Jean Perrin

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Modèle:Infobox Biographie2

Jean Baptiste Perrin, dit Jean Perrin, né le Modèle:Date de naissance à Lille en France et mort le Modèle:Date de décès à New York aux États-Unis, est un physicien, chimiste et homme politique français. Il reçoit le prix Nobel de physique en 1926. Ancien élève de l'École normale supérieure, il fut nommé chargé de cours (1898) puis professeur (1910) de chimie physique à la Faculté des sciences de Paris où il enseigna pendant 40 ans.

Dans son premier projet de recherche, Jean Perrin a entrepris de résoudre l'énigme de la nature des rayons cathodiques et des rayons X. Sont-ils lumière ou matière ? En 1895, il démontra par des expériences très convaincantes que les rayons cathodiques sont composés de corpuscules de matière chargés négativement. En 1896, il constata que les rayons X se comportent comme de la lumière ultra-violette de très courte longueur d'onde et il découvrit qu'ils ont le pouvoir d'ioniser les molécules de gaz.

Ses recherches les plus connues concernent une série d'expériences menées en 1907-1909 pour valider l'interprétation du mouvement brownien proposée par Albert Einstein en 1905 et déterminer le nombre d'Avogadro. Dans un livre intitulé Les Atomes, paru en 1913, Jean Perrin a dressé un état des connaissances en sciences physiques, incluant ses propres découvertes. Cet ouvrage de synthèse lui assura une renommée internationale. Il reçut le prix Nobel de physique de 1926 pour avoir validé scientifiquement l'hypothèse atomiste, mettant un terme définitif à la longue bataille concernant l’existence réelle des molécules.

Durant la Première Guerre mondiale, Jean Perrin a conçu et mis au point divers appareils stéréo-acoustiques pour localiser les batteries d'artillerie et les sous-marins ennemis. Après la guerre, il a poursuivi son activité pédagogique comme auteur d'ouvrages et d'articles pour les étudiants et le grand public. Parallèlement, il a consacré beaucoup d'énergie au développement, à l'organisation et à la valorisation, aussi bien culturelle qu'industrielle, de la recherche scientifique, d'abord comme conseiller, puis comme membre du gouvernement français. Il a en particulier été un des artisans majeurs de la création de l'Observatoire de Haute-Provence en 1936, du Palais de la découverte en 1937 et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en 1939.

Jean Perrin était membre de l'Académie des sciences de Paris, de la Royal Society de Londres, de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique et de bien d'autres académies. Il était Grand-officier de la Légion d'Honneur. Jean Perrin est mort en exil volontaire à New York en 1942. Ses cendres, ainsi que celles de son confrère et ami Paul Langevin, ont été transportées au Panthéon en 1948.

Biographie

Enfance et adolescence (1870-1891)

Jean Perrin naît le Modèle:Date de naissance- à Lille<ref name=":4">Modèle:Lien web.</ref>, alors que son père, le capitaine Jean Baptiste Perrin, blessé à la bataille de Saint-Privat le Modèle:Date-, est enfermé dans Metz avec l'armée du Rhin, avant d'être fait prisonnier par les Prussiens le Modèle:Date-<ref name=":0">Modèle:Lien web.</ref>. Sa mère, Thérèse Estelle Lasalle, est née de parents épiciers à Boulogne-sur-mer<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le capitaine Jean Baptiste Perrin est né à Saint Dié dans une famille de cultivateurs<ref>Article sur Jean Perrin, sur le site de Janine Tissot.</ref>. Il a été incorporé à 21 ans au Modèle:66e régiment de ligne en qualité de soldat et a gravi un à un les échelons hiérarchiques, d'abord sous-officier, puis officier avec le grade de sous-lieutenant en 1854<ref name=":0" />. Il épouse Thérèse Lasalle à Boulogne le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il est promu lieutenant en 1860, puis capitaine en 1867. Il rentre de captivité en Allemagne en Modèle:Date-. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur par décret du ministre de la Guerre le Modèle:Date-<ref name=":0" />. Il est admis à la retraite en 1874 et se retire à Lyon où il meurt en 1880 à l'âge de 59 ans. Son fils Jean n'a que 10 ans.

Jean Perrin a deux sœurs aînées : Eugénie, née en 1858, et Marie Rose, née en 1867. Eugénie épousera son cousin germain, François Leprêtre, médecin-major de Modèle:1re classe, à Lyon le Modèle:Date-. Marie Rose, institutrice, épousera Gustave Bernard, instituteur, à Sourdun. À la suite du décès de son mari, elle se remariera, le Modèle:Date-, avec Pierre Frédéric.

À la mort de son mari, Thérèse Perrin-Lasalle ne dispose que de sa pension de veuve d'officier et des revenus d'un bureau de tabacModèle:Sfn. Les ressources de la famille sont faibles. Jean est boursier de la [[Troisième République (France)|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IIIe{{#if:|  }} }} République]]. Il effectue ses études primaires au petit lycée de Saint-Rambert, devenu le lycée Jean-Perrin en 1949, et ses études secondaires au grand lycée Ampère. Il obtient le baccalauréat en lettres et en sciences, et part à Paris, où il entre en classe de mathématiques supérieures au lycée Janson-de-Sailly pour préparer le concours d'entrée à l'École normale supérieure. Il y est reçu Modèle:12e dans la section sciencesModèle:Sfn. Il fait alors son service militaire comme soldat de Modèle:2e classe au Modèle:36e régiment d'infanterie du Modèle:Date- au Modèle:Date-. Il fait par la suite 6 périodes d'exercices militaires au cours desquelles il devient officier de réserve. Il passe dans la réserve territoriale le Modèle:Date- avec le grade de lieutenant<ref name=":3">Modèle:Lien web.</ref>.

École normale supérieure et Sorbonne (1891-1914)

Thèse, mariage et premier poste d'enseignement

Jean Perrin entre à l'École normale supérieure à l'automne 1891Modèle:Sfn. Il y étudie de 1891 à 1894, date à laquelle il est reçu au concours d'agrégation de physique. Parallèlement avec ses études à l'ENS, il suit les cours à la Sorbonne où il obtient la licence ès sciences mathématiques et la licence ès sciences physiques. De 1895 à 1898, il occupe les fonctions d'agrégé préparateurModèle:Sfn tout en préparant une thèse de doctorat au laboratoire de physique de l'école, alors dirigé par Jules Violle. Il soutient sa thèse, intitulée Rayons cathodiques et rayons de Röntgen. Études expérimentales, en Modèle:Date-<ref name="These">Modèle:Ouvrage.</ref>. La même année, la Physical Society de Londres lui décerne le prix James Joule pour sa thèse.

Fichier:Jean Perrin 1908.jpg
Jean Perrin en 1908.

Il épouse Henriette Duportal, sœur d'un de ses camarades de Janson-de-Sailly, le Modèle:Date-. Henriette est bachelière, ce qui est exceptionnel à cette époque. Elle est fille d'Henri Duportal, ingénieur des Ponts et Chaussée, ardent républicain, et petite-fille d'Armand Duportal qui avait été Préfet de Haute-Garonne. Ils ont deux enfants : Aline, née en 1899, et Francis, né en 1901<ref name=":4" />. Aline épousera le peintre Charles Lapicque. Ils auront cinq enfants, dont le poète Georges Lapicque. Elle-même sera illustratrice sous le nom d'Aline Lapicque-Perrin. Francis Perrin sera physicien, spécialiste de la fission nucléaire, et haut-commissaire du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) de 1951 à 1970. Il épousera Colette Auger, fille de Victor Auger (professeur de chimie à la faculté des sciences de Paris), avec laquelle il aura trois enfants : Nils, David et Françoise.

En 1898, Jean Perrin postule à la fonction de chargé de cours de chimie-physique de la faculté des sciences de l'université de Paris. Il est en concurrence avec Pierre Curie. Bien que plus jeune que Curie, Perrin obtient le poste à la faveur de son statut de normalien et d'agrégé. Le fait que le rapporteur de sa candidature, Henri Poincaré, soit plus influent que Gabriel Lippmann, rapporteur de Pierre Curie, semble avoir aussi joué un rôleModèle:Sfn. Il devient aussi professeur à l'École normale supérieure de Sèvres en 1900 et y enseignera jusqu'en 1925.

Affaire Dreyfus

C'est en Modèle:Date- que le célèbre J'accuse d'Émile Zola, en première page de l'Aurore, déclenche l'Affaire Dreyfus. Lucien Herr, bibliothécaire de l'ENS, lance une pétition en faveur de la révision du procès, pétition qui recueille les signatures des normaliens, des professeurs, des écrivains, des journalistes, des artistes, première manifestation de ceux qu'on nommera « les intellectuels »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

C'est dans le cadre de l'École normale supérieure, et dans le contexte de l'affaire Dreyfus, que Jean Perrin s'entoure d'un groupe d'amis indéfectibles, par affinités politiques notamment : ils sont tous socialisants, et farouchement dreyfusards. Il s'agit d'Émile Borel, de Pierre et Marie Curie et de Paul Langevin. Ils militent tous à la Ligue des droits de l'homme dès sa fondation, et participent également aux premières universités populaires. Le clan Borel, Curie, Langevin et Perrin est très soudé. Le couple Borel et le couple Perrin seront d'un grand secours pour Marie Curie lors de la mort tragique de Pierre Curie en 1906 et lors de l'affaire Curie-Langevin en 1911<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Au cours de leur longue amitié, ils organiseront des dîners entre intellectuels, auxquels participent Paul Painlevé, Paul Adam, Charles Péguy, Léon Blum, Édouard Herriot, entre autres. En 1906, est créée par Borel et sous l'impulsion de ce groupe La Revue du mois, qui regroupe, dans son comité de rédaction, outre Perrin et Langevin, Aimé Cotton, Jacques Duclaux, Henri Mouton, Robert Lespieau et Louis-Jacques Simon. Blum, Painlevé et Herriot y écrivent également. En 1907, les familles du « clan » décident d'élever conjointement et eux-mêmes leurs enfants en dehors de l'institution scolaire publiqueModèle:Sfn.

Fichier:1911 Solvay conference.jpg
Les participants au premier congrès Solvay de physique, en 1911.
Assis (de g. à dr.) : Walther Nernst, Marcel Brillouin, Ernest Solvay, Hendrik Lorentz, Emil Warburg, Jean Perrin, Wilhelm Wien, Marie Curie et Henri Poincaré.
Debout (de g. à dr.) : Robert Goldschmidt, Max Planck, Heinrich Rubens, Arnold Sommerfeld, Frederick Lindemann, Maurice de Broglie, Martin Knudsen, Friedrich Hasenöhrl, Georges Hostelet, Édouard Herzen, James Jeans, Ernest Rutherford, Heike Kamerlingh Onnes, Albert Einstein, et Paul Langevin.

C'est au début du siècle aussi que se forme une communauté de vacances. En été, Jean Perrin fréquente la maison que le physiologiste Louis Lapicque a fait construire à l'Arcouest en 1902, puis celle que l'historien Charles Seignobos, a édifié peu après à proximité. Jean Perrin loue une maison modeste sans confort mais qui permet à sa famille de profiter du site exceptionnel de l'Arcouest et de la communauté des universitaires parisiens qui s'enrichit rapidement de la famille Borel et de la famille CurieModèle:Sfn. Après la guerre, Jean Perrin fait construire sa propre villa, Ti-Yann, avec l'argent du prix Nobel. Il y reçoit ses amis avec grand plaisir. Marie Curie fait aussi construire sa villa. L'Arcouest devient Sorbonne Plage.

Les Atomes

En 1907-1909, Jean Perrin publie une série d'articles sur le mouvement brownien dont il fait une synthèse sous le titre Mouvement brownien et réalité moléculaire<ref>Modèle:Article.</ref> publié dans les Annales de Chimie et de Physique en 1909. Cet article, immédiatement traduit en anglais, contribue à sa notoriété scientifique en France et à l'étranger. En 1910, Jean Perrin est promu professeur de chimie physique à la Sorbonne. En 1911, il est élu membre d'honneur de l'Institut de physique de l'université de Berlin.

Il est aussi convié au premier congrès Solvay de physique qui se tient à Bruxelles. Ernest Solvay organise ainsi le premier congrès scientifique qui rassemble une vingtaine des plus grands physiciens de l'époque. Les congressistes doivent envoyer leur communication en avance pour qu'elles soient distribuées aux participants avant la réunion. La conférence de Jean Perrin, intitulée Les preuves de la réalité moléculaire, est si claire et argumentée que tous les participants sont convaincus de l'existence des atomes, même les plus sceptiques. En particulier, Wilhelm Ostwald qui, comme chimiste, n'a pas participé à la réunion et qui avait été un opposant déterminé à l'atomisme défendu par son collègue Ludwig Boltzmann, s'est déclaré converti à la lecture de la communication de PerrinModèle:Sfn. Henri Poincaré, jusqu'alors sceptique sur l'existence des atomes, avoue, après avoir entendu l'exposé de Perrin, que Modèle:Citation.

Jean Perrin veut communiquer sa conception atomique ou moléculaire de la matière à l'ensemble des citoyens éclairés en publiant son livre Les Atomes en 1913, livre aussi traduit en plusieurs langues. Jean Perrin est nommé Chevalier de l'ordre de la Légion d'Honneur le Modèle:Date-<ref name="Eleonore">Modèle:Lien web.</ref>.

Première Guerre mondiale

À la déclaration de guerre, Jean Perrin a 43 ans. Il ne semble pas avoir été rappelé dans une unité de l'armée. Au cours de l'été 1914, les physiciens français se mobilisent pour apporter leur concours à la défense nationale. Jean Perrin, Paul Langevin, Ernest Esclangon, Aimé Cotton orientent les recherches de leurs laboratoires vers la détection du son émis par les batteries d'artillerie et les sous-marins en vue de les localiser et de les neutraliser. Pierre Weiss, qui enseigne à Zurich, rejoint Cotton à l'ENS. Ensemble, ils développent le système Cotton-Weiss<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Sur intervention de Painlevé, des essais sont réalisés sur le front et se révèlent satisfaisants. Mais l'Administration de la Guerre se désintéresse de ces dispositifs "expérimentaux" et interdit même aux scientifiques l'accès au front, ce qui scandalise les parlementaires. Après la démission du gouvernement en Modèle:Date-, Paul Painlevé devient ministre de l'Instruction publique. Il crée la Direction des inventions intéressant la défense nationale. Il nomme Borel et Perrin, respectivement, chef et chef adjoint du Cabinet technique, et Jules-Louis Breton, chef de la Commission des inventions, organisme créé en 1877 mais peu actif jusqu'alors et désormais rattaché à la Direction des inventions. La grande nouveauté de cette Direction est qu'elle dispose d'un budget important. Les chercheurs doivent adresser leurs projets et le Grand Quartier Général doit adresser ses besoins au Comité technique. C'est donc Borel et Perrin qui opèrent un premier tri des offres et des demandes, et les transmettent à la Commission des inventions (Breton) qui procède à la sélection finale à travers 7 jurys d'experts. En Modèle:Date-, Painlevé quitte le gouvernement. Jules-Louis Breton devient secrétaire d'État aux inventions dans le nouveau ministère de l'artillerie et des munitions, dirigé par Albert Thomas. Jean Perrin quitte ses fonctions politiques. Il reste très marqué par cette expérience sous la tutelle de Painlevé, de sept ans son aîné, dont il admire l'expérience et la vision politique. Il retourne à plein temps au laboratoire.

Pendant ce temps, le système de localisation Cotton-Weiss se révèle moins efficace face aux nouveaux canons allemands. Lorsque les obus sont animés d'une vitesse supérieure à la vitesse du son, il se crée une onde de choc qui a été décrite dès 1886 par le physicien autrichien Ernst Mach. Cette onde de choc, ou onde de Mach, accompagne le projectile le long de sa trajectoire et se superpose à l'onde de bouche, c'est-à-dire à l'onde sonore émise au moment où le projectile quitte le canon. Le mathématicien Ernest Esclangon s'attache à définir les équations de propagation de ces deux ondes sonores pour améliorer la détection de l'onde de bouche, seule informative de la position des batteries.

Langevin, professeur à l'École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris, s'intéresse à la détection des sous-marins et met au point un système de détection précurseur du sonar. Jean Perrin retrouve l'uniforme en Modèle:Date-. Il est affecté avec son grade, par décision présidentielle, à la section technique du Génie<ref name=":3" />. Il développe des appareils qu'il nomme géophones et myriaphones. Les géophones sont des détecteurs d'ondes sonores transmises par le sol, qui, correctement positionnés, doivent permettre de déterminer le lieu d'émission. Les myriaphones sont des détecteurs d'ondes sonores dans l'air, composés de 6, 6 x 6 = 36 ou 6 x 7 = 42 cornets hexagonaux assemblés en nid d'abeille. Le montage de ces ensembles par paires horizontales ou verticales permet de déterminer la direction de la source sonore. Ils sont appliqués à la détection des avions à la fin de la guerre. Ces systèmes, conçus pour la réception des bruits, peuvent aussi être utilisés comme haut-parleurs (et appelés familièrement clairons des tranchées) pour transmettre des messages sur la ligne de front<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

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Jean Perrin tente d'appliquer le même principe avec des hydrophones pour la détection des sous-marins. C'est d'ailleurs par décret du ministre de la Marine qu'il est promu au grade d'officier de la Légion d'Honneur en 1920 avec la mention suivante Modèle:Citation bloc

Fin 1915, lorsque le Haut commandement s'avise de l'importance du rôle que jouent les savants dans l'armée allemande, il décide de retirer du front les savants français pour qu'ils contribuent à l'effort de guerre selon leurs compétences. Cependant, à la fin de la guerre, 40 % des anciens étudiants de la Sorbonne et 50 % des anciens de l'ENS sont morts au combat. Il faut donc déployer des efforts importants pour reconstruire la recherche et l'enseignement universitaire français<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Fichier:Third Solvay Conference, 1921.jpg
Les participants au troisième Congrès Solvay de physique, en 1921.

Années 1920-1939

Prix Nobel

En 1920, Jean Perrin adhère à la Confédération des travailleurs intellectuels, créée par son ami Jean Borel pour voir Modèle:Citation

En 1921, il participe au troisième Congrès Solvay de physique sur le thème Atomes et électrons. A ce premier congrès scientifique de l'après-guerre, les scientifiques allemands sont bannis<ref>Modèle:Article.</ref>. Il participe l'année suivante au premier Congrès Solvay de Chimie, où il rencontre, entre autres, Sir William Henry Bragg, Svante Arrhenius et Frederick Soddy. Il participe ensuite aux Congrès Solvay de 1925 et de 1928.

En 1921, au cours d'une cérémonie à l'Opéra en hommage à Marie Curie, Jean Perrin prononce un discours dans lequel il expose pour la première fois ce que devrait être une politique scientifique pour la France. Il estime que le développement de la science est indispensable au progrès humain et économique. Il considère que c'est sa mission d'œuvrer en ce sens. Modèle:Citation (Pascal Ory)Modèle:Sfn.

Fichier:Nobel JPerrin.png
Certificat Nobel
de Jean Perrin (en suédois).

Jean Perrin, candidat à l'Académie des sciences<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, est élu le Modèle:Date- dans la section de Physique générale, avec une voix de plus que son concurrent, Charles Fabry<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Il reçoit le prix Nobel de physique de 1926 Modèle:Citation Plus explicitement, le jour de la remise du prix, Carl Benediks, membre du comité Nobel qui avait défendu sa candidature, précisa que Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>.

Création de deux instituts de recherche

Jean Perrin obtient de l'université de Paris la création d'un Institut de chimie physique avec l'appui du député Léon Blum. L'Institut est construit entre 1922 et 1926 à proximité de l'Institut du radium créé pour Marie Curie en 1909, sur un terrain que l'université avait acquis en 1906 grâce à un don du Prince de Monaco. Jean Perrin s'implique personnellement dans les plans, la construction et la décoration. À partir de 1926, Perrin donne ses cours de chimie physique dans le bel amphithéâtre de l'Institut, décoré d'une fresque de Louis MénardModèle:Sfn. À peine le chantier de l'Institut de chimie physique terminé, Jean Perrin lance la construction de l'Institut de biologie physico-chimique avec le financement de la Fondation Rothschild.

Le baron Edmond de Rothschild Modèle:Citation. Il comprit, après la guerre, qu'il était nécessaire à la France de joindre la Science à l'Industrie, comme l'avaient fait les Allemands. Modèle:Citation En 1921, il expose ses projets à Paul Appell, Pierre Weil et André Job. Mais ces universitaires, constatant l'état de pénurie des laboratoires et l'absence de soutien aux jeunes chercheurs, persuadent Edmond de Rothschild de subventionner des chercheurs et les laboratoires existants plutôt que de créer de nouveaux laboratoires. La Fondation Rothschild est donc créée. Dans le comité d'administration siègent des représentants de la science appliquée tel Henry Le Chatelier, et des représentants de la science « pure » comme Jean PerrinModèle:Sfn. La fondation participe au mécénat qui se substitue à l’État pour financer la recherche publique. En 1925, le mécénat privé distribue Modèle:Nb en complément du million de francs accordé par l’État aux laboratoires universitaires.

Le Modèle:Date-, Paul Appel, président de la Fondation Rothschild, Charles Moureu et Jean Perrin présentent, dans une note à l'Académie des sciences, la création d'une seconde Fondation Rothschild destinée à l'établissement d'un Institut de biologie physico-chimique. Les plans de cet Institut sont établis par Jean Perrin (physique), André Mayer (biologie), André Job (chimie) auxquels se joindra Pierre Girard, en collaboration étroite avec les architectes. Malheureusement, André Job meurt le Modèle:Date-. Pierre Girard fait part de sa surprise et de son admiration pour Jean Perrin : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le bâtiment est terminé fin 1928. Il est alors équipé et les chercheurs sont recrutés. L'Institut est inauguré une première fois en Modèle:Date- pour les chercheurs, une seconde fois en janvier pour le conseil d'administration et une troisième fois pour les journalistes, en Modèle:Date-.

En 1932, la deuxième fondation Rothschild absorbe la première. Les nouveaux statuts de la Fondation stipulent que Modèle:Citation Le métier de chercheur à plein temps est créé. La Fondation consacre tous ses moyens au financement de l'Institut. Elle ne soutient plus la recherche extérieure, notamment la recherche appliquée. L'organisation et les principes de fonctionnement de l'Institut préfigurent ceux qui régiront le CNRSModèle:Sfn.

L'Institut de biologie physico-chimique a des moyens financiers très importants. Modèle:Citation En pratique, il y a eu très peu de collaborations et les chercheurs travaillaient chacun dans son coin. Le seul moment d'échange était le séminaire hebdomadaire pendant lequel certains chercheurs présentaient leur travail devant les Tétrarques, c'est-à-dire Jean Perrin, Georges Urbain (chimiste, qui avait remplacé André Job), André Mayer et Pierre Girard qui formaient le conseil de directionModèle:Sfn.

Sous-secrétaire d'État à la recherche

Jean Perrin adhère à l'Union rationaliste dès sa création en 1930 et est membre du conseil de direction. Cette organisation se fixe pour programme de Modèle:Citation

Jean Perrin et ses amis réussissent à faire voter par la Chambre des députés la loi le Modèle:Date-, par laquelle sont créées la Caisse nationale des lettres et la Caisse nationale des sciences. Il persuade Édouard Herriot de se faire l'avocat d'un financement important de la Caisse nationale des sciences. Ce qu'il obtient en juin avec le vote d'un budget de 5 millions de francs. En 1933, il fédère ses collègues de toutes les disciplines scientifiques pour réclamer la création du Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique, et obtenir une augmentation de l'enveloppe des crédits pour la recherche.

En 1933, Hitler prend le pouvoir en Allemagne et Staline promeut l'image de l'URSS, patrie du communisme, tout en procédant à des purges de grande envergure loin des yeux de l'Occident. Pour la gauche française, le climat est donc à la peur du fascisme et à la séduction du communisme. Victor Basch rameute les intellectuels dreyfusards et crée en Modèle:Date- le Comité de vigilance des intellectuels anti-fascistes. Jean Perrin adhère immédiatement au mouvement tout comme son ami Paul Langevin. Cependant, à la différence de celui-ci, il garde ses distances avec le communismeModèle:Sfn.

En 1936, dans le gouvernement Léon Blum, un sous-secrétariat d'État à la recherche scientifique est créé auprès du ministre de l'Éducation nationale, Jean Zay. Le sous-secrétariat est attribué à Irène Joliot-Curie. Lorsque celle-ci démissionne en août, Jean Perrin est nommé à sa place. Il organise alors le Service central de la recherche scientifique. Il en confie la direction à Henri Laugier et prend lui-même la présidence du conseil d'administration. Le nouveau service a la faculté de recruter des chercheurs et des techniciens. Il est doté d'un budget important qui lui permet de financer des grands projets. Sa fusion avec le Centre national de la recherche scientifique appliquée en 1939 conduit à la création de CNRS.

Il s'oppose aux accords de Munich signés par le gouvernement français avec le régime hitlérien<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Dans les années 1930, Henriette Perrin-Duportal publie chez Nathan, sous son nom de jeune fille, une série de livres pour enfants autour du personnage de Georgie, qui est un avatar de son petit-fils Georges LapicqueModèle:Sfn. Elle meurt le Modèle:Date-.

Seconde Guerre mondiale

Le CNRS est créé par décret le Modèle:Date-, un mois après la déclaration de guerre. Le nouvel organisme est constitué de la fusion de trois institutions : la Caisse nationale, le Service central et le Haut Conseil pour la recherche scientifique appliquée<ref name="ComiHistoCNRS art.2">Modèle:Article.</ref>.

Le Modèle:Date-, Jean Perrin, accompagné de sa collègue Nine Choucroun, quitte Paris avec le gouvernement, qui se réfugie à Bordeaux devant l'avancée allemande. Le Modèle:Date-, il embarque à bord du paquebot Massilia, à destination de Casablanca. Le navire est en rade et l'embarquement se fait en chaloupe. Marcelle Huisman, citée par Micheline Charpentier-MorizeModèle:Sfn, témoigne : Modèle:Citation. Jean Perrin revit donc explicitement l'humiliation de son père, fait prisonnier à Metz, au moment de sa naissance.

Casablanca, Alger

Le but de Jean Perrin, comme celui des ministres, députés et hauts fonctionnaires qui se rendaient au Maroc, était de constituer un gouvernement et une administration française non vichyste en dehors de la métropole. Arrivés à Casablanca, ils déchantent car l'administration locale, acquise au maréchal Pétain, isole immédiatement les politiques et les renvoie en France. Jean Perrin reste libre de ses mouvements mais il constate qu'aucune organisation libre ou résistante ne peut prendre corps au Maroc. Commence alors une errance dans l'incertitude qui dure 18 mois. Il quitte Casablanca et gagne Alger où il s'embarque pour Marseille avec les HuismanModèle:Sfn. Il se réfugie à Lyon, probablement dès Modèle:Date-. Il est admis à la retraite le Modèle:Date-. Francis Perrin, son fils, se porte candidat à la chaire de chimie-physique de la Sorbonne. Le conseil de la faculté des sciences de Paris choisit Jean Thibaud pour le remplacer (par 18 voix contre 13)<ref>Lettre du Modèle:Date- de Francis Perrin à Jean Perrin, Fonds Jean Perrin, Archives de l’Académie des sciences, cote 54 J, dossier 5.</ref>. Francis Perrin informe son père de ces événements. Comme la direction du laboratoire est aussi remise à Thibaud, Francis récupère les affaires personnelles que son père avait laissées dans son bureau (lettre de Francis à Jean Perrin du Modèle:Date-). Francis félicite son père d'avoir rédigé plusieurs fascicules. Il s'agit probablement des chapitres de son traité de Physique générale, intitulé À la surface des choses, qui paraîtront chez Hermann en 1941. En Modèle:Date-, Francis informe son père qu'il attend son visa pour les États-Unis. Il semble que Jean Perrin mûrit à ce moment le dessein d'émigrer lui aussi aux États-Unis.

Retour à Lyon

À la fin Modèle:Date-, Émile Borel et son épouse viennent passer trois jours à Lyon en compagnie de Jean Perrin qui les quitte à la gare de Perrache comme s'il s'en allait définitivement vers le Sud-Ouest<ref name=":1">Modèle:Lien web.</ref>. Mais il est revenu car Jean Cabannes rapporte avoir été témoin d'un entretien émouvant entre Charles Fabry et Jean Perrin, près de Toulon, à la fin de l'automne, la veille du départ de ce dernier<ref name=":2">Modèle:Lien web.</ref>. Modèle:CitationModèle:Sfn. Jean Perrin et Nine Choucroun embarquent, probablement à Lisbonne, sur le SS Excambion et débarquent à New York le Modèle:Date-<ref>Diane Dosso, « Le plan de sauvetage des scientifiques français, New York, 1940–1942 », Revue de synthèse, Modèle:Vol.127, no 2, octobre 2006, Modèle:P..</ref>. Georges Huisman, haut fonctionnaire, et son épouse ont décidé de rester en France pour combattre l'ennemi de l'intérieur. Jean Perrin a décidé de combattre de l'extérieur : Modèle:CitationModèle:Sfn.

Mort à New York

À New York, Jean Perrin est accueilli par Louis Rapkine, qui était chercheur à l'Institut de biologie physico-chimique depuis 1931 et qui a organisé l'exode des scientifiques allemands vers la France, puis des Français vers les États-Unis. Avec Rapkine, il fonde l'"École libre des hautes études de New York" dont il devient président. Lors de l'inauguration, le Modèle:Date-, il déclare : Modèle:Citation

Jean Perrin meurt trois semaines plus tard. Par une petite annonce parue dans le JAMA<ref>Modèle:Article.</ref>, on apprend que Jean Perrin vivait chez son fils, Francis Perrin, visiting professor de physique et de mathématiques à l'Université Columbia, et qu'il est mort le Modèle:Date de décès- au Mount Sinai Hospital. Henri Focillon, qui enseigne à Yale à New Haven mais ne peut pas se déplacer, rédige le discours qui est lu aux funérailles de Jean Perrin à New York. Un hommage lui est rendu par Ernest Esclangon à l'Académie des sciences, le Modèle:Date-<ref>Modèle:Article.</ref>, ainsi que par J. S. Townsend à la Royal Society, le Modèle:Date-<ref name=":5">Modèle:Article.</ref>. Louis de Broglie lui consacre un éloge plus développé devant l'Académie des sciences le Modèle:Date-<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Au Panthéon

Fichier:Interior of Panthéon 9, Paris 29 September 2012.jpg
Tombe de Jean Perrin au Panthéon de Paris.

En 1948, le cercueil de Jean Perrin est transféré de New York à Montréal où le croiseur Jeanne d'Arc le prend en charge pour le rapatrier. Le Modèle:Date-, il est accueilli à Brest par sa famille, quelques amis et Jean Cabannes, représentant l'Académie des Sciences<ref name=":2" />. Le lendemain, le cercueil est reçu solennellement dans la cour d'honneur de la Sorbonne<ref name=":1" />. Le Modèle:Date-<ref>Les Lettres françaises, numéro du 18 novembre 1948, sur le site Gallica.</ref>, ses cendres, ainsi que celles de son confrère et ami Paul Langevin, sont transportées au Panthéon de Paris<ref>Jean Perrin et Paul Langevin au Panthéon, par C.G. Bossière, Le Monde, 12 novembre 1948.</ref> à l'issue de funérailles nationales<ref>Modèle:Article.</ref>.

Colloques tenus en mémoire de Jean Perrin

Un hommage national a été rendu à Jean Perrin le Modèle:Date-, à l'occasion du Modèle:20e anniversaire de sa mort. Louis de Broglie a fait un discours au Panthéon. Francis Perrin a retracé les grandes lignes de l'œuvre scientifique de son père par une conférence dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. Enfin, Jean Coulomb a rappelé le rôle de Jean Perrin dans la fondation du CNRS<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Le centenaire de la naissance de Jean Perrin a été célébré par un colloque à l'Académie des sciences, le Modèle:Date-, au cours duquel trois orateurs ont exposé différents aspects de son œuvre scientifique :

Chronologie

Jean Perrin professeur

Modèle:Citation bloc

Le Modèle:Date-, lors des funérailles nationales, deux de ses anciens élèves témoignent. D'abord, (Edmond Bauer cité dans Charpentier-Morize, 1997Modèle:Sfn) : Modèle:Citation bloc

Un autre de ses anciens élèves, Pierre Girard (cité dans Charpentier-MorizeModèle:Sfn), se souvient : Modèle:Citation bloc

Dans son hommage devant la Royal Society, le Modèle:Date-, J. S. Towsend témoigne<ref name=":5" /> : Modèle:Citation bloc

Modèle:Citation

Œuvre scientifique

Thèse: Rayons cathodiques et Rayons de Röntgen

En Modèle:Date-, Jean Perrin obtient le doctorat ès sciences physiques en soutenant, devant la faculté des sciences de l'université de Paris, une thèse intitulée Rayons cathodiques et rayons de Röntgen. Étude expérimentale.

Nature corpusculaire des rayons cathodiques

Fichier:JeanPerrin-Thèse-1897-Fig2.png
Figure 2 de la thèse de Jean Perrin.
Schéma d'un tube de Crookes construit spécialement pour démontrer que les rayons cathodiques sont des corpuscules de matière chargés négativement. Le tube contient un récepteur cylindrique ABCD, relié à un électromètre à feuilles d'or extérieur au tube. Le récepteur est lui-même placé dans un cylindre EFGH servant de cage de Faraday et d'anode. N est la cathode.

Un tube de Crookes est un tube à décharge, c'est-à-dire une ampoule en verre munie de deux électrodes, une anode et une cathode, dans laquelle est établi un vide partiel (Modèle:Nb à Modèle:Nb). Lorsqu'un fort champ électrique (Modèle:Nb) est appliqué entre les électrodes, des rayons cathodiques sont émis en ligne droite par la cathode. Quand ces rayons (invisibles) frappent le verre de l'ampoule, ils provoquent une lumière fluorescente jaune-verte. Lorsqu'on interpose un objet opaque entre la cathode et le verre, on observe l'ombre portée de l'objet sur le verre. Depuis les expériences de Crookes en 1875, les physiciens ont tenté de déterminer la nature des rayons cathodiques sans vraiment y parvenir. Les Anglais (et William Crookes lui-même) penchaient pour un flux de particules chargées négativement, sans pouvoir en faire la démonstration irréfutable. Les allemands, Heinrich Hertz et son élève Philipp Lenard, ont envisagé cette hypothèse et ont tenté de dévier les rayons avec un champ électrique perpendiculaire à leur trajet. Mais l'expérience n'a pas été concluante (sans doute le vide de leur tube était-il insuffisant). Ils en ont déduit que les rayons étaient de nature ondulatoire comme les ondes électromagnétiques. Cependant, en 1895, au moment où Jean Perrin commence ses expériences, le physicien néerlandais Hendrik Lorentz maintient l'hypothèse corpusculaire sans en apporter la preuve. Jean Perrin part de l'hypothèse que les rayons cathodiques sont constitués de corpuscules chargés négativement et s'attache à en fournir la démonstration à l'aide de deux dispositifs expérimentaux qu'il construit méticuleusement.

Fichier:JeanPerrin-Thèse-1897-Fig3.png
Figure 3 de la thèse de Jean Perrin.
Schéma d'un autre tube de Crookes dans lequel sont placés une anode-grille P et un fil A perpendiculaire au trajet des rayons cathodiques. Représentation du trajet des rayons cathodiques lorsque le fil A est neutre (<math>\alpha</math>), chargé négativement (<math>\beta</math>) et chargé positivement (<math>\gamma</math>). La position de l'impact des rayons sur le tube est détectée par la fluorescence du verre.

Dans le premier (Figure 2, ci-contre), les rayons issus de la cathode, à droite, sont reçus dans un cylindre creux ABCD, lui-même à l'intérieur d'un cylindre plus grand EFGH, relié à la terre, qui forme écran aux charges extérieures (cage de Faraday). La plaque frontale FG du grand cylindre, qui sert d'anode, est percée d'un petit trou pour laisser passer les rayons. Le petit cylindre intérieur (récepteur de Faraday) est relié à un électromètre à feuilles d'or. Après décharge, l'électromètre indique que des charges électriques ont été véhiculées par les rayons. Ces charges s'étant déplacées de la cathode vers l'anode sont de signe négatif. Lorsqu'un champ magnétique est appliqué perpendiculairement au trajet des rayons, l'électromètre ne reçoit plus de charge et la face FG du cylindre, qui a été préalablement recouverte de poudre fluorescente, brille fortement.

Dans la deuxième expérience, Jean Perrin utilise le dispositif décrit à la figure 3, ci-contre. Les rayons cathodiques, c'est-à-dire les corpuscules électrisés négativement, accélérés par la différence de potentiel entre la cathode N et l'anode P, traversent l'anode P constituée d'une grille métallique et poursuivent leur trajectoire jusqu'à la paroi de l'ampoule qui s'illumine. Lorsque le fil A, placé transversalement au flux de particules, est porté à un potentiel négatif par rapport à l'anode, le flux se sépare en deux courants qui divergent. Lorsque le fil A est porté à un potentiel positif par rapport à l'anode, les deux composantes du flux convergent.

Ces expériences ont montré de façon convaincante que les rayons cathodiques sont constitués d'un flux de particules chargées négativement qui sont libérées de la cathode au moment de la décharge. Malheureusement, ces observations sont restées qualitatives. Jean Perrin avoue lui-même qu'il a eu des difficultés à maîtriser le vide dans ses tubes et le potentiel électrique appliqué aux électrodes. C'est grâce à la maîtrise de ces paramètres que Joseph John Thomson pourra établir, en 1897, le rapport masse/charge de l'électron et découvrir qu'il s'agit d'une nouvelle particule de masse plus de 1000 fois plus petite que celle de l'atome d'Hydrogène.

Nature ionisante des rayons de Röntgen

Alors que Jean Perrin travaille sur les rayons cathodiques, la nouvelle de la découverte des rayons X par Wilhelm Röntgen fait la une des journaux d'Europe. Le Modèle:Date-, l'"Opinion" (Bruxelles) écrit: Modèle:Citation Le Modèle:Date-, le Petit Parisien s'enthousiasme pour les photographies du savant physicien qui circulent à Vienne depuis quelques jours: Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Fichier:JeanPerrin-Thèse-1897-Fig7.png
Figure 7 de la thèse de Jean Perrin.
Dispositif utilisé pour démontrer que les rayons X ionisent les gaz. Enceinte blindée (B) contenant la bobine de Ruhmkorff et le tube à rayons X. AA et A'A', plaques d'un condensateur éloignées de 1 cm. En bas, électromètre à cadrans. À gauche, coupe reliée à la terre (sol).

Jean Perrin réoriente aussitôt sa recherche vers l'exploration des propriétés de ces nouveaux rayons, sans même publier l'intégralité des résultats obtenus sur les rayons cathodiques. Il dispose des appareils nécessaires à cette recherche puisque les rayons X sont produits par les tubes de Crookes. Il confirme que Modèle:Citation. Il teste le degré d'opacité de différents matériaux. Les métaux lourds (Au, Pb, Hg) sont très opaques, les métaux usuels (Cu, Fe, Zn) le sont moins. L'aluminium et le verre encore moins. Les os sont peu opaques, mais plus opaques que la chair, le bois ou la paraffine. Plusieurs physiciens, dont Ernest Rutherford, avaient constaté que les rayons X provoquent la décharge des corps électriquement chargés, alors qu'ils ne sont pas eux-mêmes chargés et sans qu'ils touchent les objets chargés, une action à distance semblait-il. Jean Perrin fait plusieurs expériences et donne une explication de ce mystère qu'il appelle l'"Effet gaz". Dans le dispositif de la figure 7, il enferme la bobine de Ruhmkorff et le tube à rayons X dans une enceinte totalement blindée. Avant d'activer la décharge de rayons X, il charge les plaques AA et A'A' d'un condensateur en fermant l'interrupteur P, puis l'ouvre: les plaques sont chargées, l'une de charges positives, l'autre de charges négatives. Il fait alors passer le faisceau de rayons X entre les deux plaques. Il constate à l'aide d'un électromètre que les plaques se déchargent.

Fichier:JeanPerrin-Thèse-1897-Fig9.png
Figure 9 de la thèse de Jean Perrin.
Partie du dispositif pour démontrer l'ionisation de l'air par les rayons X. AA et A'A' sont les plaques d'un condensateur. La plaque AA est découpée de telle sorte qu'un disque <math>\alpha\beta</math> soit tenu isolé électriquement du reste de la plaque AA.

Il fait une seconde expérience. Un disque <math>\alpha\beta</math> est découpé dans la plaque inférieure AA du condensateur et maintenu en place sans contact avec le reste de la plaque AA. Il fait passer un faisceau de rayons X transversalement au plan de la figure aux endroits notés <math>a</math>,<math>b</math> ou <math>c</math>. Lorsque le faisceau passe en <math>a</math> ou en <math>b</math>, la plaque <math>\alpha\beta</math> se décharge. Lorsque le faisceau passe en <math>c</math>, la plaque <math>\alpha\beta</math> garde sa charge. Il y a donc un effet fortement local. L'air situé dans les lignes de champ électrique entre les deux plaques se comporte comme un conducteur quand il est traversé par les rayons X. L'air contigu à la région traversée par les rayons reste isolant, à condition que l'air soit stable, sans courant d'air. Jean Perrin interprète ainsi ses expériences : Modèle:Citation Comme ni l'existence de l'électron, ni la structure de l'atome n'étaient connu, Jean Perrin précise en note que Modèle:Citation Il publie ce travail en 1896<ref>Modèle:Article.</ref>.

Jean Perrin analyse ensuite ce qui se passe quand les rayons X frappent directement une surface métallique. Il constate une ionisation superficielle du métal qu'il nomme Effet métal<ref>Modèle:Article.</ref>. Il conclut : Modèle:Citation<ref name="These" />.

Existence des atomes

Modèle planétaire

L'existence des atomes ne fait pas de doute pour Jean Perrin. En 1901, il est le premier à esquisser un modèle atomique qui sera repris par Ernest Rutherford en 1911 puis par Niels Bohr en 1913. Dans la Revue scientifique, revue aussi appelée Revue rose et destinée au public cultivé, il expose diverses expériences en faveur de l'existence des atomes, notamment ses expériences et celles de Joseph John Thomson sur les rayons cathodiques d'où il résulte que Modèle:Citation

Jean Perrin fait ensuite le rapprochement entre les électrons (corpuscules ou projectiles cathodiques) et les ions (positifs ou négatifs) qui sont séparés dans l'électrolyse des solutions salines. Ces ions sont des atomes dont la masse est associée à des charges électriques positives qui sont incomplètement équilibrées par des corpuscules négatifs.

Modèle:Citation bloc

Il fait ensuite une allusion aux différents niveaux d'énergie nécessaires pour détacher un corpuscule de son atome et il suggère que ces niveaux d'énergie pourraient être en relation avec la longueur d'onde des raies d'émission.

Modèle:Citation bloc

Jean Perrin a donc formulé ce qui est universellement appelé le modèle de Rutherford, dix ans avant Rutherford. L'hypothèse de Jean Perrin était fondée sur une synthèse hardie des expériences sur les rayons cathodiques et les expériences sur l'électrophorèse. Rutherford a été amené à concevoir le modèle planétaire pour rendre compte de ses expériences de bombardement d'une feuille d'or avec des particules alpha. Les dernières considérations de Jean Perrin sont proches des arguments qui feront la force du modèle de Bohr.

Atomisme et anti-atomisme

Au XIXeme siècle, l'identification progressive des éléments et de leurs règles d'assemblage pousse les chimistes à s'affranchir des symboles de l'alchimie et à inventer une nouvelle représentation des molécules et des réactions chimiques. C'est ainsi que John Dalton introduit, à partir de 1807, des symboles pour chaque élément connu et leur associe une masse atomique qui est un multiple de la masse de l'Hydrogène. À partir de 1814, Jöns Jacob Berzelius propose la notation chimique moderne dans laquelle les éléments sont représentés par un symbole (O pour l'Oxygène, Pb, pour le Plomb, Fe pour le Fer, etc.) accompagné d'un nombre indiquant la proportion dans laquelle l'élément est présent dans la molécule (H2O, Fe2O3). Au delà de la différence des symboles, la signification de la représentation de Dalton et celle de Berzélius diffère totalement. Pour Dalton, il s'agit de représenter des atomes dont l'existence ne fait pas de doute. Pour Berzélius, les formules ne sont qu'une commodité à laquelle il ne faut accorder aucune existence réelle. Et pour bien marquer ses conceptions, il choisit comme masse de référence, celle de l'Oxygène, à laquelle il donne la valeur arbitraire de 100. Berzélius reste fidèle à Emmanuel Kant qui distingue les connaissances directement accessibles (les phénomènes), qui relèvent de la science, des connaissances inaccessibles (les noumènes), qui relèvent de l'imagination et doivent demeurer en dehors du champ scientifique<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Fichier:Loschmidt's molecular models.jpg
Modèles moléculaires de Loschmidt.
Fig. 70, Propenal (acroléine);
Fig. 115, Allylamine;
Fig. 140, Ethanedinirile (cyanogène);
Fig. 328a, Dioxyde de soufre

August Kekulé, chimiste prussien, le pape de la chimie européenne (il enseigne alors à l'Université de Gand), écrit dans son Traité de chimie organique paru en 1861<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> : Modèle:Citation bloc

En France, Henri Sainte-Claire Deville déclare en 1865 lors de sa leçon inaugurale à la chaire de chimie de la Sorbonne : Modèle:Citation bloc

Sainte-Claire Deville faisait sans doute allusion au livre de Joseph Loschmidt, Etudes chimiques, paru en 1861, dans lequel apparaissait pour la première fois une représentation graphique des atomes et des liaisons interatomiques simples, doubles ou triples. Le malheur est que Sainte-Claire Deville a été professeur de chimie à l'Ecole Normale Supérieure de 1851 à 1881 et qu'un de ses élèves, Désiré Gernez, a été professeur de chimie à l'ENS au temps de Perrin. Malgré ces idées dominantes, Perrin s'est forgé une conception atomique de la matière. Il justifie son approche dans son livre Les Atomes : Modèle:Citation bloc

Nombre d'Avogadro

Modèle:Article détaillé

Après qu'Albert Einstein eut publié (1905) son explication théorique du mouvement brownien en fonction du mouvement aléatoire des molécules, Jean Perrin effectua les expériences pour vérifier les prédictions d'Einstein. Il démontre en 1908 un accord complet entre théorie et expérience, ce qui confirme l'existence effective des atomes, proposée un siècle auparavant par John Dalton.

Dans son livre Les Atomes, il détermine par plusieurs méthodes la valeur du nombre d'Avogadro. Il résume ses déterminations par le tableau suivantModèle:Sfn :

Déterminations du nombre d'Avogadro
Domaines Phénomènes observés N/Modèle:Nb
Viscosité des gaz Équation de Van der Waals 62,0
Mouvement brownien Répartition des grains 68,3
Déplacements 68,8
Rotation 65,0
Diffusion 69,0
Répartition irrégulière des molécules Opalescence critique 75,0
Bleu du ciel 60,0 (?)
Spectre du corps noir 64,0
Charge de sphérules (dans un gaz) 68,0
Radioactivité α Charges projetées 62,5
Hélium engendré 64,0
Radium disparu 71,0
Énergie rayonnée 60,0

Il conclut : Modèle:Citation

Fluorescence

La fluorescence d'une molécule peut se définir comme sa capacité à atteindre un état excité en absorbant des photons d'une certaine longueur d'onde et à revenir à l'état de repos en émettant des photons d'une longueur d'onde plus grande que la longueur d'onde d'excitation. Le temps qui s'écoule entre l'absorption et l'émission est extrêmement bref, de l'ordre de quelques nanosecondes. En 1927, Jean Perrin découvre que, dans certaines conditions, une molécule fluorescente peut être excitée par transfert de l'énergie de relaxation d'une autre molécule fluorescente, ce qu'il a appelé « induction moléculaire par résonance »<ref>Modèle:Article.</ref> que nous appelons aujourd'hui FRET (Förster resonance energy transfer). Pour que le phénomène se produise il faut deux conditions :

  • que le spectre d'émission de la molécule 1 chevauche le spectre d'absorption de la molécule 2 ;
  • que la distance entre les deux molécules soit inférieure à 5 nanomètres.

Theodor Förster réétudiera le phénomène en 1946. Il déterminera en particulier que l'efficacité du transfert d'énergie varie comme l'inverse de la distance à la puissance 6.

Ce phénomène est couramment utilisé dans les laboratoires de biologie pour quantifier les radio-isotopes émetteurs béta (H3, C14, P32) dans les détecteurs à scintillation liquide. Les électrons excitent un fluorophore primaire (type PPO ou 2,5-diphényloxasole) qui transmet son énergie à un fluorophore secondaire (type POPOP ou 1,4bis[5-phenyl-2-oxasole]benzène. Ce dernier émet des photons de longueurs d'onde qui peuvent être captés par les photomultiplicateurs et comptés.

Ces recherches de Jean Perrin sur la fluorescence sont complétées par les études théoriques de son fils, Francis Perrin, entre 1926 et 1931 sur la polarisation de la lumière fluorescente<ref>Modèle:Article.</ref>.

Énergie du Soleil

Pourquoi les étoiles brillent elles? Quelle est l'origine de la lumière et de la chaleur du Soleil? Ces questions aussi vieilles que l'humanité trouve un début de réponse lorsque Giordano Bruno reconnaît que le Soleil est une étoile comme les autres.

Modèle:Citation bloc

Ensuite, au XVIIIe siècle, il a été envisagé que le feu des étoiles et du soleil venait de la combustion du charbon et qu'il était alimenté par des pluies de météorites charbonneux. Mais, dans ce modèle, le soleil ne pourrait durer que quelques milliers d'années. Une idée plus élaborée a été proposée par Lord Kelvin et Hermann von Helmholtz. La chaleur serait provoquée par la compression du gaz sous l'action de la gravité. Kelvin a calculé que ce processus permettrait au soleil de briller pendant environ 18 millions d'années. Cette durée potentielle ne cadrait pas avec les connaissances acquises à la fin du XIXe siècle. Les géologues avaient déterminé, par des études sur les taux d'accumulation des sédiments, que la Terre avait plusieurs centaines de millions d'années. Charles Darwin prenait en compte cette ancienneté de la Terre pour expliquer sa théorie de l'évolution. Mais l'autorité de Kelvin et la contestation de la théorie de Darwin faisaient que l'explication de la chaleur solaire par le mécanisme de Kelvin-Helmholtz gardait ses partisans. En 1907, la mise en œuvre de la datation avec l'uranium radioactif a conduit à évaluer l'âge de la Terre, et donc du Soleil, à quelques milliards d'années<ref>Why the Stars Shine, par Don Selle, Guidestar, Houston Astronomical Society, octobre 2012, Modèle:P..</ref>.

En 1919, dans son article intitulé Matière et Lumière, Perrin évoque l'hypothèse que la source d'énergie des étoiles pourrait provenir de fusion nucléaire des atomes d'hydrogène. Il développe cette idée dans un article de 1921<ref>Modèle:Article.</ref>.

<math>4H+2e\rightarrow He+\gamma</math>

Le neutron n'est pas encore découvert. Pendant toutes les années 1920, les physiciens supposent que le noyau atomique est composé de protons et d'électrons nucléaires.

Fichier:The Sun by the Atmospheric Imaging Assembly of NASA's Solar Dynamics Observatory - 20100819.jpg
Le soleil génère son énergie par la fusion nucléaire de 627 millions de tonnes d'hydrogène en 622,7 millions de tonnes d'hélium par seconde.
La masse de 4,3 millions de tonnes de matière qui disparaît par seconde est transformée
en énergie radiative.

Le physicien anglais Francis Aston vient de construire (en 1919) le premier spectromètre de masse moderne avec lequel il a démontré que la masse de l'atome d'hélium était inférieure à la masse de quatre atomes d'hydrogène. En utilisant les données actuelles, la fusion s'accompagne d'une perte de masse de :

<math>\Delta m= 4m_H-m_{He}=(6,6900-6,6459)*10^{-27}=0,0441*10^{-27}{ }kg\;</math>

Soit un peu moins de 7 millièmes de la masse de 4 atomes d'hydrogène :

<math>\frac{\Delta m}{4*m_H}=\frac{0,0441}{4*1,6725}=0,0065</math>

Si le Soleil était constitué exclusivement d'hydrogène et si la totalité de sa masse se transformait en hélium, la masse transformée en énergie serait égale à :

<math>\Delta M=2*10^{30}*0,0065=1,3*10^{28}\;kg</math>

D'après l'équivalence masse-énergie d'Einstein, l'énergie libérée serait

<math>\Delta E= \Delta M*C^2=1,3*10^{28}*9*10^{16}=1,2*10^{45}\;J</math>

Sachant que la puissance radiative du Soleil est égale <math>4*10^{26}\;W</math> et qu'une année équivaut à <math>3*10^{7}</math> secondes, la durée de vie possible du Soleil serait

<math>T=\frac{1,2*10^{45}}{4*10^{26}*3*10^{7}}=10^{11}</math> années

Soit 100 milliards d'années ! En fait la totalité de la masse du Soleil n'est pas convertible en hélium. La réaction de fusion n'a des chances de se produire que dans le cœur de l'étoile, là où la température est supérieure à 10 millions de degrés. La durée de vie probable du Soleil est évaluée actuellement à 10 milliards d'années. On sait aussi aujourd'hui que la nucléosynthèse de l'hélium est un processus qui comporte plusieurs étapes intermédiaires (voir Chaîne proton-proton) qui ont été élucidées par Hans Bethe et Carl Friedrich von Weizsäcker en 1938<ref>Cosmos: An Illustrated History of Astronomy and Cosmology, par John North, University of Chicago Press, page 545.</ref>.

De plus, l'hypothèse selon laquelle le Soleil est constitué principalement d'hydrogène, ce qui est universellement accepté aujourd'hui, était, en 1920, une hypothèse de physicien peu au courant des conceptions des astrophysiciens. En 1920, et jusqu'en 1930, les astrophysiciens considéraient que le Soleil devait avoir une composition voisine de celle de la Terre. Cette idée était confortée par une interprétation erronée du spectre des raies d'absorption de la lumière solaire dont on déduisait que le Soleil était composé à plus des 2/3 de sa masse par du fer. C'est une réinterprétation des spectres des étoiles par Cecilia Payne, en 1925, qui a conduit à découvrir que le Soleil et les étoiles sont principalement composés d'hydrogène et d'un peu d'hélium<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. C'est la raison pour laquelle, Arthur Eddington, astronome professionnel, aboutit à une durée de vie du Soleil inférieure à celle de Jean Perrin, tout en faisant les mêmes calculs. Pour lui, l'hydrogène n'est qu'un composant mineur du Soleil. Voici ce qu'écrit Eddington en 1920 : Modèle:Citation bloc

Chimie physique

Micheline Charpentier-Morize a consacré un tiers de son ouvrageModèle:Sfn sur Jean Perrin à exposer combien sa conception de la liaison chimique était erronée et combien son influence politique avait été néfaste pour la recherche française en chimie en général et en chimie physique en particulier.

L'influence de Jean Perrin est paradoxale. Il a été celui qui a définitivement démontré l'existence des atomes et la nature discontinue de la matière. Dans son travail de thèse, il a participé à la découverte de l'électron comme particule matérielle porteuse de la charge électrique négative. Il a été le premier à imaginer l'atome comme une structure planétaire avec un noyau central positif et des satellites formés d'électrons négatifs. Sa nomination à la chaire de Chimie-Physique à la Sorbonne paraissait donc parfaitement logique pour sortir de l'anti-atomisme de Marcellin Berthelot qui prévalait encore parmi les chimistes français. Il était, à priori, le physicien le plus apte à promouvoir le rôle des électrons dans la liaison chimique. Malheureusement, selon le jugement lapidaire de Nguyên Trong Anh, professeur de chimie à l'école polytechnique : Modèle:CitationModèle:Sfn. Compte tenu de son influence et de son pouvoir, les concepts erronés de Perrin ont eu des conséquences très dommageables pour le développement de la chimie française au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.

Atomicité et valence avant Perrin

Parallèlement au débat sur l'existence des atomes, les chimistes se demandent comment rendre compte de la capacité des atomes des différents éléments à se lier avec l'hydrogène. En 1852, le chimiste anglais Edward Frankland introduit le concept d'atomicité. L'atomicité de l'oxygène est 2 (OH2), celle de l'azote est 3 (NH3) et celle du carbone est 4 (CH4). En 1857, Kekulé reconnait que les atomes de carbone sont capables de former une chaîne (CCCC) qu'Archibald Couper propose d'écrire (-C-C-C-C-) en introduisant des traits pour figurer les liaisons. En 1858, Stanislao Cannizzaro précise les concepts d'atome et de molécule, ce qui sera d'une grande utilité par la suite. Pour rendre compte de la capacité des atomes à former des liaisons, Loschmidt remplace le concept d' atomicité par celui de valence qu'il nomme Pollenz et qui ne sera nommé Valenz par Hermann Wichelhaus qu'en 1868. Ce concept lui permet de symboliser pour la première fois les liaisons doubles ou triples avec deux ou trois traits parallèles, comme il est courant de les représenter aujourd'hui<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Liaison chimique : des forces complètement inconnues

Dans son livre Les Atomes, Jean Perrin récapitule toutes les découvertes du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et des dix premières années du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle qui concourent à prouver que la structure de la nature est discontinue: la matière est formée d'atomes, l'électricité est véhiculée par des corpuscules chargés électriquement (électrons et ions) et la lumière est formée de photons. Les atomes de matière eux-mêmes forment les éléments qui peuvent se désintégrer (radioactivité) en formant de nouveaux atomes ainsi que des particules chargées (rayonnement alpha et bêta) et des photons gamma. Alors qu'il a, lui-même, imaginé la structure planétaire de l'atome en 1901, que Rutherford vient de publier (en 1911) un modèle planétaire dans lequel les électrons orbitent autour d'un noyau positif, il ne fait aucune mention de la structure de l'atome dans son livre.

Dans le premier chapitre intitulé La théorie atomique et la chimie de son livre Les Atomes, Perrin énumère les 20 premiers éléments en regard de leur poids atomique et conclut : Modèle:Citation Il ajoute : Modèle:Citation bloc

Dans le même chapitre, il explique, avec une pédagogie remarquable, ce qu'est la liaison chimique : Modèle:Citation bloc

Au moment où le livre est écrit (1911), la liaison chimique repose donc sur des forces complètement inconnues.

Dans le chapitre intitulé Fluctuations de son livre, Les Atomes, Jean Perrin expose sa conception dynamique de l'équilibre de la réaction chimique qu'il appelle mouvement brownien chimiqueModèle:Sfn : Modèle:Citation bloc

Jean Perrin développe ses conceptions de la réaction chimique dans le chapitre suivant, La lumière et les quanta, dans un paragraphe intitulé C'est peut-être la lumière qui dissocie les molécules qui se termine par la proposition étonnante suivante: Modèle:Citation Ainsi que le souligne Pierre-Gilles de Gennes dans l'Avant-Propos de Les AtomesModèle:Sfn : Modèle:Citation bloc

En 1910, Jacques Duclaux fait le point sur l'état de la chimie. On sait Modèle:CitationModèle:Sfn.

Avènement de la chimie électronique (1910-1930)

En 1911, le physicien hollandais Antonius Van der Broek, inspiré par le modèle d'atome planétaire de Perrin-Rutherford, suggère que le nombre d'électrons par atome est environ la moitié de la masse atomique. Cette idée sera affinée par Rutherford en décembre 1913 : le nombre d'électrons d'un atome correspond au numéro atomique, c'est-à-dire à sa position dans le tableau de Mendeleiev. C'est une avancée considérable qui est déjà intégrée dans le modèle d'atome développé par Niels Bohr dans trois articles parus en 1913 :

  • Dans l'atome d'Hydrogène, les trajectoires possibles de l'électron sont calculées en posant que le moment cinétique de l'électron doit être quantifié. Les sauts d'orbite correspondent à l'absorption ou à l'émission de photons dont les longueurs d'onde sont celles de la série spectrale de Balmer.
  • Dans les atomes d'Hélium, de Lithium et de Bore, 2, 3 ou 4 électrons circulent sur des orbites qui répondent au même principe de quantification
  • Dans une molécule, les noyaux se regroupent et les électrons circulent sur des orbites moléculaires.

Au cours de la même année 1913, Gilbert Lewis développe l'idée de l' électrovalence. Il était connu que KCl en solution aqueuse donne naissance à des ions K+ et Cl-. On pouvait donc supposer qu'en s'ionisant K perd un électron (K -> K+ + e) que Cl récupère (Cl + e -> Cl) en s'ionisant. Les deux ions se lient par attraction électrostatique. Mais cette liaison ionique n'explique pas toutes les liaisons chimiques.

En 1916, Lewis remarque que les atomes mettent en commun leurs électrons externes de façon que la composition de l'ensemble moléculaire ressemble à celle des gaz rares. Il avance aussi que chaque liaison covalente est formée par la mise en commun d'une paire d'électrons. Ce qui sera synthétisé dans un article de Irving Langmuir en 1919 : Modèle:Citation

Tout en acceptant la modèle atomique des couches électroniques, Jean Perrin n'a jamais compris la raison d'être de la paire d'électrons comme support de la liaison covalente. Il a admis que c'était une possibilité mais qu'il en existait une autre: la liaison avec un seul électron. En 1927, il écrit : Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>.

Perrin qui avait justifié l'utilisation de modèles pour décrire la réalité invisible, en était venu à contester radicalement les nouveaux modèles. Modèle:Citation bloc

En citant les jeunes physiciens, Perrin s'avouait dépassé. La mécanique ondulatoire, qu'il trouvait si rébarbative, a conduit à la définition des orbitales atomiques, puis des orbitales moléculaires. Le livre de Linus Pauling The nature of the chemical bond, paru en 1939, qui a eu un énorme retentissement, a consacré définitivement le caractère électronique de la liaison chimique.

Théorie radiative de Jean Perrin

Pendant que les chimistes américains développaient la théorie électronique de la liaison chimique, les européens, en particulier Jean Perrin, mobilisaient leurs compétences pour la guerre. Le hiatus de 4 ans de guerre a complètement déconnecté Perrin des avancées de la physique quantique vis-à-vis de laquelle il est resté réservé malgré sa participation à de nombreux congrès Solvay de physique et de chimie au cours desquels il a rencontré tous les acteurs de cette révolution scientifique.

Au delà de la nature de la liaison chimique, une autre question fondamentale se posait : comment un assemblage atomique pouvait-il se défaire pour permettre à un autre assemblage de se former. C'est le problème de la réactivité chimique et de l'énergie nécessaire à l'amorce des réactions.

Après la guerre, en 1919, dans un article intitulé Matière et Lumière, il a repris ses idées de 1911 sur le rôle de la lumière dans les réactions chimiques, ignorant complètement le modèle atomique de Bohr et les découvertes de Lewis et Langmuir.

Affirmer que Toute réaction chimique est provoquée par une radiation lumineuse est manifestement faux. La théorie radiative est extrêmement déconnectée de la réalité de la liaison chimique. Elle a cependant suscité un vif débat qui s'est concrétisé par une réunion spéciale de la Faraday Society en 1921 au cours de laquelle Perrin a défendu sa thèse. Mais rien de concluant n'en est résulté. Perrin a été conforté dans ses convictions par ses découvertes sur la fluorescence à la fin des années 1920. D'une façon paradoxale, Perrin qui avait combattu les thèses énergétistes pour asseoir l'atomisme, s'en fait le porte-parole pour combattre la chimie électronique au cours des congrès Solvay de chimie de 1922, 1925, 1928 et 1931Modèle:Sfn. L'énergétisme et la théorie radiative ont été définitivement abandonnés dans les années 1930, sauf en France où Perrin l'a imposé avec l'aide de Georges Urbain.

Organisation de la recherche scientifique française

Premières tentatives (1919-1922)

La Caisse des recherches scientifiques, créée le Modèle:Date-, existe toujours. Elle a pour mission d'encourager la recherche plutôt que de récompenser la découverte. Elle est sous la tutelle du ministère de l'Instruction publique. Elle ne dispose, en 1919, que d'un million de francs fournis par les bénéfices du Pari Mutuel Urbain sur les courses de chevaux. Les crédits sont affectés non pas à des laboratoires mais à des chercheurs sélectionnés chaque année pour permettre l'achat d'appareils ou pour couvrir des frais de publicationsModèle:Sfn.

Pendant la guerre, tout le monde a apprécié la mise en place et le fonctionnement de la Direction des inventions et de la Commission des inventions, les inventeurs (universitaires et ingénieurs) , les industriels, les militaires et les parlementaires qui leur ont voté des crédits généreux. Modèle:Citation On peut dire que Jean Perrin, riche de son expérience sous le gouvernement Painlevé, faisait partie de ces hommes de science remplis d'espoir. Mais il y a eu une certaine compétition entre Breton et Perrin. L'un était un partisan de la science utile tandis que l'autre était partisan de la science pure et désintéressée.

En 1919, Breton garde son poste à la tête de ce qui est appelé désormais la Direction des recherches industrielles et des inventions. Il a un allié scientifique de poids en la personne d'Henry Le Chatelier, professeur de chimie à la Sorbonne. Ce dernier écrivait en 1901: Modèle:Citation De plus, sur le plan scientifique, Le Chatelier s'opposait radicalement aux conceptions atomistes de Jean Perrin.

De son côté, dès 1919, Jean Perrin se lance, selon ses propres termes, dans une croisade pour la création d'un organisme destiné à la recherche fondamentale. Il affirme: Modèle:Citation (Jean Perrin)Modèle:Sfn.

Office national des recherches scientifiques et industrielles et des inventions

En 1922, Charles Moureu, chimiste et professeur au Collège de France, qui avait participé à la Commission des substances explosives pendant la guerre, persuade le député Maurice Barrès, dont il est ami, de faire campagne au Parlement pour la défense de la recherche scientifique. Cette action aboutit à deux réalisations :

  • L'organisation d'une journée de quête sur la voie publique, appelée Journée Pasteur, qui est bien accueillie et rapporte plusieurs millions de francs. Cette collecte permet notamment la construction d'un puissant électroaimant pour les recherches d'Aimé Cotton. L'appareil est installé, en 1928, à Meudon sur le domaine de Bellevue acquis par le ministère de l'Instruction publiqueModèle:Sfn.
  • Le vote d'une loi en Modèle:Date- qui transforme l'organisme que dirige Breton en l'Office national des recherches scientifiques et industrielles et des inventions (ONRSII). Les deux écoles de pensée, les tenants de la science pure et les défenseurs de la science appliquée, sont représentées au conseil d'administration par Jean Perrin et Henry le Chatelier, bien qu'il s'agisse d'une institution essentiellement destinée à la technologie. L'office s'installe à Bellevue. Il poursuivra sa mission avec succès sous la direction de Breton jusqu'en 1938. Dès 1923, Breton crée le Salon des arts ménagers, manifestation qui assure d'emblée une bonne part des revenus de l'Office.

Face à l'ONRSII solidement établi, Jean Perrin n'aura de cesse de promouvoir une autre institution aussi bien structurée et dotée, destinée à la recherche fondamentale. Dans le gouvernement du Cartel des gauches (1924-1926), Emile Borel, mathématicien ami de Jean Perrin et député radical-socialiste, est nommé ministre de la Marine. Il propose la création d'une taxe d'apprentissage prélevée sur les bénéfices industriels. Cette mesure, appelée le sou du laboratoire, est incluse dans la loi des finances du Modèle:Date-. En 1926, elle rapporte 14 millions sur un budget global de 25 millions de francs pour la recherche publique. Modèle:Citation (Jean Perrin)Modèle:Sfn

Caisse nationale des sciences

Sous le gouvernement Tardieu-Laval (1929-1932), l'heure est aux mesures sociales permises par le rétablissement de l'économie et la restauration du franc sous le gouvernement Pointcarré : retraite du combattant, assurances sociales, allocations familiales. À l'instigation de Jean Perrin, la Chambre vote une loi le Modèle:Date-, par laquelle Modèle:Citation L'objectif de ces Caisses semble être double, d'une part allouer des pensions et des secours à des écrivains ou à des savants vivants, aux conjoints ou aux enfants d'écrivains ou de savants décédés, ce que Jean Perrin appelle Modèle:Citation, d'autre part de financer des bourses pour les jeunes chercheurs universitaires.

En Modèle:Date-, Édouard Herriot, après un échange approfondi avec Jean Perrin, fait un vibrant discours à la Chambre en faveur d'un effort important, à hauteur de 20 millions de francs, pour le développement de la recherche scientifique. Les députés votent un crédit de cinq millions de francs, pris sur le budget de la défense nationale (ligne Maginot) pour alimenter la Caisse nationale des sciences. À la même période, Jean Perrin et André Mayer créent une Fondation nationale pour la recherche scientifique dont on ne perçoit pas bien l'objectif sinon de compenser les insuffisances de la Caisse nationale des sciencesModèle:Sfn. Ils trouvent le nouvel organisme sans autorité et sans stabilité suffisante. Ils lancent, au début de l'année 1933, une pétition, qui est signée par une centaine d'universitaires éminents répartis en 7 groupes de disciplines (les futures sections du CNRS), pour que soit créé un organisme selon leurs vœux. Ils obtiennent par décret du Modèle:Date- la création du Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique dont Jean Perrin prend la direction. Avec le concours de Marie Curie, il démarche les parlementaires et les ministères et obtient que l'enveloppe de 5 millions soit portée à 7,5 millions, une partie étant dévolue au financement des sciences humaines<ref>Modèle:Lien web.</ref>. L'originalité du Conseil tient au fait que les attributions de crédit sont remises entre les mains de commissions composées exclusivement de scientifiques<ref name=":6">Modèle:Article.</ref>.

Le succès de l'activisme de Jean Perrin suscite la curiosité de la Cour des comptes sur l'activité des autres organismes de recherche, le Collège de France, le Muséum national d'histoire naturelle, la Bibliothèque nationale ainsi que l'Office national des recherches scientifiques et industrielles et des inventions. Cette dernière institution, installée à Meudon-Bellevue, a prospéré dans la recherche à visée industrielle. Cependant, depuis la crise de 1929, l'activité de l'ONRSII a peu à peu décliné, le soutien industriel s'est considérablement réduit, la gestion a été sévèrement jugée par la Cour des comptes. Jules-Louis Breton se sent menacé. En 1934, il lance une pétition en soutien à l'institution qu'il dirige, sur le modèle de celle que Perrin a lancé l'année précédente. Le gouvernement maintient l'ONRSII, mais supprime les subventions qui lui étaient accordées. Cet organisme doit désormais fonctionner exclusivement avec les crédits fournis par les entreprises qui exploitent son activité de recherche et par ses revenus propresModèle:Sfn.

Caisse nationale de la recherche scientifique

Le Modèle:Date-, un décret-loi crée la Caisse nationale de la recherche scientifique (Modèle:Souligner CNRS) par fusion du Conseil supérieur de la recherche scientifique, de la Caisse des recherches scientifiques (fondée en 1901) et de la taxe d'apprentissage (la taxe Borel de 1925). Le conseil d'administration de la CNRS est dirigé par Jean Perrin. La nouvelle Caisse a pour mission de distribuer des bourses de recherche, de financer les laboratoires et de financer des pensions de retraites aux vieux savantsModèle:Sfn.

Les élections du Modèle:Date- amènent le Front populaire au pouvoir. Dans le gouvernement Léon Blum, Jean Zay est ministre de l’Éducation nationale et Irène Joliot-Curie est nommée sous-secrétaire d'état à la Recherche. Irène Joliot-Curie, qui préfère l'activité scientifique à la politique, démissionne. Jean Perrin lui succède en octobre. Avec l'entier soutien de Léon Blum et de Jean Zay, il continue son combat. Sa plus grande difficulté est de Modèle:CitationModèle:Sfn. Perrin réclame 20 millions de francs que la Chambre lui accorde sans trop de réticence. Mais au Sénat, Joseph Caillaux veut réduire la somme de moitié. Finalement, après s'être engagé à ce que le nouveau Service ne recrute pas de fonctionnaires supplémentaires et ne fonctionne qu'avec des chercheurs, Jean Perrin obtient les 20 millions demandés. Henri Laugier, professeur de physiologie à la Sorbonne, prend la tête du nouveau Service dont Jean Perrin préside le conseil d'administration. Le Service assure le recrutement de chercheurs, le recrutement de techniciens et le financement régulier des laboratoires. Entre 1936 et 1939: le budget de la science pure passe de 15 à 35 millions de francsModèle:Sfn.

Jean Perrin n'oublie pas les sciences humaines et sociales. Il rappelle que Modèle:Citation. Il crée au sein de la Caisse deux comités de direction, l'une pour les sciences mathématiques et expérimentales, l'autre pour les sciences humaines. Avec l'appui du député Georges Cogniot, il alloue des fonds aux recherches en économie politique, histoire, géographie humaine, sociologie ou droit internationalModèle:Sfn.

Le gouvernement Blum crée un fonds de financement de grands travaux pour lutter contre le chômage. Jean Perrin réussit à bénéficier de ce fonds pour construire des laboratoires (53 millions), financer les recherches (33 millions) et réaliser des grands répertoires d'enquête (13 millions). C'est dans ce cadre qu'il fonde, en 1937Modèle:Sfn :

Enfin, Jean Perrin profite de l'Exposition universelle de 1937 à Paris pour fonder le Palais de la Découverte.

Centre national de la recherche scientifique

Le Modèle:Date-, avec la chute du gouvernement Blum, le sous-secrétariat à la recherche est supprimé mais, le Modèle:Date-, Léon Blum redevient, pour un mois, président du Conseil, et Jean Perrin redevient sous-secrétaire d'Etat à la Recherche. Pendant ce bref exercice, Jean Perrin amorce la rédaction d'une loi sur l'organisation de la Nation en temps de guerre, loi qui est adoptée par la Chambre et ratifiée par le Sénat le Modèle:Date-. Le texte de la loi reconnait pour la première fois en France le rôle de la recherche scientifique dans l'effort de défense. Pour mettre en œuvre ce principe, un Haut comité de coordination des recherches scientifiques est créé. Il est présidé par Jean PerrinModèle:Sfn.

Fin 1938, Jules-Louis Breton est malade. Il démissionne de la direction de l'Office national des recherches scientifiques et industrielle et des inventions. Compte tenu ses insuffisances, l'Office doit être sérieusement restructuré. Lors d'une séance solennelle du Conseil supérieur de la recherche appliquée, dont Jean Perrin est président, l'ONRSII est renommé Centre national de la recherche scientifique appliquée (CNRSA) dont Jean Zay, à nouveau ministre de l'Éducation nationale, confie la direction à Henri Longchambon, doyen de la faculté des sciences de Lyon. L'ONRSII était né de la réorientation de la recherche appliquée pour la Défense nationale vers la recherche industrielle civile. Le nouveau directeur organise l'activité du CNRSA pour préparer la guerre<ref name=":6" />.

Finalement, la loi du Modèle:Date-, quelques mois après la déclaration de guerre, fusionne la CNRS et le CNRSA pour former le Centre national de la recherche scientifique (le CNRS), tout en conservant deux directions, celle des sciences pures (Laugier) et celle des sciences appliquées (Longchambon)<ref name="ComiHistoCNRS art.2" />. La création du CNRS est l'aboutissement de 20 ans de travail de conception et de concertation de Jean Perrin avec ses collègues ainsi que de pédagogie et de persuasion vis-à-vis des politiques. C'est aussi son dernier acte politique puisque, huit mois plus tard, il prend sa retraite et tente de quitter la France.

Principales publications

Distinctions

Hommages

Notes et références

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Voir aussi

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Bibliographie

Liens externes

Bases de données et dictionnaires

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