Histoire des Juifs en Algérie

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Infobox Groupe ethnique L'histoire des Juifs en Algérie remonte à l’Antiquité, sans qu’il soit possible de retracer avec certitude l'époque et les circonstances de l’arrivée des premiers Juifs<ref group="N">La graphie « Juifs » (avec une capitale) désigne les membres d'une identité nationale ou ethnique. La graphie « juifs » (sans capitale) désigne les pratiquants de la religion juive. Voir à ce propos les articles Juifs et Usage des majuscules en français.</ref> dans le territoire de l’actuelle Algérie. Plusieurs vagues d'immigration ont en tout cas contribué à accroître sa population. Il est possible qu'il y ait eu des Juifs à Carthage et dans le territoire actuel de l'Algérie avant la conquête romaine mais le développement des communautés juives est lié à la présence romaine. Les révoltes juives des {{#switch: er

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}} en terre d'Israël et en Cyrénaïque ont certainement causé l'arrivée d'immigrants Juifs en provenance de ces contrées. Le prosélytisme juif parmi les Berbères est un fait historique établi, mais son importance reste débattue.

La conquête musulmane de l'Afrique du Nord achevée en Algérie au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle fait entrer l'Afrique du Nord dans l'aire de civilisation arabo-islamique et marque durablement l'identité des communautés juives locales, dont le statut est désormais régi par la dhimma.

De nouveaux immigrants renforcent ultérieurement la communauté juive d'Algérie : des Juifs fuient l'Espagne lors des persécutions wisigothes des {{#switch: e

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}}, puis encore lors des persécutions liées à la Reconquista espagnole du {{#switch: e

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}}. Beaucoup de Juifs de la péninsule Ibérique s’installent alors en Algérie et se mêlent à la population juive locale, influençant ses traditions. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, d'autres Juifs, les Granas de Livourne, peu nombreux, mais jouant un rôle d'intermédiaires commerciaux entre l'Europe et l'Empire ottoman. Plus tard au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle l'Algérie voit l'arrivée de nombreux Juifs tetouanais, renforçant les rangs de la communauté<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Après la colonisation française de l'Algérie en 1830, le respect de la liberté religieuse et de leurs coutumes est garanti aux Algériens. La dhimma est abolie et les Juifs deviennent égaux aux Musulmans devant la loi française. En effet, la loi musulmane qui régentait le pays désavantageait nettement les premiers face aux seconds, surtout dans le domaine juridique et leur traitement en tant qu'habitants de ce pays. Ceci explique l'opinion pro-française qui se développe dès cette époque chez les Juifs d'Algérie. Devenus citoyens français à la suite du décret Crémieux de 1870, les Juifs s'identifient de façon croissante à la métropole et malgré leur retour forcé à la condition d'indigène durant la Seconde Guerre mondiale<ref name="northafricanjews">Modèle:Lien web</ref>, ils choisissent massivement d'être rapatriés en France à la veille de l'indépendance de l'Algérie et une minorité choisit Israël. Quelques dizaines de Juifs très discrets vivent encore en Algérie<ref name=":0">Modèle:Lien web.</ref>,<ref name=BR>Modèle:Lien web</ref>. Cet exil met quasiment fin à plus de Modèle:Nombre de présence en terre algérienne.

Les relations entre Juifs, algériens Musulmans et colonisateurs français étaient hétérogènes et marquées à la fois par le statut de dhimmi des Juifs et par l'antisémitisme français latent durant les années 40. Cette dualité a été mise à l'écrit par le philosophe français juif Jacques Derrida, issu des communautés juives algériennes :

" Quand j'avais 10 ans, j'ai perdu la citoyenneté française au moment du régime de Vichy et pendant quelques années, exclu de l'école française, j'ai fait partie de ce qu'on appelle à ce moment-là, les Juifs indigènes, qui ont rencontré parmi les Algériens de l'époque, plus de solidarité que de la part de ce qu'on appelait les Français d'Algérie. C'est l'un des tremblement de terre de mon existence."<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>

Des premières communautés à la conquête Musulmane

Fichier:Ein Allgierischer Jud.png
Juif d'Algérie, 1687.
Fichier:AlgerianJew.jpg
Juif d'Algérie au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.

Modèle:Article détaillé

L'origine des Juifs d'Algérie est très peu connue. Elle se confond avec celle de tous les Juifs d'Afrique du Nord.

Selon Richard Ayoun, la présence juive est « incontestable » dès avant la conquête romaine du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, sur le littoral nord-africain à Hippo Regius (Annaba), Igilgili (Jijel), Iol (Cherchell), Icosium (Alger) et Gunugu (Gouraya)<ref name=Ayoun27/> ainsi qu'à l'intérieur des terres à Constantine, Médéa mais il n'y a pas de preuve archéologique pour appuyer ces affirmations. La présence juive est réellement confirmée dans la région de Constantine dès les premiers siècles de l'ère commune, comme le montrent des épitaphes (en latin)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref> qu'on y a découvertes<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref>. Cette population se serait vue augmentée à la suite de la prise de Jérusalem par Titus en 70<ref name=Allouche12>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name=Ayoun27>Modèle:Harvsp.</ref>, qui mène de nombreux Juifs sur les côtes de Carthage et de Maurétanie. Augustin d'Hippone et Jérôme de Stridon attestent tous deux de l'importance de la communauté juive aux {{#switch: e

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}} : le premier, qui traite les Juifs de paresseux car ils observent le chabbat<ref name=Ayoun/>, est l'auteur de Contre les Juifs et le second affirme dans une de ses lettres que les colonies israélites forment une chaîne ininterrompue « depuis la Maurétanie, à travers l'Afrique et l'Égypte jusqu'à l'Inde »<ref name=Monceaux3>Modèle:Harvsp.</ref>. Comme les autres Juifs de l’Empire, ceux d’Afrique romaine sont romanisés de plus ou moins longue date, portent des noms latins ou latinisés, arborent la toge et parlent latin, même s’ils conservent la connaissance du grec, langue de la diaspora juive de l’époque<ref name="sebag30">Paul Sebag, op. cit., Modèle:P..</ref>.

La synagogue de Sétif date du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Harvsp.</ref> et il en existait une autre à Auzia (Aumale)<ref>Les Juifs d'Algérie : images & textes par Jean-Luc Allouche, Jean Laloum, page 9, 1987.</ref>. La synagogue de Tipaza est construite au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name=Ayoun>Modèle:Lien web</ref>. Dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web</ref>, les historiens arabes signalent la présence de Juifs dans la région saharienne du Touat, dans le Sud-Ouest algérien.

Au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, le pouvoir vandale offre une courte période de liberté religieuse aux Juifs<ref name=Ayoun/>. Mais lorsque les Byzantins arrivent en Algérie, les édits de Justinien excluent les Juifs de toutes les fonctions publiques et plusieurs synagogues sont transformées en églises comme à Tipaza<ref>Georges Froment-Guieysse, L'Encyclopédie coloniale et maritime, Modèle:P., 1944.</ref>.

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'Algérie accueille une première immigration de Juifs d'Espagne fuyant les persécutions du roi wisigoth Sisebuth<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref>.

Les Judéo-Berbères

Fichier:COLLECTIE TROPENMUSEUM Studioportret van een Joods meisje uit Laghouat Algerije TMnr 60028510.jpg
Juive de Laghouat, 1889. Source : Tropenmuseum.

Berbères et Juifs pourraient donc avoir une origine géographique proche, que Richard Ayoun n'hésite pas à qualifier de « proximité familiale »<ref>Modèle:Harvsp.</ref> et ceci pourrait expliquer les affinités qui ont existé entre ces deux populations, dont un exemple est peut-être donné par le roi Juba II qui se marie avec Claphyra, veuve du fils du roi de Judée Hérode le Grand<ref>Aissa Chenouf, Les juifs d'Algérie : Modèle:Nombre d'existence, Dar El Maarifa, page 22, 1999.</ref>, même si celle-ci ne semble pas juive<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref>.

Il existe aussi une hypothèse d'une origine cananéenne des Berbères, soutenue par certains auteurs anciens chrétiens ou Juifs, et plus récemment par Nahoum Slouschz<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ainsi, quand Augustin d'Hippone demande leur origine aux habitants d'Hippone, l'actuelle Annaba, ceux-ci lui répondent en punique qu'ils sont des « Canani ». Il rappelle aussi aux paysans l'histoire du fils maudit de Cham, Chanaan et des fils d'Israël<ref>La Sainte Bible, Clair, page 426.</ref>. Quant à l'historien Procope de Césarée, il mentionne une inscription trouvée à Tigisi (actuelle Aïn el Bordj à Modèle:Unité de Constantine) en Numidie qui pourrait faire référence aux Cananéens de la Bible : Modèle:Citation<ref>Jacques-Antoine Dulaure, Histoire abrégée de différents cultes, vol. 1, 1825, Modèle:P..</ref>,<ref>La traduction disponible sur le site de Philippe Remacle indique une transcription proche : « Jésus, fils de Navé ». Voir Modèle:Lien web.</ref>. Et, selon le Sefer Yosippon, des descendants d'Ésau se seraient établis dans le Nord de l'Afrique<ref name=Monceaux3/>. Juifs et Berbères cohabitent pendant longtemps à travers l'Afrique du Nord, favorisant les échanges culturels et humains.

Les Juifs du Touat

Le Touat est une région du Sud-Ouest de l'Algérie actuelle, dans le Sahara, où les Juifs semblent avoir été présents depuis le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, particulièrement dans la ville de Tamentit<ref name=Tamentit>Modèle:Lien web.</ref>. Selon Jacob Oliel<ref name=Izard>Modèle:Lien web.</ref>, les Juifs se sont établis au Touat dans les années 132 – 135 après la répression par les Romains de la révolte de Cyrénaïque de 115 – 117. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, leur capitale est Tamentit<ref name=Tamentit/> où ils ont une synagogue<ref name=Izard/>. Cette communauté prospère tout au long du Moyen Âge, quand ils contribuent au développement des foggaras et du commerce transsaharien avant de disparaître à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle sous les coups d'un cheikh fanatique<ref name=Izard/>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il en reste des descendants qu'on reconnaît parfois à leur patronyme comme les Touati ou Touitou<ref>D'où vient ce nom ? Touati.</ref>.

De la conquête arabe à l'expulsion des Juifs d'Espagne

L'islamisation de l'Algérie débute au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et sa conquête par les Omeyyades est achevée avant la fin du même siècle. Modèle:Article détaillé

La résistance berbère est tenace. Une des figures les plus marquantes en est Dihya, dite la Kahina, dont beaucoup avec Ibn Khaldoun disent qu'elle était judaïsante. Pendant cinq ans environ, elle dirige les tribus berbères opposées aux Arabes avant d'être défaite.

L'immigration juive qui avait suivi la conquête arabe semble se poursuivre, ainsi qu'une certaine fusion avec des Judéo-Berbères. On trouve des communautés juives dans de nombreuses villes dont principalement Béjaïa, Alger, Oran, Constantine, Mostaganem mais aussi au sud ; Biskra, dans le M'zab et jusque dans les oasis sahariennes<ref>Modèle:Harvsp. Ces auteurs citent Gérard Nahon, « Le judaïsme algérien, de l'Antiquité au décret Crémieux », dans Les Nouveaux Cahiers, no 29, 1972, pages 1 – 13.</ref>. Les communautés juives sont soumises au statut de dhimmis<ref name=dhimmi>Modèle:Harvsp.</ref>, comme sur toutes les terres musulmanes depuis le pacte du Calife Omar ibn al-Khattab, au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, qui tout en leur laissant la liberté du culte leur attribue un statut juridique très inférieur à celui des Musulmans<ref name=dhimmi/>.

Fichier:Jews in many lands, Spanish costumes of Jewesses in Algiers.jpg
Juifs d'Alger portant leurs tenues espagnoles, 1905.

Après la défaite de la Kahina et la conquête de l'Andalousie, plusieurs révoltes des Berbères sufrites (kharidjisme berbère) ou rostémides déstabilisent le pouvoir abbasside au Maghreb. Les Kharidjites comme les Rostémides de Tiaret ou les dynasties berbères kharidjites de Tlemcen se montrent tolérants vis-à-vis des Juifs.

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle résident en Algérie plusieurs savants Juifs<ref name="L'Harmattan 1996. page 17">Modèle:Harvsp.</ref> :

Vers la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, les Rostémides kharidjites s'installent au Mzab, lors des attaques Almoravides. Plusieurs oasis où vivent les kharidjites et les communautés juives se développent rapidement.

Après plusieurs siècles relativement paisibles, les Juifs d’Afrique du Nord sont au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle soumis à une persécution terrible de la part des Almohades<ref name=Almo>Modèle:Harvsp.</ref>. Les communautés du Sud disparaissent en 1142, celle d'Oran, en 1145, celle de Tlemcen, en 1146 et celle de Bougie en 1147<ref name=Ayoun/>. En 1165, le pouvoir almohade instaure une politique de conversion forcée, avec interdiction de se marier avec des Musulmans et de pratiquer le commerce à grande échelle<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En 1198, Le souverain almohade Al Monsur impose aux Juifs de porter un vêtement particulier, de couleur jaune<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les Juifs doivent alors (au Maghreb comme en Espagne musulmane) choisir entre pratiquer clandestinement leur religion ou s’exiler vers les quelques pays accueillants, l’Égypte, la terre d'Israël ou l’Italie<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Les Almohades finissent par adoucir leur politique et autoriser les Juifs à vivre dans les villes maghrébines<ref name=Almo/>.

Entre le Modèle:S mini- et le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, une importante population juive s'installe à Ghardaïa, capitale du Mzab<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Jacques Taïeb, Sociétés juives du Maghreb moderne (1500-1900), éd. Maisonneuve & Larose, Paris, 2000, Modèle:P..</ref>. Modèle:Article détaillé

Après le déclin de l'Andalousie

Fichier:Synagogue à Netanya.JPG
Synagogue de Netanya (Israël) de rite algérois, honorant deux rabbins algérois.

À partir du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et jusqu’au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, l’émigration s’inverse. Les communautés nord-africaines voient arriver des Juifs d’Espagne notamment après les émeutes de 1391 en Catalogne, Aragon, Majorque ou Valence<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Cette vague concerne plus particulièrement l'Algérie, et nombre de réfugiés s'établissent à Alger qui devient au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle un grand centre rabbinique. La plus grande vague pour l'Afrique du Nord est celle qui suit l’ordre d’expulsion prononcé en Modèle:Date après la prise de Grenade par les Rois Catholiques. À leur arrivée en Algérie, les Juifs d’Espagne s’installent dans les villes du littoral et de l’intérieur du pays où ils fusionnent progressivement avec les Juifs autochtones. Ils s'installent principalement le long de la côte de Honaïne à l'ouest en passant par Oran, Mostaganem, Ténès, Alger, Bougie et jusqu'à Tunis. Nombreux sont ceux qui s'établirent à Tlemcen et dans d'autres cités de la plaine comme Constantine, Miliana et Médéa<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Les communautés juives d'Algérie connaissent une véritable mutation<ref>Modèle:Lien web.</ref>. S'ensuit dès le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle un courant régulier de marranes portugais et de Juifs originaires de France, d'Italie (de Livourne plus particulièrement) et de Constantinople<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Ce sont les Juifs d'Espagne qui, sous la désignation de Sépharades (qui signifiait originellement Juifs d’Espagne), introduisent la liturgie du même nom. Finalement, ce sont toutes les communautés juives nord-africaines, et au-delà balkaniques et orientales qui adopteront la liturgie sépharade. Parmi les familles juives chassées d’Espagne et ayant trouvé refuge à Alger, on peut citer généralement parmi tant d'autres les Stora, les Duran<ref>Aussi orthographié Dukhan. Ce nom tire vraisemblablement son origine de l'hébreu דוכן qui désigne un étal, ou encore un lutrin. On dit que c'était le nom pris par certains Cohanim Cohen en Espagne pour masquer leur judaïté, le lutrin en question étant celui où se faisait la lecture à la synagogue.</ref>, les Seror, les Benhaim, les Oualid et les Ayache<ref name="Algérie, Robert Attal p 19">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ces familles revendiquent leurs ascendances purement espagnoles<ref name="Algérie, Robert Attal p 19"/>. Dès le début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, des rabbins d'origine espagnole prennent la tête des communautés algériennes<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref> :

Fichier:הרב אפריים אנקאווה נכנס לעיר תלמסאן.jpg
Médaillon célébrant l'arrivée du « Vénérable Grand Rabbin Ephraïm Enkaoua » à Tlemcen.
  • à Alger : Isaac ben Chechet dit le Rivach et Shimon ben Tsemah Duran dit le Rachbatz<ref name="Algérie, Robert Attal p 19"/>, tous deux nés en Espagne et qui prennent successivement la direction de la communauté juive d'Alger ;
  • à Constantine : Maimun ben Saadia Najar<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref> et Joseph ben Menir<ref name="Algérie, Robert Attal p 19"/> ;
  • à Tlemcen : Abraham ben Hakin et Ephraim Encaoua<ref name="Algérie, Robert Attal p 19"/>, rabbin né à Tolède, dont la tombe est devenue lieu de pèlerinage jusqu'au départ des Juifs d'Algérie ;
  • à Oran : Amram Merovass Ephrati, rabbin et docteur ;
  • à Bejaïa : Rabbi Benjamin et Amram Amar de Valence ;
  • à NedromaModèle:Refnec.

La crainte des persécutions de la part des Espagnols reste si grande dans la communauté juive que les échecs de ceux-ci dans leurs tentatives de prendre Alger en 1541 puis en 1775 sont commémorés par les Juifs lors des Pourims d'Alger<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

L'Algérie ottomane

Modèle:Article détaillé

Fichier:Roguin louis.jpg
Juive d'Alger portant la sarma (coiffe), Modèle:S mini.

Au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle les Juifs du territoire algérien actuel se répartissent entre plusieurs communautés urbaines dont les plus importantes sont Alger, Mostaganem, Constantine et Tlemcen. On retrouve aussi des communautés rurales dans les oasis du Sud algérien : Mzab, Biskra, Touggourt. Ils sont en revanche absents de la plupart des montagnes algériennes et de la région des hautes plaines<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Pendant la période ottomane, les Juifs d’Algérie sont comme auparavant soumis au statut de « dhimmi » En cas de litige avec un Musulman, ils sont jugés par un tribunal Musulman où leur témoignage vaut moins que celui d'un Musulman. Certains Juifs condamnés sont brûlés vifs à la porte de Bab El-Oued<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Les {{#switch: e

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}} voient un renouveau des études talmudiques avec les rabbins Saadia Chouraqui qui est aussi mathématicien et Juda Ayache (1690 – 1760), dayan (c'est-à-dire juge du tribunal rabbinique) à Alger, auteur du traité Bet Yehuda (La maison de Juda) où il décrit les coutumes judéo-algéroises<ref name="Ayoun" />.

Au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, arrivent les « Juifs francs », Granas de Livourne (Italie), très engagés dans le commerce maritime en Méditerranée. Ils sont aussi, en partie, d’origine ibérique. Les Livournais exportent d'Algérie des denrées agricoles comme le blé ou les agrumes, et artisanales comme la soie ou le cuir. Ils y importent d'autres produits agricoles, comme le sucre ou le café, et industriels comme la quincaillerie ou du fer et de l'acier, mais la masse des Juifs continuent de vivre dans la misère<ref name="Ayoun" />.

Fichier:Théodore Chassériau - Intérieur juif.jpg
Intérieur juif à Constantine, T. Chassériau, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Les Juifs vivent en permanence sous la menace d'oppressions diverses, comme le massacre de 1805, dont témoigne le consul de France Dubois-Thainville<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Celui-ci sauve alors la vie de Modèle:Nombre en les abritant dans son consulat<ref>André Chouraqui, Histoire des Juifs en Afrique du Nord, Éd. Hachette, Paris, 1985.</ref>. En 1805, le chef de la Nation juive d'Alger, Nephtalie Busnach, est tué alors que des émeutes ravagent les quartiers Juifs<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}Modèle:Lien web.</ref>. En 1815, c'est le grand-rabbin d'Alger, Isaac Aboulker, qui est décapité lors d'une émeute<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref>.

Il faut toutefois noter une grande diversité de situations dans l’espace et dans le temps. Des relations de bon voisinage, voire d’amitié, peuvent se nouer, notamment à l’occasion de la célébration des fêtes juives. La pratique des « protections », — tel ou tel individu se mettant sous la protection d’un notable musulman, d’un haut fonctionnaire ou du Dey, ou bien des consuls européens —, ne concerne pas que quelques riches marchands, mais s’étend parfois à des gens très modestes. Dans les campagnes, de nombreuses tribus juives vivent en complémentarité avec leurs voisines musulmanes<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Durant la Révolution française, deux négociants Juifs originaires de Livourne, Bacri et Busnach<ref>Modèle:Lien web</ref>, arrivent à nouer une relation privilégiée avec le Dey d’Alger, devenant son conseil financier et bénéficient de privilèges et monopoles commerciaux qui font leur fortune. Ils fournissent en blé les armées du Directoire vers 1795 – 1796, sans parvenir à s’en faire régler le prix, sauf de façon partielle sous la Restauration. Ce conflit commercial connaît de multiples rebondissements plus ou moins dramatiques et empoisonne les relations entre la France et la Régence pendant une trentaine d’années. David Bacri nommé par Napoléon consul général à Alger est décapité en 1811 par ordre du dey d’Alger<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Cet évènement est une première étape du conflit entre les Ottomans et les Français. Finalement, le Dey Hussein, ne pouvant prélever sa part majoritaire sur le produit de la transaction non réglée, convoque le consul français Deval pour régler les dettes de la France. C’est donc à la suite de ce conflit commercial que surviennent l’affaire du « coup d'éventail », la prise d'Alger et la conquête de l’Algérie<ref>Tous les ouvrages relatant la conquête d’Alger par les Français en 1830 traitent de ce conflit commercial. Cf. plus particulièrement, sur le rôle des familles Bacri et Busnach. Maurice Eisenbeth, « Les Juifs en Algérie, esquisse historique depuis les origines jusqu’à nos jours », dans Encyclopédie coloniale et maritime, Paris, 1937, Modèle:P.17 – 18, et Claude Martin, Les Israélites algériens de 1830 à 1902, Paris, 1936, Modèle:P.20 – 21.</ref>.

Quelques traits du judaïsme dans l'Algérie ottomane

Fichier:Festin juif.JPG
Festin juif en Algérie, 1835.
Fichier:The Synagogue (GRI) - Flickr - Getty Research Institute.jpg
Synagogue d'Alger, 1902.

Les communautés juives développent chacune leurs propres coutumes et leurs propres rites (algérois, constantinois, oranais…), qu'on retrouve aujourd'hui encore, puisque certaines synagogues sont, par exemple, de rite algérois ou d'autres de rite constantinois<ref name="ReferenceA">Modèle:Harvsp.</ref>. Ce judaïsme accorde une grande importance à la Kabbale et à la vénération des « saints », c'est-à-dire des rabbins fondateurs comme le Ribach et Rachbatz ou encore Ephraim Encaoua à Tlemcen dont la tombe est fréquentée par les Juifs comme par les Musulmans. Certaines synagogues deviennent des lieux de pèlerinage, telles Ghriba à Djerba, mais aussi celles de Bône et de Biskra<ref name="ReferenceA"/>.

Dans chaque ville, on trouve à la tête de la communauté le « chef de la nation juive » (mokdem), nommé par le pouvoir et chargé de la collecte des impôts. Malgré les risques que comporte cette fonction, elle est très recherchée pour son influence auprès du Dey. Les procès entre Juifs sont jugés par les juges des tribunaux rabbiniques, mais ceux impliquant aussi des Musulmans sont jugés par des Musulmans. Autres notables importants, les Guizbarim sont chargés des œuvres de bienfaisance<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Les Juifs, qui, comme dhimmis, n'ont pas le droit d'être propriétaires fonciers, sont le plus souvent artisans ou commerçants : tailleurs, brodeurs, cordonniers, mais aussi orfèvres, bijoutiers ou joaillers. Ils peuvent même battre la monnaie du Dey. Comme commerçants, ils assurent les liaisons avec les provinces sahariennes. Grâce à leurs liens professionnels et familiaux avec les Juifs de Livourne, ils sont en relations d'affaires avec les ports européens de la Méditerranée comme Marseille<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cette puissance commerciale et financière leur donne accès au Dey.

Dans son ouvrage, L'État d'Alger, Modèle:Lien, consul des États-Unis à Alger de 1815 à 1828 dénonce l'« oppression et les outrages » dont souffrent les Juifs à Alger qui y sont frappés de corvées arbitraires et y sont dépourvus de statut légal au point de n'avoir pas le droit de se défendre s'ils sont molestés par un musulman. Ils sont aussi pillés lors des révoltes de janissaires<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Le cas particulier d'Oran

Modèle:Article détaillé Oran est occupé par les Espagnols de 1509 à 1708. Malgré l'expulsion des Juifs d'Espagne, plusieurs dizaines de familles sont autorisées à rester dans Oran à cause des services rendus lors de la prise d'Oran par les Espagnols. Mais, en 1669, les Juifs sont finalement expulsés d'Oran. En 1708, les Ottomans reprennent Oran et les Juifs reviennent pour repartir lors de la reprise de la ville par les Espagnols en 1732 et ne revenir qu'à la fin du {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIIIe{{#if:|  }} }} quand les Espagnols sont définitivement chassés.

De manière similaire en 1520, la communauté juive de Bougie est expulsée par l'occupation espagnole mais se reforme dans l'arrière-pays<ref>Modèle:Encyclopédie berbère.</ref>.

La période de la colonisation française 1830 – 1962

Fichier:Bombardementd alger-1830.jpg
L’attaque de l’amiral Dupperé lors de la prise d’Alger en 1830.

De la prise d'Alger au sénatus-consulte de 1865

Modèle:Article connexe La conquête de l'Algérie est marquée en 1835 par le massacre des Juifs de Mascara par les Arabes fuyant la ville sur le point d'être prise par les Français et par le dramatique exode des survivants<ref name="Assan-10">Valérie Assan, « L’exode des Juifs de Mascara, un épisode de la guerre entre Ald el-Kader et la France », Archives juives, 2005/2, Modèle:N°, Modèle:P..</ref>. Modèle:Article détaillé

Évolution du statut des Juifs

Fichier:Ancienne Synagogue de Sidi Mabrouk, Constantine,maintenant mosquée, 2012.jpg
Ancienne synagogue de Sidi Mabrouk à Constantine, maintenant mosquée, 2012.

En 1830, à la suite de la colonisation française de l’Algérie, les Israélites sont libérés du statut de dhimmis : ils reçoivent dans un premier temps l’égalité des droits avec les « indigènes » musulmans, en application de l’acte de capitulation passé entre le général de Bourmont et le Dey d’Alger, qui garantit le respect de toutes les religions. Aussi, dès que les premières écoles françaises sont ouvertes, en 1831, les Juifs y envoient leurs enfants. Ils renoncent rapidement ensuite à leurs tribunaux religieux, à la différence des Musulmans, pour se soumettre aux tribunaux français de droit commun, appliquant le droit mosaïque (avec l’expertise d’un rabbin).

Le pouvoir , sous les règnes de [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]] et [[Napoléon III|Modèle:Nobr]], constatant cette volonté des indigènes juifs de se rapprocher de la France, dont les élites adoptent rapidement la langue, préparent alors l’accession des Juifs à la citoyenneté française, c’est-à-dire à l’égalité complète. L’Empereur Napoléon III accorde en 1865, par Senatus Consulte du Modèle:Date-, la citoyenneté aux indigènes juifs et musulmans qui la désirent et en acceptent les obligations (abandon du statut personnel et service militaire comme les autres citoyens). Mais deux Juifs seulement effectuèrent les démarches. L'unique décret Impérial pris le 5 décembre 1866 à Compiègne à la suite du Sénatus-consulte du 14 juillet 1865 mentionne leurs noms : Salomon Fraïm-Chouraqui de Médéa et Mardochée Darmon de Tlemcen<ref>Modèle:Article</ref>. Ni les Juifs ni les Musulmans ne voulant renoncer à leur statut religieux, l'État consulte alors les autorités religieuses juives pour connaître leur réaction en cas de naturalisation collective. Après réflexion, ces autorités acceptent la naturalisation collective qui intervient le Modèle:Date- et qui est connue sous le nom de décret Crémieux<ref name="Ayoun604">Modèle:Harvsp.</ref>.

Démographie

Fichier:TETE DE JEUNE ALGERIENNE JUIVE.PNG
Tête de jeune algérienne juive,
Théodore Chassériau, 1855.
Collection privée<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Lorsque les Français débarquent en Algérie, de 15 000 à 17 000 Juifs y vivent<ref name="Ayoun" /> sur une population totale de 3 000 000 de personnes. Ils sont pour 80 % d’entre eux citadins alors que la population musulmane ne l’est qu’à 5 %<ref name="Kateb">Modèle:Ouvrage.</ref>. Modèle:Nombre vivent à Alger où ils représentent 20 % de la population. Ils sont 3 000 à Constantine, 2 000 à Oran<ref>Modèle:Lien web.</ref>, et 1 508 à Tlemcen<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>name="Kateb"</ref> On retrouve aussi de petites communautés vivant dans les oasis du Sud, Juifs du Mzab et de Laghouat ainsi que quelques groupes de Juifs vivant sous tente et nomadisant comme les Musulmans dans la région de Souk Ahras<ref name="Kateb" />. À partir des années 1840, un phénomène de migration des Juifs de Tunisie et du Maroc, dont des Tétouanais<ref>Modèle:Lien web.</ref> apparaît, alimenté par des changements politiques en Algérie. Témoignage de l'impact démographique de ces migrations, on compte en 1902, sur Modèle:Nombre de Juifs en Algérie, 153 ressortissants étrangers, principalement Marocains et Tunisiens<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Sur le plan économique, la plupart des Juifs continuent d'exercer leur artisanat traditionnel. Ils sont tailleurs, brodeurs, horlogers, chaudronniers, tisserands ou orfèvres<ref name="Ayoun" />. Mais une petite minorité réussit dans le commerce de gros et assimile rapidement la culture française<ref name="Ayoun" />.

Du décret Crémieux aux années 1930

Fichier:Adolphe Crémieux by Lecomte du Nouy.jpg
Adolphe Crémieux.

Lors de la guerre de 1870, le Gouvernement de la Défense nationale attribue d’office la citoyenneté française aux Juifs d’Algérie par le décret Crémieux du Modèle:Date-, mettant fin au statut civil mosaïque, et soumettant d’emblée tous les nouveaux citoyens au service militaire. Ainsi, à une époque où la position de la France est menacée dans cette colonie, y sont créés quelque Modèle:Nombre<ref>Modèle:Harvsp.</ref> français de plus. Le fait qu’un tel décret ne soit pas pris en faveur des Musulmans, malgré le souhait d'Adolphe Crémieux, s'explique par l'hostilité des militaires et des colons qui refusent la moindre concession aux Musulmans<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Il faut aussi mentionner que le décret Crémieux ne s'applique pas aux Juifs du Mzab car cette région n'est pas alors sous le même statut administratif. La nationalité française ne leur sera attribuée qu'à la veille de l'indépendance de l'Algérie<ref>Modèle:Lien web</ref>. Le décret du Modèle:Date- réduit quelque peu la portée du décret Crémieux en retirant du champ d'application les Juifs vivant en Algérie nés en Tunisie ou au Maroc<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Francisation

Fichier:Hebrew wall Algeria.jpg
Juifs d'Algérie, v. 1915.

En 1830, les Juifs ont un mode de vie très comparable à celui des Arabes. En 1962, à l'indépendance de l'Algérie, ils quittent presque tous l'Algérie pour la France. En un peu plus d'un siècle, la communauté juive d'Algérie s'est transformée sous l'influence de l'école, de l'Armée<ref name=Allouche186>Modèle:Harvsp.</ref> mais aussi du judaïsme français.

Dès 1832, des écoles juives dispensant un enseignement en français sont ouvertes dans les principales communautés juives d'Algérie. En 1845, des écoles juives sont financées par l'État sur le modèle des écoles catholiques. Le décret Crémieux suivi des lois de Jules Ferry rend l'enseignement obligatoire et gratuit. Cet enseignement laïc est la première cause de la francisation des Juifs d'Algérie<ref name=Allouche49>Modèle:Harvsp.</ref>.

Dès les années 1865, des Juifs s'engagent dans l'armée française et le décret Crémieux faisant d'eux des citoyens français assujettit tous les jeunes hommes au service militaire à partir de 1875. Certes, seules quelques classes font leur service (d'une durée d'un an jusqu'en 1914) en France et la plupart le font en Algérie, mais ils côtoient sous les drapeaux d'autres pieds-noirs de toutes origines, ce qui accélère, comme pour les Espagnols, Italiens et autres nationalités, l'intégration à la communauté française<ref name=Allouche187>Modèle:Harvsp.</ref>.

Influence des Juifs et du judaïsme de la métropole
Fichier:Oran synagogue.jpg
La Grande synagogue d'Oran (avant 1918).

La colonisation française en Algérie se double pour les Israélites de ce que Simon Schwarzfuchs appelle un « colonialisme juif » venu de métropole<ref>Cité par Modèle:Harvsp.</ref>.

À partir de la conquête de l’Algérie par la France, les Juifs de France s’intéressent au sort de leurs coreligionnaires, et envoient sur place des émissaires qui rendent des rapports bienveillants mais souvent condescendants envers les Juifs d’Algérie<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, les montrant désireux de se rapprocher de la civilisation française. En 1842, deux notables Juifs marseillais Jacques Isaac Altaras et Joseph Cohen sont envoyés en mission sur recommandation du ministère de la Guerre pour préparer la « réforme » des communautés juives d'Algérie. Leur rapport fait des propositions radicales : suppression des tribunaux rabbiniques, établissement d'écoles sous contrôle de l'État français, établissement du consistoire comme en métropole, interdiction du costume traditionnel<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name=":0" group="N">Le bulletin des Archives israélites de 1845 indique que les Juives d"Alger ont renoncé à porter la sarma (haute coiffe métallique conique constituée de deux parties emboîtées l’une dans l’autre, ressemblant au hennin et au tartûr) pour adopter le foulard, le châle et les chaussures européennes. Lire en ligne p. 696.</ref>.

Fichier:Consistoire Oran.JPG
Délibération du consistoire israélite de la province d'Oran, en date du 10 avril 1870, autorisant le Consistoire Central de France à délier ses coreligionnaires de la loi mosaïque en ce qu'elle a de contraire au Code Napoléon et aux lois civiles et politiques de la France.

Ce sont eux qui demandent au gouvernement que les instances consistoriales soient étendues à l’Algérie. Cette requête sera plusieurs fois refusée par le gouvernement qui ne veut pas organiser le culte israélite puis finalement acceptée en tant qu’« œuvre philanthropique digne de la France »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ainsi, par l’ordonnance royale de Saint-Cloud du Modèle:Date-, un Consistoire central est créé à Alger ainsi que deux autres à Oran et Constantine, chapeautés par des grands-rabbins originaires de France, de culture ashkénaze qui imposent en partie, au fil du temps, mais non sans heurts, le point de vue consistorial sécularisé aux Israélites algériens et les éloignent des traditions juives nord-africaines<ref>Voir les travaux de J. Allouche-Benayoun en particulier : « La naturalisation des Juifs d’Algérie : du dhimmi au citoyen » dans Le Choc colonial et l’islam, P.-J. Luizard (sous la direction de) Paris, 2006.</ref>.

Cette influence des Juifs de la métropole est encore accrue sous le Second Empire et en 1867 le consistoire d'Algérie est supprimé. Le grand-rabbin de France devient grand-rabbin de France et d'Algérie. Seuls subsistent des consistoires locaux, rapportant directement au Consistoire central de France<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Quant à l'Alliance israélite universelle dont le réseau scolaire se développe au Maroc et en Tunisie, elle préfère, en Algérie, la scolarisation des enfants Juifs par l'école publique plutôt que par des écoles de l'Alliance<ref name="Allouche51">Modèle:Harvsp.</ref> puis, à partir de 1900, participe à la réforme de l'enseignement religieux aux dépens des rabbins traditionnels<ref name="Allouche51" />. Cette francisation du judaïsme se retrouve dans la vocabulaire utilisé pour évoquer les étapes de la vie juive : les Juifs d'Algérie parlent souvent de baptême pour la brith mila et de communion pour la bar mitsvah<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Assimilation ou acculturation ?
Fichier:Beit Israel.JPG
Journal « Beit Israel » ( בית ישראל) en judéo-arabe, édité par Shalom Bekache en Algérie entre 1890-1892.

Les Juifs semblent plus disposés à « s'assimiler », à se montrer « perméables » aux influences françaises que les Musulmans. La communauté juive va rapidement se franciser, et principalement grâce à l'école où chrétiens, Juifs et Musulmans apprennent à se connaître<ref name="Ayoun" />. À partir de 1860 – 1870, la jeunesse s’habille majoritairement à l’européenne<ref name="Ayoun604" />,<ref name=":0" group="N" /> ; les prénoms aussi évoluent : les prénoms français remplacent les prénoms hébraïques ou arabes qui sont désormais portés en deuxième position dans l'ordre de l'état civil. L’usage du français remplace celui de l’arabe et du berbère comme langue courante chez les Juifs comme en témoignent deux personnalités juives algériennes venues d’horizons très différents, le journaliste Jean Daniel et le rabbin Léon Ashkénazi :

Modèle:Début citationJe ne porte pas les stigmates d’une arabité particulière. Mes amis arabes parlaient français. Je n’ai pas appris l’arabe et je le regrette. Et il était déconseillé de le faire. Au temps de mon enfance, la présence française est très forte et de nombreux musulmans en sont imprégnés<ref>Jean Daniel, Cet étranger qui me ressemble, Paris, Grasset, 2005, Modèle:P.24.</ref>.Modèle:Fin citation

Modèle:Début citationJe me souviens que quand j’étais tout enfant, j’assistais aux études de mon père et de mon grand-père. Ils étudiaient en judéo-arabe, parce que la langue de mon grand-père était le judéo-arabe […] Le grand mystère c’est que mon père m’a enseigné en français. Comment a-t-il traduit ? Je ne sais pas parce qu’il était d’une génération qui n’a pas du tout reçu de la métropole les moyens d’une formulation. Ce travail c’est notre génération qui a été obligé de le faire. […] Le grand-père avait appris en arabe et le père avait enseigné au fils en français. Comment cela s’est-il fait ? Je crois que c’est mystérieux mais cela s’est fait<ref>Léon Ashkenazi, La parole et l’écrit , Modèle:Nobr, Modèle:P.457 (transcription d’un entretien diffusé sur RCJ en juin 1993).</ref>. Modèle:Fin citation

Fichier:Médéa.Epicerie.jpg
L'épicerie Ayache sur la place du Marché arabe à Médéa, vers 1910.

Cette assimilation au modèle français, bien que plus marquée qu’en Tunisie ou au Maroc, n’est cependant pas aussi poussée que celle s’opérant chez les Juifs de métropole. Ainsi, très peu de mariages mixtes sont contractés, et les Juifs restent un groupe distinct au sein de la population bénéficiant de la citoyenneté française en Algérie. De même, la pratique religieuse des Juifs algériens reste globalement plus importante que celle des Juifs de l’Hexagone de la même époque.

Joëlle Allouche Benayoun défend la thèse selon laquelle les femmes ont joué un rôle central, bien que largement méconnu, dans l’intégration de leurs familles à la culture française.

Sionisme

Le judaïsme algérien est « presque totalement hermétique à l’activité sioniste », ce qui s’explique par leur attachement tout particulier à la France, dont ils sont les citoyens et pour laquelle ils ont combattu durant la Première Guerre mondiale<ref>Michael Abitbol, « Pour une recherche sur le sionisme et l’immigration des Juifs de l’Orient : aspects méthodologiques », Peanim, no 39, 1989, Modèle:P.6.</ref>, alors que les communautés voisines de Tunisie et du Maroc y sont beaucoup plus réceptives<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Cette spécificité algérienne a pour conséquence pratique que l’émigration (aliyah) vers Israël se soit toujours maintenue à des niveaux très faibles. De fait, l’Algérie est le seul pays musulman dont les habitants Juifs n’émigrent pas majoritairement vers ce pays.

Antisémitisme européen

Les représentants des colons soutiennent initialement les démarches visant à attribuer la citoyenneté française aux Juifs d’Algérie : des vœux en ce sens sont votés à plusieurs reprises, entre 1858 et 1870, par chacun des Modèle:Nombre généraux, sans opposition ni des conseillers européens, ni des conseillers Musulmans, dont le bachaga Mokrani au conseil de Constantine.

Fichier:SynagogueAlger.jpg
Relève de la garde devant la Grande synagogue d'Alger pendant les émeutes de 1898.

Mais il en est autrement après l’entrée en vigueur du décret Crémieux. Les Européens se rendent soudain compte que cette entrée des indigènes Juifs en citoyenneté constitue une première mesure de décolonisation partielle, risquant de constituer un précédent opposable par les Musulmans. Dès lors l’hostilité à ce décret devient un leitmotiv du camp colonialiste, qui suscite des émeutes antijuives sanglantes (à Alger en 1896 et 1898 et à Oran en 1897)<ref name="Allouche184">Modèle:Harvsp.</ref> et qui parvient à faire élire plusieurs antisémites notoires, à Constantine en 1896, l’avocat Morinaud, à Oran en 1897, le pharmacien Gobert<ref name="Ayoun" />, à Alger en 1898, Max Régis à la mairie et Édouard Drumont au Parlement<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Certains colons s’opposent à la mesure en la prétextant injuste par rapport aux Musulmans, mais aucun d’eux ne pousse cette sollicitude envers les Musulmans jusqu’à en demander l’attribution pour ces derniers. Quant à leurs groupes de pression, ils vont jusqu’à appeler au soulèvement contre la métropole et vont demander en permanence la suppression de ce décret Crémieux, et ce jusqu’à l’instauration du régime de Vichy.

À l’approche de la guerre un fort courant antisémite existe parmi les pieds-noirs européens comme en témoigne la manchette permanente du Petit Oranais :

Fichier:Photo du pont Sidi Msid et Le Monument.jpg
Pont suspendu de Sidi M'Cid reliant la médina de Constantine au CHU et monument aux morts de Constantine en hommage aux 800 soldats Musulmans, chrétiens et Juifs de Constantine, tombés lors de la Première guerre mondiale.

Modèle:Début citation Il faut mettre le soufre, la poix, et s’il se peut le feu de l’enfer aux synagogues et aux écoles juives, s’emparer de leurs capitaux et les chasser en pleine campagne comme des chiens enragés<ref>Cités dans Modèle:Harvsp.</ref> Modèle:Fin citation

Seule, la Première Guerre mondiale apporte un apaisement temporaire à cet antijudaïsme des « pieds-noirs » avec la mobilisation de tous les Français y compris ceux d'Algérie et les lourdes pertes qui s'ensuivent : 2 850 Juifs d'Algérie tombent au champ d'honneur<ref name="Allouche184"/>.

Opposition avec les Arabes

Lors de l'arrivée des Français en Algérie, certains Juifs, principalement les négociants, profitent de leur présence et de l'essor du commerce alors que d'autres sont fidèles à la résistance arabe menée par Abd el-Kader<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Mais rapidement, la situation des Musulmans se dégrade, notamment dans l'agriculture, dont les difficultés ne touchent pas les Juifs, qui sont parfois accusés, de par leur rôle financier ou pour quelques rachats de terre, de contribuer à la décadence de l'agriculture arabe<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Selon Richard Ayoun et Bernard Cohen<ref name="Ayoun160">Modèle:Harvsp.</ref>, « dès 1871, l'un des maîtres-mots de la politique coloniale est d'opposer Juifs et Arabes ». S'ensuivent des émeutes antijuives à Oran en 1897, où des Arabes sont payés pour piller les maisons juives<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, puis sur les émeutes dramatiques de Constantine en Modèle:Date- qui font 25 morts parmi les Juifs et 3 Arabes tués par la police et qui révèlent l'impuissance « suspecte » des autorités<ref name="Ayoun160" />.

Toutefois, les Arabes algériens ne semblent pas avoir attendu l'arrivée des Français pour pratiquer une ségrégation motivée par l'ancestral antijudaïsme, comme le montreraient les horaires séparés, autrefois, à l'entrée du hammam Degoudj (près du quartier juif Charaa) à Constantine « pour les Arabes et pour les Juifs… à cause de l’odeur » de ces derniers<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref>.

Les Juifs d'Algérie vus par les historiens français de l'époque de la colonisation

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Enfants Juifs d'Algérie, B. Roubaud, 1842.

Les premières histoires françaises des Juifs d’Algérie, écrites entre le milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et les années 1930 par des Juifs de France, sont apparues dans un contexte colonial et, selon P.-J. Le Foll-Luciani, elles « contribuent à légitimer la colonisation en général et certaines politiques coloniales en particulier. Malgré des nuances importantes d’un auteur à l’autre, les premiers historiens des Juifs d'Algérie, sans toujours insister sur le statut juridique de dhimmi, présentent une vision sombre de la condition juive en terre d’islam, et particulièrement des temps précédant immédiatement la conquête française de l'Algérie<ref>Pierre-Jean Le Foll-Luciani, Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale, P.U. de Rennes, 2015, p. 9, http://www.pur-editions.fr/couvertures/1432133241_doc.pdf.</ref> ». Ainsi, pour ces historiens, il va de soi que la « francisation » des Juifs est un fait positif et nécessaire.

Fichier:The Jewish Woman of Algiers MET DP250149.jpg
Femme juive d'Alger, C. H. J. Cordier, 1862.

« Le point le plus aveugle dans l’historiographie concerne les attitudes des Juifs d’Algérie face à ces divers processus coloniaux, comme face à la conquête française elle-même<ref>Pierre-Jean Le Foll-Luciani, Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale, P.U. de Rennes, 2015, p. 13, http://www.pur-editions.fr/couvertures/1432133241_doc.pdf.</ref> ». Si les Juifs du littoral, bien placés dans les circuits commerciaux, bénéficient économiquement de la conquête et se réjouissent de l'arrivée des Français, la « masse de petites gens — au même titre que l’écrasante majorité de la population musulmane — souffre des effets dévastateurs de la pénétration européenne<ref>Michel Abitbol, Le Passé d'une discorde, Tempus Perrin, 2003, p. 202.</ref> », notamment du fait de la concurrence des produits importés d'Europe. Joshua Shreier « insiste sur la diversité des réactions face aux velléités des Juifs de France et de leurs auxiliaires d’Algérie de les « civiliser » — depuis la synagogue jusqu’à l’intimité des foyers —, et met en avant tant ceux qui ont résisté à ces processus « civilisationnels » qu’ils percevaient comme des volontés de contrôle, de surveillance, ou de dépersonnalisation culturelle, que ceux qui, parmi les élites locales, percevant bien les nouvelles sources de pouvoir et de privilège qui les accompagnaient, s’y sont investis et les ont remodelés en fonction de leurs propres intérêts<ref>Joshua Shreier, Arabs of Jewish Faith, The Civilizing Mission in Colonial Algeria, New Brunswick, New Jersey and London, Rutgers University Press, 2010, p.56-85. L'analyse de la thèse de J. Shreier est de Pierre-Jean Le Foll-Luciani, Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale, P.U. de Rennes, 2015, p. 14.</ref> »

Seconde Guerre mondiale

La défaite française de 1940 et l’instauration du régime de Vichy qui s’ensuit sont restées comme une période très douloureuse pour les Juifs d’Algérie. Soixante-dix ans après leur accession à la citoyenneté française, ils sont déchus collectivement de leur nationalité.

Abrogation du décret Crémieux

La décision d’abroger le décret Crémieux est prise le Modèle:Date par Vichy. Les Juifs perdent donc la citoyenneté française. Le 30 du même mois, les lois sur le statut des Juifs d’essence antisémite s’appliquent en métropole comme en Algérie. La loi du Modèle:Date- Second statut des Juifs interdit aux Juifs un grand nombre de professions. Près des ¾ des avocats Juifs sont radiés du barreau et 2/3 des médecins algérois sont exclus et les 3000 fonctionnaires juifs sont radiés. Un numerus clausus pour l’enseignement, concernant élèves et professeurs juifs est appliqué sévèrement : dans l’enseignement primaire et secondaire, un quota est d’abord fixé à 14% pour l’année 1941 / 1942 puis passe à 7 % et interdiction leur est faite de se présenter aux examens du second degré. Dans le supérieur, leur nombre est limité à 3 % des étudiants non juifs inscrits<ref name="northafricanjews" />.

Quatorze à quinze mille Juifs d'Afrique du Nord sont internés en 1941 dans différents camps dont ceux de Bedeau, Boghari, Colomb-Béchar et Djelfa en Algérie<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Toutefois, les Juifs d’Afrique du Nord ne subissent pas l’action génocidaire des nazis, la Shoah, qui dévaste les communautés juives d’Europe. Ils sont cependant mis au ban de la société française d’Algérie pendant la durée des hostilités et certains d’entre eux sont internés dans des camps de travail dans le Sud algérien<ref>« Au pays des mille et un camp : Approche socio-historique des espaces d’internement en France au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle », Les Cahiers du Cériem, no 10, décembre 2002, Modèle:P..</ref>. Modèle:Article détaillé

Maintien de la législation antijuive après le débarquement allié

Fichier:Inhabitants of Arzeu.jpg
Habitants d’Arzew rencontrant les soldats alliés.

Modèle:Article détaillé Le Modèle:Date-, lors de l’opération Torch, Modèle:Nombre français mal armés, dont quelque 70 % sont Juifs, sous la conduite de José Aboulker<ref>Modèle:Harvsp.</ref> (qui sera fait Compagnon de la Libération<ref>Biographie de José Aboulker sur le site de l'Ordre de la Libération.</ref>), arrêtent les généraux de Vichy et neutralisent pendant Modèle:Nombre le Modèle:XIXe corps d’armée vichyste d’Alger. Alors que les forces vichystes concentrent leur répression contre les points tenus par la résistance, ils permettent aux Alliés de débarquer et d’encercler Alger sans opposition, puis de s’en emparer le jour même. Grâce à leur action, la part de la résistance française est prépondérante dans le succès de l’opération Torch<ref name="northafricanjews" />.

Dans les mois qui suivent, la venue des Alliés ne se traduit pas pour autant par la fin de la législation antisémite. Sous l’amiral collaborationniste Darlan, elle est maintenue. Parmi les dirigeants de l’insurrection d’Alger, Modèle:Nombre sont arrêtés et déportés, menottes aux mains, dans des camps de travail forcé<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Après l’assassinat de Darlan par Fernand Bonnier de La Chapelle, c’est sous la direction du général Giraud que les mesures discriminatoires du régime vichyste envers les Juifs sont maintenues, notamment par le fait qu’ils sont tenus à l’écart des unités combattantes. Giraud nomme Marcel Peyrouton gouverneur de l’Algérie. Ancien ministre de Vichy, c’est l’homme qui a proposé à Pétain, en 1940, le statut des Juifs et l’abrogation du décret Crémieux.

Toutefois grâce aux correspondants de guerre alliés qui révèlent aux grands journaux américains et anglais ce qui se passe, dès Modèle:Date-, les presses libres de ces deux pays interpellent leurs gouvernants et attaquent la politique de Franklin Delano Roosevelt en Afrique du Nord « libérée ». Roosevelt, désinformé par son représentant sur place Robert Murphy, soutient à cette époque le régime vichyste en Algérie, d’une part pour obtenir l’entrée en guerre de l’armée d’Afrique dans le camp allié et surtout pour en écarter de Gaulle. Il réussit à maintenir plusieurs mois ce soutien à Giraud, de plus en plus impopulaire aux États-Unis, mais est finalement contraint par son opinion publique à faire pression sur celui-ci pour qu’il rétablisse enfin des institutions libres. Aussi envoie-t-il l’économiste Jean Monnet auprès de Giraud afin de le convaincre que, s’il veut conserver le soutien américain, il faut qu’il abolisse en Algérie les lois d’inspiration hitlérienne. C’est ainsi que Giraud se voit obligé le Modèle:Date d’annoncer l’abrogation de toute la législation discriminatoire de Vichy. Mais il réabroge par ailleurs immédiatement, par une ordonnance du Modèle:Date-, le décret Crémieux « pour rétablir l’égalité entre les Juifs et les Arabes », considérant que les Juifs sont, en Afrique du Nord, Modèle:Citation<ref>Jacques Cantier, L'Algérie sous le régime de Vichy, Odile Jacob, 2002, page 380.</ref>. La question du refus de rétablir le décret Crémieux a été largement discutée par les historiens. André Kaspi a pu expliquer que ces autorités avaient habilement lié la situation des Juifs à la question musulmane. Ainsi, si les Américains souhaitaient sécuriser leur armée en campagne, il pouvait sembler contre-indiqué d’accorder des avantages aux Juifs sous peine de fâcher les Musulmans<ref>Modèle:Article</ref>. Michel Abitbol a également souligné le poids de l'« épouvantail musulman », à savoir la crainte de la réaction des populations musulmanes pour expliquer l'attentisme des autorités françaises après le débarquement<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Or les principaux chefs Musulmans ont déjà récusé cet argument avant le débarquement car ils ne souhaitent pas une égalité avec les Juifs par le bas mais plutôt par le haut. Ainsi Ferhat Abbas, confronté à cette nouvelle abrogation, prend acte de la fragilité de cette citoyenneté française, qu’il a auparavant revendiquée, mais qui peut ainsi être retirée ou accordée au gré des gouvernants de la France. Il renonce alors avec éclat à l'assimilationnisme, et publie le Manifeste du Peuple Algérien<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Emmanuel Debono<ref>Modèle:Lien web</ref> estime toutefois que la thèse de l'« épouvantail musulman » n'est pas qu'un prétexte et que la crainte que suscite le nationalisme algérien participe aux hésitations des autorités françaises.

Rétablissement du décret Crémieux
Fichier:Degaulle-freefrench.png
Le Général Charles de Gaulle serrant la main du Général Henri Giraud devant Dwight Eisenhower et Winston Churchill (conférence de Casablanca, 14 janvier 1943).

Leur citoyenneté française est officiellement rendue aux Juifs d’Algérie, le Modèle:Date-, presque un an après le débarquement allié, en grande partie sous l’influence du commissaire à l’Intérieur, André Philip. C'est que de Gaulle a obtenu la présidence exclusive du Comité français de la Libération nationale d’Alger et affirmé son autorité sur tout l’empire en guerre . Le rétablissement du décret Crémieux est justifié par un argument technique, un communiqué du CFLN arguant que le décret du Modèle:Date-, n'ayant pas été suivi de textes d'application en temps voulu, devient caduc<ref>Jacques Cantier, L'Algérie sous le régime de Vichy, Odile Jacob, 2002, page 383.</ref>.

Par la suite, on voit des figures juives comme le professeur Aboulker, grand mutilé de la Première Guerre mondiale, exiger que les Juifs figurent dans les unités combattantes comme les autres citoyens français, ce que le général Giraud avait exclu. Quant aux jeunes Juifs, ils s’engagent massivement dans les unités de choc, comme les Corps francs d’Afrique. Ainsi, le rabbin Léon Ashkénazi devient aumônier au sein de la Légion étrangère.

En 1947 est fondée la Fédération des communautés israélites d’Algérie et créée une école rabbinique à Alger<ref name=Attal233>Modèle:Harvsp.</ref>.

Guerre d'Algérie

Modèle:Article détaillé

La population juive est à la veille de la guerre d’Algérie surtout présente dans les grandes villes, en particulier Alger et Oran<ref name="Ayoun185">Modèle:Harvsp.</ref>. En 1953, 21 % des médecins, 18 % des dentistes, 16 % des avocats et 18 % des fonctionnaires sont Juifs<ref name="Ayoun185" />. Il y a aussi Modèle:Nombre sur des terres agricoles. Plus de 30 % des femmes juives travaillent à cette époque<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Bien que constituant un groupe distinct de la majorité pied-noir du point de vue culturel, religieux et ethnique, elle en partage certaines aspirations, notamment l’attachement à la souveraineté française.

Lorsqu’éclate la guerre, la communauté s’oriente d’une manière générale vers une attitude attentiste. Les organisations communautaires font preuve d’une extrême modération, refusant de prendre politiquement parti, attachées aussi bien à la nationalité française qu'au principe d'égalité des droits pour tous<ref>Benjamin Stora, « L'impossible neutralité des juifs d'Algèrie », dans La guerre d'Algérie, 1954-2004, la fin de l'amnésie, Laffont, 2004, Modèle:P..</ref>.

La déclaration du premier Modèle:Date- du FLN invite toutes les populations de n’importe quelle confession à lutter contre l’armée française. En 1956, un appel est lancé aux Juifs d’Algérie, les invitant à rejoindre la cause nationaliste<ref name=Attal233/>, mais les institutions juives essayent d'éviter de prendre position tout en affirmant : « Nous sommes français, nous sommes républicains, nous sommes libéraux, nous sommes Juifs »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cependant, des assassinats et des attentats touchant les dirigeants mais aussi la communauté juive, la profanation et la destruction de synagogues<ref>Moïse Rahmani, Réfugiés juifs des pays arabes, Éditions Luc Pire, Modèle:P.26 – 27.</ref> sont imputés aux populations musulmanes. Elles réduisent les sympathies potentielles des populations juives envers le mouvement national algérien, déjà faibles en raison de l’attachement des Juifs à la France. Parmi les exactions subies par les Juifs : la profanation en 1960 de la synagogue d’Alger ainsi que du cimetière d’Oran<ref name=Attal233/>, l’agression contre le rabbin de Batna en 1955, l’incendie dans une synagogue à Oran en 1956, le meurtre du rabbin de Nedroma (négociant en matériaux de construction et en savonnerie et fournisseur en explosifs de l'armée française<ref>Modèle:Article</ref>) en 1956, le meurtre du rabbin de Médéa en 1957, la projection d’une grenade dans une synagogue de Boghari, Bousaada, le saccage de la synagogue de la Casbah à Alger en 1961, des attentats dans les quartiers Juifs en 1957, 1961 et 1962 à Oran et Constantine<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le Modèle:Date-, l'assassinat d'un coiffeur juif à Oran entraîne représailles et contre-représailles entre Juifs et Arabes<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

La mort de Cheikh Raymond Leyris, beau-père d’Enrico Macias, musicien de maalouf apprécié tant des Juifs que des Musulmans et assassiné à Constantine le Modèle:Date, constitue un tournant symbolique pour nombre de Juifs d’Algérie<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Dans leur grande majorité, ils choisissent, comme les autres Français, de s’installer en métropole lors de l’indépendance de l’Algérie en 1962, ce qui constitue une spécificité de la population juive algérienne<ref>En janvier 1963 eut lieu à Jérusalem un « procès public » contre la communauté juive d’Algérie, pour n’avoir pas migré en masse vers Israël après l'’Indépendance de l’Algérie en 1962. Cf. « Le « Procès public » des Juifs d’Algérie à Jérusalem (1963). Un nouvel examen », par Yossef Charvit, Pardès, Modèle:N°, mai 2015.</ref>, les autres diasporas juives des pays arabes choisissant majoritairement l’émigration en Israël. Si peu de Juifs d’Algérie font leur aliyah en 1962 (de 1948 à 1964, seuls un peu plus de 10 % de la population juive, soit Modèle:Nombre, émigrent vers Israël<ref>Denis Charbit, « « La valise ou le cercueil », le sort des Juifs d'Algérie après la signature des Accords d'Évian », page 175, dans, sous la direction de Carol et Michaël Iancu, « Les Juifs d'Algérie de l'enracinement à l'exil », Revue d'études juives du Nord, Modèle:N° hors-série, octobre 2013.</ref>), une émigration lente vers Israël existe depuis lors et on estime aujourd'hui qu'environ 25 000 Juifs d'Algérie ont émigré en Israël depuis 1948<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref>.

Les combattants Juifs du FLN et de l'OAS

Malgré des attitudes hostiles dans les deux camps et un attentisme majoritaire dans la communauté, on retrouve des Juifs à la fois au FLN et à l’OAS.

Lorsque l’OAS apparaît en 1961, parmi ceux qui sympathisent avec l’organisation à Alger et à Oran se trouvent les « Commandos Colline », des groupes liés aux réseaux « France Insurrection » et conduits par Élie Azoulai et Ben Attar. Ils tuent certains élus Musulmans et essayent de mettre le feu à une prison où sont détenus des hommes du FLN, abattant des officiers français, dont le lieutenant-colonel Rançon<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

D'autres Juifs rejoignent eux le combat pour l'indépendance de l'Algérie<ref group="N">Les trajectoires d'une cinquantaine d'entre eux (sur près d'un millier) ont été étudiées par P.-J. Le Foll-Luciani dans Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale, P.U. de Rennes, 2015, introduction consultable en ligne ici : Introduction - Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale.</ref>, tels Georges Smadja, étudiant en médecine qui prodigue des soins aux membres du FLN par humanisme. Daniel Timsit est un étudiant en médecine<ref>Histoire du F.L.N., Jacques C. Duchemin, Ordre du jour, Table ronde, 1962, Modèle:P..</ref> et militant du Parti communiste algérien, qui, en désaccord avec ce dernier<ref name="archives" />, rejoint clandestinement le FLN afin d'y constituer « une « branche européenne » regroupant des militants pieds-noirs, chrétiens et Juifs »<ref name="archives" />. Les membres du réseau Timsit prennent part à la mise en place de laboratoires d'explosifs<ref>Daniel Timsit, Récits de la longue patience : journal de prison, 1956-1962, Flammarion/Bouchène, 2002, Modèle:P..</ref> (élaboration de bombes à retardement) et à la lutte armée<ref name="archives">Archives juives, Volumes 29-30, Commission française des archives juives, 1966, Modèle:P. & 68.</ref>. Timsit est incarcéré en 1956. Il faut aussi citer le cas d'Henri Alleg, Juif d'origine polonaise, militant communiste proche des indépendantistes arrêté par les Français, dont le récit, La Question, lancera en métropole le débat sur la torture. Il fut longtemps directeur du journal Alger Républicain, pendant et après la guerre d'Algérie comme le révèle son autobiographie<ref>Henri Alleg, Mémoire algérienne, éditions Stock, 2005.</ref>.

Après 1962

En France

Modèle:Article détaillé

La loi no 61-805 du Modèle:Date-, impose le statut civil commun aux Juifs du M'Zab (de « statut civil mosaïques »), qui n'avaient pas bénéficié du décret Crémieux et pratiquaient la polygamie et la répudiation des femmes. Selon l'historien Todd Shepard, « cette mesure permettait de clarifier qui était qui en Algérie : elle renforçait la séparation entre les Algériens qui étaient "européens" (une catégorie comprenant désormais la totalité des Juifs algériens), et ceux qui ne l’étaient pas (qui du coup étaient véritablement des Algériens) »<ref>Todd Shepard, Comment l’indépendance algérienne a transformé la France, Paris, Payot, 1962, 2008, p. 318.</ref>.

À partir d’Modèle:Date, la presque totalité des Modèle:Nombre<ref name=Ayoun/> part en métropole. Comme les autres Français de statut civil de droit commun d’Algérie, ils bénéficient de la « solidarité nationale » accordée aux « rapatriés ». Ils se fondent dans un premier temps dans la masse des pieds-noirs auxquels ils s’identifient et ce n’est que peu à peu que leur identité spécifique resurgit. Le nombre de localités françaises avec une communauté juive organisée passe de 128 en 1957 à 293 en 1966<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La communauté juive de la métropole fait jouer la solidarité communautaire en faveur des nouveaux arrivants.

L'arrivée des Juifs d'Algérie et plus généralement des Juifs d'Afrique du Nord donne une nouvelle vigueur au judaïsme français, traditionnellement ashkénaze, en voie rapide d'assimilation, qui avait été durement éprouvé par la Seconde Guerre mondiale. Petit à petit et malgré les réticences, les Juifs d'Algérie prennent leur place dans les institutions juives. En 1981, René Samuel Sirat, originaire de Bône, est élu Grand-rabbin de France, un peu plus d'un siècle après que le Grand-rabbin de France a été nommé Grand-rabbin de France et d'Algérie.

En Algérie

À la suite des accords d'Évian en Modèle:Date-, les départs pour la France sont massifs, même si quelques-uns choisissent Israël ou le Canada. Le contexte du conflit israélo-palestinien va contribuer à envenimer les relations entre les Musulmans et les Juifs d’Algérie dans les années qui vont suivre. L'indépendance de l'Algérie est proclamée le Modèle:Date-, et en octobre, on ne compte plus que 25 000 Juifs en Algérie dont 6 000 à Alger. En 1971, il n'en reste plus qu'un millier<ref name="Stora313">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Fichier:Cimetière des juifs Béni-Abbés.jpg
Cimetière juif de Béni-Abbés.

En 1975, la Grande synagogue d’Oran, comme toutes les autres, est transformée en mosquée. À l’instar de nombreux cimetières chrétiens, beaucoup de cimetières Juifs sont profanés<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En 1982, on compte encore environ 200 Juifs, la guerre civile algérienne des années 1990 provoque l'assassinat de plusieurs membres de la communauté dont le commerçant José Belaiche<ref>Modèle:Lien web.</ref> et l'opticien de la rue Didouche Mourad, Raymond Louzoum<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref name="Stora313" />.

Le dossier juif reste un sujet tabou car les Juifs résidant dans le pays n’ont pas de personnalités connues, mis à part quelques conseillers ayant travaillé avec le ministre algérien du Commerce Ghazi Hidoussi, à cause de la sensibilité du dossier et de son lien avec Israël. Certains partis, notamment nationalistes et islamistes, comme le Mouvement de la renaissance islamique, réagissent violemment à l’accréditation du Modèle:Langue et du Modèle:Langue qu’ils présument d’obédience sioniste et franc-maçonne ainsi qu’à la poignée de main du président algérien Abdelaziz Bouteflika et du Premier ministre israélien Ehud Barak, lors des funérailles du roi [[Hassan II|Modèle:Nobr]] au Maroc en Modèle:Date.

Fichier:Houma Keramane, Béjaïa.jpg
Ancien quartier juif de Karamane à Béjaïa, avec le dôme de la synagogue.

En 1999, Abdelaziz Bouteflika rend un hommage appuyé aux Juifs constantinois, à l’occasion du 2 500e anniversaire de cette ville<ref>Modèle:Citation (Bouteflika dans son allocution du 5 juillet 1999).</ref>.

En 2000, la tournée qu’Enrico Macias doit effectuer sur sa terre natale est annulée à la suite de pressions internes et malgré l’invitation officielle de la présidence<ref>Modèle:Article</ref>.

En mars 2003, un plan d’action avait été mis en place par les autorités françaises et algériennes pour que les cimetières Juifs retrouvent leur dignité et ce, selon un programme établi annuellement<ref>Appel pour nos cimetières juifs en Algérie.</ref>. Le projet reste cependant lettre morte dans des dizaines de cimetières communaux dans lesquels existent des carrés Juifs<ref>Villes de la Circonscription Consulaire d’Alger. Mémoire Active Bônoise pour les cimetières Juifs d’Algérie.</ref>.

En 2005, deux évènements marquent l’actualité : la tenue d’un colloque des Juifs de Constantine à Jérusalem provoquant une rumeur selon laquelle ils auraient fait une demande d’indemnisation auprès du gouvernement de l’Algérie, à la suite de leur départ en 1962. Cette information sera démentie par les autorités d’Alger<ref>« Du côté des autorités algériennes, on dément formellement que les Juifs d’Algérie aient présenté la moindre demande de réparation. Une telle requête n’aurait d’ailleurs aucun sens, précise-t-on à la présidence de la République Algérienne. », Le Monde, 29 juin 2005.</ref> et la visite à Tlemcen de Modèle:Nombre originaires de cette ville, fait sans précédent depuis l’indépendance, est vécue dans l’émotion tant du côté des Juifs algériens que de celui des Musulmans algériensModèle:Refnec.

En décembre 2007, Enrico Macias, bien qu’invité par le président français Sarkozy à l’accompagner en visite officielle en Algérie, doit renoncer face à l’hostilité et au refus du ministre algérien des Anciens Combattants<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En 2008, la ministre de la culture Khalida Toumi affirme « travailler avec l’Espagne pour déjudaïser la musique andalouse » : la centaine de musiciens Juifs est interdite d’antenne et au centre-ville de Constantine, quatre portraits géants honorent de grands maîtres du malouf sauf l’un des plus importants, le juif Raymond Leyris<ref name=":1" />,<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En 2009, l’État algérien accrédite un organisme représentant la religion hébraïque en Algérie, présidé par Roger Saïd. On recense Modèle:Nombre, abandonnées pour la plupart, les Juifs d’Algérie ayant peur d’organiser des cérémonies de culte pour des raisons sécuritaires. Cet organisme devra également agir, en coordination avec le ministère des Affaires religieuses, sur l’état des tombes juives, particulièrement à Constantine, Blida et TlemcenModèle:Refnec.

En janvier 2010, le dernier Juif vivant en Oranie, Messaoud-Prosper « Hajj Massoud » Chetrit, décède à l'hôpital civil d'Oran. Contrairement à la plupart des Juifs algériens, Chetrit ne disposait pas de la nationalité française, étant marocain d'origine. Il ne fut par conséquent pas concerné par l'évacuation des pieds-noirs et des Juifs d'Algérie après l'indépendance. Il était aidé matériellement par l’Association des Israélites d’Oranie en France<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En août 2012, le représentant de la communauté juive en Algérie, maître Roger Saïd, chargé de veiller sur les intérêts judéo-algériens, décède à Paris<ref>Voir l’article d’El Watan.</ref>.

Le Modèle:Date-, le ministre algérien des Affaires religieuses Mohamed Aïssa annonce la réouverture des synagogues algériennes<ref name=":0" />.

En février 2015, l'acteur français Roger Hanin d'origine juive algéroise est inhumé à Alger<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En 2015, selon Frédéric Belaïche<ref>Représentant de la communauté israélite d'Algérie, selon « Le Point ». Voir Modèle:Article</ref>, il resterait 300 Juifs en Algérie<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Selon Benjamin Stora : « Ils ne sont plus qu’une poignée. Ils vivent très discrètement et sont surtout installés à Alger. »<ref name=BR/>

En 2021, le Département d'État des États-Unis estime qu'il reste environ 200 Juifs en Algérie<ref>2020 Country Reports on Human Rights Practices U.S. State Department, (30 mars 2021).</ref> et un article de L'Obs de 2022 évoque quelques centaines de Juifs en Algérie sans donner de détails<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Langues

Si, à la veille de l'indépendance, la plupart des Juifs d'Algérie sont passés par l'école française et parlent donc français, nombreux sont ceux parmi eux qui parlent aussi l'arabe, qui a été l'une de leurs langues durant des siècles.

Certains connaissent encore le judéo-arabe, une des langues juives. Le judéo-arabe est construit sur un substrat oral arabe, complété de mots hébreux et transcrit en caractères hébraïques. Enfin, certains parlent encore le tétouanais, dialecte judéo-espagnol parlé en Oranie<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Tradition culinaire

De nombreux livres sur la cuisine juive d’Algérie sont parus depuis 1962. Dans l’ouvrage cité de Joëlle Allouche Benayoun, de nombreuses notes sont consacrées aux recettes recueillies auprès des femmes interrogées par l’auteur : tefina, plat du chabbat midi, makrouds, pâtisserie à base de semoule nature ou garnie de pâte de dattes ou d'amandes, et knidlet, autre pâtisserie à base de pâte d'amandes, toutes deux servies à Pourim, sferies, beignets de Pessah et plein d'autres souvent liés aux moments spécifiques de l'année juive.

Dans une étude fondée sur des recherches ethnographiques effectuées auprès de familles établies en région parisienne et le long de la côte méditerranéenne<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, Joëlle Bahloul examine les processus par lesquels l'immigration des Juifs d’Algérie en France a affecté leurs pratiques culinaires quotidiennes et rituelles. Le rapport entre la cuisine et l’expérience diasporique est le sujet principal de cette analyse de l’intégration des Juifs d’Algérie en France.

Études génétiques

Une récente étude génétique de 2012 de Campbell et ses collègues, a démontré que les Juifs d'Algérie sont très proches des autres populations juives et plus particulièrement des Juifs marocains et séfarades, cette dernière proximité indiquerait une origine commune remontant à l'expulsion des Juifs d'Espagne et plus ancienne encore avec le reste de la diaspora juive. Selon cette étude (portant sur les 22 chromosomes homologues ou autosomes plutôt que sur les lignées maternelles ou paternelles) les Juifs d'Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Djerba et Libye) forment un groupe proche des autres populations juives dont l'origine se trouve au Moyen-Orient avec un apport minoritaire mais significatif de gènes d'Afrique du Nord représentant 20 % de leur génome. Deux sous-groupes principaux ont été identifiés marocain/algérien d'une part et djerbien/libyen d'autre part (les Juifs de Tunisie étant partagés entre les deux sous-groupes). Les auteurs ajoutent que cette étude est compatible avec l'histoire des Juifs d'Afrique du Nord à savoir une fondation durant l'Antiquité avec un prosélytisme des populations locales suivi d'un isolement génétique durant la période chrétienne et islamique et enfin un mélange avec les populations juives séfarades émigrées durant et après l'Inquisition<ref> Modèle:Article</ref>.

Littérature

La première pièce de théâtre publiée en arabe l'a été par le juif algérien Abraham Daninos en 1847 ; il s'agit d'une création originale et non d'une adaptation d'une œuvre européenne.

Parmi les écrivains Juifs d'Algérie, deux écrivaines importantes, Elissa Rhaïs et Myriam Ben.

Galerie

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références nombreuses

Voir aussi

Bibliographie

Modèle:Div col

  • Modèle:Ouvrage.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Modèle:Chapitre.
  • Modèle:Chapitre.
  • Norbert Bel Ange, Quand Vichy internait ses juifs d’Algérie, L’Harmattan.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Modèle:Chapitre.
  • André Chouraqui, Histoire des Juifs en Afrique du Nord, Éd. Hachette en Modèle:Nombre (1985) ou rééd. aux Éd. du Rocher en Modèle:Nombre (1998) Modèle:ISBN.
  • Yves Maxime Danan, République Française Capitale Alger, 1940-1944, Souvenirs, L'Harmattan, Paris, 2019.
  • Geneviève Dermenjian, Antijudaïsme et antisémitisme dans l'Algérie coloniale (1830-1962), Aix en Provence, Presses Universitaires de Provence, 2018.
  • Geneviève Dermenjian La crise anti-juive oranaise (1895-1905), l’antisémitisme dans l’Algérie coloniale, Paris, L'Harmattan, 1986 Modèle:ISBN. -« Le juif est-il français ? » in Schmuel Trigano (dir.) L'Identité des juifs d'Algérie, Paris, Les éditions du Nadir, 2003, Modèle:P..
  • Geneviève Dermenjian, « La Caricature comme élément du discours antisémite européen en Algérie (1830-1939) », dans Marie-Anne Matard Bonucci, Antisémythes, Nouveau Monde éditions, 2005, Modèle:P..
  • Raphaël Draï, Le Pays d'avant, Michalon, 2008.
  • Guy Dugas, Entre Djeha et Cagayous. La littérature judéo-maghrébine d’expression française. Paris, l’Harmattan, 1991.
  • Guy Dugas, « Fragments d’histoire littéraire judéo-algérienne », dans Histoire des Juifs d’Algérie racontée par des non-Juifs, sous la dir. de Julianne Unterberger. AcsiReims édit., coll. « Histoire des religions », 2008, Modèle:P.. Repris et augmenté dans une trad. anglaise, pour un volume de la série Jewish communities in the East in the nineteenth and twentieth centuries, Université de Jérusalem, 2011.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Diego de Haedo, Histoire des rois d’Alger (Topographia e Historia general de Argel, Valladolid, 1612), Traduction d’H.D. de Grammont, Bouchène, Paris, 1998 Modèle:ISBN.
  • Anne Hélène Hoog, Juifs d'Algérie, Skira, 2012.
  • « Les Juifs d'Algérie de l'enracinement à l'exil », textes réunis par Carol et Michaël Iancu, Tsafon, Revue d'études juives du Nord, no 6 hors-série, Modèle:Date-.
  • Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, Traduction du Baron de Slane, Modèle:Nobr, Modèle:II, Modèle:III et Modèle:IV, Alger, 1852 – 1856 Modèle:ISBN.
  • Pierre-Jean Le Foll-Luciani, Les Juifs algériens dans la lutte anti-coloniale, Presses universitaires de Rennes, 2015.
  • Modèle:Article.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Olivier Roussel, Les trois vies de Georges Serfati, Paris, Edilivre-Aparis, 2019, 90p., Modèle:ISBN
  • Modèle:Chapitre.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Modèle:Article.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Modèle:Ouvrage.

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Articles connexes

Communautés et individus

Liens externes

Modèle:Liens

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