" name="p.237"/>. Jean de la Croix est dispensé de toutes ses charges sauf celle de prieur de Grenade. Le Modèle:Date, le pape Sixte Quint érige l'ordre des carmes déchaussés en congrégation à part entière<ref group="B" name="p.238">Modèle:P.238.</ref>.

Fichier:Josefa visao de s.joao cruz.jpg
Vision de Jean de la Croix, de Josefa de Óbidos, 1673, à la Santa Casa de Misericórdia, Figueiró dos Vinhos, Portugal.

Prieur à Ségovie

Jean de la Croix, prieur de Ségovie<ref group="B" name="p.239">Modèle:P.239.</ref>,<ref group="A" name="p.127">Modèle:P.127.</ref>,<ref group="C" name="p.86">Modèle:P.86.</ref>, devient alors l'un des consultateurs de l'ordre. Il fonde un monastère dans la ville, avec Doña Ana, celle qui a reçu le livre La Vive Flamme d'amour, et qui finance l'institution religieuse<ref group="B" name="p.241">Modèle:P.241.</ref>,<ref group="C" name="p.86"/>. Jean de la Croix s'occupe alors des nombreuses demandes de la Modèle:Langue, organe dirigeant des carmes, et passe de longs moments à prier<ref group="B" name="p.244">Modèle:P.244.</ref>,<ref group="C" name="p.87">Modèle:P.87.</ref>. Des rumeurs et des critiques s'élèvent mais il refuse de changer de comportement ou d'adopter une attitude méfiante vis-à-vis de certaines personnes : Modèle:Citation dit-il, plutôt que de perdre sa pureté de cœur.

Lors d'une de ses oraisons, il contemple un tableau de Jésus crucifié quand il affirme entendre une voix qui lui demande : Modèle:Citation. Il répond alors ne vouloir rien d'autre que Modèle:Citation. Il affirme d'ailleurs dans son commentaire du Cantique spirituel que Modèle:Citation ; critiquant ceux qui refusent la souffrance, il dit : Modèle:Citation.

Dans le même temps, les carmélites demandent à Doria de le prendre comme directeur spirituel, ce qui vexe les supérieurs des carmes<ref group="B" name="p.251">Modèle:P.251.</ref>. Un nouveau chapitre est convoqué le Modèle:Date<ref group="B" name="p.251"/>. Jean de la Croix n'a alors plus aucune charge au sein des carmes, ce qui l'empêche d'avoir un rôle spirituel auprès des carmélites<ref group="B" name="p.252">Modèle:P.252.</ref>. Il donne ses derniers conseils aux religieuses dans une lettre : Modèle:Citation.

Calomnies et mort de Jean de la Croix

Fichier:Sepulcro-de-san-juan-de-la-cruz-02.jpg
Sépulture de Jean de la Croix au Carmel de Ségovie.

Alors qu’il a été présent au départ de la réforme et qu’il a assumé différentes responsabilités, excepté celle de supérieur provincial, il finit par être marginalisé de nouveau en 1591, lors du chapitre général des carmes déchaussés<ref group="A" name="p.135">Modèle:P.135.</ref>,<ref group="C" name="p.88"/>. Le chapitre général veut l’envoyer fonder des communautés au Mexique avant de réduire son statut à celui de simple religieux. Il est d'abord envoyé au couvent de La Peñuela en Andalousie<ref group="A" name="p.135"/>.

Il se réjouit cependant de cette exclusion dans laquelle il voit une similitude avec Jésus-Christ lors d'une lettre à Anne de Jésus : Modèle:Citation.

Il retourne en Andalousie à l'automne, à La Peñuela, où il devient simple carme<ref group="B" name="p.254">Modèle:P.254.</ref>. Diego Evangelista, un carme qui voue une haine féroce à Jean de la Croix, profite de ses pouvoirs donnés au chapitre pour mener une enquête contre lui<ref group="B" name="p.254"/>. Il détourne des témoignages et veut le décrire comme un « coureur de bures », essayant de discréditer le mystique<ref group="B" name="p.257">Modèle:P.257.</ref>,<ref group="A" name="p.136"/>.

Jean de la Croix tombe malade le Modèle:Date, victime d'un érysipèle. Il est porteur d’une fièvre qui ne le quitte plus et il ne peut pas rester dans le petit couvent de La Peñuela<ref group="A" name="p.135"/>,<ref group="C" name="p.89">Modèle:P.89.</ref>. Le Modèle:Date-, il est envoyé dans le couvent le plus proche, à Úbeda, pour s’y faire soigner, mais il y est reçu avec beaucoup de méfiance par le supérieur Francisco Crisostomo qui n'a pas apprécié les reproches que lui a faits son hôte, lors d'une visite, lui reprochant sa conduite arrogante envers les novices<ref group="A" name="p.136">Modèle:P.136.</ref>,<ref group="B" name="p.261">Modèle:P.261.</ref>. De plus, il ne reçoit pas de dispense spéciale alors que sa maladie empire.

Le médecin coupe les morceaux de chairs infectés, et devant les dons qui affluent pour Jean de la Croix, considéré par les villageois comme un saint, le prieur décide de lui interdire toute visite<ref group="B" name="p.263">Modèle:P.263.</ref>. La maladie empire et les soins du médecin sont très douloureux : coups de bistouri, incisions du talon, le long du tibia, cautérisation au fer rouge… Ils ne permettent cependant pas de limiter les abcès et Jean de la Croix affirme au père Antoine qui l'accompagne être submergé par la souffrance<ref group="A" name="p.137">Modèle:P.137.</ref>,<ref group="B" name="p.264">Modèle:P.264.</ref>,<ref group="C" name="p.91">Modèle:P.91.</ref>.

La maladie se poursuit mais Jean de la Croix confie au père Antoine être de plus en plus paisible<ref group="A" name="p.140">Modèle:P.140.</ref>. Le médecin lui annonce le Modèle:Date- que sa mort est proche ; Jean de la Croix se confesse et demande pardon à sa communauté<ref group="B" name="p.264"/>. Le Modèle:Date-, il demande qu'on lui lise le Cantique des Cantiques<ref group="A" name="p.141">Modèle:P.141.</ref>. Il meurt dans la nuit du 13 au Modèle:Date<ref group="A" name="p.143">Modèle:P.143.</ref>. Doña Ana obtient très vite que son corps soit transféré à Ségovie, où elle demeure<ref group="B" name="p.266">Modèle:P.266.</ref>.

Héritage

Doctrine spirituelle

Foi

Modèle:Article détaillé

Fichier:La Fe (L.S. Carmona, MRABASF E-108) 01.jpg
Allégorie de la foi de Luis Salvador Carmona à l'Académie royale des beaux-arts de San Fernando, 1752.
La foi, seule mesure de Dieu

Dans la mesure où Dieu est un pur esprit comme le proclame le dogme catholique, il ne peut pas être connu par nos facultés naturelles : nos sens ne perçoivent que le concret des choses, et l'intelligence n'atteint que les idées générales<ref group="A" name="p.82"/>. La foi est alors l'unique moyen de connaissance de Dieu : Modèle:Citation, dit-il. Jean de la Croix affirme qu'il faut tout le temps faire des actes de foi. Il n’accorde pas beaucoup d'importance aux phénomènes extraordinaires comme les apparitions ou les miracles. Pour lui, ces phénomènes ne sont que des manifestations de Dieu, mais ne sont pas Dieu Lui-même<ref group="A" name="p.174">Modèle:P.174.</ref>,<ref>Montée du Carmel chapitre 14.</ref>.

La foi est nuit

Jean de la Croix définit la foi comme Modèle:Citation. Dans La Montée du Carmel, il affirme que la Modèle:Citation ; pour lui, notre connaissance de Dieu ne sera jamais parfaite puisque Dieu est en dehors de nos facultés. Ainsi la foi dépasse l'intelligence et doit la soumettre, la foi consistant à croire en un mystère<ref group="A" name="p.177">Modèle:P.177.</ref>. L'obscurité de la foi vient donc pour Jean de la Croix du fait que la foi dépasse l'intelligence, et cette dernière, n'ayant pas d'explication, se trouve dans une obscurité, du fait de l'éblouissement de la foi : Modèle:Citation. C'est cet éblouissement de l'entendement qui conduit à un aveuglement et, donc, à une obscurité ou une nuit.

La foi est pour Jean de la Croix un mystère pour la personne elle-même. Dans son ouvrage La Nuit obscure, il décrit la foi comme Modèle:Citation. La foi est aussi décrite comme Modèle:Citation. Pour Jean de la Croix, la foi est le moyen d'être en sûreté contre tous ses ennemis, qui sont le démon, le monde et la chair<ref name="NuitObscure_ch17"/>.

La foi comme torche enflammée

Jean de la Croix utilise une autre analogie pour décrire la foi : il l'a décrite comme des Modèle:Citation, que les soldats de Gédéon portaient mais ne voyaient pas, dans le livre des Juges<ref group="A" name="p.182">Modèle:P.182.</ref>,<ref name="MontéeCarmel_ch8">Montée du Carmel chapitre 8.</ref>. Il affirme que la foi est du même ordre comme un vase qui contient la lumière : le vase qui empêche de voir la lumière est l'enveloppe obscure alors que le contenu de la foi, la lumière, est Dieu lui-même<ref group="A" name="p.182"/>. Ainsi l'intelligence n'arrive qu'à atteindre la surface alors que la foi atteint l'intérieur, la substance de Dieu<ref group="A" name="p.183">Modèle:P.183.</ref>.

La foi permet pour Jean de la Croix de vivre avec Dieu. Pour lui, Modèle:Citation. Il développe son argumentaire en s'appuyant sur le livre d'Osée : Modèle:Citation. Enfin, dans son Cantique spirituel la foi accompagnée de la charité Modèle:Citation.

Espérance et détachement

Fichier:Hope in a Prison of Despair.jpg
Allégorie de l'Espérance dans la prison, d'Evelyn De Morgan.

Modèle:Article détaillé

Importance de l'espérance chrétienne

Jean de la Croix considère l'espérance comme l'un des éléments centraux qui mènent à Dieu, et cette place essentielle donnée à l'espérance le conduit à l'affirmation qu'Modèle:Citation. Cependant l'espérance n'est pas naturellement pure pour Jean de la Croix, elle doit être tournée vers Dieu<ref group="A" name="p.192"/>. Il dessine dans La Montée du Carmel un plan qui mène à Dieu, et décrit tous les chemins qui égarent loin de Dieu, c'est-à-dire les biens terrestres. Selon lui, le seul chemin qui mène à Dieu est celui du rien : Modèle:Citation. Jean de la Croix affirme alors que pour atteindre Dieu, le danger est moins le péché que l'attachement volontaire aux choses : Modèle:Citation.

Obstacles à l'espérance

Jean de la Croix développe dans ses traités les obstacles qui peuvent empêcher l'âme d'atteindre Dieu par manque d'espérance<ref group="A" name="p.196">Modèle:P.196.</ref>. Il affirme qu'il faut s'appuyer uniquement sur Dieu. Le premier obstacle est l'intelligence. Bien qu'il n'en nie pas l'importance, qui lui paraît même utile au début, celle-ci peut s'avérer un obstacle quand elle refuse l'obscurité douloureuse de la foi<ref group="A" name="p.196"/>. L'attachement aux biens intellectuels est aussi, pour lui, un obstacle possible sur le chemin vers Dieu<ref group="A" name="p.197">Modèle:P.197.</ref>.

La deuxième source de difficultés vient des vertus elles-mêmes, et là encore Jean de la Croix pense que l'on ne devient vertueux que par la grâce, l'aide de Dieu<ref group="A" name="p.197"/>. Or, très vite, une personne qui devient vertueuse considère qu'elle l'a été par ses propres mérites, ce qui conduit à refuser Dieu comme source de tout<ref group="A" name="p.198">Modèle:P.198.</ref>. L'effort pour acquérir les vertus devient l'obstacle qui nie l'action de Dieu dans l'âme<ref group="A" name="p.198"/>,<ref>Montée du Carmel, chapitre 27.</ref>. Pour bien agir une personne doit alors avoir confiance en Dieu et ne compter que sur Lui seul, en se détachant de tout : Modèle:Citation.

Les autres obstacles sont, pour Jean de la Croix, ce qu'il appelle les « biens spirituels » ou les « grâces sensibles ou mystiques<ref group="A" name="p.200"/> ». Pour Jean de la Croix ce sont des dons de Dieu, mais on peut les détourner pour en tirer orgueil et en faire un bien propre<ref group="A" name="p.200"/>. Toute personne qui fonde sa vie spirituelle sur ces biens est alors semblable à Modèle:Citation.

L'ensemble de ces obstacles conduisent Jean de la Croix à voir dans la nuit obscure un élément de purification.

Détachement comme aboutissement de l'espérance

Jean de la Croix affirme que le moyen d'arriver à Dieu est celui du détachement, de la pauvreté complète que l'on peut atteindre par la nuit obscure<ref group="A" name="p.201"/>. Certes il ne nie pas l'importance des livres ou des sacrements, mais ce ne sont que des moyens<ref group="A" name="p.202">Modèle:P.202.</ref>. Ce qu'il décrit comme la nuit obscure est alors une pauvreté complète de la personne, qui la dégage de tout<ref group="A" name="p.203">Modèle:P.203.</ref>.

C'est la pauvreté totale qui conduit à l'union avec Dieu<ref group="A" name="p.203" />. Ce dénuement mène alors l'âme à Dieu : Modèle:Citation. C'est par la pauvreté que l'on peut recevoir Dieu, comme Jean de la Croix le dit dans l'un de ses poèmes : Modèle:Citation.

Théologie mystique

Union de l'âme à Dieu

Les écrits de Jean de la Croix présentent une grande cohérence. Il cherche à y développer chez ses lecteurs la vie intérieure et la vie de prière avec Dieu<ref group="C" name="p.154">Modèle:P.154.</ref>. Il pose la connaissance de soi et du monde extérieur en prérequis à la connaissance de Dieu : Modèle:Citation.

Il développe tout au long de ses écrits une doctrine sur l'âme humaine qui doit passer par des purifications progressives afin d'accéder à la vie intérieure<ref group="C" name="p.155">Modèle:P.155.</ref>. Dans La Nuit obscure, il amplifie et décrit ce qu'il appelle la Modèle:Citation : une purification passive des facultés sensibles c'est-à-dire de la mémoire, de l'imagination, de la volonté et de l'entendement afin de pouvoir accéder à Dieu<ref group="C" name="p.155"/>. Dans La Montée du Carmel et le Cantique Spirituel, il disserte sur les différents aspects de la personne et analyse la substance de l'âme qui permet une union à Dieu<ref group="C" name="p.155"/>.

La Bible a une place fondamentale dans cette démarche et sa lecture ouvre pour Jean de la Croix à la contemplation : Modèle:Citation. La lecture de la Bible, la Modèle:Langue, qu'il croit inspirée par Dieu, est un moyen de rentrer dans la contemplation : Modèle:Citation. Il voit ainsi dans les personnages bibliques autant de témoins de l'expérience de Dieu, autant d'exemples à suivre<ref group="C" name="p.156"/>.

Importance de la prière

Ces prérequis conduisent Jean de la Croix a développer sa conception de la prière. Celle-ci ne se limite pas à la simple méditation ou au temps consacré à Dieu. Pour Jean de la Croix, la prière est inséparable de la vie quotidienne ; elle consiste dans le désir de Dieu tout au long des activités de la vie courante<ref group="C" name="p.157">Modèle:P.157.</ref> : Modèle:Citation.

Dans Cantique Spirituel, Jean de la Croix résume le cheminement mystique par l'énumération des étapes de la prière<ref group="C" name="p.160">Modèle:P.160.</ref> : Modèle:Citation.

Voie purificatrice

Modèle:Article détaillé

Jean de la Croix dans ses différents ouvrages décrit la vie mystique comme un chemin, une montée vers Dieu. Ce chemin passe pour les débutants par une voie purificatoire : la prière au début peut être difficile et demande de la persévérance<ref group="C" name="p.160"/>.

Jean de la Croix encourage à persévérer : Modèle:Citation. Pour Jean de la Croix il est nécessaire de se dépouiller de tout et de lutter contre ce qui nous écarte de la prière. Il voit dans les difficultés des signes surnaturels : Modèle:Citation.

La prière doit consister à se purifier des envies : Modèle:Citation. Dans ses écrits, il décrit ce passage comme une « nuit noire de l'âme<ref group="C" name="p.163"/> ».

Voie illuminative
Fichier:Teresabernini.JPG
Représentation de la transverbération de Thérèse d'Avila par Le Bernin.

La deuxième étape décrite par Jean de la Croix est celle de la voie illuminative<ref group="C" name="p.160"/>. Cette étape est celle du passage à la contemplation<ref group="C" name="p.163"/>. Dans ses ouvrages, La Nuit obscure et La Montée du Carmel, il décrit le passage de la méditation à l'oraison : la personne qui prie n'arrive plus à méditer, néanmoins, elle ne veut pas pour autant revenir à la vie qu'elle menait avant l'oraison et a le sentiment de ne pas assez servir Dieu<ref group="C" name="p.163"/>.

Jean de la Croix décrit cette étape en affirmant que la personne qui prie ne fait plus d'effort pour prier<ref group="C" name="p.164">Modèle:P.164.</ref> : Modèle:Citation. La personne vit alors dans une grande paix intérieure, c'est un changement, qu'il appelle aussi les « fiançailles spirituelles » Modèle:Citation.

Voie unitive

Modèle:Article détaillé

Le sommet de l'oraison pour Jean de la Croix est la voie unitive : l'union de l'âme à Dieu<ref group="C" name="p.165"/>. Jean de la Croix affirme — la théologie l'appelle l'« habitation de la Trinité » — que Dieu est présent au centre de l'âme. Le but de la vie spirituelle consiste pour Jean de la Croix à s'unir à Dieu en son âme. Cette union par l'oraison est le sommet de la vie spirituelle<ref group="C" name="p.165"/> : Modèle:Citation.

Cette union est comparée à un mariage spirituel<ref group="C" name="p.218">Modèle:P.218.</ref> : Modèle:Citation. Cette union est pour Jean de la Croix une préfiguration de la vie éternelle qui consiste en Modèle:Citation.

Philosophie de Jean de la Croix

Fichier:S. Juan de la Cruz en el Repullete.JPG
Représentation moderne de Jean de la Croix à Beas de Segura (Espagne).

Détachement

Modèle:Article détaillé

Les écrits et les expériences spirituelles de Jean de la Croix ont été commentés par des philosophes. Certains y ont vu un mouvement de dépassement permanent<ref group="A" name="p.154">Modèle:P.154.</ref>. Jacques Paliard, professeur de philosophie à Aix-en-Provence, voit un mouvement d'insatisfaction et une inquiétude permanente d'autre chose, de quelque chose de plus élevé, qui ne trouve sa satisfaction que quand il aura trouvé Dieu à sa mesure et selon ses besoins<ref group="A" name="p.155">Modèle:P.155;.</ref>. C'est ce mouvement qui conduit à vouloir se dépasser par un détachement de tout<ref group="A" name="p.155"/>. Jean de la Croix est largement commenté par les philosophes du détachement, qui en font l'un des principaux penseurs du détachement chrétien. Père Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus, carme qui s'est spécialisé dans l'étude de la théologie de Jean de la Croix, voit dans ce mouvement un élément central de la spiritualité du carme espagnol ; il compare ce détachement au Modèle:Citation.

Afin d'accéder à Dieu, Jean de la Croix prône un détachement intégral, ce qui le conduit à affirmer que Modèle:Citation.

Intelligence et volonté

Modèle:Article détaillé

Jean de la Croix étudie la philosophie de Thomas d'Aquin, et il reprend à son compte les deux facultés de l'âme : l'intelligence et la volonté<ref group="A" name="p.236">Modèle:P.236.</ref>. Henri Grialou qui étudie Jean de la Croix, affirme néanmoins que la pensée de Jean de la Croix conduit à une distinction sur l'intelligence et la volonté<ref group="A" name="p.234">Modèle:P.234;.</ref>.

Théologie négative

Jean de la Croix s'inscrit dans le fil d'une longue tradition apophatique qui part de Clément d'Alexandrie et aboutit aux mystiques espagnols du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : Louis de Grenade, Jean d'Avila, Luis de León. La particularité des textes de Jean de la Croix est un certain radicalisme de l'agnosticisme mystique<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Œuvre littéraire

Sources d'inspiration

La richesse de l'œuvre de Jean de la Croix en fait l'un des principaux écrivains de langue espagnole, l'un des chefs de file du Siècle d'or. Son principal livre d'inspiration est la Bible, et principalement le Cantique des Cantiques. D'autres livres sont inclus, implicitement ou explicitement, dans ses écrits : ceux de Pseudo-Denys l'Aréopagite, Confessions de Saint Augustin, Thomas d'Aquin ; tous sont en effet cités dans ses principaux traités, et il les a étudiés pendant ses études de théologie<ref group="B" name="p.206">Modèle:P.206.</ref>. On peut aussi voir l'influence de Jean Tauler et Jean de Ruysbroek<ref group="B" name="p.207">Modèle:P.207.</ref>. Certains parlent d'une influence islamisante. Cependant cette thèse est à nuancer dans la mesure où Jean de la Croix n'a pas eu accès à une bibliothèque quand il écrivit. Il s'agirait d'une influence indirecte, puisque la culture arabe était encore présente en Andalousie à l'époque de Jean de la Croix<ref group="B" name="p.207"/>.

Poésie

La poésie de Jean de la Croix est reconnue comme l'une des plus belles de la poésie lyrique espagnole. Elle cherche à exprimer l'expérience mystique et religieuse de Jean de la Croix en vers<ref group="D" name="p.37">Modèle:P.37.</ref>. Selon Jacques Ancet, la Nuit obscure et le Cantique spirituel seraient redevables à la tradition hébraïque (celle notamment du Chant des chants, ou Cantique des cantiques), ainsi qu'à la tradition arabe<ref>Jean de la Croix, Nuit obscure, Cantique spirituel, trad. de l'espagnol par J. Ancet, introduction de J. Ancet, Paris, Poésie/Gallimard, 1997, Modèle:P..</ref>.

Genèse

La composition des poèmes de Jean de la Croix ne date pas de ses années d'études (1559–1563), mais il existe des traces des premiers vers dès la période d'Avila (1572–1577). De cette époque on connaît des vers écrits par Jean de la Croix et transmis par Thérèse d'Avila lors des fêtes de Noël<ref group="D" name="p.38">Modèle:P.38.</ref>,<ref>Mentions dans les lettres de Thérèse d'Avila datant du 2 et 17 janvier 1577.</ref>. Bien qu'aucune mention précise ne permette de dater avec certitude l'écriture des poésies de Jean de la Croix, de nombreux indices font remonter l'écriture de ses premières poésies avant l'épisode de Tolède, tels les poèmes : J'aborde une sphère inconnue et Je vis, mais sans vivre en moi-même<ref group="D" name="p.38"/>,<ref group="D" name="p.39">Modèle:P.39.</ref>.

Le moment culminant de la littérature sanjuaniste (nom donné aux écrits de Jean de la Croix)<ref group="Note">L'adjectif « sanjuaniste » vient du nom espagnol Modèle:Langue qui signifie Saint Jean.</ref>, date de sa période en prison à Tolède (Modèle:Date-Modèle:Date-)<ref group="D" name="p.39"/>. On date ainsi de la période de Tolède les poèmes Modèle:Langue, Je sais une source qui jaillit et s'écoule, les 31 strophes du Cantique Spirituel ou encore Où es-tu caché bien-aimé ?<ref group="D" name="p.40">Modèle:P.40.</ref>.

Les autres poésies sanjuanistes sont difficiles à dater de manière plus précise ; une grande partie a sans doute été écrite quand il vivait à Grenade (1582–1586)<ref group="D" name="p.40"/>. La poésie de La Nuit obscure est écrite lorsque Jean de la Croix était à Tolède, et avant son arrivée à Grenade (1578–1582)<ref group="D" name="p.41">Modèle:P.41.</ref>. Les poèmes Ô flamme d'Amour, Vive Flamme et les dernières strophes du Cantique Spirituel sont écrits à partir de 1582<ref group="D" name="p.42">Modèle:P.42.</ref>.

Poétique sanjuaniste

Jean de la Croix a étudié la poésie au cours de ses études à Medina del Campo, où il a reçu une formation littéraire qui lui a permis de connaître les écrivains et poètes classiques espagnols ainsi que les règles prosodiques<ref group="D" name="p.45">Modèle:P.45.</ref>.

Les écrits sanjuanistes peuvent être classés dans plusieurs genres : celui de la poésie classique (c'est le cas, en particulier, des poèmes : Où t'es tu caché, bien-aimé ?, Au milieu d'une nuit obscure, Ô flamme d'amour, vive flamme, Je sais une source qui jaillit et s'écoule, Vois ce berger seul et tout désolé<ref group="D" name="p.45"/>), celui des couplets ou des gloses (par exemple : J'aborde une sphère inconnue, Je vis, mais sans vivre en moi-même, Dans l'élan d'un exploit d'amour, Appuyé sans aucun appui, Jamais les beautés de ce monde<ref group="D" name="p.46">Modèle:P.46.</ref>, celui des romances (Au commencement demeurait, Sur les fleuves qu'en Babylonie)<ref group="D" name="p.46"/> ou celui des chansons (Du verbe divin, Oubli du créé)<ref group="D" name="p.46"/>.

La poésie sanjuaniste apparaît comme immergée dans la culture hispanique contemporaine. Jean de la Croix s'inspire de poètes espagnols profanes, et réutilise des techniques et des thèmes de la poésie populaire espagnole<ref group="D" name="p.47">Modèle:P.47.</ref>. La principale source d'inspiration de ses poèmes est la Bible et plus particulièrement le Cantique des Cantiques, revisité par lui<ref group="D" name="p.48">Modèle:P.48.</ref>. Ainsi, selon Eulegio Pacho, Jean de la Croix Modèle:Citation. Jean de la Croix s'est inspiré pour certains de ses poèmes des poésies de Juan Boscán et de Garcilaso de la Vega<ref group="D" name="p.47"/>.

Ces poèmes cherchent à retranscrire son expérience spirituelle. Il les donne aux religieuses, et quand il les distribue, elles lui en demandent un éclairage personnel<ref group="D" name="p.48"/>. Jean de la Croix a écrit des explications en prose de ses poésies. Elles aboutissent aux quatre œuvres majeures de Jean de la Croix : La Montée du Carmel, La Nuit obscure, La Vive Flamme d'amour et Le Cantique spirituel, qui mélange poésie et prose, donnant un style unique et d'une grande richesse doctrinale<ref group="D" name="p.49">Modèle:P.49.</ref>. Ces quatre ouvrages qui cherchent à rendre compte de l'expérience personnelle de Jean de la Croix tout en l'expliquant contribuent à donner une dimension mystique à la poésie sanjuaniste, augmentant sa singularité au sein de la poésie espagnole. Sa poésie est considérée comme l'une des plus belles de la poésie espagnole. Paul Valéry voit dans les poèmes de Jean de la Croix des chefs-d’œuvre de la littérature<ref group="C" name="p.254">Modèle:P.254.</ref>.

Traductions

La première traduction est faite à Bordeaux en 1610 par des prêtres séculiers mais elle n'a pas été publiée<ref group="C" name="p.237">Modèle:P.237.</ref>. Les premières traductions publiées sont celles de René Gaultier, du Grand Conseil, en 1620, en français. Elles ont d'emblée une grande influence sur les spirituels : l'évêque Jean-Pierre Camus en 1624, les jésuites Lallemant, Surin, Rigoleuc en 1629 notamment s'y réfèrent<ref group="C" name="p.239">Modèle:P.239.</ref>.

La traduction du Père Cyprien, carme déchaussé, dans les années 1640-1660 est également notable. Plus de cent autres traductions existent. La traduction du Père Cyprien a été réactualisée par le Père Lucien, aussi carme déchaussé, dans les années 1940-1960.

Postérité

Reconnaissance par l'Église catholique

Fichier:JohnCrossRelicsUbeda.jpg
Reliquaire de Jean de la Croix à Úbeda, Espagne.

La reconnaissance par l'Église catholique de Jean de la Croix a été assez rapide. Il est en effet béatifié dès 1675 par Clément X<ref>Modèle:Lien web.</ref>, puis canonisé en 1726 par Benoît XIII<ref group="A" name="p.52">Modèle:P.52.</ref>.

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, des querelles théologiques, notamment entre les Français Bossuet et Fénelon conduisent à considérer les écrits de Jean de la Croix comme engendrant l'illuminisme<ref group="A" name="p.52"/>. Cette querelle a pour conséquence de remettre en cause les écrits de Jean de la Croix.

Cependant, en 1891, plusieurs évêques demandent, lors du troisième centenaire de la mort de Jean de la Croix, de le proclamer Docteur de l'Église, mais cette demande n'aboutit pas<ref group="A" name="p.51">Modèle:P.51.</ref>.

Thérèse de Lisieux le considère comme l'un de ses guides principaux : Modèle:Citation, confie-t-elle. Elle affirme que Jean de la Croix est Modèle:Citation<ref group="A" name="p.9">Modèle:P.9.</ref>. La vision de Thérèse de Lisieux change la perception de Jean de la Croix. La reconnaissance rapide de Thérèse de Lisieux par l'Église et sa grande popularité ont conduit à reconsidérer la place des écrits de Jean de la Croix<ref group="A" name="p.52"/>.

Il est proclamé Docteur de l'Église le Modèle:Date, deux siècles après sa canonisation, et un an après celle de Thérèse de Lisieux<ref group="A" name="p.10">Modèle:P.10.</ref>. Il obtient alors le titre de Modèle:Citation et Modèle:Citation.

Dans l'Église catholique, sa fête a rang de mémoire<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, mais dans l'Ordre du Carmel, sa fête est une solennité<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Influences de Jean de la Croix

Influences spirituelles

Outre la reconnaissance par l'Église catholique, les écrits du saint ont eu une très grande influence sur la spiritualité de nombreux théologiens ou grandes figures du christianisme.

En France, son influence coïncide avec l'arrivée des carmélites et notamment de Madame Acarie, devenue Marie de l’Incarnation en religion<ref group="C" name="p.241">Modèle:P.241.</ref>. C'est une personnalité reconnue de l'« École de spiritualité française » autour duquel se réunissent de nombreux intellectuels catholiques, tels Benoît de Canfield, Pierre Coton, André Duval, Vincent de Paul, le futur cardinal Pierre de Bérulle ou encore François de Sales<ref group="C" name="p.242">Modèle:P.242.</ref>. Cette influence de Jean de la Croix se poursuivit jusqu’à Blaise Pascal, par l'intermédiaire de son cousin carme déchaussé<ref group="C" name="p.242"/>.

Dans l'ordre du Carmel, outre Thérèse d'Avila, ses œuvres ont eu un impact considérable sur les trois saintes carmélites Thérèse de Lisieux, Élisabeth de la Trinité et Thérèse-Bénédicte de la Croix (née Edith Stein, disciple d'Husserl, elle fut l'auteur d'un ouvrage sur la spiritualité de Jean de la Croix, intitulé La Science de la Croix<ref>Steven Payne, « Édith Stein et Jean de la Croix », dans Édith Stein, disciple et maîtresse de vie spirituelle, Modèle:P.90-91. Voir aussi la dernière édition allemande de Kreuzeswissenschaft.</ref>,<ref>Édith Stein, Thérèse bénie de la Croix, Revue du Carmel, no 49.</ref>,<ref group="B" name="p.270">Modèle:P.270.</ref>). Le Père Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus, fondateur de l'Institut Notre-Dame de Vie, une communauté de spiritualité carme a également été très influencé<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Jean de la Croix a eu aussi une forte influence auprès de religieux en dehors du Carmel, comme Charles de Foucauld et Thomas Merton, ce dernier l'étudie dans son ouvrage La montée vers la lumière<ref group="C" name="p.253">Modèle:P.253.</ref>,<ref group="B" name="p.270"/>. En 1929, le théologien Réginald Garrigou-Lagrange fait une étude sur L'Amour de Dieu et la Croix de Jésus dans laquelle il compare la théologie mystique de Thomas d'Aquin et celle de Jean de la Croix. Le théologien Hans Urs von Balthasar dans La Gloire de la Croix analyse la pensée du carme espagnol. Il considère que celle-ci est une nouvelle théologie de l’esthétique, qui peut Modèle:Citation. Karol Wojtyla, le futur pape Jean-Paul II, se dit très marqué par sa spiritualité au point d'avoir voulu être carme. Il a notamment fait sa thèse de doctorat en théologie sur l'ouvrage La Montée du Carmel<ref>George Weigel, Jean-Paul II Témoin de l'espérance, JC Lattès, 1999 Modèle:ISBN Modèle:P..</ref>,<ref group="B" name="p.205">Modèle:P.205.</ref>.

En outre, l'expérience mystique du docteur catholique ainsi que sa volonté de détachement ont conduit à établir des rapprochements entre sa spiritualité et celle du bouddhisme<ref group="B" name="p.142"/>,<ref group="C" name="p.262">Modèle:P.262.</ref>.

Influences profanes

Fichier:John of the Cross crucifixion sketch.jpg
Dessin de la Crucifixion, par Jean de la Croix, ayant inspiré Salvador Dalí.

Ses écrits et sa spiritualité ont aussi suscité au cours des siècles l’intérêt de nombreux universitaires, comme le philosophe Henri Bergson qui étudie l’expérience mystique dans son ouvrage Les deux sources de la morale et de la religion<ref group="C" name="p.251">Modèle:P.251.</ref>. Le philosophe de l'action Maurice Blondel, également penseur chrétien, a lui aussi étudié ses écrits. Jean Baruzi, dans sa thèse Saint Jean et le problème de l’expérience mystique, démontre la valeur pluri-culturelle des écrits de Jean de la Croix<ref group="C" name="p.252">Modèle:P.252.</ref>. Jacques Maritain, philosophe, cherche à comparer la pensée scolastique avec celle de Jean de la Croix. Le philosophe Louis Lavelle analyse quant à lui dans ses écrits le rapport entre la conscience et l’expérience contemplative<ref group="C" name="p.252"/>. La philosophe et mystique chrétienne Simone Weil rejoint Saint Jean de la Croix sur plusieurs points essentiels de sa métaphysique religieuse, en particulier l’amour de la beauté du monde, la nécessité de se vider, de se dépouiller de tout (ce qu’on désigne du terme de kénose), l’expérience de la nuit obscure des sens ou de l’esprit, et sa définition du malheur qui semble directement inspirée par les trois abandons du Christ dont parle saint Jean de la Croix dans La Montée au Carmel (II, 17)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. D’autres philosophes l'ont étudié tels Jacques Paliard, Gaston Berger ou Aimé Forest<ref group="C" name="p.253"/>.

Le carme Bruno de Jésus Marie réunit autour de lui des congrès au cours desquels il tente d’intégrer l'analyse psychologique et la théologie à travers les écrits de Jean de la Croix<ref group="C" name="p.254"/>. De même, Michel de Certeau analyse dans la Fable mystique son expérience spirituelle à travers la psychanalyse<ref group="B" name="p.270"/>.

Le poète Paul Valéry voit dans les poèmes de saint Jean des chefs-d’œuvre de la littérature<ref>Paul Valéry, Cantiques spirituels, dans Variété, Bibliothèque de La Pléiade, tome I, 1957, Modèle:P.445 à 457.</ref>. Les peintres Alfred Manessier et Salvador Dalí s’inspirent quant à eux de ses dessins dans leur art<ref group="C" name="p.254"/>. Une suite de monotypes de François Heaulmé intitulée Dits d'Amour est aussi inspirée par Jean de la Croix.

Jean-Marie Straub et Danièle Huillet achèvent en 1968 Le Fiancé, la Comédienne et la Maquereau<ref>Modèle:Lien web</ref> par une lecture du premier chant mystique<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

En 1969, Maurice Béjart crée un opéra intitulé La nuit obscure, à partir de ses écrits<ref group="C" name="p.254"/>.

Le réalisateur espagnol Carlos Saura raconte les huit mois et demi de captivité de Jean de la Croix (Modèle:Date-Modèle:Date) dans Noche Oscura, 1989, 89 minutes.

Plusieurs poèmes de Jean de la Croix ont également été mis en musique :

  • Vicente Pradal, Serge Guirao et Ruben Velazquez<ref>Ténor atypique, créant ses propres pièces ("Yedra"), il est aussi lauréat du Grand Prix International du Disque de l'Académie Charles Cros en 1997 pour " La Nuit obscure", une adaptation de la poésie de Jean de la Croix créée avec ses amis Serge Guirao et Vicente Pradal qui en a signé la musique.</ref>, La Nuit Obscure. San Juan de la Cruz, 1996, Scipion/Delabel.
  • Pierre Eliane, Les chansons mystiques de Jean de la Croix, 1999.
  • Michèle Reverdy, En la noche dichosa, 2002. Cette œuvre pour ensemble vocal à huit voix a cappella met en musique douze poèmes en espagnol, pour accompagner une exposition de tapisseries d'Alfred Manessier<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
  • Modèle:Lien, Noche oscura, Tritó Edicions, 2006. Pour soprano et piano.
  • Rosalía, Aunque es de noche, 2017. C'est une mise en musique du poème Qué bien sé yo la fonte que mana y corre<ref>Modèle:Lien web</ref>.
  • Yves-Marie Pasquet : La Noche oscura, poème de St Jean de la Croix, pour voix d'alto et guitare 2016.

Œuvres de Jean de la Croix

Ouvrages

Œuvres complètes

Notes et références

Notes

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Références

Principales sources utilisées

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Autres sources

Modèle:Références nombreuses

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Articles connexes

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Bibliographie

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Liens externes

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