Marc Aurèle

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Modèle:Homophone Modèle:En-tête label Modèle:Infobox Empereur romain Marc Aurèle (Modèle:En langue) est un empereur, philosophe stoïcien et écrivain romain né le Modèle:Date de naissance à Rome et mort le Modèle:Date de mort à Sirmione (selon Tertullien) ou à Vindobona. Il est le dernier des souverains connus sous le nom des Modèle:Citation et le dernier empereur de la Pax Romana, une époque de paix et de stabilité relatives pour l'Empire romain. Il est consul romain en 140, 145 et 161.

Marc Aurèle naît sous le règne d'Hadrien. Il est le fils du préteur Marcus Annius Verus et de l'héritière Domitia Lucilla Minor. Son père meurt alors qu'il est encore enfant et Marc Aurèle est élevé par sa mère et ses grands-pères. Après la mort du fils adoptif d'Hadrien, Lucius Aelius, en 138, l'empereur adopte l'oncle de Marc Aurèle, Antonin le Pieux, comme nouvel héritier. À son tour, Antonin adopte Marc Aurèle et Lucius Aurelius Verus, le fils d'Aelius. Hadrien meurt cette année-là et Antonin devient empereur. Alors héritier du trône, Marc Aurèle étudie les lettres grecques et latines sous la direction de tuteurs tels qu'Hérode Atticus et Fronton. Il entretient par la suite une correspondance étroite avec Fronton pendant de nombreuses années. Marc Aurèle épouse la fille d'Antonin, Faustine la Jeune, en 145. Après la mort d'Antonin en 161, Marc Aurèle accède au trône aux côtés de son frère adoptif Lucius.

Le règne de Marc Aurèle est marqué par des conflits militaires. En Orient, l'Empire romain combat avec succès un Empire parthe revitalisé et le royaume rebelle d'Arménie. Marc Aurèle défait les Marcomans, Quades et Sarmates Iazyges dans les guerres marcomanes. Cependant, ces peuples et d'autres peuples germaniques continuent à représenter une menace pour l'Empire, et les conflits armés reprennent très vite malgré une trêve signée. En outre, une grave pandémie connue comme la Modèle:Citation éclate vers 166 et dévaste la population de l'Empire pendant plusieurs décennies.

Le co-empereur Lucius Verus meurt en 169. Contrairement à certains de ses prédécesseurs, Marc Aurèle choisit de ne pas adopter d'héritier. Parmi ses enfants se trouvent, Lucilla, qui épouse Lucius, et Commode, dont la succession à Marc Aurèle fait l'objet de débats entre les historiens contemporains et modernes. La colonne et la statue équestre de Marc Aurèle se trouvent toujours à Rome, où elles ont été érigées pour célébrer ses victoires militaires. Dernier grand monument du stoïcisme, les Pensées pour moi-même sont une source importante pour la compréhension moderne des philosophes antiques.

Sources

Les principales sources décrivant la vie et le règne de Marc Aurèle sont fragmentaires et souvent peu fiables. Le groupe de sources le plus important est un ensemble de biographies contenues dans l’Histoire Auguste, prétendument écrites par un groupe d'auteurs au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle après J.-C., mais qui sont plus vraisemblablement l’œuvre d'un seul auteur, à partir de 395 environ<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. L’Histoire Auguste doit cependant être utilisée avec prudence : bien qu'utilisant des sources antérieures aujourd'hui perdues (entre autres Marius Maximus), l'ouvrage est entrecoupé de racontars et d'inventions, et chaque affirmation doit ainsi être recoupée par une autre sourceModèle:Sfn. Pour la vie et le règne de Marc Aurèle, les biographies d'Hadrien, d'Antonin le Pieux, de Marc Aurèle et de Lucius Aurelius Verus sont largement fiables, mais celles de Lucius Aelius et d'Avidius Cassius ne le sont pasModèle:Sfn.

Des correspondances entre le précepteur de Marc Aurèle, Fronton, et divers fonctionnaires Antonins ont été conservées dans une série de manuscrits disparates, couvrant la période allant de 138 à 166 environModèle:Sfn,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Pensées pour moi-même de Marc Aurèle offre une fenêtre sur sa vie intérieure, mais est difficile à dater et fait peu de références spécifiques aux affaires du mondeModèle:Sfn. La principale source narrative de cette période est Dion Cassius, un sénateur romain originaire de Nicée en Bithynie qui a écrit l'histoire de Rome depuis sa fondation jusqu'en 229 en quatre-vingts livres. Dion est essentiel pour l'histoire militaire de la période, mais ses préjugés sénatoriaux et sa forte opposition à l'expansion impériale obscurcissent sa perspectiveModèle:Sfn. On trouve également des éléments chez l'historien Hérodien Modèle:Incise chez Aurelius Victor, Eutrope, ainsi que dans l’Épitomé de Caesaribus<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. D'autres sources littéraires fournissent des détails spécifiques : les écrits du médecin Claude Galien sur les habitudes de l'élite antonine, les oraisons d'Aelius Aristide sur l'état de la rhétorique de l'époque, et les textes de lois conservés dans le Digeste et le Code de Justinien sur l'œuvre juridique de Marc AurèleModèle:Sfn.

Des inscriptions, des pièces de monnaie et des papyrus complètent les sources littérairesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. La numismatique offre un cadre chronologique et révèle parfois des politiques impériales et l'attitude de l'empereur en placeModèle:Sfn. Il est en effet possible de replacer historiquement plusieurs salutations impériales, victoires et autres événements grâce aux inscriptions sur des pièces de monnaie et des médaillons<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Chapitre</ref>. L’épigraphie permet quant à elle de découvrir certains personnages inconnus ayant une importance significative dans l'histoire et de dater certains événements. L'ensemble des découvertes archéologiques liées à l'Empire romain peut amener des changements significatifs de perspective. Enfin, la colonne de Marc-Aurèle ne permet pas de connaître de détails exacts des guerres sous son règne, mais elle permet de les situer chronologiquement grâce aux représentations graphiques de l'Auguste et de son arméeModèle:Sfn.

Origines et noms

Dessin d'un homme et une femme, de profils et tournés l'un vers l'autre, tous deux dans des ronds.
Portraits des parents de Marc Aurèle, Marcus Annius Verus et Domitia Lucilla Minor, imaginés par Guillaume Rouillé dans Promptuarium iconum insigniorum en 1553.

La famille du père de Marc Aurèle, Marcus Annius Verus III, est apparentée à la gens Annia qui n'a pas laissé jusqu'alors de trace importante dans les annales de l'histoire romaine mais s'est répandue en Italie et dans les provincesModèle:Sfn. Les Annii Veri apparaissent à l'histoire au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle en Espagne romaine, dans la province de Bétique à Ucubi (Colonia Claritas Iulia Ucubi, aujourd'hui Espejo), une petite ville située au sud-est de CordoueModèle:Sfn.

Les Annii Veri s'imposent à Rome à la fin du Modèle:Sap- avec l'arrière-grand-père de Marc Aurèle, Marcus Annius Verus Modèle:Rom-maj, qui est sénateur et, selon l’Histoire Auguste, ancien préteur ; son grand-père Marcus Annius Verus II est fait patricien en 73 ou 74Modèle:Sfn. Par sa grand-mère paternelle Modèle:Lien, Marc Aurèle est peut-être apparenté à la dynastie des Antonins : il a été conjecturé que la mère de cette dernière — dont le nom est inconnu — puisse être Salonia MatidiaModèle:Sfn, nièce sororale de l'empereur TrajanModèle:Sfn et mère par un troisième mariage de Vibia Sabina, la femme d'HadrienModèle:Refn.

La mère de Marc Aurèle, Domitia Lucilla Minor (également connue sous le nom de Domitia Calvilla), est issue de l'union du patricien romain Publius Calvisius Ruso Tullus avec la riche Domitia Lucilla Maior et hérite d'une fortune colossaleModèle:Sfn de ses parents et grands-parentsModèle:Refn. Elle est ainsi propriétaire de grandes briqueteries dans la banlieue de Rome — une entreprise rentable à une époque où la ville est en pleine expansionModèle:Sfn — ainsi que des Horti Domitia Calvillae (ou Lucillae), une villa domaniale sur la colline du Cælius à Rome<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

L'enfant reçoit le praenomen Modèle:Citation Modèle:Incise après la traditionnelle cérémonie de purification quelques jours après sa naissance, et reçoit les mêmes noms que son grand-père paternel et que son père, Modèle:Citation, qu'il porte pendant ses dix-sept premières années<ref>Modèle:Chapitre</ref>. Pendant quelques années, il semble qu'on ait accolé en outre à son nom d'origine, le nom de Modèle:Citation, tiré du nom du beau-père de Lucilla MaiorModèle:Sfn. Lorsque Marcus entre dans l'entourage de l'empereur Hadrien, ce dernier, vraisemblablement à la fois pour souligner les qualités du garçon et appuyer les liens avec son grand-père, transpose son cognomen au superlatif pour le surnommer plaisamment Verissimus (« le très véridique »)Modèle:Sfn, un surnom qui restera accolé au jeune homme ainsi qu'en attestent notamment certains monnayagesModèle:Sfn.

Biographie

Jeunesse et premières fonctions politiques (121-161)

Enfance et jeunesse

Tête de la statue d'un jeune garçon aux cheveux frisés.
Marc Aurèle jeune (Musées du Capitole, Rome)

Marc Aurèle naît à Rome de Domitia Lucilla Minor et Marcus Annius Verus III le Modèle:Date de naissance, ou, selon le calendrier romain, le sixième jour avant les calendes de mai, l'année du deuxième consulat de son grand-père Marcus Annius Verus, qui correspond à l'année 874 de la fondation de RomeModèle:Sfn. Les premières années de la vie de Marc Aurèle sont largement entourées d'incertitude<ref name=":4">Modèle:Ouvrage</ref>. Marc Aurèle naît dans la villa Horti Domitia Calvillae appartenant à sa mère et située sur le Cælius<ref name=":4" /> qu'il appelle affectueusement Modèle:CitationModèle:Sfn. C'est alors un faubourg prisé de l'élite, avec peu de bâtiments publics mais où se concentrent demeures et jardins de l'aristocratie<ref name=":4" />.

Sa sœur cadette, Annia Cornificia Faustina, naît probablement en 122 ou 123Modèle:Sfn. Son père meurt jeune, vraisemblablement en 124 ou 125, alors qu'il est préteurModèle:Sfn. Bien qu'il l'ait à peine connu, Marc Aurèle écrit dans ses Pensées pour moi-même qu'il apprend Modèle:Citation du souvenir de son père et de sa réputation posthumeModèle:Sfn. Lucilla ne s'est jamais remariéeModèle:Sfn.

La mère de Marc Aurèle, conformément à la coutume de la nobilitas, passe peu de temps avec son fils, le confiant aux soins de nourricesModèle:Sfn. Néanmoins, Marc Aurèle attribue à sa mère Modèle:Citation. Dans ses lettres, Marc Aurèle fait de fréquentes et affectueuses références à sa mère morte vers 156<ref>Modèle:Chapitre</ref>, lui exprimant sa gratitude : Modèle:Citation.

Après la mort de son père, Marc Aurèle est adopté par son grand-père paternel Marcus Annius VerusModèle:Sfn dont le palais est adjacent au Latran et où le jeune Marc Aurèle passe une bonne partie de son enfanceModèle:Sfn. Marc Aurèle est reconnaissant à son grand-père paternel de lui avoir appris Modèle:Citation ; quelques années plus tard, il rend grâce de n'avoir pas dû vivre dans la même maison que la concubine de ce dernier, au charme de laquelle le jeune homme Modèle:Incise ne semble pas avoir été insensibleModèle:Sfn.

Une autre personne semble avoir joué un rôle important dans son éducation, un personnage décrit comme son Modèle:Citation mais plus vraisemblablement le beau-père ou le père adoptif de Lucilla Maior, grand mère maternelle d'Hadrien : Lucius Catilius Severus, un homo novus originaire de Bythinie qui mène une brillante carrière jusqu'à le rendre proche de l'empereur HadrienModèle:Sfn. Ce dernier fait enrôler Marc Aurèle à l'âge inhabituellement bas de six ans parmi les equites, puis, un an plus tard, au sein du collège des Saliens, une confrérie de prêtres romains consacrés à Mars<ref name=":8">Modèle:Chapitre</ref>.

Dans ses écrits, Marc Aurèle sait gré à Catilius d'avoir grâce à lui bénéficié Modèle:Citation<ref name=":8" /> : il reçoit en effet son enseignement à domicile, conformément aux tendances aristocratiques de l'époqueModèle:Sfn. Ses premiers professeurs sont un affranchi grec prénommé Euphorio et un comédien nommé Geminus<ref name=":8" />. Son professeur de peinture, DiognèteModèle:Refn, s'avère particulièrement influent, l'initiant à la pratique philosophique et lui apprenant l'usage de la raisonModèle:Sfn. En Modèle:Date-, sur sa recommandation, Marc Aurèle commence à pratiquer les habitudes des philosophes et à utiliser leurs vêtements, comme la tunique rêche grecqueModèle:Sfn. D'autres tutores, Trosius Aper, Tuticius Proculus, le géomètre et musicien Andro et le grammairien Alexandre de Cotyaion, décrit comme le principal érudit homérique de son temps, contribuent à sa formation entre 132 et 133. Marc Aurèle doit à Alexandre son apprentissage du style littéraire, visible dans de nombreux passages des Pensées pour moi-mêmeModèle:Sfn.

La succession d'Hadrien

Modèle:Article connexe

Buste d'un homme barbu aux cheveux frisés portant une cuirasse.
Buste d'Hadrien, empereur romain de 117 à 138, conservé aux musées du Capitole à Rome.

Fin 136, Hadrien, en convalescence dans sa villa de Tivoli après avoir risqué de mourir d'une hémorragie, choisit Lucius Aelius comme successeur, l'adoptant contre la volonté de ses prochesModèle:Sfn. Bien que ses motifs ne soient pas certains, il semble que le but d'Hadrien soit l'accession de Marc Aurèle au trône sur le long terme. En effet, la santé de Lucius Aelius est mauvaise, au point que, lors d'une cérémonie marquant son accession à la succession d'Hadrien, il est trop faible pour lever seul un grand bouclierModèle:Sfn,<ref>Modèle:Chapitre</ref>. Après un bref séjour sur la frontière du Danube, Lucius Aelius retourne à Rome pour s'adresser au Sénat le premier jour de l'année 138. La nuit précédant le discours, il tombe malade et meurt d'une hémorragie plus tard dans la journéeModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Statue comportant trois hommes et un enfant. L'homme du milieu et celui à droite portent une toge. Entre eux se trouve l'enfant, également en toge. Les statues présentent divers cassures, telles que le nez du personnage tout à gauche et le visage de l'homme tout à droite.
Statue représentant l'adoption de Marc Aurèle (à gauche) et Lucius Aurelius Verus par Antonin le Pieux, conservée au musée Ephesos à Vienne.

Hadrien désigne un nouveau successeur le Modèle:Date-. Son choix tombe sur Antonin le Pieux, le gendre de Marcus Annius Verus, qui est accepté par le Sénat le lendemain, après un examen soigneux de sa situation, et est adopté par Hadrien sous le nom de Titus Aelius Caesar AntoninusModèle:Sfn. À son tour, conformément aux demandes d'Hadrien, Antonin adopte Marc Aurèle, alors âgé de dix-sept ans, et le jeune Lucius Aurelius Verus, fils du défunt Lucius AeliusModèle:Sfn. À partir de ce moment, Marc Aurèle change de nom pour devenir Modèle:Citation et Lucius prend le nom Modèle:Citation. Marc Aurèle aurait accueilli la nouvelle avec tristesse, car il doit quitter à contrecœur la maison de sa mère sur le Cælius pour la maison privée d'HadrienModèle:Sfn,Modèle:Sfn. La nuit suivant l'annonce de son adoption, Marc Aurèle rêve qu'il a des épaules en ivoire qui lui permettent de porter de plus lourds fardeauxModèle:Sfn. Ce rêve est vu comme un bon présage, et il fait directement référence au mythe grec de PélopsModèle:Sfn.

Peu de temps après, Hadrien demande au Sénat d'exempter Marc Aurèle de la loi qui exige que le candidat à la fonction de questeur ait 25 ans. Le Sénat donne son accord et il devient d'abord questeur en 139, puis reçoit l'Modèle:Citation en 139 ou 140 et le consulat en 140, alors qu'il n'a que dix-huit ansModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Cette adoption facilite son ascension sociale : il peut alors devenir d'abord responsable des questions monétaires impériales et plus tard tribun militaire dans une légion. Marc Aurèle aurait probablement préféré voyager et approfondir ses étudesModèle:Sfn. D’après sa biographie dans l’Histoire Auguste, son caractère est resté inchangé : Modèle:Citation.

La santé d'Hadrien s'aggrave au point qu'il fait une tentative de suicide, arrêtée par son successeur AntoninModèle:Sfn. L'empereur, gravement malade, quitte Rome pour sa résidence d'été, une villa à Baïes, une station balnéaire de la côte de Campanie. Sa condition ne s'y améliore pas, et il arrête de suivre le régime préconisé par ses médecins. Il convoque alors Antonin, qui est à ses côtés lorsqu'il meurt d'un œdème pulmonaire le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Le sénat refuse d'abord la déification d'Hadrien, jugeant son règne aussi négatif que celui de Tibère ou Néron. Antonin, soucieux d'être considéré comme illégitime en cas de remise en question des décisions de son prédécesseur, parvient finalement à convaincre les sénateurs, notamment en commuant les peines de mort des hommes jugés dans les derniers jours d'HadrienModèle:Sfn. La succession se fait ainsi de manière pacifique et la stabilité règne : Antonin maintient les personnes nommées en fonction par Hadrien et apaise le Sénat en respectant ses privilègesModèle:Sfn. Pour son comportement respectueux vis-à-vis de son père adoptif, Antonin reçoit le surnom de Modèle:CitationModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Héritier d'Antonin le Pieux

Modèle:Article connexe

Pièce grise. À gauche, sur le recto, une tête d'homme barbu aux cheveux mi-longs et la mention Antoninus. Sur le verso, une tête d'un jeune homme aux cheveux frisés.
Denier d'Antonin le Pieux, premier portrait numismatique de Marc Aurèle.
Buste d'un homme barbu aux cheveux frisés portant une toge.
Buste d'Antonin le Pieux, empereur romain de 138 à 161, conservé à la glyptothèque de Munich.
Fichier:(Toulouse) Buste de Marc Aurèle César - Musée Saint-Raymond, Ra 61 a.jpg
Buste de Marc Aurèle César découvert sur le site de la villa romaine de Chiragan, conservé au musée Saint-Raymond de Toulouse.

Immédiatement après la mort d'Hadrien, Antonin s'adresse à Marc Aurèle pour lui demander de modifier les modalités de son mariage. Marc Aurèle accepte, et ses fiançailles avec Ceionia Fabia sont annulées. Il se fiance à Faustine la Jeune, la fille d'Antonin, ce qui annule les fiançailles entre cette dernière et le frère de Ceionia, Lucius CommodusModèle:Sfn. Marc Aurèle est nommé sevir, l'un des six commandants des chevaliers, lors de la parade annuelle de l'ordre le Modèle:Date-. En tant qu'héritier présomptif, Marc Aurèle devient princeps iuventutis, chef de l'ordre équestre. Il prend alors le nom de Modèle:Citation, nom dont Marc Aurèle se méfie : Modèle:Citation. À la demande du sénat, Marc Aurèle rejoint tous les collèges sacerdotaux (pontifes, augures, quindecemviri sacris faciundis, épulons, etc.Modèle:Sfn) ; cependant, les preuves directes de l'appartenance ne sont disponibles que pour les Frères ArvalesModèle:Sfn.

Antonin exige que Marc Aurèle réside dans la maison de Tibère, le palais impérial du Palatin, et adopte l'apparence de son nouveau rang, l’aulicum fastigium ou Modèle:Citation, contre les objections de Marc Aurèle, qui peine à concilier la vie de la cour avec ses aspirations philosophiquesModèle:Sfn. Il se dit que c'est un objectif réalisable mais somme toute difficile : Modèle:Citation. Il se critique d'ailleurs lui-même dans Pensées pour moi-même pour s'être plaint Modèle:CitationModèle:Sfn.

En tant que questeur, Marc Aurèle semble jouer un rôle administratif encore secondaire. Il est chargé de lire les lettres impériales au Sénat en l'absence d'Antonin, et plus généralement d'être une sorte de secrétaire particulier des sénateursModèle:Sfn. Ses fonctions de consul sont, au contraire, plus importantes, puisqu'il préside les réunions au sommet de l'administration de l'État. Il se sent alors absorbé par le travail de bureau et s'en plaint à son tuteur, Marcus Cornelius Fronto : Modèle:CitationModèle:Sfn. Selon son biographe, c'était une façon de l'entraîner à gouverner l'ÉtatModèle:Sfn. Il a également l'occasion d'exercer ses capacités oratoires en faisant des discours devant les sénateurs de l'assemblée, une formation essentielle pour un empereurModèle:Sfn.

En 140, Marc Aurèle est nommé consul aux côtés d'Antonin et prend part de manière plus active à l'administration de l'Empire auprès de ce dernier dont l'influence sur son fils adoptif est considérable, ce que celui-ci salue dans un long passage de ses PenséesModèle:Sfn : il en dresse un portait éloquent, louant entre autres qualités sa mansuétude, son affabilité, sa maîtrise de lui-même ainsi que sa capacité à veiller sans cesse aux nécessités de l'EmpireModèle:Sfn. Au Sénat, Marc Aurèle occupe dès lors un rôle de premier plan dans les fonctions administratives — présidant certaines réunions et menant des cérémonies tant officielles que religieuses — et assiste par ailleurs aux réunions du conseil impérial afin d'y observer la manière dont les affaires de l'empire sont menéesModèle:Sfn.

Le Modèle:Date-, Marc Aurèle est nommé consul une deuxième fois. Dans une lettre, Fronton lui demande de dormir suffisamment Modèle:CitationModèle:Sfn. Marc Aurèle s'est en effet plaint d'une maladie dans une lettre précédente : Modèle:CitationModèle:Sfn. Marc Aurèle, qui n'a jamais été particulièrement sain ni fort, est loué pour son dévouement au devoir malgré ses diverses maladies par Dion Cassius lorsqu'il écrit sur ses dernières annéesModèle:Sfn.

Pièce de monnaie couleur bronze.
Sesterce d'Antonin le Pieux, datés entre 140 et 144, célébrant l'union de Marc Aurèle avec Faustine la Jeune. Au-dessus des jeunes mariés se trouvent Antonin et Faustine l'Ancienne portant une statue de Concorde.

En Modèle:Date-, Marc Aurèle épouse Faustine, âgée de 14 ans, comme prévu depuis 138Modèle:Sfn. Selon le droit romain, pour que le mariage ait lieu, Antonin doit libérer officiellement l'un des deux enfants de son autorité paternelle ; sinon Marc Aurèle, en tant que fils adoptif d'Antonin, aurait épousé sa sœur. On ne sait pas grand-chose de la cérémonie, mais l’Histoire Auguste la qualifie de Modèle:CitationModèle:Sfn. Des pièces de monnaie sont émises avec les têtes du couple, et Antonin, en tant que Pontifex maximus, aurait officié. Dans ses lettres, Marc Aurèle ne fait aucune référence claire à son mariage, qui dure Modèle:Unité, et se contente de mentionner quelquefois FaustineModèle:Sfn.

Formation oratoire et philosophique

Après avoir pris la toga virilis en 136, Marc Aurèle commence probablement sa formation à l'art oratoireModèle:Sfn. Il a trois tuteurs en grec, Aninus Macer, Caninius Celer et Hérode Atticus, et un en latin, Fronton. Ces deux derniers sont les orateurs les plus estimés de leur temps, et deviennent probablement ses tuteurs après son adoption par Antonin en 138Modèle:Sfn. La prépondérance des tuteurs grecs indique l'importance de la langue grecque pour l'aristocratie de RomeModèle:Sfn. C'est l'époque de la seconde Sophistique, une renaissance des lettres grecques. Bien qu'éduqué à Rome, dans les Pensées pour moi-même, Marc Aurèle écrit ses pensées les plus intimes en grecModèle:Sfn.

Buste d'un homme barbu. Son côté gauche est plus sombre et semble rongé par le temps.
Buste d'Hérode Atticus, conservé au musée national archéologique d'Athènes.

Hérode Atticus est un personnage controversé : Athénien extrêmement riche, peut-être l'homme le plus riche d'Orient, il est prompt à la colère, et ses compatriotes athéniens lui en veulent pour sa condescendanceModèle:Sfn. Atticus est un adversaire invétéré du stoïcisme et des prétentions philosophiquesModèle:Sfn. Il trouve insensé le désir des stoïciens d'avoir un Modèle:Citation ; selon lui, ils vivraient Modèle:CitationModèle:Sfn. Malgré l'influence d'Atticus, Marc Aurèle devient plus tard un stoïcien. Il ne mentionne pas Atticus dans ses Pensées, bien qu'ils restent en contact au cours des décennies suivant son apprentissageModèle:Sfn.

Fronton jouit quant à lui d'une très bonne réputation. Au sein des amateurs anciens de la littérature latine, on le considère comme le deuxième après Cicéron, peut-être même comme une alternative à celui-ciModèle:Sfn,Modèle:Refn et il est l'orateur romain le plus réputé de son époqueModèle:Sfn. Il ne se soucie guère d'Atticus, bien que Marc Aurèle finisse par mettre les deux hommes sur un pied d'égalité. Fronton possède une maîtrise complète du latin ; il est capable de retracer des expressions à travers la littérature, de produire des synonymes obscurs et de remettre en question des irrégularités mineures dans le choix des mots des autresModèle:Sfn.

Une grande partie de la correspondance entre Fronton et Marc Aurèle a survécu. S'il n'existe pas de traduction française de ces Modèle:Unité, elles permettent de retracer le quotidien de Marc Aurèle en tant que César puis comme empereur ; leur style littéraire est celui de la correspondance et le propos des deux hommes est souvent d'apparence futileModèle:Sfn. Marc Aurèle et Fronton sont très proches et utilisent un langage intime dans leurs lettres : Modèle:CitationModèle:Sfn. Marc Aurèle passe également du temps avec la femme et la fille de Fronton, toutes deux nommées Cratia, avec qui il a des conversations légèresModèle:Sfn. Le jour de son anniversaire, il écrit une lettre à Fronton dans laquelle il affirme l'aimer comme il s'aime lui-même et demande aux dieux de faire en sorte que chaque mot qu'il apprenne de la littérature, il l'apprenne Modèle:Citation. Ses prières pour la santé de Fronton sont plus que conventionnelles, Fronton étant souvent malade ; il semble être toujours souffrant Modèle:InciseModèle:Sfn. Marc Aurèle demande que la douleur de Fronton soit infligée à lui-même, Modèle:CitationModèle:Sfn.

Fronton ne devient jamais l'enseignant à plein temps de Marc Aurèle et poursuit sa carrière d'avocat. Une affaire notoire le met en conflit avec AtticusModèle:Sfn. Marc Aurèle demande à Fronton de ne pas attaquer Atticus, d'abord par Modèle:Citation, puis comme Modèle:Citation, ayant déjà demandé à Atticus de s'abstenir de porter les premiers coups. Fronton est surpris de découvrir que Marc Aurèle considère Atticus comme un amiModèle:Refn et admet que Marc Aurèle peut avoir raison, mais affirme néanmoins son intention de gagner l'affaire par tous les moyens nécessaires : Modèle:CitationModèle:Sfn. L'issue du procès n'est pas connueModèle:Sfn.

Dessin d'un homme barbu, de face, portant une toge.
Dessin de Quintus Junius Rusticus tiré de l'édition 1825 du Crabbes Historical Dictionary.

À l'âge de vingt-cinq ans (entre Modèle:Date- et Modèle:Date-), Marc Aurèle se désintéresse de ses études de jurisprudence et montre les signes d'un malaise général. Il décrit son maître à Fronton comme étant un vantard désagréable qui l'a pris à partie : Modèle:CitationModèle:Sfn. Marc Aurèle se lasse de ses exercices, de prendre position dans des débats qu'il juge imaginaires. Lorsqu'il critique le manque de sincérité du langage conventionnel, Fronton se met à défendre celui-ciModèle:Sfn. En tout cas, l'éducation formelle de Marc Aurèle est désormais terminée. Il garde de bonnes relations avec ses professeurs. Le fait d'avoir consacré tant d'efforts à ses études Modèle:Citation, selon le biographe de l’Histoire AugusteModèle:Sfn. C'est la seule chose que celui-ci reproche à Marc Aurèle durant sa jeunesseModèle:Sfn.

Fronton met très tôt en garde Marc Aurèle contre l'étude de la philosophie : Modèle:Citation. Il dédaigne la philosophie et les philosophes, et regarde de haut les sessions de Marc Aurèle avec Apollonios de Chalcédoine et d'autres philosophes de son cercleModèle:Sfn. Fronton émet une interprétation peu charitable de la Modèle:Citation de Marc Aurèle : Modèle:Citation, Marc Aurèle se tourne vers la philosophie pour échapper aux exercices répétés de l'entraînement oratoireModèle:Sfn. Marc Aurèle reste en contact étroit avec Fronton, mais ignore ses scrupulesModèle:Sfn.

Apollonios introduit probablement Marc Aurèle à la philosophie stoïque, mais Quintus Junius Rusticus aurait l'influence la plus forte sur le garçonModèle:Sfn,Modèle:Refn. Il est l'homme que Fronton considère comme ayant Modèle:Citation loin de l'art oratoireModèle:Sfn. Il est plus vieux que Fronton et de vingt ans plus âgé que Marc Aurèle. Petit-fils d'Arulenus Rusticus, l'un des martyrs de la tyrannie de Domitien, il est l'héritier de la tradition du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle de Modèle:Citation aux Modèle:Citation ; le vrai successeur de Sénèque (par opposition à Fronton, le faux)Modèle:Sfn. Dans ses Pensées, Marc Aurèle remercie Rusticus de lui avoir appris à Modèle:Citation.

Naissances et décès dans la famille

Modèle:Citation boîte Le Modèle:Date-, Faustine donne naissance à une fille, nommée Domitia Faustine. Elle est la première d'au moins treize enfants (dont deux paires de jumeaux) que Faustine porte au cours des vingt-trois années suivantesModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, Antonin donne à Marc Aurèle la puissance tribunitienne et l’imperium - l'autorité sur les armées et les provinces de l'empereur. La puissance tribunitienne donne à Marc Aurèle le droit de proposer une mesure avec préemption sur le Sénat et sur Antonin lui-même, et est renouvelée avec celle d'Antonin le Modèle:Date-Modèle:Sfn. La première mention de Domitia dans les lettres de Marc Aurèle révèle sa mauvaise santé : Modèle:Citation. Marc Aurèle et Faustine sont très occupés par les soins de la jeune fille, mais Domitia finit par mourir en 151Modèle:Sfn.

Bâtiment arrondi au sommet duquel se trouve une statue.
Le mausolée d'Hadrien, où sont enterrés les enfants de Marc Aurèle et Faustine. Le mausolée fait partie du château Saint-Ange.

En 149, Faustine donne naissance à des jumeaux. Des pièces de monnaie contemporaines commémorent l'événement, avec des cornes d'abondance croisées sous les bustes des deux petits garçons et la légende temporum felicitas, Modèle:Citation<ref>Roman Imperial Coinage Modèle:III 857; pour une image, voir British Museum 1856,1101.19.</ref>. Cependant, les deux jeunes ne survivent pas longtemps ; Titus Aurelius Antoninus et Tiberius Aelius Aurelius, noms connus grâce à leur épitaphe, sont morts très tôt (fin 149) et sont enterrés dans le mausolée d'HadrienModèle:Sfn. Avant la fin de l'année, une autre pièce de monnaie est émise : elle montre seulement une petite fille, Domitia Faustine, et un bébé garçon ; la pièce est finalement remplacée par une autre, qui montre la fille seule. Marc Aurèle écrit dans Pensées : Modèle:Citation.

Une autre fille naît le Modèle:Date- et est nommée Annia Aurelia Galeria Lucilla. Entre 155 et 161, probablement peu après 155, la mère de Marc Aurèle Domitia Lucilla meurtModèle:Sfn. Faustine a probablement eu une autre fille, Annia Galeria Aurelia Faustina, entre 151 et 153Modèle:Sfn. Un nouveau fils, Tibère Aelius Antoninus, est né en 152. Une émission de pièces célèbre la fecunditati Augustae, Modèle:Citation, et présente deux filles et un enfant. Le garçon n'a pas survécu longtemps, comme en témoignent les pièces de 156, qui ne représentent que les deux filles. Il serait mort en 152, la même année que la sœur de Marc Aurèle, CornificiaModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, un autre de ses enfants au nom inconnu meurtModèle:Sfn. En 159 et 160, Faustine donne naissance à des filles : Fadilla et Cornificia, nommées respectivement en hommage aux sœurs décédées de Faustine et de Marc AurèleModèle:Sfn.

D'autres enfants naissent plus tard : Commode et son jumeau Titus Aurelius Fulvus Antoninus, mort jeune, en 161, Marcus Annius Verus Caesar en 162, un garçon du nom d'Hadrien qui ne survit pas et enfin, dernière enfant connue du couple, une fille du nom de Vibia Aurelia Sabina, née en 170 ou 171Modèle:Sfn.

Les dernières années d'Antonin

Modèle:Article connexe Lucius commence sa carrière politique en tant que questeur en 153 et devient consul pour l'année suivante, à vingt-quatre ansModèle:Sfn. Il n'a pas de titres honorifiques, à l'exception de celui de Modèle:Citation. Il a une personnalité bien différente de celle de Marc Aurèle : il aime les sports de toutes sortes, mais surtout la chasse et la lutte ; il prend un plaisir évident aux jeux du cirque et aux combats de gladiateursModèle:Refn, à la différence de Marc Aurèle qui au cirque s'adonne à la lecture afin de marquer ostensiblement son ennuiModèle:Sfn. Lucius ne se marie qu'en 164. Antonin n'approuve pas complètement le comportement de ce dernier qu'il veut néanmoins conserver dans sa famille, sans pour autant lui confier de pouvoirModèle:Sfn. Comme l'indiquent les statues de cette période, Marc Aurèle commence à porter une barbe (en plus des cheveux bouclés typiques de l'époque des Antonins), poursuivant la mode commencée par HadrienModèle:Refn et suivie par Antonin, qui remplace l'apparence traditionnelle de l'homme romain, complètement glabre<ref name=Melani>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

En 156, Antonin a 70 ans. Il jouit toujours d'un état de santé satisfaisant, même s'il a du mal à se tenir droit sans un corset et doit commencer à grignoter du pain sec pour lui donner la force de rester éveillé pendant ses réceptions du matin. À mesure qu'Antonin vieillit, Marc Aurèle assume des tâches administratives plus importantes, en particulier lorsqu'il devient préfet du prétoire à la mort de Marcus Gavius Maximus en 156 ou 157Modèle:Sfn. En 160, Marc Aurèle et Lucius sont désignés consuls conjoints pour l'année suivante, peut-être parce qu'Antonin sent la fin de sa vie approcherModèle:Sfn.

Selon les récits de l’Histoire Auguste, deux jours avant sa mort, l'empereur, qui se trouve dans sa propriété de Lorium, a une indigestion, vomit et est pris de fièvre. Le lendemain, le Modèle:Date-, il convoque le conseil impérial et passe tous ses pouvoirs à Marc Aurèle, ordonnant que la statue d'or de Fortuna, qui se trouve dans la chambre des empereurs, soit apportée à celui-ci. Il donne ensuite le mot de passe au tribun de garde pour la nuit, Modèle:Citation étrangère, puis se retourne, comme pour s'endormir, et meurt à l'âge de Modèle:UnitéModèle:Sfn. Sa mort met fin au règne le plus long depuis Auguste, surpassant de quelques mois celui de TibèreModèle:Sfn.

Règne (161-180)

Accession au pouvoir impérial

Après la mort d'Antonin le Pieux, Marc Aurèle est le seul héritier de l'Empire. Le Sénat lui accorde le titre d'Auguste et d'Imperator, en plus de celui de Pontifex maximus, prêtre à la tête des cultes officiels de la religion romaine. Il semble que Marc Aurèle soit réticent à l'idée d'assumer le pouvoir impérial, au moins au début, puisque l'Histoire Auguste le décrit comme Modèle:Citation par le Sénat à prendre en charge la Res publicaModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Refn,Modèle:Sfn. Marc Aurèle, avec sa préférence pour la vie philosophique, trouve la fonction impériale peu attrayante. Sa formation de stoïcien le pousse cependant à comprendre que c'est son devoir, et il finit par accepter ces responsabilitésModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Buste d'un homme barbu aux cheveux frisés portant une toge.
Buste de Lucius Aurelius Verus, frère adoptif de Marc Aurèle, conservé au Metropolitan Museum of Art.

Bien qu'il ne montre pas d'affection personnelle pour Hadrien dans ses Pensées pour moi-même, Marc Aurèle le respecte beaucoup et ressent probablement le devoir de mettre en œuvre ses plans de succession. C'est peut-être conscient de sa santé précaire et pour alléger le fardeau de la tâche qui l'attend que ce dernier choisit d'associer son frère adoptif au pouvoirModèle:Sfn. Ainsi, même si le sénat ne veut confirmer que lui, il refuse de prendre ses fonctions sans que Lucius ne reçoive les mêmes honneurs : le sénat est finalement contraint d'accepter et accorde à Lucius Verus les titres d'Auguste et d'Imperator. Marc Aurèle prend, comme titulature officielle, Modèle:Citation tandis que Lucius, prenant le nom de famille de Marc Aurèle, Verus, et renonçant au nom Commodus, devient l'empereur Modèle:CitationModèle:Refn. Pour la première fois, Rome est gouvernée par deux empereurs en même tempsModèle:Sfn,Modèle:Refn.

Malgré le statut de diarchie, Marc Aurèle dispose de plus d'auctoritas que Lucius ; Marc Aurèle a été consul une fois de plus que Lucius, il a participé au règne d'Antonin et lui seul est Pontifex Maximus, le titre ne pouvant être partagéModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le public pouvait alors clairement savoir quel empereur avait le plus de pouvoir, et Lucius n'a jamais contesté cette prééminence<ref>Modèle:Chapitre</ref>. Le biographe de l'Histoire Auguste a écrit : Modèle:Citation.

Immédiatement après la confirmation du Sénat, les empereurs procèdent à la cérémonie d'inauguration au Castra Praetoria, le camp de la garde prétorienne. Lucius s'adresse alors aux troupes déployées, qui acclament les imperatores. Puis, comme tout nouvel empereur depuis Claude, Lucius promet aux troupes une donation spécialeModèle:Sfn. Celle-ci représente le double des donations reçues par le passé : Modèle:Unité soit Modèle:Unité par soldat Modèle:Incise, les officiers recevant une somme plus grandeModèle:Sfn. En échange de cette donation, égale à plusieurs années de salaire, les troupes jurent allégeance aux deux empereurs et assurent leur protectionModèle:Sfn,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. La cérémonie n'est pas entièrement nécessaire, étant donné que la passation de pouvoir est pacifique et incontestée, mais elle constitue une assurance valable contre d'éventuelles révoltes de soldatsModèle:Sfn.

Les funérailles d'Antonin sont célébrées de façon que son esprit puisse s'élever vers les dieux, comme le veut la tradition, et son corps est placé sur un bûcher. Lucius et Marc Aurèle font diviniser leur père adoptif par un flamine chargé de la cérémonie, avec le consentement du SénatModèle:Sfn. Le temple dédié à la femme d'Antonin, Faustine l'Ancienne, devient le temple d'Antonin et FaustineModèle:Sfn. Selon ses dernières volontés, la succession d'Antonin ne passe pas directement à Marc Aurèle, mais à Faustine la Jeune, alors enceinte de trois moisModèle:Refn. Pendant sa grossesse, elle rêve qu'elle donne naissance à deux serpents, l'un plus féroce que l'autreModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, les deux jumeaux, Titus Aurelius Fulvius Antoninus et Commode, naissent à Lanuvio. Outre le fait que les jumeaux sont nés le même jour que Caligula, il semble que les présages soient favorables et que les astrologues tirent des auspices positifs pour les deux nouveau-nés. Les naissances sont célébrées sur des pièces de monnaie impérialesModèle:Sfn.

Co-empereur avec Lucius (161-169)

Deux bustes d'hommes barbus portant des toges.
Bustes de Marc Aurèle (à gauche) et Lucius Aurelius Verus, conservés au British Museum.

Immédiatement après l'accession au pouvoir, Marc Aurèle promet à Lucius sa fille de onze ans, Lucilla, bien qu'il soit officiellement son oncleModèle:Sfn. Lors des cérémonies de commémoration de l'événement, de nouvelles dispositions sont prises pour soutenir les enfants pauvres, sur le modèle de fondations impériales antérieuresModèle:Sfn. Marc Aurèle et Lucius se révèlent populaires auprès des Romains, qui approuvent fortement leur comportement sans manières. Les empereurs autorisent la liberté d'expression, comme en témoigne le fait qu'un auteur de comédies nommé Marullus est capable de les critiquer sans subir de représailles. Comme l'écrit le biographe de l’Histoire Auguste : Modèle:Citation.

Dès que la nouvelle de l'accession au trône impérial de ses élèves lui parvient, Fronton quitte sa maison à Cirta et retourne à sa résidence romaine le Modèle:Date-. Il envoie une note à l'affranchi impérial Charilas, lui demandant d'entrer en contact avec les empereurs car, dit-il plus tard, il n'ose pas leur écrire directementModèle:Sfn. Le professeur se montre immensément fier de ses élèves. En repensant au discours qu'il a prononcé pour l'ascension au consulat en 143, il loue Marc Aurèle en ces termes : Modèle:Citation. Lucius, en revanche, est moins estimé par Fronton, ses intérêts étant considérés d'un niveau inférieurModèle:Sfn.

L'enseignement de Fronton se poursuit dans les premières années du règne de Marc Aurèle. Fronton estime que, compte tenu du rôle de Marc Aurèle, les leçons sont plus importantes aujourd'hui que jamais. Il pense que Marc Aurèle Modèle:Citation. Fronton rappelle à nouveau à son élève les problèmes de compatibilité entre son rôle et ses prétentions philosophiques : Modèle:CitationModèle:Sfn.

Les débuts du règne de Marc Aurèle sont les moments les plus heureux de la vie de Fronton : Marc Aurèle est aimé du peuple de Rome, un excellent empereur, un élève passionné, et peut-être surtout, aussi éloquent qu'on pouvait le souhaiterModèle:Sfn. Marc Aurèle fait preuve d'habileté rhétorique dans un discours au Sénat après un tremblement de terre à Cyzique, et impressionne l'audience en racontant en détail la catastrophe : Modèle:Citation. Le discours satisfait extrêmement FrontonModèle:Sfn.

Profil de deux hommes se serrant la main sur une pièce en or.
Revers d'un aureus de 161-162 montrant la bonne entente régnant entre les deux co-empereurs (Concordiae Augustor) qui se serrent la main.

Néanmoins, loin de mettre œuvre un quelconque « programme philosophique » de gouvernement, le principat de Marc-Aurèle s'inscrit dans la continuité de son père adoptif, à la manière d'un aristocrate romain attaché au droit et à la tradition dans le souci de maintenir l'ordre terrestre et cosmique que dicte la ProvidenceModèle:Sfn. Afin de mener à bien sa tâche, l'empereur s'entoure d'administrateurs et de généraux compétents qui le conseillent en tant qu'« amis du prince » (amici principis) ou le suivent en campagne comme « compagnons d'Auguste » (comites Augusti)Modèle:Sfn, remplaçant en outre un certain nombre de hauts fonctionnaires de l'empire.

Sextus Caecilius Crescens Volusianus, chargé de la correspondance impériale, est ainsi remplacé par Titus Varius Clemens, militaire brillant originaire de Norique et plusieurs fois procurateur<ref>Modèle:Article</ref>, considéré comme quelqu'un de capable pour une période de crise militaireModèle:Sfn. Pour nourrir son intense activité législative et judiciaire, il s'appuie sur des techniciens expérimentés comme Quintus Cervidius ScævolaModèle:Sfn ou encore son ancien tuteur Lucius Volusius Maecianus, gouverneur préfectoral d'Égypte, qui est rappelé à Rome et nommé sénateur ainsi que préfet du Trésor (aerarium Saturni) puis consul peu aprèsModèle:Sfn.

De nouvelles préoccupations marquent la fin du Felicitas temporum proclamé par les pièces de 161Modèle:Sfn. À l'automne 161 ou au printemps 162, le Tibre déborde et dévaste une grande partie de RomeModèle:Refn. De nombreux animaux se noient et la ville est en proie à la famine. Modèle:Citation et les communautés italiennes touchées par la famine sont aidées, ce qui leur permet de s'approvisionner en céréales en provenance de la capitaleModèle:Sfn. En d'autres temps de famine, les empereurs aident les communautés italiennes en leur faisant parvenir de la nourriture depuis les entrepôts romainsModèle:Sfn.

Guerre romano-parthique

Modèle:Loupe Dans la seconde moitié de 161, le changement d'empereur semble encourager Modèle:Souverain2 de Parthie à attaquer le royaume d'Arménie, allié de l'Empire romain, en nommant un roi fantoche, Pacorus, un Aršakouni comme luiModèle:Sfn,Modèle:Sfn. L'Empire des Parthes, vaincu et partiellement soumis par Trajan près de cinquante ans plus tôt (114-116), revient donc pour renouveler ses attaques sur les provinces romaines de l'est à partir des anciens territoires de l'Empire perseModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Le gouverneur de Cappadoce, Marcus Sedatius Severianus, convaincu qu'il peut vaincre les Parthes facilement, mène une de ses légions en Arménie, mais, à Elegeia, il est vaincu et préfère se suicider, tandis que sa légion est démanteléeModèle:Sfn.

En outre, de nouvelles menaces se profilent le long des frontières septentrionales de la Bretagne et du limes germano-rhétique, là où les Chattes du Taunus ont pénétré dans les champs Décumates. Il semble que ni Marc Aurèle ni Lucius ne soient préparés à affronter de tels problèmes car, comme le rappelle le biographe de l’Histoire Auguste, ils n'ont pu acquérir d'expérience militaire suffisante, ayant passé toute leur éducation en Italie et non dans une province, contrairement à leurs prédécesseurs, tels que Trajan ou HadrienModèle:Sfn. Gaius Aufidius Victorinus, gendre de Fronton, est nommé gouverneur de la Germanie supérieureModèle:Sfn en 161 pour juguler l'invasion des Chattes tandis que Sextus Calpurnius Agricola, un autre proche de Fronton, est nommé en Bretagne pour contenir les troubles occasionnés par les BretonsModèle:Sfn.

Plusieurs statues incomplètes formant une scène.
Scène de guerre entre Romains et Parthes, sur le Monument aux Parthes à Éphèse, célébrant les victoires de Lucius Aurelius Verus et Marc Aurèle contre Modèle:Souverain2.

Peu après, les Romains apprennent que l'armée du gouverneur de la province de Syrie a également été vaincue par les Parthes et qu'elle bat en retraite de façon désordonnée. Il faut donc intervenir très rapidement, notamment dans le choix des officiers à envoyer sur ce secteur, considéré stratégiquement important pour l'Empire. Marc Aurèle met son frère Lucius à la tête de l'expédition (expeditio parthica) car, comme le suggère Dion Cassius, il est Modèle:Citation. Le biographe de Lucius de l’Histoire Auguste suggère que Marc Aurèle veut pousser Lucius à abandonner la vie dissolue qu'il mène et à accepter son devoir. En tout cas, le Sénat donne son accord et, à l'été 162, Lucius part, laissant Marc Aurèle à Rome, car la ville demande la présence d'un empereur ; il faut cependant placer à côté de Lucius un état-major militaire adéquat (comitatus), large et expérimenté, et comprenant également l'un des deux préfets du prétoire : l'élu est Titus Furius VictorinusModèle:Sfn.

Des renforts de nombreuses provinces impériales sont envoyés à la frontière parthienneModèle:Sfn. Entre-temps, Marc Aurèle se retire pendant quatre jours à Alsium, une ville balnéaire sur la côte d'Étrurie, mais de nombreux soucis l'empêchent de se détendre. Il écrit à son ami Fronton, en évitant volontairement de décrire en détail ce qu'il fait à Alsium car il sait qu'il lui ferait des reproches. Fronton répond avec ironie et l'encourage à se reposer, à l'instar de ses prédécesseurs : Antonin pratiquait plusieurs loisirs, tels que le gymnase, la pêche et le théâtre, tandis que Marc Aurèle passe la plupart de ses nuits Modèle:Incise à résoudre des affaires judiciaires. D'après leur correspondance, Marc Aurèle n'a pas pu mettre en pratique les conseils de Fronton : Modèle:Citation. Il conclut en s'informant de la santé de son ami et en lui disant Modèle:CitationModèle:Sfn.

Fronton répond quelque temps plus tard, en envoyant à son ami une sélection de lectures et, pour compenser son malaise face à la guerre contre les Parthes, une longue lettre réfléchie, pleine de références historiques, intitulée dans les éditions modernes des œuvres de Fronton, De bello Parthico (Sur la guerre des Parthes). Fronton écrit que, même si dans le passé Rome a subi de lourdes défaites, à la fin les Romains ont toujours prévalu sur leurs ennemis : Modèle:Citation.

Carte blanche avec détails en noir et délimitation des régions en couleurs.
Carte du Caucase et de la Mésopotamie à l'Antiquité, principaux lieux des campagnes militaires orientales de Lucius Aurelius Verus.

Entre-temps, Lucius, qui a quitté l'Italie et est arrivé en Syrie après un long voyage, fait d'Antioche son Modèle:Citation, passant les hivers à Laodicée et les étés à DaphnéModèle:Sfn.

Pendant la guerre, à l'automne/hiver 163 ou 164, Lucius se rend à Éphèse pour épouser Lucilla, selon le vœu de Marc Aurèle, et ce malgré les rumeurs sur ses maîtresses, notamment sur une certaine Panthea, une femme d'origine modeste. Lucilla a environ quinze ans et est accompagnée de sa mère Faustine la Jeune, ainsi que de l'oncle de Lucius, Marcus Vettulenus Civica Barbarus, nommé pour l'occasion comes. Marc Aurèle, qui aurait aimé accompagner sa fille à Izmir, n'a finalement pas dépassé Brindisi. De retour à Rome, celui-ci envoie des instructions précises aux gouverneurs provinciaux pour qu'ils ne préparent aucune réception officielleModèle:Sfn. Lucilla reçoit néanmoins le titre d’Augusta et donne naissance à une fille peu après, à AntiocheModèle:Sfn.

La capitale arménienne, Artachat, est prise par les Romains en 163 et à la fin de cette même année, Lucius prend le titre d’Armeniacus, bien qu'il n'ait jamais participé directement aux opérations militaires. Marc Aurèle refuse d'abord ce titre mais est convaincu l'année suivante par Lucius de l'accepterModèle:Sfn. Cependant, suivant FrontonModèle:Sfn, lorsque Lucius est acclamé imperator, Marc Aurèle accepte directement sa deuxième salutatio imperatoriaModèle:Sfn. Plus tard, à la mort de Lucius, Marc Aurèle abandonne tous ses titres gagnés pendant la guerre parthiqueModèle:Sfn.

En 164, les armées romaines s'installent définitivement en Arménie et l'ancien consul originaire d'Emesa, Sohaemus, est couronné roi d'Arménie, avec le consentement de Marc AurèleModèle:Sfn. En 165, les armées romaines entrent victorieusement en Mésopotamie, où elles rétablissent sur le trône d'Osrhoène le roi vassal MannusModèle:Sfn. Avidius Cassius atteint les deux métropoles jumelles de la Mésopotamie : Séleucie, sur la rive droite du Tigre, et Ctésiphon sur la gauche. Les deux villes sont occupées et incendiéesModèle:Sfn. Cassius, malgré le manque de ravitaillement et des premiers symptômes de la peste antonine contractée à Séleucie, parvient à ramener son armée victorieuse sans complication. Lucius est ainsi acclamé Parthicus Maximus, tandis que, avec Marc Aurèle, il est de nouveau salué comme empereur, obtenant sa deuxième acclamation impérialeModèle:Sfn. En 166, Avidus Cassius envahit de nouveau le pays des Mèdes, au-delà du Tigre, permettant à Lucius de se parer du titre de Medicus, tandis que Marc Aurèle obtient sa {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IVe{{#if:|  }} }} salutation impériale et le titre de Parthicus MaximusModèle:Sfn.

Les Parthes se retirent sur leurs territoires, à l'est de la Mésopotamie. Marc Aurèle sait alors qu'il doit attribuer le plus grand mérite de la victoire finale à son frère Lucius. Parmi les commandants romains se distingue Avidius Cassius, Légat de légion de la [[Legio III Gallica|Modèle:Nobr rom Gallica]], une des légions syriennesModèle:Sfn.

À son retour de la campagne, Lucius est récompensé par un triomphe, le Modèle:Date-. Le défilé est inhabituel car il comprend les deux empereurs — qui acceptent le titre de « père de la patrie »Modèle:Sfn — leurs fils et leurs filles non mariées, comme une grande fête de famille. À cette occasion, Marc Aurèle élève ses deux fils, Commode cinq ans et Marcus Annius Verus trois ans, au rang de César (le frère jumeau de Commode, Fulvus Antoninus, est mort l'année précédente)Modèle:Sfn.

Commerce avec l'Est

Modèle:Loupe Pendant la guerre romano-parthique, Marc Aurèle favorise peut-être l'ouverture de nouvelles routes commerciales avec l'Extrême-Orient. Les annales de la Chine impériale mentionnent en effet une ambassade envoyée à l'empereur chinois de la dynastie Han en 166, dans laquelle les Chinois appelent l'empereur romain par le nom de Ngan-touen ou An-dun (Modèle:Citation étrangère). Cela semble confirmer que cette ambassade, peut-être composée uniquement de marchands, est arrivée en Extrême-Orient sous le règne de Marc Aurèle ou de son prédécesseur, Antonin le Pieux, An-dun étant l'équivalent en langues chinoises du nom latin de la famille impériale des Modèle:CitationModèle:Sfn,<ref>Modèle:Article</ref>,Modèle:Sfn.

En plus des verreries romaines de l'époque républicaine trouvées à Guangzhou le long de la mer de Chine méridionale<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, des médaillons d'or romains fabriqués sous le règne d'Antonin et peut-être même de Marc Aurèle ont été trouvés à Óc Eo, au Viêt Nam, qui faisait alors partie du royaume de Fou-nan près de la province chinoise de Jiaozhi (dans le nord du Viêt Nam). Il s'agit peut-être de la ville portuaire de Kattigara, décrite par Claude Ptolémée (vers 150) comme étant visitée par un marin grec nommé Alexandre et située au-delà de la Chersonèse d'or (c'est-à-dire la péninsule Malaise)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Des pièces romaines datant des règnes de Tibère et d'Aurélien ont été trouvées à Xi'an, en Chine (site de Chang'an, la capitale des Han), bien que la quantité de pièces romaines en Inde soit beaucoup plus importante, ce qui suggère que le commerce maritime romain pour l'achat de la soie chinoise était centré dans cette ville, et non en Chine ou même sur la route de la soie qui traverse la Perse<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Guerres marcomanes

Modèle:Loupe

Carte montrant les frontières entre deux entités.
Limes entre l'Empire romain et les peuples germaniques en 170.

Selon l’Histoire Auguste, c'est à la fin de la guerre des Parthes que celle contre les Marcomans éclate. Ces derniers sont une coalition militaire composée d'une dizaine de populations germaniques et sarmates ; des Marcomans de Moravie, aux Quades de Slovaquie, des populations Vandales de la région des Carpates, aux Iazyges de la plaine de la Tisza, jusqu'aux Bures de la lignée des Suèves du Banat. C'est la conséquence d'une série de troubles internes importants et de flux migratoires continus qui ont alors modifié l'équilibre avec l'Empire romain voisin. Ces peuples cherchent de nouveaux territoires où s'installer, à la fois en raison de la forte poussée qu'ils subissent de la part d'autres populations, et de la croissance démographique continue de la Germanie ; ils sont également attirés par les richesses du monde romain<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

La situation le long de la frontière nord est extrêmement compliquée. Un poste le long des champs Décumates est détruit et il semble que de nombreux habitants d'Europe centrale et du Nord soient dans la tourmente. De plus, la corruption règne parmi les officiers romains : Victorinus est contraint de demander la démission d'un légat de légion qui a accepté des pots-de-vin, et de nombreux gouverneurs expérimentés sont remplacés par des amis et des parents de la famille impérialeModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

À partir de 160, les tribus germaniques et autres peuples nomades commencent leurs premières incursions le long des frontières romaines du nord, notamment en Gaule et sur le Danube. Ce nouvel élan vers l'ouest est dû à la pression qu'exercent sur eux les tribus germaniques de l'est et du nord, escomptant peut-être une baisse de vigilance occasionné par le changement d'empereur ; l'invasion de Chattes en Germanie supérieure et en Rhétie est repoussée en 162 par Gaius Aufidius Victorinus, envoyé pour juguler l'invasion et nommé gouverneur la province de la Germanie supérieure, où il s'installe avec toute sa familleModèle:Sfn. L'invasion de 166 est beaucoup plus périlleuse, lorsque les Marcomans de Bohême, clients de l'Empire romain depuis 19 — mais rebelles sous Domitien et Nerva — traversent le Danube à la tête d'une ligue de tribus germaniques<ref>Modèle:Chapitre</ref>.

À cette époque, la frontière du Danube ne peut pas compter sur une grande partie de son personnel, à la fois parce que de nombreuses légions doivent affecter des détachements importants à la guerre des ParthesModèle:Sfn et parce que l'apparition de la grave épidémie de peste antonine a touché de nombreuses circonscriptions. Deux nouvelles légions italiennes sont néanmoins levées pour renforcer le secteur du Haut-Danube, la Panonnie inférieure est élevée au rang de province consulaire et confiée à un proche de l'empereur, Claudius Pompeianus, tandis que les différentes entités de la Dacie sont rassemblées sous l'autorité unique de Sextus Calpurnius Agricola et dotées d'une légion supplémentaireModèle:Sfn.

En 166/167 se produit le premier affrontement le long du limes pannonicus contre quelques bandes de maraudeurs lombards et obii, qui, grâce à l'intervention rapide des troupes frontalières dirigées par Macrinius AvitusModèle:Sfn, sont rapidement repousséesModèle:Sfn. Après différentes opérations militaires et diplomatiques, la paix est signée avec une délégation de onze peuples germaniques voisins du nord du Danube, conduite par le roi des Marcomans, BallomarModèle:Sfn ; mais la situation demeure précaire, au point que les deux empereurs prennent eux-mêmes la tête d'une expédition et se rendent jusqu'à la lointaine forteresse légionnaire de Carnuntum en 168Modèle:Sfn.

Modèle:Citation

Modèle:Loupe À partir de 165 et jusqu'à environ 190, la population de l'Empire romain est atteinte par une pandémie connue dans l'historiographie sous la dénomination de Modèle:Citation, impropre dans la mesure où il s'agit, en l'état du consensus savant, plus vraisemblablement de variole, une maladie infectieuse extrêmement contagieuse d'origine viraleModèle:Sfn. Si le développement de la maladie a probablement été favorisé par les nombreux déplacements des légions romaines, le scénario longtemps retenu d'une infection en 166 par l'armée de Lucius Verus de retour de Séleucie du Tigre semble désormais trop simplisteModèle:Sfn.

Il est indubitable que, conjugués aux conséquences des guerres marcomanniques, les effets de la Modèle:Citation antonine ont constitué une épreuve pour le règne de Marc Aurèle, un évènement marquant, d'une ampleur inouïe<ref>Modèle:Chapitre</ref>. Néanmoins, la question est ouverte de savoir si elle n'est pas plutôt un symptôme que l'origine dans la crise qui traverse le milieu du principat de ce dernier, s'additionnant à des causes multifactorielles entre les disettes récurrentes, les invasions et autres révoltes<ref name=":1">Modèle:Chapitre</ref>. Sa diffusion impacte néanmoins l'économie en perturbant l'exploitation des domaines impériaux, occasionnant une baisse substantielle des rentes et rentrées fiscalesModèle:Sfn ainsi qu'elle affaiblit, du moins temporairement, l'armée qui ne parvient à contenir les incursions barbares qu'au prix de recrutements extraordinaires<ref name=":1" />.

Les conséquences précises de l'épidémie sur les plans démographique et historique sont cependant objets de débats et requestionnées depuis la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Voir par exemple l'ouvrage de Modèle:Ouvrage</ref> tant par un travail sur les sources que sur un ensemble de disciplines comme l'histoire comparative, la paléopathologie, l'épidémiologie ou encore la biologie moléculaireModèle:Sfn. Les hypothèses sur les impacts globaux de la pandémie opposent des approches Modèle:Citation Modèle:Incise à des conclusions Modèle:Citation Modèle:InciseModèle:Sfn.

Lors de l'une des multiples résurgences de la maladie sous le règne de Commode, en 189, Dion Cassius évoque jusqu'à Modèle:Unité par jour à Rome et une infection atteignant jusqu'à un quart de la population totaleModèle:Sfn.

Unique empereur (169-176)

Multiples fronts militaires
Murs et ruines d'un village.
À l'occasion des guerres marcomanes, en 169, Marc Aurèle installe probablement son quartier général à SirmiumModèle:Sfn.

Fin 168, avant de repartir en campagne pour consolider la frontière danubienne, les co-empereurs prennent leurs quartiers d'hiver à Aquilée mais la ville est gagnée par l'épidémie, précipitant le départ de ceux-ci vers Rome, à la demande insistante de Lucius<ref>Modèle:Chapitre</ref>. C'est sur le chemin, en janvier 169 que ce dernier meurt des suites d'une apoplexie près d'Altinum. Marc Aurèle accompagne la dépouille de Lucius à Rome où il conduit les cérémonies funéraires et fait diviniser son collègue en Divus Verus<ref name="comp165">Modèle:Chapitre</ref>,<ref>Modèle:Chapitre</ref>. Marc Aurèle se retrouve dès lors seul empereur et décide d'affronter les rebelles. Plutôt que d'imposer de nouvelles taxes aux provinciaux, il organise au forum de Trajan une vente aux enchères d'objets précieux appartenant au patrimoine impérial, dont des coupes en or et en cristal, des vases royaux, des robes en soie, des courtepointes en or ayant également appartenu à son auguste épouse, ainsi qu'une collection de pierres précieuses trouvées dans le coffre d'Hadrien<ref name="comp165"/>.

Cette année-là, Marc Aurèle remarie sa fille Lucilla, veuve de Lucius, au fidèle Claudius Pompeianus mais le mariage déplaît tant à Lucilla qu'à Faustine, qui n'aiment pas l'hommeModèle:Sfn. Il est possible que Marc Aurèle ait cherché à remarier sa fille au plus vite pour mettre un terme à la convoitise envers Lucilla et empêcher la naissance d'enfants capables de concurrencer ses propres héritiers. Marc Aurèle ne cherche pas de remplaçant à Lucius car, après huit années de règne, il se sent probablement capable de régner seul et sa succession, malgré la disparition la même année de son plus jeune fils, le césar Annius Verus à l'âge de sept ans<ref name="comp165"/>, demeure assuréeModèle:Sfn.

Pendant ce temps, le long du front septentrional, les Romains subissent deux lourdes défaites contre les populations Quades et Marcomans qui pénètrent par la route de l'ambre, traversent les Alpes et dévastent Opitergium (Oderzo)Modèle:Sfn, puis assiègent Aquilée, principale ville romaine du nord-est de l'Italie, en VénétieModèle:Sfn. Bien que le siège soit infructueux, ces événements frappant le cœur de la romanité créent un véritable traumatismeModèle:Sfn, aucune force étrangère n'ayant assiégé de centre urbain de l'ItalieModèle:Sfn depuis la guerre des Cimbres et des Teutons, plus de deux-cent cinquante ans auparavantModèle:Sfn. La légitimité politique de Marc Aurèle s'en trouve ébranlée et l'empereur se doit de réagir énergiquementModèle:Sfn.

À la même époque, une série d'offensives de différents peuples ou coalitions prennent place aux frontières septentrionales et orientales de l'empire, dont la chronologie est mal établieModèle:Sfn. Marc Aurèle est ainsi contraint à mener une longue et épuisante guerre contre les populations du Nord, d'abord en les rejetant et en Modèle:Citation les territoires de Gaule cisalpine, de Norique et de Rhétie (170-171), puis en contre-attaquant par une offensive massive en territoire germanique (172-173) et sarmate (174-175), dans des affrontements qui durent plusieurs annéesModèle:Sfn. Dans les années 170, plusieurs peuples traversent le Danube et envahissent la Mésie inférieureModèle:Sfn. Les Costoboces, venus de la région des Carpates orientales, envahissent la Mésie et la Macédoine, allant jusqu'en Achaïe, où ils incendient le sanctuaire d'Éleusis, échouant toutefois à s'emparer d'AthènesModèle:Sfn. Concomitamment, une coalition menée par les Bastarnes opère des incursions en Thrace puis en Asie MineureModèle:Sfn.

Après une longue lutte menée énergiquement par des généraux chevronnés comme Lucius Iulius Vehilius Iulianus, Claudius Pompeianus, Publius Helvius Pertinax et Marcus Valerius Maximianus, Rome réussit à desserrer l'étreinte et repousser les envahisseursModèle:Sfn. De nombreuses populations germaniques s'installent alors dans les régions frontalières telles que la Dacie, les deux Pannonies, les deux Germanies et l'Italie elle-même. Marc Aurèle travaille à la création de deux nouvelles provinces frontalières appelées Sarmatia et Marcomannia sur la rive gauche du Danube, entre l'actuelle République tchèque et la Hongrie. Des Germains qui s'étaient installés à Ravenne se rebellent et réussissent à prendre la ville, à la suite de quoi Marc Aurèle interdit l'installation des Germains en Italie et bannit ceux qui y sont présentsModèle:Sfn.

À la suite de ces conflits, l'empereur prend les titres Germanicus (172) et Sarmaticus (175), mais, en même temps, il abandonne officiellement les titres Armeniacus, Medicus et Particus, qu'il ne souhaite plus conserver après la mort de Lucius Verus, puisque c'est à ce dernier qu'il faut attribuer leur création<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Scènes gravées dans de la roche.
Le Modèle:Citation représenté sur la colonne de Marc-Aurèle.

Dion Cassius et les autres biographes racontent également certains épisodes particuliers de la guerre, comme le prétendu Modèle:Citation, également représenté dans la Modèle:Nobr rom sur la colonne de Marc-Aurèle<ref>Modèle:Chapitre</ref>. Les Romains, entourés par les Quades en territoire ennemi et pendant une période de grande chaleur, sont sauvés, d'abord par la pluie puis par la foudre qui fait fuir les ennemisModèle:Sfn. L'événement est romancé à plusieurs occasions. Une lettre de Marc Aurèle au Sénat officialise tout d'abord que l'arrivée de la pluie est considérée comme une intervention divine, mais Marc Aurèle n'y mentionne pas de dieu précisModèle:Sfn. La version de Dion Cassius fait état de la présence d'un prêtre égyptien nommé Arnouphis dans le camp romain, priant pour l'intervention de ThotModèle:Sfn. Il est également possible qu'Arnouphis ait fait appel au dieu grec Hermès, le dieu de l'air. L’événement est repris plus tard par des apologistes chrétiens, tels que Claude Apollinaire, qui parlent alors de prières de Marc Aurèle et de ses soldats au Dieu chrétienModèle:Sfn.

Toujours en 172-173, une violente révolte éclate en Égypte. Elle est menée par le prêtre Isidore, qui vient menacer la ville d'Alexandrie. L'intervention d'Avidius Cassius et les discordes internes des rebelles conduisent cependant à la fin du conflit en peu de temps<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Enfin vers la même époque, la péninsule ibérique est le théâtre d'une incursion de maures qui nécessite la réunion des provinces de Bétique et d'Hispanie citérieure sous une même autorité ainsi que l’intervention de Iulianus, déjà vainqueur des CostobocesModèle:Sfn.

Révolte de Cassius

En 175, alors qu'il prépare une nouvelle campagne contre les habitants de la plaine de la Tisza, Marc Aurèle apprend que le gouverneur de Syrie, Avidius Cassius, l'un des meilleurs commandants militaires romains, tente d'usurper le titre d'empereur. D'après Dion Cassius, Avidius Cassius croit que Marc Aurèle est mort. Une explication très probablement inventée par Dion Cassius veut qu'Avidius Cassius aurait accepté la pourpre impériale sur ordre de Faustine, car elle croit que Marc Aurèle va mourir et craint que l'empire ne tombe entre les mains d'un autre, puisque Commode est encore trop jeuneModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Selon Benoît Rossignol, Avidius Cassius peut tenter un soulèvement principalement car il est à la tête d'une des provinces romaines les plus puissantes depuis plusieurs années et il se sent en position de force, une grande partie du blé de l'Empire romain arrivant depuis l'Égypte, province dans laquelle il était intervenuModèle:Sfn.

Avidius Cassius annonce la mort de Marc Aurèle dans sa province, le fait déifier et se présente à son armée en habits d'empereur. Des lettres sont envoyées à toutes les autres provinces romaines pour annoncer l’avènement d'un nouvel empereurModèle:Sfn. Publius Martius Verus, gouverneur de Cappadoce, une puissante province romaine voisine de la Syrie, refuse de rejoindre Avidius Cassius et informe Marc Aurèle de l'usurpation en coursModèle:Sfn.

Au début, Marc Aurèle essaye de garder secrète la nouvelle de l'usurpation, mais, quand il est obligé de la rendre publique devant l'agitation des soldats, il s'adresse à eux avec un discours (adlocutio) révélant qu'il veut éviter un bain de sang inutile entre les Romains. Mais après seulement trois mois, lorsque la nouvelle de la mort de Marc Aurèle s'est officiellement révélée fausse, le Sénat romain proclame Cassius hostis publicus, ennemi de l'État et du peuple romains. Marc Aurèle prépare alors une expédition pour contrer la rébellion et, afin d'affirmer le statut d'héritier de Commode, le fait venir de Rome pour le présente aux légions Danubiennes, lui confère la toge virile et le fait nommer prince de la jeunesseModèle:Sfn. Cependant, Cassius est tué par deux de ses propres soldatsModèle:Sfn : la tête de l'usurpateur est apportée à Marc Aurèle, comme preuve de l'exécution, mais l'empereur refuse de la voir. Un des fils d'Avidius Cassius est tué peu après son père, et l'autre est envoyé en exil par Marc Aurèle. Ce dernier refuse cependant de condamner à mort les sénateurs ayant participé à l'usurpation, principalement de peur de voir son règne terni par des actes peut-être jugés tyranniquesModèle:Sfn.

Voyage en Orient
Les deux faces d'une pièce de monnaie en or.
Aureus représentant Marc Aurèle (à gauche) et felicitas, daté de 176.

Dans la dernière décennie de son règne, alors qu'il se trouve aux frontières septentrionales de l'empire, Marc Aurèle écrit Pensées pour moi-même et retourne rarement à Rome. Malgré la mort de Cassius et afin de réaffirmer son autorité ainsi que d'asseoir la légitimité de son fils, Marc Aurèle entreprend avec celui-ci l'expédition prévue dans les provinces orientales<ref name="Astarita">Modèle:Ouvrage</ref> à la tête d'une importante armée, en compagnie de l’Augusta Faustine et de Lucilla mais aussi des comites du Consilium principis qui se sont illustrés lors des guerres marcomaniquesModèle:Sfn. Il quitte Sirmium en Modèle:Date- et passe par Byzance, Nicomédie, Prusias ad Hypium et Ancyre avant d'arriver à Tarse en Cilicie province où, selon Dion Cassius, le peuple s'était rangé du côté d'Avidius Cassius<ref name="Astarita"/>. La clémence dont l'empereur fait montre n'empêche pas que la reprise en main soit efficaceModèle:Sfn.

Au printemps 176, sur le chemin de retour vers l'Asie, Faustine, partie en avance, meurt dans un village appelé HalalaModèle:Sfn, situé un peu au-delà de Tyane en CappadoceModèle:Sfn, au pied des monts Taurus, dans des circonstances peu claires dont Dion Cassius rapporte plusieurs versions : une première émet l'hypothèse d'un suicide, motivé par le fait d'avoir passé des accords de succession avec Avidus Cassius ; une seconde met en cause la goutte ; une troisième dit que Faustine est morte en couches après une nouvelle grossesse à l'âge de quarante-cinq ansModèle:Sfn.

Statue en marbre de Marc Aurèle en toge et debout. Sa main gauche est posée sur une armure.
Statue en marbre de Marc Aurèle conservée au musée archéologique d'Istanbul (Turquie)

Après sa mort, elle est officiellement divinisée lors de cérémonies à Rome, sur ordre du Sénat. L’Augusta, qui avait souvent accompagné son mari à la guerre, est la première des impératrices romaines à recevoir le titre de mater castrorum et Halala, son lieu de décès, est rebaptisé Modèle:CitationModèle:Sfn. En son honneur, des collèges de prêtresses sont établis et les puellae Faustinianae, une institution caritative qui s'occupe des orphelines de la péninsule italienne, sont créées<ref>Modèle:Chapitre</ref>. Certaines sources anciennes, contrairement aux Pensées de Marc Aurèle, accusent souvent Faustine de débauche et d'avoir trompé son mari à plusieurs reprises, avec des marins et des gladiateurs, entretenant une Modèle:Citation basée sur des accusations probablement malveillantes : l'épisode d'un rêve de Septime Sévère, rapporté par Dion Cassius, où Faustine prépare une chambre nuptiale pour le futur empereur et Julia Domna dans le temple de Vénus — qui accueille un autel en l'honneur de Marc Aurèle et Faustine devant lequel sacrifient les jeunes gens avant de se marier — tend à montrer qu'à cette époque l'image de Faustine n'est pas encore entachée de rumeurs d'infidélitéModèle:Sfn.

Après ce décès, le princeps part pour la Syrie, s'arrêtant peut-être pour visiter la ville d'Antioche (qui s'était rangée du côté de Cassius), pardonnant à ses habitants, et y passant l'hiver. Il reprend donc son voyage pour arriver en été 176 en Égypte, où il reçoit une délégation de l'Empire parthe<ref name="Astarita"/>,Modèle:Sfn.

Au retour d'Orient, après s'être embarqué pour l'Asie Mineure, il passe par Éphèse, puis Smyrne (où il rencontre Aelius Aristide) et enfin Athènes, où le philosophe cynique Zénon de Kition a fondé en 301 Modèle:Av JC l'école stoïque, sous le célèbre portique. Il crée et finance des chaires permanentes pour chacune des grandes écoles philosophiques : platonicienne, aristotélicienne, épicurienne et stoïcienneModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En Grèce, il participe également aux rites des mystères d'ÉleusisModèle:Sfn. Au cours du voyage en Asie mineure et de l'escale à Athènes, certains pères apologistes chrétiens se tournent également vers Marc Aurèle et Commode<ref name=Astarita/>.

Co-empereur avec Commode (176-180)

Accession au pouvoir de Commode

Le Modèle:Date-, Marc Aurèle décide d'associer au trône impérial son fils Commode, le seul survivant parmi ses fils (après la mort du jeune Annius Verus et celle de quelques neveux), en le nommant Auguste et en lui accordant la puissance tribunitienne et l’imperiumModèle:Sfn. Marc Aurèle célèbre ensuite le mariage de Commode avec Bruttia CrispinaModèle:Sfn.

De retour à Rome, Marc Aurèle se consacre à l'administration de la justice, en essayant de réparer les torts et les abus du passé ; il ordonne cependant la célébration de jeux de cirque, en mettant une limite à ceux des gladiateursModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, Marc Aurèle, qui a battu les populations germaniques et sarmates au nord le long des limes du Danube, obtient par décret du Sénat romain le triomphe avec son fils Commode. En l'honneur de Marc Aurèle, une statue équestre est érigéeModèle:Sfn.

Dernière offensive en Marcomanie et en Sarmatie
Carte montrant les territoires romains en 180.
L'Empire romain en 180.

La trêve signée avec les peuples germaniques, en particulier les Marcomans, Quades et Iazigi, ne dure cependant que quelques années, jusqu'en 177. Le Modèle:Date-, Marc Aurèle est en effet contraint de marcher une nouvelle fois vers la frontière du Danube, à la suite d'un nouveau soulèvement des Marcomans. Il ne reviendra jamais à RomeModèle:Sfn. Il fait de la forteresse légionnaire de Brigetio son nouveau quartier général et c'est de là qu'il mène sa dernière campagne au printemps de 179, qui a pour but d'occuper définitivement une partie de la Germanie (Marcomanie) et de la SarmatieModèle:Sfn.

Modèle:Citation bloc

Après une victoire décisive en 178, le plan d'annexion de la Moravie et de la Slovaquie occidentale (Marcomanie), visant à mettre fin une fois pour toutes aux incursions germaniques, semble en bonne voie de réalisation, mais il est abandonné après que Marc Aurèle tombe gravement malade en 180Modèle:Sfn. Sa santé, toujours fragile et en déclin constant, semble l'avoir contraint à prendre de l'opium pour soulager les douleurs persistantes qui l'affligent depuis des années au niveau de l'estomac, un remède prescrit par Galien lui-mêmeModèle:Sfn.

Mort

Peinture montrant Marc Aurèle, au centre, très blanc dans son lit de mort entouré de plusieurs personnages, dont Commode.
Dernières paroles de l’empereur Marc Aurèle, tableau d'Eugène Delacroix réalisé en 1844.

Marc Aurèle meurt le Modèle:Date-, à l'âge de cinquante-huit ans environ. Si la date ne fait pas débat, il n'en va pas de même pour son lieu de décès, une question qui reste non tranchée entre différentes localités de Pannonie où l'empereur mène campagne contre les Sarmates : si plusieurs sources situent sans précision la mort de l'Auguste dans cette région, son contemporain, l'apologiste chrétien Tertullien, situe son décès plus précisément apud Sirmium, ce qui peut se traduire Modèle:Citation ou Modèle:Citation Sirmium (Sremska Mitrovica, dans l'actuelle Serbie), une ville qui accueillait un palais impérial et qui servait de quartier général hivernal à ses troupes<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Aurelius Victor cite lui le camp romain du nom de Vindobona ce qui correspond à l'actuelle Vienne, en Pannonie Supérieure ce dont semble également attester le Chronographe de 354 ; une assonance entre Vindobona et Bononia a amené l'historien Anthony Birley à proposer l'actuel village de Bátmonostor qui accueillait alors un fort situé à Modèle:Unité au nord de SirmiumModèle:Sfn,Modèle:Sfn mais l'hypothèse n'est pas sans poser de problèmes<ref>L'historien Péter Kovács relève en 2009 que la localité ne prend le nom de Bononia qu'à l'époque de la tétrarchie, s'appelant jusque là Malata ; cf. Modèle:Ouvrage</ref>.

On ignore les causes précises du mal qui emporte Marc Aurèle en à peine une semaine, dont la rapidité marque ses contemporains : tant la maladie que l'empoisonnement ont été évoqués<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Ainsi, bien que Dion Cassius affirme que la mort est survenue Modèle:Citation ou que l'on évoque parfois la peste qui sévit dans l'empire depuis des annéesModèle:Sfn, les hypothèses sur sa mort demeurent des conjecturesModèle:Sfn.

Ce que l'on sait de ses derniers jours est rapporté par l’Histoire Auguste<ref name=":2">Modèle:Ouvrage</ref> : commençant à se sentir malade, il appelle Commode à son chevet et lui demande d'abord de mettre fin à la guerre honorablement, afin qu'il ne semble pas avoir Modèle:Citation la Res publica. Son fils promet qu'il s'en chargera, mais il s'intéresse d'abord à la santé de son père. Il demande donc qu'il puisse attendre quelques jours avant de repartir. Marc Aurèle, sentant que ses jours sont finis et son devoir accompli, accepte comme stoïque une mort honorable, s'abstenant de manger et de boire, et aggravant ainsi la maladie pour lui permettre de mourir le plus rapidement possible. Le sixième jour, lorsqu'il appelle ses amis, il leur dit : Modèle:Citation<ref name=":2" />. Lorsqu'on lui demande à qui il recommande son fils, il répond : Modèle:Citation<ref name=":2" />. Le septième jour, son état s'aggrave et il n'admet que brièvement son fils en sa présence, le renvoyant presque immédiatement afin de ne pas le contaminer. Après la sortie de Commode, il se couvre la tête comme pour dormir, comme son père Antonin le Pieux, et meurt cette nuit-làModèle:Sfn.

Modèle:Citation bloc

Succession

Buste d'un homme barbu aux cheveux frisés avec une coiffe ressemblant à une gueule de loup.
Buste de Commode en Hercule, conservé aux musées du Capitole à Rome.

Après les funérailles, Marc Aurèle est incinéré et immédiatement déifié. Ses cendres sont transportées à Rome et placées dans le mausolée d'Hadrien, qui devient alors le tombeau familial depuis Hadrien jusqu'à Commode et, peut-être, aussi pour certains empereurs ultérieurs, jusqu'à ce que, en 410, le sac wisigoth de la ville l'endommage gravement. Ses campagnes victorieuses contre les peuples germains et les sarmates sont commémorées par la construction de la Colonne de Marc-Aurèle et d'un templeModèle:Sfn.

Marc Aurèle est remplacé par son fils Commode, qui a déjà été nommé César en 166, puis Auguste (co-empereur) en 177Modèle:Sfn. Cette décision, qui met fin à la série des Modèle:Citation, est fortement critiquée par les historiens ultérieurs, car non seulement Commode est un étranger à la politique et au milieu militaire, il est aussi décrit, déjà à un jeune âge, comme extrêmement égoïste et avec de graves problèmes psychologiques, excessivement passionné par les jeux de gladiateurs (auxquels il participe lui-même)<ref>Modèle:Lien web</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

À la fin du règne de Marc Aurèle, Dion Cassius écrit un éloge funèbre à l'empereur, tout en décrivant le passage à Commode avec tristesse et regret : Modèle:Citation bloc

Pratique du pouvoir

Statue complète d'un homme barbu aux cheveux frisés. Les mains et le nez sont manquants.
Statue de Marc Aurèle portant la toge, conservée au British Museum.

Les tâches administratives de Marc Aurèle consistent prioritairement à clarifier et améliorer le système déjà en place, la plupart de ses actes étant motivés par le mauvais état financier de l'empire : il régularise l'utilisation d'un registre de la population Modèle:Incise, système remontant à Auguste ; il crée un poste spécifiquement pour l'assignation de tutelles, géré par un sénateur romain ; il augmente considérablement le nombre de curateurs de cités, un poste qui devient un passage presque obligatoire pour quiconque désire devenir un jour sénateurModèle:Sfn.

Marc Aurèle passe également une grande partie de son règne à défendre les frontières de l'empire<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Les affaires judiciaires ont une place importante dans le règne de Marc Aurèle. Il travaille avec minutie sur chaque cas, s'aide de l'avis du conseil impérial et traite toutes les affaires avec la même attentionModèle:Sfn. Certains procès durent jusqu'à douze jours et sont parfois menés de nuit. Marc Aurèle croit fermement que chaque détail d'une affaire doit être analysé et que la moindre erreur pourrait remettre en cause le bien-fondé de sa décisionModèle:Sfn. Toutes les décisions judiciaires sont prises au nom de Marc Aurèle et de Lucius Aurelius Verus, bien que ce dernier soit très souvent en voyageModèle:Sfn. À une occasion, les empereurs établissent l'innocence d'un enfant qui a tué un parent dans un moment de folie, recourant ainsi à un premier concept de maladie mentale. Les avocats de profession qualifient Marc Aurèle d'Modèle:Citation et, comme le soutient Papinien, Modèle:Citation. Il manifeste un vif intérêt pour trois domaines du droit : la libération des esclaves, la protection des orphelins et des enfants, et le choix des conseillers municipaux (décurions). Il réévalue la monnaie qu'il a précédemment dévaluée, mais, deux ans plus tard, elle connaît une nouvelle dévaluation en raison des guerres marcomanes qui amènent une grave crise militaire au sein de l'empireModèle:Sfn,<ref>Modèle:Article</ref>.

Tandis que son frère Lucius est engagé à l'Est contre l'Empire parthe, Marc Aurèle est occupé à Rome par des questions familiales. Sa grand-tante Matidia Minor est décédée et un litige juridique pèse sur son testament, son importante succession attirant l'attention de nombreuses personnes. Certains de ses clients ont réussi à se faire inscrire dans son testament par le biais de divers codicilles. Toutefois, ces testaments ne peuvent pas être reconnus comme valables, car conformément à la lex Falcidia, Matidia doit céder au moins le quart de son héritage à l'héritier principal. Cet héritier principal n'est autre que Faustine, la femme de Marc AurèleModèle:Sfn. Fronton exhorte Marc Aurèle à poursuivre les revendications de la famille, mais ce dernier, après avoir soigneusement étudié le dossier, préfère que la décision finale, qui nous est inconnue, soit prise par son frèreModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Refn.

Marc Aurèle est souvent vu comme un empereur plus clément que ses prédécesseurs, mais sa vision sur l'esclavage n'apporte pas de réelle modification au système en place. Sur une décision de Marc Aurèle et Lucius Vérus, les propriétaires n'ont plus le droit de vendre des esclaves pour être utilisés contre des bêtes sauvages dans l'arène. Lorsqu'un esclave est lié à une affaire judiciaire, la décision ne va dans le sens de l'esclave que si elle ne lèse pas le maître. La traque d'esclave en fuite est permise, et les affranchissements par demande du peuple ou acclamation sont interdits. Marc Aurèle supprime cependant une loi rendant obligatoire la torture et la mort de tous les esclaves se trouvant dans les environs, en cas d'assassinat du propriétaireModèle:Sfn. Dans une affaire de falsification de testament portée à son attention par son ami Gaius Aufidius Victorinus, Marc Aurèle favorise un esclave, une décision citée par la suite par les juristes comme un précédent décisifModèle:Sfn.

Le règne de Marc Aurèle n'a pas d'influence sur la pratique de la torture, et elle ne lui pose certainement pas de problème puisqu'elle fait partie intégrale du système judiciaire Romain. En effet, la torture est appliquée sans hésitation, surtout contre les esclaves et les étrangers. Il est cependant mal vu de torturer un esclave pour recueillir des informations sur son maître, sauf si l'affaire concerne l'empereur ou si elle est de nature politique. La torture est également utilisée dans des affaires d’adultère, mais uniquement si l'accusateur n'est pas un membre de la familleModèle:Sfn. Pour les citoyens éminents, l'exil est généralement préféré à la tortureModèle:Sfn.

Pensées pour moi-même

Modèle:Loupe

L'œuvre

Livre ouvert avec des illustrations et du texte.
Premières pages de Pensées pour moi-même, édition en allemand datant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Lors de campagnes militaires entre 170 et 180, Marc Aurèle écrit ses pensées en grec comme source d'inspiration et d'amélioration personnelleModèle:Sfn. Le titre original de cette œuvre, si elle en avait un, est inconnu. Le titre Pensées pour moi-même, parfois simplement Pensées, est adopté plus tard. Les Pensées sont considérées comme un chef-d'œuvre de littérature et de philosophie, et contiennent les principales maximes du stoïcisme. Elles font partie des principaux ouvrages de ce mouvement philosophique, avec le Manuel et les Entretiens d'Épictète ainsi que l'œuvre de Sénèque<ref>Modèle:Lien web</ref>. Le livre fait entre autres partie des lectures de la reine Christine, de Frédéric le Grand, de John Stuart Mill, de Matthew Arnold, de Johann Wolfgang von Goethe, Giacomo Leopardi, Arthur Schopenhauer, Emil Cioran, Léon Tolstoï, Simone Weil, Michel Onfray, Wen Jiabao et Bill ClintonModèle:Sfn,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,Modèle:Sfn,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.

On ignore dans quelle mesure les écrits de Marc Aurèle sont diffusés après sa mort. Certaines références littéraires anciennes concernant la popularité de ses préceptes sont erronées, et Julien l'Apostat, qui prend Marc Aurèle comme modèle autant pour ses principes que pour ses actes, ne mentionne pas spécifiquement les Pensées pour moi-mêmeModèle:Sfn. Les premières mentions du livre, ainsi que son premier nom connu les écrits de Marc Aurèle à lui-même, proviennent d'Aréthas de Césarée au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et de la Souda byzantine. Il est publié pour la première fois en 1558 à Zurich par Guilielmus Xylander à partir d'un manuscrit perdu peu après. La plus ancienne copie manuscrite complète qui subsiste se trouve à la bibliothèque du Vatican et date du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn.

La philosophie de Marc Aurèle

Marc Aurèle semble reprendre les positions stoïques classiques, en partant de Zénon de Kition à Épictète, en soulignant le sentiment d'impuissance de l'être humain face à la divinité et au destin, et la superficialité des représentations humaines. Marc Aurèle, en tant que dernier grand philosophe stoïcien, n'a pas réellement d'apport fondamental au stoïcisme, bien que son ouvrage Pensées pour moi-même soit une synthèse complète du mouvement philosophiqueModèle:Sfn. Il s'est laissé guider par la philosophie même pendant les moments difficiles de sa vie publique et personnelle (entre autres le nombre élevé de ses enfants morts jeunes ; seul cinq de ses treize enfants ont atteint l'âge adulteModèle:Sfn), et il a pu, en tant qu'homme d'État, suivre la voie du philosophe<ref name="Perelli">Modèle:Ouvrage</ref>.

L'indifférence

Le stoïcisme et Marc Aurèle en particulier affirment que l'homme est capable de rester indifférent peu importe la situation, positive ou négative. Le bien moral et le mal moral sont les seuls concepts qui comptent ; la mort, la pauvreté, la maladie et l'échec, tout comme leurs contraires, ne doivent provoquer que de l'indifférenceModèle:Sfn. Il faut dès lors suivre sa raison et rester le même dans les moments les plus difficilesModèle:Sfn.

Modèle:Citation bloc

L'âme rationnelle et la destinée humaine

Dessin d'un homme barbu regardant par dessus son épaule droite.
Dessin d'Épictète.

Comme chez Sénèque, pour Marc Aurèle, l'âme est distincte et séparée du corps, mais elle est ensuite composée de l'âme elle-même, comprise comme l'esprit, le pneuma ou souffle vital et l'intellect ou principe directeur, siège de l'activité spirituelle. Marc Aurèle mentionne aussi souvent Épictète, avec des références au dihairesis (comprendre la nature des choses, qu'elles puissent ou non être influencées par la volonté humaine) et au prohairesis (la division pratique en choses dans nos propres facultés ou dans celles des Modèle:Citation), les facultés rationnelles humaines, qui nous permettent de discerner et de comprendre les phénomènes rationnels et irrationnels, ce que nous devons fuir ou auquel nous devons nous adapter, ou nonModèle:Sfn. Marc Aurèle fait également référence à des philosophes non stoïciens, tels que Socrate (considéré comme un exemple de rectitude morale, d'acceptation du destin et de sagesse, malgré la mesquinerie de ses adversaires), Épicure, Platon, Démocrite, Héraclite et d'autres comme des exemples de grands hommes, mais aussi de la fugacité de la gloire et de l'incertitude quant au véritable destin de l'âme humaine, voire de ces grands hommes eux-mêmesModèle:Sfn,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Modèle:Citation bloc

Rapport à la gloire

Plaquette en métal au sol sur laquelle on peut lire, en anglais, everything is only for a day both that which remembers and that which is remembered.
Citation de Marc Aurèle sur la Library Walk à New York.

Marc Aurèle rapporte à plusieurs occasions que, selon lui, la gloire est éphémère et qu'elle ne permet pas d'échapper à la mort. C'est un des rares points peu abordé par le stoïcisme que Marc Aurèle semble avoir apporté au mouvement. Il prend en exemple plusieurs grands noms oubliés et relativise sa vie par rapport à l'univers, insignifiante et si rapidement oubliéeModèle:Sfn : Modèle:Citation bloc

L'écriture comme refuge

Dans son rôle d'empereur, Marc Aurele remplit stoïquement son devoir dans son rôle politique<ref name="Perelli"/>, mais il ressent la futilité d'actions qui ne changeront pas l'irrationalité qui sévit dans de nombreux événements du monde : Modèle:Citation bloc

Postérité et représentations

Représentations artistiques antiques

La statue équestre de Marc Aurèle à Rome est la seule statue équestre romaine qui ait survécu à l'époque moderne, peut-être parce qu'elle est identifiée à tort au Moyen Âge comme une représentation de l'empereur chrétien Constantin le Grand, évitant ainsi la destruction infligée aux statues de personnages païens. Fabriquée en bronze vers 175, elle mesure Modèle:Unité et se trouve aujourd'hui dans les musées du Capitole à Rome. La main de l'empereur est tendue dans un acte de clémence offert à l'ennemi vaincu, tandis que l'expression de son visage, fatigué par le stress de mener Rome dans des batailles presque constantes, représente peut-être une rupture avec la tradition classique de la sculpture<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Depuis 2002, la statue figure sur les pièces de 50 centimes d'euro italiennes<ref>Modèle:Article</ref>.

La colonne de Marc-Aurèle, établie à Rome soit dans les dernières années de sa vie, soit après son règne et achevée en 193, est construite pour commémorer sa victoire sur les Sarmates et les tribus germaniques en 176. Une spirale de reliefs sculptés s'enroule autour de la colonne, montrant des scènes de ses campagnes militaires. Une statue de Marc Aurèle se trouvait au sommet de la colonne mais disparaît au cours du Moyen Âge. Elle est remplacée par une statue de Saint Paul en 1589 par le pape Modèle:Souverain2<ref>Modèle:Lien web</ref>. La colonne de Marc Aurèle et la colonne de Trajan sont souvent comparées par les érudits étant donné qu'elles sont toutes deux de style dorique, qu'elles ont un piédestal à la base, des frises sculptées représentant leurs victoires militaires respectives et une statue au sommet<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En 1939, un buste en or de Marc Aurèle est retrouvé à Avenches, en Suisse, dans une canalisation sous la cour du sanctuaire du Cigognier. Il y aurait été placé afin de le protéger d'une menace étrangère, peut-être à l'occasion d'une invasion des Alamans. Réalisé autour de l'an 180, il a probablement servi d'imago pour les étendards romains, puis peut-être d'image de culte pour la cité romaine d'Aventicum. Il est l'un des trois derniers bustes en or d'empereur romain ayant échappé au recyclage de l'or. Le buste est exposé pour la première fois en 1996 et est conservé par le musée romain d'Avenches<ref>Modèle:Article</ref>. En 2008, une équipe d'archéologues belges et turcs exhume les restes d'une statue géante représentant l'empereur Marc Aurèle dans les thermes romains de Sagalassos, l'actuel Ağlasun (province de Burdur) dans l'Ouest de la Turquie. Entière, la statue devait mesurer Modèle:Unité. Elle est cependant retrouvée en plusieurs morceaux ; la tête, mesurant Modèle:Unité, et le bras droit, tenant un globe, sont les seules parties dans un très bon état. Les jambes de la statue ont également été exhumées<ref>Modèle:Article</ref>. Le corps de la statue, en bronze selon le professeur belge Marc Waelkens, a probablement été pillé durant l'antiquité tardive pour être réutilisé<ref>Modèle:Article</ref>.

Réputation de Marc Aurèle

Marc Aurèle le philosophe

Marc Aurèle acquiert la réputation de philosophe roi de son vivant, et ce titre lui reste après sa mort ; Dion Cassius l'appelle Modèle:CitationModèle:Sfn,Modèle:Sfn,<ref name="Francis">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Ce titre est également donné par des chrétiens comme Justin de Naplouse, Athénagoras d'Athènes et Eusèbe de Césarée<ref name="Francis"/>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,Modèle:Sfn. Ce dernier va jusqu'à qualifier Marc Aurèle de Modèle:Citation qu'Antonin et Hadrien, et l'oppose aux empereurs persécuteurs Domitien et Néron pour rendre le contraste plus marqué<ref name="Francis"/>,Modèle:Sfn. L'historien Hérodien écrit : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. L'écrivain britannique Iain King conclut que l'héritage de Marc Aurèle est tragique, car Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Perception par le christianisme

L'impression laissée par Marc Aurèle dans le christianisme de la fin de l'Antiquité et du Moyen Âge est celle de persécuteur des chrétiens. Cependant, ses contemporains chrétiens ne réagissent pas unanimement par un rejet. Tertullien, contemporain de l'empereur et influencé par la Seconde Sophistique, le voit même comme un protecteur du christianisme, résultant de la gratitude de Marc Aurèle envers les chrétiens qui, dans la première guerre marcomane, ont supposément sauvé les romains en priant pour une pluie miraculeuse<ref>Modèle:Chapitre</ref>.

Mais la réception chrétienne à long terme est surtout influencée par le contemporain de l'empereur Constantin Eusèbe de Césarée qui, écrivant près d'une centaine d'années après son règne, décrit Marc Aurèle comme persécuteur des chrétiens en lui imputant particulièrement le martyre de Polycarpe de Smyrne — l'un des plus importants martyrs de l'histoire chrétienne<ref>Modèle:Chapitre</ref> — en 155, confondant Marc Aurèle et Antonin le Pieux qui était encore empereur à cette date<ref name=":11">Modèle:Chapitre</ref>. Eusèbe, plus soucieux de faire l'apologie des martyrs que de vérité historique, influence durablement la perception chrétienne de l'empereur<ref name=":11" /> : suivant l'apologiste, Augustin d'Hippone cite Marc Aurèle dans son ouvrage La Cité de Dieu comme le quatrième des dix plus grands persécuteurs de chrétiens parmi les empereurs romains. L'image créée par Eusèbe, celle d'un empereur de l'ancien monde ayant gagné d'importantes guerres contre les Parthes et ayant ordonné la persécution des chrétiens, survit presque tout au long du Moyen Âge<ref>Modèle:Chapitre</ref>.

Interprétations modernes

Dessin d'un homme en costume qui regarde vers sa droite. Ses cheveux sont gris et courts, il a de gros yeux et un double menton.
Edward Gibbon fait l'éloge de Marc Aurèle dans Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le nommant dans les Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.

À la Renaissance, Marc Aurèle est redécouvert et de nouveau révéré comme un souverain idéal. Dans le [[Le Prince#XIX. Qu’il faut fuir le mépris et la haine|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XIXe{{#if:|  }} }} chapitre de son ouvrage Le Prince]], Nicolas Machiavel lui rend hommage en comparant son règne à ceux de ses successeurs et des soldats-empereurs du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Marc Aurèle est le seul empereur romain à être universellement vénéré, de son vivant et après sa mort, car il prend la relève en tant qu'héritier légitime, n'a aucune dette envers les soldats ou le peuple, et peut donc les contenir tous les deux sans jamais susciter la haine ou le mépris. Selon Jörg Fündling, au siècle des Lumières, Marc Aurèle devient un auteur à la mode, notamment pour Voltaire. Modèle:CitationModèle:Sfn. Edward Gibbon, dans son célèbre ouvrage Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain en référence à Dion Cassius, exprime l'opinion que, en conséquence de la mort de Marc Aurèle, un âge d'or s'est achevé<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. En 1882, Ernest Renan clôt sa fresque Histoire des origines du christianisme avec Marc Aurèle et la fin du monde antique, un ouvrage qui, malgré quelques reproches, dépeint Marc Aurèle comme un Modèle:Citation. En plus d'offrir un ouvrage essentiel à l'étude du Christianisme à l'époque de Marc Aurèle, Renan a permis une nouvelle interprétation de l'empereur philosophe, dont la culture Modèle:Citation est vue comme l'ayant doté d'un caractère Modèle:Citation<ref>Modèle:Article</ref>.

Jean-Baptiste Gourinat se concentre sur une double vision, apparemment contradictoire, de la compatibilité entre le rôle de dirigeant guerrier et celui de philosophe, dans Pensées pour moi-même. Au début du Modèle:Nobr rom, Marc Aurèle dit Modèle:CitationModèle:Sfn. Selon sa propre évaluation, Marc Aurèle ne peut prétendre au rang et à la renommée d'un philosophe Modèle:Incise. Mais ce point de vue se retrouve ailleurs : Modèle:CitationModèle:Sfn. Pour Gourinat, ces deux points de vue ont pour conséquence que, d'une part, la vie politique de Marc Aurèle lui coûte la réputation du philosophe, mais d'autre part, elle dicte une pratique politique qui ne le tente pas d'écrire des traités ou de passer son temps sur des spéculations théoriques très éloignées de la pratique<ref>Modèle:Chapitre</ref>.

Pour Marcel van Ackeren et Jan Opsomer, Marc Aurèle ne peut être appréhendé de manière adéquate dans une perspective purement historique. On dit qu'il intéresse une multitude de disciplines, dont l'archéologie, la philosophie, la philologie, la numismatique, les sciences politiques et l'histoire du droit, comme pratiquement aucune autre figure de l'Antiquité. Les Pensées pour moi-même, la colonne de Marc-Aurèle, sa statue équestre, les monnaies très variées ainsi que les découvertes archéologiques ont nécessité et permis une recherche interdisciplinaire dans le but d'élaborer et de communiquer une compréhension multiforme de Marc Aurèle et de son impact par le biais d'une méthodologie comparative<ref>Modèle:Chapitre</ref>. Le récit de l'historien Alexander Demandt semble aller dans ce sens également, car il vise une Modèle:Citation de Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Représentations artistiques modernes

Fichier:Marcus Aurelius Distributing Bread to the People 1765 Joseph-Marie Vien.jpg
Joseph-Marie Vien, Marc Aurèle secourant le peuple, 1765, Amiens, musée de Picardie

Plusieurs épisodes de la vie de Marc Aurèle ont fait l'objet d'interprétations peintes ou sculptées à l'époque moderne, les sujets tirés de l'histoire romaine étant considérés comme propices à l'instruction et à l'élévation morale, notamment au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Une tenture sur le thème de la vie de Marc-Aurèle est tissée vers 1670 dans les ateliers anversois de Michiel Wauters, d'après des cartons d'Abraham van Diepenbeeck. Connaissant un grand succès, la tenture sera remise sur le métier de nombreuses fois jusqu'à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>M.J. de Mendonça, « As tapeçarias da história de Marco Aurelio », Boletim dos Museus Nacionais de Arte Antiga, 1, 1939, Modèle:N°, Modèle:P..</ref>. Vers 1720, le peintre italien Giambattista Tiepolo représente un monumental Triomphe de Marc Aurèle (Turin, Galeria Sabauda). Parmi les « actions généreuses » des empereurs romains peints pour la galerie du château de Choisy en 1765, le peintre Joseph-Marie Vien représente Marc Aurèle secourant le peuple (Amiens, musée de Picardie)<ref>Thomas W. Gaehtgens, Jacques Lugand, Joseph-Marie Vien, peintre du roi (1716-1809), Paris, Arthena, 1988, Modèle:P..</ref>. Alexandre Charles Guillemot peint en 1827 une Clémence de Marc Aurèle pour un mur de l'antichambre du Conseil d'État au Palais du Louvre<ref>Sébastien Allard, Le Louvre à l'époque romantique. Les décors du Palais (1815-1835), Paris, Musée du Louvre, 2006, Modèle:P.. Avec erreur sur le nom du peintre (Gautherot).</ref>. Un médaillon en bas-relief représentant Marc Aurèle soigné par Galien est réalisé par le sculpteur Louis-Aimé Lejeune pour la façade de la « nouvelle Faculté de Médecine », rue des Saints-Pères à Paris, entre 1950 et 1953. Le sujet de la mort de Marc Aurèle inspire un tableau à Pierre Félix Trezel (exposé au Salon de 1806) et à Eugène Delacroix, qui représente les Dernières paroles de l'empereur Marc Aurèle dans un tableau présenté au Salon de 1845 (Lyon, musée des Beaux-Arts).

Marc Aurèle est représenté deux fois au cinéma, dans La Chute de l'Empire romain d'Anthony Mann et Gladiator de Ridley Scott. Il est interprété respectivement par Alec Guinness et Richard Harris. Les deux films ont une trame similaire. En effet, Marc Aurèle y déshérite Commode au profit respectivement de Livius et Maximus, des personnages fictifs, ce qui entraîne son assassinat. Dans La Chute de l'Empire romain, il est empoisonné par un groupe de conspirateurs pensant bénéficier de l'accession de Commode au pouvoir, et, dans Gladiator, c'est ce dernier qui assassine Marc Aurèle en l'étouffant<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

En littérature, dans Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar imagine une longue lettre qu'Hadrien adresse à Marc Aurèle<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Hommages

L'astéroïde (7447) Marcaurèle est nommé en hommage à l'empereur<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Notes et références

Notes

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Références

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Traductions

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Bibliographie

Textes anciens

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Textes modernes

En allemand

En anglais

Articles
Ouvrages

En français

Articles
Ouvrages

En italien

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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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