Aliénor d'Aquitaine

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Politicien

Aliénor d'Aquitaine, aussi connue sous le nom d'Éléonore d'Aquitaine ou d'Éléonore de Guyenne, née vers 1122 ou 1124<ref>Plusieurs chroniqueurs signalent que les seigneurs d'Aquitaine lui ont juré fidélité à son quatorzième anniversaire, en 1136. Quelques chroniques donnent même 1120 comme date de naissance, mais il est presque certain que ses parents ne se sont mariés qu'en 1121. Enfin, d'autres chroniques lui donnent treize ans lors de son mariage, en 1137.</ref>, et morte à Poitiers<ref>Et non à l'abbaye de Fontevraud, comme il a été souvent écrit.</ref> le Modèle:Date ou le Modèle:Date, a été tour à tour reine de France, puis reine d'Angleterre.

Duchesse d'Aquitaine et comtesse de Poitiers à partir du Modèle:Date-, elle épouse le Modèle:Date- suivant à Bordeaux l'héritier du royaume de France, qui devient le roi Modèle:Noble le Modèle:Date-.

Reine de France pendant quinze ans, elle joue un rôle politique notable et participe avec son époux à la deuxième croisade (1146-1149). Mais plusieurs différends aboutissent à l'annulation de leur mariage en 1152.

Elle épouse la même année le duc Henri Plantagenêt, futur roi d'Angleterre Modèle:Noble, qui devient ainsi détenteur de deux fiefs français importants, en plus de ceux de la maison Plantagenêt et du duché de Normandie de Guillaume le Conquérant.

À la cour fastueuse qu'elle tient en Aquitaine, elle favorise l'expression poétique des troubadours en langue d'oc.

L'héritière d'Aquitaine

Origines familiales

L'année de naissance d'Aliénor (vers 1122<ref>Modèle:Chapitre.</ref> ou 1124<ref>Modèle:Harvsp ne voit aucune raison de réfuter le document Fragmentum genealogicum ducum Normanniæ et Angliæ regum, qui affirme qu'Aliénor avait treize ans au moment de la mort de son père. Le document en question donne la date erronée de 1136 pour cet événement ; la date la plus communément admise est 1137 (Modèle:Chapitre). Voir aussi le testament de Modèle:Noble- (Modèle:Chapitre).</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn) n'est pas connue avec certitude ; 1124 étant plus généralement accepté désormaisModèle:Sfn. Son lieu de naissance n'est pas certain non plus : les historiens hésitent entre le palais des comtes de Poitiers, le palais de l'Ombrière à Bordeaux ou encore le château de BelinModèle:Sfn (actuelle commune de Belin-Béliet, dans le sud de la Gironde).

Elle est la fille aînée de Modèle:Noble (1099-1137), duc d'Aquitaine et comte de Poitiers, fils de Modèle:Noble (1071-1126) et de Modèle:NobleModèle:Sfn. Sa mère est Aénor de Châtellerault (vers 1103-1130), fille du vicomte Modèle:Noble, un des vassaux de Modèle:Noble-, et de Modèle:Noble (maîtresse en titre de Modèle:NobleModèle:Sfn).

Selon la chronique de Geoffroy de Vigeois (mort en 1184), elle est appelée Aliénor, « pour ainsi dire une autre Aénor » (quasi alia Ænor)<ref>« Guillelmus Dux Aquitaniæ filius Guillermi et filiæ Comitis Tolosani, qui jure avi sui urbem Tolosanam possedit, de uxore quæ fuit soror Vicecomitis de Chastelleyraut, quæ vocabatur Ænor, genuit filiam quæ appellata est Alienor, quasi alia Ænor. [Guillaume, duc d'Aquitaine, fils de Guillaume et de la fille du comte de Toulouse, qui posséda la ville de Toulouse du droit de son aïeul, engendra par son épouse Aénor, sœur du vicomte de Châtellerault, une fille qui fut appelée Aliénor, pour ainsi dire une autre Aénor.] » (Modèle:Chapitre). Cité dans Modèle:Harvsp.</ref>.

Elle devient héritière présomptive du duché d'Aquitaine à la mort de son frère Guillaume Aigret en 1130Modèle:Sfn. Elle a aussi une sœur cadette, PétronilleModèle:Sfn (ou Alix)Modèle:Sfn.

Formation

S'exprimant naturellement en langue d'oc, elle comprend très certainement l'ancien français, la langue d'oïl, les deux langues étant parlées à la cour de PoitiersModèle:Sfn. Elle reçoit l'éducation soignée d'une jeune fille noble de son époque à la cour d'Aquitaine, une des plus raffinées au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, lieu d'origine de l'amour courtois (la fin' amor), centre de rayonnement de la langue d'oc, installée dans les différentes résidences ducales : Poitiers, Bordeaux, le château de Belin, soit peut-être encore à l'abbaye de Fontevraud<ref>Aurell, dans Modèle:Harvsp.</ref>.

Elle apprend le latin, la musique et la littérature, ainsi que l'équitation et la chasse.

Duchesse d'Aquitaine (avril 1137).

Le père d'Aliénor, Modèle:Noble, meurt à Modèle:Nobr, le 9 avril 1137 (un Vendredi saint), au cours d'un pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle<ref>Modèle:Chapitre. Cité dans Modèle:Harvsp.</ref>.

Le mariage avec Louis le Jeune (juillet 1137)

Le Modèle:Date-, elle épouse Louis le Jeune, le deuxième fils et héritier du roi de France Modèle:Noble. Son frère aîné, Philippe, est mort d'une chute de cheval le 13 octobre 1129Modèle:Sfn ou 1131Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Raisons du mariage

Deux versions existent sur les origines de ce mariage :

  • craignant que sa fille soit enlevée et épousée par un de ses vassaux ou un de ses voisins, le duc Guillaume aurait proposé avant de mourir à son suzerain le roi de France d'unir leurs héritiersModèle:Sfn,Modèle:Sfn ;
  • le roi aurait fait jouer le droit de tutelle du suzerain sur l'héritière orpheline d'un de ses vassaux, et l'aurait mariée à son fils<ref>Aurell, dans Modèle:Harvsp.</ref>.

Modèle:Noble a vraisemblablement pris ses dispositions avant d'entreprendre son pèlerinage. Il existe un texte, dont l'authenticité est contestée, reproduisant le « supposé testament de Guillaume » : « Je place mes deux filles sous la protection du roi, mon seigneur. Je la (l'aînée) lui donne pour qu'il la marie, si mes barons y consentent, et je lui lègue en héritage le Poitou et l'Aquitaine »<ref>Modèle:Chapitre. Cité dans Modèle:Harvsp.</ref>. Le témoignage de Suger paraît, lui, indiscutable bien qu'orienté : « mais qu'avant son départ et même en cours de route, à l'approche de la mort, il avait pris le parti de lui confier, pour qu'il la marie, sa fille, une très noble demoiselle nommée Aliénor (« ... filiam nobilissimam puellam nomine Aanor desponsandam... »), et de lui remettre toute sa terre pour la tenir en garde »<ref>Modèle:Chapitre. Cité dans Modèle:Harvsp.</ref>.

Les cérémonies et le voyage vers Paris

La cérémonie du mariage a lieu dans la cathédrale Saint-André de Bordeaux. Les festivités se prolongent plusieurs jours au palais de l'Ombrière (aujourd'hui disparu), et se répètent à chaque étape du voyage vers Paris. Mais le couple ne s'attarde pas et se hâte vers PoitiersModèle:Sfn, car le roi, atteint de dysenterie, est mourantModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Quelques jours plus tard Aliénor et Louis sont accueillis au château de Taillebourg, chez Geoffroy de Rancon, où selon le chroniqueur de Tours, ils passent leur première nuit ensemble, après un répit dévot de trois joursModèle:Sfn, dans la chambre nuptiale préparée à leur intentionModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Le 8 août 1137, ils sont couronnés duc et duchesse d'Aquitaine à Poitiers, dans la cathédrale Saint-Pierre<ref>Marie-Aline de Mascureau, « Chronologie », primitivement publiée dans Modèle:Harvsp, republiée dans Modèle:Harvsp.</ref>.

Ils apprennent ce même jour à Poitiers la mort du roi Modèle:Noble-, survenue le Modèle:Date-. Louis devient donc le roi Modèle:Noble-Modèle:Sfn.

Modèle:Noble- et le duché d'Aquitaine

Par son mariage, Modèle:Noble- devient duc d'Aquitaine, mais le duché n'est pas encore rattaché au domaine royal : Aliénor en reste la première détentrice<ref>« Pour l'essentiel, le roi avait atteint son but : Modèle:Noble- épousait l'Aquitaine. Même si, en théorie, le duché n'était pas uni au domaine royal et s'il gardait ses institutions et ses coutumes, il était en fait administré par les gens du roi, et les revenus en allaient au Trésor royal. » Modèle:Harv.</ref>. Il s'agit d'une union personnelle. Aliénor, selon les dispositions prévues, demeure duchesse en titre de ses terres héréditairesModèle:Sfn.

La reine de France

Aliénor et la cour de France

Aliénor est couronnée reine de France le jour de Noël 1137 à BourgesModèle:Sfn,Modèle:Sfn,<ref>Modèle:Harvsp mentionne une « cour couronnée ».</ref>. Louis a déjà été sacré et couronné du vivant de son père, à Reims, le 25 octobre 1131Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,<ref>Modèle:Harvsp indique la date du Modèle:Date-.</ref>, mais il est à nouveau couronné, sous le nom de Modèle:Noble-Modèle:Sfn.

Très belleModèle:Sfn, perpulchra selon le chroniqueur Lambert de Wattrelos<ref>Modèle:Chapitre. Cité dans Modèle:Harvsp.</ref>, ayant un esprit libre et enjoué, Aliénor n'est pas appréciée à la cour de France. Elle apporte dans sa suite le parler et les modes vestimentaires du Midi, connus pour être plus hardis voire extravagantsModèle:Sfn. Aliénor tente d'animer le palais un peu sévère de l'île de la Cité. Elle fait travailler les ateliers de tapisseries de Bourges et s'empresse de faire venir des troubadours qui ne sont pas toujours du goût de son mari: Marcabru est renvoyé de la cour pour avoir chanté son amour pour la reineModèle:Sfn. Les historiens évoquent un véritable « choc des cultures », entre le nord clérical et érudit et le sud laïque et même profaneModèle:Sfn. Aliénor est regardée comme une intruse par la parenté de son mari, épiée sans cesse et calomniée, en raison de manières qui surprennentModèle:Sfn. L'influence unique de cette reine dans la sphère publique, à travers l'intimité qui la lie à son mari, représente une menace pour les conseillers du roi. Les rumeurs calomnieuses sont un moyen de ternir sa réputation et de limiter ainsi son influenceModèle:Sfn. Mais pour certains historiens cette influence est difficile à démontrer.Modèle:Sfn.

Interventions politiques de la reine

À plusieurs reprises, les jeunes époux (moins de Modèle:Nobr) prennent des décisions que leurs contemporains jugent inconsidérées :

  • après la constitution de Poitiers en commune, en 1138Modèle:Sfn, la ville est prise sans effusion de sang par Modèle:Noble-, qui exige que les principaux habitants lui livrent leurs enfants en otage<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ; l'abbé Suger intervient pour le faire renoncer ;
  • à la suite de cette intervention de Suger dans les domaines d'Aliénor (ici : le comté de Poitiers), il semble mis à l'écartModèle:Sfn ;
  • Modèle:Noble- châtie fermement et quelque peu cruellement la félonie et la rébellion de Guillaume de Lezay<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ;
Fichier:Vase de cristal d'Aliénor.jpg
Vase de cristal d'Aliénor, musée du Louvre.

Au cours de ce conflit avec Thibaud de Blois-Champagne, chez qui s'est réfugié Pierre de la Châtre, candidat du pape à l'évêché de BourgesModèle:Sfn, en janvier 1143, la ville de Vitry-en-Perthois est prise, et l'église dans laquelle se sont réfugiés ses habitants incendiée. Selon certains chroniqueurs, Louis est marqué par le drame de Vitry-en-Perthois. Mais surtout il doit se parjurer, à la suite de son excommunication et de l'interdit jeté sur le royaume par le pape Modèle:Noble (conséquence du conflit qui l'oppose à Bernard de Clairvaux et au pape, au sujet de la nomination au siège de l'évêché de Bourges)Modèle:Sfn.

Le 11 juin 1144, à l'occasion de la consécration du chœur de la nouvelle abbatiale de Saint-Denis, Aliénor obtient un entretien privé avec Bernard de Clairvaux. La reine a vingt ans et au bout de sept ans de mariage demeure stérile, malgré une fausse-couche au tout début de son union avec Louis. L'infertilité apparente d'Aliénor est sans doute imputable à la piété de son mari, qui respecte scrupuleusement les prescriptions de l'Église concernant les rapports conjugauxModèle:Sfn. Bernard demande alors à Aliénor de donner de meilleurs conseils à son mari afin d'apaiser les conflits, et lui promet un enfant si elle agit dans ce sens. La paix revient entre le roi et le comte de Champagne. Modèle:Noble- accepte de reconnaître, malgré son serment solennel, Pierre de la Châtre comme archevêque de Bourges. L'excommunication de Louis et l'interdit sont levés. La première fille du couple, Marie, naît l'année suivanteModèle:Sfn.

Modèle:Noble-, à qui la jeune reine vient de donner une fille, annonce à Bourges, lors d'une assemblée tenue le Modèle:Date, qu'il participera à la deuxième croisade avec son épouse Aliénor.

Descendance de Louis et Aliénor

Deux filles sont nées du mariage avec Modèle:Noble- :

Durant toute cette période, l'analyse des chartes montre une assez faible implication d'Aliénor dans le gouvernement : elle était là pour légitimer les actesModèle:Sfn.

De la deuxième croisade (1146-1149) à l’annulation du mariage (1152)

Modèle:Article détaillé

Origines de la deuxième croisade

La première croisade (1099) a permis aux croisés d'établir en Terre sainte et Syrie quatre États : le royaume de Jérusalem, le comté de Tripoli, la principauté d'Antioche, dirigée depuis 1136 par Raymond de Poitiers, oncle paternel d'Aliénor, et le comté d'Édesse.

En 1144, l'atabeg seldjoukide de Mossoul, Zengi, réussit à s'emparer d'Édesse, puis de la plus grande partie de son comté, ce qui amène le pape Modèle:Noble à appeler à une deuxième croisade. Modèle:Noble- prend l'initiative de cette croisade, lors de sa « cour couronnée » de Noël 1145 à Bourges, malgré les réticences de Suger. Bernard de Clairvaux et le pape le soutiennent par la suite, à sa demandeModèle:Sfn. C'est la première fois qu'un roi participe à une croisade et son épouse l'accompagneModèle:Sfn.

Départ des époux pour la Terre sainte

Le 31 mars 1146Modèle:Sfn (jour de Pâques), Bernard de Clairvaux, prédicateur officiel de la croisade, prêche à Vézelay devant une foule immense, en présence de Modèle:Noble- et d'Aliénor, qui proposent immédiatement de prendre la croix. Suger est investi de la tutelle du royaume de France pendant l'absence du roi. Il doit être assisté par le sénéchal Raoul de Vermandois et par l'archevêque de ReimsModèle:Sfn. Puis Bernard part prêcher la croisade dans le Saint-Empire, où l'empereur Modèle:Noble va lui aussi se croiserModèle:Sfn.

Du 16 au 18 février 1147, le roi convoque à Étampes une assemblée des principaux croisés français afin de choisir l'itinéraireModèle:Sfn,Modèle:Sfn,<ref>Modèle:Harvsp indique la date du 16 février 1146, mais il y a manifestement une incohérence.</ref>. Il y est décidé de suivre la croisade impériale de Modèle:Noble- à travers la Hongrie, l'empire byzantin et l'Anatolie, plutôt que d'embarquer sur les navires de Modèle:Noble de SicileModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Le 8 juin 1147<ref>Ou le Modèle:Date- pour Aurell (« Aliénor d'Aquitaine en son temps »), dans Modèle:Harvsp ; Modèle:Date- également pour Modèle:Harvsp.</ref>, Modèle:Noble- reçoit l'oriflamme dans l'église abbatiale de Saint-Denis. Le 12 juin 1147, les croisés français se rassemblent à Metz et partent vers WormsModèle:Sfn, puis sur la route empruntée par les croisés de l'Empire.

La présence d'Aliénor dans l'expédition revêt un caractère politique, destiné à faciliter la participation militaire de plusieurs de ses vassaux, comme Gui de Thouars, Hugues VII de Lusignan, Saldebreuil de Sanzay, qu'Aliénor appelait son connétableModèle:Sfn, et Geoffroy de Rancon, ainsi que la contribution financière des églises et des bourgeois d'AquitaineModèle:Sfn. Louis ne tient peut-être pas non plus à laisser Aliénor en France car elle pourrait, en tant que régente disputer le pouvoir à SugerModèle:Sfn. Mais Aliénor et d'autres épouses de croisés de haut rang amènent avec elle des suites qui nécessitent un nombre extravagant de chariots. Ces trop nombreux chariots, selon les clercs et les hommes d'armes, ralentissent le convoi et représentent un danger en cas d'attaque. Il est probable que parmi les seigneurs de la suite du comte de Toulouse se trouve le prince de Blaye, Jaufré Rudel, chantre de « l'amour de loin »Modèle:Sfn.

Lorsque les croisés français atteignent Constantinople, cinq mois plus tard, le 4 octobre 1147<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, la croisade impériale en est déjà repartie sans les attendre comme prévu, pour attaquer les SeldjoukidesModèle:Sfn.

Les chroniqueurs décrivent l'émerveillement d'Aliénor devant le luxe oriental et la joie de la cour de Byzance. Elle découvre une vie moins austère, plus excitante que ne l'est la cour de Paris. Eudes de Deuil, secrétaire du roiModèle:Sfn et chapelain de la croisadeModèle:Sfn, décrit la somptuosité des palais mais aussi les nombreux édifices religieux et les lieux saints que Louis visite aux côtés de l'empereur Manuel ComnèneModèle:Sfn.

Échecs militaires de l'expédition (1147-1148)

Louis et son armée demeurent à Constantinople jusqu'au 15 octobre 1147, attendant l'armée d'Modèle:NobleModèle:Sfn.

Les croisés français, trompés par les Byzantins qui leur font faussement croire à une victoire de Conrad sur les Turcs, quittent Constantinople pour en découdre à leur tour et entreprennent la traversée de l'Anatolie. Arrivés à NicéeModèle:Sfn, ils tombent sur Conrad et les débris de son armée, qui a battu en retraite, et sur les restes décomposés des croisés allemandsModèle:Sfn.

Louis décide alors de prendre une route plus longue et plus sûre. Mais bientôt l'armée des croisés français est attaquée par les Turcs en Pisidie (bataille du Mont Cadmos), le 6 janvier 1148. En raison d'une désobéissance de l'avant-garde commandée par l'oncle du roi, Amédée de Savoie comte de MaurienneModèle:Sfn, et Geoffroy de Rancon, les troupes sont décimées et Louis échappe de peu à la mort, faisant preuve d'un très grand courage. On ne sait dans quel groupe se trouve Aliénor au moment de l'attaque ni comment elle échappe au massacre, car ni Eudes de Deuil ni Guillaume de Tyr ne la mentionnent. Le roi informe Suger que presque tous les barons ont péri en un jourModèle:Sfn.

Devant ces pertes énormes, Louis décide de se rendre au port d'Antalya et d'embarquer avec Aliénor et le reste de sa chevalerie. Mais les marins grecs exigent un prix exorbitant et les bateaux ne sont pas assez nombreux. Le reste des troupes est anéanti par la faim, la maladie et les attaques incessantes des TurcsModèle:Sfn.

Arrivé à Antioche le 19 mars 1148, Modèle:Noble- est accueilli par Raymond de Poitiers, qui demande son aide pour une expédition vers Édesse, afin d'entreprendre les sièges d'Alep et de Hama, nécessaires pour dégager non seulement sa principauté mais tous les États francsModèle:Sfn. Mais Modèle:Noble-, contre toute attente, refuse. Il veut d'abord atteindre Jérusalem et effectuer son pèlerinage. La reconquête d'Édesse, dont la perte a déclenché la croisade, est pourtant le but de cette expéditionModèle:Sfn. Les projets de Raymond sont très clairs. La sécurité d'Antioche dépend de cet arrière-pays menacé par les Turcs de Nour-ed-dinModèle:Sfn.

Plus tard, tandis qu'Aliénor demeure à Jérusalem, Louis accepte de se joindre à Modèle:Noble et à Conrad pour attaquer Damas. Arrivés devant Damas le Modèle:Date-, les croisés doivent battre en retraite le 28 juillet, sous l'attaque des Turcs et des Arabes. Après cette défaite désastreuse l'armée de Louis se disperse. Le frère du roi, Robert de Dreux, rentre aussitôt en FranceModèle:Sfn.

L'incident d'Antioche (mars-avril 1148) et la « légende noire » d'Aliénor

Fichier:RaymondOfPoitiersWelcomingLouisVIIinAntioch.JPG
Raymond de Poitiers accueillant Modèle:Noble- à Antioche, d'après une enluminure de Jean Colombe pour Les Passages d'outremer de Sébastien Mamerot, vers 1473-1474.

Quand la croisade française repart d'Antioche vers Jérusalem Modèle:Noble- emmène Aliénor sous la contrainte, à la suite d'un différend sérieux. Cet « incident » a pour Jean Flori conditionné l'image que les chroniqueurs ont voulu donner d'Aliénor et est probablement à l'origine de sa « légende noire »Modèle:Sfn.

Les événements d'Antioche ont depuis neuf siècles suscité une abondante littérature : la supposée infidélité d'Aliénor, dont les historiens ne sont pas tous convaincus, a eu des conséquences politiques graves. Mais le récit qu'en font les chroniqueurs nous en apprend beaucoup sur les mentalités de l'époque<ref>Jean Flori, qui a divisé la biographie de la reine en deux parties, traite ainsi de cet épisode dans la seconde, celle consacrée aux questions controversées.</ref>.

Les faits

Au début du printemps 1148<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, le 19 marsModèle:Sfn, la croisade s'arrêteModèle:Sfn à Antioche : elle y est accueillie par Raymond de Poitiers, prince d'Antioche, (1115-1149) et oncle d'Aliénor.

La proximité naturelle entre Aliénor et son jeune oncle (les familiarités du prince envers la reine selon Jean de SalisburyModèle:Sfn), ainsi que leurs longs entretiens en langue d'oc, que Louis comprend mal, font naître des soupçons sur la nature de leurs relations. Raymond est de plus, au dire des chroniqueurs, « grand, mieux fait de corps et plus beau qu'aucun de ses contemporains »Modèle:Sfn.

Aliénor soutient en outre la demande d'aide militaire de Raymond. Une dispute éclate entre Modèle:Noble- et AliénorModèle:Sfn. Celle-ci menace alors de demeurer à Antioche avec ses propres vassaux, si on refuse le secours de la croisade à son oncleModèle:Sfn.

Modèle:Noble- souhaite emmener son armée à Jérusalem, tandis qu'Aliénor refuse de le suivre. Elle veut mettre fin à leur mariage qui, dit-elle, doit être annulé pour cause de consanguinitéModèle:Sfn. Jean de Salisbury indique plus tard que cette parenté était connue en France avant leur départ ; en effet, Barthélémy, évêque de Laon, en avait fait le calcul, mais on ne le savait pas avec certitudeModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Une lettre de Bernard de Clairvaux de 1143 rend même Louis et Aliénor cousins au troisième degréModèle:Sfn. Louis est ébranlé et envisage même de laisser Aliénor à AntiocheModèle:Sfn.

Néanmoins, après un séjour de dix joursModèle:Sfn,Modèle:Sfn, Modèle:Noble- quitte Antioche de nuit forçant Aliénor à le suivreModèle:Sfn, sur les conseils de son entourage mais surtout d'un ancien conseiller de son père, le templier eunuque Thierry GaleranModèle:Sfn.

Récits des chroniqueurs de l'époque

Plusieurs chroniqueurs<ref>Modèle:Chapitre ; Modèle:Ouvrage. Tous deux cités dans Modèle:Harvsp.</ref> évoquent l'affaire tout en écrivant qu'il vaut mieux ne pas en parler, signe qu'elle est connue de tous et de nature à porter atteinte à la réputation de certains contemporains.

Parmi les chroniqueurs les mieux placés, Eudes de Deuil choisit d'arrêter son récit juste avant l'arrivée du couple royal à Antioche. Confesseur du roi, il ne souhaite vraisemblablement pas lui nuireModèle:Sfn. Une lettre de Suger<ref>Lettre du Modèle:Date-, citée par Modèle:Harvsp.</ref> à Modèle:Noble- évoque elle aussi des troubles graves dans le couple.

Guillaume de Tyr donne, quant à lui, une explication politique : Raymond de Poitiers aurait tenté de manipuler la croisade pour l'orienter vers le siège d'Alep et de Césarée, et aurait manipulé Aliénor afin d'influencer le roi. Cette trahison politique d'Aliénor doublerait donc la trahison matrimoniale. Aliénor est, pour lui, une « poupée manipulée », sans volontéModèle:Sfn, ce qui est une des deux manières principales dont elle a été représentée (avec la figure de la nymphomane).

Les historiens ont aujourd'hui complètement abandonné les accusations de nymphomanie et celles qui lui sont liées<ref>« Les accusations de nymphomanie avec de proches parents ne résistent pas à la critique moderne. » Aurell (« Introduction : pourquoi la débâcle de 1204 ? »), dans Modèle:Harvsp.</ref>.

Jean de Salisbury (vers 1115-1180), qui écrit huit ans seulement après l'évènement d'Antioche et est présent auprès d'Modèle:Noble en 1149 lorsque celui-ci accueille Louis et Aliénor à Frascati, est un bien meilleur témoin. Dans son Histoire pontificale (1161), il relate « que les conversations assidues et ininterrompues du prince Raymond et de la reine excitèrent la suspicion du roi ». Jean de Salisbury remarque enfin, comme Guillaume de Newburgh, « l'affection immodérée du roi pour la reine ». Ce même Guillaume disait aussi le roi « captif d'une passion véhémente pour son épouse », raison pour laquelle il avait tenu à l'emmener avec luiModèle:Sfn.

Quant à l'infidélité de la reine, elle n'est pas impensable au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : parmi les exemples de l'histoire, le plus proche est celui de la reine Marguerite, épouse d'Henri le Jeune soupçonnée d'avoir été la maîtresse de Guillaume le Maréchal<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le contexte de la croisade aggrave encore la sensibilité à ce qui touche la sexualité, qui même conjugale, était déjà jugée de façon défavorable : sans évoquer Aliénor, plusieurs contemporains attribuent l'échec de la deuxième croisade aux fautes morales des croisés. La même explication est donnée pour l'échec de la croisade de secours de 1101 (à laquelle participe le grand-père d'Aliénor, Modèle:Noble)Modèle:Sfn.

Naissance de la légende noire

Sur cet incident et sur l'infidélité qui paraît admise bien avant la mort d'AliénorModèle:Sfn, à partir du milieu du Modèle:Noble, les chroniqueurs brodent assez rapidement : Hélinand de Froidmont, dans sa Chronique universelle, comme Aubry de Trois-Fontaines affirment qu'elle se conduisit Modèle:Citation. Le but est ici politique : mettre en valeur la vertueuse dynastie capétienne et justifier sa suprématie sur un lignage Plantagenêt immoralModèle:Sfn.

Avant la fin du Moyen Âge, l'évènement est grossi et transformé : on identifie l'amant à Raoul de Faye (son oncle maternel)Modèle:Sfn ou à un Sarrasin bientôt assimilé à SaladinModèle:Sfn (enfant de dix ans à l'époque). Certains chroniqueurs lui prêtent une liaison avec l'évêque de Poitiers Gilbert de la Porrée et le connétable d'Aquitaine, Saldebreuil de SanzayModèle:SfnModèle:Etc. Autant de fantaisies pour les médiévistesModèle:Sfn Modèle:Sfn.

Le point de vue de l'historien Jean Flori

Pour le médiéviste, deux alternatives ressortent du récit de Jean de Salisbury :

  • soit Aliénor a effectivement eu une idylle avec son oncle, qui a provoqué la jalousie du roi et a conduit Aliénor à vouloir rester à Antioche, au point de ne pas craindre de se séparer de son époux ;
  • soit les soupçons du roi étaient infondés et le chroniqueur s'est trompé dans son appréciation du sentiment qui unissait Raymond de Poitiers et sa nièce, ce qui donne une Aliénor très hardie osant évoquer la dissolution du mariageModèle:Sfn.

Dans les deux cas, l'élément primordial est cette évocation d'une possibilité d'annulation du mariage à l'initiative de l'épouseModèle:Sfn, et qui a forcément dû être préméditéeModèle:Sfn. Ce faisant, c'est elle qui décide de la rupture du mariage, chose impensable dans l'univers mental d'alors : pratiquement, c'est elle qui répudie son mari.

Il est difficile de trancher sur la réalité de l'adultère, comme Jean Flori s'interdit de le faire : Modèle:Citation bloc

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Certains historiens pensent qu'Aliénor veut surtout se placer sous la protection du seul homme de sa famille capable de l'aider, un prince puissant et reconnu, et profiter du passage à Antioche pour se soustraire à l'autorité conjugale. C'est cette provocation et cette volonté de manifester son indépendance qui a pu, par sa forme, conduire les observateurs et les chroniqueurs ecclésiastiques à l'interpréter en terme d'infidélitéModèle:Sfn.

Le retour en France du couple royal (été 1149)

Malgré les courriers pressants de SugerModèle:Sfn, Louis prolonge son séjour jusqu'à Pâques 1149, et après ses dévotions aux Lieux saints et quelques opérations militaires infructueuses, il décide de rentrer en FranceModèle:Sfn. Le retour du roi et de la reine a lieu par mer du royaume de Jérusalem vers le royaume de Sicile, tenu par Modèle:Noble, d'origine normande, mais ils voyagent sur deux navires différents. Louis débarque en Calabre le 29 juilletModèle:Sfn.

La nef d'Aliénor, impliquée dans une bataille navale entre Normands de Sicile et Byzantins, tombe un moment aux mains des ByzantinsModèle:Sfn, puis est délivrée par des Normands qui ramènent Aliénor saine et sauve à Potenza, trois semaines plus tard. Elle y apprend la mort de son oncle, Raymond d'Antioche, tué au combat le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Les époux réunis sont reçus par Modèle:Noble à PotenzaModèle:Sfn.

Après un arrêt à l'abbaye bénédictine du Mont-Cassin, en raison d'une maladie d'AliénorModèle:Sfn, ils prennent la route vers la France. Les 9 et 10 octobre 1149Modèle:Sfn, ils rencontrent le pape Modèle:Noble, à Tusculum<ref>Modèle:Chapitre.</ref>,<ref>Modèle:Chapitre.</ref>. Celui-ci s'entretient longuement avec chacun d'eux et les exhorte à reprendre la vie commune, leur enjoignant de ne plus penser au problème de parenté. Louis reçoit en outre des lettres de Suger lui conseillant de masquer son ressentiment et de ne rien décider de façon irrémédiable et précipitéeModèle:Sfn. Finalement les époux se réconcilient, le pape les conduisant lui-même à une chambre qu'il a fait préparer à leur intentionModèle:Sfn Modèle:Sfn. Sans doute conçue à Tusculum, la deuxième fille du couple royal, Alix, naît en 1150Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

L'année 1151 : vers la rupture

Suger meurt le 13 janvier 1151<ref>Modèle:Ouvrage. Cité dans Modèle:Harvsp et Modèle:Harvsp.</ref>. Artisan du mariage de Louis avec Aliénor, il était hostile à leur séparation. Après sa mort, l'idée d'une annulation de mariage, par consentement mutuel cette fois, est de nouveau évoquéeModèle:Sfn Modèle:Sfn

Fin août début septembre 1151, Aliénor fait la connaissanceModèle:Sfn du jeune duc de Normandie, Henri Plantagenêt, âgé de dix-huit ans. Henri et son père, Modèle:Noble, sont venus à la cour de France entamer des pourparlers de paix à l'issue d'un âpre conflit en Normandie. Grâce à la médiation de Bernard de Clairvaux Henri prête finalement hommage à son nouveau suzerain, moyennant la cession à Louis du Vexin normandModèle:Sfn Modèle:Sfn. Le comte d'Anjou meurt le 7 septembre 1151, à son retour de la cour de ParisModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Henri fait forte impression sur la reine de France, de neuf ans son aînéeModèle:Sfn Modèle:Sfn. Tout semble indiquer qu'à l'occasion de cette rencontre la possibilité d'un mariage est envisagée par Aliénor et HenriModèle:Sfn Modèle:Sfn. S'inspirant de ragots de courModèle:Sfn, Gautier Map, à la fin du Modèle:Noble (De nugis curialum), puis plus tard son plagiaire Giraud de Barri (De principis instructione) au Modèle:Noble, évoquent une liaison adultérine antérieure entre Geoffroy le Bel et Aliénor (consentie ou non d'ailleurs, Giraud de Barri parlant même d'un viol) suivie d'un adultère entre Aliénor et Henri, à l'occasion de la venue des Angevins à la cour. Ces faits gravissimes s'ils sont avérés, constituent pour l'époque un inceste du deuxième typeModèle:Sfn. Les médiévistes actuels n'hésitent pas à qualifier de « calomnies innommables » ces assertionsModèle:Sfn <ref>Modèle:Lien web</ref>. Il n'existe aucune preuve concernant les accusations des deux chroniqueursModèle:Sfn.

À la fin de l'année 1151, Louis et Aliénor effectuent ensemble une tournée en Aquitaine, une « liquidation du passé », selon l'expression de LabandeModèle:Sfn : « Le roi relève ses troupes d'Aquitaine, comme pour faire place nette aux hommes de la duchesse dès maintenantModèle:Sfn. » Selon les chroniqueurs Louis y procède enflammé de jalousieModèle:Sfn.

Louis et Aliénor tiennent ensemble leur dernière cour de Noël (assemblée solennelle)<ref>Ces cours solennelles qui se tenaient à Noël (mais aussi à Pâques) étaient de vastes assemblées destinées à démontrer pouvoir et faste Modèle:Harv.</ref> à LimogesModèle:Sfn, puis se rendent à Saint-Jean-d'Angély au début de 1152, avant de se quitter. Aliénor demeure dans son duchéModèle:Sfn.

Le concile de Beaugency et l'annulation du mariage (mars 1152)

Le 18 mars, le roi convoque un concile à Beaugency, près d'Orléans. Il est présidé par Geoffroi du Loroux, archevêque de Bordeaux, qui les a mariés quinze ans auparavantModèle:Sfn et se déroule dans l'église de l'abbaye Notre-Dame de Beaugency.

Durant le concile, le roi séjourne à Beaugency et Aliénor dans le village de Tavers à quelques kilomètres.

Malgré l'interdiction faite par le pape à TusculumModèle:Sfn, l'annulation du mariage est prononcée par le concile le Modèle:Date<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, pour le motif de consanguinité aux Modèle:4e, Modèle:5e et Modèle:6e degrés canoniques<ref>Modèle:Harvsp. Voir aussi l'arbre généalogique capétien simplifié de cet article.</ref>,<ref>Il ne s'agit pas d'un divorce, procédure non reconnue par l'Église, mais d'une procédure exceptionnelle, l'annulation de mariage.</ref>. La décision du roi de se séparer d'Aliénor est largement conditionnée par l'incapacité de cette dernière à lui donner un héritier<ref>Aurell (« Aliénor d'Aquitaine en son temps »), dans Modèle:Harvsp.</ref>.

Aliénor doit laisser ses filles âgées de deux et sept ans auprès de Louis, qui entend les marier à sa convenance. Afin de préserver leur héritage, il conserve dans un premier temps le titre de duc d'Aquitaine, et n'y renoncera formellement qu'en août 1154Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

La reine d'Angleterre

Mariage avec le futur roi Modèle:Henri II d'Angleterre

Fichier:France 1154-fr.svg
Royaume de France après le mariage avec Modèle:Henri II Plantagenêt.

Aussitôt après, Aliénor rentre à Poitiers et manque d'être enlevée deux fois en route par des nobles qui convoitent la main du plus beau parti de France, le comte Modèle:Noble et le jeune frère d'Henri, Geoffroy Plantagenêt<ref>Modèle:Article.</ref>. Elle échange quelques courriers secrets avec Henri Plantagenêt, aperçu à la cour de France en septembre 1151, l'informant de sa disponibilité. Et le Modèle:Date, huit semaines après l'annulation de son premier mariage, elle épouse, à la surprise générale, dans la cathédrale de PoitiersModèle:Sfn, ce jeune homme fougueux, futur roi d'Angleterre, d'une dizaine d'années son cadet et qui a avec elle le même degré de parenté que Modèle:Noble-<ref>Modèle:Harvsp indique que :

  • Louis et Aliénor sont cousins aux 4e, 5e et 6e degrés canoniques, de trois façons différentes au moins : tous deux descendent de Modèle:Noble et de Constance d'Arles (Louis : 4 degrés ; Aliénor : 5) ; tous d'eux descendent d'Otte-Guillaume de Bourgogne et d'Ermentrude de Roucy (5 degrés chacun) ; tous deux descendent de Modèle:Noble et d'Adèle de Normandie (6 degrés chacun).
  • Par ailleurs, Henri et Aliénor sont cousins aux 4e et 5e degrés canoniques : tous deux descendent d'Ermengarde d'Anjou (4 degrés chacun) ; tous deux descendent d'Arlette de Falaise (Henri : 4 degrés ; Aliénor : 5) ; tous deux descendent également de Modèle:Noble- « le Pieux » et de Constance d'Arles (5 degrés chacun). Certains chroniqueurs avaient noté cette parenté avec son nouveau mari (Modèle:Chapitre).</ref>. Les chroniqueurs soulignent la préméditation de ce mariage de la part des intéressés, ainsi que les mobiles politiques et économiquesModèle:Sfn. Aliénor avait besoin d'un protecteur, son mariage est avant tout politiqueModèle:Sfn.

Louis, totalement surpris et furieux de ce remariage inattendu, estimant qu'Aliénor et Henri en tant que vassaux auraient dû demander son assentiment, arme aussitôt une coalition. Il attaque Henri sur ses frontières normandes, et encourage la révolte de Geoffroy Plantagenêt en AnjouModèle:Sfn. Un an plus tard, Aliénor donne naissance à son premier fils, GuillaumeModèle:Sfn.

Le roi Étienne d'Angleterre meurt le 25 octobre 1154. Apprenant la nouvelle, Henri et Aliénor se dirigent vers Barfleur, où ils doivent patienter pendant plus d'un mois avant de traverser la Manche, en raison des tempêtes et des vents contraires. Aliénor est alors enceinte de son second enfant. Ils accostent finalement en Angleterre le 8 décembreModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le Modèle:Date, ils sont couronnés roi et reine d'Angleterre dans l'abbaye de WestminsterModèle:Sfn par Thibaut du Bec, archevêque de CantorbéryModèle:Sfn, permettant à l'Angleterre l'accroissement inespéré de ses territoires continentaux.

En Allemagne, la beauté de la reine Aliénor d'Aquitaine est chantée dans les Carmina BuranaModèle:Sfn :

« Si tout l'univers était mien
Depuis l'Océan jusqu'au Rhin
J'y renoncerais avec joie
Pour pouvoir tenir dans mes bras
La reine d'Angleterre<ref>Modèle:Lien web. Voir le chant 10, en moyen haut allemand : « Were diu werlt alle min » (Si tout l'univers était mien).</ref>. »

Dans les treize années qui suivent, elle lui donne cinq (ou six) fils et trois filles :

Durant les deux premières années de ce mariage, Aliénor affirme son autorité. Mais rapidement, c'est Modèle:Henri II qui prend les décisions ; cinq grossesses les sept premières années la tiennent peut-être à distance. En tout cas, elle le suit au cours de ses voyages s'il a besoin d'elle, le représente quand il ne peut se déplacer (à Londres fin 1158 et en 1160), sinon elle est tenue plus souvent dans les domaines Plantagenêt que dans les siens. Après 1154, tous ses actes sont soit précédés d'une décision du roi d'Angleterre, soit confirmés ensuite par luiModèle:Sfn.

Aliénor est excédée par les infidélités de son époux. Ainsi, son premier fils Guillaume et un bâtard d'Henri sont-ils nés à quelques mois d'écart ; Henri eut beaucoup d'autres bâtards tout au long de leur mariage. Néanmoins, elle obtient en 1191 du pape Modèle:Noble pour l'un d'entre eux, Geoffroy, l'archevêché d'YorkModèle:Sfn. Modèle:Noble- a en effet laissé dans l'Histoire une réputation de paillardise non usurpée. Guillaume de Newburgh, qui ne lui est généralement pas défavorable, nous dit « qu'il était très porté à la concupiscence et aux relations extra-conjugales » mais aussi « qu'il usa assez de la reine pour avoir d'elle une progéniture mais lorsqu'elle cessa d'enfanter il s'adonna à la volupté et engendra des bâtards<ref>Modèle:Chapitre. Cité dans Modèle:Harvsp.</ref> ». Selon Giraud de Barri (le Cambrien), peu après la mort de sa maîtresse, Rosamond Clifford, en 1176, Henri l'aurait remplacée dans son lit par la jeune Aélis de France, alors âgée de seize ans et fiancée de longue date à Richard. Roger de Howden, historien sérieux et peu enclin aux ragots, rapporte que Richard aurait dit à Philippe Auguste : « Je ne rejette pas ta sœur ; mais il m'est impossible de l'épouser car mon père a couché avec elle et engendré d'elle un filsModèle:Sfn ».

L'échec de la conférence de Montmirail (Modèle:Date), et la difficulté de maintenir sa domination sur un ensemble aussi vaste et hétérogène poussent Modèle:Henri II à une réforme dynastique. En 1170, Richard est proclamé duc d'Aquitaine et Aliénor gouverne son duché en son nom. Elle s'établit à Poitiers, y crée la Cour d'amour, dont quelques règles ont été rédigées par André le Chapelain (ou Andreas Capellanus) (voir plus bas). Tout comme avec Modèle:Noble-, elle n'agit que très peu politiquement<ref name="ref_auto_2">Aurell, dans Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>.

L'assassinat de Thomas Becket, archevêque de Canterbury, en 1170, intervient dans un climat troublé. Alors que les dissensions entre Aliénor et Henri ne sont pas encore trop flagrantes, ils souhaitent tous deux le couronnement et le sacre d'Henri le Jeune, longtemps retardés par la querelle avec Thomas. Ce premier couronnement a lieu le 14 juin 1170, à Westminster, mais sans la présence de la jeune épouse d'Henri le Jeune, restée auprès d'Aliénor à Caen. Thomas Becket, ainsi que l'évêque de Worcester porteur d'interdits pontificaux et d'excommunications, ont été retenus contre leur gré en Normandie. Aliénor a donné l'ordre d'empêcher tout départ de navire vers l'AngleterreModèle:Sfn. Aliénor n'a pris aucune part dans l'affaire du meurtre de ThomasModèle:Sfn. Si l'on ignore malheureusement tout de l'attitude d'Aliénor dans ce conflit, en revanche, une lettre de 1165 de l'évêque de Poitiers, Jean Bellesmains, à son ami Thomas Becket lui enjoint de se méfier d'Aliénor en raison de l'inimitié de Raoul de Faye, oncle et très proche de la reine<ref name="ref_auto_1">Aurell, dans Modèle:Harvsp.</ref>.

La mécène

Les historiens ont longtemps attribué à Aliénor d'Aquitaine un rôle important de mécène, notamment auprès des troubadours, ayant été formée à l'exemple de ses père et grand-père. Cette vision a été radicalement remise en cause récemment par K. M. Broadhurst : en effet, en regardant en détail les œuvres auparavant considérées comme commandées ou dues au patronage d'Aliénor, très peu comportent une mention de cette commande. De plus, en se fondant sur le fait que le seul troubadour présent dans les chartes au même endroit qu'Aliénor est Arnaut-Guilhem de Marsan, coseigneur de Marsan lors d'un plaid tenu à Bordeaux en 1170, l'existence même de ces cours poétiques est remise en cause<ref>Modèle:Article.</ref>. Arnaut-Guilhem de Marsan était l'auteur d'un célèbre (au Moyen Âge) Ensenhamen de l'escuder, un guide qui expliquait comment se comporter en bon chevalier. Mais c'est en tant que seigneur de Roquefort et de Montgaillard qu'Arnaud Guilhem assiste à la cour plénière de Bordeaux et non pas pour y rechercher un patronageModèle:Sfn.

Broadhurst affirme également que ces cours d'amour sont des inventions d'André le Chapelain qui poursuivait peut-être des buts politiques en voulant discréditer Aliénor. Il était en effet un clerc du roi de France Philippe Auguste, fils de Modèle:Noble-, et son ironie à l'égard d'Aliénor est évidente<ref>Aurell, dans Modèle:Harvsp.</ref>, de même qu'il n'a jamais fréquenté sa cour. Le traité d'André le Chapelain est d'ailleurs parfois qualifié de « burlesque »Modèle:Sfn ramené au rang de canularModèle:Sfn, voire de parodie, sous la forme d'une comédie littéraireModèle:Sfn.

Si la légende d'Aliénor repose en partie sur cette cour de Poitiers, on ne croit plus guère aujourd'hui à l'existence de ces cours d'amour et le témoignage d'André le Chapelain est très contesté. La « démythologisation » de ce thème était nécessaire, même si l'on est allé un peu trop loin dans cette voieModèle:Sfn.

Le médiéviste Jean Flori conclut ainsi son chapitre sur Aliénor et l'amour courtois :

« Quelle que soit l'interprétation adoptée du traité d'André le Chapelain, un fait demeure, incontournable; pour le public lettré auquel s'adresse l'auteur, l'amour courtois a largement pénétré les mentalités et les mœurs des cours aristocratiques. Et Aliénor passe pour en être l'arbitre, sinon l'initiatrice, par sa vie réelle et supposée, sans doute, mais aussi par sa fréquentation et son patronage des milieux lettrés qui en véhiculent la doctrineModèle:Sfn ».

En 1155, Wace termine son Roman de Brut, qui adapte en français l’Historia Regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth<ref>Modèle:Article.</ref>. Bien que l'ouvrage ne contienne aucune allusion au couple royal ni à Aliénor, Wace en dédie peut-être un manuscrit à la reineModèle:Sfn. Son Roman de Rou, commissionné par Henri en 1160Modèle:Sfn, ne montre aucune évidence d'un patronage d'AliénorModèle:Sfn. C'est une œuvre importante de Modèle:Nb, qui a au moins dû recevoir un encouragement ou une incitation du roi. On peut joindre à cette attribution au moins l'Histoire des ducs de Normandie, par Benoît de Sainte-MaureModèle:Sfn. D'un autre côté, sans qu'on puisse attribuer l'origine d'œuvres à des commandes royales, un certain nombre ont certainement été composées en leur honneur, ou dans le but de leur plaire, ou ont dû valoir à leur auteur une généreuse récompense. Enfin, le prestige du couple est tel qu'il est présent dans la littérature contemporaine : dans les années 1150, un trouvère anonyme, originaire de l'Angoumois, refait la geste de Girart de Roussillon, en glissant plusieurs allusions à Aliénor d'AquitaineModèle:Sfn,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Plus tard, vers 1165, le Normand Benoît de Sainte-Maure ne la nomme pas, mais fait son éloge dans son Roman de Troie, manière de dédicaceModèle:Sfn ; de même, il chante les louanges du couple royal deux fois dans la Vie de saint ÉdouardModèle:Sfn.

Le troubadour Bernard de Ventadour, qui a rejoint la cour d'Modèle:Noble- et AliénorModèle:Sfn, lui dédie l'une de ses chansons en la surnommant « la reine des Normands »Modèle:Sfn. Dans ce chant, Par le doux chant que fait le rossignol, il confie que « pour vous je suis d'auprès du roi parti »Modèle:Sfn. La chanson témoigne de « sa belle présence », « son corps allègre », « sa courtoisie et ses belles paroles »<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Quand elle règne à Poitiers, elle ouvre une cour lettrée, y accueillant entre autres sa fille Marie de Champagne (protectrice de Chrétien de Troyes)<ref>Modèle:Harvsp. Sur l'influence, d'ailleurs contestée, qu'Aliénor a sur la poétesse Marie de France, voir Modèle:Harvsp.</ref>, a-t-on longtemps cru sous la seule influence du traité d'André le ChapelainModèle:Sfn. De même, Barking et Philippe de Thaon lui dédient des œuvres<ref>Aurell, dans Modèle:Harvsp ; pour Philippe de Thaon, il s'agit d'une seconde version du Bestiaire, primitivement dédicacée à Adélaïde de Louvain, remplacée ensuite par Aliénor, ce qui montre le prix accordé à son avis.</ref>. La présence de Marie de Champagne à Poitiers à cette époque est cependant jugée très peu probable<ref>Modèle:Article. Cité dans Modèle:Harvsp.</ref>,Modèle:Sfn Modèle:Sfn.

Modèle:Noble- et Aliénor ne semblent pas être intervenus de façon notable dans la reconstruction de la cathédrale gothique Saint-Pierre de Poitiers, dont les fondations sont posées dans les années 1150. L'initiative en revient à l'évêque de Poitiers et au chapitre de Saint-PierreModèle:Sfn. Mais ils ont certainement donné leur assentiment et participé en tant que donateurs laïcs. Henri, Aliénor et leurs quatre fils sont en effet représentés dans le registre inférieur du vitrail de la Crucifixion du chevet de la cathédraleModèle:Sfn Modèle:Sfn.

S'il existe peu de mentions explicites d'un patronage d'Henri II, au sens strict du terme, et aucune d'un patronage exclusif de la part d'Aliénor dans la production littéraire du Modèle:Noble, la cour Plantagenêt protège néanmoins de façon évidente les artistes. L'époque connaît une importante floraison littéraireModèle:Sfn, qui pénètre cependant peu à la cour de ParisModèle:Sfn et bien moins encore à celle de LondresModèle:Sfn. Aux yeux des poètes et romanciers, Aliénor tient un rôle important, aux côtés d'Henri, dans le patronage littéraireModèle:Sfn.

La révolte de 1173-1174 et les quinze ans de captivité

Modèle:Article détaillé En 1173, Aliénor se sentant menacée dans ses États et craignant d'être écartée du trône au profit d'une rivale<ref>Comme l'a écrit Labande : « Aliénor ne s'est pas vengée en assassinant Rosemonde. Elle a fait mieux elle a soulevé le Poitou. » Cité dans Modèle:Harvsp.</ref>, soutient et probablement suscite la révolteModèle:Sfn de ses fils Richard, Geoffroy et Henri le Jeune contre leur père, Modèle:Henri II<ref>Aurell, dans Modèle:Harvsp ; Labande lui-même Modèle:Harv.</ref>. Henri le Jeune s'irrite en effet du refus paternel de lui octroyer une terre dont il puisse vivre, alors qu'il peut prétendre au pouvoir royal par son sacre et son couronnement en 1172, à WinchesterModèle:Sfn. (Un premier couronnement avait même déjà eu lieu, le 14 juin 1170 à Westminster, malgré l'opposition de l'archevêque Thomas BecketModèle:Sfn). De plus, Henri le Jeune, très attaché à Thomas Becket qui avait été son tuteur, fait peut-être porter la responsabilité de son assassinat à son pèreModèle:Sfn. Richard, à qui Aliénor a remis son duché en juin 1172Modèle:Sfn, se voit relégué en troisième position malgré les assurances paternelles et les investitures solennelles, lorsque Raymond de Toulouse prête hommage à Modèle:Noble- et à Henri le Jeune, en février 1173, pour une terre qu'Aliénor estime relever de son duché d'AquitaineModèle:Sfn. Parmi les causes de cette révolte, il ne faut pas négliger la « réaction hostile de la noblesse poitevine et angevine aux progrès du gouvernement et de l'administration d'Modèle:Noble- sur ses domaines »<ref name="ref_auto_1" />. L'aristocratie locale, surtout en Anjou, Aquitaine et Bretagne s'allie aux jeunes princes afin de contrer la volonté centralisatrice d'Modèle:Noble-Modèle:Sfn. Cette révolte est soutenue par Modèle:Noble (beau-père d'Henri le Jeune), qui à cette occasion adoube même le jeune RichardModèle:Sfn, le roi d'Écosse Modèle:Noble, ainsi que par les plus puissants barons anglais. Aliénor espère ainsi reprendre le pouvoir à Modèle:Noble, dans ses États. Mais la révolte tourne court, Aliénor est capturée et les fils rebelles doivent se soumettre à leur père, contraints et forcésModèle:Sfn.

En effet, à la fin de novembre 1173, Aliénor tente de rejoindre la cour de Modèle:Noble- à Paris, où se trouvent déjà ses fils, mais est arrêtée auparavant par les soldats de son mari, reconnue alors qu'elle chevauche à travers le pays habillée en homme, à près de cinquante ans, nous dit le chroniqueur Gervais de CanterburyModèle:SfnModèle:Sfn. Elle est emprisonnée pendant presque quinze années, d'abord à Chinon, puis à Old Sarum (Salisbury), et dans divers autres châteaux d'Angleterre. Dans un premier temps, Modèle:Henri II tente de faire dissoudre le mariage afin de se remarier avec Rosamond Clifford, avec laquelle il vit maintenant publiquementModèle:Sfn. Mais le cardinal UguccioneModèle:Sfn, nonce apostolique, qu'il reçoit le 27 octobre 1175Modèle:Sfn, lui oppose une fin de non-recevoirModèle:Sfn.

En 1183, Henri le Jeune, endetté et auquel son père refuse la Normandie, se révolte à nouveau. Il tend un guet-apens à son père à Limoges, soutenu par son frère Geoffroy et par le roi de France Philippe Auguste. Mais il échoue, et doit subir un siège à Limoges, puis s'enfuir. Il erre ensuite en Aquitaine, et meurt finalement de dysenterie. Mais avant de mourir, il a demandé à son père, le roi Modèle:Henri II d'Angleterre, de libérer sa mère. De même, en 1184, Henri le Lion et son épouse Mathilde d'Angleterre intercèdent auprès d'Modèle:Henri II, et la captivité d'Aliénor s'adoucit. Pour la Pâques 1185, il la fait revenir sur le continent lors de la nouvelle révolte de leur fils Richard (Cœur de Lion), fils préféré d'Aliénor, afin qu'elle le ramène à la docilitéModèle:Sfn.

Son action de gouvernement

Pendant un an, de 1165 à 1166, Aliénor quitte l'Angleterre, déléguée par Henri en Anjou et dans le MaineModèle:Sfn. C'est dans la période 1167-1173 qu'elle commence à prendre des décisions d'importance, sans avoir besoin d'une confirmation d'Modèle:Henri II. Mais là encore, elle n'exerce seule et pleinement le pouvoir, que parce que le roi se retire volontairementModèle:Sfn. L'année 1168 est marquée par des révoltes en Poitou. Aliénor traverse la Manche avec Henri. Après avoir maté la révolte, Henri laisse Aliénor gouverner en son absence, assistée de Patrice de Salisbury. Aliénor réside dorénavant plus souvent à la cour de Poitiers mais continue ses nombreux déplacementsModèle:Sfn. À l'approche de Pâques 1168, alors qu'elle chevauche vers Poitiers en compagnie d'une petite troupe et du comte de Salisbury, Aliénor tombe dans une embuscade tendue par Geoffroy de Lusignan. La reine parvient à s'échapper et se réfugie dans un château voisin, mais Patrice de Salisbury, qui n'a pas eu le temps de s'équiper, est tué traîtreusement d'un coup d'épée dans le dos. Son neveu, le jeune Guillaume le Maréchal, est blessé d'un coup d'épieu à la cuisseModèle:Sfn après s'être battu très vaillamment, et est fait prisonnier par les hommes des Lusignan. Aliénor paie sa rançon et lui fait donner un équipement de chevalier. Guillaume le Maréchal lui reste ensuite loyal et devient le compagnon de tournoi de son fils Henri le Jeune. Plus tard, il deviendra régent d'Angleterre aux côtés d'Aliénor, après la mort d'Modèle:Noble-Modèle:Sfn.

Son activité est suspendue pour la période 1173-1189, avant de reprendre dès sa libération. Lors de cette période de retraite monastique entrecoupée de sorties dans le monde, son autonomie de gouvernement n'est en rien limitée. Sans être une reine indépendante, Aliénor a tenté d'exercer le pouvoir, ce qui est déjà exceptionnel pour l'époque ; elle l'a fait de manière conjointe et limitée avec Modèle:Noble- ; et de manière discontinue et incomplète avec Modèle:Henri II. Le fait d'être femme a limité ses pouvoirs pendant les périodes de criseModèle:Sfn. Le principal étant qu'elle montre une inépuisable énergie, tout au long de son existence, pour maintenir entier l'empire Plantagenêt sous le gouvernement de ses filsModèle:Sfn Modèle:Sfn

S'inspirant des conventions maritimes qui existaient déjà en Méditerranée orientale, Aliénor jette les bases d'un droit maritime avec la promulgation en 1160 des Rôles d'Oléron lesquels sont à l'origine de la loi actuelle de l'Amirauté britannique, et du droit maritime moderne<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Elle passe également des accords commerciaux avec Constantinople et les ports des Terres saintes.

Elle accorde une charte de commune à Poitiers, et modernise la ville : construction de halles, d'une enceinte nouvelle, agrandissement de son palais, etc.

La veuve

Après la mort d'Modèle:Henri II, le Modèle:Date, elle est libérée par ordre du nouveau roi, son fils Richard Cœur de Lion. Elle parcourt alors l'Angleterre, y libère les prisonniers d'Modèle:Henri II et leur fait prêter serment de fidélité au nouveau roi. Elle y gouverne en son nom jusqu'au début de 1191Modèle:Sfn. Alors que Richard Cœur de Lion est parti pour la troisième croisade, elle va chercher Bérangère de Navarre et la conduit, en plein hiver, par les Alpes et l'Italie, jusqu'à Messine, où Richard s'apprête à appareiller pour la Terre sainteModèle:Sfn. Aliénor et Bérangère le rejoignent le 30 mars. Ils préparent hâtivement les épousailles. Richard épouse Bérangère à Limassol le 16 mai.

Aliénor retourne précipitamment en Angleterre empêcher son plus jeune fils, Jean sans Terre, le mal-aimé, de trahir son frère Richard. Elle n'y parvient qu'un temps : en mars 1193, il cède le Vexin à Philippe Auguste. Aussitôt, elle l'assiège avec tous les barons anglo-normands (dont Guillaume le Maréchal) à WindsorModèle:Sfn.

Sur le chemin du retour, Richard est capturé en Autriche. Indignée par la nouvelle, et par l'absence de réaction du pape (qui protège normalement les croisés), Aliénor écrit néanmoins à celui-ci pour lui demander de l'aide et fustiger son inertie, parvient à rassembler l'énorme rançon (cent cinquante mille marcs d'argent, équivalant à deux années de recettes pour le royaume d'AngleterreModèle:Sfn) qu'elle apporte elle-même à Mayence à Modèle:Noble, fils de Frédéric Barberousse (hiver 1193–1194)Modèle:Sfn.

Elle se retire ensuite à Fontevraud. La blessure de Richard Cœur de Lion au siège du château de Châlus-Chabrol la tire de sa retraite. Il meurt le Modèle:Date, et elle prend aussitôt parti pour son dernier fils JeanModèle:Sfn : à Modèle:Nobr, elle parcourt tout l'Ouest de la France, rallie l'Anjou qui s'était prononcé pour le comte de Bretagne, et fait prêter serment à Jean sans Terre dans son duché d'Aquitaine. En juillet, elle rend hommage au roi Modèle:Noble- de France, à Tours, puis rencontre son fils Jean sans Terre à Rouen. Enfin, en janvier 1200, elle est en Castille d'où elle doit ramener une épouse pour l'héritier du trône de France : elle préfère Blanche de Castille, parmi ses deux petites-filles. Cette enfant deviendra la mère de Saint LouisModèle:Sfn.

Dernières années

Fichier:Gisant d'Aliénor.jpg
Le gisant couché en tuffeau polychrome<ref>Polychromie refaite en 1846 ; présence de nombreux repeints.</ref> d'Aliénor (avec Modèle:Henri II au second plan), à Fontevraud : représentée à une trentaine d'années, coiffée de la couronne royale, les yeux sans regard, avec pour la première fois en Occident médiéval le thème de la femme lectrice (le livre est probablement un psautier<ref>Peut-être le psautier de Fécamp, que certains historiens lui attribuent (Modèle:Article).</ref>, mais aussi l'évocation du Livre de Vie qu'elle lira éternellement)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Aliénor se retire en 1200 à l'abbaye de FontevraudModèle:Sfn. Malade, elle ramène néanmoins, en février 1201, le puissant vicomte Modèle:Noble, qui s'était révoltéModèle:Sfn, à l'obéissance.

En juillet 1202, Philippe Auguste déclare Jean sans Terre félon, et saisit ses domaines continentaux. Une de ses armées, à Tours, est commandée par le petit-fils d'Aliénor, Arthur de Bretagne, et menace Fontevraud. Elle fuit l'abbaye pour se réfugier à Poitiers, mais ne peut y parvenir et s'abrite à Mirebeau, y est assiégée par le duc de Bretagne du 15 juillet<ref name="ref_auto_3">Aurell, dans Modèle:Harvsp.</ref>,Modèle:Sfn au Modèle:Date-, avant d'être délivrée par son fils JeanModèle:Sfn.

Elle se retire à nouveau à Fontevraud à l'automne, et meurt à Poitiers<ref>« Interim autem Alienora , quondam Anglorum regina et regis mater, apud Pictavim in fata recessit [Mais pendant ce temps Aliénor, naguère reine des Anglais et mère du roi [Jean], céda au destin à Poitiers] » (Modèle:Chapitre. Cité dans Modèle:Harvsp). Il a été souvent écrit qu'elle était morte à Fontevraud, mais, selon Flori et Aurell, la localisation de sa mort à cet endroit est due à une mauvaise interprétation du latin « sepulta » par Amy Kelly, reportée dans son ouvrage de 1950 Modèle:Harv. Le texte original est sans équivoque : « Obiit Alienor, regina Anglorum; sepulta est ad Font Ebraldi. [Est décédée Aliénor, reine des Anglais ; elle est ensevelie à Fontevraud.] » (Modèle:Ouvrage).</ref>, à l'âge de Modèle:Unité le Modèle:Date ou le Modèle:Date<ref>Mascureau, dans Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="ref_auto_3" />,Modèle:Sfn, quelques semaines après la prise de Château-Gaillard par Philippe AugusteModèle:Sfn. Elle est inhumée à Fontevraud où, malgré les saccages et profanations révolutionnaires de 1793, on peut toujours voir son gisant polychrome qui voisine avec ceux de son second mari Modèle:Noble, de son troisième fils Richard Cœur de Lion, et d'Isabelle d'Angoulême, l'épouse de Jean sans Terre.

Arbres généalogiques

Les ducs d'Aquitaine inclus dans ces arbres étaient aussi comtes de Poitiers. On n'a conservé que le premier titre pour alléger le texte et pour respecter la hiérarchie nobiliaire.

Ascendance ramnulfide

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Modèle:Ancre

Ascendance capétienne simplifiée

(Démontrant la parenté au Modèle:4e et Modèle:5e degré canonique entre Louis (4 degrés) et Aliénor (5 degrés), en remontant à Modèle:Noble- le Pieux et Constance d'Arles. Louis et le père d'Aliénor (Modèle:Noble- le Toulousain) étaient cousins issus d'issus de germains.)

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Ascendance ingelgerienne simplifiée

(Démontrant la parenté au Modèle:4e degré canonique entre Henri et Aliénor, en remontant à Ermengarde d'Anjou. Henri et Aliénor étaient cousins issus d'issus de germains.)

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Postérité

Fichier:Queen Eleanor (Frederick Sandys, 1858).jpg
Aliénor d'Aquitaine par Frederick Sandys, 1858, musée national de Cardiff.

Une « légende noire » s'est tout d'abord constituée autour d'Aliénor d'Aquitaine avant sa réhabilitation par les historiens. Ce personnage historique hors norme a inspiré de nombreuses fictions, notamment romanesques.

La représentation d'Aliénor d'Aquitaine sur le mur de la chapelle Sainte-Radegonde de Chinon est sujette à caution : il pourrait s'agir en fait de son fils Henri le Jeune couronné du vivant de son père ce qui lui permettait de porter couronne et manteau à doublure de vair<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Hommages

Aliénor d'Aquitaine est une des 39 convives attablées dans l'œuvre d’art contemporain The Dinner Party (1979) de Judy Chicago<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Un timbre-poste français est édité en 2004 à l'occasion du Modèle:800e anniversaire de sa mort<ref>Modèle:Lien web.</ref> (Modèle:Unité, Yvert et Tellier 3640). En 2014, elle est représentée sur une vignette accolée au timbre (Modèle:Unité, Yvert et Tellier 4859) édité au salon international Passion-Timbres à Poitiers<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Une rose portant son nom a été créée en 2005<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Quatre collèges portent son nom dans le département de la Gironde : à Salles, Martignas-sur-Jalle, Bordeaux et Castillon-la-Bataille, ainsi que, dans le département de la Charente-Maritime, celui de Le Château-d'Oléron. Un lycée d'enseignement général et technologique à Poitiers porte également son nom.

En 2019, elle donne son nom au nouveau bâtiment qui accueille le campus euro-latino-américain de l’Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po) à Poitiers au no 23 de la rue Jean-Jaurès<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Dans les œuvres de fiction

Représentations iconographiques

Cinéma

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Katharine Hepburn incarnant la reine Aliénor dans Le Lion en hiver (1968).

Télévision

Littérature

Poésie

Bande dessinée

Théâtre

  • Benjamin Vincent, Aliénor d'Aquitaine création à Vianne, mise en scène Roger Louret avec Marianne Valéry dans le rôle-titre et Nicolas Briançon, 1986.
  • Mathieu Falla, Aliénor ou l'aigle se réjouira, Liège, 1977 (prix de littérature dramatique de la province de Liège).
  • Jean Anouilh, Becket ou l'Honneur de Dieu, 1959, où elle figure sous le nom de « la jeune reine ».

Internet

  • Armelle Deutsch incarne Aliénor d'Aquitaine dans la vidéo YouTube Confessions d'Histoire : Aliénor & Conséquences (ou La Deuxième Croisade)<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Jeux vidéo

Notes et références

Modèle:Références nombreuses

Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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