Edgar P. Jacobs

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Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2 Edgard Félix Pierre Jacobs, dit Edgar P. Jacobs, né le Modèle:Date de naissance à Bruxelles (province de Brabant), mort le Modèle:Date de décès à Lasne (province du Brabant wallon), est un auteur de bande dessinée belge, principalement connu pour la série Blake et Mortimer, l'une des bandes dessinées européennes les plus populaires du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Étudiant de l'Académie royale des beaux-arts, Edgar P. Jacobs est également passionné d'opéra. Il tente une brève carrière de chanteur lyrique, d'abord comme choriste au music-hall puis en interprétant des rôles secondaires à l'Opéra de Lille, tout en gagnant sa vie en illustrant des catalogues publicitaires. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il publie plusieurs dessins dans l'hebdomadaire Modèle:Nobr puis est chargé, dans ce même magazine, d'achever une aventure de Gordon l'Intrépide à la place de l'auteur Alex Raymond, dont les planches ne parviennent plus en Belgique. Il crée par ailleurs sa première bande dessinée, Le Rayon U, qui connaît un certain succès.

Son utilisation novatrice de la couleur séduit ses confrères. Edgar P. Jacobs devient le premier collaborateur d'Hergé et participe à la refonte des premiers albums des Aventures de Tintin, tout en l'aidant dans la conception de ses nouvelles aventures, en particulier Les Sept Boules de cristal et Le Temple du Soleil. Il intègre l'équipe du Journal de Tintin à sa création, et en devient rapidement l'un des auteurs-phares avec Le Secret de l'Espadon, première aventure de Blake et Mortimer. Il se consacre à cette série jusque dans les Modèle:Nobr, pour un total de huit aventures, mais en raison d'une santé déclinante, il ne peut entreprendre la réalisation graphique du second tome de la dernière aventure, Les Trois Formules du professeur Satō, qui est achevé quelques années après sa mort par Bob de Moor.

Si Modèle:Nobr est considéré comme l'un des plus grands auteurs de la bande dessinée belge et européenne, il a longtemps souffert d'un manque de reconnaissance et a toujours considéré sa carrière de dessinateur comme une véritable Modèle:Citation, lui qui rêvait d'une carrière de baryton. Sa passion pour l'art lyrique, en particulier le Faust de Charles Gounod, détermine sa conception de la bande dessinée, qu'il perçoit comme un opéra de papier. Son œuvre, marquée par le fantastique et la science-fiction, puise dans de nombreuses références culturelles et littéraires, en particulier les romans de H. G. Wells et Jules Verne, de même que les chefs-d'œuvre du cinéma expressionniste allemand, des passions qu'il partage avec son ami de toujours, Jacques Van Melkebeke, qui l'aide à faire naître ses scénarios. De ces références naît une œuvre visionnaire et futuriste, empreinte de fantastique et d'ésotérisme, qui accorde une large place à la crainte du déclin occidental, aux progrès de la science comme aux petits mystères du quotidien.

Perfectionniste et méticuleux, Modèle:Nobr s'attache au réalisme et à l'authenticité de ses récits en images, qu'il appuie sur une abondante documentation, parfois établie par des déplacements sur les lieux de ses intrigues. Il préfère travailler seul et ne sollicite que rarement l'aide de ses confrères, principalement pour des tâches mineures comme l'encrage et la colorisation. Après sa mort, Les Aventures de Blake et Mortimer sont reprises par de nouveaux auteurs, de sorte que la série compte maintenant plus d'albums inventés par les successeurs de Jacobs que par le créateur de la série lui-même.

Biographie

Enfance

Photographie montrant les étages d'un groupe de maisons accolées.
Des maisons de la rue Ernest Allard à Bruxelles, voisines de celle de la famille Jacobs.

Edgard Félix Pierre Jacobs naît le Modèle:Date- au domicile de ses parents rue Ernest Allard, dans le quartier du Sablon, à BruxellesModèle:Sfn. Son père, Jacques François Jacobs, né en 1878, est d'origine paysanne. Orphelin à l'âge de Modèle:Nobr et séparé de sa sœur, il travaille comme apprenti boulanger, puis à l'issue de son service militaire, il réussit son examen d'entrée dans la police et devient sergent de ville à BruxellesModèle:Sfn. Sa mère, Elvire Billestraet, gère un temps l'épicerie située au rez-de-chaussée de leur domicile, avant de se consacrer à la tenue de son foyer et à l'éducation de ses enfantsModèle:Sfn.

La naissance d'Edgard, conçu deux mois avant le mariage du couple, n'est pas désiréeModèle:Sfn. Enfant, il est d'une attitude remuante qui contraste avec la discipline sévère imposée par ses parents. Edgard est élevé à l'écart des autres enfants du quartier. Son père lui interdit de sortir pour jouer avec eux dans les rues, mais il lui fournit le plus souvent du matériel pour dessinerModèle:Sfn, et lui transmet son goût pour la musique et la lectureModèle:Sfn.

En Modèle:Date-, il est inscrit par son père dans une école moyenne de Bruxelles. Ce type d'établissement, payant, est réputé pour son excellence et majoritairement fréquenté par les enfants de la petite bourgeoisie. Edgard Jacobs y subit les moqueries de ses camarades en raison de son origine sociale plus modeste, et très vite, il quitte cet établissement et intègre une école communale de la rue des ÉburonsModèle:Sfn. Jacques Jacobs suit de près la scolarité de son fils et se montre particulièrement exigeant lorsqu'il surveille ses devoirsModèle:Sfn. La famille s'agrandit avec la naissance d'un garçon, André, le Modèle:Date-, mais en raison de leur différence d'âge, les deux frères n'éprouvent aucune complicitéModèle:Sfn.

Edgard Jacobs se passionne très tôt pour la lecture. Il se rend régulièrement à la bibliothèque municipale pour y emprunter des volumes consacrés à l'histoire, la géographie ou l'histoire naturelle, mais aussi des pièces de théâtreModèle:Sfn. Il lit des magazines comme Lectures pour tous ou Je sais tout, de même que des illustrés pour la jeunesse qu'il achète d'occasion, considérés comme les précurseurs de la bande dessinéeModèle:Sfn. À cette époque, il affectionne notamment les dessins de Georges OmryModèle:Sfn. À l'âge de douze ans, son père le conduit un soir au Théâtre royal des Galeries où est donnée une représentation de Faust de Charles Gounod<ref group="his" name="p8-15">Modèle:Chapitre.</ref>. Cette première rencontre avec l'opéra et l'art lyrique enchante le jeune garçon : Modèle:Citation Dès le lendemain, il en achète le livretModèle:Sfn.

Rencontre de Jacques Van Melkebeke, l'ami de toujours

Malgré ses efforts, les résultats scolaires d'Edgard sont plutôt médiocres, notamment en mathématiques, et sa famille renonce à lui faire suivre des études supérieuresModèle:Sfn. En Modèle:Date-, il entre au Modèle:4e commercial de l'école de la rue des Sols, toujours à Bruxelles, une formation plus modeste qui doit lui permettre de postuler comme employé aux écritures comptables dans un commerce ou dans une banqueModèle:Sfn. Il y fait la rencontre de Jacques Van Melkebeke, un jeune homme originaire du quartier des Marolles et excellent dessinateur, comme lui. D'abord rivaux, les deux adolescents se rapprochent et finissent par nouer une amitié indéfectibleModèle:Sfn.

Gravure montrant un robot.
Illustration de La Guerre des mondes pour l'édition belge de 1906, par Henrique Alvim Corrêa.

Cette amitié est mal vue par les parents d'Edgard Jacobs, d'autant que ses résultats scolaires ne s'améliorent pas. Pour autant, les deux amis, bien que de caractères dissemblables, sont réunis par leur passion commune pour les arts plastiques et la fiction fantastique, et deviennent très vite inséparablesModèle:Sfn. Quand ils ne sont pas à l'école, ils se plongent dans les sept volumes du Nouveau Larousse, fréquentent les musées du parc du Cinquantenaire ou assistent à de nombreuses projections cinématographiquesModèle:Sfn. Jacques Van Melkebeke conseille à Edgard Jacobs la lecture des romans de H. G. Wells, en particulier La Guerre des mondes qui le fascine. Les œuvres de l'écrivain britannique deviennent alors les livres de chevet préférés d'EdgardModèle:Sfn. Il apprécie également le romantisme allemand, à travers les œuvres de Goethe et Hoffmann qui lui inspirent de nombreux dessinsModèle:Sfn. En retour, il transmet à Van Melkebeke sa passion pour l'opéra. Les deux hommes sont notamment capables de supporter près de cinq heures d'attente pour assister à une nouvelle représentation de Faust au Théâtre de la MonnaieModèle:Sfn.

En parallèle, Edgard Jacobs découvre la justesse et la puissance de sa voix et rêve d'une carrière de chanteur lyrique, ce que ses parents désapprouvent fortementModèle:Sfn. À l'été 1918, la famille s'installe rue Louis Hap à Etterbeek, dans la banlieue bruxelloise, et malgré leur éloignement, Edgard Jacobs et Jacques Van Melkebeke continuent de se voir régulièrementModèle:Sfn. Ils se prennent alors de passion pour le cinéma américain, notamment les films des grands acteurs burlesques comme Charlie Chaplin, Buster Keaton et Harold Lloyd, mais également les œuvres de Cecil B. DeMille, ainsi que les premiers films du cinéma expressionniste allemandModèle:Sfn.

Edgard Jacobs convainc ses parents de l'inscrire à l'examen d'entrée à l'Académie des beaux-arts de Bruxelles. Il y est reçu au mois d'Modèle:Date- à la section « Décoration », en même temps que Jacques Van Melkebeke, avec l'option « tête antique »Modèle:Sfn,<ref group="note">Jacques Van Melkebeke choisit quant à lui l'option « dessin linéaire ».</ref>.

Étudiant des beaux-arts et artiste de music-hall

Photographie en noir et blanc d'une danseuse de music-hall en position assise, vêtue d'une robe longue et coiffée d'un chapeau à plumes.
Mistinguett (ici en 1911), dont Edgard Jacobs assure les chœurs en 1922.

À cette époque, Edgard Jacobs désire se consacrer à la peinture d'histoire, mais son enthousiasme s'efface très vite tant les cours dispensés par Louis-Charles Crespin, chargé de la classe de « Décoration », ne le passionnent guèreModèle:Sfn. Il y perfectionne néanmoins ses connaissances artistiques en s'intéressant aux œuvres des grands maîtres de la Renaissance comme Albrecht Dürer ou Hans HolbeinModèle:Sfn. Il quitte l'Académie des beaux-arts au début de l'année 1921, quelques semaines après Jacques Van Melkebeke, désireux d'entrer dans la vie active. Il est alors engagé comme apprenti dessinateur de broderie, avec un salaire mensuel de Modèle:UnitéModèle:Sfn.

Edgard Jacobs s'inscrit pourtant de nouveau à l'Académie des beaux-arts en Modèle:Date-, tout en suivant les cours de l'école d'art de Saint-Josse-ten-Noode. Peu à peu, il délaisse la peinture à l'huile au profit du lavis, de l'aquarelle et du dessinModèle:Sfn. Après avoir contacté sans succès des agences publicitaires bruxelloises, il s'initie à la retouche photographique avec Jacques Van Melkebeke et propose ses services à différents photographes de la capitale. Pendant l'hiver 1921, il commence à se produire en soirée sur la scène du Théâtre de la Monnaie, dans un rôle de figurant. Ce modeste emploi lui permet d'entrevoir son rêve de carrière artistique tout en conservant ses activités de retoucheur en journéeModèle:Sfn. En Modèle:Date-, Edgard Jacobs devient artiste de music-hall : pour un salaire de Modèle:Unité par mois, il signe un contrat avec Léon Volterra en tant que choriste pour toute la durée de la revue Bonjour Paris à l'Alhambra, avec la célèbre artiste parisienne MistinguettModèle:Sfn. Il y fait la rencontre d'une autre choriste, Madeleine, avec qui il entame une relation amoureuseModèle:Sfn.

Edgard Jacobs multiplie les cachets en interprétant des sketchs de Sacha Guitry ou en se produisant dans des opérettes comme La Fille du tambour-major ou La Chaste SuzanneModèle:Sfn. Par l'intermédiaire de Jacques Van Melkebeke, il fait la rencontre de Jacques Laudy, fils du peintre Jean LaudyModèle:Sfn. Les trois hommes se lient d'amitié et se retrouvent souvent pour discuter d'art et de littérature, mais aussi pour pratiquer des séances de spiritismeModèle:Sfn. À la fin de l'année 1923, les parents d'Edgard Jacobs, qui ne voient aucun avenir sur scène pour leur fils, le contraignent à s'engager chez les joailliers bruxellois Wolfers afin qu'il y apprenne à dessiner l'argenterie. Il démissionne pourtant après seulement quelques semaines et parvient à se faire engager comme dessinateur de catalogue pour les Grands Magasins de la Bourse. Il y réalise des illustrations à la plume et au lavis qu'il exécute avec beaucoup d'applicationModèle:Sfn.

En parallèle, Edgard Jacobs étudie le chant lyrique à l'Académie de musique d'Etterbeek. Sa tessiture est si large qu'elle lui permet d'interpréter des rôles de baryton en plus de sa voix naturelle de ténorModèle:Sfn. Pour s'accompagner dans l'exercice des gammes, il fait l'acquisition d'un accordéon, dont le coût est moins onéreux que celui d'un pianoModèle:Sfn. Le mois de Modèle:Date- marque pour lui un double changement : en plus de sa rupture avec Madeleine, il est appelé à effectuer son service militaire dans le bataillon d'élite du Modèle:4e de chasseurs à pied en garnison à Krefeld, en AllemagneModèle:Sfn. Il est rapidement promu au grade de caporal et se produit également avec la troupe de théâtre de son régiment à partir de Modèle:Date-. Il interprète notamment les rôles de Julien Cicandel dans L'Anglais tel qu'on le parle, de Montjoyeux dans Le Moulin du chat qui fume et d'Abner dans AthalieModèle:Sfn. Son ami Jacques Van Melkebeke lui fait régulièrement parvenir quantité de romans qui agrémentent son quotidien et le nourrissent de nouvelles références littérairesModèle:Sfn.

La passion de l'opéra

Vue d'ensemble du bâtiment depuis la rue de la Régence.
Jacobs étudie le chant au Conservatoire royal de Bruxelles.

Après son service militaire, Edgard Jacobs étudie le chant au Conservatoire royal de Bruxelles pour embrasser la carrière de chanteur d'opéra. En parallèle, il poursuit son travail dans l'illustration de catalogues. Au début de l'année 1928, il intègre une petite troupe qui lui donne l'occasion d'écrire sa propre pièce en un acte, intitulée La Malédiction, dont l'action se déroule à bord d'un navire pirate. La troupe obtient quelques représentations dans l'agglomération bruxelloise, mais son succès est très limitéModèle:Sfn. Engagé ensuite dans la chorale Steveniers, il y rencontre Léonie Bervelt, surnommée Ninie, une chanteuse d'opérette dont il s'éprend aussitôtModèle:Sfn.

Vue d'ensemble du bâtiment.
L'opéra de Lille, où Jacobs se produit au début des Modèle:Nobr.

En Modèle:Date-, Edgard Jacobs remporte le premier prix d'excellence de chant et la médaille du gouvernementModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, il épouse Léonie Bervelt à l'église Sainte-Catherine de BruxellesModèle:Sfn,Modèle:Sfn, et le Modèle:Date- suivant, il est engagé par Paul Frady dans la troupe sédentaire des théâtres municipaux de Lille, contre un cachet de Modèle:Unité par moisModèle:Sfn. Installé dans un petit appartement de la rue de la Clef, le couple se produit d'abord au Théâtre Sébastopol lors de la Modèle:Nobr, où Jacobs tient le poste de deuxième baryton, puis sur la scène de l'opéra de Lille la saison suivante<ref group="note">Les saisons des spectacles à l'opéra de Lille ne durent que six mois, de la mi-octobre à la mi-avril. Le reste de l'année, Edgard Jacobs et Léonie Bervelt vivent à Bruxelles, d'abord rue de Flandres puis rue Charles-Quint. Voir Modèle:Harvsp.</ref>,Modèle:Sfn. Le baryton se produit dans des opéras célèbres tels que Aida, Lakmé, Manon, Tosca ou encore Boris GodounovModèle:Sfn,<ref group="his" name="p8-15" />, tout en dessinant des décors et des costumes pour les différents spectaclesModèle:Sfn.

La loi sur le contingentement des artistes étrangers travaillant en France contraint le couple à quitter l'opéra de LilleModèle:Sfn. Vient alors une période de désenchantement pour Edgard Jacobs, qui reprend son poste d'illustrateur pour les catalogues des Grands Magasins de la Bourse, dessinant parfois des vêtements ou des jouetsModèle:Sfn. Il assiste également Jacques Van Melkebeke dans la réalisation de dioramas pour le pavillon des sapeurs-pompiers de l'Exposition universelle de 1935 à BruxellesModèle:Sfn. Sa passion du chant ne le quitte pas : il se produit à plusieurs reprises dans des enregistrements radiophoniques de l'INRModèle:Sfn.

Mobilisation et derniers rôles sous l'Occupation

Photographie d'un bâtiment à plusieurs étages, vu depuis la rue.
Le Théâtre de la Bourse.

Mobilisé après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Edgard Jacobs participe à la Campagne des 18 jours en Modèle:Date-. Son unité échappe à l'encerclement et se réfugie à Villeneuve-Minervois, dans le sud de le France. Sans nouvelle de sa famille, il doit attendre le Modèle:Date- suivant pour quitter le village et regagner la BelgiqueModèle:Sfn, où il apprend la mort de son frère André, tué au combat lors de la défense du fort d'Eben-EmaelModèle:Sfn.

L'occupation allemande entraîne une série de restrictions qui touchent l'industrie du papier. Les Grands Magasins de la Bourse cessent d'éditer leurs catalogues et de fait, Edgard Jacobs perd sa seule source de revenusModèle:Sfn.

Après avoir postulé sans succès à l'Opéra de Gand, il est engagé au Théâtre de la Bourse pour créer sous le pseudonyme de Dalmas la revue Et ça donc !, dont l'accueil est très réservéModèle:Sfn. Il se produit également à l'Ancienne Belgique, puis intègre une chorale d'orchestre qui donne une série de concerts à Bruxelles et en province, en qualité de soliste, avant d'interpréter son dernier rôle dans une représentation de Manon au Théâtre royal de MonsModèle:Sfn.

Faute d'emploi stable, il abandonne à contrecœur sa carrière de chanteur pour tenter de gagner sa vie dans l'illustration. Il réalise d'abord une série de dessins pour les jeux de société Pergo, la couverture de quelques romans sentimentaux pour les éditions Janicot, ainsi qu'une collection de cahiers à colorier pour Les albums de l'oncle BimboModèle:Sfn. À l'été 1941, il entame une collaboration avec l'hebdomadaire Terre et Nation, organe de propagande de la nouvelle Corporation nationale des paysans, dont le tirage atteint Modèle:UnitéModèle:Sfn. Il livre également un dessin au journal flamand Welkom pour célébrer le retour au pays des soldats démobilisés, mais comme le soulignent ses biographes Benoît Mouchart et François Rivière, la motivation principale de ces travaux est Modèle:CitationModèle:Sfn.

Le magazine Bravo !, Flash Gordon et Le Rayon U

Couverture de magazine en couleurs, titrée en anglais, faisant apparaître trois personnages.
Jacobs est choisi pour achever la série Gordon l'Intrépide en Belgique.

En Modèle:Date-, par l'intermédiaire de son ami Jacques Laudy, Edgard Jacobs est embauché comme dessinateur par le magazine Modèle:Nobr, un hebdomadaire pour la jeunesse qui publie des contes, des nouvelles et des romans, ainsi que des Modèle:Lang américains comme Félix le Chat, Annie ou encore Kit Carson. Son travail consiste dans un premier temps à livrer des illustrations de contes, principalement des légendes germaniquesModèle:Sfn. En Modèle:Date-, la publication de Flash Gordon — appelé Gordon l'Intrépide dans la version française — est menacée d'interruption : depuis l'entrée en guerre des États-Unis, les communications avec les éditeurs américains sont rompues et le stock de planches du Modèle:Lang dessiné par Alex Raymond, importées et traduites chaque semaine, est épuisé. Jean Dratz, rédacteur en chef de Modèle:Nobr, demande alors à Edgard Jacobs de terminer la série, un travail dont il s'acquitte avec succèsModèle:Sfn. Toutefois, la série s'achève prématurément ; selon Jacobs, c'est la censure allemande qui en interdit la publication, une thèse infirmée par ses biographes Benoît Mouchart et François Rivière qui estiment qu'il s'agit d'un choix de la rédaction de Bravo ! pour éviter d'éventuels ennuis juridiques avec King Features Syndicate, l'éditeur américain de la sérieModèle:Sfn.

Modèle:Article détaillé Le travail de Jacobs ayant donné pleinement satisfaction, Jean Dratz lui commande une nouvelle série dont l'hebdomadaire aura l'exclusivité : la première planche du Rayon U paraît en Modèle:Date-Modèle:Sfn. Pour la première fois, le dessinateur signe sous le nom « Edgar P. Jacobs »Modèle:Sfn, supprimant la lettre finale de son prénom pour lui donner une consonance plus anglo-saxonne<ref group="his" name="p8-15" />,<ref>Modèle:Article.</ref>. Le style de ce récit, mêlant aventure et science-fiction, est proche de celui de Gordon l'Intrépide. Dans un premier temps, Jacobs reprend les codes graphiques et les thématiques du Modèle:Lang d'Alex Raymond, notamment la même typologie de personnages, comme le gentil militaire représenté par le major Walton, le bon savant à travers le personnage du professeur Marduk, sans oublier le traître au service des méchants militaires sous les traits du capitaine DagonModèle:Sfn. Mais au fil des planches, il Modèle:CitationModèle:Sfn. Le dessinateur convoque les références littéraires et cinématographiques de sa jeunesse pour tisser le fil de son histoire et maintenir son lecteur sous tension dans un univers étrangeModèle:Sfn. Tout en s'inspirant des personnages d'Alex Raymond, Edgar Jacobs s'appuie sur ses proches pour les représenter : sa femme pose à de nombreuses reprises pour camper le personnage de Sylvia, pendant que Jacques Laudy apparaît sous les traits de Lord CalderModèle:Sfn.

Le succès du Rayon U, dont la publication s'achève le Modèle:Date-, n'est pas sans effet sur la progression des ventes du magazine Bravo ! qui dépassent alors les Modèle:UnitéModèle:Sfn.

Rencontre avec Hergé

Image extraite d'un documentaire en noir et blanc montrant le visage de l'auteur souriant.
Le dessinateur Hergé, en 1962.

Le succès du Rayon U tient en partie à la conception novatrice d'Modèle:Nobr dans l'utilisation de la couleur, une méthode qui intéresse le dessinateur HergéModèle:Sfn, à qui son éditeur Casterman demande de procéder à la colorisation des premiers albums des Aventures de Tintin<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Les deux hommes se sont déjà rencontrés en Modèle:Date- par l'intermédiaire de Jacques Van Melkebeke, lors d'une représentation de Tintin aux Indes, une pièce de théâtre co-écrite par Hergé et ce dernier, au Théâtre royal des GaleriesModèle:Sfn. Après plusieurs échanges, Hergé entame une collaboration avec Modèle:Nobr, puis l'engage définitivement à compter du Modèle:Date- en acceptant qu'il ne travaille pour lui qu'à mi-temps pour lui permettre de développer ses propres sériesModèle:Sfn. Ce contrat d'embauche permet aussi à Jacobs de se soustraire au Service du travail obligatoire mis en place par les AllemandsModèle:Sfn.

Le début de cette collaboration intervient à une période où Modèle:Nobr rencontre des difficultés dans sa vie privée : son père meurt le Modèle:Date-, tandis que sa femme, « Ninie », envisage de le quitterModèle:Sfn. Il se rend chaque matin à Boitsfort, lieu de résidence et de travail d'Hergé, où sa première tâche consiste à mettre en couleurs Le Trésor de Rackham le Rouge, dont il enrichit quelques décors. L'ambiance de travail est chaleureuse. Jacobs y retrouve le plus souvent Jacques Van Melkebeke, qui assiste Hergé dans l'écriture de ses scénarios, et se lie d'amitié avec Germaine Remi, la femme du dessinateurModèle:Sfn. L'implication de Jacobs et Van Melkebeke dans l'écriture des Sept Boules de cristal, qui paraît dans Le Soir à partir du Modèle:Date-, est bien plus importante car les deux hommes puisent dans leurs références littéraires, picturales et cinématographiques, dont Hergé est dépourvu, de nombreux ingrédients pour renforcer la noirceur et le mystère de l'intrigueModèle:Sfn. C'est d'ailleurs Jacobs qui apporte l'idée des boules de cristal et le titre de cette nouvelle aventure<ref>Modèle:Article.</ref>. En échange, Hergé apporte ses conseils à Jacobs pour la mise en image des dernières planches du Rayon UModèle:Sfn.

Page de une d'un journal.
Le Soir (ici du 15 avril 1943) dans lequel paraît quotidiennement l'histoire des Sept Boules de cristal.

Modèle:Nobr porte une attention particulière à la précision des détails dans l'exécution des Sept Boules de cristal et de sa suite, Le Temple du Soleil. Il s'inspire notamment d'une maison bourgeoise devant laquelle il passe chaque matin pour dessiner la villa du professeur Bergamotte et réalise de nombreux croquis aux Musées royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles pour enrichir la documentation dans laquelle Hergé puise pour dessiner son aventureModèle:Sfn.

La libération de la Belgique le Modèle:Date- entraîne l'interruption du Soir et, de fait, celle des Aventures de Tintin. La photo et l'adresse d'Hergé, de même que celles de Jacques Van Melkebeke et de Raymond De Becker, rédacteur en chef du journal, sont publiées dans une Modèle:Citation éditée par L'Insoumis, une gazette publiée par un réseau de RésistanceModèle:Sfn. Contrairement à ses amis, Jacobs n'est pas inquiété car Modèle:CitationModèle:Sfn. Arrêté pour faits de collaboration, Hergé est empêché de toute publication sous son nom<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Au cours de l'année 1945, assisté de Jacobs, il redessine et met en couleurs Tintin au Congo, Tintin en Amérique, Le Lotus bleu, puis Le Sceptre d'OttokarModèle:Sfn. Modèle:Nobr modifie en profondeur les décors de ce dernier album dans le but de les rendre plus proches des paysages observés dans les Balkans<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, mais se sert également de sa culture musicale pour corriger les notes de musique dans les phylactères de la Castafiore lorsqu'elle chante<ref>Modèle:Article.</ref>. Les deux hommes s'amusent également à se dessiner parmi les personnages de l'album<ref group="his" name="p8-15" />.

Ensemble, Hergé et Jacobs réalisent trois planches d'essai pour des séries réalistes, qu'ils envisagent de signer sous le pseudonyme Olav : un western dont le synopsis est repris plus tard par Paul Cuvelier, une aventure dans le Grand Nord et une aventure policière se déroulant à Shanghai. Ces trois récits, proposés à différents journaux, ne voient finalement jamais le jour<ref group="his">Modèle:Chapitre.</ref>,Modèle:Sfn.

En parallèle, et jusqu'en Modèle:Date-, Modèle:Nobr poursuit ses travaux d'illustrations pour divers magazines ou journaux tels que ABC ou AZ, les signant parfois du pseudonyme Edgard JacksonModèle:Sfn.

Lancement du Journal de Tintin

Logo en couleur avec à gauche les personnages de Tintin et Milou, à droite le nom Tintin avec le sous-titre Chaque jeudi.
Logo du Journal de Tintin à sa création.

En 1946, Modèle:Nobr fait partie de l'équipe réunie par l'éditeur Raymond Leblanc pour créer le Journal de Tintin, dont Hergé assure la direction artistique tandis que Jacques Van Melkebeke en est le rédacteur en chef. En plus d'Hergé et de Jacobs, les dessinateurs Paul Cuvelier et Jacques Laudy sont recrutés, et l'équipe gagne rapidement le surnom des Modèle:CitationModèle:Sfn. Le premier numéro paraît en Belgique le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Aux côtés des premières planches de la nouvelle aventure de Tintin, Le Temple du Soleil, figure la première page du Secret de l'Espadon, une aventure signée Modèle:Nobr<ref group="his">Modèle:Chapitre.</ref>. Hergé lui confie également la réalisation de chromos pour la rubrique Voir et savoir du magazine, ainsi qu'une série d'illustrations pour accompagner la publication en feuilleton du roman La Guerre des mondes, de H. G. WellsModèle:Sfn puis Les Frères de la côteModèle:Sfn. Comme il l'avait fait pour Les Sept Boules de cristal, Jacobs fournit à Hergé plusieurs idées pour alimenter le scénario du Temple du Soleil, notamment celle du train qui dégringole ou des souterrains qui permettent d'accéder au templeModèle:Sfn. Il prend parfois la pose pour qu'Hergé réalise des croquis d'attitude et saisisse l'expression la plus juste de ses personnages<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.

Dans un premier temps, Modèle:Nobr avait proposé un récit médiéval historico-légendaire intitulé Roland le Hardi, une idée finalement rejetée par Hergé car plusieurs histoires du journal se déroulent à cette même époqueModèle:Sfn : Modèle:Citation Les vingt premières planches de cette nouvelle aventure sont réalisées dans la douleur. D'une part, alors qu'il était habitué à dessiner six images chaque semaine pour Le Rayon U, Jacobs doit désormais livrer une planche d'au moins neuf cases, en plus de ses autres commandes. D'autre part, alors qu'il aimerait réaliser le dessin et la colorisation sur le même support, sans encrage, il doit céder à la demande d'Hergé qui lui impose d'appliquer sa propre méthode, à savoir d'exécuter les planches originales en noir et blanc avant que les couleurs soient appliquées sur une épreuve imprimée. Aussi, pour satisfaire son directeur artistique et respecter les délais, il choisit de confier l'encrage à Jacques Van Melkebeke pour les premières planches de son aventureModèle:Sfn.

De fait, Modèle:Nobr s'implique entièrement dans son travail, sans compter ses heures. Il héberge d'ailleurs Jacques Van Melkebeke, poursuivi par la justice belge pour ses activités pendant l'Occupation, dans le grenier de l'immeuble qu'il occupe avenue du Couronnement à Bruxelles depuis sa séparation avec « Ninie » au cours de l'année 1946Modèle:Sfn. Du fait de cette surcharge de travail, Jacobs cesse sa collaboration aux Aventures de Tintin le Modèle:Date- pour se consacrer à ses propres activités. Bien des années plus tard, après la disparition d'Hergé, il explique à l'écrivain Benoît Peeters l'autre raison de cette séparation : Modèle:Citation

Blake et Mortimer

Le Secret de l'Espadon

Toile peinte sur la façade d'un immeuble montrant de nombreux personnages de bande dessinée semblant sortir des pages d'un album.
La couverture du Secret de l'Espadon sur une toile peinte par Johan De Moor à Bruxelles.

Avec Le Secret de l'Espadon, Modèle:Nobr inaugure la série des Blake et Mortimer. Frappé par la guerre qui vient de s'achever avec les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, l'auteur imagine un récit épique et guerrier, comme pour exorciser le souvenir humiliant de la défaite de 1940Modèle:Sfn. Il développe son scénario à partir d'un synopsis qu'il avait élaboré pour Le Rayon U et dont il transpose les personnages : Lord Calder devient Francis Blake, le professeur Marduk prend les traits de Philip Mortimer et le colonel Olrik rappelle le capitaine Dagon<ref group="dbd">Ludovic Gombert, « Naissance des personnages : Naissance et succès de Blake et Mortimer ».</ref>. Ses propres amis Jacques Van Melkebeke et Jacques Laudy lui servent de modèles graphiques, respectivement pour Mortimer et Blake, tandis qu'il se représente lui-même à travers Olrik, l'ennemi juré de ses hérosModèle:Sfn.

Redoutant l'invraisemblance et l'extravagance de son récit, Modèle:Nobr hésite quant à la ligne d'écriture qu'il doit suivre, mais les discussions avec Jacques Van Melkebeke le poussent Modèle:Citation. Il choisit d'articuler son intrigue autour d'une arme secrète, un engin amphibie opérant à partir d'une base sous-marine, capable de jaillir des flots comme une fusée, de fondre sur l'objectif et de replonger une fois la mission accomplieModèle:Sfn. La lecture d'un ouvrage de François Balsan sur l'histoire du Baloutchistan, avec sa description des falaises du Makran, l'incite à implanter la base secrète de ses héros dans le Musandam, non loin du détroit d'Ormuz. Des échanges épistolaires avec l'explorateur le confortent dans son idée et lui permettent d'apporter encore plus de réalisme à son récitModèle:Sfn. Jacobs reconnaît cependant que le scénario est encore à ce moment-là en forme ouverte et qu'il lui faut procéder à des découpages au fur et à mesure qu'il avance dans l'intrigue<ref group="cbd" name="Rivière-1976-30">François Rivière, « Entretien avec Jacobs un puritain de la B.D ».</ref>. La publication dans le Journal de Tintin s'étale finalement jusqu'au mois de Modèle:Date-, pour un total de Modèle:UnitéModèle:Sfn.

Dès sa parution, Le Secret de l'Espadon rencontre un grand succès, ce qui étonne positivement le directeur du magazine, Raymond Leblanc : Modèle:Citation Pour satisfaire la demande du public, cette première aventure est ensuite éditée en album<ref name="dayez">Modèle:Ouvrage.</ref>, ce qui oblige Modèle:Nobr à remanier son récit pour respecter le format de deux volumes de soixante-deux pages dont il disposeModèle:Sfn. En Modèle:Date-, la parution du premier volet de l'aventure, sous le titre La Poursuite fantastique, devient le premier album édité par Le LombardModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Malgré son apparent soutien à son ancien collaborateur, Hergé jalouse le succès de Jacobs, comme il l'avoue à son directeur : Modèle:Citation

Le Mystère de la Grande Pyramide

Vue d'ensemble de la grande pyramide.
La pyramide de Khéops, censée abriter une chambre secrète.

En Modèle:Date-, le Journal de Tintin commence la publication du Mystère de la Grande Pyramide, le deuxième épisode des aventures de Blake et MortimerModèle:Sfn. Fasciné par l'art et l'histoire de l'ancienne ÉgypteModèle:Sfn, Modèle:Nobr met sur pied une histoire d'archéologie-fiction dont l'action se déroule au Caire et sur le plateau de Gizeh. Il imagine la découverte par le directeur du service des Antiquités du Caire d'un papyrus, écrit de la main du prêtre et historien Manéthon, révélant la présence d'une chambre secrète au cœur de la pyramide de Khéops. Cette pièce renfermerait le trésor funéraire du pharaon Akhenaton, une découverte attirant la convoitise d'un groupe de trafiquants dirigé par OlrikModèle:Sfn.

Vue de l'atrium du musée.
Le Musée égyptien du Caire sert de décor à l'album.

Fidèle à son souci de réalisme et d'authenticité, Modèle:Nobr consulte le professeur Pierre Gilbert, directeur de la fondation égyptologique Reine Élisabeth et conservateur des musées d'Art et d'Histoire du CinquantenaireModèle:Sfn, tout en s'appuyant sur une abondante documentation réunie avec le concours de Jacques Van Melkebeke qui le conseille, comme à son habitude, dans l'écriture du scénarioModèle:Sfn. Il s'informe également sur la vie en Égypte moderne et dans la haute société du Caire auprès de la jeune ethnologue Cérès Wissa WassefModèle:Sfn. Jacobs a par ailleurs recours aux services du jeune dessinateur Albert Weinberg pour écrire et illustrer les deux pages didactiques qui introduisent cette nouvelle aventure dans l'hebdomadaire, de même que pour terminer les décors des scènes du Musée du CaireModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Pourtant, accablé par la charge de travail et en proie à des crises d'angoisse, l'auteur s'accorde une pause qui entraîne l'interruption de la publication du Mystère de la Grande Pyramide pendant sept semaines entre juin et Modèle:Date-Modèle:Sfn. L'aventure est finalement menée à son terme, malgré deux nouvelles courtes interruptions qui contribuent à forger l'image d'un auteur perfectionniste, et sa publication prend fin en Modèle:Date-Modèle:Sfn. Cet épisode rencontre un vif succès. Selon l'écrivain Gérard Lenne, c'est avec lui que le cycle Blake et Mortimer prend Modèle:Citation au cœur d'une histoire Modèle:CitationModèle:Sfn.

La Marque jaune

Fresque murale en couleurs avec les personnages Blake et Mortimer devant un mur portant une marque jaune.
La couverture de l'album est reprise sur un mur d'immeuble à Bruxelles.

La troisième aventure de Blake et Mortimer, La Marque jaune, commence à paraître dans Tintin à partir du Modèle:Date-, soit près de quinze mois après la fin de l'aventure précédenteModèle:Sfn. Passionné par les expériences sur le cerveau auxquelles des chirurgiens et médecins se livrent à cette époque et dont il prend connaissance dans des magazines de vulgarisation comme Science et Vie, Modèle:Nobr imagine une aventure fondée sur l'invention d'un scientifique qui, pour assouvir son désir de revanche envers la société, prend le contrôle d'un esprit faible et le charge d'exécuter une série de crimes nocturnesModèle:Sfn. Il adapte ainsi l'intrigue du film expressionniste Le Cabinet du docteur Caligari, une œuvre qui l'a profondément marqué au cours de sa jeunesseModèle:Sfn. Plus encore, le scénario de La Marque jaune apparaît comme une agrégation des nombreuses références littéraires ou cinématographiques que le dessinateur partage avec son ami Jacques Van Melkebeke qui, encore une fois, est d'une aide précieuse dans la construction du récitModèle:Sfn. Par ailleurs, le dessinateur se rend à Londres pour effectuer des repérages. Il prend de nombreuses photographies qui lui servent à dessiner les décors de son aventure et à en accentuer le réalismeModèle:Sfn.

Vue nocturne et d'ensemble du monument.
La Tour de Londres où s'ouvre, de nuit, l'album.

La Marque jaune apparaît dès sa première publication comme un mythe fondateur de la bande dessinée francophone, comme le souligne le critique François Rivière : Modèle:Citation Cette aventure suscite aussi l'admiration des propres collègues d'Modèle:Nobr, comme l'explique le dessinateur Albert Weinberg : Modèle:Citation

Une forme de censure s'exerce cependant à son encontre. Hergé, comme l'ensemble du comité de rédaction du magazine, s'oppose à la couverture réalisée par Modèle:Nobr pour annoncer le lancement de l'aventure car il la juge déplacée. Il recommande à l'auteur de remplacer la silhouette géante qu'il veut faire planer dans le ciel de Londres, au centre de l'image, par un ciel menaçant et des nuages, mais aussi d'effacer le revolver tenu par Francis Blake au premier planModèle:Sfn,<ref group="his">Modèle:Chapitre.</ref>. Ce refus est vécu comme un affront par le dessinateur qui refuse dès lors de signer la moindre couverture pour le magazineModèle:Sfn. De même, il est contraint de modifier le dessin d'une case dans lequel figure, en détail, une danseuse courtement vêtueModèle:Sfn. Quant à la séquence d'autocritique de Vernay, Calvin et Macomber à la fin du récit, elle scandalise Georges Dargaud, l'éditeur français du magazine Tintin, qui craint qu'une telle scène n'alerte la censure. Du propre aveu d'Edgar Jacobs, la réalisation des dernières planches de l'aventure se fait ainsi dans une Modèle:CitationModèle:Sfn.

L'Énigme de l'Atlantide

Gravure faisant apparaître plusieurs continents sur une carte.
Carte fantaisiste de l'Atlantide d'Athanasius Kircher, en 1678 (le nord est en bas).

Sensible aux critiques sur le didactisme excessif qui ont visé Le Mystère de la Grande Pyramide et aux attaques contre La Marque jaune pour son atmosphère morbideModèle:Sfn, Modèle:Nobr choisit le style du « Modèle:Anglais » pour sa nouvelle aventure, L'Énigme de l'Atlantide, et renoue ainsi avec un univers entrevu dans Le Rayon U. Il s'appuie principalement sur les travaux d'Alexandre Braghine, auteur d'un ouvrage du même nom en 1939, et sur les écrits du philosophe grec Platon, pour situer le continent disparu à l'ouest de Gibraltar. Modèle:Nobr construit son scénario autour de deux postulats : d'une part, les analogies ethnographiques, religieuses et architecturales relevées entre les civilisations précolombiennes et l'Égypte ancienne, d'autre part l'existence de l'orichalque qui, d'après le Critias de Platon, était le métal le plus précieux après l'orModèle:Sfn. Le récit de Jacobs s'inscrit par ailleurs dans la tradition populaire, tant les publications sur le mythe de l'Atlantide sont nombreuses dans la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn.

L'Énigme de l'Atlantide fait coexister deux ethnies différentes, l'une très évoluée et l'autre « barbare », suivant ainsi les suppositions de l'écrivain américain Ignatius Donnelly, auteur d'un ouvrage sur l'Atlantide qui n'a cependant jamais été traduit en françaisModèle:Sfn. Le premier projet de Jacobs situe ce qui subsiste d'une ancienne colonie atlante dans un site sauvage et inaccessible d'Amérique centrale, mais pour des raisons de vraisemblance, il choisit toutefois « d'enterrer » l'action. Alors qu'il prévoit de commencer son histoire en évoquant l'apparition de soucoupes volantes et de phénomènes extra-terrestres, Modèle:Nobr apprend que son confrère Willy Vandersteen prépare une histoire intitulée Les Martiens sont là. Il décide alors de réorganiser son récit en sabordant la première partie du scénario, une décision qu'il finit par regretter, d'autant plus que l'histoire de Vandersteen n'est qu'une « mystification humoristique » n'ayant aucun rapport avec son propre sujetModèle:Sfn.

Peinture en couleur montrant une centrale électrique.
Une œuvre futuriste d'Antonio Sant'Elia.

Par ailleurs, la réalisation graphique de cette nouvelle aventure est retardée par l'installation d'Edgar Jacobs et de sa nouvelle compagne dans une nouvelle maison, située à l'écart du village de Lasne, une commune rurale située à une vingtaine de kilomètres de BruxellesModèle:Sfn. La première planche de L'Énigme de l'Atlantide paraît finalement le Modèle:Date- dans la nouvelle formule du magazine Tintin, qui compte désormais Modèle:Unité. Sa publication se poursuit sans heurts malgré les nouvelles difficultés que rencontre Edgar Jacobs avec la censure du journal : plusieurs vignettes sont jugées trop agressives, notamment par l'éditeur français Georges DargaudModèle:Sfn.

Cette quatrième aventure de Blake et Mortimer est saluée par la critique. Selon l'écrivain Gérard Lenne, il s'agit d'une Modèle:Citation. La cité de l'Atlantide telle que Jacobs la dessine semble en effet inspirée des œuvres de maîtres italiens du futurisme<ref group="his">Modèle:Chapitre.</ref>. L'œuvre est également saluée par Jacques Bergier, qui considère que Modèle:Citation.

S.O.S. Météores

SOS Météores, qui paraît à partir du Modèle:Date-, diffère des précédentes aventures car pour la première fois Modèle:Nobr tente de coller au plus près du réel pour établir son scénario. Il s'éloigne ainsi du réseau de références culturelles et littéraires qu'il s'est constitué, comme le remarquent Benoît Mouchart et François Rivière : Modèle:Citation L'auteur transpose le souvenir de vacances désastreuses dans le sud de la France au cours de l'hiver 1954, particulièrement rude, pour bâtir une œuvre fantastique digne des meilleurs romans d'espionnage alors en vogue. Il y intègre une peur nouvelle et largement répandue dans les milieux populaires, liée à la crainte du péril atomique dans le contexte de la Guerre froide. À cette époque, des scientifiques, américains comme soviétiques, se livrent en secret à des expériences visant à modifier le climat. Il est d'ailleurs surpris d'apprendre, quand il soumet son hypothèse de manipulation du climat par une puissance étrangère à un responsable de la DST française, que cette idée est sérieusement étudiée par ses servicesModèle:Sfn.

Vue aérienne du site, en noir et blanc.
Le Grand Quartier général des puissances alliées en Europe de Rocquencourt.

Modèle:Nobr réalise un repérage minutieux et localise à l'ouest de Paris une zone proche d'un certain nombre d'objectifs sensibles pouvant être visés par une attaque surprise, comme le centre de recherches nucléaires de Saclay et l'état-major de l'OTAN situé à Rocquencourt. C'est à Jouy-en-Josas qu'il imagine la maison de campagne du professeur Labrousse, directeur de la Météorologie nationale et ami de Mortimer, tandis que la station-pilote permettant aux assaillants de « commander le temps » est installée dans un château à BucModèle:Sfn. Comme à son habitude, l'auteur s'appuie sur des personnes réelles pour dessiner ses personnages : le professeur Miloch reprend les traits du dramaturge Arthur Miller, tandis que le général de la base météorologique secrète est un sosie de l'homme d'État soviétique Anastase Mikoïan<ref group="his">Modèle:Chapitre.</ref>.

Dans cette aventure, où la tension est permanente, le dessinateur s'attache à retrouver le réalisme expressif entrevu dans La Marque jaune. Pour Benoît Mouchart et François Rivière, ce récit Modèle:Citation. L'album est publié en 1959 mais, curieusement, ne sera pas réédité pendant les huit années suivantes<ref group="dbd">Christian Viard, « Jacobs sa vie : Edgar P. Jacobs le chanteur d'histoires ».</ref>.

Le Piège diabolique

Photographie d'une maquette.
Une réplique du chronoscaphe installée au château de La Roche-Guyon.

Modèle:Citation bloc


Dans cette sixième aventure de Blake et Mortimer, Modèle:Nobr, grand admirateur des œuvres de H. G. Wells, et notamment du livre La Machine à explorer le temps, renouvelle le thème du voyage dans le temps à partir d'un « chronoscaphe » déréglé par la volonté malveillante du professeur Miloch, le savant fou de SOS MétéoresModèle:Sfn. Il situe l'action de son récit en contrebas du château de La Roche-Guyon, qui lui paraît présenter un intérêt géographique, stratégique et historique correspondant à son scénario, et effectue sur place un repérage méthodiqueModèle:Sfn. Pour dessiner les séquences médiévales du premier volet de l'aventure, il sollicite le concours de Liliane et Fred Funcken, spécialistes belges de la bande dessinée historique, tandis que des membres des Studios Hergé, en particulier Josette Baujot, France Ferrari et Roger Leloup, interviennent également dans la mise en couleursModèle:Sfn.

Les différentes séquences du récit offrent une vision pessimiste et anxieuse de l'avenir de l'humanité. Comme auparavant dans Le Secret de l'Espadon et L'Énigme de l'Atlantide, Edgar Jacobs laisse transparaître sa peur du déclin de l'OccidentModèle:Sfn. Sa publication s'étale du Modèle:Date- au Modèle:Date-Modèle:Sfn.

L'accueil critique est peu favorable à cette nouvelle aventure et surtout, Le Piège diabolique est confronté aux foudres de la censure officielle française. Le Modèle:Date-, le Secrétariat d'État à l'information, invoquant la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, informe les Éditions Dargaud que la Commission de Surveillance et de Contrôle de la presse enfantine émet un avis défavorable à la vente de l'album en France, Modèle:Citation. L'interdiction n'est levée que cinq ans plus tard, notamment grâce à l'appui de René GoscinnyModèle:Sfn.

L'Affaire du Collier

Les déboires d'Modèle:Nobr avec la censure le découragent et le conduisent à prendre du retard dans la préparation d'une nouvelle aventure. Celle-ci ne paraît dans le journal Tintin qu'à partir du Modèle:Date-, soit près de quatre ans après la fin de la précédente. Pour ne pas s'exposer à la censure et afin d'éviter l'incompréhension des critiques ou des lecteurs, il choisit par prudence d'aborder un thème plus simple de « police-fiction », aux accents historiques<ref group="his">Modèle:Chapitre.</ref>.

Photographie d'une galerie souterraine.
Une carrière souterraine à Paris.

L'idée de L'Affaire du collier lui vient à la suite de la catastrophe de Clamart survenue le Modèle:Date- : six hectares de carrière de craie s'effondrent sur une hauteur de deux à quatre mètres, à la limite des communes de Clamart et d'Issy-les-Moulineaux, provoquant de nombreuses victimes et d'importants dégâts matériels. Cet événement lui fait prendre conscience que le sous-sol de Paris est truffé de galeries et de carrières, ce qui le conduit à s'intéresser à ce Modèle:Citation.

Dans cette intrigue policière, Modèle:Nobr fait réapparaître le personnage d'Olrik que réclament ses lecteurs. Par ailleurs, il se procure auprès de l'Inspection générale des carrières le plan des Modèle:Unité de galeries qui serpentent sous Paris, puis effectue de nombreux repérages en surface et en sous-sol<ref group="his" name="p89:1">Modèle:Chapitre.</ref>,<ref group="his" name="p89:2" />.

Afin d'assister Jacobs dans son travail, le rédacteur en chef de Tintin, Marcel Dehaye, contacte le dessinateur Gérald Forton. Celui-ci réalise l'encrage des premières planches, de même que le dessin de la plupart des décors et des scènes de foule, dans un style assez éloigné de celui de l'auteur de Blake et MortimerModèle:Sfn,<ref group="dbd">Gérard Boiron, Didier Bruimaud et Christian Viard (propos retranscrits par Bernadette Bréchoteau), « L'affaire Gérald Forton ».</ref>. Cette substitution déplait fortement aux lecteurs et la collaboration est interrompue à la douzième plancheModèle:Sfn,<ref group="his">Modèle:Chapitre.</ref>. Pour autant, Jacobs ne parvient pas à renouer avec son propre style dans la suite de l'aventure, comme si le caractère figé des poses photographiées qu'il utilise pour le dessin de ses cases l'éloignait du charme graphique de ses premiers albumsModèle:Sfn.

Le résultat déçoit d'autant plus les lecteurs que l'auteur renonce à introduire dans son récit les éléments fantastiques auxquels il a songé, par crainte d'une nouvelle censure. Il livre ainsi une simple fiction policière, presque désuèteModèle:Sfn, tandis qu'Olrik perd de sa superbe, relégué au rang de simple chef d'une bande de malfratsModèle:Sfn. Le critique Numa Sadoul considère qu'il s'agit là d'un Modèle:Citation.

Les Trois Formules du professeur Satō

Photomontage montrant le visage d'un homme découpé et faisant apparaître des circuits électroniques dans sa boite crânienne.
Représentation d'un cyborg.

Modèle:Nobr opère un changement de décor radical en situant au Japon le cadre des Trois Formules du professeur Satō, la huitième aventure de son duo. Sa fascination pour la culture japonaise, en particulier les œuvres cinématographiques d'Ishirō Honda, comme Godzilla, explique en partie ce choix. Il accumule une importante documentation sur les traditions, la vie quotidienne, le tourisme et les infrastructures de ce pays, aidé dans ses recherches par Hasumi Shigehiko, un professeur japonais de langue et de littérature française de l'université de Tokyo qui a épousé Chantal, la fille de son ami Jacques Van Melkebeke<ref group="his" name="p99">Modèle:Chapitre.</ref>,Modèle:Sfn. En parallèle, la lecture de plusieurs articles de Science et Vie à propos du possible recours aux robots et aux cyborgs dans l'industrie aéronautique l'aide à mettre sur pied son scénario, de même que la découverte du roman La Formule du professeur Matheson de J.S. Fletcher qui met en scène l'enlèvement d'un scientifiqueModèle:Sfn.

Jacobs imagine un récit qui penche d'emblée vers le fantastique avec l'apparition d'un dragon japonais « Ryū ». Selon Stéphane Bielikoff qui résume le premier tome dans Les Cahiers de la bande dessinée, Modèle:Citation Comme pour la précédente aventure, Jacobs sollicite l'aide des Studios Hergé pour la colorisation des casesModèle:Sfn.

Le dessinateur présente son scénario à son rédacteur en chef Michel Greg le Modèle:Date-, mais les deux premières planches de l'album ne paraissent que le Modèle:Date- dans un numéro spécial de Modèle:Unité marquant les Modèle:Nombre du Journal de Tintin<ref group="his">Modèle:Chapitre.</ref>,Modèle:Sfn. La publication se poursuit jusqu'au Modèle:Date- mais ne soulève pas le même enthousiasme que les premières aventures de la série, notamment en raison du manque de rythme de l'actionModèle:Sfn. Les Modèle:Unité du premier volet ne sont éditées en album qu'en Modèle:Date- sous le titre Mortimer à Tokyo, tandis que Jacobs se lance dans la rédaction du Modèle:Anglais de la deuxième partie du récitModèle:Sfn,<ref group="his" name="p99" />.

Derniers projets

Réédition du Rayon U et mise en pause des Trois Formules du professeur Satō

Photographie montrant le haut d'un immeuble, surmontée d'une enseigne à l'effigie de Tintin et Milou.
Le siège des éditions Le Lombard à Bruxelles.

En 1974, Modèle:Nobr épouse Jeanne Quittelier, qui est sa compagne depuis 1952 et avec qui il vivait à Bruxelles dans un appartement de l'avenue Hoover jusqu'en 1955 avant de s'établir à Lasne dans une propriété nommée « le Bois des Pauvres »<ref group="his">Modèle:Chapitre.</ref>.

Les Éditions du Lombard et Michel Greg, le rédacteur en chef de Tintin, qui espèrent faire patienter le public de Jacobs dans l'attente de la publication du deuxième tome des Trois formules du professeur Satō, décident de publier une version modernisée du Rayon U, ce qui impose au dessinateur un gros travail de recomposition, de modernisation et d'ajout de phylactères. Ce travail de remontage s'étend d'Modèle:Date- à Modèle:Date-Modèle:Sfn.

Questionné à maintes reprises sur la parution de ce deuxième tome, Modèle:Nobr assure à ses lecteurs qu'il ne les oublie pasModèle:Sfn. Bien qu'il en ait terminé la rédaction du Modèle:Anglais, il n'entame pas sa réalisation graphique en raison des problèmes de santé qui l'affectentModèle:Sfn. Il envisage alors de faire appel à Gilles Chaillet, qui ne donne pas suite, puis à Bob de Moor, qui se heurte au refus de son employeur, HergéModèle:Sfn.

Un Opéra de papier

Fichier:Tardi-IMG 0181.JPG
Jacques Tardi (ici en 2021) réalise la couverture des mémoires de Jacobs.

Pierre Marchand, directeur du département jeunesse des Éditions Gallimard et marqué par la publication des entretiens d'Hergé avec Numa Sadoul, Tintin et moi, demande en Modèle:Date- au journaliste Pierre Lebedel de contacter Modèle:Nobr pour lui proposer de l'accompagner dans la rédaction de ses mémoiresModèle:Sfn. Les deux hommes rencontrent Jacobs et son ami Evany<ref group="note">Eugène van Nijverseel</ref>, ancien directeur technique des Éditions du Lombard, le Modèle:Date- afin de mettre au point diverses questions techniques. Au fil des échanges, il apparaît que la forme autobiographique est la mieux adaptée au projet. Trois années s'écoulent finalement jusqu'à la parution de l'ouvrage, Jacobs évoque à ce sujet un Modèle:Citation. Selon Pierre Lebedel, Modèle:Citation.

Dans cet ouvrage, Jacobs, très pudique, ne fait aucune mention de sa vie privée. Par ailleurs, pour éviter toute polémique, il s'efforce de minimiser Modèle:Citation. En guise de conclusion, il tire un bilan doux-amer de ses activités, évoquant Modèle:CitationModèle:Sfn. Quelques lignes plus loin toutefois, il explique : Modèle:CitationModèle:Sfn

Un Opéra de papier paraît en Modèle:Date- avec une abondante iconographie, sous une couverture réalisée par Jacques TardiModèle:Sfn. En mars de l'année suivante, Gallimard organise à Paris une série de réceptions au cours desquelles Modèle:Nobr accorde plusieurs entretiens et qui culmine par une séance de dédicaces au Salon du livreModèle:Sfn.

Le réalisateur Guy Lejeune, de la RTBF, lui propose peu après de réaliser une émission sur son œuvre. Jacobs s'implique avec zèle dans ce projet, qu'il considère comme le complément animé et sonore de son Opéra de papier. La préparation dure plusieurs mois et le tournage a lieu pendant l'été 1982, au domicile de l'auteur, qui l'évoque avec humour comme sa nécrologie. Sous le titre Des planches aux planches, le film est présenté en deux parties les 11 et Modèle:Date-Modèle:Sfn.

Projet d'adaptation cinématographique

Portrait photographique d'un homme, pris dans la rue.
Olivier Assayas (ici en 2010) travaille avec Lam Lê sur une adaptation cinématographique de La Marque jaune.

En Modèle:Date-, le publicitaire Michel Marin réalise un court essai d'adaptation de La Marque jaune. Ce pilote, produit par Irène Silberman et scénarisé par Jean Van Hamme, met en scène Yves Brainville dans le rôle de Mortimer, Pierre Vernier dans celui de Blake, tandis que Michel Vitold interprète le docteur Septimus et Patrick Laval le colonel Olrik. Modèle:Nobr apprécie la démarche de porter ses personnages à l'écran mais il souhaite que cela se fasse dans l'esprit de la série Chapeau melon et bottes de cuir. Irène Silberman finit par écarter Michel Marin et annonce en Modèle:Date-, lors du Festival de Cannes, avoir confié la réalisation de ce long métrage au réalisateur franco-vietnamien Lam Lê, assisté d'Olivier Assayas pour le scénario. Le projet, qui emporte l'adhésion de Jacobs, est finalement abandonnéModèle:Sfn,<ref group="dbd">Michel Marin (interviewé par Frédéric Bosser), « Edgar P. Jacobs : Michel Marin - Mon rêve, adapter La Marque jaune au cinéma ».</ref>.

Création des Éditions Blake et Mortimer et de la Fondation Jacobs

Logo en noir et blanc.
Logo des Éditions Blake et Mortimer.

Dès la fin des Modèle:Nobr, les relations entre Modèle:Nobr et Le Lombard se tendent. L'auteur regrette que son éditeur ne mette pas suffisamment en avant sa collection, tandis que l'éditeur considère que l'œuvre de Jacobs est quelque peu tombée en désuétude, tout en reprochant au dessinateur de ne pas achever le deuxième tome des Trois Formules du professeur Satō. À l'échéance de son contrat, Modèle:Nobr s'associe au disquaire bruxellois Claude Lefrancq pour créer les Éditions Blake et MortimerModèle:Sfn. L'objectif est de rééditer les huit aventures du tandem, dans le format des planches originelles. Le dessinateur en profite pour apporter des modifications à son travail : dans un premier temps, Le Secret de l'Espadon est refondu en trois volumes au lieu de deux, avec le soutien de Philippe Biermé et Luce Daniels pour la colorisationModèle:Sfn.

Le Modèle:Date-, Modèle:Nobr dépose chez le notaire bruxellois Jean-Marie Gyselinck les statuts de la Fondation Jacobs, dont le but est d'assurer la conservation de son œuvre artistique et littéraire. En parallèle, il dépose lui-même ses planches et ses dossiers dans un coffre au nom de sa fondation à la Banque Bruxelles Lambert, afin, comme il le précise dans son testament, d'Modèle:Citation. Selon Pierre Lebedel, l'un des administrateurs de la Fondation Jacobs, ce dépôt réunit plus de Modèle:Unité, mais aussi des centaines de crayonnés et des calques<ref>Modèle:Article.</ref>.

Fin de vie

Entre 1974 et 1975, Modèle:Nobr doit subir deux interventions chirurgicales pour soigner l'arthrose de hanche qui le fait souffrir. Le Modèle:Date-, sa deuxième épouse, Jeanne Quittelier, fait une chute à leur domicile et se fracture le col du fémur. L'état de santé de sa femme n'est pas sans conséquence sur celui de l'auteur qui, pour sa part, souffre également de problèmes de vue et d'arthrose des doigts qui ne lui permettent plus de dessiner avec autant de précision que par le passéModèle:Sfn. Jeanne Quittelier s'affaiblit encore : elle décède le Modèle:Date-. Dans une lettre à son ami journaliste Michel Daubert, Jacobs évoque son Modèle:Citation et le Modèle:Citation dans lequel le plonge ce deuil brutal, qui Modèle:CitationModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Modèle:Nobr est également touché par la mort à quelques semaines d'intervalle de ses deux amis Hergé, le Modèle:Date-, et Jacques Van Melkebeke le Modèle:Date- suivantModèle:Sfn.

Durant l'hiver 1985-1986, la santé d'Modèle:Nobr décline à son tour. Il est sujet à plusieurs angines de poitrine qui entraînent son hospitalisation en urgence à l'hôpital d'Ottignies. Il refuse alors de suivre les recommandations des médecins qui l'incitent à entrer en maison de retraite. Il effectue sa dernière apparition publique le Modèle:Date- lors de l'inauguration du Centre belge de la bande dessinéeModèle:Sfn. Le dessinateur se dit également accablé par des soucis professionnels, administratifs et financiers, qui le conduisent notamment à créer le Studio Jacobs, société détentrice des droits de la série Blake et Mortimer après un redressement fiscal en 1985Modèle:Sfn. Peu à peu, il refuse les invitations et les entretiens, s'isolant à son domicile de Lasne. Ses confrères le décrivent Modèle:Citation.

Modèle:Nobr meurt à son domicile le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Il est enterré dans le cimetière communal, où un mausolée à sa mémoire, financé par les propriétaires du Studio Jacobs et les Éditions Blake et Mortimer, est érigé et inauguré le Modèle:Date-. Sa tombe est surmontée d'un imposant monument funéraire représentant un sphinx, lequel évoque le Grand Sphinx Rê-Harmakhis qu’il a dessiné dans Le Mystère de la Grande Pyramide. À la base de la sculpture, un texte gravé évoque les talents d'Modèle:Nobr<ref group="his" name="langlois">Modèle:Chapitre.</ref> : Modèle:Citation bloc

La maison du couple Jacobs, au « Bois des Pauvres », est finalement détruite<ref group="his" name="langlois"/>.

Vie privée

Comme le soulignent ses biographes Benoît Mouchart et François Rivière, Edgar Jacobs s'est toujours montré discret sur sa vie privée, n'abordant qu'en de très rares occasions les liens affectifs qui ont ponctué sa vie, de l'enfance à l'âge adulte. À titre d'exemple, les prénoms de ses parents ne sont pas mentionnés dans ses mémoires, Un Opéra de papier. Pour les deux auteurs, Modèle:CitationModèle:Sfn. Cette position est assumée par Jacobs qui déclare dans un entretien avec la journaliste Michèle Cédric en 1982 : Modèle:Citation

Edgar Jacobs connaît sa première relation amoureuse en 1922 avec une choriste prénommée Madeleine, qui figure comme lui dans la troupe de la revue Bonjour Paris de MistinguettModèle:Sfn. Refusant le mariage, il décide de rompre deux ans plus tard, juste avant son départ pour le service militaireModèle:Sfn. En 1928, il rencontre Léonie Bervelt, une chanteuse d'opérette bruxelloise âgée de sept ans de moins que lui, surnommée « Ninie »Modèle:Sfn. Il l'épouse le Modèle:Date- à l'église Sainte-Catherine de BruxellesModèle:Sfn,Modèle:Sfn, puis le couple s'installe à Lille où il se produit à l'opéra pendant deux saisons, avant de rentrer à BruxellesModèle:Sfn. Leur relation est d'autant plus houleuse que la jeune femme semble alors reprocher à Edgar Jacobs ses nombreux échecs, lui qui ne parvient pas à percer dans le métier de chanteur lyriqueModèle:Sfn. Selon Benoît Mouchart et François Rivière, la stérilité de leur union contribue certainement au désordre de leur couple : Modèle:Citation Dès lors, ils se montrent infidèles, l'un comme l'autreModèle:Sfn, jusqu'à leur rupture en Modèle:Date-Modèle:Sfn. Leur divorce n'est pourtant prononcé que le Modèle:Date- et le couple se quitte en bons termes, conservant de forts liens amicauxModèle:Sfn. Edgar Jacobs se montre ainsi particulièrement affecté par la mort de son ex-femme le Modèle:Date-Modèle:Sfn.

Dès la fin des Modèle:Nobr, il entame une nouvelle relation amoureuse avec Jeanne Quittelier, une de ses voisines qui donne des cours particuliers de piano et qui lui propose dans un premier temps de l'accompagner lorsqu'il s'entraîne à chanter. Jeanne finit par s'installer au domicile du dessinateur, avenue du Couronnement à Bruxelles, au cours de l'année 1952Modèle:Sfn. Jalouse et possessive, elle finit par le convaincre de s'éloigner de la capitale : au mois de Modèle:Date-, le couple achète un petit cottage à l'écart du village de Lasne, dans la banlieue bruxelloise, au lieu-dit le « Bois des Pauvres »Modèle:Sfn. Le dessinateur s'y aménage un atelier où il vit parfois comme un reclus pendant plusieurs jours, le temps de réaliser ses dessins. Il apprécie également la compagnie de la petite-fille de Jeanne, Viviane<ref group="note">De son premier mariage avec Henri Quittelier, Jeanne, née à Schaerbeek en 1903, a deux enfants : René, né en 1929, et Laurette, née deux ans plus tard. Viviane est la fille de René. Voir Modèle:Harvsp.</ref>, qui séjourne régulièrement chez euxModèle:Sfn.

Tous les deux divorcés, ce qui ne manque pas d'attiser les commérages du voisinage, Jeanne et Edgar Jacobs finissent par régulariser leur situation et se marient le Modèle:Date- au Château Malou, à Woluwe-Saint-LambertModèle:Sfn.

Portrait

Modèle:Citation bloc

Un homme chaleureux et jovial, mais aussi solitaire et méfiant

Fresque murale en trompe-l'œil montrant deux personnages.
Fausses fenêtres en hommage à Blake et Mortimer, à Angoulême.

Dans les Témoignages d'amitiés vraies publiés dans Tintin après la mort du dessinateur, de nombreux confrères le décrivent comme une personnalité involontairement comique, un gaffeur, Modèle:Citation<ref name="tintin1987"/>, ce que ses biographes Benoît Mouchart et François Rivière confirment en évoquant un homme Modèle:CitationModèle:Sfn. Dans son introduction au Manuscrit E.P. Jacobs, l'historien de la bande dessinée Charles Dierick observe que le portrait laissé par Jacobs est Modèle:Citation.

Raymond Leblanc, premier directeur du Journal de Tintin, évoque en Jacobs Modèle:Citation, mais aussi Modèle:Citation, dont les retards sont Modèle:Citation<ref group="dbd" name=":5">Liliane Funcken, Fred Funcken, Raymond Leblanc, Roger Leloup et Albert Weinberg (propos recueillis par Daniel Couvreur), « Témoignages ».</ref>. Ce caractère perfectionniste et méticuleux est aussi mis en avant par le dessinateur Albert Weinberg, qui l'assiste sur Le Mystère de la Grande Pyramide : Modèle:Citation

Ses confrères mettent également l'accent sur son inquiétude permanente et sa constante méfiance<ref name="tintin1987">Modèle:Article.</ref>. La crainte d'être copié, voire plagié, ne le quitte pas. Selon Roger Leloup, Modèle:Citation. Jacques Martin, qu'il accuse de l'avoir copié pour La Grande Menace, renchérit : Modèle:Citation À l'inverse, Jacobs réagit très mal lorsque le journaliste Denis Philippe le qualifie, dans la revue Fiction d'Modèle:Date-, de Modèle:Citation à propos de ses illustrations de La Guerre des mondes. Le dessinateur récuse vigoureusement ce qualificatif et lui oppose notamment le sérieux des études techniques préalables à sa conception des machines martiennesModèle:Sfn.

Le soin du détail d'Modèle:Nobr se porte également sur la décoration de sa maison. Sa dernière demeure, au Bois des Pauvres, s'apparente pour ceux qui l'ont visité à un véritable musée. Collectionneur d'armes, une passion qu'il partage avec son ami Jacques Laudy, il possède également deux armures, l'une d'origine britannique, l'autre ayant appartenu à un samouraï. Ses objets de collection s'entassent également dans son propre atelier, à tel point qu'il ressemble, selon l'expression de François Rivière, à l'appartement de l'explorateur Marc Charlet dans Les Sept Boules de cristalModèle:Sfn.

Par ailleurs, la discrétion d'Modèle:Nobr nourrit un certain fantasme quant à sa véritable nationalité. Ainsi, dans les Modèle:Nobr, bon nombre de ses lecteurs le considèrent comme un citoyen britannique. D'une part, le pseudonyme qu'il choisit a une forte consonance anglo-saxonne, tout comme ses héros Francis Blake et Philip Mortimer sont anglais. D'autre part, la photographie présentée en quatrième de couverture de ses albums le montre vêtu d'un costume pied-de-poule rehaussé d'un nœud papillon, dans un style qui rappelle celui de Sherlock Holmes<ref name="quillien"/>.

Amateur d'opéra et de chant lyrique

Photographie d'un acteur avec un costume de diable.
Fédor Chaliapine incarne Méphistophélès dans une représentation de Faust en 1915.

Pendant l'enfance, Edgard Jacobs est fasciné par la voix de son père qui chante souvent des airs d'opéra quand il bricole. Il s'amuse également à parodier en bruxellois les airs de Richard Wagner pour amuser ses enfantsModèle:Sfn. La découverte de Faust à l'âge de douze ans au Théâtre royal des Galeries fait naître chez lui une intense passion pour l'opéra, et plus particulièrement pour cette œuvre : Modèle:Citation

Pour ses biographes Benoît Mouchart et François Rivière, cette exaltation de l'art lyrique s'impose chez lui Modèle:CitationModèle:Sfn et rejoint une autre de ses passions, partagée dès l'enfance avec son ami Jacques Van Melkebeke, pour le mystère des civilisations disparuesModèle:Sfn. Les images que font naître chez les deux garçons les romans d'aventures de Henry Rider Haggard ou Arthur Conan Doyle et qui évoquent des empires engloutis au cœur de l'Afrique ou de l'Amérique latine suscitent en eux un premier questionnement ésotérique et nourrissent leur imaginaire : Modèle:CitationModèle:Sfn.

La passion de l'art lyrique n'aura jamais quitté Jacobs, et c'est notamment elle qui le rapproche de sa seconde épouse Jeanne, professeur de piano à BruxellesModèle:Sfn. Bien que pleinement impliqué dans son travail d'auteur de bande dessinée, il ne manque aucune occasion de s'adonner à sa passion pour le chant, comme lorsqu'il rend visite à son confrère parisien Jean TrubertModèle:Sfn.

Un homme avide de reconnaissance

La carrière d'Modèle:Nobr est marquée par un irrépressible besoin de reconnaissance longtemps insatisfait, ce que Benoît Mouchart et François Rivière expliquent par un traumatisme de l'enfance : Modèle:Citation Il souffre notamment de la comparaison avec son jeune frère André, qui obtient de meilleurs résultats scolaires que lui et se destine à une carrière d'instituteur, pendant qu'Edgar Jacobs mène une vie de Modèle:Citation en poursuivant ses rêves de gloire lyriqueModèle:Sfn. François Rivière pense également que l'origine modeste de l'auteur est déterminante dans sa carrière : Modèle:Citation<ref name="cahiersBD1">Modèle:Chapitre.</ref>. Ce besoin de reconnaissance, qui s'accompagne d'un certain manque de confiance et d'estime de soi, conduit Edgar Jacobs à se montrer particulièrement soucieux de son apparence. Narcissique, il se distingue dès l'adolescence par sa recherche d'une tenue distinguée en toute circonstance, lui qui apparaît alors comme Modèle:CitationModèle:Sfn.

Les succès qu'obtient Jacobs dans la bande dessinée ne suffisent pas à lui faire oublier le regret d'une carrière de chanteur d'opéra avortée, comme l'expliquent Benoît Mouchart et François Rivière : Modèle:Citation François Rivière évoque même la bande dessinée comme une Modèle:Citation pour le dessinateur, d'autant plus que Hergé le pousse à adopter le style ligne claire quand la préférence de Jacobs va au dessin avec des crayons gras, de manière à donner plus de volume et d'épaisseur au trait<ref name="cahiersBD1"/>. Les dessinateurs Fred et Liliane Funcken affirment que l'auteur donnait l'impression de ne pas avoir confiance en son immense talent : Modèle:Citation

Benoît Mouchart insiste sur les difficultés rencontrées par l'auteur, pour qui le dessin n'est ni naturel ni spontané. Jacobs s'appuie sur de nombreuses photographies pour travailler ses images, élaborées par la superposition de nombreux calques pour saisir la meilleure composition. L'auteur lui-même n'a jamais caché que le dessin était pour lui un exercice contraignant : Modèle:Citation De même, Benoît Mouchart révèle une difficulté dans l'écriture : Modèle:Citation<ref name="cahiersBD2"/>. Jacobs va même jusqu'à payer son ami Jacques Van Melkebeke pour qu'il réponde à des courriers de lecteurs jugés trop littéraires<ref name="cahiersBD2"/>. Le manque d'assurance d'Modèle:Nobr transparaît non seulement dans son travail mais également dans ses relations publiques. Chaque interview devant un micro ou une caméra se traduit pour lui par une forme d'angoisse, aussi le dessinateur exige parfois une répétition avant l'enregistrement, tout en conservant ses propres fiches sous les yeuxModèle:Sfn.

Par ailleurs, Michka Assayas, journaliste de Libération, souligne que la pudeur de Jacobs s'affirme dans ses mémoires, Un Opéra de papier : Modèle:Citation

Le style Jacobs

« Grands opéras » et « mystère quotidien »

Photographie montrant une collection de bande dessinée, dont seule la tranche est visible.
Tomes des aventures de Blake et Mortimer.

Modèle:Citation bloc Jacobs revendique la Modèle:Citation des aventures de Blake et Mortimer. Il considère ses récits illustrés comme Modèle:Citation<ref name="leborgne"/>. Dans son esprit, la bande dessinée se doit d'être un véritable spectacle sur papier, Modèle:Citation<ref name="quillien"/>. François Rivière compare les œuvres de Jacobs à des compositions musicales : Modèle:Citation.

Le rythme de parution hebdomadaire des aventures de Blake et Mortimer permet à Jacobs d'adopter le mode de travail des grands feuilletonistes du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, laissant libre cours à des récits de grande ampleur<ref name="cahiersBD1"/>. Comme le souligne François Rivière, la série débute par Modèle:Citation, d'une densité incomparable avec les standards de son époque<ref name="cahiersBD1"/>.

L'œuvre de Jacobs est marquée par la science-fiction, qu'il assimile au Modèle:Citation. Cependant, dans ce domaine, il n'éprouve que peu d'attraits pour le « Modèle:Anglais ». Sa préférence va à ce qu'il nomme le Modèle:Citation, que l'on côtoie à chaque instant sans s'en rendre compte<ref name="leborgne"/> : en d'autres termes, les Modèle:CitationModèle:Sfn. Ses aventures se rapprochent donc du fantastique et abordent Modèle:Citation où se retrouvent Modèle:Citation

Pour autant, la fantaisie des récits n'exclut pas leur réalisme et Modèle:Nobr les construit à partir d'une abondante documentation à propos des grandes découvertes scientifiques de son époque et des interrogations qu'elles suscitent<ref name="granier">Modèle:Chapitre.</ref>.

Modèle:Nobr se démarque également des autres auteurs de son époque, en particulier Hergé, par sa conception même de la bande dessinée et notamment la réception de celle-ci auprès du jeune lectorat. Dans un entretien accordé à François Rivière en 1971, il explique : Modèle:Citation Il ajoute : Modèle:Citation De fait, François Rivière estime que Jacobs a permis d'amener la bande dessinée Modèle:Citation.

Influences

Les œuvres d'Edgar P. Jacobs se nourrissent de toutes les références qui l'ont séduit depuis l'adolescence. Elles se constituent de nombreux mythes de la tradition populaire que l'auteur s'approprie et dont il fait la synthèse : Modèle:Citation Le mythe de Faust, et plus particulièrement l'opéra de Charles Gounod, imprègnent durablement les travaux de JacobsModèle:Sfn.

Portrait photographique en noir et blanc.
L'écrivain H. G. Wells, en 1920.

En matière de science-fiction, c'est l'œuvre de l'écrivain britannique H. G. Wells qui marque profondément Jacobs, non seulement par les sujets qu'il traite, Modèle:Citation Il apprécie également la Modèle:Citation du romantisme allemand, en particulier les œuvres de Goethe et E.T.A. HoffmannModèle:Sfn. Les romans de Jules Verne, ainsi que Le Monde perdu d'Arthur Conan Doyle figurent parmi les premières influences littéraires de l'auteur<ref name="quillien"/>,Modèle:Sfn, qui cite également Walter Scott, Charles Dickens, Edgar Allan Poe, Rudyard Kipling, Robert Louis Stevenson, Jerome K. Jerome, Alexandre Dumas, Alfred de Vigny, Erckmann-Chatrian, Prosper Mérimée, Alphonse Daudet, Gaston Leroux et Maurice Leblanc parmi les écrivains dont on décèle facilement les influences sur son travailModèle:Sfn.

Dans le domaine de la peinture, les grands maîtres découverts à l'Académie royale des beaux-arts influencent sa technique, en particulier Albrecht Dürer et Hans Holbein, ou encore Gustave DoréModèle:Sfn. Il s'inspire également d'artistes moins renommés, comme Arthur Rackham, qui lui donne le goût du dessin au crayon ou à la plume et du lavisModèle:Sfn. Plus loin dans sa jeunesse, amateur d'illustrés, il se passionne pour les dessins de Georges OmryModèle:Sfn.

Affiche colorée montrant un homme penché sur une femme allongée, dans un décor angoissant.
L'affiche du film Le Cabinet du docteur Caligari.

Le cinéma influence également l'œuvre de Jacobs, lui qui fréquente les salles obscures bruxelloises avec Jacques Van Melkebeke pendant l'adolescenceModèle:Sfn. Ses principales références viennent du cinéma expressionniste allemand, en particulier les films de Fritz Lang, mais également Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiener et Faust, une légende allemande de F. W. MurnauModèle:Sfn.

Élaboration des œuvres

Méthode de travail

Modèle:Citation bloc

Pour Jacobs, l'écriture occupe une place majeure dans la construction de son œuvre et l'auteur rédige longuement son scénario avant d'aboutir à un storyboardModèle:Sfn, si bien que, pour Benoît Mouchart et François Rivière, Modèle:Citation

L'apport de Jacques Van Melkebeke dans la construction du scénario est essentiel mais non décisif. À partir du thème général et du point de départ du récit décidé par Jacobs, les discussions menées par les deux amis permettent à l'auteur d'échafauder l'intrigue. Mais, si Van Melkebeke apporte ses suggestions, c'est bien Jacobs qui, en dernier lieu, décide du scénarioModèle:Sfn. Selon Benoît Mouchart, pour qui il semble difficile de démêler l'influence de Van Melkebeke sur le travail de Jacobs, tant les deux hommes sont comme Modèle:Citation, Modèle:Citation<ref name="cahiersBD2">Modèle:Chapitre.</ref>. Le rôle de Van Melkebeke s'apparente donc à celui d'un script doctor, comme il le reconnaît lui-même en 1979 dans un entretien avec le journaliste Daniel Fano : Modèle:Citation

Jacobs multiplie donc les cahiers de synopsis, les découpages graphiques et les croquis préparatoires avant d'entamer la réalisation graphique de ses aventures. De même, le dessin n'a pour lui rien de spontané : il s'impose la superposition de calques pour trouver la composition graphique la plus expressive et ainsi la reporter sur le crayonnéModèle:Sfn. Il s'assure parfois de l'impact de ses images en les projetant sur les murs de son atelier à l'aide d'un épiscopeModèle:Sfn. Le découpage retenu par l'auteur ne subit guère de modifications, sauf pour améliorer le tempo du récit, un élément essentiel pour luiModèle:Sfn. Malgré sa maîtrise du trait et l'attention qu'il porte au moindre détail, la mise en image du récit est pour l'auteur la tâche la plus ingrate de son travail, comme le rapporte Albert Weinberg, qui fut son assistant sur Le Mystère de la Grande Pyramide : Modèle:CitationModèle:Sfn.

Jacobs reconnaît aussi l'utilisation d'un magnétophone dans son atelier, qui lui permet d'enregistrer les textes de ses dialogues et de vérifier leur impact sonoreModèle:Sfn.

Le fétichisme du détail

Modèle:Citation bloc Dans l'esprit d'Edgar P. Jacobs, Modèle:CitationModèle:Sfn. Cette obsession du détail authentique le conduit à multiplier les recherches, les déplacements sur le terrain et les rencontres avec des scientifiques, tout en accumulant une riche documentation sur le sujet qu'il entend traiter. Contrairement à d'autres dessinateurs de son époque, Jacobs ne s'inspire pas seulement du document choisi mais le recopie minutieusement en utilisant le plus souvent la technique du quadrillage pour reporter pas à pas les différents éléments de l'image<ref name="cahiers secrets">Modèle:Chapitre.</ref>. Benoît Mouchart et François Rivière considèrent que le Modèle:Citation dont il fait preuve constitue l'apport principal d'Edgar P. Jacobs à la bande dessinée belgeModèle:Sfn. Cette inclination trouve probablement son origine dans les travaux d'illustrations que l'auteur réalisait avant la Seconde Guerre mondiale pour les catalogues des Grands Magasins de la BourseModèle:Sfn. Pour satisfaire à cette exigence d'authenticité, Jacobs s'appuie systématiquement sur des photographies ou des croquis de décors existants, comme le rappelle le professeur d'université Benoît Grevisse : Modèle:Citation<ref name="grevisse">Modèle:Article.</ref>.

L'écrivain Jean-Paul Dubois, prenant l'exemple de La Marque jaune, estime que cette précision du détail est au service de l'univers fantastique que le dessinateur met en place, dans la mesure où elle renforce la ligne de rupture entre le réel et l’étrange : Modèle:Citation

L'auteur pousse parfois le souci de vraisemblance à l'extrême. À titre d'exemple, Jacques Van Melkebeke rapporte que Jacobs abandonne finalement une scène du Mystère de la Grande Pyramide, dans laquelle un de ses personnages doit prendre le bus vers la Pyramide de Mykérinos, après avoir appris qu'il n'y avait pas de bus circulant à l'heure prévue dans son récitModèle:Sfn. Par ailleurs, pour Les Trois formules du Professeur Satō, ses recherches afin d'obtenir la description précise des poubelles japonaises l'immobilisent plus de trois semainesModèle:Sfn. De même, Hergé se souvient de la refonte du Lotus bleu : Modèle:Citation

Assistance ponctuelle

Photographie d'un homme âgé.
Albert Weinberg, en 2011.

Dans un entretien avec Michèle Cédric pour la RTBF, en 1982, Edgar P. Jacobs reconnaît son horreur de devoir être précipité dans son travail : Modèle:CitationModèle:Sfn. Aussi l'auteur a-t-il parfois recours à l'assistance de collaborateurs auxquels il sous-traite certaines tâches. Dès Le Secret de l'Espadon, il fait appel à son ami Jacques Van Melkebeke pour encrer les premières planches de l'aventure. Dans Le Mystère de la Grande Pyramide, c'est à Albert Weinberg qu'il confie le soin d'écrire et de dessiner les pages didactiques qui introduisent le récit, de même que de finaliser certains décors du Musée égyptien du CaireModèle:Sfn.

Plus tard, dans Le Piège diabolique, il sollicite Fred et Liliane Funcken pour la réalisation des pages de l'épisode médiéval de l'aventureModèle:Sfn. C'est à partir de ce même album que Jacobs a recours à des membres des Studios Hergé pour la colorisation des planches, en particulier Josette Baujot, France Ferrari et Roger LeloupModèle:Sfn.

Enfin, le dessinateur Gérald Forton réalise l'encrage des premières planches, de même que le dessin de la plupart des décors et des scènes de foule, dans L'Affaire du collierModèle:Sfn, mais le résultat n'est pas conforme aux attentes des lecteurs, comme l'explique Jacobs lui-même : Modèle:Citation

Ces différentes collaborations ne sont donc qu'éphémères et l'auteur les envisage uniquement en dernier recours et de manière ponctuelle, afin de respecter le délai de livraison de ses planchesModèle:Sfn.

Ambiance graphique

Conception novatrice de la couleur

Edgar P. Jacobs accorde une grande importance au décor de ses aventures. Pour Benoît Mouchart et François Rivière, il se distingue des autres auteurs de son époque par sa conception novatrice de l'utilisation de la couleur : Modèle:CitationModèle:Sfn. C'est notamment parce que Jacobs est l'un des premiers dessinateurs à avoir compris les effets dramatiques qui peuvent naître de la couleur qu'Hergé le sollicite et en fait son collaborateur au début des Modèle:NobrModèle:Sfn.

Comme le souligne Frédéric Soumois, qui le qualifie d'ailleurs de Modèle:Citation, Jacobs met en place une ambiance qui devient un élément dramatique du récit par son usage subtil de la couleur<ref name="soumois">Modèle:Ouvrage.</ref>. Ainsi le violent orage qui permet l'évasion de Mortimer dans Le Secret de l'Espadon, le soleil écrasant du Mystère de la Grande Pyramide, la pluie et le brouillard londoniens de La Marque jaune, les perturbations atmosphériques de SOS Météores, le crépuscule sinistre qui pèse sur La Roche-Guyon au début du Piège diaboliqueModèle:Sfn. C'est ce qu'Hergé nomme Modèle:Citation, c'est-à-dire les dominantes étendues à une séquence entièreModèle:Sfn. Bien que Jacobs respecte dans l'ensemble les codes occidentaux du symbolisme de la couleur, Frédéric Soumois constate que Modèle:Citation<ref name="soumois"/>. En s'affranchissant de la fonction figurative de la couleur, l'auteur se rapproche ainsi des recherches du courant abstraitModèle:Sfn.

Jacobs se distingue donc des auteurs de son époque par la mise en place de ce que le sémiologue Pierre Fresnault-Deruelle appelle des Modèle:Citation et qui trouvent leur origine dans Le Rayon U, qui apparaît comme la Modèle:Citation. Pour le sémiologue, des auteurs comme Moebius, Floc'h et Tardi poursuivent cet Modèle:Citation créé par Jacobs<ref>Modèle:Article.</ref>.

Son traitement de la couleur des récitatifs interroge également dans la mesure où l'auteur abandonne le Modèle:Citation pour du mauve, du rose ou encore du vert. Frédéric Soumois affirme que l'auteur choisit ainsi une couleur complémentaire à celle qui domine la planche, tout en évitant d'envahir celle-ci de blanc, couleur réservée aux seuls dialogues<ref name="soumois"/>.

Par ailleurs, Jacobs excelle dans l'art de créer Modèle:Citation. Pierre Fresnault-Deruelle résume Modèle:Citation de l'auteur dans la formule : Modèle:Citation

Découpage et composition

Modèle:Nobr manifeste un goût prononcé par la composition symétrique de ses planchesModèle:Sfn. Dans la mesure où ses aventures sous publiées chaque semaine, sous forme de feuilleton, il conçoit chacune d'elles comme un objet harmonieux, Modèle:CitationModèle:Sfn. Comme le remarque Pierre Fresnault-Deruelle, qui qualifie le travail du dessinateur Modèle:Citation, le principe d'équilibre gouverne chaque page des aventures de Blake et Mortimer : Modèle:CitationModèle:Sfn. Selon Benoît Peeters, l'auteur trouve dans ces mises en page Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Hergé critique notamment cette construction symétrique qu'il juge trop rigide : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Sur un autre plan, la composition des planches d'Modèle:Nobr doit beaucoup à sa passion pour le cinéma et la mise en scène, en ne donnant à voir au lecteur que ce qu'il juge nécessaire à la construction d'une vision globale de son œuvre. La mise en scène s'élabore donc à partir de Modèle:Citation, dans une Modèle:CitationModèle:Sfn. Comme chaque plan d'un film, chaque vignette restitue un pan de la réalité telle que l'auteur la perçoit. Dans une analyse détaillée, Stéphane Thomas met en évidence ce style proprement cinématographique : découpage, voix off, cadrage et utilisation des gros plans, ellipses, suspense et Modèle:Citation. En outre, alors qu'un réalisateur dirige ses acteurs, Jacobs utilise ses amis ou son propre reflet dans un miroir pour mettre en scène ses personnagesModèle:Sfn.

Fresque murale en couleur reprenant une case de bande dessinée.
Un exemple de graphisme « ligne claire », avec Le Jeune Albert d'Yves Chaland.

Par ailleurs, Benoît Mouchart et François Rivière affirment qu'à travers la cohérence d'ensemble des œuvres de Jacobs, quelques variations de style apparaissent. Ainsi, La Marque jaune et SOS Météores, par leur souci constant de la précision du détail, sont des chefs-d'œuvre de réalisme expressif, tandis que Le Mystère de la Grande Pyramide et L'Énigme de l'Atlantide sont plus proches du style ligne claire dans lequel, par un souci d'efficacité et de rapidité, l'auteur ne cherche pas à complexifier son dessinModèle:Sfn. Le journaliste Christophe Quillien, spécialise de la bande dessinée, assure que le graphisme d'Modèle:Nobr est pourtant bien éloigné de cette ligne claire à laquelle il est, selon lui, trop souvent rapproché. Il explique que l'auteur est plus un adepte des jeux d'ombres et des atmosphères en clair-obscur, ce que confirme le dessinateur François Schuiten en affirmant que Jacobs a Modèle:Citation au style prôné par Hergé<ref name="quillien"/>. Pour Thierry Bellefroid, Jacobs est comme Modèle:Citation<ref name="quillien"/>.

S'il adopte en effet les préceptes de ce style, notamment dans l'effort de lisibilité de ses dessins, Modèle:Nobr y apporte un certain nombre d'innovations formelles. Dès Le Mystère de la Grande Pyramide, il transpose le procédé cinématographique de la vue subjective pour permettre au lecteur de s'identifier à Mortimer en lui proposant plusieurs cases où des détails sont montrés à travers la vision du héros lui-mêmeModèle:Sfn. Par ailleurs, plutôt que de rappeler certains éléments antérieurs de l'intrigue à travers les dialogues, l'auteur propose également des récits enchâssés à la manière des flashbacks qui sont en rupture avec l'unité de temps et la linéarité chronologique alors en vogue dans la bande dessinéeModèle:Sfn.

Récitatifs et phylactères

Les aventures conçues par Edgar P. Jacobs commencent parfois par un prologue qui résume des évènements qui ne sont pas rappelés dans la suite du récit. Cela permet à l'auteur Modèle:Citation, comme l'expliquent Benoît Mouchart et François RivièreModèle:Sfn. Selon Claude Le Gallo, les récitatifs qui abondent dans son œuvre sont indispensables dans sa conception de la bande dessinéeModèle:Sfn et participent à la mise en place d'une atmosphère mystérieuse et déstabilisante pour le lecteurModèle:Sfn. Il s'agit de la partie la moins bien comprise du travail de l'auteur, car certains n'y voient qu'une redondance par rapport au dessin ou la trace d'un didactisme inutile<ref name="soumois"/>. Mais pour François Rivière, les récitatifs créent souvent une soudure essentielle entre deux cases dont l'enchainement ne serait pas compréhensible avec le dessin. De plus, ils empêchent le regard du lecteur de sauter trop rapidement d'une case à l'autre, comme une invitation à savourer la Modèle:Citation de chaque dessinModèle:Sfn.

Comme le rappelle Stéphane Thomas, le didactisme de Jacobs et le caractère imposant de certaines explications technico-scientifiques ou historiques données par les personnages sont liés à une volonté pédagogique assumée de l'auteur. À la différence de certains de ses confrères, il ne s'adressait pas seulement à des enfants, mais aussi à des adolescents ou à des adultesModèle:Sfn : Modèle:Citation. Par ailleurs, Benoît Mouchart et François Rivière relèvent qu'Edgar P. Jacobs s'exprime Modèle:Citation. Pour lui comme pour Hergé, la suppression de tout élément régionaliste est nécessaire dans la mesure où ils s'adressent à un public français largement plus nombreux que le public belgeModèle:Sfn. L'utilisation d'un ton professoral est l'une des critiques les plus souvent formulées à l'auteur<ref name="soumois"/>.

Thèmes récurrents

Une œuvre visionnaire et futuriste

Photographie en noir et blanc d'un avion en vol.
Le Douglas X-3 Stiletto, dont le fuselage rappelle celui de l'Espadon.

Avec la série Blake et Mortimer, Edgar P. Jacobs mélange les genres. Tandis que les premiers tomes s'apparentent au policier et aux romans d'espionnage, la série est marquée par l'empreinte de la science-fiction et dévoile des éléments futuristes. Des thèmes comme le clonage humain ou la guerre météorologique sont abordés, de même qu'une Troisième Guerre mondiale dans Le Secret de l'Espadon. L'auteur fait également voyager l'un de ses héros jusqu'en 5060 dans Le Piège diabolique, tandis que des centaines de fusées géants conduisent les Atlantes vers l'espace dans L'Énigme de l'AtlantideModèle:Sfn.

Tout comme son biographe François Rivière<ref group="dbd">François Rivière (propos recueillis par Frédéric Bosser), « Témoignage : Edgard et moi ».</ref>, l'écrivain et commissaire d'exposition Thierry Bellefroid qualifie Edgar P. Jacobs de visionnaire : Modèle:Citation<ref name="bellefroid"/>. Cet aspect est présent dès la naissance de la série. Selon Claude Le Gallo, dans Le Secret de l'Espadon, l'auteur Modèle:CitationModèle:Sfn. Son Espadon, avion à réaction submersible et supersonique, trouve un écho quelques années plus tard : en 1952, soit six ans après le début de son aventure, le Douglas X-3 Stiletto, premier avion à fuselage effilé, est lancé aux États-Unis<ref name="invetions">Modèle:Chapitre.</ref>.

Pour Le Mystère de la Grande Pyramide, l'auteur choisit de situer l'action sur le plateau de Gizeh et imagine l'existence d'une chambre secrète au cœur de la pyramide de Khéops. En cela, il décide de ne pas suivre les conseils de l'égyptologue Pierre Gilbert, qui l'assure que le plateau, fouillé depuis des siècles, ne recèle plus aucun secret. Pour autant, quatre ans après la rédaction de cette aventure, des archéologues découvrent sur le plateau, à quinze mètres sous le sable, l'une des barques solaires de Khéops. D'autres découvertes sur le site ont lieu dans les décennies suivantes. Ainsi, en 2016 et 2017, une amorce de couloir puis une vaste cavité sont découvertes au cœur de la pyramide par la mission scientifique franco-égyptienne ScanPyramids<ref>Modèle:Chapitre.</ref>,<ref name="khéops">Modèle:Article.</ref>,Modèle:Sfn.

L'empreinte des sciences

Modèle:Nobr fait preuve d'une grande curiosité et d'une dilection particulière pour tous les domaines de la science, comme l'explique Thierry Bellefroid : Modèle:Citation. Thierry Bellefroid prend notamment l'exemple de l'album SOS Météores : Modèle:Citation.

Jacobs voit dans la science-fiction une Modèle:Citation des réalisations et des découvertes à venir et définit précisément le rôle qu'il entend jouer dans ce cadre : Modèle:Citation<ref name="sciences">Modèle:Chapitre.</ref>.

Cet attrait pour les sciences transparaît également dans le grand nombre de savants présents dans les aventures d'Modèle:Nobr. Tous semblent inspirés de la figure de Faust, dont l'auteur est passionné depuis l'enfance, qu'ils aient choisi de Modèle:Citation, ou qu'ils se posent au contraire en Modèle:CitationModèle:Sfn. Par ailleurs, l'omniprésence des sciences chez Jacobs témoigne de la volonté pédagogique de l'auteur : Modèle:Citation

Ésotérisme et fantastique

Gravure en noir et blanc présentant un intérieur du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle dans lequel circule une boule de feu à la vue d'une famille affolée.
Gravure de 1886 illustrant le phénomène de foudre en boule, comme celui qui frappe la momie de Rascar Capac dans Les Sept Boules de cristal.

L'attrait d'Modèle:Nobr pour le fantastique remonte à l'enfance et à sa passion commune pour la littérature avec Jacques Van Melkebeke, comme le rappelle l'auteur à la fin de sa vie : Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>. Jacobs et Van Melkebeke se nourrissent de romans qui laissent une grande place au mystère, et se passionnent pour les alchimistesModèle:Sfn. Avec Jacques Laudy, ils pratiquent des séances de spiritisme et les trois hommes se font d'ailleurs la promesse que le premier à mourir devra envoyer aux autres, sous quelque forme que ce soit, une preuve de la survivance de son âmeModèle:Sfn.

Si Modèle:Nobr ne semble pas éprouver de sentiment religieux, c'est un esprit superstitieux qui cultive un certain goût pour le sacré et le mysticismeModèle:Sfn. Au milieu des Modèle:Nobr, il consulte une voyante extra-lucide, une entrevue dont il ressort Modèle:CitationModèle:Sfn. Tout au long de sa vie, son attrait pour les civilisations disparues ou mythiques, baignées de mystère et d'ésotérisme, ne le quitte pas, et se retrouve fort logiquement dans ses œuvres<ref name="brethes">Modèle:Lien web.</ref>, y compris dans sa collaboration avec Hergé : en effet, à travers le malheur de l'expédition Sanders-Hardmuth, la référence à la malédiction de Toutânkhamon dans Les Sept Boules de cristal, un album où l'influence de Jacobs est majeure, en fait l'œuvre la plus effrayante des Aventures de Tintin<ref>Modèle:Article.</ref>.

La crainte du déclin occidental

Modèle:Citation bloc Tout en étant fasciné par les sciences, Edgar P. Jacobs s'inquiète des conséquences néfastes du progrès technologique et du danger qu'il est susceptible de représenter pour la civilisation occidentale. Il se méfie notamment du renouveau esthétique incarné par l'architecture, les automobiles et les objets de la vie quotidienne dans les Modèle:Nobr. Comme ses héros Blake et Philip Mortimer, Jacobs Modèle:CitationModèle:Sfn. Avec la menace de l'Empire jaune dans Le Secret de l'Espadon et les inventions des professeurs Septimus et Miloch dans les albums suivants, l'auteur laisse penser à son lecteur Modèle:CitationModèle:Sfn. Dans les aventures de Blake et Mortimer, Jacobs traite donc la question de la puissance de la science et entend alerter le lecteur sur les dangers qui peuvent naître d'une technologie quand l'humanité, devenue malfaisante, se détourne de la morale<ref name="sciences"/>. En garant de la civilisation occidentale et d'un Empire britannique en déclin, les héros jacobsiens parviennent in extremis à réduire à néant les tentatives de l'ennemiModèle:Sfn. Ainsi, la plupart de ses œuvres offrent une vision anxieuse et pessimiste de l'avenir de l'humanitéModèle:Sfn,<ref name="quillien">Modèle:Chapitre.</ref>.

Le critique Gérard Lenne rappelle que, né en 1904, Jacobs a vécu les deux guerres mondiales : Modèle:Citation. Claude Le Gallo rejoint cette analyse et constate que, face au totalitarisme, l'auteur recommande la fermeté du discours politique, telle que l'exprime Blake au début du Secret de l'Espadon : Modèle:Citation

Une de journal montrant un personnage de type asiatique recouvrant la carte de l'Europe et enserrant des personnages entre des ongles pareils à des serpents.
Une du quotidien Excelsior en 1911 illustrant la menace du « Péril jaune ».

L'écrivain et journaliste Daniel Riche affirme que le choix de héros britanniques n'a rien d'anodin de la part d'Edgar Jacobs, qu'il décrit comme un Modèle:Citation pour qui la culture américaine, qui déferle sur l'Europe dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, est fondée sur Modèle:Citation qui symbolise Modèle:Citation. De fait, pour Edgar P. Jacobs, le Royaume-Uni offre un visage rassurant, car ce pays concilie d'une part Modèle:Citation, et représente d'autre part le monde libre, Modèle:Citation et donc Modèle:Citation. Autrement dit, le Royaume-Uni apparaît pour l'auteur comme Modèle:Citation<ref name="riche">Modèle:Article.</ref>.

Blake et Mortimer, comme figés dans le temps, incarnent une image presque fantasmée d'une nation en pleine mutation et de ce qu'elle fut jadis. À l'époque où se déroulent leurs aventures, des Modèle:Nobr aux Modèle:Nobr, la puissance britannique se délite face à la montée des nationalismes dans ses colonies et à l'hégémonie grandissante des États-Unis au sein du bloc occidental. De même, la société britannique évolue, et l'émergence d'une certaine contre-culture n'est pas évoquée dans la série<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.

Si le Royaume-Uni est présenté de manière idéalisée, à l'inverse, Modèle:Nobr offre une vision très négative de l'Extrême-Orient dans Le Secret de l'Espadon, qui mêle aux souvenirs encore très présents de la Seconde Guerre mondiale la menace du « Péril jaune », une peur ancienne et très ancrée dans la culture occidentale depuis le début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref name="péril jaune" group="his">Modèle:Chapitre.</ref>. À cette époque, la menace d'une invasion militaire venue d'Extrême-Orient, renforcée par le conflit russo-japonais entre 1904 et 1905, devient une source d'inspiration pour de nombreux auteurs de fiction dont les récits nourrissent les lectures d'enfance de Jacobs<ref name="péril jaune" group="his"/>.

Les souterrains

Les nombreux exégètes ont mis en évidence une obsession qui parcourt toute son œuvre : celle des souterrains. La base secrète de L'Espadon est creusée sous le détroit d'Ormuz, une bonne partie des séquences du Mystère de la Grande Pyramide se situe dans les entrailles de celle-ci, le laboratoire du docteur Septimus se situe au sous-sol de sa maison et Mortimer y accède après un périlleux cheminement dans les égouts, L'Atlantide est bâtie dans une caverne souterraine, la Modèle:Nobr du réseau Cirrus de SOS Météores se trouve sous le château de Troussalet, le voyage de Mortimer dans Le Piège diabolique commence dans une crypte et se poursuit dans un monde entièrement souterrain, L'Affaire du Collier se déroule en partie dans le sous-sol parisien et les installations du professeur Satō sont aménagées sous sa villaModèle:Sfn,<ref group="his">Modèle:Chapitre.</ref>.

Benoît Mouchart et François Rivière, comme d'autres analystes de l'œuvre de Jacobs, mettent cette récurrence des décors souterrains sur le compte d'un accident de jeunesse du dessinateur. À l'âge de deux ou trois ans, alors qu'il joue dans le jardin de son oncle, Charles Billestraet, Edgard Jacobs passe à travers le couvercle vermoulu d'un vieux puits désaffecté et fait une chute de sept mètres, avant d'être secouru quelques heures plus tardModèle:Sfn. L'auteur relate lui-même cet incident dans Un Opéra de papier, sans paraître envisager qu'il ait pu avoir une quelconque influence sur son travailModèle:Sfn.

Censure

Le style réaliste des aventures de Blake et Mortimer vaut à son auteur d'être plusieurs fois censuré au regard de la loi française sur les publications destinées à la jeunesse. En 1957, l'éditeur français du magazine Tintin s'inquiète des scènes effrayantes de L'Énigme de l'Atlantide, mais c'est finalement Le Piège diabolique qui est pointé du doigt cinq ans plus tard. Son contenu étant jugé trop choquant, l'album est finalement interdit en FranceModèle:Sfn. C'est en réaction à cette décision et dans la crainte d'une nouvelle censure qu'il écrit ensuite L'Affaire du collier, une aventure plus innocente et anodine et qui constitue selon de nombreux spécialistes son album le moins réussiModèle:Sfn.

La censure s'applique parfois au sein même de l'équipe du Journal de Tintin. Ainsi, Hergé, comme l'ensemble du comité de rédaction du magazine, s'oppose à la couverture réalisée par Edgar Jacobs pour le lancement de La Marque jaune, jugée trop effrayante pour le jeune public en raison de la sombre silhouette recouvrant le ciel de Londres et le revolver tenu par Francis Blake sur l'imageModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Dans cette même aventure, le dessin d'une case lui est reproché car il fait apparaître une ballerine en tutu sur la couverture d'un magazine tenu par le professeur Septimus. Le détail, pourtant insignifiant, est inacceptable pour le comité de censure français, qui juge ce contenu érotique et en demande la modificationModèle:Sfn.

Cette pression constante de la censure explique en grande partie pourquoi les personnages féminins sont si peu nombreux dans les aventures d'Edgar P. Jacobs, tout comme dans les séries des autres dessinateurs de cette époqueModèle:Sfn. Ancien directeur du Centre belge de la bande dessinée, Charles Dierick rappelle que Modèle:CitationModèle:Sfn. Comme le souligne Geert de Weyer, dans Blake et Mortimer, Modèle:Citation. Seule Agnès de la Roche, dans Le Piège diabolique, bénéficie de quelques lignes de dialogue, tandis que quelques femmes élégamment vêtues apparaissent dans les premières planches de L'Affaire du collier, tout en restant muettesModèle:Sfn.

Postérité

Une reconnaissance tardive

Si le travail d'Edgar P. Jacobs, qui figure selon Geert De Weyer parmi les trois grands de l'École de Bruxelles avec Hergé et Jacques MartinModèle:Sfn, est salué dès ses premières aventures, il souffre comme d'autres auteurs du manque de reconnaissance de la bande dessinée, longtemps déconsidérée. Elle connaît cependant une première forme de consécration vers la fin des Modèle:Nobr. Une première exposition consacrée au « neuvième art » est organisée du Modèle:Date- au Modèle:Date- à la [[Bibliothèque royale de Belgique|Bibliothèque royale Albert {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]]. Le catalogue en est rédigé par Jean Van Hamme et présente Edgar Jacobs comme l'une des références de la bande dessinée belgeModèle:Sfn. Des clubs d'amateurs de bande dessinée se créent en France comme en Belgique et des fanzines sont éditéesModèle:Sfn. Comme l'écrit Hergé, Modèle:Citation.

François Rivière estime que peu d'auteurs contemporains de Jacobs ont témoigné de l'admiration pour son travail, ce qui l'affectait beaucoup. Pour autant, Hergé considérait Le Secret de l'Espadon comme un chef-d'œuvre devant servir de modèle aux collaborateurs du magazine Tintin, et Michel Greg comme André Franquin le tenaient en haute estime, ce dernier considérant les dessins de Jacobs comme Modèle:Citation<ref name="cahiersBD1"/>.

En 1969, un supplément aux Cahiers de la bande dessinée rassemble la cinquantaine d'illustrations de La Guerre des mondes réalisées par Edgar Jacobs pour les premiers numéros du magazine Tintin, accompagnées d'un texte de présentation intitulé « Edgar P. Jacobs ou la logique des rêves », préfacé par Hergé lui-même qui rend hommage à son ancien collaborateur et amiModèle:Sfn. L'année suivante, les journalistes du Figaro, Pierre Lebedel et Michel Daubert, se rendent à Bruxelles pour y rencontrer trois auteurs reconnus comme des « classiques » de la bande dessinée belge : Hergé, Michel Greg et Edgar Jacobs. Leurs articles sont publiés le Modèle:Date- et contribuent à faire sortir la bande dessinée du ghetto de la presse enfantine dans lequel elle était enfermée jusqu'alors aux yeux des médias<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Jacobs. En Modèle:Date-, à l'occasion de la Foire du livre de Bruxelles, le premier Grand prix Saint-Michel est attribué à Edgar Jacobs. Le Modèle:Date- suivant, le magazine Tintin lui consacre un Dossier spécial dans son supplémentModèle:Sfn.

Par ailleurs, à cette époque, des fidèles lecteurs, Modèle:Citation, sollicitent le dessinateur pour venir le rencontrer à son domicile. Quelques-uns sont sélectionnés pour être reçu au « Bois des Pauvres »Modèle:Sfn. En 1984, Claude Le Gallo publie Le Monde de Edgar P. Jacobs, premier volet de la collection « Nos auteurs » chez Le Lombard et première véritable étude de l'œuvre du dessinateurModèle:Sfn.

Les premières aventures de Blake et Mortimer ne suscitent pas seulement l'admiration des lecteurs d'Edgar P. Jacobs mais aussi celle de ses collègues. Ainsi, dès le milieu des Modèle:Nobr, une nouvelle génération d'auteurs influencés par le style graphique et narratif de Jacobs apparaît, comme Jacques Martin, Albert Weinberg ou François CraenhalsModèle:Sfn.

La suite des aventures de Blake et Mortimer

Photographie d'un homme de profil.
Bob de Moor prend en charge la réalisation du deuxième tome des Trois Formules du professeur Satō après la mort de Jacobs.

Edgar P. Jacobs n'a jamais manifesté d'opposition au fait que ses héros lui survivent. À sa mort, le scénario du second tome des Trois Formules du professeur Satō est finalisé et les crayonnés largement ébauchés. La Fondation Jacobs décide d'achever son travail et de publier l'album. Jacques Martin est sollicité pour une planche d'essai, tandis que Ted Benoit et André Juillard sont pressentis, mais le choix se porte finalement sur Bob de Moor, qui avait semble-t-il la préférence de JacobsModèle:Sfn. Il est assisté de Geert de Sutter. L'album, tiré à Modèle:Unité, paraît en Modèle:Date- et rencontre un grand succès malgré les faiblesses relevées par des spécialistes de l'œuvre de JacobsModèle:Sfn.

Au fil des ans, une mésentente se fait jour entre Claude Lefrancq, propriétaire des Éditions Blake et Mortimer, et Philippe Biermé qui possède le Studio Jacobs, détenteur des droits d'exploitation de l'œuvre. Les éditions Dargaud, sous l'impulsion de leur directeur général Claude de Saint-Vincent, rachètent finalement les deux sociétés en 1992 et décident de poursuivre la série Blake et Mortimer en lançant une nouvelle production. Jean Van Hamme est choisi pour le scénario et Ted Benoit pour le dessin. Ce nouvel album, intitulé L'Affaire Francis Blake, est largement inspiré par le graphisme de La Marque jaune, et développe une aventure teintée d'espionnage située en Angleterre dans les Modèle:Nobr<ref group="dbd">Claude de Saint Vincent, « Les dessous de la reprise : Blake et Mortimer revival ».</ref>,Modèle:Sfn.

Plusieurs équipes de scénaristes et de dessinateurs se succèdent et travaillent en alternance à la production de nouvelles aventures, au point qu'il y a davantage d'albums de Blake et Mortimer imaginés par de nouveaux auteurs que par Edgar P. Jacobs lui-mêmeModèle:Sfn.

La décision de poursuivre la série après la mort de son créateur soulève des critiques que rejette l'un des nouveaux scénaristes, Yves Sente : Modèle:Citation

Hommages et récompenses

En 1971, Edgar P. Jacobs reçoit le Grand Prix Saint-Michel pour l'ensemble de son œuvre, puis le Prix Saint-Michel du meilleur dessinateur de science-fiction pour Les Trois Formules du professeur Satō l'année suivanteModèle:Sfn. Toujours en 1971, il remporte le Grand Prix du Disque de l'Académie Charles-Cros pour le disque de La Marque jaune<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref group="his">Modèle:Chapitre.</ref>.

En 2004, à l'occasion du centenaire de la naissance d'Edgar P. Jacobs, l'Hôtel des Monnaies de Bruxelles édite une médaille à l'effigie de Blake et MortimerModèle:Sfn. La même année, l'exposition « Blake et Mortimer à Paris ! » est organisée au Musée de l'HommeModèle:Sfn, tandis que le Centre belge de la bande dessinée organise une exposition du Modèle:Date- au Modèle:Date-, retraçant le parcours artistique et la vie de l'auteur. Elle s'accompagne de la publication d'un livre au format bande dessinée, intitulé Le manuscrit E.P. Jacobs, une édition de luxe et richement documentée, co-écrite par Charles Dierick, Guy Lejeune et Pierre Lebedel<ref>Modèle:Lien web.</ref>. À la fin de l'année 2021, une exposition intitulée « Le Secret des Espadons » se tient dans ce même musée, réunissant des planches originales, des maquettes, des photographies, des archives et des objets personnels de l'auteur, ainsi qu'une iconographie inédite sur ce premier volet des aventures de Blake et Mortimer<ref>Modèle:Lien web.</ref>. C'est également la couverture de cet album qui est utilisée pour rendre hommage à l'auteur dans le Parcours BD de BruxellesModèle:Sfn.

Du Modèle:Date- au Modèle:Date-, la Maison Autrique de Bruxelles propose une exposition originale, intitulée « Edgar P. Jacobs et l’Espadon », qui évoque l'atmosphère fantastique et mystérieuse des albums de l'auteur et met en regard des sérigraphies inédites réalisées par André Juillard et Gilles Ziller<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Du Modèle:Date- au Modèle:Date-, l'exposition « ScientiFiction » est organisée au Musée des Arts et Métiers de Paris<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En 2022, le château de La Roche-Guyon, qui sert de cadre au Piège diabolique, organise l'exposition « MachinaXion, Mortimer prisonnier du temps », consacrée à l'album et qui présente près de Modèle:Unité<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Photographie d'un homme portant une casquette.
Philippe Wurm signe avec François Rivière une bande dessinée en hommage à Jacobs.

Plusieurs ouvrages retracent le parcours de l'auteur. En 2012, les éditions Delcourt font paraître La Marque Jacobs, une bande dessinée biographique réalisée par Rodolphe et Louis Alloing<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En 2021, les éditions Glénat publient une autre bande dessinée biographique, Edgar P. Jacobs, le Rêveur d'apocalypses, de François Rivière et Philippe Wurm<ref>Modèle:Lien web.</ref>. De même, plusieurs documentaires retracent la vie et l'œuvre de l'auteur. En 1995, Jean-Loup Martin et Guy Lehideux réalisent La Marque de Jacobs, un film coproduit par Cendranes Films et 8 Mont-Blanc, d'une durée de Modèle:Unité<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En 2004, le documentaire Francis Gillery, E.P. Jacobs, Blake ou Mortimer ?, est coproduit par Artline Films et France 5, pour une durée de Modèle:Unité<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Par ailleurs, la bibliothèque de Lasne, la dernière commune de résidence du dessinateur, porte son nom<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Jacobs représenté par Hergé

Pendant leur travail de refonte des premières Aventures de Tintin, Hergé et Edgar P. Jacobs ont pris l'habitude de se représenter parmi des personnages secondaires, à l'arrière-plan, à la façon des caméos d'Hitchcock<ref name="portraits tintin">Modèle:Chapitre.</ref>. Ils apparaissent une première fois dans la seconde édition de Tintin au Congo, parmi les journalistes qui assistent au départ du héros<ref name="farr">Modèle:Ouvrage.</ref>, puis se représentent à deux reprises dans Le Sceptre d'Ottokar : la première fois parmi les témoins de l'arrestation de Tintin par les gardes royaux, la deuxième parmi les hauts dignitaires qui assistent à la décoration du héros par le roi Muskar XII<ref name="portraits tintin"/>. Jacobs apparaît ensuite avec son nœud papillon parmi les spectateurs du music-hall dans Les Sept Boules de cristal<ref>Modèle:Lien web.</ref>, puis dans Objectif Lune, sous les traits d'un ingénieur installé devant une planche à dessin, au centre de recherches atomiques de Sbrodj<ref name="farr"/>.

Dans l'édition en couleurs des Cigares du pharaon, Hergé fait allusion à son ancien collaborateur en momifiant un certain Modèle:Nobr dans le tombeau du pharaon Kih-Oskh. Cette allusion se double de la présence sur la couverture d'un dénommé Grossgrab, qui évoque le personnage du docteur Grossgrabenstein, créé par Jacobs pour Le Mystère de la Grande Pyramide<ref>Modèle:Chapitre.</ref>. Enfin, dans L'Affaire Tournesol, Hergé le représente comme un spectateur de l'opéra de Szohôd, puis l'évoque en faisant apparaître le nom Jacobini sur une affiche figurant derrière le colonel Sponsz dans la loge de Bianca Castafiore<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Reprises et parodies

Tout comme d'autres grands classiques de la bande dessinée, la couverture de La Marque jaune est souvent victime de parodie, parfois sous couvert d'hommage au dessinateurModèle:Sfn. À titre d'exemple, elle est notamment reprise dans deux albums de la bande dessinée flamande De Kiekeboes, sur la couverture de La Marque du Chat de Philippe Geluck ou celle de Modèle:Lang de Tom Bouden, ainsi que dans des caricatures politiques et sociales réalisées par Johan De MoorModèle:Sfn.

Au début des Modèle:Nobr, Yann et Didier Conrad publient des histoires courtes et parodiques dans le magazine Spirou, notamment Talk et Baltimore, un pastiche des personnages de Blake et MortimerModèle:Sfn. En 2005, les éditions Dargaud lancent à leur tour une parodie, intitulée Les Aventures de Philip et Francis, réalisée par Pierre Veys et Nicolas Barral. Dans cette série, qui se veut un hommage humoristique à l'œuvre de Jacobs, les femmes britanniques remettent en cause l'autorité masculine et les deux héros sont chargés de les ramener à la raison. Le célèbre M de La Marque jaune signifie alors « Macho », tandis que les noms des principaux protagonistes ont été conservés, y compris OlrikModèle:Sfn.

Œuvres

Bandes dessinées

Photographie en couleurs montrant la tranche d'une série de bandes dessinées.
La collection des albums de Blake et Mortimer, en édition de luxe.

Autres travaux

Modèle:Nobr a signé quantité d'illustrations exécutées pour différents journauxModèle:Sfn. Celles qu'il réalise pour La Guerre des mondes, parues dans Tintin entre 1946 et 1947, sont notamment rééditées par Glénat en 1971Modèle:Sfn. En 2012, la libraire L'Âge d'or édite Roland le Hardi, Dossier Chevalerie, un ouvrage qui rassemble le manuscrit de l'aventure qui aurait dû paraître dans Tintin en 1946, avant d'être rejetée, ainsi que des illustrations médiévales de l'auteurModèle:Sfn,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En 2013, l'association « Les Amis de Jacobs » publie Les Contes, illustrations d'Edgar P. Jacobs, en deux tomes qui rassemblent l'intégralité des aquarelles du dessinateur pour le journal Bravo !, ainsi que deux volumes intitulés Esquisses & Dessins<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Les mémoires de l'auteur, Un Opéra de papier, sont publiées en 1981 chez GallimardModèle:Sfn.

Notes et références

Notes

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Références

Références bibliographiques

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Modèle:Références

  • Les personnages de Blake et Mortimer dans l'histoire : Les événements qui ont inspiré l'œuvre d'Edgar P. Jacobs, Historia, Le Point, 2014 :

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  • Edgar P. Jacobs, Un Opéra de papier, 1981 :

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  • Claude Le Gallo, Le Monde de Edgar P. Jacobs, 1984 :

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  • Geert De Weyer, La Belgique dessinée, 2015 :

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Autres références

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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Bandes dessinées

Ouvrages

Articles et revues

Liens externes

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