Pierre Goldman

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2 Pierre Goldman <templatestyles src="Prononciation/styles.css" />{{#invoke:Prononciation|prononciation}}, né le Modèle:Date de naissance- à Lyon et mort assassiné le Modèle:Date de décès- à Paris, est un journaliste et écrivain français. Il a été cadre de l'UEC et militant de l'UNEF et du Front universitaire antifasciste (FUA) au moment des tensions de la fin de la guerre d'Algérie, cofondateur en 1978 du club de jazz de la Chapelle des LombardsModèle:Sfn, puis journaliste au Nouvel Observateur peu avant son assassinat en septembre 1979.

Fils de deux héros de la résistance juive polonaise et communiste en France<ref name=":7">Modèle:Ouvrage.</ref>, il étudie à la Sorbonne, milite contre la guerre du Vietnam et se lie à des militants anti-impérialistes vénézuéliens lors d'un séjour de quelques mois à Cuba puis les rejoint dans un maquis de leur pays.

De retour en France, il purge une peine de six ans en prison après trois hold-up commis avant et après Noël 1969<ref name="Rabi">« Esquisse pour un portrait de Pierre Goldman » par Wladimir Rabi, dans la revue Les Temps modernes Modèle:N°, de décembre 1975.</ref>. Arrêté quatre mois après, il est accusé du meurtre en Modèle:Date- de deux pharmaciennes, au cours duquel un gendarme a été gravement blessé en tentant d'arrêter le meurtrier. Les assises, en décembre 1974, le condamnent à la prison à perpétuité alors que plusieurs amis antillais affirment qu'il était avec eux à la même heure<ref>« Un détenu affirme que Pierre Goldman n'a pas tué les deux pharmaciennes du boulevard Richard Lenoir » par Francis Cornu, dans Le Monde le 4 mai 1976.</ref>,<ref name="ChristianeSUCCABGOLDMAN">« L’autre procès à Pierre Goldman » par Christiane Succab-Goldman, dans Libération le 20 juillet 2005.</ref>.

Dans une autobiographie écrite en prison, il dénonce les erreurs du premier procès, annulé en cassation en novembre 1975<ref name="pouillot"/> et il est acquitté lors du second procès en mai 1976 à Amiens<ref name="pouillot">« Procès Pierre Goldman, un procès hors norme à Amiens », par l'avocat Pascal Pouillot, ex-collègue de Pierre Goldman à Libération le 17 mai 2023 dans Amiens Métropole.</ref>. Il se réinsère dans le journalisme et la musique mais craint en permanence pour sa vie selon ses collègues<ref name="pouillot"/> après avoir été accusé à mots couverts de l'assassinat du numéro deux du Front National, tout en traînant un conflit financier, causé par une erreur administrative de son avocat, avec le policier gravement blessé lors du crime pour lequel il a été acquitté.

Se sentant suivi<ref name=Cassati/>, il part quelques mois dans la Caraïbe<ref name="Cassati">Jean-Jacques Goldman, authentique par Sandro Cassati aux Éditions Hachette en 2014</ref> peu avant d'être assassiné le 20 septembre 1979 par le groupe Honneur de la Police, qui dénonce le Modèle:Cita de la justice<ref name="peninou"/> et a revendiqué l'assassinat d'Henri Curiel en 1978 puis le plasticage, en mai 1979, de la voiture du chef du service d'ordre de la CGT<ref name="peninou"> Article de Jean-Louis Peninou dans Libératio du 21 septembre 1979.</ref>. Selon son avocat, il était visé car Modèle:Cita<ref name="pouillot"/> depuis les années 1960. Sa veuve accouche la veille des obsèques, suivies par Modèle:Nombre<ref name="pouillot"/>.

Biographie

Modèle:Section à synthétiser

Deux parents résistants, juifs, polonais, communistes et anti-staliniens

Les parents de Pierre Goldman sont tous deux des juifs polonais et résistants, venus en France dans l'entre-deux-guerres, et tous deux dirigeants de l'organisation communiste des FTP-MOI pendant la Seconde Guerre mondiale.

Son père, Alter Mojsze Goldman (1909-1988), arrivé en France à l’âge de quinze ans (1924) et naturalisé le Modèle:Date-, a été dans les Chasseurs d'Afrique<ref name="interview">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} "The Goldman Affair 1976 - Interview With Alter Goldman by Wladimir Rabi", traduction en anglais d'une interview parue dans Les Temps modernes, Modèle:N°, décembre 1976, sur Marxists.org.</ref>, où il atteint le grade de capitaine<ref name="dico">Dictionnaire étonnant des célébrités, par Frédéric Dumoulon et Jean-Louis Beaucarnot, Edi8, 2015.</ref>, puis s'installe comme tailleur à Paris, dans le {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XIe{{#if:|  }} }} arrondissement (quartier Bastille-Ménilmontant). Très actif au sein du Yiddishe Arbeiter Sporting Kloub (YASK, « Club sportif ouvrier juif »), affilié au syndicat CGTU, il est ensuite mineur de fond.

En mai 1936, il participe aux Olympiades populaires, alternatives aux Jeux olympiques de Berlin manipulés par les Nazis, mais renonce à la fin 1937 à suivre ses nombreux amis qui s'engagent dans les Brigades internationales de la guerre d'Espagne car il a entendu parler des procès de Moscou de 1935Modèle:Quoi. En septembre 1939, il participe à la bataille de France de mai-Modèle:Date-. Blessé, il reçoit la Croix de guerre (en 1961, il recevra la Légion d'honneur<ref name="dico"/>). Démobilisé, à l'instigation d'un camarade du YASK, il rejoint la "résistance juive", à l’état embryonnaire, dans les groupes d'immigration polonais qui deviennent l'année suivante le mouvement communiste des FTP-MOIModèle:Sfn,<ref name="Anissimov">Myriam Anissimov, Vie et mort de Samuel Rosowski, Éditions Denoël, 2007.</ref>.

Sa mère est Janine Sochaczewska (1914-1993)<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref name=":8"/>. Née à Łódź, elle a connu les pogroms antisémites puis dû fuir la répression anticommuniste à Modèle:Nobr d'abord pour Berlin où elle milite au sein du Rote Front (« Front rouge ») puis pour la France où elle devient salariée de la Main-d'œuvre immigrée (MOI), section polonaise, chez les mineurs de charbon du Nord-Pas-de-Calais, où le PCF fait une percée avant-guerre. Menacée d'expulsion, elle part faire le même travail chez les mineurs de charbon de Saint-Étienne (Loire) et d'Alès-La Grand Combe (Gard), qui s'opposent à une nouvelle tentative d'expulsion en 1938.

À la fin de la guerre d'Espagne<ref name="potelrieucros">« Pour le souvenir du Camp de Rieucros », synthèse, par Sandrine Peyrac, de l'enquête de l’historien Jean-Yves Potel, publiée en 1995 dans son ouvrage Quand le soleil se couche à l’Est, aux éditions de l’Aube.</ref> (1936-1939), le grand-père de Pierre Goldman a été assassiné par les nazis<ref name="Boukara">Critique, par Philippe Boukara, historien, auteur d’articles sur le sionisme, du livre de François Lustman, Histoire de la communauté juive de Paris 1789-1880, dans la revue Archives Juives en 2007.</ref> ainsi que le premier mari de sa mère<ref name="dico"/>. Cette dernière est internée au camp de Rieucros, situé à Mende en Lozère, qui a accueilli des Républicains espagnols, avant de devenir un camp de femmes. Elle s'en évade et se cache à Marseille, puis rejoint les FTP-MOI, qui l'affectent à créer des imprimeries clandestine à Lyon. Au même moment ses amis polonais du Nord-Pas-de-Calais lancent la grève patriotique des cent mille mineurs.

Un enfant calme et sans problème

Pierre Goldman naît le Modèle:Date- à Lyon, deux semaines après le débarquement de Normandie, sur fond d'avancée des troupes alliées. Des armes et de la propagande anti-allemande sont dissimulées dans son berceauModèle:Sfn. Sa mère se trouve à Grenoble au moment de la libération de la ville<ref name=":8">Modèle:Lien web.</ref>. Dans L'homme qui est entré dans la loi, Pierre Goldman, Wladimir Rabinovitch explique que Pierre Goldman a vécu dans la haine du nazisme et de l'antisémitisme<ref name="L'affaire Goldman">Modèle:Lien web.</ref>.

Le couple revient à Paris rapidement. La mère, appelée "la passionaria juive" conserve une activité militante, à Grenoble comme à Paris et son fils aura des nourrices jusqu'à l'âge de cinq ans. "Politiquement j'étais plus réservé", rappellera son mari.

Sur fond de grève des mineurs de 1948, la mère de Pierre Goldman, qui a travaillé à l'ambassade polonaise, est expulsée de France en 1948<ref name=rené/>,<ref name=kahn>Film Le Procès Goldman de Cédric Kahn, sorti le 27 septembre 2023</ref>,<ref name=chaine1948/>,<ref name="potelrieucros"/> car soupçonnée d'espionnage communiste<ref name=kahn/>, puis part vers la Pologne, devenue communiste et où par ailleurs affluent des militants français de la Reemigracja, principalement vers la Basse-Silésie, son bassin minier et ses industries<ref name="piétinée">« Pologne. La mémoire de la Résistance piétinée » le 8 juillet 2017 dans L'Humanité, </ref>, dont Modèle:Nb à Modèle:Unité issus de l'immigration polonaise dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.

Opposé au départ de son fils, né en 1944 sous un nom d'empruntModèle:Sfn, Alter Goldman le kidnappe le jour du départ de Janine SochaczewskaModèle:Sfn et le confie à sa tante. Puis en 1949, il reprend sa garde avec sa nouvelle épouse, Ruth Ambrunn<ref name="ELB">Modèle:Ouvrage.</ref>. "Il ne nous a posé aucun problème entre cinq et treize ans", rappelera son père.

Pierre Goldman a six ans quand naît du remariage de son père, sa demi-sœur, Évelyne. Un an après, ce sera son premier demi-frère, le futur chanteur Jean-Jacques Goldman, puis trois ans après, Robert Goldman. Son père et sa mère d'adoption, comme beaucoup de militants communistes, prennent leurs distances définitives avec le PCF à l'hiver 1952-1953, après l'épisode antisémite du prétendu « complot des blouses blanches » en URSS.

Sa belle-mère lui Modèle:Cita pour l'endormir, et Modèle:Cita, il parle yiddish.

Adolescence : Pologne et Guerre d'Algérie

À partir de l'âge de Modèle:Nobr, l'évolution politique en Pologne lui donne pour la première fois la possibilité de revoir sa mère après dix ans de séparation. Il est tiraillé entre les séjours l'été chez sa mère et sa rébellion, teintée d'admiration, face à Modèle:Citation<ref name=Boukara/>, gérant d'un magasin de sports à Montrouge<ref name=dico/>, et fermement anti-stalinien. Sa mère a été rejointe par des Polonais qui avaient animé la grève des mineurs de 1941, réprimée par la torture. "De nombreux amis de sa mère, qui avaient vécu et combattu en France, se souvenaient des événements de la guerre à laquelle ils avaient participé. Ils parlaient également d'Auschwitz", a rappelé son père. L'été, dans les lieux publics, son fils dit qu'il tient un journal yiddish, a rappelé le père, qui s'en étonne. Sa sœur aînée, née en France en 1933 et orpheline de père, quittera la Pologne pour Israël en 1966. Les juifs communistes polonais et ex-résistants s'inquiètent en 1956-1957 de la situation en France où on reparle de torture pendant la Guerre d'Algérie. Interne à partir de l'âge de Modèle:Nobr, il est exclu une première fois d'un lycée. À Modèle:Nobr, au lycée d'Évreux où il a effectué deux ans de scolarité<ref name="bioex">Biographie, les ex-du PCF [1]</ref>, il adhère en 1959 aux Modèle:Lh, l'organisation alors la plus impliquée contre la guerre d'Algérie (1954-1962). L'année suivante, il est exclu pour avoir participé à une mobilisation d’élèves internes contre la discipline d'un surveillant général jugé Modèle:Citation<ref name=":7"/>. Quand son père vient le chercher, « pris d’une violente crise » d'incompréhension, car il était très attaché à cet internat, il casse du mobilier dans la salle d'études, s'enfuit à travers le bâtiment principal et tombe à travers une verrière : « On déclara que j’avais tenté de me suicider, qu’il s’agissait d’un acte manqué<ref name=":7"/> ».

Pour autant, "il n'était pas atypique dans la famille", rappelera son frère Jean-Jacques Goldman, où l'autorité morale et le prestige de résistant du père dominaient.

Période militante

À presque Modèle:Nobr, il suit avec inquiétude le putsch des généraux d'Alger en Modèle:Date-, dans le local du parti communiste à Montrouge. Souhaitant se battre contre le putschistes, il dit que ce fut une nuit « impatiente » et « exaltée » et que la fin du putsch le laissa triste et déçu<ref name=":7"/> de n'avoir pu participer à son étouffement dans l'œuf.

En Modèle:Date-, après le massacre du 17 octobre 1961 et le massacre de Charonne, avec deux amis, il envisage un groupe clandestin pour exécuter des personnalités sympathisantes de l'OAS mais un autre militant du Front universitaire antifasciste (FUA), les convainc de n'en rien faireModèle:Sfn.

La "grande UNEF" à la Sorbonne

Pierre Goldman s'inscrit en Sorbonne pour des études de philosophie, par correspondance, consacrées à Jean-Paul Sartre. Il adhère à l'Union des étudiants communistes (UEC), rejoignant le comité de rédaction de son journal Clarté, qui a pour rédacteur en chef son ami André Sénik. Le journal s'oppose fréquemment aux positions du Parti communiste, notamment sur l'international, et où écrivent aussi Serge July, Roland Castro, et Jean-Marcel BouguereauModèle:Sfn. Lors de la grève des mineurs français de 1963, l'UEC diffuse les collectes d'argent<ref>Témoignage de Prisca Bachelet au Conservatoire des mémoires étudiantes [2]</ref>, la tendance anti-stalinienne insistant sur la solidarité entre étudiants et salariés. Il est élu membre du comité national de l'UEC<ref name=Universalis/>. Quand en mars 1964, la direction du PCF, envoie Roland Leroy, futur directeur de L'Humanité prendre le contrôle du journal Clarté, Pierre Goldman et son meilleur ami Yves Janin mènent publiquement la résistance cette tentative de dissoudre le secteur lettres de l'UEC<ref>"Gilles Deleuze, Félix Guattari: Biographie croisée" par François Dosse, aux Editions La Découverte, en 2014 [3]</ref>.

Il adhère aussi à ce qui est encore "la grande UNEF", en pointe contre la guerre d'Algérie, rejoignant son service d'ordre, créé en 1961, par le Front universitaire antifasciste (FUA) pour protéger les meetings contre la guerre d'Algérie des groupes d’extrême droite pro-guerre d'Algérie et guerre du Vietnam<ref name=génération/>, notamment les attaques de la Fédération des étudiants nationalistes, dont une partie, exclue en Modèle:Date-, se transformera en « Occident »<ref name="Brau">Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi !: Histoire du mouvement révolutionnaire étudiant en Europe, par Jean-Louis Brau, éditions Albin Michel, 1968.</ref>. Le FUA a notamment réussi à arrêter des plastiqueurs de l'Organisation de l'armée secrète (OAS) pour les remettre aux autorités<ref>"Frédéric Charpier, Histoire de l’extrême gauche trotskiste de 1929 à nos jours" par Frédéric Charpier, aux Éditions 1, 2002, Modèle:P. [4]</ref>. Une anecdote décrit Goldman se battant devant la Sorbonne "à un contre dix", écrite et réécrite au fil des décennies, les premières versions le montrant soucieux de ne pas causer de blessés graves<ref name=génération/>. Pierre Goldman a aussi été envoyé à l’hôpital Cochin en décembre 1964, blessé en protégeant la librairie Clarté, fondée par le journal éponyme de l’UEC, Clarté et Alain Krivine connaitra le même sort en mai 1965, car "les nationalistes prennent le pli d’attaquer la boutiques", selon l'historien Nicolas Lebourg.

Entre 1963 et 1965, "les armes blanches et les armes à feu sont absentes des rixes"<ref name=Lebourg2018/>, probablement en raison des « accords Goldman-Duprat », qui "auraient ensemble instauré des règles du jeu permettant de mobiliser leurs camps respectifs sans que les choses ne dégénérassent", selon la rumeur<ref name=Lebourg2018/>, mais surtout "d’une sociologie étudiante mélangeant plus les radicaux qu’il n’y paraît"<ref name=Lebourg2018/>. Selon Dominique Venner, ex-militant de l'OAS, ce service d'ordre de l'UEC aurait été commun à celui de l'UNEF mais aussi du comité de liaison des étudiants révolutionnaires<ref name="venner">[5] Guide de la contestation: Les hommes, les faits, les événements], par Dominique Venner, ex-militant de l'OAS, aux Éditions Robert Laffont, 1969.</ref>, décrit comme le plus efficace par François Duprat.

À la tête du service d'ordre de l'UEC, il a trois lieutenants, son meilleur ami, Yves Janin qui épousera sa demi-sœur Evelyne Goldman, Jacques Rémy, et Roland Geggenbach, autre fils de résistants communistes, ceinture noire de karaté, avec qui il s'entraîne dans les salles de Censier et de la Montagne-Sainte Geneviève, puis par des stages « militaires » dans les Alpes, pour apprendre à d'autres militants le combat<ref>Voyage au bout de la révolution: de Pékin à Sochaux par Claire Brière-Blanchet Fayard, 2009, Modèle:P..</ref>. Rémy et Geggenbach seront ensuite recrutés par les services d'ordre maoïstes de la période 1966-1973, Pierre Goldman refusant l'invitation. "Ces simulacres d'affrontements dans lesquels s'enlisent les organisations étudiantes, Pierre Goldman les vit dans un dégoût permanent"<ref name=kravetz19792209</>, selon son ami Marc Kravez, journaliste<ref name=kravetz19792209</>.

Il n'approuve pas leur dévoiement ultérieur, comme l'attaque du Modèle:Date à l'université de Rouen qui laisse un étudiant dans le coma, après avoir été frappé à coups de clé anglaise<ref name="cassiau">"L'Histoire normande de mai 68, par Olivier Cassiau dans Paris Normandie du 5 mai 2018 [6]</ref> ou celle du Modèle:Date-, qui voit Robert Allo, un ex-militant d'Occident, cofondateur d'Ordre nouveau et du GUD<ref name="raci">"Aux racines du FN. L’histoire du mouvement Ordre nouveau" par Nicolas Lebourg, Jonathan Preda, et Joseph Beauregard, Éditions de la Fondation Jean-Jaurès, 2014 [7]</ref>, matraqué avec une telle violence qu’il doit subir une trépanation<ref>"La violence, un phénomène répandu à l’extrême droite comme à l’extrême gauche" par Laurent de Boissieu, dans La Croix du 10/06/2013</ref>, ni les Émeutes de juin 1973 où 9 policiers sont brûlés par des coktails molotov.

En 1965, via son ami Roland Girard, proche d'une étudiante originaire de Guadeloupe, il rencontre sa future épouse Christiane. Ses amis perdent la majorité de l'UEC au congrès de Montreuil de mars 1965 et en décembre il est recruté pour protéger les collages d'affiches de Mitterrand à la présidentielle 1965, où il cotoie son futur avocat Tiennot GrumbachModèle:Sfn. En janvier 1966, le "secteur lettres" de l'UEC est dissous par le PCF: une partie des militants créent deux partis d'extrême-gauche, l'un trotskiste (JCR) l'autre maoïste (UJCml). Goldman ne rejoint aucun des deux mais prend aussi ses distances avec l'UEC, préférant s'intéresser, comme d'autres de sa génération, à l'évolution de la guerre du Vietnam/ La gauche française y consacre le 26 mai 1966 un premier meeting "six heures pour le Vietnam"<ref>"INSTITUT TRIBUNE SOCIALISTE CENTRE JACQUES SAUVAGEOT", 28 mai 1966 [8]</ref>, puis un autre avec Modèle:Nombre en novembre<ref>"Cinq mille personnes ont participé aux "Six heures du monde pour le Vietnam" Le Monde du 30 novembre 1966" [9]</ref>. Entre-temps, en septembre 1966, son ami Yves Janin lui confie, à l'Université de Nanterre, la sécurité du "Festival international annuel des étudiants", organisé chaque année par l'UNEF, où il a mission d'entourer et soutenir la délégation vietnamienne.

De la Pologne à la Guadeloupe en passant par Cuba

Dès la fin de l'été 1964<ref name=Universalis/> il se passionne pour la musique latino-américaine et notamment cubaine. En 1964 aussi, il se lie à des étudiants guadeloupéens et ne cessera plus de fréquenter des antillais<ref name=bllg1979/>. Il tente sans succès un premier voyage à Cuba en avril 1966. Le Modèle:1er novembre 1966, l'armée constate qu'il n'a pas rejoint à temps la caserne de Nancy où il doit faire son service militaire<ref name=mleclerc/>, et il se réfugie chez sa mère huit mois en Pologne. Il y rencontre un réfugié politique vénézuélien, le poète Dario Lancini, qui lui parle du maquis dans son pays<ref name=prazan/>.

En juin 1967, Pierre Goldman part directement sur un cargo est-allemand pour Cuba, où il participe en compagnie de Marc Kravetz et Christian Blanc, avec qui il avait milité cinq ans plus tôt au Front universitaire antifasciste en faveur de la paix en Algérie<ref>Modèle:Lien web.</ref>, à la Conférence latino-américaine de solidarité à laquelle les a invités Fidel Castro à Cuba<ref name="inclassable">Michel Faure, « L'inclassable Christian Blanc », L'Express, 4 novembre 1993.</ref>. Au menu, une session de formation à l’hôtel Habana Libre, avec avec les mouvement d'opposition de vingt-six pays d’Amérique latine, dont certains sont clandestins, répondant à l’appel lancé par Che Guevara en avril 1967 de créer « deux, trois…de nombreux Vietnam »<ref>KRAVETZ Marc Biographie Maitron [10]</ref>. Pierre Goldman, arrivé sur un navire est-allemand, travaille au secrétariat de l'Organisation de la solidarité des peuples afro-asiatiques (OSPAA), chargé du suivi de la conférence. Il effectue des traductions pour la revue Tricontinental<ref name=faligot/> avec France Binard<ref name=faligot/>, employée de l'éditeur parisien François Maspero, basée à Alger après avoir rejoint dès 1957 le réseau Jeanson de soutien du FLN durant la guerre d'Algérie. Le même été, Modèle:Nobr, intellectuels et journalistes français sont accueillis au Salon de Mai, délocalisé à La Havane, qui ouvre son Musée des Beaux-Arts<ref>Peinture et révolution : Cuba 1967 : épisode • 3/5 du podcast Révolutions des sixties [11]</ref>. "Nous passâmes quelques semaines ensemble à La Havane. Il partageait son temps entre la préparation d'opérations avec de jeunes Guadeloupéens et les soirées à écouter des orchestres locaux", a raconté son son ami Marc Kravetz<ref name=kravetz19792209/>. Goldman est un jour écœuré par une déclaration d'un chef des Panthères noires disant "Nous ne nous laisserons pas exterminer comme des moutons, comme les juifs"<ref name=inédite/>.

Le Groupe d'organisation nationale de la Guadeloupe est représenté à cette conférence de La Havane par un jeune médecin installé à Paris, Michel Numa<ref name=faligot/>, qui y fait voter une résolution en faveur de l'indépendance de l'île antillaise<ref name=faligot/>, en réaction aux dizaines de morts causés par la répression sévère des émeutes de mai 1967 en Guadeloupe.

En février 1968, Michel Numa fait partie des Modèle:Nobr guadeloupéens du GONG comparaissant devant la Cour de sûreté de l’État<ref name=faligot/>, dont le président François Romério voit cette résolution comme une violation de l'intégrité du territoire français<ref name=faligot/>. Appuyé par le conseiller élyséen Jacques Foccart, d'une famille de békés guadeloupéens, le patron de la DST Jean Rochet souhaite démontrer que ce congrès de l'été 1967 à La Havane avait contribué à des Modèle:Cita aux Antilles<ref name="faligot">"Tricontinentale", par Roger Faligot en 2013 [12]</ref>. Parmi les les témoins de la défense, Aimé Césaire et Jean-Paul Sartre<ref>"Michel-Théodore Numa, militant de la décolonisation" par Béatrice Gurrey, dans Le Monde le 07 juillet 2010 [13]</ref>. Pour convaincre des Guadeloupéens de venir à celle de 1967, le vénézuélien Oswaldo Bareto est venu dans l'île française<ref name=faligot/>, mais a recruté par erreur un agent de renseignement infiltré, qui a finalement annulé son voyage à Cuba, obligeant à le remplacer par Michel Numa<ref name=faligot/>, tandis qu'un mandat d'amener est émis contre Bareto, qui à Cuba sympathise avec Pierre Goldman<ref name=faligot/>.

Michel Numa avait participé à une première Conférence tricontinentale du 3 au Modèle:Date- à La Havane, à Cuba<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage Modèle:Citation bloc</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>, regroupant Modèle:Nobr du tiers monde, initiative de Mehdi Ben Barka et Che Guevara<ref name="Livre saïd bouamama" />.

La revue Tricontinental, publiée à Cuba est diffusée en France au cours de l'année 1968 par l'éditeur et libraire François Maspero<ref name=Marcellin/> puis accusée d'avoir "à plusieurs reprises" donné des conseils sur le maniement de différentes armes<ref name=Marcellin/>, entrainant un arrêté d'interdiction du ministre de l'intérieur le 23 novembre 1968<ref name=Marcellin/>. Maspero a publié alors une édition française, qui sera interdite à son tour le 17 novembre 1969<ref name="Marcellin">"M. Marcellin explique les raisons de l'interdiction de la revue Tricontinental" le 17 novembre 1969 dans Le Monde [14]</ref>. Pierre Goldman est entre-temps revenu en France fin 1967, avec pour consigne d'attendre un passeport et des instructions. Lors de cette époque, à Paris, il fréquente Modèle:Cita<ref name=prazan>Modèle:Ouvrage</ref>, souvent musiciens et résidant à Antony, révoltés par les dizaines de morts de la répression des émeutes de mai 1967 en Guadeloupe. Il a appris à parler créole et est le seul blanc de la bande<ref name=prazan/>, qui compte Joël Lautric, Albert Dongal et Jean Joachim joueur de percussions comme Goldman<ref name=prazan/>, trois amis qu'il fréquentera à nouveau lors de son retour en France à l'automne 1969.

Maquisard dans la montagne du Venezuela

Recherché pour avoir échappé au service militaire, il ne participe pas à Mai 1968 en France, dans une semi-réclusion imposée par la clandestinité<ref name=kravetz19792209</>, il ne se hasarda qu'une fois, au milieu de la nuit, à visiter la Sorbonne occupée, où il parle longuement avec son ami Marc Kravetz<ref name=kravetz19792209</>. Comme prévu, il part rejoindre le petit groupe de maquisards de l'ami vénézuélien rencontré lors de la conférence de juin 1967 à Cuba. Le Venezuela en a alors fini avec la dictature militaire mais face à la contestation de paysans et militaires, le gouvernement a fait interdire le Parti communiste du Venezuela et le Mouvement de la gauche révolutionnaire, qui vont plus tard fusionner dans les maquis et obtenir leur reconnaissance.

Goldman rejoint un groupe opérant parallèlement à la Forces armées de libération nationale (FALN)Modèle:Sfn, active depuis 1962. Plusieurs de ses ex-commandants l'ont rejoint. Ce petit groupe souhaite recruter dans la montagne pour "sauver la lutte armée du déclin mortel où elle se trouvait"<ref name=bllg1979/>.

Depuis mars 1966, Douglas Bravo diffuse au Venezuela le manifeste d'Iracara proposant de prendre le maquis suite à la centaine de morts causés par la répression dans les montagnes de Falcón et pour défendre le patrimoine pétrolier face aux convoitises du pacte de Punto Fijo. Ce manifeste a lancé la scission, lors d'un congrès le 23 avril 1966, du Parti communiste du Venezuela, créant le Modèle:Lien (PRV) dont la (FALN) est devenu le bras armé, processus proche de celui de la création par une partie de l'UEC des JCR le 2 avril 1966 puis de l'Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes sept mois après. Au Venezuela, il s'agit de regrouper les maquis, en intégrant notamment José Leonardo Chirinos qui opérait dans l'État de Falcón et le Front guérillero Simón Bolívar de l'État de Lara, avec les quelques officiers guevaristes de l'armée vénézuéliennes, dont Arnaldo Ochoa Sanchez. Goldman pense que la présence d'un juif communiste français dans ces montagnes a une valeur symbolique, à l'époque où Moscou l'éviction en 1964 de Nikita Khrouchtchev a mis fin à la destalinisation.

Mi réfugiés mi-maquisards, ils doivent multiplier longues marches dans la montagne vénézuélienne pour se cacher et n'opèrent aucune action armée, n'ayant "à tuer que le temps et les moustiques"<ref name="org">"L'orgueil d'être juif et innocent" par Jean-Marc Théolieire dans Le Monde du 3 octobre 1975 [15]</ref>.

Le petit groupe échoue à recruter des paysans et se sait exposé à des dénonciations, à la torture et la mort. Goldman y reste pendant un an, subissant le rationnement, la fatigue extrême et la discipline stricte propre à la clandestinité. Dans une lettre à sa famille de 1969, il raconte cette nouvelle vie collective avec humilité, mentionnant son bonheur d'avoir pu apprendre sur le plan personnel et collectif. Lors de son procès il a démenti tout hold-up au Venezuela.

Fin du militantisme en 1969

Pierre Goldman et son ami Oswaldo Barreto sont de retour à Paris, le Modèle:1er octobre 1969<ref name=kahn/>,<ref>"La mobilisation du clan Carlos" par Philippe Broussard, dans Le Monde le 13 mai 1999 [archives/article/1999/05/13/la-mobilisation-du-clan-carlos_3554973_1819218.html]</ref>. Ils passent quelques jours chez le chanteur Pierre Barouh<ref name=":0"/>, qui ensuite lui prête son studio de la Butte-aux-Cailles, que Goldman laisse souvent à Oswaldo Barreto<ref name=kahn/>, même s'il y revient aussi. Tous deux ne croient plus<ref name="kahn" /> en l'appel à "créer deux, trois, plusieurs Vietnam"<ref>"Un, deux, plusieurs Vietnams..." par Marcel Niedergang dans dans Le Monde, le 26 janvier 1973 [16]</ref> de Che Guevara, peu après sa mort fin 1967. Il renoue avec sa famille à Montrouge, où il a toujours sa chambre. Le 17 novembre 1969, un mois et demi après son retour, il y fête le Modèle:60e anniversaire de son père<ref name=Cassati/>, Alter Mojsze Goldman qui lui apprend qu'il est recherché pour avoir échappé au service militaire et insiste maintenant pour qu'il régularise, ce qui brouille les deux hommes.

Pierre Goldman ne souhaite alors plus militer, et c'est aussi le cas d'Yves Janin, ex-dirigeant de l'UEC, qui fut son plus proche ami, parti vivre comme un ermite dans les Cévennes. D'autres amis politiques du début des années 1960 ne comprennent pas son séjour au Venezuela: « je leur parlais et ils me regardaient en silence, comme on regarde un dément. Je compris qu'ils considéraient que, du Venezuela, j'étais revenu frappé de folieModèle:Sfn ». Un article de Serge July publié dans Libération de 1974, témoigne de cet éloignement et d'une nouvelle vie: Modèle:Cita<ref name="contestation1974">"La contestation de la justice d'assises", dans Libération du 16 décembre 1974 [17]</ref>. Jean-Paul Dollé, qui l'avait croisé au début des années 1960 et fréquente le psychanalyste Jacques Lacan, affirmera en 1997 qu'il aurait tenté d'enlever Lacan au début décembre 1969, rue de Lille, avec un complice guadeloupéen avant finalement d'y renoncerModèle:Sfn et aurait aussi envisagé d'enlever Jean-Edern Hallier, qu'il déteste<ref name=":6"/>.

Goldman dort parfois dans le Modèle:13e arrondissement chez son ami guadeloupéen, Jean Joachim, ou dans le Modèle:20e chez un autre ami, Albert Dongal, de Modèle:Cita et au début de l'hiver 69, il retrouve dans cette bande, Christiane Zuckman, Modèle:Nobr, qu'il avait connu lycéenne, maintenant domiciliée dans une résidence universitaire à Paris. Après de longues conversations, il la raccompagne puis la rappelle mais interrompt ensuite leur liaison<ref name=kahn/> et elle repart en Guadeloupe, où elle se marie<ref name=kahn/>.

L'affaire Goldman

Trois hold-up

En sortant de prison en 1976, il reconnaitra que le motif des trois hold-up commis presque sept ans plus tôt était Modèle:Cita<ref name=197909Debray/> car transposant maladroitement en France des pratiques du mouvement "Modèle:Lh" américain, en voulant Modèle:Cita<ref name="197909Debray"/>. Selon lui son arme n'était pas chargée. Il vient alors de rompre avec sa future épouse, qui a grandi aux Antilles. En trois semaines, il vide son compte en banque pour des chemises et soirées<ref name=kahn/> juste avant, le 4 décembre 1969, de tenter d'aider un ami dans le besoin en volant Modèle:Nombre dans une pharmacie<ref name=génération>Génération, par Hervé Hamon et Patrick Rotman, Éditions du Seuil, 1987</ref> au 13 rue Rousselle à Paris<ref name=kahn/>,<ref name=Rabi/> à l'heure de la fermeture. Le pharmacien tente d'empêcher sa fuite avec la manivelle de la grille, mais Goldman évite son geste, sans tirer. La somme est dépensée en un don à un ami qui veut séduire une femme qu'il aime et en une soirée avec trois amis.

Deux semaines après, nouveau hold-up pour dérober Modèle:Nombre, le 20 décembre 1969, au magasin Vog, rue Tronchet<ref name=kahn/>,<ref name=Rabi/>, à visage découvert et devant plus de dix témoins<ref name=Rabi/>, suivi d'un troisième le 16 janvier 1970 contre un agent payeur des allocations familiales, à qui il vole Modèle:Nombre<ref name=kahn/>,<ref name=Rabi/>, passage Ramey<ref name=":6">Modèle:Article.</ref>. Il ne tire aucun coup de feu lors des trois hold-up, mais lors du dernier, il utilise la crosse du pistolet pour frapper au front l'agent payeur<ref>Procès-verbal de l'audition de Pierre Goldman le 10 avril 1970</ref>,<ref name="yj"/>. Lors du premier des trois, les témoins ont raconté que son arme est braquée sur le ventre du pharmacien, et qu'il croit déceler chez celui-ci un mouvement de violence mais l'évite et ne tire pas<ref name=beau/>.

L'un des trois hold-up, celui réalisé à visage découvert dans un magasin devant dix témoins, a eu lieu le lendemain matin de l'attaque de la pharmacie Delaunay, qui a causé le soir précédent, en plein Paris, la mort deux femmes et des blessures graves à deux témoins, dont un gendarme.

Accusation de double meurtre et blessure d'un policier

Le Modèle:Date à vingt heures, la pharmacie Delaunay, du boulevard Richard-Lenoir à Paris est cambriolée. Deux pharmaciennes, Simone Delaunay et Jeanne Aubert, sont tuées de plusieurs coups de pistolet, un client est grièvement blessé.

Gérard Quinet, gardien de la paix de Modèle:Nobr, boit une bière avec sa cousine Christiane, au comptoir du café Jean Bart, quand un couple les prévient de l'attaque de la pharmacie<ref name=mleclerc/>. Dans sa course, Gérard Quinet entend des coups de feu<ref name=mleclerc/> puis aurait pénétré dans la pharmacie et vu le tueur<ref name=mleclerc/> qu'il tente de retenir par le bras au moment où il sort<ref name=mleclerc/>. L'individu se dégage pour monter sur le trottoir<ref name=mleclerc/> et Quinet le poursuit jusqu'au terre plein central du Boulevard<ref name=mleclerc/>, où le meurtrier le blesse gravement d'un coup de feu<ref name=mleclerc>Modèle:Ouvrage.</ref>. L'expertise balistique montre que deux armes ont été utilisées, dont un P38.

La police répertorie les 13 autres pharmacies ayant subi des hold-up en quelques semaines à la même époque<ref name=grand/> et fait le rapprochement avec le vol dans celle de la rue Ernest-et-Henri Rousselle quinze jours plus tôt, le Modèle:Date. Le 28 mars, un document de la police montre que les commissaires Jobard, Leclerc et Sautereau ont reçu dans leur bureau un indicateur selon qui l'assassin des pharmaciennes est Pierre Goldman<ref name="grand">"De l'Antigang à la Criminelle. Un grand flic ouvre ses dossiers", par Marcel Leclerc, aux Editions Plon en 1993 [18]</ref>, également coupable des trois hold-up, mais ils refuseront de dévoiler son identité, même au procès, affaiblissant sa crédibilité.

Arrestation en avril 1970

Le Modèle:Date, il a rendez-vous chez son ami Marc Kravetz<ref name=kravetz19792209/>: "depuis plusieurs mois, il venait chez moi, tous les deux ou trois jours. Nous parlions de tout et de rien"<ref name=kravetz19792209/>, y compris des hold-up commis "mais sans que jamais il en parlât avec précision"<ref name=kravetz19792209/>. Le lendemain, Marc Kravetz découvre devant un kiosque à journaux, qu'il a été arrêté, la veille à Modèle:Nobr, par une photo "s'étalant sur toute la hauteur d'un quotidien du soir"<ref name=kravetz19792209/>.

Goldman est arrêté en possession d'un faux passeport vénézuélien, tandis que la police a perquisitionné chez un de ses amis et a trouvé un pistolet Herstal lui appartenant. Il reconnaît les trois vols à main armée mais dément catégoriquement avoir participé à l'affaire du boulevard Richard-Lenoir<ref name=":0"/>. Sa famille a précisé n'avoir découvert son Modèle:Cita<ref name=Cassati/> que lorsque son nom parait dès le lendemain dans les journaux<ref name=Cassati/>. Un article dans Le Monde diffusé le lendemain<ref name="yj"/> mentionne ainsi que Modèle:Cita<ref name="yj"/>. Son père pense que c'est parce qu'on lui a volé son passeport<ref name=Cassati/>, puis c'est sa photo qui est publiée<ref name=Cassati/>, avant même qu'il ne soit présenté aux témoins pour l'identification, contre toute règle de procédure, explique un journaliste de France-Soir venu remonter le moral à son père<ref name=Cassati/>, en lui expliquant qu'il aurait été absurde de commettre un nouveau hold-up à visage découvert le lendemain du double meurtre, dans la même ville<ref name=Cassati/>.

Témoins au procès

"Je suis innocent parce que je suis innocent. Et non parce que diverses personnes viendraient souligner tel trait de mon caractère, de mon comportement, etc. "<ref name=kravetz19792209/> écrit-il au tribunal pour expliquer qu'il ne présente aucun témoin de moralité, mot qui lui semble contradictoire avec ses trois hold-up.

La surprise du procès est la déposition de l'expert Robert Pagès<ref name="pages">Article de Philippe Boucher dans Le Monde du 14 décembre 1974 [19]</ref>,<ref>Robert Pagès, directeur du laboratoire de psychologie sociale à l'université de Paris-VII [20]</ref>", expliquant que "les témoignages sont des élaborations collectives" surtout quand la presse publie avant le procès articles ou photos, puis dans les salles d'attente du palais de justice, en racontant avoir entendu un témoin "raconter à un autre ce qu'il allait dire", faisant bondir le président pour lui interdire d'aller plus loin<ref name=pages/>.

En avril 1970, cinq témoins reconnaissent Pierre Goldman comme le meurtrier, lors d'une procédure viciée, car sa photo a été publiée juste avant dans la presse. Ils l'ont aperçu quatre mois plus tôt, et leurs témoignages ne sont pas homogènes en plus d'être contradictoires<ref name="beau">"Un beau procès d'assises" par le comité "Justice pour Pierre Goldman" le 17 janvier 1975 dans Libération du 17 janvier 1975 [21]</ref>. Tous ont vu la scène d'un meurtrier s'enfuyant en courant, alors qu'il faisait nuit depuis plusieurs heures. Les deux blessés graves l'auraient, eux, vu à l'intérieur de la pharmacie, où il faisait sombre.

Raymond Trocard, cadre commercial de Modèle:Nobr<ref name=mleclerc/> a caché son portefeuille au meurtrier avant de lui montrer une pièce de monnaie en le traitant de couillon qui va se faire prendre, ce qui aurait suffi à déclencher le premier coup de feu<ref name=mleclerc/>, les suivants visant à éliminer des témoins. Hospitalisé à Bobigny le lendemain<ref name=mleclerc/>, il parle d'un meurtrier mulâtre, précision rectifiée le surlendemain 22 décembre dans L'Aurore<ref name=mleclerc/>, puis décède cinq semaines après l'arrestation de Goldman. L'autre blessé grave, le jeune gardien de la paix ayant tenté de stopper dans sa fuite le meurtrier, réclame des dommages et intérêts au suspect. Il a entendu les premiers coups de feu alors qu'il courait vers la pharmacie.

Parmi ces cinq témoins, deux passantes, Annie Ioualitène, standardiste bousculée par le tueur et entendue le 12 janvier 1970, Modèle:Nobr après les meurtres<ref name=lps/>, et Nadine Lecoq, qui n'a témoigné que dix jours après avoir vu également un homme s'enfuir<ref name=lps/>. Roger Pluvinage, médecin, a aperçu une partie du drame du haut du Modèle:4e étage de son immeuble<ref name=lps>"L'Homme qui est entré dans la loi, Pierre Goldman" par Wladimir Rabi aux Éditions la Pensée sauvage en 1976</ref> mais n'est pas descendu porter secours aux blessés.

L'itinéraire d'une des deux passantes, du magasin de coiffure à l'arrêt de bus, ne passe pas par le lieu de l'action<ref name=Kravetz1974/>.

Son témoignage indique avoir Modèle:Cita qui en fait courait<ref name="Kravetz1974">"Le dossier de l'affaire du boulevard Richard Lenoir" Article de Marc Kravetz dans Libération le 16 décembre 1974 [22]</ref>

Elle a dit devoir prendre un car à Modèle:Nobr, soit 10 ou Modèle:Nobr avant<ref name=beau/>. L'une a parlé huit jours après aux policiers et l'autre trois semaines après<ref name=beau/>.

De nombreux autres témoins ne sont plus utilisables, ne viennent pas au procès ou rétropédalent. Modèle:Mme Carel, qui, en compagnie de son mari, avait assisté à la fuite de l'auteur du double meurtre et a paru « reconnaître » Goldman le deuxième jour du procès , se récuse le cinquième par une lettre disant qu'elle Modèle:Cita, qui avait Modèle:Cita et une silhouette "Modèle:Cita<ref name="quatreA">"Quatre témoins antillais avaient déposé contre l'accusé " parce qu'ils avaient peur ", Francis Cornu le 3 mai 1976 dans Le Monde [23]</ref>, soit Modèle:Cita observe Le Monde<ref name=quatreA/>.

Trois autres témoins présents n'ont pas "reconnu" Goldman, Modèle:Mme Moynet et MM. Carel et Boissier<ref name=Kravetz1974/>, et ont distinctement entendu l'agent Quinet parler d'un "mulâtre", l'un des trois parlant aussi pour sa part d'"un homme de couleur"<ref name=Kravetz1974/>.

Trocard avait vu, quelques minutes avant, son portrait dans Paris-Jour<ref name=Kravetz1974/>

Gérard Quinet s'est contredit plusieurs fois<ref name=Kravetz1974/>: il a prétendu au procès être entré dans la pharmacie, ce qui est démenti par tous les autres témoignages<ref name=Kravetz1974/>. On lui a montré une photo de Pierre Goldman à l'hôpital<ref name=Kravetz1974/> et il a pu le voir avant de le "reconnaître" menotté en encadré de policiers<ref name=Kravetz1974/>. Gérard Quinet se vante de sa bonne connaissance de la brigade criminelle, à laquelle il n'appartient pas<ref name=Kravetz1974/>.

Expertises balistiques et absence de reconstitution

Les expertises balistiques montrent que les armes et munitions appartenant à Goldman et retrouvées chez ses amis sont incompatibles avec celles utilisées lors du double meurtre, au cours duquel aucune autre personne que les deux victimes sont à l'intérieur de la pharmacie lorsque les tirs tuant les deux pharmaciennes ont lieu. Par ailleurs, les événements se produisant à l'extérieur resteront confus, aucune reconstitution n'étant organisée, contrairement à l'usage et malgré la gravité des faits.

Alibi de Pierre Goldman et tentatives pour l'effacer

Lors du premier procès, le tribunal écoute les témoignages d'un groupe d'Antillais<ref name="beau"/>, parmi lesquels Joël Lautric qui, l'après-midi du double meurtre, se repose avant d'aller danser<ref name="beau"/>. Son ami Roger Bigart et deux jeunesfemmes, Danièle Kress et Elizabeth Monnerville, quittent son appartement à 19h15 pour aller au métro Saint-Paul<ref name="beau"/>, à Modèle:Nobr, y rencontrent Pierre Goldman qui va chez Lautric<ref name="beau"/>, où sa sœur Annick Caprice et son beau-frère Alain Caprice lui ouvrent et lui donnent de l'aspirine pour soulager un mal de dents<ref name="beau"/>. Tous trois témoignent que Goldman écoute de la musique pendant une heure et s'en va<ref name="beau"/>. Le président du tribunal conteste successivement la date puis l'heure, qui figurent cependant dans l'enquête<ref name="beau"/>. Lautric, qui n'avait pas de montre<ref name="beau"/>, se souvient que Goldman "est venu le vendredi avant Noël"<ref name="beau"/>. L'enquête de la police a montré qu'il s'est fait soigner le jeudi soir en urgence une rage de dents à la Pitié-Salpétrière<ref name="beau"/> et qu'une des deux filles rencontrées au Métro Saint-Paul, qui elles avaient une montre, ne pouvait être sortie de l'école où elle travaillait que le mercredi ou le vendredi<ref name="beau"/>. La presse ayant mentionné que le meurtrier était "mulâtre", dans une soirée quelques jours après Goldman invite Lautric à confirmer à un de ses amis qu'il était chez lui ce soir là<ref name="beau"/>. Selon Libération, le président n'a pas voulu remettre en cause l'enquête sur la seule base de témoignages d'Antillais fréquentant Modèle:Cita<ref name="beau"/>.

Pierre Goldman est officiellement le seul suspect mais les témoignages parlant de Modèle:" (métis) impliquent un risque de mise en cause pour ce groupe d'amis antillais. Parmi eux, Alain Caprice, jeune informaticien qui deviendra inspecteur de police sur concours. Il rappellera des décennies plus tard qu'en avril 1970 Modèle:Cita et les obligent à les suivre au Quai des Orfèvres<ref>Article dans Le Monde "Flic et peintre" par Béatrice Gurrey le 23 juillet 2009 [24].</ref>.

Six ans et demi en prison

C'est seulement après quatre ans en prison qu'il se décide à écrire un livre et Jean Genet est le premier à lui conseiller. Il lui écrit une une longue lettre depuis la prison de Fresnes un 15 janvier 1973<ref>Exposition "Jean Genet et la quête de la censure" [25]</ref> à Jean Genet, lui répond en disant d'écrire un livre<ref>"Ce que contiennent les mystérieuses valises de Jean Genet" par Valérie Marin La Meslée le 29/10/2020 dans Le Point [26]</ref>,<ref>""Article par dans Le Monde [27]</ref>. Sa nièce Dorothée Janin s'en est inspirée pour un roman de 2023 sur la révolte en mai 1947 des femmes de la prison de Fresnes<ref name=dorothée>"La révolte des filles perdues" par Dorothée Janin en 2023 aux Editions Stock. [28]</ref>,<ref>"La révolte des filles perdues" de Dorothée Janin Modèle:Date- [29]</ref>. Les neuf premiers mois après son arrestation en avril 1970, il doit purger sa condamnation par contumace pour absence au service militaire<ref name=":7"/> et n'est autorisé à recevoir aucune visite<ref name=":7"/>. Sa belle-mère est la première à le visiter<ref name=":7"/>, puis son père une fois convaincu de son innocence<ref name=":7"/>. Il obtient une licence en philosophie et poursuit son apprentissage de l'espagnol en obtenant une maîtrise<ref name=":7"/>.

Christiane Succab-Goldman, qu'il a connue en 1965 puis revue en 1969<ref name=":7"/>, lui envoie en janvier 1975 sa première lettre. Ils s'écrivent tous les jours et il l'épousera à l'été 1976. De sa prison, il avait écrit " Je lui dis que nous aurions des enfants. Je pensais qu'ils ne seraient pas des Juifs basanés au sang nègre, mais des nègres qui auraient du sang juif"<ref name="kravetz19792209">Article de son ami Marc Kravez le 22 septembre 1979 dans Le Monde [30]</ref>.

Il désapprouve Modèle:Cita, sans parler de la sienne<ref name=inédite>"Une interview inédite : Goldman l'étranger" par Catherine Chaine le Modèle:1er octobre 1979 dans Le Monde []</ref>. Cependant, il jeûne le jour du Grand Pardon car il veut Modèle:Cita dans ce lieu<ref name=inédite/>.

En prison, Pierre Goldman correspond aussi, parfois, dans un argot vénézuélien avec Régis Debray, selon les mémoires de ce dernier<ref name=":1">Modèle:Ouvrage.</ref>, qui a été libéré le 23 décembre 1970 de sa prison de Bolivie. Comme lui, Goldman n'avait jamais adhéré à un parti politique, l'UEC n'étant qu'une fédération rassemblant des étudiants, dont une partie sont adhérents à des partis politiques très différents. Mais en 1971, il écrit à Roland Castro, qui en a cofondé un petit, nommé Vive la révolution! (VLR), qui vient d'être dissous<ref name=castro/>, le numéro 12 (du Modèle:Date-) de son journal étant interdit à la vente. C'est le moment où Roland Castro reçoit des adhésions désormais inutiles mais symboliques, dont celle de Marc Kravetz et son ami Pierre Goldman<ref name="castro">"La fabrique du rêve" par Roland Castro en 2010 aux Editions de l'Archipel [31]</ref>. Il proteste symboliquement, du fond de sa prison<ref name=castro/>, contre cette dissolution et l'interdiction d'un journal, dont l'autre cofondateur, Tiennot Grumbach, également militant de VLR, décide de s'inscrire au barreau de Versailles (Yvelines)<ref name="lmtg">Biographie Le Maitron [32]</ref>, moment où Pierre Goldman le choisit comme avocat. C'est ce dernier qui l'aide à préparer son premier procès<ref name=lmtg/>, qui sera un échec en 1974, avec une condamnation à la perpétuité, l'amenant à choisir trois nouveaux avocats, moins politisés, pour le second procès. L'un des trois est Francis Chouraqui, avec qui il pratiquait le karaté au début des années 1960. Il lui conseille d'écrire un livre pour se défendre.

Le livre est écrit au cours du premier semestre 1975. C'est à la fois un "mémoire au sens juridique et des "mémoires" au sens littéraire<ref name=org/> Le Modèle:1er tiers du livre raconte ses Modèle:Nobr d'existence et les deux autres démontent méthodiquement l'erreur judiciaire de son premier procès . À sa sortie de prison le Modèle:Date-, cinq mois après avoir été acquitté, Pierre Goldman répondra dans Libération sur les réductions de peine et la prise en compte de la détention provisoire déjà effectuée<ref name=197909Debray/>. Selon lui, Modèle:Cita pour constater qu'avoir commis trois hold-up à Paris se solde par une peine entre huit et douze ans<ref name=197909Debray/>. Il a donc eu le maximum, ramené à dix ans par les réductions de peine, sur lesquels il a effectué six ans et demi<ref name=197909Debray/>.

La réduction de peine est liée à sa présentation aux examens, à une grâce administrative de onze mois quasiment automatique depuis 1972<ref name=197909Debray/> et à trois mois de grâce pour bonne conduite<ref name=197909Debray/> : il n'a été qu'une fois au mitard, au début, pour avoir amené un poste de radio<ref name="197909Debray">""On n'est jamais vieux puisqu'on est toujours assez jeune pour mourir", entretien par Régis Debray dans Libération, 21 septembre 1979 [33]</ref>.

Il donne des cours à d'autres prisonniers, voit régulièrement un rabbin, ne participe pas aux émeutes de 1974 et s'est Modèle:Cita que l'encadrement de la prison témoigne en sa faveur et que l'avocat des victimes termine sa plaidoirie de 1974 en estimant qu'il faut poursuivre Modèle:Cita<ref>"Ce que la justice d'assises n'a pas supporté" Libération du 16 décembre 1974 [34]</ref>.

Pierre Goldman a obtenu pendant sa détention une maîtrise d'espagnol et une licence de philosophie. Il prépare une thèse de doctorat en philosophie. L'avis des psychiatres Modèle:Incise n'est pas identique à celui qu'ils avaient émis six ans auparavant. Ils font état d'une « évolution considérable » depuis le moment de son arrestation<ref name=":4"/>.

Avocats et soutien familial

L'accusé est décrit comme un "animal à sang froid" par le commissaire qui a supervisé l'enquête. Au premier procès, il se défend parfois seul<ref name="moreas">« La PJ de 68 », par l'ex-commissaire du groupe de répression du banditisme du Service régional de police judiciaire (SRPJ) de Versailles, Georges Moréas, le 10 février 2007.</ref>, même s'il a quatre avocats, dont Tiennot Grumbach, militant du seul parti auquel il ait jamais adhéré, Vive la révolution (via une lettre envoyée à Roland Castro, après un an de prison).

La famille le soutient fermement aussi. Dans les travées, ses parents et frères et sœurs « se tenaient par le bras, comme dans une manif »<ref name="Delassus">« Jean-Jacques Goldman, un héros si discret - L'enquête intégrale » par Pauline Delassus, dans Paris-Match le 17 août 2015.</ref>.

Son meilleur avocat aura été son livre, selon les comptes rendus du procès. Tout en rappelant la gratitude de Goldman<ref name="efa" />, qui lui a offert deux objets de grande valeur pour lui, la photo du résistant Marcel Rajman qu'il conservait sur lui et le numéro du Petit Parisien relatant le procès du groupe Manouchian<ref name="efa"/>, Kiejman reconnaitra à fin de sa vie que "sans ce livre", qui est resté "un classique de la défense judiciaire"<ref name=efa/>, salué par Jean Dutourd dans France-Soir<ref name=efa/>, il "n’y aurait probablement pas eu de cassation du premier procès"<ref name="efa"/> et que "les jurés l’avaient tous lu<ref name="efa"/> même si le roman policier qui a suivi sera "une gifle à tous ceux qui l’avaient soutenu"<ref name="name=efa">Article par Emmanuel Fansten le 25 septembre 2023 dans Libération [35]</ref>, <ref name="Signoret">"Le lendemain, elle était souriante" par Simone Signoret Edit . du Seuil , en 1979, cité par Georges Kiejman dans Libération [36]</ref>.

Kiejman, cependant, Modèle:Citation<ref name=bllg1979/>, qui a condamné Goldman à verser 110 000 FRF de dommages et intérêts au policier blessé lors du double meurtre. Il conserve ainsi cette dette alors que le tribunal l'a acquitté. Son épouse révélera en 2023 que Kiejman avait bien effectué le pourvoi mais hors-délai et que c'est la raison pour laquelle Goldman a sérieusement pensé à se séparer de lui une semaine avant le début du second procès. Le brigadier Quinet qui avait demandé la saisie-arrêt sur les droits du livre de Pierre Goldman a été débouté par la première chambre civile du tribunal de Paris le 12 avril 1978 mais la cour d'appel de Paris a ensuite décidé, le 30 mai 1979 que Gérard Quinet était effectivement fondé à lui réclamer cette somme. Pierre Goldman s'est ensuite pourvu en cassation, une semaine avant son assassinat<ref name="19790922LM">Article de LAURENT GREILSAMER et BERTRAND LE GENDRE dans Le Monde du 22 septembre 1979 [37]</ref>.

Premier procès

Pierre Goldman comparaît devant la cour d'assises de Paris le Modèle:Date-. Dans un livre de 1978, le chroniqueur du Monde Philippe Boucher se souvient qu'"après avoir pris connaissance des articles, il ne faisait pas de doute" que Goldman était coupableModèle:Sfn, conviction "renforcée par les premières heures du procès"Modèle:Sfn, mais en fin de journée "le doute s'inséra"Modèle:Sfn, avec une "de ces instructions mal bâties, bâclées"Modèle:Sfn, le procès ne portant pas remède à cela, d'autant que le président des assises était fort ami du principal juge d'instruction, dont il n'était pas question de contester le travail"Modèle:Sfn.

"Cinq jours ayant passé, on ne prouvait rien du tout" et tout le monde attendait donc une peine "mi-chèvre mi chou", constate Philippe BoucherModèle:Sfn, même si cinq des neuf jurés ayant refusé les circonstances atténuantes, la peine de mort devenait en théorie possible et les jurés ont finalement "respecté le principe fondamental selon lequel seuls les coupables comparaissent devant les cours d'assises, les juges d'instruction ayant décelé les innocents"Modèle:Sfn.

Les témoignages étant contestés, le prévenu disposant d'un alibi, l'accusation privilégie des éléments de personnalité. L'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation le décrit ainsi comme « considéré par ses proches et ses camarades comme très intelligent, mais exalté, contestataire et violent, replié sur lui-même et en révolte permanente contre la société et la famille », en s'appuyant sur une expertise psychiatrique affirmant Modèle:Cita et qu'Modèle:Cita<ref name=":4">Modèle:Article.</ref> ». Les propos du procureur en ce sens seront cependant rectifiés à l'audience par une experte psychiatre.

Le premier se déroule en l'absence du principal témoin, l'un des deux blessés par le meurtrier des pharmaciennes : Raymond Trocard s'est noyé, seul et sans témoin, lors d'une partie de pêche le Modèle:Date-, un mois après l'arrestation de Goldman: il restait sujet à des vertiges, séquelles de ses blessures.

Du côté de la défense, les conditions de l'identification de Goldman sont mises en doute : selon l'ex-magistrat Wladimir Rabinovitch, la police a présenté aux autres témoins, qui ont vu les meurtriers de plus loin, une photo où ils reconnaissent Pierre Goldman comme l'auteur du meurtre, alors qu'il s'agit de la photo d'un tiersModèle:Sfn. Selon Bernard Hautecloque, Goldman accuse ensuite les policiers de l'avoir présenté aux témoins fatigué, pas rasé, l'aspect peu engageant.

Les policiers réfutent cette accusation mais ne peuvent montrer les photos prises au moment de la présentation aux témoins car, à la suite d'une négligence, l'appareil n'a pas été chargé<ref name=":2"/>. Ils ne peuvent produire que la photo de l'Identité judiciaire, où Goldman est rasé de près, mais prise après l'identification.

Malgré l'absence du témoin-clé de l'accusation et les doutes sur les autres témoignages, Goldman est condamné à perpétuité le Modèle:Date. L'annonce du verdict se fait dans une ambiance houleuseModèle:Sfn. Dans le public, certains pleurent, d'autres prennent le condamné dans leurs bras. Son père, en colère, approche du président, à qui la presse a reproché de ne pas avoir laissé aux jeunes avocats de la défense assez de temps pour questionner les témoins. On entend aussi des cris « jurés assassins !» ou encore « racistes! », des proches scandant surtout longuement « innocent, innocent !».

Création d'un comité de soutien après le premier procès

C'est après ce premier procès que se crée un comité de soutien, ne réunissant au départ que des très proches<ref>Livre de Michael Prazan [38]</ref>, mené par sa demi-sœur Evelyne et aux conférence de presse duquel participe son demi-frère le chanteur Jean-Jacques, dont le groupe musical fait déjà l'objet d'articles.

Ce comité sera rejoint plus tard par des personnalités et ses Modèle:CitaModèle:Sfn,<ref>"Pierre Goldman", France Inter, le 8 août 2022 [39]</ref>, lorsqu'une pétition sera lancée. Le Monde et La Croix diffusent un communiqué de ce Comité Justice pour Pierre Goldman dans lequel le président de la cour, l'avocat général et les jurés sont désignés comme de « véritables assassins ».

Le Monde sera condamné pour avoir donné à ce communiqué « une ample diffusion (...) sans estimer nécessaire d'émettre la moindre réserve sur son contenu ni juger utile d'en désapprouver les termes<ref>Modèle:Article.</ref>».

L'année suivante, le second procès est massivement couvert par la presse, et les journaux de toutes opinions s'étonnent des incohérences du dossier, notamment les articles de Jean Dutourd et Georges Conchon dans le grand quotidien populaire de centre-droit, France-Soir.

Pierre Emmanuel de l'Académie française estime dès 1974 dans Le Figaro, que "rien n'a été prouvé contre lui au sujet des crimes qui l'ont fait condamner"<ref>"La justice ou la fiction de la vérité", par Pierre Emmanuel de l'Académie française, le 16 décembre 1974 dans Le Figaro [40]</ref>,<ref name="plusieurs1974">Plusieurs personnalités se déclarent "indignées" de la condamnation de Pierre Goldman à la réclusion à vie", dans Le Monde du 17 décembre 1974 [41]</ref> et Jean Laborde, dans L'Aurore, que le verdict est "tombé comme une pierre, stupéfiant tous les observateurs"<ref name=plusieurs1974/>, en choquant<ref name=plusieurs1974/> car il n'a "pas tenu compte du témoignage des psychiatres"<ref name=plusieurs1974/> ni du fait que le condamné "a déjà accompli de sérieux efforts pour s'amender"<ref name=plusieurs1974/>, après un procès qui a été plaidé "fort mal"<ref name=plusieurs1974/>. Cette pique vise l'inexpérience de ses jeunes avocats, Marianne Merleau-Ponty et Etienne Grumbach. Louis-Marie Horeau dans Le Quotidien de Paris déplore lui que les jurés semblent "venus d'une autre galaxie"<ref name=plusieurs1974/>.

Menée notamment par l'actrice Simone Signoret, rejointe par Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et d'autres personnalités du monde intellectuel, une campagne visant un public plus large se développe en faveur du condamné. Elle est rejointe par d'autres personnalités du monde politique, de gauche comme de droite. François Mitterrand fait savoir qu'il ne croit pas à sa culpabilité des deux meurtres<ref>Modèle:Article.</ref> et Françoise Giroud, qui vient d'être nommée ministre, intervient en sa faveur auprès de Valéry Giscard d'Estaing. Selon Michaël Prazan, auteur en 2006 d'une livre et d'un documentaire contestant l'acquittement de Goldman et innocentant l'extrême-droite des soupçons d'assassinat, Giscard aurait ainsi déclaré en privé au début des années 1970 : « Si Pierre Goldman est innocent, il doit être rejugéModèle:Sfn. ». De nombreuses autres personnalités sont sollicitées, dont Pierre Mendès-France et Yves Cannac, secrétaire général adjoint de l'Élysée<ref>Modèle:Article.</ref>. Maxime Le Forestier écrit à ce sujet en 1975 la chanson La Vie d'un homme sur l'album Saltimbanque

Le Modèle:Date-, le jugement de la cour d'assises est annulé par la Cour de cassation en raison de l'absence de date sur le procès-verbal des débats. Le greffier responsable de cette erreur évoquera un « revirement de jurisprudence »<ref>Modèle:Article.</ref> : depuis cent ans les magistrats considéraient que la mention de la date sur les procès-verbaux n'était pas indispensable.

Second procès

Le second procès démarre le 26 avril 1976<ref name="pouillot"/> à Amiens devant la cour d'assises de la Somme. Son frère Jean-Jacques Goldman est à nouveau présent dans la salle<ref name="pouillot"/> comme toute la famille. Ses avocats Georges Kiejman et Émile Pollak ont étudié le dossier pour Modèle:Cita<ref>Souvenirs dans la presse de l'avocat Michel Pouillot, qui a assisté tous les jours au procès.</ref>.

Dès le 27 avril, deuxième jour, la situation semble Modèle:Cita, selon Le Monde, car les avocats de la défense n'ont "pas eu de peine à obtenir que certains témoins se déclarent moins sûrs d'eux"<ref name=armes/> et que Georges Kiejman a Modèle:Cita<ref name=armes/> dans l'optique voulue par Raymond Marcellin, ministre de l'intérieur, "très soucieux d'établir des liens entre l'activité de certains gauchistes et certaines exactions" du début 1970<ref name="armes">"Les armes utilisées par le meurtrier des deux pharmaciennes n'étaient pas celles utilisées habituellement par Pierre Goldman", article de Francis Cornu dans Le Monde" du 29 avril 1976 [42]</ref>. À l'audience, la police vient en effet de répondre maladroitement au sujet de son indicateur caché, dont Goldman a parlé dans son livre sans donner son nom, un ex-légionnaire de la guerre d'Algérie chargé d'infiltrer les manifestations. Pierre Goldman souligne lui que Modèle:Cita<ref name=armes/>. L'avocat de l'accusation Henri-René Garraud le coupe en lui rétorquant qu'il a été désavoué au premier procès, il le traite de "fasciste" et de "raciste" avant de retirer ses propos, le tribunal demandant pour sa part à Henri-René Garraud de renoncer à ce genre d'argument<ref name=armes/>.

Au premier procès, un article dans Le Monde du 11 décembre 1974 avait déjà mis en scène Gustave Jobard, directeur adjoint de la police judiciaire soumis à un Modèle:Cita<ref name=chasse/> puis du président André Braunschweig au sujet de l'indicateur, sans en tenir compte, au risque selon lui de Modèle:Cita<ref name="chasse">"Pierre Goldman répond de deux meurtres et de trois agressions" par Philippe Boucher dans Le Monde du 11 décembre 1974 [43]</ref>.

Kiejman rappelera aux jurés "cette petite phrase du commissaire Jobard au cours de son audition : dans la mesure où Pierre Goldman est coupable, il serait préférable d'avoir une preuve matérielle". Il rappelle aussi que pour entraîner une condamnation des témoignages doivent être "constants, concordants, précis et riches"<ref>"Pierre Goldman est acquitté par les assises de la Somme pour le double meurtre du boulevard Richard-Lenoir", article de Francis Cornu dans Le Monde" du, 6 mai 1976 [44]</ref>.

Goldman affirme de son côté sa surprise de constater, avant son arrestation, que l'indicateur connaissait tous les détails des trois hold-up<ref name=chasse/>. Selon le cinéaste Cédric Kahn, la Modèle:Cita de Kiejman et Pierre Goldman, c’est Modèle:Cita contre un Modèle:Cita en tentant maladroitement de Modèle:Cita<ref>Article le 26.09.23 par Sophie Joubert dans L'Humanité [45]</ref>.

Le 13 mars 1970, juste avant que l'indicateur ne se manifeste, le gouvernement avait décidé la première saisie d'un journal français depuis des décennies, l'hebdomadaire La Cause du peuple<ref name="ina">Archives INA [46]</ref> dont dix-huit numéros ont déjà paru<ref name="Ferragu">"1970 : l’été indien de la révolution, commentaire de la couverture de La Cause du Peuple" par Gilles Ferragu, dans la revue d'histoire politique Parlement[s] en 2018 [47]</ref>. Le 17 janvier 1970, ses vendeurs avaient déjà été appréhendés violemment par la police et le 22 mars 1970 son directeur Jean-Pierre Le Dantec arrêté et inculpé de provocations diverses<ref>"De la Révolution à l'Institution" par Jean-Pierre Le Dantec [48]</ref>. Les diffuseurs du journal demandent à Jean-Paul Sartre d'assurer sa direction juridique pour en permettre la survie et le 11 avril 1970 , dans Le Monde, en pages "Libres opinions" , un article de Serge July<ref>titré « Pour la cause du peuple »</ref>, appelle à d'autres soutiens. Scandalisé, Léo Ferré compose la chanson "Le Conditionnel de variétés"<ref name="Brenez p171">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>"Léo Ferré, toujours vivant", par Pascal Boniface · en 2018 [49]</ref>, en estimant qu'un pays qui s'en prend à la liberté de la presse est un pays au bord du gouffre"<ref>Dictionnaire amoureux de la chanson française" par Bertrand Dicale chez Place des éditeurs en 2016 [50]</ref>.

Lors de ce second procès, le procureur fait état de la présence dix ans plus tôt de Goldman à l'hôpital psychiatrique de Cour-Cheverny (Loir-et-Cher) d'avril à Modèle:Date- et ce dernier répond qu'il y rendait visite à des amis<ref name=":2">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Révélations tardives

Des révélations tardives, comme celles d'Albert Bender, dénonçant un de ses anciens complices, Bernard Martin, comme l'auteur du crime<ref>Article le 4 mai 1976 dans Le Monde.</ref>, n'ont pas donné lieu à un supplément d'informations qui aurait nécessité un renvoi du procès, au cours duquel Gustave Jobard, directeur adjoint de la police judiciaire, Modèle:Cita.

Le Modèle:Date-, Pierre Goldman est acquitté des meurtres du boulevard Richard-Lenoir, mais condamné à Modèle:Nobr de réclusion criminelle pour les trois autres vols à main armée<ref name=diard>Modèle:Ouvrage.</ref>. Modèle:Me a présenté aux jurés la photo (qu'il a fait porter au format grandeur nature et disposer sur un mannequin) de son client prise lors de son arrivée à la brigade criminelle : sans cravate ni lacets, mal rasé ; il a fait convoquer les six policiers ayant participé à la présentation aux témoins et leur a demandé de s'aligner, alors qu'ils sont en costume, à côté du mannequin ; puis l'avocat a demandé aux jurés : Modèle:Cita

Par ailleurs le président Guy Tabardel est vivement critiqué par le substitut général Jacques Basse, qui lui reproche d'avoir laissé les avocats de la Défense questionner trop souvent les témoins sans respecter assez la priorité dans l'ordre des débats accordée au parquet<ref>Modèle:Article.</ref>.

Saisie sur droits d'auteur du livre après sa libération

À la sortie de prison, les tracas judiciaires ne sont cependant par terminés car Gérard Quinet, blessé lors du double meurtre de 1969, réclame une saisie-arrêt sur les droits d'auteur du livre Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France, paru à l'automne 1975 avant le procès en cassation, ce qui avait permis à Modèle:Me Arnaud Lyon-Caen, un des avocats de Goldman, d’en distribuer un exemplaire à chaque membre de la Cour<ref name="Faites entrer l'accusé"/>. Rédigé par Goldman en surmontant peu à peu « le dégoût d'écrire »<ref name="Universalis">Encyclopedia Universalis [51]</ref>, ce livre s'est vendu à environ Modèle:Nombre au total<ref name="Faites entrer l'accusé"/>. Dans un arrêt civil du 8 janvier 1975, la cour d'assises avait accordé à Gérard Quinet une réparation d'environ Modèle:Nombre pour les blessures subies lors de l'attaque de la pharmacie<ref name=appel>"La saisie-arrêt de M. Quinet sur les droits d'auteur de M. Goldman est validée", le Modèle:1er juin 1979 dans Le Monde</ref>. Il obtient cette saisie-arrêt, pratiquée le 27 décembre 1976, deux mois après la sortie de prison de Pierre Goldman. Les avocats de l'ex-prisonnier acquitté, qui a purgé sa peine découlant des affaires de hold-up, obtiennent du tribunal, en avril 1978, l'annulation de cette saisie-arrêt<ref name="">"Le brigadier Quinet n'est plus fondé à réclamer à M. Goldman des dommages-intérêts" dans Le Monde le 14 avril 1978 [52]</ref> en première instance, mais la cour d'appel présidée par Jean Vassogne a infirmé, le 30 mai 1979, ce jugement du tribunal civil<ref name=appel/>, permettant la poursuite de la saisie-arrêt. Même si la justice n'a finalement pas trouvé l'auteur du coup de feu ayant blessé Gérard Quinet, ce dernier conserve sa compensation financière<ref name=19790922LM/>. Pierre Goldman s'est ensuite pourvu en cassation, une semaine avant son assassinat<ref name=19790922LM/>

La cinéaste Christiane Succab-Goldman, veuve de Pierre Goldman, révélera en octobre 2023 que Kiejman avait Modèle:Cita<ref name =csg/>. Selon elle, malgré cet accroc qui est la source d'une lettre agacée de Goldman envisageant de se séparer de cet avocat peu avant le second procès, une Modèle:Cita a lié Kiejman et Goldman et Modèle:Cita.

Réinsertion

Entre sa sortie de prison en octobre 1976 et son assassinat, Pierre Goldman connait trois années de réinsertion réussie: il fonde une famille, prépare la naissance, espère avoir une fille, car "les femmes c'est mieux"<ref name=PGA>"Pierre Goldman assassiné", par Pierre Benichou le 24 septembre 79 dans Le Nouvel Observateur</ref>, publie un roman, écrit dans trois journaux, et travaille tous les soirs à la Chapelle des Lombards, club de salsa qu'il a cofondé, devenant son principal animateur<ref>"Les soirées salsa à Paris regard sociologique sur un monde de la fête" par Yannis Ruel en 2000 chez l'Éditeur :L'Harmattan [53]</ref>. Il a deux projets de films importants, l'un sur les immigrés dans la résistance<ref name=19790922LM/> et l'autre sur le Festival mondial de la jeunesse à Cuba, ainsi que deux projets d'essais aux Editions Ramsay, où il est directeur de collection depuis 1978<ref name=lm19790921/>. L'un est une réflexion philosophique via une autobiographie sur les années de sa vie après son procès<ref name=lm19790921/>, l'autre un essai sur les dangers de la Nouvelle droite.

Les affaires François Duprat et Jacques Mesrine

Selon les quotidiens Libération et Le Monde<ref name="peurlibe">Article le 21 septembre 1979 dans Libération [54]</ref>,<ref name=peur/>, Goldman s'est senti "menacé" en mars 1978, et "à plusieurs reprises", avait "avoué sa peur à ses amis" après avoir été mis en cause par l'hebdomadaire Minute juste après "l'assassinat à la voiture piégée, le 18 mars 1978" à Saint-Wandrille-Rançon, du numéro deux du Front National François Duprat<ref>"Duprat, l’homme qui inventa le Front national" par David Doucet le 27 février 2012 [55]</ref> qui enseignait l'histoire-géographie au collège tout proche de Caudebec-en-Caux<ref name="Wandrille">"Saint-Wandrille-Rançon : le 18 mars 1978, la GS de François Duprat explose" dans Le Courrier cauchois, par Ghislain Annetta le 16/03/2018 à 00h00 [56]</ref>. L'extrême-droite a ensuite "complètement mythifié Duprat, le premier de ses martyrs"<ref name=indepPG>Article le 03/03/2012 dans L'Indépendant [57]</ref>.

Goldman "s'était senti plusieurs fois visé par l'hebdomadaire Minute, principalement au moment de l'affaire François Duprat. L'hebdomadaire rapportait, en effet, dans un numéro de mars 1978, que les policiers chargés de l'enquête sur la mort du militant d'extrême droite avaient trouvé une liste de vingt personnalités condamnées à mort"<ref name=peur/>, écrit Le Monde un ans après. Dans la liste, Alain Madelin et Gérard Longuet deux figures du mouvement Occident.

Minute n'avait pas accusé nommément Goldman mais tracé un portrait faisant qu'il "se serait senti désigné" selon ses amis<ref name=peur/>, rapporte Le Monde au lendemain de son assassinat. "Certaines campagnes de Minute en particulier l'avaient effrayé. Et puis sa vigilance était retombée", écrit le même jour Libération<ref name=peurlibe/>, selon qui "Goldman paiera pour Mesrine. Pour un Tillier ancien flic, journaliste à Minute, un Goldman ancien gangster, journaliste à Libération"<ref name=peurlibe/>. Le quotidien, avec qui il est brouillé depuis juillet, se demande si les tueurs n'ont pas "attendu que la police soit humiliée par l'affaire Mesrine pour défendre l'honneur" de Jacques Tillier, journaliste à Minute qui dix jours avant l'assassinat de Goldman avait été torturé et laissé pour mort dans une grotte de l'Oise par le célèbre truand Jacques Mesrine.

Quatre jours après l'assassinat, revendiqué par un "commando du souvenir", puis un "groupe révolutionnaire juif"<ref name=deuxo/>, tous deux inconnus, Le Monde révèle que Duprat avait quasiment fini un livre sur le financement des partis politiques<ref name=deuxo/>, et que son éditeur a reçu une lettre lui demandant d'y renoncer, aussi longtemps que sa veuve, gravement blessée dans l'attentat, "n'aura pas recouvré un état de santé" lui permettant d'en décider<ref name=deuxo/>. Libération publie le lendemain des extraits de ce tapuscrit<ref>"Quand François Duprat faisait trembler le patronat" par Benoît Collombat, dans Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, en 2014 [58]</ref>, comme le raconte un livre<ref name=charpier/> publié au début de 2005<ref>Critique dans Le Monde du 13 février 2005, republiée en 2013 [59]</ref>. Le journaliste Alain Renault, a ensuite épousée la veuve et travaillé ce tapuscrit<ref name=charpier>"Génération Occident" par Frédéric Charpier aux Editions du Seuil en 2005</ref>,<ref>"Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours" par David Servenay, Benoît Collombat, Frédéric Charpier, Martine Orange et Erwan Seznec [60]</ref>, mettant en cause le ralliement au gouvernement giscardien d'une partie de l'extrême droite. En novembre 1978, il a succédé à Duprat et affronte une contestation des "Groupes nationalistes révolutionnaires (G.N.R.), créés par François Duprat, qui craignent que la direction du parti ne s'efforce d'exclure leur courant<ref>"Le Front national se prononce pour une Confédération européenne fondée sur les patriotismes nationaux" par Jean-Marie Colombani, dans Le Monde le 14 novembre 1978 [61]</ref>,<ref>Dans son discours de clôture, M. Jean-Marie Le Pen a rendu hommage à ces " soldats de la fidélité qui ont nom Bastien-Thiry ou Roger Degueldre [62]</ref>.

Le Monde a aussi rappelé la parution quelques mois avant l'assassinat de Duprat du livre de Patrice Chairoff "Dossier néo-nazisme", qualifié par François Duprat "d'appel au meurtre", et "fort décrié"<ref name=lebourgs>LEBOURG, Nicolas ; SISTACH, Dominique. Le droit de l’archive et la morale de l’histoire. Les limites juridiques de l’écriture de l’histoire présente : le cas François Duprat In : Violence(s) de la préhistoire à nos jours : Les sources et leur interprétation Perpignan : Presses universitaires de Perpignan, 2011 Modèle:ISBN. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pupvd.3424. [63]</ref>, car il livrait les noms et les adresses de responsables d'extrême droite, dont le sien<ref name=deuxo>"Deux organisations inconnues revendiquent l'assassinat de François Duprat" Le Monde du 23 mars 1978 [64]</ref>, tout en accusant Duprat<ref name=deuxo/> d'avoir relayé une brochure négationniste diffusée à l'été 1977<ref>"LE MENSONGE", par Pierre Vianson-Ponté le 18 juillet 1977 [65]</ref>, déclenchant un droit de réponse de Patrice Chairoff<ref>Droit de réponse de Patrice Chairoff[66]</ref>. Charlie Bauer, sorti de prison l'année précédente, avait proposé un éphémère "groupe d'intervention antifasciste", d'abord baptisé groupe de soutien aux sud-américains. Goldman "semblait redouter des représailles, au point qu'il avait demandé à plusieurs de ses proches de le protéger" mentionne Le Monde<ref name=peur/>. Des militants l'avaient alors "accompagné dans ses déplacements, durant plusieurs jours, et quelques amis avaient vécu dans son appartement"<ref name=peur/>. L'historien Nicolas Lebourg ne croit pas à la piste israélienne pour l'assassinat de François Duprat, en raison du type d’explosif utilisé, mais plutôt à celle d'anciens de l’OAS, à qui Duprat avait déjà eu affaire<ref name=Wandrille/>, en février 1964 lors de son exclusion de la FEN "pour déviationnisme et déloyauté", puis après les blessés graves<ref>"Les mouvements d'extrême-droite en France depuis 1944" par François Duprat aux Editions Albatros en 1972</ref> des affrontements de 1967 à Rouen qui avaient entraîné exclusion et passage à tabac pour lui et Patrick Devedjian<ref name=jeunesse>"La "folle jeunesse" de Madelin et Devedjian revient sur le devant de la scène" Article par Olivier Faye, Abel Mestre et Caroline Monno le 26 février 2010 dans Le Monde [67]</ref>,<ref name="Lebourg2018">"L’affrontement des étudiants extrémistes, dans les années 1960" par l'historien Nicolas Lebourg, dans la revue Études en 2018 [68]</ref>, soupçonnés d'avoir parlé à la police<ref name=jeunesse/>. Le quotidien "Paris-Normandie" avait de son côté affirmé que Duprat, fondateur de l'organisation France-Palestine, informait la DST<ref name=deuxo/>. Au printemps 1978 est publié une enquête de Frédéric Laurent, journaliste à 'Libération, recruté ensuite par Le Matin puis l'Élysée<ref>Fotolib Archives [69]</ref>, consacrée à "l'activité des réseaux néo-fasciste" en Europe, pilotée à partir de l'Espagne, en évoquant "la réconciliation opérée par ses représentants avec le pouvoir" en France à "la faveur des événements de mai 1968"<ref>"Une internationale fasciste ?" par Jean-Marie Colombani, dans Le Monde le 21 juillet 1978 [70]</ref>.

Le commissaire Marcel Leclerc, en charge de l'enquête sur l'assassinat de Goldman avait immédiatement enquêté dans la mouvance d'extrême-droite<ref name="peur">"Une manifestation de protestation est organisée par les groupes d'extrême gauche Les enquêteurs orientent leurs investigations vers les groupes d'extrême droite" Le Monde le 22 septembre 1979 [71]</ref>. Depuis 1974, Minute a pour chef des informations générales Serge de Beketch et recruté un ex-contractuel de la DST, Jacques Tillier, qui organise Modèle:Cita<ref name=SMOLAR/>, impulsés par Lucien Aimé-Blanc, nommé patron de l'OCRB en février 1977, à la Modèle:Cita<ref name=SMOLAR/> celle d'être « un flic tordu, mais un bon flic »<ref name=SMOLAR/>, qui cumule Modèle:Cita<ref name="SMOLAR">"L'ancien commissaire Lucien Aimé-Blanc raconte son combat personnel contre Jacques Mesrine", par Piotr Smolar dans Le Monde le 03 octobre [72]</ref>.

Carrière de journaliste

Pierre Goldman est recruté par Jean-Paul Sartre pour entrer au comité de rédaction de la revue de réflexion Les Temps modernes<ref>"Procès Goldman : "Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France", l'histoire d'un livre iconique" par Chloé Leprince, Radio France le jeudi 28 septembre 2023 </ref>, au printemps 1977, six mois après sa sortie de prison<ref name=lm19790921>Le Monde le 21 septembre 1979 [73]</ref>. Sa mère Janine Sochaczewska, prendra sa relève après son assassinat et y tiendra Modèle:Cita pour Modèle:Cita, secrétaire de rédaction depuis 1973 et auteure d'"Elise ou la vraie vie"<ref name="manouchian">"L'écrivaine Claire Etcherelli, "Elise ou la vraie vie" sur France Inter le 8 mars 2023 [74] </ref>.

En avril 1976, peu avant son second procès, il confie dans lettre à son nouvel avocat Francis Chouraqui espérer que son autre avocat Georges Kiejman l'aide à entrer à l'hebdomadaire Le Nouvel observateur<ref name=Kahn/>. Il écrira plus tard pour ce journal et pour le quotidien Libération, où il est d'abord à l'essai pendant deux mois. Pour son premier article, le directeur du journal Serge July fait un "coup médiatique" en lui demandant le 10 mars<ref name =champ/> une critique du premier livre de Jacques Mesrine<ref>L'Instinct de mort (livre), aux éditions Jean-Claude Lattès, février 1977.</ref>, alors détenu en quartiers de haute sécurité de la Santé, sorti en librairie le Modèle:Date<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, alors que le parquet du tribunal de Paris a ouvert le Modèle:Date- une information contre X pour sortie irrégulière d'écrits d'un détenu<ref>Le Monde du 3 mars 1977 [75]</ref>. Dans sa critique, titrée sur le « champ sacré de l'écriture »<ref name =champ>« Jacques Mesrine dans le champ sacré de l'écriture », Libération, 10 mars 1977</ref>, il espère sincèrement que Jacques Mesrine saura lui aussi y trouver l'apaisement, alors que son procès est prévu dans deux mois.

Un autre journaliste de Libération, Gilles Millet, reprend le dossier<ref name=sav/>, par une interview de Mesrine dès le 12 août 1977<ref name="touran">"Un bandit très médiatique" par Patricia Tourancheau, dans Libération le 22 octobre 2008 [76]</ref>. Gilles Millet réalisera une seconde interview, sur douze colonnes, de Mesrine dans Libération des 3 et 4 janvier 1979, accompagnée d'un commentaire signé par Serge July<ref name=sav/>. Considérée par Le Monde du 31 janvier 1979 comme une forme de "publicité"<ref name="perrier"/>, elle vaudra à Serge July et Gilles Millet des poursuites pour "apologie de crimes", "apologie de vols" et " injure publique à magistrat"<ref name=sav/>,<ref name="perrier"/>. Au printemps 1979, quelques mois avant l'assassinat de Pierre Goldman, Gilles Millet emmènera un ami, le photographe Alain Bizos dans le Loiret<ref name=touran/> pour une «séquence cinématographique» avec Jacques Mesrine «qui se mue en bête de scène, adresse un bras d’honneur à ses ennemis »<ref name=touran/>.

Entre-temps, Goldman a préféré rédiger des articles sur la géopolitique, la musique et la littérature. En février 1978, Libération publie dans deux numéros consécutifs son interview de Gabriel Garcia Marquez<ref>"García Márquez : «Quand une révolution est dans la merde, il faut manger de la merde avec elle», entretien avec Pierre Goldman paru le 20 février 1978 et republié le 6 mai 2014 dans Libération [77]</ref> et<ref>García Márquez : «Je n’ai aucune imagination», entretien avec Pierre Goldman paru le 20 février 1978 et republié le 6 mai 2014 dans Libération [78]</ref>, évoquant les dissidents à Cuba et la situation en Angola, où l’Afrique du Sud a dès 1975 envoyé des commandos s'emparer des installations du fleuve Kumene qui alimente la Namibie en électricité.

Connaisseur et amateur de danse latino-américaine, il est au même moment cofondateur en 1978 de la Chapelle des Lombards, haut lieu du jazz, de la salsa et de la musique afro-cubaineModèle:Sfn et y effectue des prestations quotidiennes, aux percussions, se consacrant aussi à l’écriture d’articles pour Le Nouvel observateur<ref name="laprov">"Pierre Goldman, assassiné par le SAC, le Milieu marseillais... ou les deux ?" par Fred Guilledoux dans La Provence le 29/01/10 [79]</ref>.

Dès ses débuts à Libération, le 11 mars 1977, Pierre Goldman a arraché une Croix de fer, insigne nazi, sur la cravate du chroniqueur culturel Alain Pacadis, figure du mouvement punk, qu'il ne connaissait pas et qui s'assoit à côté de lui en revenant de Londres<ref>Alain Pacadis, Un jeune homme chic , Paris , Le Sagittaire , 1978 , p . 133-134</ref>,<ref name=paca>"CAMION BLANC" par Jean-Marc Quintana, reprenant le verbatim exact d'Alain Pacadis, dans "Un jeune homme chic" [80]</ref>. Goldman s'apaise après quelques minutes de discussion<ref name=paca/>, mais un demi-siècle plus tard, l'anecdote deviendra "un coup de marteau sur la tête" de Pacadis et la Croix de fer une croix gammée, dans un livre de Jean Guisnel<ref>"Libération, la biographie" par Jean Guisnel 2012 aux Éditions La Découverte [81]</ref>, puis "une rouste de Pierre Goldman" dans un article s'en inspirant<ref>"La rage de vivre" par Norbert Czarny, le 12 septembre 2023 [82]</ref>.

Goldman a ensuite déchiré les dessins utilisant des croix gammées du "Collectif Bazooka", groupe de dessinateurs menés par Olivia Clavel et Kiki Picasso, recrutés par Serge July, en venant presque aux mains Modèle:Cita<ref>Les inrockuptibles en 2008</ref>. Ceux-ci se plaignent dans un article de Libération du 12 août 1977<ref name="perrier">"Le roman vrai de Libération", par Jean-Claude Perrier, en 1994 aux Éditions Julliard.[83]</ref>, que Goldman et d'autres aient Modèle:Cita pour les faire partir<ref name=perrier/>, suivi d'un autre article de Serge July se posant en modérateur<ref name=perrier/>. Bazooka intervient ensuite au « marbre » (maquette) juste avant le départ au rotatives, installant une « dictature graphique » qui provoque l'opposition de la rédaction<ref name=gonz/>,<ref name=coll/>,<ref name=duc/>, menée par Pierre Goldman et les journalistes du service politique, si bien qu'à l'été 1978, Bazooka est transféré à une autre publication, créée par Libération, le supplément Un Regard moderne, arrêtée en novembre 1978, la rédaction de Libération accusant à nouveau Bazooka d'un piratage de publication et d'un dessin faisant l'apologie de l'inceste et de la pédopornographie<ref>Modèle:Lien web.</ref>, inséré dans la page d'annonce « Taules » de la revue encartée dans le numéro du 5-Modèle:Date-<ref name="rendu" />,<ref name=guisnel/>. Quand Pierre Goldman sera assassiné, par provocation, Kiki Picasso, leader de Bazooka Modèle:Cita<ref name="gonz">"Dictature graphique et lignes brisées" le 6 août 2011 par Martin Rahin, dans Gonzaï, magazine culturel français fondé à Paris en 2007, [84]</ref>,<ref name="duc">Du Bazooka aux pinceaux, la jeunesse armée d’Olivia Clavel", par Arnaud Ducôme le 23 septembre 2022 dans Gonzaï [85]</ref>. En janvier 1979, Libération est condamné en justice<ref name=guisnel/>, pour un premier dessin pédopornographique datant de l'été 1978<ref name=guisnel/>,<ref name="coll">"68, une histoire collective (1962-1981)" par Philippe Artières et Michelle Zancarini-Fournel, aux Editions La Découverte, 9 mai 2018 [86]</ref>,<ref name="perrier"/>. Le journal est au même moment poursuivi pour diffamation contre le colonel Erulin<ref name="perrier"/>, qui a réussi en mai 1978 à sauver des otages européens dans la ville minière de Kolwezi au Zaïre puis été accusé, dans l'émission Les Dossiers de l'écran, par le rédacteur en chef du quotidien communiste L'Humanité, d'avoir été le tortionnaire d'Henri Alleg pendant la Bataille d'Alger de 1956, déclenchant une protestation du ministre de la défense, Yvon Bourges<ref name="memoire">Modèle:Lien web.</ref>.

En 1979 aussi, à la suite de l'invitation par Serge July, au comité de rédaction du journal, de Pierre Guillaume, directeur de La Vieille Taupe, négationniste notoire, éditeur et défenseur du négationniste Robert Faurisson, Pierre Goldman démissionne pour protester<ref>Les "antisémites" de gauche, de Roland Gaucher et Philippe Randa, 352 p., 2001.</ref>,<ref name=guisnel>Jean GUISNEL , Libération. La biographie, Paris, La Découverte, [1999</ref>. Son biographe de 2005 Michael Prazan résumera ces divergences par le fait qu'il "ne partage pas toujours la même ligne" que ses amis du journal<ref name=ceaux>Modèle:Article.</ref>.

Projets de films avec Franck Cassenti

Modèle:Article détaillé Il fait la connaissance du cinéaste et producteur Franck Cassenti. Avec Pascal Aubier, ce dernier a effectué au sein des Films de la Commune l’écriture de L'Affiche rouge, tournée à La Cartoucherie de Vincennes, qui met en lumière le rôle de la résistance immigrée jusqu’alors occultée du fait des réticences du PCF, et a obtenu en 1976 le Prix Jean Vigo. En 1978 TF1 avait confié à Cassenti un reportage à Cuba sur le Festival mondial de la jeunesse mais la direction de l’information de Tf1, assumée par Jean-Pierre Elkabbach et Patrick Poivre d'Arvor, lui demandant de changer le montage et le film avait été déprogrammé, obligeant Cassenti à écrire dans Le Monde un article pour dénoncer cette censure.

Frank Cassenti souhaite ensuite porter à l’écran le livre autobiographique de Goldman, écrit en prison, Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France. Il finit en 1980 un autre film, à fond musical, Aïnama « Salsa pour Goldman » qui raconte l'histoire de Orlando, qui a connu connu Goldman il y a plus de Modèle:Nobr "dans un maquis" au Venezuela et apprend son assassinat en arrivant à Paris puis mène une enquete auprès de quelques personnes qui ont pu connaitre la vie de cet homme qui se disait "né juif et en danger de mort", avant d'assister à l'Hippodrome de Paris, Porte de Pantin un grand concert de musique Afro-Antillaise : "Salsa pour Goldman", réunissant Modèle:Nombre autour de cinq orchestres.

Dernière interview, en 1979 sur l'extrême-droite

Directeur de collection chez l'éditeur Ramsay, où il devait publier un essai philosophique, il travaille aussi à un ouvrage collectif critiquant la nouvelle droite<ref name=bllg1979/> d'Alain de Benoist et ses amis, alors cités régulièrement depuis peu dans le Figaro-magazine par Louis Pauwels. Heurté par un article de Libération sur ce thème, faisant référence à l'écrivain d'extrême-droite Louis-Ferdinand Céline<ref name=bllg1979/>, il a tenté Modèle:Cita<ref name=bllg1979/>. L'article de Bayon, journaliste au service Culture, "à l'époque, maître en provocations", estimait qu'en littérature, le quoi ? compte davantage que le comment ?. Goldman estime lui "qu'être libre c'est aussi Être hors d'atteinte des pesanteurs déterminantes de l'air du temps, savoir les dominer, les élucider"<ref>"Libération, la biographie", par Jean Guisnel La Découverte, 2012 -[87]</ref>. Il "part en guerre contre ce qu'il nomme la frivolité du monde"<ref name=PGA/> mais aussi "Dieu, la cocaïne..., tout ça, c'est les béquilles de la modernité"<ref name=PGA/>.

Libération a ensuite publié les 5 et 6 juillet 1979 deux articles de Guy Hocquenghem consacrés à la "nouvelle droite", soulignant que, "bien loin d'être nationalistes et obscurantistes, les penseurs de la "nouvelle droite" ont tous les signes de la modernité", car, antichrétiens, ils "revendiquent la liberté des mœurs, s'intéressent à l'écologie". L'auteur y dénonce le "puritanisme abstrait de la gauche" et conclut qu'il faut penser "racialement", parce que c'est un moyen de mieux connaître l'autre<ref>"" par dans Le Monde du 7 juillet 1979 [88]</ref>,<ref name=will>Article par Annette Levy-Willard le 25 septembre 2023 dans Libération</ref>, suscitant un large critique lors de la conférence de rédaction<ref name=will/> et le départ d'un des présents, Pierre Goldman<ref name=will/>, qui part ensuite dans la Caraïbe, peu avant son assassinat.

Il a entre-temps décidé qu'il sera plus facile d'en parler via un interview au Monde en 1979, peu avant son Modèle:35e anniversaire: il y regrette que l'extrême droite ait Modèle:Cita<ref name=inédite/>, car Modèle:Cita<ref name=inédite/>, dans un contexte de pensée marxiste Modèle:Cita<ref name=inédite/>, au moment où Modèle:Cita<ref name=inédite/>. "À l'époque de de Gaulle, entre l'extrême droite et la droite il y avait le sang. Le sang de l'épuration et le sang de l'OAS. Aujourd'hui, un glissement s'est opéré", déplore-t-il<ref name=inédite/>.

Peu avant son décès, certains de ses proches constatent son inquiétude, "pour les autres", et "pour lui"<ref name=bllg1979/>. D'une grande spontanéité, reconnaissant ses contradictions, constamment en recherche et à la recherche de son identité, il reste de gauche<ref name=bllg1979/>, observera Le Monde juste après son assassinat.

L'assassinat du 20 septembre 1979

Les faits et l'enterrement

Fichier:Père-Lachaise - Division 4 - Pierre Goldman 01.jpg
Tombe de Pierre Goldman au cimetière du Père-Lachaise (division 4).

Pierre Goldman est assassiné peu après 12 h 20, en pleine rue, à bout portant et dans le dos, par deux hommes jeunes, place de l'Abbé-Georges-Hénocque dans le [[13e arrondissement de Paris|Modèle:13e de Paris]]Modèle:Sfn à quelques dizaines de mètres de son domicile. Il venait de sortir, pour envoyer un mandat aux parents d'un ami, un célèbre chanteur panaméen qu'il hébergeait<ref name=bllg1979/>. Dans la journée, il a rendez-vous avec le directeur du Nouvel Observateur Pierre Bénichou<ref name=PGA/> pour lui remettre quatre feuillets d'un article qu'il lui a promis l'avant-veille à la Chapelle des Lombards<ref name=PGA/>, sur "La figurante", nouveau roman de son ami de jeunesse Michel Butel<ref name=PGA/> qui avait décroché quelques mois plus tôt le prix Médicis pour son premier roman "L'Autre Amour", mettant en scène une femme et deux hommes, militants d'extrême-gauche<ref name="ref_auto_1">Nouvel Observateur" daté du 19 juin 1997 à l'occasion de la sortie de 'L'Autre Livre de Michel Butel, republié dans L'Obs, du 27 juillet 2018 [89]</ref>. Dans un dialogue paru en 1978 dans "Libération", Michel Butel déclarait à Pierre Goldman "penser à peu près pareil que son héros "Sorge", "l'idée qu'il fallait abattre le fascisme, le nazisme"<ref name="ref_auto_1" />,<ref>"Je pense réellement être aussi impénétrable, aussi secret, aussi imprévisible que Sorge. Sorge avait probablement un démon moral, l'idée qu'il fallait abattre le fascisme, le nazisme: moi, je pense à peu près pareil. Donc, je pense que moi je ne me décevrai jamais" [90]</ref>.

Des témoins ont vu trois personnes fuir dans une voiture rouge immatriculée 94<ref name=laprov/>. Pour obliger la victime à se retourner, l'une d'elles avait prononcé en espagnol le mot « hombre ». Une femme a vu le chauffeur avec « les cheveux blonds ».

L'assassinat est revendiqué après 30 mn seulement, par un appel téléphonique à l'AFP : « Aujourd'hui Modèle:Date- à Modèle:Heure, Pierre Goldman a payé ses crimes. La justice du pouvoir ayant montré une nouvelle fois ses faiblesses et son laxisme, nous avons fait ce que notre devoir nous commandait. Nous revendiquons cet acte au nom du groupe « Honneur de la police ». » Ce groupe a déjà revendiqué un attentat à la bombe commis le Modèle:Date- contre le véhicule de Maurice Lourdez, responsable de la coordination des services d'ordre au sein de la CGT, mais aussi l'assassinat du militant Henri Curiel en 1978.

Près de Modèle:Nombre, dont de nombreuses personnalités de gauche, assistent à son enterrement<ref name="Faites entrer l'accusé">Faites entrer l'accusé, France 2, diffusé le 5 décembre 2007.</ref>,<ref>Vidéo des obsèques Pierre Goldman.</ref> au cimetière du Père-Lachaise. Sa femme accouche de leur fils Manuel, quelques jours après son assassinat<ref name="Faites entrer l'accusé"/>.

Non loin du corbillard transportant Pierre Goldman, sur une pancarte, une photo noir et blanc du défunt brandissant un livre, prise par Michel Artaut (Agence Gamma), qui avait photographié Jean-Jacques Goldman lors d'une conférence de presse lançant en 1974 le comité de soutien à son frère<ref name=Hopquin/>. Le socialiste Paul Quilès reproche au PCF, alors en proie aux révélations de la presse sur le passé de Georges Marchais sous l'occupation, son absence à l'enterrement de Goldman, dans une tribune au Monde<ref name=Hopquin/>.

Réactions de la presse

À droite, le quotidien L'Aurore est cinglant: "certains ont mis en doute ce verdict (l'acquittement de 1976). Ils ont mis en doute hier le principe même de la justice de leur pays. C'est ainsi qu'on bascule dans l'anarchie et c'est beaucoup plus grave qu'un hold up sanglant"<ref name="réactions">"Les réactions de la presse", synthèse dans Libération du 22 septembre 1979 [91]</ref>, tandis que France Soir titre "Goldman se sentait menacé" tout en citant "un commissaire au Quai des Orfèvres", selon qui l'opinion publique "sait bien qu'aucun d'entre nous ne pouvait être satisfait de la clémence inexplicable dont Goldman a bénéficié dans l'affaire du boulevard Richard Lenoir" ce qu'Honneur de la police tente selon lui d'exploiter alors "qu'aucun policier authentique d'une police officielle" ne peut être le commanditaire de l'assassinat<ref name=réactions/>. Modèle:Cita écrit un autre article anonyme, dans France-Soir<ref name=mal/>.

À gauche, Libération déplore que le journal de Modèle:Nobr d'Antenne 2 a fait des "insinuations crapuleuses sur la personnalité" de la victime<ref name=réactions/>, Patrick Poivre d'Arvor parlant de "règlement de comptes", tandis qu'Europe 1 a aussi donné "une large place" à la thèse du "règlement de compte entre latino-américains"<ref name=réactions/>. Sur TF1 Roger Gicquel a consacré au drame huit minutes en ouverture de son « Modèle:Nobr »<ref name=Hopquin/> en parlant de fascisme et de racisme.

Libération se demande si les tueurs n'ont pas "attendu que la police soit humiliée par l'affaire Mesrine pour défendre l'honneur" de Jacques Tillier, journaliste à Minute, qui dix jours avant l'assassinat de Goldman avait été torturé et laissé pour mort dans une grotte de l'Oise par le célèbre truand Jacques Mesrine, trois fois interviewé par Libération en deux ans.

Libération et Le Monde<ref name=peur/>,<ref name=peurlibe/>, rappellent que Goldman avait obtenu la protection de ses amis pendant plusieurs semaines après avoir été accusé dans Minute d'être responsable de l'assassinat à la voiture piégée, le 18 mars 1978" à Saint-Wandrille-Rançon, du numéro deux du Front National François Duprat.

L'enquête

Le commissaire Marcel Leclerc est alors numéro deux de la Brigade criminelle, et adjoint de Pierre Ottavioli: "moi qui avais tenté d'établir la culpabilité de Goldman dans un double meurtre, j'allais maintenant devoir enquêter sur les causes de sa propre mort" a-t-il écrit en 2000 dans ses mémoires<ref name="mal">"De l’antigang à la criminelle, par Marcel Leclerc, Éditions Plon, 2000 [92]</ref>. Parmi les premières personnes entendues, des proches de François Duprat, militant d'extrême-droite tué dans une explosion le 18 mars 1978, à l'issue duquel l'hebdomadaire d'extrême droite Minute avait cité Pierre Goldman "comme pouvant être l'auteur de l'attentat"<ref name=mal/> sur la base d'un liste fournie par la police. Selon l'historien Nicolas Lebourg, la Commission d'accès aux documents administratifs (CADA) a rendu des avis positifs pour l'accès aux dossiers des assassinats de Pierre Goldman et François Duprat, mais le directeur du cabinet du ministre de l’Intérieur a communiqué son refus de suivre ces avisCADA<ref name=Lebourgs/>. La requalification des homicides d’Henri Curiel, François Duprat et Pierre Goldman en actes de terrorisme a été préconisée par le politologue Jean-Yves Camus<ref name=Lebourgs/>. Ils ont lieu à l'époque de la "guerre des polices", qui oppose plusieurs services à la préfecture de police de Paris, favorisant Modèle:Cita, pratiques qui deviennent Modèle:Cita, selon Charles Pellegrini, à l'époque responsable de l'Office central de répression du banditisme (OCRB)<ref name="pelle">"Trois balles pour Pierre Goldman" par Luc Rosenzveig le 19 septembre 1999 dans Le Monde [93]</ref>, qui estimera en 1999 que l'assassinat doit être attribué à « une partie très fascisante de la police, qui était tout à fait capable de manipuler des voyous »<ref name=pelle/>, en rappelant qu'Honneur de la police a envoyé deux balles de 357 magnum , quelques années plus tard, au ministre de l'intérieur Gaston Defferre<ref name=pelle/>.

Les aveux publics de Resciniti de Says en 2010 et 2015

En janvier 2010, un ex-parachutiste et mercenaire, militant d’extrême droite de Modèle:Nobr, qui côtoya le groupe de Bob Denard, revendique l'assassinat de Pierre Goldman et d'Henri Curiel<ref name="JDDSAC">"Pierre Goldman: Révélations sur un crime prescrit", JDD le 23/01/2010, mis à jour treize ans après le 25/01/2023 [94]</ref>, en donnant de nombreux détails, face à la caméra, mais le visage flouté, la voix déformée: c'est René Resciniti de Says, qui réitère ces aveux dans un livre posthume, publié en 2015, cette fois en dévoilant son nom et tous les détails de sa vie<ref>Roman vrai d'un fasciste français, de Christian Rol en 2015</ref>,<ref>France Info en 2015 [95]</ref>. Entre-temps été identifié en 2012<ref>« L’identité de "Gustavo", l’homme qui dit avoir tué Pierre Goldman, révélée », LeMonde.fr, Modèle:Date-.</ref>, il précise n’avoir pas participé à l’opération pour de l’argent<ref name="riché">"Un ancien tueur se confie : « J'ai assassiné Pierre Goldman »" par Pascal Riché, dans L'Obs le 8 novembre 2016[96]</ref> et juge son acte de l'époque plutôt « dérisoire », en rappelant le western comique qu’il a vu tout de suite après, "Going South", avec Jack Nicholson<ref name=Braibant/>, dans un témoignage qui a semblé crédible aux historiens<ref name="lmpg"/> et qui Modèle:Cita<ref name="Braibant">"Révélations sur l’assassinat de Pierre Goldman", par Sylvie Braibant, dans Le Monde diplomatique de 26 janvier 2010 [97]</ref>.

L'assassinat de Goldman a selon René Resciniti de Says bien été organisé par "Honneur de la Police", qui n'est qu'une façade de circonstances du SAC, ex-police privée mise en cause à la même époque dans les assassinats d'Henr Curiel et Robert Boulin et en pleine dérive meurtrière, qui s'achève un an et demi après par la tuerie d'Auriol, assassinat de six personnes le 19 juillet 1981 dans la bastide familiale de Jacques Massié, chef de la section marseillaise du SAC. Cette petite « cellule terroriste » qui a assassiné Goldman s'est ensuite dispersée en 1980 lorsqu'il est parti en Amérique centrale former des « Contras » à la frontière du Guatemala et du Salvador.

Sous-titré "Vie et mort de l'homme qui assassina Pierre Goldman et Henri Curiel", le livre de 2015 détaille la vie de René Resciniti de Says depuis l'enfance, et décrit l'assassinat d'Henri Curiel en page 179, puis en page 185 de celui de Pierre Goldman, "sur ordre du Service d’action civique" (SAC), sur fond "de liaisons internationalistes-progressistes manipulées par les grands de la guerre froide"<ref>Critique du livre de Christian Rol le 23 avril 2015 [98]</ref>. Ces "aveux posthumes"<ref name=Crétois/> de René Resciniti de Says dans ce livre paru en avril 2015, amènent a famille d'Henri Curiel "forte de nouveaux éléments"<ref name=Crétois/> à "saisir la justice en octobre 2015" et obtenir en 2018 que l'enquête soit rouverte en France<ref name=Crétois>Article de Jules Crétois le 18 janvier 2018 dans Jeune Afrique [99]</ref>. L'hebdomadaire Minute avait fait partie des 4 journaux accusant en 1976 et 1977 Henri Curiel d'être un agent du KGB, déclenchant des poursuites en diffamation de la famille<ref name=serdoc/>. Selon l'auteur de cette biographie de René Resciniti de Says, l'écrivain et reporter Christian Rol, qui a reçu ces confidences en 2012, peu avant sa mort et le fréquentait, pour des raisons familiales depuis l'enfance, il avait pris l'habitude de raconter l'histoire autour de lui<ref name=serdoc>"Un témoignage pourrait relancer l'enquête sur l'assassinat du militant Henri Curiel", dans Le Figaro du 26 octobre 2015, par Blandine Le Cain et le Service Documentation [100]</ref>.

Dès septembre 2008, un premier documentaire de Canal+<ref>"Henri Curiel : un crime politique", dans « Spécial Investigation » du 26 septembre 2008 sur Canal +, documentaire présenté par Émilie Raffoul et Stéphane Haumant [101]</ref> avait révélé qu'une voisine de palier de Curiel, approchée par la DST pour placer des caméras et des micros cachés chez lui, avait refusé, information confirmée par Jean Baklouti, ancien directeur de la DST<ref>"Henri Curiel, la piste française" par Alain Gresh, dans Le Monde diplomatique du 25 septembre 2008 [102]</ref>. Recueilli par le journaliste Michel Despratx, le témoignage de 2010 est au centre d'un documentaire intitulé Comment j'ai tué Pierre Goldman, diffusé dans « Spécial investigation », l'émission de Canal+, le Modèle:Date<ref>Pascal Riché, « Un ancien tueur se confie : « J'ai assassiné Pierre Goldman » », publié par Rue89, nouvelobs.com, 23 janvier 2010</ref> et recoupé avec celui de plusieurs autres acteurs et témoins : les journalistes de Libération Jean-Louis Péninou ou Jean-Michel Caradec'h<ref name=Braibant/>, Charlie Bauer, l'ex-ministre de l’intérieur Christian Bonnet et son directeur de la police Robert Pandraud<ref name=Braibant/> ou encore le commissaire Lucien Aimé-Blanc et deux ou trois autres sbires masqués<ref name=Braibant/>, puis rediffusé en août 2011<ref>La Nouvelle République [103]</ref>.

Le journaliste, déjà auteur d'une enquête remarquée, sur Canal +, sur l'affaire Boulin a suivi une commande de son producteur, en contact avec le témoin et qui "avait flairé l'exclusivité"<ref>"Spécial investigation a retrouvé l'un des assassins de Pierre Goldman" par Guillaume Leroy, le 29 janvier 2010 [104]</ref>. Dans le documentaire, René Resciniti de Says dit avoir été recruté pour l'assassinat par un «ami», lui aussi ex-parachutiste, qui cherchait des «soldats politiques »<ref name=nataf/>, et comment le guet-apens a été mis en place et commandité par le patron du SAC Pierre Debizet<ref name="nataf">"Un homme s'accuse du meurtre de Pierre Goldman", dans Le Figaro, par Isabelle Nataf le 29/01/2010 [105]</ref>. Son acquittement de 1976 aurait rendu fous des "soldats politiques" en lutte "contre la subversion gauchiste"<ref>"Télé : éclairages sur l’assassinat de Pierre Goldman" par Jean-Marie Durand, dans Les Inrocks le 29 janvier 2010 [106]</ref>, dont Pierre Debizet. D'après cet ex-mercenaire, les quatre membres du commando ayant tué Goldman, deux guetteurs et deux tueurs, étaient Modèle:Cita<ref name=Laske/>. L'un d'eux travaillait par ailleurs pour la DST, et un autre pour les RG, qui ne sont cependant pas commanditaires, l'opération étant sous la supervision d'un groupe privé, le SAC. Après ce témoignage, Libération consulte Jean Baklouti, ex du contre-espionnage, qui n'écarte pas l'hypothèse qu'un inspecteur, engagé à l'extrême droite, et chassé du service en 1982<ref name=Laske/>, ait pu «agir à titre personnel» seulement<ref name=Laske/>, car à l'époque de son assassinat Goldman n'a jamais été un objectif de la DST<ref name=Laske/>, bien qu'elle continue à garder un œil sur lui par précaution.

En 2012, dans sa lettre Faits et Documents datée du 15 au 31 mai, le journaliste d'extrême droite Emmanuel Ratier a révélé que cet homme est René Resciniti de Says dit « René l'élégant », décédé en Modèle:Date-<ref>« L’identité de « Gustavo », l’homme qui dit avoir tué Pierre Goldman, révélée », blog « Droite(s) extrême(s) » de deux journalistes du journal Le Monde</ref>,<ref name=faye>"L'identité de "Gustavo", l'homme qui dit avoir tué Pierre Goldman, révélée" par Olivier Faye, Abel Mestre et Caroline Monnot, le 22 mai 2012 [107]</ref>. Après cinq ans d'armée, René Resciniti de Says "fut très amer contre ceux, Français, qui avaient donné la main au FLN durant la guerre et qui plastronnaient dans les média. Il participa à des actions spectaculaires contre ces traîtres, très en vue chez les 'élites ' de gauche qui dominaient déjà le pays" écrit au même moment Olivier Perceval, dans un numéro du journal l'Action française (extrême droite maurrassienne) rendant hommage au défunt<ref name=faye/>.

«Ce n'est pas une action de mercenaire, ni de tueur à gages, ça s'inscrit dans un combat qui pour nous est politique», a-t-il expliqué sur Canal+, car «quand on fait la guerre on est obligé de tuer», en référence à la guerre contre le communisme dans de nombreux pays à la fin des années 1970<ref name="Laske">"Le réveil de l’affaire Pierre Goldman" par Karl Laske le 27 janvier 2010 dans Libération [108]</ref>.

Christian Rol a ensuite regretté d’avoir écrit sa biographie publiée en 2015 car l'identité de plusieurs personnes de son entourage de René Resciniti de Says, y figurant sous pseudonyme, émerge ensuite, notamment après la publication en 2022 de "Kryptie, les services secrets de Sparte"<ref>"Kryptie, les services secrets de Sparte", aux Editions Dualpha en 2022</ref>. Selon Médiapart, citant en août 2023 Grégory Pons, un ex-journaliste auteur en 1978 du livre "Les Rats noirs"<ref>Gregory Pons "Les rats noirs", en 1978 chez l'éditeur, Jean-Claude Simoën</ref>, et proche de René Resciniti de Says<ref name=troisième/>, ce dernier avait confié le projet d'assassinat, réalisé sans commanditaire haut-placé<ref name=troisième/>, à son épouse à Catherine Barnay, figure de la droite radicale, membre du comité national d’Ordre nouveau en 1973<ref name=troisième/>.

Selon l'analyse de Médiapart, René Resciniti de Says avait tissé ces liens par le réseau des anciens du Liban, avec un autre policier que son biographe de 2015 a baptisé « Tango »<ref name="troisième">"Assassinats d’Henri Curiel et Pierre Goldman : les secrets d’un troisième homme" par Karl Laske, le 29 août 2023 dans Médiapart [109]</ref>, alias Jean Bataille, ex-inspecteur des Renseignements généraux, qui avait raconté, lui, dans une autre autobiographie, en 2006<ref>"Commando Sud", par Jean Bataille, chez In octavo Éditions, en 2005</ref>, la constitution informelle d’un « commando Île-de-France » pour lutter contre la subversion des années 1970<ref name=troisième/> après son enrôlement en octobre et novembre 1976 dans les phalanges libanaises<ref name=troisième/>, qui ont accueilli près d’une centaine de nationalistes français entre 1975 et 1976, avec un pic à l’été 1976<ref name=troisième/>. Même si rien ne prouve leur culpabilité, selon un autre de ces combattants<ref>Patrick Klein, Par le sang des autres. Coup d’état d’âme, éditions du Rocher, 2013.</ref>, René Resciniti de Says y a retrouvé les inspecteurs de police Marc Ducarre, parti sur ses congés, sans prévenir sa hiérarchie, à l’été 1976<ref name=troisième/> et Jean Bataille, dont la carrière sera stoppée net par une condamnation à deux ans de prison, dont neuf mois avec sursis, après le mitraillage de l’ambassade d’Iran à Paris, qui blesse plusieurs gendarmes le 14 mai 1980<ref name=troisième/>, suivie deux semaines après par l’interpellation de son ami corse Pierre Bugny-Versini<ref name=troisième/>. Marc Ducarre sera lui chargé de la sécurité du patron du SAC Pierre Debizet<ref name=troisième/>, dissous en août 1982<ref name=troisième/>. Il s'est installé au Pays basque, après sa formation de bûcheron, en 1984, mais a démenti catégoriquement avoir participé au GAL<ref name=troisième/>.

Scénario de 2005: le milieu marseillais au service de l'Espagne

En Modèle:Date, le commissaire Lucien Aimé-Blanc, patron à l'époque de l'OCRB, publie un livre<ref>L'Indic et le Commissaire (par Lucien Aimé-Blanc et Jean-Michel Caradec'h, Plon, 2006, 246 pages).</ref>, accusant Jean-Pierre Maïone-Libaude, ex-membre des commando Delta de l'OAS, d'avoir tué Goldman pour le compte des groupes antiterroristes de libération (GAL), chargé par la police espagnole d'éliminer les militants basques d'ETA. Lucien Aimé-Blanc avait rencontré un an avant Michael Prazan, qui a repris ce scénarion dans biographie de Goldman de 2005. Lucien Aimé-Blanc explique dans Libération que Pierre Goldman, Modèle:Cita<ref>« Mon indic a flingué Pierre Goldman, entretien avec Lucien Aimé-Blanc » publié par Libération le 20 avril 2006.</ref>.

Lucien Aimé-Blanc fait ainsi allusion au groupe antifasciste éphémère créé par Goldman en 1977 avec Charlie Bauer, qui démentira trois ans après, rappelant en 2009 dans un entretien au Parisien qu'il n'a connu Mesrine qu'"après une scission dans le groupe", quitté par Goldman, trop absorbé par la création de la Chapelle des Lombards<ref>"Camarade Modèle:N°" par Patricia Tourancheau, dans Libération le 7 septembre 2010 [110]</ref>. Bauer n'a rencontré Mesrine que bien plus tard, à l'été 1979, et les autres membres du groupe avaient selon lui "refusé de le rencontrer" car il avait "trop de casseroles" et le groupe "pas besoin d'un Mesrine"<ref>"L'ex-lieutenant de Mesrine raconte". Entretien de Charlie Bauer le 4 décembre 2009 dans Le Parisien [111]</ref>. Ce lien entre Bauer et Goldman était connu de la police "à l'occasion d'investigations entreprises" en mars 1978 sur l'implication de Bauer dans un trafic de Cannabis<ref name=mal/>, au moment où Bauer enquête sur Minute après ses accusations contre Goldman lors de l'assassinat de François Duprat le 18 mars 1978. Mesrine a contacté à l'été 1979 car il "savait que j'étais capable d'identifier Tillier, car je le connaissais de vue. En effet, je faisais partie d'un groupe antifasciste et nous avions travaillé sur l'extrême droite. Nous avions surveillé le journal Minute", a expliqué en février 1982 Charlie Bauer devant la Cour d'Assises qui l'a acquitté, Jacques Tillier considérant sa version des faits comme "plausible"<ref name=crassi>Compte-rendu d'assises par Pierre Georges, dansLe Monde du 13 février 1982 [112]</ref>. Mesrine n'a jamais été en prison avec Bauer ni Goldman. Le lien, très bref, entre ces deux derniers remonte à octobre 1976, quand, sanctionné pour sa participation à une évasion ratée de la prison de Lisieux, Bauer est transféré à celle de Fresnes<ref>"La traque de Jacques Mesrine - L'ennemi public Modèle:N° - Un flic de l'antigang temoigne", par Jacques Nain, aux Editions L'esprit du Livre, en 2008 [113]</ref>, que Goldman s'apprête à quitter, tous deux contribuant ensuite à ce que Libération brise la censure du journal du Comité d'action des prisonniers<ref name="perrier"/> par la publication d'une page dédiée à l'automne 1977<ref name="perrier"/>, à l'époque où Bauer travaille dans une librairie à Caen<ref>"L'écume de mes jours", interview par Liliane Roudière, dans le magazine Causette de juillet/août 2010, inspiré par les livres de Charlie Bauer [114]</ref>.

Dans l'espoir Modèle:Cita, il Modèle:Cita et ce dernier Modèle:Cita<ref name=laprov/>, affirme aussi Lucien Aimé-Blanc dans La Provence. Dans Le Figaro, il reconnait que la mort de Goldman ne l'a "pas attristé", que Jean-Pierre Maïone-Libaude était un "ami", et que sa confidence avait été effectuée fin janvier 1980 lors d'un rendez-vous au Café de la Paix<ref>"Un grand flic se met à table" dans Le Figaro du 21 avril 2006 [115]</ref>, au cours duquel il a été pris en photo à son insu. Jean-Pierre Maïone-Libaude aurait aussi dit avoir été mêlé, par ailleurs, à l'assassinat du militant tiers-mondiste Henri Curiel en 1978<ref name="aginter"/>.

Le commissaire espagnol Manuel Ballesteros, "que je connais bien (...) dirige ces opérations au niveau de la pègre", affirme le livre de Lucien Aimé-Blanc. Ballesteros, célèbre au début des années 1980, n'a cependant succédé à Roberto Conesa à la tête du Commissariat général au renseignement espagnol qu'après l'infarctus du myocarde de ce dernier<ref name=mythe>"Le mythe de la transition pacifique. Violence et politique en Espagne (1975-1982)" par Sophie Baby en 2008 aux éditions Casa de velazquez [116]</ref>, survenu à la mi-mai 1979, soit seulement 4 mois avant l'assassinat contre Goldman<ref>"El comisario Roberto Conesa sufre un infarto de miocardio", le 12 mai 1979 dans El Pais [117]</ref> et il ne "voit sa carrière antiterroriste s’épanouir" que lorsqu'il "prend la tête du Commandement unique de lutte contre le terrorisme au Pays basque, le MULA, créé en mars 1981", selon Sophie Baby, historienne à l'Université de Bourgogne<ref name=mythe/>. En récapitulant l'histoire de la lutte contre l'ETA, Le Monde notera en 1995 que c'est Modèle:Cita de militants basques, mais principalement de 1983 à 1987<ref>Article ROLAND-PIERRE PARINGAUX et MICHEL GARICOIX dans Le Monde le 22 août 1995 [118]</ref> et pour la plupart entre Bordeaux, Pau et Biarritz<ref name=mythe/>. Parmi eux, Maxime Szonek, leader de quatre proxénètes bordelais qui ont mitraillé un réfugié basque en septembre 1979, déclenchant "pour la première fois une volonté politique" de faire cesser ces opérations, avec une saillie de la diplomatie française dès le 14 septembre 1979<ref>"Une réaction du ministère des affaires étrangères après l'attentat contre un militant basque" Le Monde du 15 septembre 1979 [119]</ref> au point d'échapper ensuite de peu à la prison à perpétuité en décembre 1980 à Pau<ref>[120]</ref>,<ref>[121]</ref>. Maxime Szonek, dont toute la bande est "décimée" en septembre 1979<ref>"Les secrets français du GAL" par Philippe Boggio et PHILIPPE ETCHEVERRY, dans Le Monde le 08 août 1984 [122]</ref>, était en lien avec les frères Perret, qui ne prendront le relais qu'en 1980, et dont l'un sera assassiné en 1985<ref>"Assassinat d'un Français soupçonné de participer à la lutte clandestine contre l'ETA", dans Le Monde par Th. M le 19 août 1985 [123]</ref>. L'autre filière utilisée par la police espagnole, sans lien non plus avec Marseille est celle de Jean-Pierre Cherid, un ex-OAS français qui en 1979-1980 opère directement d'Espagne<ref>"Opérations spéciales au Pays basque français", par Roger Faligot, dans "Histoire secrète de la {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:|  }} }} République", aux Editions La Découverte en 2007</ref>.

Dans ses mémoires publiées en 2000, le policier responsable de l'enquête en 1979 ne parle de ce scénario hispano-marseillais qu'au conditionnel<ref name=mal/> et rappelle que Jean-Pierre Maïone-Libaude, soupçonné en 1981, avait été blanchi par les enquêteurs, aucun témoin ne le reconnaissant. Une longue série d'articles avait ainsi, en 1981, disséqué l'"affaire Maïone-Libaude"<ref name="IGPN">"affaire Maïone-Libaude". L'Inspection générale a entendu deux hauts fonctionnaires de la police" dans Le Monde le 14 août 1981 [124]</ref>,<ref>"Une enquête sur l'ancien chef de l'O.C.R.B" Article le 6 août 1981 dans Le Monde [125]</ref>,<ref name="name=faits">"Le Monde – FAITS ET JUGEMENTS Les étranges relations d'un malfaiteur et de l'O.C.R.B" par dans Le Monde du 28 juillet 1981 [126]</ref>,, mais sans dire un mot de l'Espagne. Cette série d'articles démarre par une photo du commissaire avec Jean-Pierre Maïone-Libaude, prise en 1980 alors que le second est visé depuis février 1979 par un mandat d'arrêt pour Modèle:Cita<ref name=IGPN/>, publiée en juillet 1981 par Libération. La photo déclenche immédiatement une l'enquête sur Lucien Aimé-Blanc, ordonnée par le parquet du tribunal de Paris, à propos de ses relations avec Jean-Pierre Maïone-Libaude<ref name=IGPN/>, menée par Lucien Boulègue, contrôleur général à l'IGPN<ref name=IGPN/>. L'IGPN auditionne ainsi Maurice Paoli, directeur des renseignements généraux et chef direct de l'inspecteur Henri Langlois, par ailleurs beau-frère de Pierre Debizet numéro un du SAC<ref name=IGPN/>. Langlos est accusé d'être entré en contact avec Jean-Pierre Maïone-Libaude<ref name=IGPN/>.

Jean-Pierre Maïone-Libaude est immédiatement arrêté le 23 juillet 1981, inculpé et écroué<ref name=IGPN/>. Le Monde précise alors que s'il a Modèle:Cita<ref name=IGPN/>. En effet, il été confronté dès son arrestation avec un inspecteur de la Modèle:9e brigade territoriale, présent par hasard, en mission de surveillance, sur les lieux de l'assassinat de Goldman<ref name=faits/>, et ce policier, pas plus que les autres témoins, n'a pu l'identifier comme étant l'un des membres du commando<ref name=faits/>. Son arrestation a été déclenchée par un article de Gilles Millet dans Libération du lundi 27 juillet 1981<ref name=faits/>, accompagnée d'une photo prise en juin 1980, montrant Maione-Libaude conversant avec un policier de l'OCRB près d'un bar du huitième arrondissement<ref name=faits/>. L'article estime que "rien ne prouve la participation" de Maione à l'assassinat mais qu'une une rumeur circule dans le milieu<ref name=faits/> sur son statut d'indicateur de police<ref name=sous/>. Selon la série d'articles publiés alors dans Le Monde, un stock d'armes pour les corses avait été découvert au domicile de l'amie de Maione<ref name=faits/>, qui avait réussi à s'enfuir lors de sa découverte<ref name=faits/>. Il servait d'indicateur pour des trafics d'armes du FLNC corse, répond alors à l'IGPN Lucien Aimé-Blanc en juillet 1981<ref name=IGPN/>,<ref name=faits/>, sans dire un mot de l'Espagne. Dans un livre de 2006, il ajoutera que Maione était chargé "d'organiser de faux attentats attribués au FLNC afin de le déconsidérer"<ref>"Manipulations policières, 1965-1981", par Patrick Jarreau, Le Monde du 19 avril 2006 [127]</ref>.

Les révélations dans Le Monde déclenchent une tribune libre de Madeleine Rebérioux, présidente de la commission "extrême droite" de la Ligue des droits de l'homme, demandant des explications à la classe politique<ref name="rebe">Le Monde du 7 août 1981 [128]</ref>, et pourquoi le policier bavardant publiquement avec Jean-Pierre Maïone en 1980 ne l'avait pas arrêté, compte tenu de gravité du motif de son mandat d'arrêt<ref name=rebe/>.

Lucien Aimé-Blanc est alors rétrogradé et muté à Lille. Jean-Pierre Maïone est lui condamné à un an de prison pour la possession de deux armes et libéré en juin 1982, une semaine avant son assassinat: il est alors à nouveau présenté comme informant la police sur le seul FLNC. Parmi le groupe fiché au grand banditisme interpellés à cette occasion, Sébastien Bonventre, parrain du milieu à Nice où il contrôle l'Iguane Café, assassiné en 1993<ref> "Un parrain du milieu niçois assassiné dans sa voiture" Le Monde du 30 mars 1993 [129]</ref>, fera l'objet d'un mandat d'amener<ref name="sous">"Une piste dans l'enquête sur l'assassinat de Jean-Pierre Maione-Libaude", dans Le Monde du 24 mars 1983 [130]</ref>.

Historiographie

Le film de Cédric Kahn Le Procès Goldman, sorti en septembre 2023, s'est basé sur le recoupement de centaines d'articles dans la presse nationale, au moment des deux procès, sur fond des trois livres de l'époque décrivant le dossier dans le détail, tout en précisant au générique qu'il s'agit d'une fiction.

Entre-temps, une réécriture de l'histoire avait été tentée par d'autres livres au fil des décennies suivantes, à partir de sources moins diverses, moins précises et moins recoupées, en insistant sur la personnalité prêtée à l'acquitté, dont il n'existe pas d'images d'archives télévisées, et sans pouvoir citer de proches. En 2023, sa veuve a dénoncé Modèle:Cita pour elle et sa famille, Modèle:Cita<ref>Article dans Femme Actuellele 4 octobre 2023, par Nadège Delépine [131]</ref>.

« Chacun essaye de retenir de lui l’image qui convient à son narcissisme », constate dès 1979 Serge July dans Libération<ref name=Hopquin/> au moment où Modèle:Cita<ref name=kravetz19792209/>. Dès cette époque, il Modèle:Cita, rappelera en 2023 le musicologue Philippe Gumplowicz, qui se revendique des proches<ref name=Hopquin/>.

Selon une analyse du quotidien Le Monde<ref name=Hopquin/>, au fil des décennies va se perpétrer un second assassinat « commis symboliquement et post mortem par ceux chez qui la fascination perverse rejoignait la haine rentrée à l’égard du personnage »<ref name=Hopquin/>.

Livres de 1975-1976

Dès février 1975, l'ex-magistrat Wladimir Rabinovitch<ref name="Rabi"/> a consacré un article complet à l'affaire dans la revue Esprit<ref name="L'affaire Goldman"/>, suivi d'un livre entier paru en juin 1976, qui raconte le procès s'étant achevé le mois précédent, tandis que Pierre Goldman a entre-temps publié le sien en octobre 1975, dont les deux-tiers sont aussi consacrés à l'affaire, suivi en novembre par celui de Régis DebrayModèle:Sfn.

Livres des années 1980

Dans la seconde partie des des années 1980, Pierre Goldman est longuement évoqué dans chacun des deux tomes du livre Génération, de Hervé Hamon et Patrick Rotman<ref name=génération/>, notamment pour son rôle de chef du service d'ordre étudiant au début des années 1960, capable de se battre à un contre dix pour empêcher l'extrême-droite d'approcher des rassemblements, mais également soucieux de ne pas causer de blessés trop graves. Il Modèle:Cita, surtout Modèle:Cita<ref name = contestation1974/>, confirme un article dans Libération de 1974.

Le livre insiste sur le détachement entre lui et ses anciens camarades sept ans après, au retour du Venezuela<ref name=génération/>, ce qui avait déjà été souligné dans un article de Serge July publié dans Libération en 1974: Modèle:Cita<ref name="contestation1974"/> et se mobilisent en découvrant dans la presse, au cours du premier procès, que l'accusation de double meurtre repose sur pas grand-chose.

Livres des années 1990: Debray et Dollé

Dans les années 1990, le thème de "l'ingratitude" supposée de Goldman, est instillée par Régis Debray et Jean-Paul Dollé et reviendra jusqu'aux années 2010: "un an à peine après avoir été acquitté, voilà que ce connard publie un livre", aurait pensé Pierre Benichou, en découvrant le roman policier écrit par Goldman en prison, selon ses souvenirs 40 ans après<ref name=croque>Pierre Bénichou, le croque-mort des stars, s'en est allé par Jonathan Grimmer le 27/04/2017 [132]</ref>. Alors que son livre de 1975 le soutenait Pierre Goldman, Régis Debray lance le thème de l'ingratitude supposée de Goldman, deux décennies plus tard, dans la deuxième édition des Masques, troisième tome de son autobiographie. Selon cette réécriture de l'histoire, l'acquittement de 1976 serait essentiellement dû à l'aide de personnalités, dont lui-même. Il y met en scène Simone Signoret, qui se serait plaint de cette ingratitude en disant "après tout ce que j’ai fait pour lui de lui" et à qui Debray aurait répondu "Non, Simone, à cause de tout ce que tu as fait"<ref name="Hopquin">"Article par Benoît Hopquin le 22 septembre 2023 dans Le Monde [133]</ref>.

Pour accentuer encore son effet, il le moque aussi, en termes délibérément ambigus : Modèle:Citation.

En 1997, l'ex-maoïste et professeur à Vincennes Jean-Paul Dollé, devenu une figure des Nouveaux philosophes, recourt aussi au procédé de la petite phrase anachronique, glissée dans une biographie qu'il lui consacre, au motif qu'il l'avait croisé à l'UEC au début des années 1960. Goldman aurait dit à son avocat Kiejman, au cours d’une fiesta, «on les a bien eus »<ref name=efa/>,<ref name="vsdmg">"Dossier "Les morts suspectes de la {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:|  }} }} république", article de Myriam George dans l'hebdomadaire VSD, 19 au 25 juillet 2001 [134]</ref>. Georges Kiejman a protesté par une lettre agacée à Jean-Paul Dollé, en précisant que cette fiesta n’a jamais eu lieu et Goldman jamais dit ça, puis retrouvé l’enregistrement le prouvant<ref name=efa/>. Le livre de Jean-Paul Dollé, citant peu de sources, est le seul à le présenter Goldman comme son ami, tandis que l'enquête d'Hervé Hamon et Patrick Rotman sur cette génération de militants Modèle:Sfn, recoupée par des centaines de sources, mentionne l'amitié très proche entre Jean-Paul Dollé, et Jean-Paul Dollé, depuis le début des années 1960 Modèle:Sfn.

Le livre permet à Dollé de livrer des portraits de brillants intellectuels de l’époque, Lacan, Deleuze, Althusser, en précisant qu'il les a aussi cotoyés, pour mieux souligner qu'il a depuis pris ses distances. Il y écrit que Goldman partageait avec eux une impossibilité à Modèle:Cita, un embarras avec la sexualité, des désirs Modèle:Cita, et de Modèle:Cita<ref>"Jean-Paul Dollé, témoin lucide", critique de Josyane Savigneau parue dans Le Monde du 24 octobre 1997 [135]</ref>, ce qui lui permet d'enchaîner sur des rumeurs de source policière non-officielle accusant Goldman d'avoir continué à jouer au poker et aux courses après sa sortie de prisonModèle:Sfn » et lui reprochant d'avoir fréquenté le truand Charlie Bauer, au motif, qu'il a été membre du même comité antifasciste créé à la toute fin des années 1970<ref name=laske>"La guérilla, des braquages, des livres et des piges à «Libé»..." par Karl Laske, dans Libération le 27 janvier 2010.</ref> et qui aurait été Modèle:Cita mais le Modèle:Cita constitué à Libération par des journalistes qui Modèle:Cita après la mort de Pierre Goldman et Modèle:Cita a démenti, via les autres membres de ce comité<ref name=laske/>.

Les rumeurs colportées dans le livre de Dollé sont associées à d'autre dans un article du magazine VSD le Modèle:Date<ref name=vsdmg/>, avec conditionnels, points d'interrogations et informations sans sources<ref name=vsdmg/>, pour affirmer que Goldman a été tué par les services secrets<ref name=vsdmg/> car il "avait été approché par le truand Jacques Mesrine", lui-même "lancé, avec sa bande, dans une sorte de guerre privée, enragée, contre le système"<ref name=vsdmg/>. L'article précise "qu'un noyau dur des services de renseignements français" s'était "convaincu que le développement d'une extrême gauche armée à l'italienne, mêlant têtes brûlées issues du grand banditisme et desperados d'extrême gauche". Il évoque une "opération de financement", des "armes de guerre palestiniennes importées du Liban, sur un voilier", en ajoutant que "Action directe avait employé les mêmes, le Modèle:1er mai". Dès les jours suivant l'assassinats, des fuites policières dans les médias parlaient de trois policiers de la Modèle:9e BT, qui surveillaient non loin de là une équipe de proxénètes réunie dans un bar du quartier, ont repéré trois hommes au comportement inhabituel et ont eu le temps de les observer avant de devoir reprendre leur filature<ref name=":0"/>.

Livres de 2005-2007

Entre 2005 et 2007 sont publiés une série de livres citant des documents issus de l'enquête policière du printemps 1970, qui n'ont pas été présentés au procès et un témoignage qui a été infirmé par le procès, alors que la défense n'est plus là pour les contester. Ces livres refont sommairement le procès, uniquement à charge, en déclarant Goldman coupable du double meurtre et en tentent de renforcer cette conviction par le fait qu'il aurait participé, avant le procès, à un gros hold-up au Venezuela et après sa libération à des conversations évoquant un futur possible trafic d'armes pour livrer les terroristes basques de l'ETA, ce qui serait la cause de son assassinat, qui aurait perpétré contre rémunération par des truands. Ces livres seront affaiblis dès 2010 par les aveux publics, à la télévision, d'un des auteurs du crime, voix et visage dissimulé, reconnaissant un crime purement politique mais Modèle:Cita, sans motivation ni rétribution financière.

Le livre de Michael Prazan publié en mars 1975 est le premier à reprendre des rumeurs de source policière non-officielle, accusant Goldman d'avoir participé au holdup de la Royal Bank of Canada de Puerto La Cruz<ref>Dominique Perrut, article dans Causeur en 2010 [136]</ref> dans les années 1960, épisode qui ne figure pas dans son autobiographie de 1975<ref name=prazan/> et qu'il dément catégoriquement lorsqu'il est interrogé à ce sujet lors du second procès en 1976<ref name=kahn/>.

Dans Le Figaro du 24 septembre 2005 trois articles sont consacrés à Pierre Goldman<ref name="revue">Revue de presse et livres sur Pierre Goldman [137]</ref>. L'un des trois, «L'embarrassant fantôme de Pierre Goldman», mentionne qu'un livre et un projet de documentaire de Michaël Prazan, Modèle:Cita<ref name=revue/>. Le livre reprend la thèse d'un assassinat causé par des relations dans le milieu criminel et critique l'acquittement de Pierre Goldman dans l’affaire des meurtres des deux pharmaciennes<ref name="Pierre Goldman, encore et toujours"/>,<ref>Jérôme Dupuis « Une légende vacille », lexpress.fr, 2 mai 2005.</ref>,<ref name=":5">Modèle:Article.</ref>, mais sans convaincre<ref>"Le mystère Pierre Goldman" par Eric Favereau, dans Libération le 13 janvier 2006 [138]</ref>, car il élude le principal témoin ayant innocenté Pierre Goldman, Alain Caprice, un ami antillais<ref name=":5"/> inspecteur principal et policier depuis Modèle:Nobr<ref name=ChristianeSUCCABGOLDMAN/>, en mettant en avant un autre témoin, moins fiable, Joël Lautric. Ce dernier, que l'affaire a obligé à repartir en Guadeloupe, est sévèrement brouillé avec Pierre Goldman depuis longtemps<ref name=ChristianeSUCCABGOLDMAN/>. Le livre ne mentionne pas que les avocats de Goldman avaient renoncé à utiliser le témoignage de Lautric lors du second procès<ref name=ChristianeSUCCABGOLDMAN/> même s'il a effectivement comparu<ref name=kahn/>. L'enquête avait établi que Joël Lautric ne portait pas de montre, mais, dans le livre et le documentaire de Michaël Prazan de septembre 2005, il affirme à nouveau que Goldman l'aurait quitté le soir du meurtre à Modèle:Heure et non à Modèle:Heure.

Dans l'article du Figaro, Michaël Prazan se plaint que Modèle:Cita qu'il avait Modèle:Cita dans son documentaire en raison de lettres qui circulent pour en Modèle:Cita. Plusieurs amis de Goldman, dont Marc Kravetz et Pierre Bénichou, ont refusé que leur témoignage soit diffusé dans l'émission, confirme un autre des articles du Figaro<ref>Modèle:Article.</ref>. Christiane Succab-Goldman, veuve de Pierre Goldman, a démenti de très nombreux éléments du livre dès sa publication<ref name=":5"/> mais la diffusion du documentaire a été maintenue sur FR3<ref>Modèle:Article.</ref> alors que Marc Kravetz a expliqué que ce que disait Joël Lautric n'avait Modèle:Cita, car il avait Modèle:Cita de version.

Selon Christiane Succab-Goldman, Prazan Modèle:Cita, pour faire de ce Modèle:Cita<ref name=":5"/>, qui vouait Modèle:Cita à Goldman après leur rupture, sur fond de copieuses injures<ref name=":5"/>. Elle s'étonne qu'il soit devenu soudain très précis dans ses souvenirs, après Modèle:Nobr, alors qu'on se souvient surtout, selon elle, Modèle:Cita. Le livre de Michaël Prazan mentionne brièvement que Joël Lautric est resté amer car il s'était retrouvé obligé de retourner en Guadeloupe par les pressions subies lors de l'enquête alors qu'il était heureux d'un rôle important dans sa troupe de théâtre amateur en France. Le film de Cédric Kahn montre Joël Lautric au procès de 1976, demandant pardon à Pierre Goldman pour avoir changé de version pendant l'enquête afin d'éviter d'être accusé par les policiers d'avoir lui-même participé à des hold-up.

Selon la veuve de Goldman, ce livre Prazan Modèle:Cita<ref name=":5"/>, sans préciser que tous les Antillais proches de Pierre Goldman avaient été interrogés et Modèle:Cita à la police<ref name=":5"/>. Elle reproche aussi à Prazan d'avoir présenté son fils comme « ce rejeton d'une trajectoire insensée et d'une union métissée »<ref name=":5"/> et menti en affirmant que Joël Lautric lui a présenté Pierre Goldman, qu'elle a connu lorsqu'il avait Modèle:Nobr et qu'elle n'était encore que lycéenne<ref name=":5"/>. La même année que Michaël Prazan, l'avocat Antoine Casubolo publie La vie rêvée de Pierre Goldman, qui parle d'aspects sombres de la personnalité de Goldman, de réticences de ses amis à livrer leur témoignage, d'ambiguïtés et contradictions autour de l'affaire.

Peu après paraissent d'autres livres relevant de la fiction. En 2007, c'est un témoignage romancé de Myriam Anissimov, intitulé Vie et mort de Samuel Rozowski, dans lequel elle fait part elle aussi de ses doutes sur l'innocence de Goldman tandis qu'en 2010, l'économiste et écrivain Dominique Perrut publie un roman à clefs intitulé Patria o Muerte, qui transpose l'affaire avec une sélection à charge de documents, témoignages et éléments du dossier psychiatrique de Goldman, pour y remettre en cause son acquittement<ref>Modèle:Article.</ref>.

Réédition en 2019 de la fiction policière de 1977

La réédition en 2019 d'un roman policier au second degré publié en 1977 par Goldman a placé un coup de projecteur sur la date de son assassinat, six jours avant la naissance de son fils, car dans le roman policier, le personnage principal nait cinq jours avant qu'ait été guillotiné son père, un résistant juif antifasciste. L'Ordinaire Mésaventure d'Archibald Rapoport a été écrit en prison à partir de septembre 2015, selon une lettre de Goldman à son épouse<ref name=prefa/>, six mois avant le second procès de Goldman et un an avant qu'il soit libéré. Il bénéficie d'une bonne critique de Serge July le 5 octobre<ref name="perrier"/> dans Libération, qui en avait publié les "bonnes feuilles" le 22 septembre<ref name="perrier"/>, mais aussi de l'académicien Bertrand Poirot-Delpech, qui dans Le Monde du 30 septembre<ref name=chati>"Châtiment et crime", critique par l'académicien Bertrand Poirot-Delpech, dans Le Monde du 30 septembre 1977 [139] </ref> moque le "nombre record de demi-soldes de la révolution" passés "de la guérilla à la guéguerre des jurys" en cette "rentrée littéraire 1977"<ref name=chati/>, pour surtout dénoncer le "masochisme qui imprègne le fond du roman" de Régis Debray<ref name=chati/>, publié le même mois que Pierre Goldman<ref name=chati/>, en déplorant que "chacun de ses livres marque une escalade dans l'autopunition"<ref name=chati/> alors que celui de Goldman, qui "ne se bricole pas une raison sociale dans le succès de librairie", allie mystère et rire<ref name=chati/>, en tentant "éperdument de sauver le vécu de l'absurdité"<ref name=chati/>.

Pure fiction, ce court roman policier raconte une enquête sur une série d'assassinats commis contre des magistrats, avocats et policiers, signés par l'abandon sur les lieux d'un olisbo, "jouet sexuel en forme de phallus, tronqué de ses testicules"<ref name=Parutions/>. Le suspect est Archibald Rapoport, né en 1943 de parents juifs, résistants et assassinés, qui veut les venger, après que sa tante l'ait emmené en Pologne et à Cuba où il s'est passionné pour la musique noire, puis effectue des offres de lutte anti-OAS<ref name=chati/>. Parmi les rebondissements, la création chez les policiers d'un escadron sauvage de vengeance parallèle. Le roman décrit leurs funérailles, suivies par un million de parisiens<ref>L'Ordinaire Mésaventure d'Archibald Rapoport, par Pierre Goldman en 1977 aux Editions Robert Laffont, réédité en 2019 [140]</ref>. L'auteur a écrit, dans une note personnelle citée par le préfacier lors de la réédition en 2019 « voilà ce contre quoi je tenais à vous prévenir : ce récit, ni roman, ni nouvelle, ni essai, ni rien d'autre qui possède appellation, est pure fiction.» La trame n'est pas autobiographique, les détails ne commençant qu'à l’âge de Modèle:Nobr, et s'inspire d'une autre série de meurtres<ref name=rdm/>, dans Érostrate<ref name=rdm/>, nouvelle de Jean-Paul Sartre de 1939 se référent à Érostrate incendiaire du temple d'Artémis à Éphèse, merveille du monde antique<ref>"" ÉROSTRATE " de Jean-Paul Sartre, par Michel Cournot, dans Le Monde le 10 août 1977 [141]</ref>.

Le rythme de la narration, "contaminé par le délire du protagoniste", ressemble à "une partition pour les percussions", avec des scènes "qui rebondissent sans cesse, frénétiquement, les unes sur les autres : coïts, séjour à Auschwitz, suicide de commissaire en pleine réunion de travail, engagement dans une milice"<ref name=Parutions>Critique du livre lors de sa reparution, par Frédéric Saenen, dans Parutions le 07/06/2019 [142]</ref>. Certains verront lors de réédition en 2019 une farce absurde<ref name="rdm"/> au Modèle:Cita<ref name="rdm"/>, et Modèle:Cita<ref name="rdm"/> et Modèle:Cita<ref name="rdm"/>, avec des Modèle:Cita et un Modèle:Cita<ref name="rdm">Critique dans la Revue des deux Mondes en juillet août 2019 [143]</ref>, servi par un Modèle:Cita, dont l'emploi Modèle:Cita par un auteur qui Modèle:Cita<ref>Critique par Cécile Dutheil, le 18 mai 2019 dans Médiapart </ref>. D'autres y liront au contraire un Modèle:Cita<ref>Article de François Forestier, le 11 avril 2019 dans L'Obs [144]</ref>, le personnage principal ayant des points communs (mais aussi des grandes différences) avec Pierre Goldman. Chez eux, le livre a créé un sentiment de malaise, c'est le cas de Modèle:Incise<ref name="Faites entrer l'accusé"/> mais après l'assassinat de Goldman, même si dès la parution du roman en septembre 1977, l'univers police-justice est secoué par la cavale très médiatisée<ref name="lemonde"/> de Pierre Conty, autre ex-militant d'extrême gauche, toujours introuvable trois semaines après avoir tué trois personnes lors d'un holdup en Ardèche, dont un gendarme<ref name="lemonde">Le "hippy" introuvable, lemonde.fr, le 22 mai 1980.</ref>. L'écrivain Dominique Perrut, auteur d'un roman à clé sur Goldman, convaincu qu'il était "coupable du double meurtre" de 1969<ref name=idéal/>, y verra même en 2010, des "quasi-confessions livrées par Goldman lui-même, une fois libéré"<ref name=idéal>"Contre-enquête sur un innocent idéal", interview de l'écrivain Dominique Perrut dans Le Figaro du 9 janvier 2010 [145]</ref> et Régis Debray en 2019 Modèle:Cita ou un Modèle:Cita<ref name=Mandelbaum>Le « livre suicide » de Pierre Goldman, par Jacques Mandelbaum, dans Le Monde 13 juin 2019[146]</ref>. "Un an à peine après avoir été acquitté, voilà que ce connard publie un livre", aurait alors pensé Pierre Benichou, selon un souvenir confié des décennies après<ref name=croque/>.

Jean Le Gall, qui réédite le livre en 2019, déclare alors que Goldman s'était ainsi "mis sciemment en danger"<ref name=Mandelbaum/>, dans une interview au Monde<ref name=Mandelbaum/>, qui lui estime que "ses assassins ont lu dans ce livre les aveux de leur future victime plutôt qu’une description voilée de leur propre haine homicide"<ref name=Mandelbaum/>. En 1977, les Editions du Seuil avaient refusé de publier le roman, mais Bernard de Fallois, des Editions Julliard<ref>"Pierre Goldman, la farce armée", article de Frédérique Roussel dans Libération en 2019 [147]</ref>, a insisté pour qu'il sorte, selon sa veuve<ref name =csg/>, en reprochant à Goldman d'être Modèle:Cita<ref name =csg/>, alors qu'il lui avait d'abord promis d'avoir Modèle:Cita pour finir le livre, selon Philippe Gumplowicz, préfacier de la réédition<ref name=prefa>Préface de la réédition de 2019, par Philippe Gumplowicz aux éditions Robert Laffont, 2 mai 2019 [148]</ref>. La publication précipitée génère un Modèle:Cita, à Modèle:Cita, qui Modèle:Cita et que Goldman avait terminé pour Modèle:Cita. Il n'en fait pas la promotion, n'accordant qu'un entretien à un journal d'extrême-gauche à l'audience confidentielle, en précisant qu'il ne partage pas ses convictions<ref name=197909Debray/>, et part immédiatement aux Antilles pour ne pas avoir à refuser les sollicitations des journalistes littéraires<ref name=197909Debray/>.

Biographie de son frère en 2023

Le film de 2023 consacré à Pierre Goldman est précédé d'un mois par la dernière d'une longue série de biographies de Jean-Jacques Goldman<ref name="yj">Modèle:Ouvrage.</ref> où le nom de Pierre Goldman est cité une trentaine de fois en 300 pages. L'auteur, Ivan Jablonka, y parle d'un Modèle:Cita<ref name="yj" /> et d'Modèle:Cita<ref name="yj" /> de Pierre Goldman, qui aurait selon lui Modèle:Cita, des Modèle:Cita<ref name="yj" />. Le livre reprend dans le détail, sans dire un mot de l'acquittement, les thèses de l'accusation du double meurtre des pharmaciennes en 1969, via les fuites dans la presse lors de l'arrestation du suspect, et ne dit pas un mot non plus des visites en prison de son père ou du soutien de la famille lors du procès<ref name="yj" />. Il reprend des dialogues que le livre de Michaël Prazan a présentés en 2005 comme ayant eu lieu en 1970 entre la famille Goldman et Marc Kravetz<ref name="yj" />, ami du fils assassiné, alors que les deux ont protesté contre le livre de Michaël Prazan, Marc Kravetz annulant ensuite sa participation prévue au documentaire de cet auteur.

Jean-Jacques Goldman a de son côté rappelé dans Le Canard enchaîné que ses proches ont refusé de rencontrer Ivan Jablonka : « je n'ai jamais rencontré cet auteur, mes amis non plus, et je suis triste pour tous les gens qui se font duper en achetant ces livres qui parlent de moi »<ref>« “Je suis triste pour tous les gens qui se font duper” : Jean-Jacques Goldman s'est exprimé sur la biographie à son sujet », France Info, le 28 août 2023.</ref>,<ref name=canard>« Goldman sans Jean-Jacques », par Hervé Martin le 23 août 2023 dans Le Canard enchaîné</ref>.

Le film de Cédric Kahn

Modèle:Article détaillé Pour le film de Cédric Kahn Le Procès Goldman sorti en septembre 2023, les auteurs ont réalisé une compilation Modèle:Cita ils ont Modèle:Cita. Ils ont Modèle:Cita, produisant Modèle:Cita. Ils ont par ailleurs consulté Michaël Prazan, auteur d'une biographie contestée en 2005, Pierre Goldman. Le frère de l’ombre<ref name="fiction">Modèle:Article</ref>, qui leur a présenté les avocats.

La documentariste Christiane Succab-Goldman, veuve de Pierre Goldman, a dans « Le Monde » indiqué avoir assigné Cédric Kahn en référé, pour exiger qu'un carton signale Modèle:Cita et de ses interventions, mais la demande a été rejetée par le tribunal, un carton présent au générique mentionnant déjà l'existence de quelques scènes fictives<ref name =csg/>.

Pour Cédric Khan, qui ignorait son absence, cette scène fictive présente Modèle:Citation et il indique que Modèle:Citation<ref name="fiction" />

La veuve de Pierre Goldman a mentionné dans les médias ou via les médias<ref>" a veuve de Pierre Goldman rompt le silence - 28 Minutes - ARTE sur Arte [149]</ref>, deux autres désaccords majeurs avec le film<ref name =csg/>: la scène de la lettre où Goldman envisage se séparer de son avocat Georges Kiejman ne précise pas sa principale motivation: la stupeur d'apprendre que Kiejman avait Modèle:Cita, notamment le gendarme gravement blessé par le meurtrier jamais retrouvé, Modèle:Cita<ref name =csg/>. Selon elle, le film fait Modèle:Cita entre Kiejman et Goldman, malgré cet accroc, ce dernier n'étant pas Modèle:Cita que semble parfois montrer le film, d'autant que Modèle:Cita<ref name =csg>Modèle:Article</ref>.

Grandes dates

  • 1961 à 1965 : direction du service d'ordre de l'UEC;
  • avril 1966 : départ sur un cargo jusqu'à La Nouvelle Orléans; où il est arrêté;
  • 1966 à fin 1967 : voyages en Europe, à Cuba et au Mexique;
  • 1967 : retour en France dans la clandestinité;
  • Modèle:Date- : premier départ au Venezuela;
  • Modèle:1er octobre 1969 : retour en France avec Oswaldo Barreto;
  • 4 décembre 1969 : hold-up d'une pharmacie, reconnu par Goldman;
  • 19 décembre 1969 : double meurtre dans une pharmacie parisienne, deux blessés graves dont un gendarme qui avait tenté d'arrêter le meurtrier;
  • 20 décembre 1969 : hold-up d'un magasin parisien, à découvert et devant dix témoins, reconnu par Goldman;
  • 16 janvier 1970 : Modèle:3e hold-up reconnu par Goldman, contre un agent payeur des allocations familiales;
  • Modèle:Date- : Goldman arrêté, sa photo dans les journaux avant l'identification par les témoins;
  • Modèle:Date- : condamnation à perpétuité;
  • Modèle:Date- : la Cour de cassation annule le premier jugement;
  • Modèle:Date- : mariage en prison;
  • Modèle:Date- : Goldman acquitté des meurtres, mais condamné à Modèle:Nobr de réclusion pour trois autres vols à main armée<ref name=diard/>;
  • Modèle:Date- : Goldman libéré pour bonne conduite;
  • Modèle:Date- : le gendarme Gérard Quinet obtient une saisie-arrêt sur les droit d'auteur de Goldman;
  • Modèle:Date- : assassinat en pleine rue à Paris.

Publications

Dans la culture populaire

Cinéma

Chansons

Bande dessinée

Divers

  • Dans Le Journal du Dimanche du Modèle:Date-, René Goscinny et le dessinateur Tabary font paraître une planche de L'ignoble Iznogoud commente l'actualité consacrée à l'acquittement de Pierre Goldman pour le meurtre des deux pharmaciennes. Iznogoud est tout sourire : « L'accusé du meurtre des pharmaciennes a été acquitté et j'en suis heureux ! [...] Je suis heureux parce que les juges, les avocats, le public et les journaux sont heureux ! »
Mais le bonheur du vizir est interrompu par une manifestation de pharmaciennes furieuses<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>...

Notes et références

Modèle:Références nombreuses

Voir aussi

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Bibliographie

Presse

Documentaires

Radio

Articles connexes

Liens externes

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