Issu d'une famille de haute noblesse, mais souffrant d'un pied bot, il est orienté vers une carrière ecclésiastique en vue de prendre la succession de son oncle, archevêque de Reims. Ordonné prêtre en 1779, il est nommé en 1788 évêque d'Autun. Sous la Révolution, il adhère d'abord à la Constitution civile du clergé (1790), puis renonce à la prêtrise pour mener une vie laïque.
Talleyrand occupe des postes de pouvoir sous la plupart des régimes qui se succèdent en France : sous l'Ancien Régime, il est agent général du clergé (1780) ; en 1789, il se fait élire député du clergé aux États généraux, est un moment président de l'Assemblée nationale constituante en 1790 et est à l'origine de la Constitution civile du clergé ; en 1792-1793, il est ambassadeur de France au Royaume-Uni ; sous le Directoire, il est ministre des Relations extérieures et le reste sous le Consulat et l'Empire ; en 1814, il est président du gouvernement provisoire ; sous la Restauration, il est ambassadeur, ministre des Affaires étrangères et président du Conseil des ministres ; enfin, sous la monarchie de Juillet, il est ambassadeur.
Il intervient fréquemment dans les questions économiques et financières, pour lesquelles son acte le plus fameux est la proposition de nationalisation des biens du clergé en 1789. Toutefois, sa renommée provient surtout de sa carrière diplomatique exceptionnelle, dont l'apogée est le congrès de Vienne. Homme des Lumières, libéral convaincu, tant du point de vue politique et institutionnel que social et économique, Talleyrand théorise et cherche à appliquer un « équilibre européen » entre les grandes puissances.
Réputé pour sa conversation, son esprit et son intelligence, il mène une vie entre l'Ancien Régime et le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Surnommé le « diable boiteux »<ref group=N>D'après le titre d'un roman de Lesage, Le Diable boiteux.</ref> et décrit comme un traître cynique plein de vices et de corruption ou au contraire comme un dirigeant pragmatique et visionnaire, soucieux d'harmonie et de raison, admiré ou détesté par ses contemporains, il suscite de nombreuses études historiques et artistiques.
La date de naissance du Modèle:Date- est retenue par la quasi-totalité de ses biographes, à l'exception de François-Auguste Mignet, qui donne le 13 février<ref group=N>François-Auguste Mignet affirme qu'il est né le 13 février 1754. Voir Auguste Marcade, Talleyrand: prêtre et évêque, Paris, 1883, Modèle:P..</ref>.
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord est baptisé le jour même de sa naissanceModèle:Sfn.
Il compte aussi parmi ses ancêtres Jean-Baptiste Colbert et Étienne Marcel<ref>Voir ancêtres de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord sur la base de Roglo.</ref>.
Avant la parution des mémoires de Talleyrand en 1889, plusieurs versions circulaient à propos de l'enfance de Talleyrand, en particulier de l'origine de son pied bot<ref>Auguste Marcade, Talleyrand prêtre et évêque, 1883, Modèle:Lire en ligne, Modèle:P..</ref>. Ces mémoires sont la source d'informations la plus exploitée sur cette partie de sa vie, mais la version donnée par Talleyrand est contestée par une partie des historiens.
Version donnée par Talleyrand dans ses mémoires
Selon lui, il a été immédiatement confié à une nourrice qui l'a gardé quatre ans chez elle dans le faubourg Saint-Jacques, ce qui n'est pas le cas de ses frères ; il serait tombé d'une commode à l'âge de quatre ans, origine de son pied bot.
Cette infirmité lui aurait valu de ne pas pouvoir accéder à des fonctions militaires et d'être destitué de son droit d'aînesse par ses parents qui le destinent alors à une carrière ecclésiastique. C'est son frère cadet, Archambaud, qui prend sa place (l'aîné des fils étant mort en bas âge). Ses deux frères sont mariés avec de riches héritières de la noblesse de robe, Archambaud avec Sabine Olivier de Sénozan (1764-1794) et Boson avec Charlotte de Beauffin de Puisigneux (1801) Modèle:Sfn.
Selon Franz Blei, dans ses mémoires, Talleyrand « évoque ses parents avec une surprenante antipathieModèle:Sfn » :
Une partie des biographes, comme Jean Orieux, donnent raison à Talleyrand quand il laisse entendre que ses parents ne l'aimaient pas, ne tolérant pas qu'il fût « simultanément pied bot et TalleyrandModèle:Sfn ».
Perspectives d'historiens sur son enfance
Cette version de son enfance est contestée par plusieurs biographes.
Toujours selon Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand est devenu prêtre non pas à cause d'un manque d'affection de ses parents, mais de la volonté de le placer à la tête du riche et puissant archidiocèse de Reims promis à son oncle<ref group=N>Alors évêque coadjuteur, donc promis à la succession.</ref>, perspective susceptible de vaincre ses réticences, son âge le plaçant comme le seul en mesure de le faire au sein de sa fratrieModèle:Sfn. Ainsi, Talleyrand n'aurait blâmé ses parents que dans le contexte de la rédaction de ses mémoires, où il devait faire apparaître sa prêtrise comme ayant été contrainteModèle:Sfn.
Il séjourne ensuite chez son oncle, archevêque-coadjuteur de Reims depuis 1766, donc promis à devenir archevêque-duc de Reims et pair de France. C'est à ce moment qu'il accepte d'entrer dans les ordresModèle:Sfn.
En 1770, à l'âge de seize ans, il entre au séminaire Saint-Sulpice, où, selon ses mémoires, il fait preuve de mauvaise humeur et se retranche dans la solitudeModèle:Sfn.
Le Modèle:Date-, il reçoit les ordres mineurs et, le Modèle:Date-, obtient un baccalauréat<ref group=N>Il s'agit de l'ancienne forme du diplôme (Modèle:Cf. Dictionnaire de l'Académie française, Modèle:1re de 1694, Modèle:P.).</ref> en théologie à la Sorbonne. Ce diplôme est acquis plutôt grâce à sa naissance qu'à son travail : sa thèse a en effet été au moins en partie rédigée par son directeur de thèse, Charles Mannay<ref group=N>Quaenam est scientia quam custodient labea sacerdotis : « Quelle est la science que doivent garder les lèvres du prêtre ».</ref>,<ref group=N>Georges Lacour-Gayet raconte que Charles Mannay sera hébergé à la fin de sa vie chez Talleyrand à Valençay.</ref>,Modèle:Sfn, et il a obtenu une dispense d'âge pour la présenter à Modèle:Nombre au lieu des 22 requisModèle:Sfn.
Le Modèle:Date-, il assiste au sacre de Modèle:Souverain2, auquel participent son oncle en tant que coadjuteur de l'évêque consécrateur et son père en tant qu'otage de la Sainte AmpouleModèle:Sfn, c'est-à-dire personne chargée de chargées de porter la Sainte Ampoule pendant la cérémonie.
Il est ordonné prêtre le Modèle:Date. La veille de son ordination, Auguste de Choiseul-Gouffier raconte l'avoir découvert prostré et en pleurs. Il lui conseille alors de renoncer, mais Talleyrand lui répond : Modèle:Citation. Mais, selon Emmanuel de WaresquielModèle:Sfn, cette anecdote ne serait qu'une invention.
Le surlendemain, il célèbre sa première messe devant sa famille. Son oncle, devenu archevêque en 1777, le nomme vicaire général de l'archevêché de ReimsModèle:Sfn.
Agent général du clergé (1780)
L'année suivante, au printemps 1780, il devient, toujours grâce à son oncleModèle:Sfn, agent général du clergé de France, charge qui l'amène à défendre les biens de l'Église face aux besoins d'argent de Modèle:Souverain2. Les biens du clergé étant légalement exemptés d'impôts directs, notamment la taille, la royauté fait de temps à autre pression pour que l'Église de France fasse volontairement (« don gratuit ») cadeau de quelques millions au Trésor. Or à cette époque, le budget de l'État est en déficit aggravé en raison de la guerre d'Amérique, où la France intervient depuis 1778.
Il intervient également dans la crise de la Caisse d'escompte en 1783Modèle:Sfn et gère la colère du bas-clergé en maniant la carotte et le bâton. En effet, d'un côté il obtient du roi deux décrets sévissant contre les contestataires, de l'autre il obtient de l'assemblée du clergé l'augmentation de la portion congrueModèle:Sfn. Tous ces travaux lui permettent de s'initier aux affaires financières, aux affaires immobilières et à la diplomatie ; il prend connaissance de l'étendue de la richesse du clergé et noue des relations parmi les hommes d'influence.
Entrée dans les milieux dirigeants du royaume
Élu secrétaire de l'Assemblée générale du clergé de 1785-1786, il est félicité par ses pairs à l'occasion de son rapport finalModèle:Sfn.
Il fréquente les salons libéraux proches du duc d'Orléans, le futur Philippe-Égalité. Installé rue de Bellechasse, il est voisin de Mirabeau. Les deux hommes se lient d'amitié, de politique et d'affaires : ils sont tous deux favorables à des réformes du système politique (la monarchie absolue) et de la société (la société d'ordres, encore très marquée par la féodalité).
Proche de CalonneModèle:Sfn, il participe à la négociation du traité de commerce avec la Grande-Bretagne conclu en 1786Modèle:Sfn. Il fait aussi partie des rédacteurs du plan de Calonne pour réformer les finances du royaume, mais qui reste à l'état de projet en raison de l'éviction du ministreModèle:Sfn.
Accession à l'épiscopat (novembre 1788) et arrivée à Autun (mars 1789)
Pourtant, la nomination se fait attendre. L'explication souvent donnée par les historiens est sa vie dissolue (goût pour le jeu, pour le luxe, maîtresses), qui indispose Alexandre de Marbeuf, évêque d'Autun et responsable des nominationsModèle:Sfn, et choque Modèle:Souverain2. Emmanuel de WaresquielModèle:Sfn pense cependant que le délai qu'on lui impose résulte surtout de ses amitiés orléanistes libérales qui suscitent l'hostilité du clan de la reine Marie-Antoinette et sont aussi un signe de la perte d'influence de sa familleModèle:Sfn.
En raison de la catastrophe budgétaire et financière que subit le royaume et de l'échec de différentes tentatives, notamment celle de Calonne, Louis XVI a dû se résoudre à convoquer les États généraux, qui n'ont pas été réunis depuis 1614, étant considérés depuis Louis XIII comme une atteinte insupportable au pouvoir de droit divin des rois de France et de Navarre. Les États généraux sont pourtant le seul organe autorisé par les lois fondamentales du royaume à créer de nouveaux impôts.
Le roi les convoque au début d'août 1788 pour le mois de mai 1789. Les États doivent réunir quatre députés par circonscription, en l'occurrence les bailliages : un du clergé, un de la noblesse et deux du tiers état, au total environ 1200 députés. Les élections ont lieu au cours de mois de janvier à avril 1789. Durant ces mois se forme le parti patriote, dont l'emblème est la brochure de l'abbé Sieyès, Qu'est-ce que le Tiers-État ?.
Talleyrand est candidat pour représenter le clergé du bailliage d'Autun. Il est élu le Modèle:Date- après une campagne courte et efficace.
Modèle:...
Le Modèle:Date-, un mois seulement après son arrivée, Talleyrand quitte Autun, esquivant la messe de Pâques, et rentre à ParisModèle:Sfn pour préparer l'ouverture des états généraux qui doit avoir lieu le Modèle:Date-.
Mais ce départ est définitif : la réunion des États généraux va avoir un résultat non prévu par Louis XVI, l'entrée du royaume de France dans une période révolutionnaire de longue durée.
Période de la Révolution française (1789-1799)
Des États généraux à l'Assemblée nationale constituante (5 mai-9 juillet 1789)
La première réunion des États généraux a lieu le 5 mai à Versailles, en séance plénière et en présence du roi. Les trois ordres doivent ensuite se réunir, délibérer et voter séparément, à raison d'une voix par ordre. Les députés du tiers état sont immédiatement en désaccord : ils demandent que les délibérations aient lieu en séance plénière et que chaque député ait une voix. Six semaines plus tard, le 17 juin, ils se proclament « Assemblée nationale » et le 20 juin, prononcent le serment du Jeu de paume : ne pas se séparer avant d'avoir donné une constitution à la France. Ce sont leurs premiers actes révolutionnaires. Quelques membres du clergé et quelques nobles les rejoignent.
Talleyrand joue un rôle important en tant que membre de l'Assemblée constituante, bien qu'en retrait par rapport à des personnalités telles que La Fayette et Mirabeau.
Soutenu par Mirabeau, mais désapprouvé par l'abbé Sieyès, le projet est voté le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Fêté par Le Moniteur, couvert d'injures dans des pamphletsModèle:Sfn, Modèle:Citation, Talleyrand devient pour une partie du clergé celui qui a trahi son ordre, son ancienne fonction de brillant agent général, ce qui le rend d'autant plus détestable à ceux pour qui il devient « l'apostatModèle:Sfn ».
L'année 1790 et la fête de la Fédération (14 juillet)
Le Modèle:Date-, il propose d'accorder le statut de citoyen aux juifs, ce qui donne de nouveaux arguments aux pamphlétairesModèle:Sfn.
Le Modèle:Date-, Talleyrand propose à l'Assemblée le principe d'une fête célébrant l'unité des Français, au cours de laquelle des gardes nationaux venus de tous les départements serviraient de représentants du paysModèle:Sfn : la fête de la Fédération, sur le Champ-de-Mars.
Nommé à cet office par le roiModèle:Sfn, il célèbre la messe devant Modèle:Unité le Modèle:Date-, bien qu'il soit peu familier de cet exercice<ref group=N>Comme il n'a eu l'occasion de célébrer la messe qu'à de rares occasions, dont sa première en tant que prêtre et sa première en tant qu'évêque), Mirabeau, qui a suivi la messe du temps où il était en prison, le guide dans ses répétitions.</ref>,Modèle:Sfn.
Montant sur l'estrade où se trouve l'autel, il aurait dit à La Fayette : Modèle:Citation<ref group="N">Le mot est souvent cité, adressé suivant les sources à différentes personnes. L'Encyclopédie Larousse[1] parle de l'abbé Louis, diacre à cette cérémonie et d'une piété aussi douteuse que celle de Talleyrand. Dans Monsieur de Talleyrand (Paris, Librairie Lecointe et Pougin, 1835), ouvrage publié alors que Talleyrand est encore en vie, Charles Maxime Catherinet de Villemarest écrit : « Nous nous bornerons donc à raconter la part que prit l'évêque d'Autun à cette cérémonie imposante pour les spectateurs, mais qui peut-être parut ridicule à ceux qui en furent les acteurs. On sait qu'au moment où il se rendit à l'autel pour y célébrer la messe, l'évêque ayant aperçu le commandant de la garde nationale, Modèle:M., placé près de lui, lui dit tout bas : « Ah ça ! je vous en prie, ne me faites pas rire. »</ref>.
Les débuts de la Constitution civile du clergé (décembre 1790-mars 1791)
Talleyrand démissionne de sa charge épiscopale en Modèle:Date-Modèle:Sfn, motivant cette décision par son élection comme administrateur du département de la SeineModèle:Sfn.
Mais il est pourtant obligé d'intervenir en tant qu'évêque, pour que les deux premiers évêques constitutionnels désignés (Louis-Alexandre Expilly de La Poipe pour le Finistère et Claude Marolles pour l'Aisne)<ref group=N>Les évêchés ont été restructurés en fonction du territoire des départements ; la plupart des évêques ayant refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé, leur poste est réputé vacant.</ref> puissent être sacrés.
Il Modèle:Pas clair deux autres évêques (les évêques in partibus de Modèle:Lien, Jean-Baptiste Gobel, et de Babylone, Jean-Baptiste Miroudot du BourgModèle:Sfn) pour l'assister : le sacre de La Poipe et de Marolles a lieu le Modèle:Date-, suivi par quatorze autresModèle:Sfn. Les nouveaux évêques constitutionnels sont d'ailleurs parfois appelés « talleyrandistes ». La quasi-totalité des évêques en place ont refusé de prêter serment, ainsi qu'un grand nombre de prêtres, qui vont former la catégorie des prêtres réfractaires, un des premiers grands problèmes de la Révolution.
L'année 1791 et l'entrée en vigueur de la constitution
Durant l'année 1791, alors que son ami Mirabeau est mourant (il meurt le 2 avril), il dirige la rédaction d'un important rapport sur l'instruction publique, qu'il présente à l'assemblée constituante juste avant sa dissolution, les Modèle:Nobr et qui est à l'origine de la création de l'Institut de FranceModèle:Sfn.
Cette période est marquée par la tentative de fuite du roi (21 juin 1791), qui provoque une scission entre les patriotes : ceux qui restent monarchistes (notamment La Fayette) et ceux qui estiment que la France doit devenir une république (notamment Robespierre). La rupture est violente lors de la fusillade du Champ-de-Mars (17 juillet).
La constitution est votée par l'Assemblée constituante, puis présentée au roi et acceptée par lui le Modèle:Date-. L'Assemblée nationale législative doit encore être élue. Mais aucun des membres de la Constituante ne peut être candidatModèle:Note.
Le mandat des députés de 1789 prend fin le 30 septembre 1791.
Période de l'Assemblée nationale législative (Modèle:1er octobre 1791-10 août 1792)
Du Modèle:Date- au Modèle:Date-, Talleyrand est envoyé en mission diplomatique à Londres. Il a plusieurs objectifs : achats de chevaux ; voir si le Royaume-Uni pourrait rester neutre en cas de guerre entre la France et des puissances du continent ; négociations sur la rétrocession de TobagoModèle:Sfn.
Talleyrand retourne à Londres le Modèle:Date- avec le marquis François Bernard de Chauvelin. En dépit de l'atmosphère hostile qui prévaut en Angleterre contre la France, ils obtiennent du gouvernement la neutralité britannique le Modèle:Date-Modèle:Sfn.
Le 28, Talleyrand démissionne de son poste de membre du directoire du département de la SeineModèle:Sfn.
Modèle:...
Le 10 août, l'insurrection est déclenchée. Une partie de la Garde nationale, les sans-culottes et les bataillons de volontaires, notamment ceux qui viennent de Marseille, encerclent le palais des Tuileries, mais acceptent que le roi et sa famille puissent se réfugier à l'Assemblée. Puis ils prennent le palais défendu par les gardes suisses. Louis XVI est suspendu par l'Assemblée. Le 13, il est remis à la Commune (insurrectionnelle) de Paris, qui l'incarcère au Temple, ainsi que sa famille.
Après la journée du 10 août : les débuts de la République
Le Modèle:Date-, Talleyrand obtient de Danton un ordre de missionModèle:Sfn pour aller à Londres, sous le prétexte de travailler à l'extension du système des poids et de mesures. En effet, il ne veut pas être considéré comme un émigré, au contraire de nombreux nobles partis à l'étranger depuis juillet 1789 : Modèle:Citation. Il part le Modèle:Date-Modèle:Sfn.
La Convention se réunit le 21 septembre 1792 et proclame la république, le lendemain de la première victoire française, à Valmy. En novembre, est lancé le procès de Louis XVI. L'ouverture de l'armoire de fer découverte aux Tuileries révèle des documents compromettants pour le roi, mais aussi pour d'autres personnalités, notamment TalleyrandModèle:Sfn et Mirabeau (mort en 1791), qui ont eu des relations cachées avec la famille royale.
Le Modèle:Date-, un décret d'accusation est porté contre le « ci-devant évêque d'Autun », qui se garde bien de rentrer en France. Le 1er février, quelques jours après l'exécution de Louis XVI (21 janvier), le Royaume-Uni met fin à sa neutralité et se joint à la première coalition (1792-1797), principalement en raison de l'occupation des Pays-Bas autrichiens par la France. Talleyrand vit désormais volontairement dans un pays en guerre contre la France, sans aucun mandat du gouvernement.
Il fréquente les émigrés issus du camp des monarchistes constitutionnels et noue des relations avec des Anglais influentsModèle:Sfn, mais souffre à la fois du manque d'argent et de la haine des premiers émigrés, partisans pour la plupart de la monarchie absolueModèle:Sfn.
Mais, dès la fin de la Terreur, consécutive à la chute de Robespierre (27 juillet 1794/9 Thermidor an II), il espère pouvoir revenir en FranceModèle:Sfn.
Le Modèle:Date-, il adresse à la Convention, une requête plaidant sa causeModèle:Sfn. En même temps, Germaine de Staël, avec qui il est en relations épistolaires<ref group=N>La correspondance entre Modèle:Mme et Talleyrand a été publiée par Modèle:M. en même temps que les mémoires de Talleyrand.</ref>, incite Marie-Joseph Chénier à demander à l'Assemblée que Talleyrand soit autorisé à rentrerModèle:Sfn. Par un discours du Modèle:Date-, Chénier obtient la levée du décret d'accusation contre Talleyrand, qui est rayé de la liste des émigrés, chose assez exceptionnelle avant le coup d'État du 18 Brumaire et l'arrivée de Bonaparte au pouvoir (9 novembre 1799).
Peu après son arrivée, Talleyrand entre à l'Institut de France, où il a été élu le Modèle:Date- à l'Académie des sciences morales et politiques avant même son départ des États-Unis ; il publie deux essais sur la nouvelle situation internationale, fondés sur ses voyages hors de FranceModèle:Sfn. Il participe à la fondation du Cercle constitutionnel, républicain, en dépit de ses amitiés orléanistes et de l'hostilité des conventionnels, qui voient en lui un contre-révolutionnaireModèle:Sfn.
N'arrivant pas à se faire nommer ministre des Relations extérieures à la place de Charles Delacroix, envoyé comme ambassadeur auprès de la République batave, il fait jouer l'influence de plusieurs femmes, surtout son amie Germaine de StaëlModèle:Sfn. Cette dernière fait le siège de Barras, le plus influent des directeurs, qu'elle supplie dans des scènes enflammées, finissant par obtenir son accord<ref>Mémoires de Barras, Paleo, Sources de l’Histoire de France, 3T, 2004, (aussi éditées en 2005 dans la collection Le Temps retrouvé, Mercure de France)</ref>. Talleyrand préfère raconter dans ses mémoiresModèle:Sfn qu'arrivant pour dîner chez Barras, il le découvre effondré par la noyade de son aide de camp et le console longuement, d'où la bienveillance du directeur à son égard. Dans le jeu des nominations du remaniement du Modèle:Date-, qui intervient dans les prémices du [[Coup d'État du 18 fructidor an V|coup d'État du Modèle:Date républicaine-]]Modèle:Sfn, Barras obtient l'accord des autres directeurs, qui sont pourtant hostiles à l'ancien évêqueModèle:Sfn.
Lors de sa nomination, Talleyrand aurait dit à Benjamin Constant : Modèle:Citation. De fait, et dès cet instant, cet Modèle:Citation prend l'habitude de recevoir d'importantes sommes d'argent de l'ensemble des États étrangers avec lesquels il traite. Fin 1797, il provoque même un incident diplomatique en faisant demander des pots-de-vin à trois envoyés américains : c'est l'affaire XYZ qui provoque la « quasi-guerre ».
Séduit par le personnage, Bonaparte écrit au Directoire pour lui signifier que le choix de Talleyrand « fait honneur à son discernementModèle:Sfn ». Une importante correspondance suit ; dans celle-ci, Bonaparte exprime très tôt le besoin de renforcer l'exécutifModèle:Sfn. Il n'en fait qu'à sa tête en Italie : le traité de Campo-Formio est signé le Modèle:Date- et Talleyrand le félicite malgré toutModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, les deux hommes se rencontrent pour la première foisModèle:Sfn, alors que Bonaparte revient couvert de gloire de la campagne d'Italie. Le Modèle:Date-, Talleyrand donne une fête somptueuse en son honneur en l'hôtel de Galliffet, où est installé le ministèreModèle:Sfn. Il incite Bonaparte à tenter l'expédition d'Égypte et favorise son départModèle:Sfn, tout en refusant de s'y impliquer activement, ne se rendant pas comme convenu avec Bonaparte à Constantinople, et provoquant ainsi la colère du généralModèle:Sfn.
Le Directoire, en particulier Jean-François Reubell qui déteste Talleyrand, traite lui-même les affaires importantes et l'utilise comme un exécutantModèle:Sfn. La politique de Talleyrand, qui va parfois à l'encontre même de celle des directeurs, a pour but de rassurer les États européens et d'obtenir l'équilibre et la paix. Aussi fait-il part de ses réserves sur la politique de « libération » des pays conquis : le Modèle:Date- (Modèle:Date républicaine-), il écrit à Lacuée, membre du Conseil des Cinq-Cents « que le système qui tend à porter la liberté à force ouverte chez les nations voisines, est le plus propre à la faire haïr et à empêcher son triomphe<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. » Il prend possession de l'administration des Affaires étrangères, qu'il garnit d'hommes travailleurs, efficaces, discrets et fidèlesModèle:Sfn, même si c'est le Directoire qui choisit les ambassadeurs, sans même le consulterModèle:Sfn.
Il prend des contacts avec Sieyès et avec les généraux Joubert qui meurt peu après, Brune, puis Bonaparte lorsqu'il revient d'Égypte, dans l'optique du renversement du DirectoireModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, prenant pour prétexte les attaques menées contre lui par la presseModèle:Sfn et par un obscur adjudant-général qui lui intente un procès et le gagneModèle:Sfn, il démissionne du ministèreModèle:Sfn qu'il quitte le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Il se consacre à la préparation du coup d'État du 18 brumaire (Modèle:Date-) en conspirant contre le Directoire avec Bonaparte et Sieyès. Le jour dit, il est chargé de réclamer sa démission à Barras : il y parvient si bien qu'il conserve par-devers lui la compensation financière qui était destinée à ce dernierModèle:Sfn.
Après le coup d'État, il retrouve son rôle de ministre face aux cours européennes peu mécontentes de la fin du Directoire. Bonaparte et Talleyrand s'accordent sur le fait que les affaires étrangères relèvent du domaine exclusif du Premier Consul : le ministre ne rend compte qu'à BonaparteModèle:Sfn. Pour François Furet, Talleyrand est « pendant presque huit ans […] le second rôle du régimeModèle:Sfn ».
Bonaparte accède aux vues de Talleyrand et écrit amicalement au roi de Grande-Bretagne, puis à l'empereur d'Autriche, qui refusent de façon prévisible les propositions de réconciliationModèle:Sfn, sans même accuser réception des lettresModèle:Sfn. Le tsar de RussieModèle:Souverain2 se montre plus favorable : un traité est négocié et signé. Cependant, Modèle:Souverain- est assassiné en 1801 par un groupe d’ex-officiers<ref group=N>Un doute subsiste quant à l'implication du cabinet anglais, inquiet de ce renversement d'alliance, dans l'assassinat de Modèle:Souverain-.</ref>. Son fils Modèle:Souverain2 lui succède.
Les traités de Mortefontaine du Modèle:Date- pour la pacification des relations avec les États-Unis, et de Lunéville du Modèle:Date- pour la paix avec l'Autriche vaincue à Marengo, ainsi que la paix d'Amiens du Modèle:Date- avec le Royaume-Uni et l'Espagne, sont négociés principalement par Napoléon et Joseph Bonaparte : d'après Modèle:Mme, Modèle:CitationModèle:Sfn. Même s'il désapprouve la méthode brutale de négociation, Talleyrand approuve la paix générale, dont les négociations lui permettent de surcroît de gagner beaucoup d'argent, grâce à des trucages et pots-de-vin diversModèle:Sfn. Il manœuvre les Italiens afin qu'ils élisent Bonaparte président de la République italienneModèle:Sfn. Il continue également de réformer l'administration des Affaires étrangèresModèle:Sfn. Les espoirs du ministre sont cependant déçus :
Il désapprouve ainsi l'annexion du Piémont, le rapprochement excessif entre les républiques française et cisalpine et l'hostilité envers la présence anglaise à MalteModèle:Sfn. Le Premier Consul annexe également l'Île d'Elbe et occupe la Suisse ; dès le Modèle:Date-, la rupture avec les Anglais est consomméeModèle:Sfn.
En 1800, il achète le château de Valençay, encore sur injonction de Bonaparte et avec son aide financière. Le domaine s'étend sur environ Modèle:UnitéModèle:Sfn, ce qui en fait l'une des plus grandes propriétés privées de l'époque. Talleyrand y séjourne régulièrement, en particulier avant et après ses cures thermales à Bourbon-l'ArchambaultModèle:Sfn.
En 1804, face à l'augmentation du nombre d'attentats perpétrés par des royalistes contre Bonaparte, Talleyrand joue un rôle d'instigateur ou de conseiller dans l'exécution du duc d'Enghien, rôle dont l'importance suscitera un débat durant la Restauration à la suite des accusations de Savary : selon Barras, Talleyrand conseille à Bonaparte de Modèle:Citation ; selon Chateaubriand, il Modèle:Citation<ref>Mémoires d'Outre-tombe, livre 16, chapitre 7 (voir aussi les précédents) Gallica.</ref>. Le Modèle:Date-, alors que l'arrestation du duc n'est pas encore connue, Talleyrand déclare à l'assistance, à deux heures du matin : Modèle:CitationModèle:Sfn. Dans ses mémoires, Bonaparte indique que Modèle:Citation, mais revendique l'exécution comme sa décision personnelleModèle:Sfn. À la Restauration, en 1814, Talleyrand fait disparaître tous les documents se rapportant à cette affaireModèle:Sfn ; il nie par la suite avoir pris part à cette exécution, dans une annexe de ses mémoiresModèle:Sfn.
En 1805, commence la campagne d'Allemagne. Talleyrand suit l'empereur dans ses trajets à travers l'Europe. À son arrivée à Strasbourg, il assiste à une violente crise de ce dernierModèle:Sfn, qui pour Georges Lacour-Gayet s'apparente à une crise d'épilepsieModèle:Sfn. Au lendemain de la victoire d'Ulm, il envoie de Strasbourg un rapport à l'empereur sur la nécessaire modération à observer vis-à-vis de l'Autriche afin d'instaurer un équilibre entre les quatre (France, Royaume-Uni, Autriche, Russie — auxquels il ajoute la Prusse)Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Après l'éclatante victoire d'Austerlitz et l'écrasante défaite de Trafalgar, Talleyrand, qui a de nouveau plaidé en vain pour un rééquilibrage européenModèle:Sfn, signe à contrecœur le traité de Presbourg (Modèle:Date-), annonçant la création de la confédération du Rhin et qu'il rédige sur ordre de l'empereur. Selon Metternich, il commence à envisager sa démissionModèle:Sfn. Il essaie d'adoucir les conditions imposées à l'Autriche ; en accordant dix pour cent de rabais et des délais sur les sanctions financièresModèle:Sfn, il mécontente Napoléon, qui le suspecte d'avoir été corrompu :
À la suite de la révolution haïtienne, il intervient auprès des États-Unis afin de leur demander de cesser toute activité commerciale avec Haïti. Le 28 février 1806, les États-Unis décrètent un blocus contre le jeune État<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En 1806, il reçoit le titre de « prince de Bénévent », État confisqué au Pape où il ne se rend pas une seule fois, se contentant d'envoyer un gouverneurModèle:Sfn. Le Modèle:Date- de la même année, il signe le traité créant la confédération du Rhin, prolongeant la volonté de Napoléon par ses nombreuses négociationsModèle:Sfn. Amorçant la critique de la politique guerrière de ce dernier sans oser le défier, il est toujours déçu dans ses conseils de modération, en particulier par la proclamation du blocus continental, le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Étant en contact permanent avec l'Autriche dans l'espoir d'un rapprochementModèle:Sfn, il commence à communiquer des informations au tsar Modèle:Souverain2via son ami le duc de DalbergModèle:Sfn. En 1807, après une série de victoires de Napoléon (Eylau, Dantzig, Heilsberg, Guttstadt, Friedland), il rédige (se « content[ant] de tenir la plumeModèle:Sfn ») et signe le traité de Tilsit, qui va à l'encontre de ses vues et de ses conseils à Napoléon : alliance offensive avec la Russie, affaiblissement de l'AutricheModèle:Sfn. Il se déclare Modèle:Citation par le traitement réservé aux vaincus, en particulier la reine de Prusse, et mécontent d'être un Modèle:CitationModèle:Sfn. Il prend certainement à cette occasion la décision de démissionner de son poste de ministre à son retour de Varsovie, voire l'annonce dès cet instant à NapoléonModèle:Sfn. Cela ne l'empêche pas de favoriser le rapprochement entre ce dernier et Marie WalewskaModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Sa démission est effective le Modèle:Date-. Le 14, il est nommé vice-grand-électeur de l'Empire.
Talleyrand se détache peu à peu de l'empereur, mais reste cependant son conseillerModèle:Sfn. Alors qu'il avait initialement (et de manière intéresséeModèle:Sfn) suggéré l'intervention en Espagne, il s'en désolidarise progressivement du fait de l'évolution de la situation européenne. Il fait savoir son opposition puis plus tard fait disparaître les lettres et affirme dans ses mémoires avoir toujours plaidé contreModèle:Sfn. De plus, l'empereur fait « tout le contraire » des suggestions de Talleyrand, qui plaide pour un rapprochement avec Ferdinand, prince populaire. Son désaccord sur la méthode se manifeste particulièrement dans les courriers qu'il envoie à l'empereur, qui se trouve à Bayonne. Ce dernier n'en tient pas compte et capture par la ruse les infants d'Espagne, procédé inexcusable pour TalleyrandModèle:Sfn. Il se voit confier leur garde, et les loge durant sept ans à Valençay, hospitalité qui se révèle agréable aux prisonniersModèle:Sfn.
En Modèle:Date-, Napoléon le charge de le seconder à l'entrevue d'Erfurt avec le tsar de Russie, sans ignorer que Talleyrand est hostile à l'alliance qu'il cherche, lui préférant la voie autrichienneModèle:Sfn. Pendant les discussions en marge des entrevues entre les deux empereurs, Talleyrand va jusqu'à déconseiller à Alexandre de s'allier avec Napoléon, en lui déclarant : « Sire, que venez-vous faire ici ? C'est à vous de sauver l'Europe, et vous n'y parviendrez qu'en tenant tête à Napoléon. Le peuple français est civilisé, son souverain ne l'est pas ; le souverain de la Russie est civilisé, son peuple ne l'est pas ; c'est donc au souverain de la Russie d'être l'allié du peuple français », puis « le Rhin, les Alpes, les Pyrénées sont la conquête de la France ; le reste est la conquête de l'Empereur ; la France n'y tient pasModèle:Sfn ». C'est la « trahison d'Erfurt », « fourberie » (pour Georges Lacour-GayetModèle:Sfn) qu'il détaille longuement dans ses mémoires, affirmant avoir manœuvré l'un et l'autre empereur pour préserver l'équilibre européenModèle:Sfn (« à Erfurt, j'ai sauvé l'Europe d'un complet bouleversementModèle:Sfn ») et qui lui vaudra plus tard l'inimitié des bonapartistes. Pour l'heure, Napoléon, qui ignore le sabotage, est surpris du manque de réussite de ses discussions avec Alexandre, et l'alliance ne se fait pas, la convention étant devenue « insignifianteModèle:Sfn ». Selon André Castelot, « l'envoi à Erfurt de Talleyrand, en fourrier diplomatique, est assurément [de toutes les erreurs commises en 1808 par l'empereur] la faute qui pèsera le plus lourd sur l'avenir de l'EmpireModèle:Sfn ».
Alors que l'on reste sans nouvelles de l'empereur depuis l'Espagne, où la guérilla fait rage, et que la rumeur de sa mort se répand, Talleyrand intrigue au grand jour avec Joseph Fouché pour offrir la régence à l'impératrice Joséphine, en cherchant le soutien de Joachim MuratModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, en Espagne, Napoléon apprend la conjuration et accourt à Paris, arrivant le 23Modèle:Sfn. Le 27, durant trente minutesModèle:Sfn, il abreuve Talleyrand d'injures ordurières à l'issue d'un conseil restreint de circonstance :
Il l'accuse notamment de l'avoir incité à faire arrêter le duc d'Enghien et à entamer l'expédition d'Espagne ; la phrase célèbre « vous êtes de la merde dans un bas de soie » n'est peut-être pas prononcée en cette circonstanceModèle:Note. Il lui retire son poste de grand chambellanModèle:Sfn.
Talleyrand est convaincu d'être arrêté, mais reste impassible : il aurait dit à la sortie dudit conseil : « Quel dommage, Messieurs, qu'un aussi grand homme ait été si mal élevéModèle:Sfn ». Au contraire de Fouché qui joue profil bas, il se présente toujours à la cour et ce dès le lendemain de la fameuse scèneModèle:Sfn, fait jouer les femmes auprès de NapoléonModèle:Sfn mais ne dissimule pas son opposition :
Menacé d'exil avec son comparse, voire dans sa vie, il n'est finalement pas inquiété, conserve ses autres postes et l'empereur le consulte toujours. Selon Jean Orieux, il est pour Napoléon « insupportable, indispensable et irremplaçable »Modèle:Sfn : Talleyrand travaille à son divorce et à son remariage, en lui suggérant le « mariage autrichienModèle:Sfn », qu'il plaide pendant le conseil extraordinaire du Modèle:Date-Modèle:Sfn. Il est alors gêné financièrement, du fait de la perte de ses charges et du coût de l'hébergement des infants d'Espagne, que la dotation de Napoléon ne couvre pas complètementModèle:Sfn. La faillite de la banque Simons, dans laquelle il perd un million et demi, le met alors dans une position si délicate qu'il sollicite en vain un prêt au tsar. Il reçoit cependant toujours des pots-de-vin et en vient à vendre une nouvelle fois sa bibliothèqueModèle:Sfn. En 1811, Napoléon finit par le sortir de ses ennuis financiers en lui achetant l'hôtel Matignon ; deux ans plus tard, Talleyrand déménage dans l'hôtel Saint-FlorentinModèle:Sfn.
En 1812, dans le cadre de la préparation de la campagne de Russie, Napoléon pense emprisonner préventivement Fouché et Talleyrand, tout en envisageant d'envoyer ce dernier comme ambassadeur en PologneModèle:Sfn. Talleyrand accueille la nouvelle de la retraite de Russie en déclarant : « c'est le commencement de la finModèle:Sfn » ; il intensifie ses relations d'intrigueModèle:Sfn. En Modèle:Date-, Talleyrand incite sans succès Napoléon à négocier la paix et à accorder d'importantes concessions ; il refuse le poste de ministre des Relations extérieures que lui propose à nouveau l'empereurModèle:Sfn. Il écrit à Modèle:Souverain-via son oncle, début d'une correspondance qui dure toute l'année 1813Modèle:Sfn ; la police impériale intercepte certaines lettres et l'empereur pense l'exiler et le poursuivre en justiceModèle:Sfn. Pourtant Napoléon suit toujours ses conseils : en Modèle:Date-, il accepte sur ses instances le retour des Bourbons sur le trône d'EspagneModèle:Sfn, et lui propose de nouveau le poste de ministre des Relations extérieures, se voyant opposer un nouveau refusModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, Napoléon, durant une nouvelle scène, est sur le point de le faire arrêterModèle:Sfn ; le Modèle:Date-, il le nomme pourtant au conseil de régence. Ils se voient pour la dernière fois le surlendemain, à la veille du départ de l'empereur pour une campagne militaire désespéréeModèle:Sfn.
Le Modèle:Date-, alors que les Alliés menacent Paris, le conseil de régence décide l'évacuation de la cour, qui a lieu les deux jours suivantsModèle:Sfn. Le Modèle:Date- au soir, Talleyrand exécute une manœuvre habile pour rester, et en maître, à Paris : il fait en sorte qu'on l'empêche de passer la barrière de PassyModèle:Sfn puis, durant la nuit, négocie la capitulation du maréchal MarmontModèle:Sfn, qui dirige la défense de la ville. Le lendemain, Modèle:Date-, Talleyrand dévoile son « 18 Brumaire à l'enversModèle:Sfn », alors que les Alliés entrent dans Paris : ce soir-là, le roi de Prusse et le tsar arrivent à son hôtel particulier, et ce dernier y logeModèle:Sfn. Il plaide auprès d'eux le retour des Bourbons en ces termes : « La République est une impossibilité ; la régence, Bernadotte, sont une intrigue ; les Bourbons seuls sont un principe<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> Modèle:Sfn. » Il répond également à leurs doutes en proposant de consulter le Sénat :
Le Modèle:Date-, le Sénat conservateur élit Talleyrand à la tête d'un « gouvernement provisoireModèle:Sfn » qui fait dire à Chateaubriand qu'« il y plaça les partners de son whist »<ref>Mémoires d'Outre-tombe, Modèle:Nobr rom, lire sur Gallica.</ref>. Le lendemain, le Sénat déchoit l'empereur de son trône, ce dernier négociant encore avec les Alliés pour une abdication en faveur de son fils et une régence de Marie-Louise. Napoléon Bonaparte est finalement perdu par la défection de Marmont et abdique le Modèle:Date-. Talleyrand fait saisir toute sa correspondance avec l'empereurModèle:Sfn.
Il applique immédiatement ses idées libérales et fait en sorte de rétablir une vie normale pour le pays :
Sa position est difficile, surtout à Paris : les Alliés occupent la ville, les royalistes et les bonapartistes ne reconnaissent pas le gouvernement provisoire. Il use d'expédients pour financer ce dernierModèle:Sfn.
Pendant les premiers jours d'avril, lui, son gouvernement et le Sénat rédigent à la va-vite une nouvelle constitution, qui consacre une monarchie parlementairebicamérale, organise l'équilibre des pouvoirs, respecte les libertés publiques et déclare la continuité des engagements contractés sous l'EmpireModèle:Sfn.
Le Modèle:Date-, le comte d'Artois entre dans Paris et s'installe, en même temps que le gouvernement, aux Tuileries (à cette occasion, Talleyrand lui fait attribuer la déclaration selon laquelle il n'y a « qu'un Français de plusModèle:Sfn »). Le 14, le Sénat défère l'autorité formelle sur le gouvernement provisoire au comte d'Artois, qui accepte pour son frère « les bases » de la ConstitutionModèle:Sfn, mais avec certaines restrictionsModèle:Sfn.
Après le traité de Fontainebleau du Modèle:Date-, Talleyrand signe le 23 la convention d'armistice avec les Alliés, dont il juge les conditions « douloureuses et humiliantesModèle:Sfn » (la France revient aux frontières de 1792, renonce aux frontières naturelles et abandonne cinquante-trois places fortesModèle:Sfn), mais sans alternative, dans une France « épuisée d'hommes, d'argent et de ressourcesModèle:Sfn ».
Le gouvernement provisoire ne dure qu'un mois. Le Modèle:Date-, Talleyrand rejoint Modèle:Souverain2 à Compiègne, où celui-ci lui fait faire antichambre plusieurs heuresModèle:Sfn, puis lui déclare au cours d'un entretien glacial : « Je suis bien aise de vous voir ; nos maisons datent de la même époque. Mes ancêtres ont été les plus habiles ; si les vôtres l'avaient été plus que les miens, vous me diriez aujourd'hui : prenez une chaise, approchez-vous de moi, parlons de nos affaires ; aujourd'hui, c'est moi qui vous dis : asseyez-vous et causonsModèle:Sfn. » Dans la même conversation, Modèle:Souverain- lui aurait demandé comment il a pu voir la fin de tant de régimes, ce à quoi Talleyrand aurait répondu :
Modèle:Souverain- n'accepte pas la Constitution sénatoriale : il préfère accorder à ses sujets la Charte constitutionnelle qui reprend les idées libérales proposées mais rejette l'équilibre des pouvoirs, le roi en accordant aux deux chambresModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, Talleyrand, déçu dans son ambition de présider le ministèreModèle:Sfn, est nommé ministre des Affaires étrangèresModèle:Sfn.
Le Modèle:Date-, il signe le traité de Paris qu'il a négocié : la paix entre la France et les Alliés, la fin de l'occupation, pas d'indemnités de guerre, le retour aux frontières de 1792 (plus quelques villes, une part de la Savoie et les anciens comtats pontificaux)Modèle:Sfn,Modèle:Sfn et l'annonce du congrès de VienneModèle:Sfn, dont les bases sont posées. Parmi les dispositions, la France, qui a conservé ses colonies (sauf l'île de France, Tobago et Sainte-Lucie)Modèle:Sfn, s'engage à abolir la traite négrière dans les cinq ans (reprenant ainsi la loi du Modèle:Date- que Napoléon avait promulguée à son retour de l’île d’Elbe)<ref group=N>Voir aussi la note de Waresquiel : Talleyrand, partisan de l'abolition, aménage cependant celle-ci pour ne pas heurter le lobby colonial.</ref>,Modèle:Sfn et conserve les œuvres d'art pillées par Bonaparte.
Le Modèle:Date-, il défend le budget devant la chambre des pairs. Pour la première fois, comme en Angleterre, l'État se voit dans l'obligation de payer toutes les dettes qu'il contracteModèle:Sfn.
Modèle:Souverain- le charge logiquement de représenter la France au congrès de Vienne et approuve les « instructions » que Talleyrand a proposéesModèle:Sfn. Le diplomate part avec quatre objectifs, les dispositions concernant la France ayant déjà été réglées par le Traité de ParisModèle:Sfn :
prévenir les vues de l'Autriche sur la Sardaigne ;
Talleyrand provoque la colère des quatre (Metternich déclare : « nous aurions mieux fait de traiter nos affaires entre nous ! »). Le Modèle:Date-, il menace de ne plus assister à aucune conférenceModèle:Sfn, se pose en défenseur des petites nationsModèle:Sfn qui assistent à partir de ce moment aux délibérations et exploite les divisions qui se font jour entre les quatreModèle:Sfn. Appuyé par le Royaume-Uni et l'Espagne, il obtient ainsi que les procès-verbaux des précédentes réunions soient annulésModèle:Sfn. Le congrès s'ouvre finalement le Modèle:Date-. Pour Jean Orieux, aucun sujet important n'est abordé dans les réunions officielles (tout se passe dans les salons) ; les petites nations se lassent et finissent par ne plus y assister. Talleyrand reste alors que les véritables délibérations commencent (il intègre le comité des grandes puissances le Modèle:Date-Modèle:Sfn) : Modèle:CitationModèle:Sfn.
Il s'allie à l'Autriche et au Royaume-Uni : un traité secret est signé le Modèle:Date-, ce qui lui permet d'écrire, triomphant, à Modèle:Souverain- : Modèle:Citation Par là, il s'oppose à la Prusse et à la RussieModèle:Sfn : la première n'obtient qu'un morceau de la Saxe et la seconde qu'une partie de la Pologne, qu'elles se partagent. En effet, Talleyrand est partisan d'une Allemagne fédérale qui soit le centre d'équilibre entre les différentes puissancesModèle:Sfn, en particulier la Prusse et l'Autriche. La Prusse et la France se retrouvent avec une frontière en commun, ce qui lui est reproché par une partie des biographes comme la source des guerres franco-allemandes futures ; il est défendu par d'autres<ref group=N>Mignet, Chateaubriand, Sorel, Madelin, Lacour-Gayet, Orieux le lui reprochent, Thiers, de Broglie, Waresquiel le défendent.</ref>. Talleyrand signe l'acte final du congrès le Modèle:Date-.
En échange de la restitution de la principauté de Bénévent, Talleyrand obtient également une compensation financière et le titre de duc de Dino (du roi rétabli Ferdinand des Deux-Siciles), qu'il transmet à son neveu, et par là à sa nièce Dorothée, qui a brillé durant le congrès.
Au terme du Congrès, la France conserve ses conquêtes de 1792, mais [[Napoléon Ier|Napoléon {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]] revient de l'île d'Elbe, porté en triomphe par les Français, ce qui ruine l'opinion des Alliés à leur sujet et les amène à s’interroger sur les intentions de Talleyrand. Lord Castlereagh écrit à Lord Clancarty, désormais chef de la délégation britannique : « Je partage votre avis : on ne peut compter sur Talleyrand. Cependant, je ne sais à qui sa Majesté peut davantage se fier. La vérité est que la France est un repaire de voleurs et de brigands et que seuls peuvent les gouverner des criminels de leur espèce<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. » Talleyrand est approché par Montrond, plaidant la cause de Napoléon (pour Lacour-GayetModèle:Sfn) ou du duc d'Orléans (pour Emmanuel de WaresquielModèle:Sfn) ; dans tous les cas, il refuse, bien qu'il soit en très mauvais termes avec Modèle:Souverain-, désormais en exil. Attendant la défaite de Napoléon (« c'est une question de semaines, il sera vite uséModèle:Sfn »), il tarde cependant à rejoindre le roi à GandModèle:Sfn.
Après la bataille de Waterloo, le Modèle:Date-, il arrive à Mons où se trouve le roi. D'après Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand presse le roi, au cours d'une réunion orageuse, de renvoyer son conseiller Blacas, d'accepter une constitution plus libérale et de se distinguer des Alliés, mais n'obtient que le départ de BlacasModèle:Sfn ; d'après Georges Lacour-Gayet, il refuse de se rendre chez le roi, Chateaubriand jouant les intermédiairesModèle:Sfn. Prenant de court Talleyrand qu'il disgracieModèle:Sfn (de colère, ce dernier en perd son calme habituelModèle:Sfn), Modèle:Souverain- rejoint les bagages de l'armée alliée et rédige une proclamation réactionnaire. Cette tendance provoque l'inquiétude des Britanniques qui contraignent le roi à rappeler Talleyrand à la tête du conseil des ministres. À l'issue de la séance du Modèle:Date-, marquée par des affrontements verbaux, le ministre l'emporte sur le comte d'Artois et le duc de Berry (chefs du parti ultra) et une proclamation libérale est adoptéeModèle:Sfn.
Fouché, président du gouvernement provisoire, tient Paris, appuyé par les républicains. Pour Georges Lacour-Gayet et Franz Blei, Talleyrand convainc Modèle:Souverain- de nommer Fouché (qui a voté la mort de son frère) ministre de la PoliceModèle:Sfn,Modèle:Sfn. D'après les Mémoires de TalleyrandModèle:Sfn et pour Emmanuel de Waresquiel, les réticences de Modèle:Souverain- cèdent le pas à la nécessité politique, et c'est Talleyrand qui ne souhaite pas s'encombrer d'un homme comme FouchéModèle:Sfn. Dans tous les cas, Talleyrand négocie avec Fouché qui livre Paris au roi, et il organise une rencontreModèle:Sfn. Dans un passage fameux de ses mémoires, Chateaubriand raconte la scène :
Talleyrand conserve son poste, et, le lendemain de l'arrivée du roi aux Tuileries, le Modèle:Date-, il est nommé de surcroît président du Conseil des ministres, malgré l'opposition des ultrasModèle:Sfn. Il réussit à constituer, contrairement à 1814, un gouvernement qu'il dirige et sera solidaire de la politique libérale choisie. Il entame une révision de la Charte par une ordonnance du Modèle:Date- pour organiser le partage du pouvoir entre le roi et les chambres (la chambre des pairs devenant héréditaire, Talleyrand composant la liste des pairsModèle:Sfn), une libéralisation des élections (baisse du cens, de l'âge minimal), une libéralisation de la presseModèle:SfnModèle:Etc.
Le gouvernement tente aussi en vain d'empêcher les armées alliées, qui occupent toujours le pays, de reprendre les œuvres d'art pillées dans toute l'Europe par NapoléonModèle:Sfn. Il essaie de renvoyer ces armées hors du royaume ; les souverains européens exigent des conditions exorbitantes pour signer la paix, que Talleyrand parvient à diminuer en abaissant par exemple les réparations de 100 à Modèle:Nobr de francsModèle:Sfn. La France perd cependant ses conquêtes de 1792.
Talleyrand entre en conflit avec Fouché (qui a besoin de donner des gages aux royalistes) sur les débuts de la Terreur blanche dans le Midi (Talleyrand est contraint de rétablir la censureModèle:Sfn) et sur les listes de bonapartistes (Ney, Huchet de la Bédoyère, etc.) à jugerModèle:Sfn. Le ministre de la Police paie de son poste cette divergence de vues, ce qui réjouit le roi et les ultras. Cela ne suffit pas : après les élections qui amènent la « Chambre introuvable », remportée par ces derniers, Talleyrand présente le Modèle:Date- sa démission afin d'obtenir un refus et le soutien du roi. Ce dernier, sous la pression des ultras et du tsar Alexandre (qui reproche à Talleyrand de s'être opposé à lui à VienneModèle:Sfn), l'accepte le Modèle:Date- et change de ministèreModèle:Sfn, appelant un gouvernement mené par le duc de Richelieu.
Dans l'opposition libérale
Talleyrand est nommé grand chambellan de France le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Pour la première fois depuis son retour des États-Unis, il n'est pas au pouvoir, se répandant contre son successeur, le duc de Richelieu (qui pourtant fait en sorte que les titres de Talleyrand, qui n'a pas de fils légitime, soient transmissibles à son frèreModèle:Sfn), certain d'être rappelé au pouvoirModèle:Sfn. Au printemps 1816, il se retire à Valençay, où il n'avait pas été depuis huit ansModèle:Sfn, puis revient un temps à Paris à l'annonce de la dissolution de la Chambre introuvableModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, sa critique d'Élie Decazes, ministre de la Police, exaspère le roi (il le traite de « maquereau »Modèle:Sfn) : il est interdit de se présenter à la courModèle:Sfn, disgrâce qui dure jusqu'au Modèle:Date-Modèle:Sfn. Son opposition au gouvernement entraîne même une approche des ultras, opposés à Richelieu et Decazes qui poursuivent en partie la politique libérale de TalleyrandModèle:Sfn. En 1818, il a une occasion de revenir au pouvoir, mais le roi, qui ne l'« aime [ni ne l'] estimeModèle:Sfn », lui préfère Jean Dessolle, puis Decazes, puis à nouveau Richelieu en 1820. Il est désormais convaincu que le roi ne veut plus de luiModèle:Sfn.
Louis-Philippe revient à Paris le lendemain, se rend pour entretien chez TalleyrandModèle:Sfn et prend son parti. Celui-ci l'aide par l'entremise d'Adolphe ThiersModèle:Sfn. Devenu roi, Louis-Philippe, après avoir souhaité faire de Talleyrand son ministre des Affaires étrangèresModèle:Sfn, le nomme rapidement à sa demande ambassadeur extraordinaire à Londres, afin de garantir la neutralité du Royaume-Uni vis-à-vis du nouveau régime. La décision est critiquée à Paris<ref group="N">Prononcée par le Conseil des ministres du Modèle:Date-, cette nomination suscite la polémique. Le jeune duc d'Orléans, qui professe des opinions libérales avancées, s'y oppose et Victor Hugo déplore qu'on n'ait pas choisi La Fayette car, selon lui, on aurait « dételé [sa] voiture de Douvres à Londres avec douze cent mille Anglais en cortège » et « Wellington eût été paralysé devant La Fayette. Qu'avons-nous fait ? Nous avons envoyé Talleyrand. Le vice et l'impopularité en personne, avec cocarde tricolore. Comme si la cocarde couvrait le front […] À toutes les cicatrices que nos divers régimes ont laissées à la France, on trouve sur Talleyrand une tache correspondante. »</ref>, mais approuvée à Londres, où Wellington et Aberdeen sont ses amis depuis longtempsModèle:Sfn. Il est accueilli de manière grandiose le Modèle:Date- et reçoit le logis de William PittModèle:Sfn ; sa nomination rassure les cours d'Europe, effrayées par cette nouvelle révolution françaiseModèle:Sfn, alors qu'éclate la révolution belge. Lui-même explique être à l’époque « animé de l’espoir, du désir surtout, d’établir cette alliance de la France et de l’Angleterre, que j’ai toujours considérée comme la garantie la plus solide du bonheur des deux nations et de la paix du monde<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. »
Talleyrand s'oppose au ministre Louis-Mathieu Molé : les deux hommes essayent de mener une politique sans tenir compte l'un de l'autre, le ministre menaçant de démissionnerModèle:Sfn. Talleyrand prône par exemple contre Molé l'évacuation de l'Algérie, que souhaitent les Britanniques ; Louis-Philippe choisit de s'y maintenir. Molé est cependant remplacé par Horace Sébastiani, qui ne gêne pas TalleyrandModèle:Sfn.
Talleyrand travaille sur le projet qui lui tient à cœur depuis longtemps : le rapprochement du Royaume-Uni et de la France, base de l'Entente cordiale. Les deux pays interviennent conjointement pour obliger le roi des Pays-Bas à respecter la nouvelle indépendance de la BelgiqueModèle:Sfn. Il reçoit régulièrement Alphonse de Lamartine et entretient de bons rapports avec son ami Wellington et l'ensemble du cabinet. Son nom est applaudi au Parlement britannique, son raffinement et son habileté deviennent fameux à Londres ; il reçoit fréquemment Prosper MériméeModèle:Sfn. L'opposition anglaise accuse même le gouvernement d'être trop influencé par lui, le marquis de Londonderry déclarant à la tribune : « Je vois la France nous dominant tous, grâce à l'habile politique qui la représente ici, et je crains qu'elle n'ait dans ses mains le pouvoir de décision et qu'elle n'exerce ce que j'appellerai une influence dominante sur les affaires européennesModèle:Sfn. »
Pendant ce temps, en France, si Talleyrand bénéficie d'une estime importante parmi les élites politiques et auprès du roi (ce dernier le consulte sans cesse, lui propose le poste de Premier ministre, proposition qu'il esquiveModèle:Sfn), sa réputation est au plus bas : « Le prince a évité à la France le démembrement, on lui doit des couronnes, on lui jette de la boueModèle:Note ». C'est en effet à cette époque que s'exacerbe la haine généralisée des partis à son encontre. Il devient le « diable boiteux », celui qui a trahi tout le monde.
Talleyrand reste en poste jusqu'en 1834 et la conclusion du traité de la Quadruple-Alliance, signé le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Fatigué des difficultés de négociation avec Lord Palmerston, il quitte son poste, après avoir signé une convention additionnelle au traité le Modèle:Date-. Il arrive le 22 à Paris ; on parle de compléter les alliances en l'envoyant à Vienne. Il renonce à la présidence du conseil, qui est confiée à Thiers (Talleyrand participe à la formation du gouvernement)Modèle:Sfn, puis à la scène publique.
Retraite et mort
Talleyrand se retire dans son château de Valençay. Il a déjà été nommé maire de cette commune de 1826 à 1831, puis conseiller général de l'IndreModèle:Sfn, jusqu'en 1836Modèle:Sfn. Il conseille toujours Louis-Philippe, en particulier en 1836 sur la neutralité à adopter dans le problème de la succession espagnole, contre l'avis de Thiers, qui y perd son posteModèle:Sfn.
Son activité politique décroît cependant. Il reçoit, outre de nombreuses personnalités politiquesModèle:Sfn, Alfred de Musset et George Sand (cette dernière le remerciant par un article injurieux<ref group=N>Par exemple : « […] Laissez-moi maudire cet ennemi du genre humain, qui n'a possédé le monde que pour larronner une fortune, satisfaire ses vices et imposer à ses dupes dépouillées l'avilissante estime de ses talents iniques. Les bienfaiteurs de l'humanité meurent dans l'exil ou sur la croix. Et toi, tu mourras lentement et à regret dans ton nid, vieux vautour chauve et repu… […] » George Sand, « Le Prince », Revue des deux Mondes du 15 octobre 1834 Lire sur Wikisource.</ref>,Modèle:Sfn qu'elle regrette dans ses mémoires<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>), Honoré de BalzacModèle:Sfn et met la dernière main à ses mémoires. En 1837, il quitte Valençay et retourne s'installer dans son hôtel Saint-Florentin à Paris.
À l'approche de la mort, il doit négocier un retour à la religion pour éviter à sa famille le scandale d'un refus de sacrements et de sépulture comme dut le subir SieyèsModèle:Sfn. Après un discours d'adieu à l'Institut le Modèle:Date-Modèle:Sfn, ses proches confient à l'abbé Dupanloup le soin de le convaincre de signer sa rétractation et de négocier le contenu de celle-ciModèle:Sfn. Talleyrand, qui joue une fois de plus sur le tempsModèle:Sfn, ne signe que le jour de sa mort, ce qui lui permet de recevoir l'extrême-onction. Au moment où le prêtre doit, conformément au rite, oindre ses mains avec l'huile des infirmes, il déclare : « N'oubliez pas que je suis évêque »<ref group=N>On devait en pareil cas l'oindre sur le revers des mains et non sur les paumes, puisque celles-ci sont ointes avec l'huile des catéchumènes lors de l'ordination sacerdotale — on parle de la forme tridentine du rite romain en vigueur avant le [[concile Vatican II|concile Modèle:Nobr rom]] — et avec le saint chrême lors du sacre épiscopale, Modèle:Cf.Modèle:Ouvrage.</ref>, reconnaissant ainsi sa réintégration dans l'ÉgliseModèle:Sfn. L'événement, suivi par le tout-Paris, fait dire à Ernest Renan qu'il réussit « à tromper le monde et le Ciel<ref>Ernest Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse.</ref> ».
Lorsqu'il apprend que Talleyrand est à l'agonie, le roi Louis-Philippe décide, contrairement à l'étiquette, de lui rendre visite. « Sire, murmure le mourant, c'est un grand honneur que le roi fait à ma Maison<ref>Cité par Guy Antonetti, Louis-Philippe, Paris, Fayard, 2002, Modèle:P..</ref>. » Il meurt le Modèle:Date-, à Modèle:HeureModèle:Sfn ou Modèle:Heure<ref>Le Figaro, 18 mai 1838 Modèle:Lire en ligne, Modèle:Lire en ligne.</ref>, selon les sources, après avoir nommé Adolphe Fourier de Bacourt son exécuteur testamentaire.
Des funérailles officielles et religieuses sont célébrées le 22 maiModèle:Sfn. L'inhumation provisoire (qui dure trois mois) de Talleyrand a lieu le 22 mai dans le caveau de l'église Notre-Dame de l'Assomption (Paris Modèle:1er), sa sépulture à Valençay n'étant pas terminéeModèle:Refnec. Embaumé à l'égyptienneModèle:Sfn, son corps est placé dans la crypte qu'il a fait creuser sous la chapelle de la maison de charité qu'il a fondée en 1820 à Valençay, où il est ramené de Paris le 5 septembreModèle:Sfn ; ce lieu devient la sépulture de ses héritiers et le reste jusqu'en 1952.
Jusqu'en 1930, une vitre laisse voir son visage momifiéModèle:Sfn. La plaque de marbre qui recouvre une face du sarcophage de marbre noir placé dans un enfeu porte : « Ici repose le corps de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, prince duc de Talleyrand, duc de Dino, né à Paris le Modèle:Date-, mort dans la même ville le Modèle:Date-<ref>R. P. Raoul, Guide Historique de Valençay, 1960, Modèle:P..</ref>. »
En 2004, le sarcophage est remonté de la crypte pour être exposé dans le chœur de la chapelle.
Talleyrand était surnommé le « diable boiteux » en raison de son infirmité et de la haine que lui vouaient certains de ses ennemis, en particulier au sein des factions : « ultras » (pour qui il était un révolutionnaire), Église catholique (se souvenant de la confiscation des biens de l'Église), jacobins (pour qui il était un traître à la Révolution), bonapartistes (qui lui reprochaient la « trahison d'Erfurt »), etc.
Sa nomination comme vice-grand-électeur fait ainsi dire au républicain Fouché qu'il s'agit du « seul vice qui lui manquait<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ».
Napoléon exprima à propos de Talleyrand des opinions contrastées. Si l’on s’en rapporte au jugement de l'Empereur à Sainte-Hélène, tels que Las Cases les a transcrits, l’Empereur déchu conserva un mépris profond pour « le plus vil et le plus corrompu des hommes », usant de « moyens odieux », « coquin » qui « traite […] ses ennemis comme s’il devait un jour se réconcilier avec eux, et ses amis comme s’ils devaient devenir ses ennemis »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. En revanche, il reconnaissait en lui « un esprit éminent » possédant « des talents supérieurs » et un « homme d’esprit »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Du côté des ultras, François-René de Chateaubriand exprime à chaque occasion dans ses mémoires tout le mal qu'il pense de Talleyrand :
Victor Hugo, dont le parcours politique est un chemin du légitimisme au républicanisme, écrit à l'occasion de sa mort<ref>Site talleyrand.org, page "La fin de Talleyrand", consulté le 13 avril 2020</ref> :
Ainsi, une anecdote circule à l'époque selon laquelle, Louis-Philippe étant venu le voir sur son lit de mort, Talleyrand lui aurait dit : « Sire, je souffre comme un damné. » « Déjà ! » aurait murmuré le roi. Le mot, emprunté à Michel-Philippe Bouvart<ref name="levis">Gaston de Lévis, Souvenirs et portraits, 1780-1789, 1813, p. 240</ref>,<ref>"Un client de l'ancien régime", Revue des Deux Mondes, Trioisième période, 101:2:351-386 (15 septembre 1890), p. 355 Modèle:Jstor</ref>, est invraisemblable, mais il a couru très tôt. L'anecdote rappelle ce mot par lequel le Diable aurait accueilli Talleyrand en enfer : « Prince, vous avez dépassé mes instructions »Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.
De son vivant, Talleyrand se défendait rarement lui-même des attaques, mais il arrivait que ses amis le fissent pour lui, comme Alphonse de Lamartine (voir plus haut) ou Honoré de Balzac :
Cependant, en dehors des opinions tranchées (pour Goethe, il est le « premier diplomate du siècleModèle:Note »), la complexité du personnage intrigue très tôt :
Pour François Furet et Denis Richet (1965), Talleyrand a été « trop critiqué après avoir été trop loué »Modèle:Sfn : le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle a vu, dans l'ensemble, une nouvelle analyse de Talleyrand qui lui fait quitter l'habit du traître parjure et du « diable boiteux »<ref group=N>On trouve ainsi des « rue Talleyrand » à Reims et Périgueux, mais aussi à Paris, à proximité de l'hôtel des Invalides où se trouve le tombeau de Napoléon Bonaparte ; c'est dans cette rue de Talleyrand que se trouve l'ambassade de Pologne. Aux États-Unis, un quartier de Jacksonville est nommé d'après lui, ainsi que par extension un terminal maritime (Talleyrand Marine Terminal) et une gare (Modèle:Lien).</ref>, en particulier par ses nombreux biographes qui, en général, ont vu une continuité politique dans sa vie.
Emmanuel de Waresquiel analyse la philosophie politique de Talleyrand, dès son action comme agent général du clergé, comme caractéristique de la philosophie des Lumières : un réformisme conservateur (« que tout change pour que rien ne change ») et une rationalisation « que l'on pourrait appeler l'esprit des Lumières »Modèle:Sfn. Même s'il insiste sur le contexte de la rédaction des mémoires, Emmanuel de Waresquiel relève ainsiModèle:Sfn que dans ceux-ci, Talleyrand distingue l'œuvre « réformiste et libérale » de 1789 de la souveraineté du peuple et de l'égalité, pour lui « chimériques »Modèle:Sfn. Talleyrand privilégie ainsi le consensus, la constitution et la conciliationModèle:Sfn. Par les moyens de l'« habileté » et de la « prévoyance », il souhaite ainsi favoriser l'intérêt mutuel bien compris et « la paix générale »Modèle:Note, permise par un « équilibre européen ».
Les historiens soulignent la constance du libéralisme des idées de Talleyrand tout au long de sa vie, même s'il lui est arrivé de devoir le mettre, par réalisme, entre parenthèses (en particulier sous l'Empire, ce qui fait dire à Napoléon : « Talleyrand est philosophe, mais dont la philosophie sait s'arrêter à proposModèle:Sfn »). La formation mondaine et politique de Talleyrand se déroule durant le siècle des Lumières (Georges Lacour-Gayet, suivi par Franz Blei et Jean Orieux, raconte comment Talleyrand va se faire bénir par VoltaireModèle:Sfn) : lorsque la Révolution éclate, c'est un homme fait qui est à la pointe des idéaux de 1789. C'est dans ce contexte qu'il rédige les cahiers de doléances de l'évêché d'Autun, d'après Georges Lacour-Gayet « l'un des plus importants manifestes provoqués par le mouvement de 1789Modèle:Sfn », véritable synthèse des ambitions des hommes des Lumières inspirée du système britannique. Ce « discours remarquable », d'après Sainte-BeuveModèle:Sfn, prône une monarchie parlementaire assurant l'égalité devant la loi et l'impôt, propose de supprimer les archaïsmes économiques issus de l'époque féodale, comme les douanes entre régions ou les corporations, points qu'il avait déjà abordés lors des projets de réformes de Calonne. Il demande encore que soit assurée la liberté de la presseModèle:Sfn :
Sous la Révolution, il est de tous les clubs et de toutes les réformes destinées à mettre fin à l'Ancien Régime. Il souhaite s'inspirer du régime britannique, au point qu'il pousse Bonaparte à monter sur le trône pour se rapprocher de ce système de monarchie parlementaire, qu'il souhaite voir doté d'un parlement bicaméralModèle:Sfn. C'est aussi la raison pour laquelle il contribue ensuite à la Restauration et tente de la marier avec un tel systèmeModèle:Sfn. Seule l'influence des ultras sur Modèle:Souverain- empêche que cette idée soit menée complètement à bien. Cependant, lors des deux Restaurations, il se retrouve un temps à la tête du pays, et applique ses idées libéralesModèle:Sfn. Son gouvernement provisoire lui vaut même les félicitations de Benjamin Constant (avec qui il est pourtant en froid depuis le 18 Brumaire) et ses remerciements pour « avoir à la fois brisé la tyrannie et jeté les bases de la libertéModèle:Note ». En effet :
Sa proximité avec les idées libérales est matérialisée par le parti qui les incarne : le parti d'Orléans. Il reste proche de la famille d'Orléans durant la plus grande partie de sa carrièreModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. C'est à la fin de celle-ci, lorsque Louis-Philippe se retrouve, avec l'appui de Talleyrand, sur le trône, que ce dernier possède la latitude politique qui lui a toujours manqué, au sein d'une monarchie de Juillet qui correspond à ses vœux. Ses rapports avec le roi, un homme qu'il connaît depuis longtemps, sont excellentsModèle:Sfn.
Les biographes de Talleyrand insistent sur son rôle dans les débuts de l'instruction publique en France, ceci en dépit du fait que (pour Jean Orieux) « le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle s'est bien chargé d'étoufferModèle:Sfn » le souvenir de son travail dans le domaine.
Ce rapport de Talleyrand, dans lequel il est affirmé que les femmes ne devraient recevoir qu'une éducation à caractère domestiqueModèle:Sfn,Modèle:Note, suscite la critique de Mary Wollstonecraft, alors qu'en Grande-Bretagne se développe la controverse révolutionnaire, débat public autour des idées nées de la Révolution française. Elle y voit un exemple du double standard, le « double critère » favorisant les hommes au détriment des femmes, jusques et y compris dans le domaine essentiel pour elle qu'est l'éducation. Aussi est-ce le rapport de Talleyrand qui la pousse à lui écrireModèle:Sfn,Modèle:Sfn, puis, en 1792, à publier son ouvrage A Vindication of the Rights of Woman.
Pour Emmanuel de Waresquiel, dans ce rapport, les hommes de la Révolution prônent une instruction « progressive, des écoles de canton aux écoles de départements, et complète : « physique, intellectuelle, morale ». Elle a pour but de perfectionner tout à la fois l'imagination, la mémoire et la raisonModèle:Sfn ». « Un des monuments de la Révolution française » d'après les propos de François FuretModèle:Sfn, le plan de Talleyrand, appelant une instruction publique nécessaire, universelle mais transitoire et perfectible, gratuite et non obligatoire, est pour Gabriel Compayré « digne de l'attention de la postérité et de l'admiration que lui témoignèrent souvent les écrivains de la Révolution »<ref>Gabriel Compayré, « Talleyrand et la réforme de l'éducation sous la Révolution française », dans Histoire critique des doctrines de l'éducation en France depuis le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Paris, Hachette, tome 2, Modèle:7e, Lire sur l'encyclopédie de l'Agora.</ref>.
Pour son rôle dans sa création, Talleyrand devient membre de l'Institut. C'est là qu'il délivre son dernier discours avant sa mortModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
La finance
Les principes d'économie et de finances de Talleyrand sont marqués par l'admiration pour le système libéral anglaisModèle:Sfn. Avant la Révolution, c'est sa spécialité (d'après Jean Orieux, il tente même de devenir ministreModèle:Sfn), et ses interventions aux débuts de la Révolution portent surtout sur ce sujetModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Talleyrand entre dans le monde des affaires en devenant Agent général du clergé. En une époque de crise financière, il défend les biens qui lui sont confiés, et cède au roi lorsque c'est nécessaire, anticipant la demande de la couronne en proposant un don conséquentModèle:Sfn. Il cherche à rationaliser la gestion des biens colossaux du clergé, marquée par une importante inégalité entre ecclésiastiques. Il obtient l'augmentation de la portion congrueModèle:Sfn.
Avant la Révolution, Talleyrand, en compagnie de Mirabeau, entre dans le monde des affaires, sans qu'il reste beaucoup de traces de ces tentatives ; Emmanuel de Waresquiel signale la connaissance profonde qu'il a de la spéculation sur la fluctuation de la monnaieModèle:Sfn. Influencé par Isaac Panchaud, Talleyrand s'implique dans l'établissement d'une caisse d'amortissement : la Caisse d'escompte est créée par Panchaud en 1776 ; Talleyrand devient actionnaireModèle:Sfn, et demande le Modèle:Date- sa transformation en banque nationaleModèle:Sfn. Par la suite, il s'investit aussi dans la spéculation immobilière aux États-UnisModèle:Sfn puis à ParisModèle:Sfn.
Durant toute sa carrière, Talleyrand insiste sur la certitude que les prêteurs doivent avoir sur le fait que l'État paie toujours ses dettesModèle:Sfn, afin de permettre aux gouvernants de recourir à l'emprunt, cet « art moderne de procurer à l'État, sans forcer les contributions, des levées extraordinaires d'argent à un bas prix, et d'en distribuer le fardeau sur une suite d'annéesModèle:Sfn ». Pour lui, les créanciers de l'État « ont payé pour la nation, à la décharge de la nation : la nation ne peut dans aucune hypothèse se dispenser de rendre ce qu'ils ont avancé pour elle<ref>Cité par Emmanuel de Waresquiel : Motion de Modèle:M. l'évêque d'Autun sur la proposition d'un emprunt, faite à l'Assemblée nationale, par le premier ministre des Finances, et sur la consolidation de la dette publique du Modèle:Date-. À Versailles, chez Baudoin, Modèle:S.d., Modèle:P..</ref> », « autrement ditModèle:Sfn », « une nation, comme un particulier, n'a de crédit que lorsqu'on lui connaît la volonté et la faculté de payer<ref>Cité par Emmanuel de Waresquiel : Opinion de Modèle:M. l'évêque d'Autun sur les banques et sur le rétablissement de l'ordre dans les finances à l'Assemblée nationale, le vendredi Modèle:Date-, et imprimée sur son ordre. À Paris, chez Baudoin, 1789, Modèle:P..</ref> ». Talleyrand finit par instaurer lui-même cette garantie en 1814, lorsqu'il est président du Conseil des ministres. Pour Emmanuel de Waresquiel, la proposition de nationaliser les biens du clergé est alors « logiqueModèle:Sfn », Talleyrand connaissant leur étendue, ayant prévu de les recenser dès l'élaboration des cahiers de doléancesModèle:Sfn.
Talleyrand et Isaac Panchaud élaborent la partie concernant la caisse d'escompte du plan de Charles-Alexandre de Calonne. Talleyrand apporte également sa contribution à plusieurs parties de ce plan, qui vise à rétablir les finances du royaume, en supprimant les barrières douanières intérieures, en simplifiant l'administration, en libérant le commerce et en rationalisant les impôtsModèle:Sfn. Calonne étant remercié, ce plan n'est jamais mis en application. Talleyrand, qui n'a pas oublié de profiter financièrement de sa proximité avec le ministre des FinancesModèle:Sfn, reprend largement les propositions économiques et financières du plan de Calonne lors de la rédaction des cahiers de doléances de l'évêché d'AutunModèle:Sfn.
Pour Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand appartient à l'école prônant la liberté de commerce, contre les « préjugésModèle:Sfn ». Cette liberté doit être permise par la paixModèle:Sfn, en particulier avec les Britanniques (avant la Révolution, Talleyrand défend déjà le traité de commerce avec la Grande-Bretagne, auquel il a mis la mainModèle:Sfn), pour le bénéfice de toutes les partiesModèle:Sfn.
L'intérêt de Talleyrand pour la chose diplomatique commence sous l'influence d'Étienne François de Choiseul (oncle de son ami Auguste de Choiseul), dont il reprend la manière de mener les affaires d'État : gouverner en sachant déléguer les tâches techniques à des travailleurs de confiance, afin de se laisser le temps de nouer des relations utilesModèle:Sfn.
Dès ses premières missions vers la Grande-Bretagne, durant la Révolution, Talleyrand inaugure sa méthode de négociation, fameuse au point d'en faire « le prince des diplomates »<ref>Voir par exemple France Inter - les chroniques,L’Union européenne: la démesureModèle:Etc..</ref>, méthode mesurée et sans précipitation, pleine de réalisme et de compréhension à la fois du point de vue de son interlocuteur et de la situation de la FranceModèle:Sfn.
Le Modèle:Date-, alors qu'il vient de s'exiler en Angleterre, il envoie à la Convention un mémoire dans lequel il expose ses vues. Il développe quels principes doivent désormais fonder le système d’alliances de la République. Il ne s’agit pas pour la France, état puissant, de nouer des liens de défense avec des nations d’importance négligeable ; il n’est pas question non plus, sous prétexte d’aider ces nations, à vouloir les assujettir. Il importe à présent de concourir et de les aider à préserver leur liberté acquise, sans rien attendre en retour. De là découle l’idée que « la France doit rester circonscrite dans ses propres limites : elle le doit à sa gloire, à sa justice, à sa raison, à son intérêt et à celui des peuples qui seront libres par elle ». Pour ce qui est du Royaume-Uni, une alliance diplomatique aurait peu de chance d’aboutir et n’aurait guère d’utilité. La France doit plutôt développer avec sa voisine des « rapports d’industrie et de commerce ». Dans ce but, il serait de leur intérêt commun de lutter contre la prépondérance espagnole en Amérique du Sud. « Après une révolution », conclut-il, « il faut ouvrir de nouvelles routes à l’industrie, il faut donner des débouchés à toutes les passions. Cette entreprise réunit tous les avantages »<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Pour Charles Zorgbibe, Talleyrand invente également, au Congrès de Vienne, un style diplomatique de rupture, privilégiant des principes universels (initiés dans ses Instructions pour les ambassadeurs du roi au congrèsModèle:Sfn). La négociation est alors fondée sur la répétition d'une logique déductive et intransigeante, s'appuyant sur la raison, ceci à l'opposé des compromis anglo-saxons. Charles Zorgbibe voit là le début d'un style hautain et distant qui se retrouve ensuite durant la Cinquième République (il cite notamment Charles de Gaulle et Maurice Couve de Murville d'une part, Jacques Chirac et Dominique de Villepin d'autre part), signe d'un État nostalgique de sa puissance passée, souhaitant, en étant inflexible, « défendre un rang »Modèle:Sfn.
Pour Metternich, Talleyrand est « politique au sens le plus éminent, et comme tel c'est un homme à systèmesModèle:Sfn », ces systèmes ayant pour but de rétablir un équilibre européen (prôné dès ses débuts diplomatiques en 1791Modèle:Sfn), qui pour lui a été détruit par les traités de Westphalie de 1648Modèle:Sfn :
Parmi ces « systèmes », selon Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand se méfie de la RussieModèle:Sfn (« monstrueuse et indéterminée »Modèle:Sfn) et cherche à établir un équilibre pacifique entre l'Autriche et la PrusseModèle:Sfn. De là vient l'idée, plusieurs fois reprise, de créer des fédérations de petits États princiers dans le « ventre mou de l'Europe » qui serviraient de tampon entre ces puissancesModèle:Sfn — et qui constituent autant de possibilités de pots-de-vin pour TalleyrandModèle:Sfn. Durant sa carrière, il prône ce principe avec les États allemands (entre la Prusse, l'Autriche et la France), l'Italie (entre la France et l'Autriche), la Belgique (entre la France, la Prusse et le Royaume-Uni) ou encore la Pologne (entre la Prusse et la Russie), voire l'Empire ottoman déclinant (entre la Russie, l'Autriche et la puissance maritime britannique)Modèle:Sfn.
Pour Emmanuel de Waresquiel, du fait de son éducation, de son milieu, de ses relations, Talleyrand a volontiers lié diplomatie et préoccupations commerciales et financièresModèle:Sfn, tant d'un point de vue doctrinal qu’intéresséModèle:Sfn. Ainsi, pour lui, dès ses débuts diplomatiques, contre l'opinion du DirectoireModèle:Sfn,Modèle:Sfn et celle de Bonaparte, l'équilibre européen passe par l'alliance entre la France et l'AngleterreModèle:Sfn,Modèle:Sfn, la paix avec celle-ci pouvant être « perpétuelle »Modèle:Sfn :
Toujours d'après Emmanuel de Waresquiel, cette paix militaire doit se doubler d'une expansion méditerranéenne et une guerre commerciale avec les Anglais, afin de réduire le déséquilibre économique entre la France et l'AngleterreModèle:Sfn. Il souhaite donc qu'il soit mis fin à l'hégémonie britannique sur les mers, tant militaire que commercialeModèle:Sfn, condition nécessaire à cette allianceModèle:Sfn.
Talleyrand cherche aussi l'alliance avec l'AutricheModèle:Sfn,Modèle:Sfn, à l'opposé d'une alliance avec la PrusseModèle:Sfn. Il se décrit en plaisantant comme un petit peu autrichien, jamais russe et toujours françaisModèle:Sfn, affirmant que « les alliés ne se conservent qu'avec du soin, des égards et des avantages réciproquesModèle:Sfn ».
Il s'oppose à la « diplomatie de l'épéeModèle:Sfn », cette politique d'exportation de la Révolution par la conquête, pour lui « propre à […] faire haïr » la FranceModèle:Sfn. De manière symptomatique, le Directoire envoie d'anciens constitutionnels comme ambassadeursModèle:Sfn et Bonaparte des généraux<ref group=N>Lors d'une séance de travail, Bonaparte donne à Talleyrand, en fait déjà informé, le nom d'Antoine François Andréossy, nommé ambassadeur à Londres : « j'enverrai Andréossy — Vous voulez nommer André aussi ? Quel est donc cet André ? — Je ne vous parle pas d'un André, je vous parle d'Andréossy. Pardieu, Andréossy ! Général d'artillerie. — Andréossy ! Ah ! oui, c'est vrai. Je n'y pensais pas. Je cherchais dans la diplomatie et ne l'y trouvais pas. C'est vrai, oui, oui, c'est vrai : il est dans l'artillerie. »</ref>,Modèle:Sfn, malgré les critiques du ministreModèle:Sfn. À cela, il préfère l'idée de régimes stables et dont les puissances s'équilibrent, garantie de la paix : « un équilibre réel eut rendu la guerre presque impossibleModèle:Sfn ». Il théorise également la non-interventionModèle:Note (« la véritable primatie… est d'être maître chez soi et de n'avoir jamais la ridicule prétention de l'être chez les autresModèle:Sfn »). Cet état de fait doit être associé à un « droit publicModèle:Sfn » qui évolue avec les traités et l'état des forces économiques. Pour Charles Zorgbibe, cette vision est inspirée de Gabriel Bonnot de Mably, et, à travers lui, de FénelonModèle:Sfn.
La mise en œuvre de ces principes, sous Napoléon, est difficileModèle:Sfn. Il aide ce dernier, en bon courtisan, en allant à leur encontre pendant plusieurs années, pensant convaincre en flattantModèle:Sfn. Après Austerlitz, il sent que Napoléon préfère soumettre que faire alliance, en dépit de ses tentatives vis-à-vis d'une Angleterre pourtant toujours conciliante (elle l'était déjà sous le DirectoireModèle:Sfn). Il démissionneModèle:Sfn, alors que Napoléon applique l'inverse de ses idées : déséquilibre entre l'Autriche et la Prusse, humiliation de ces dernières, rapprochement avec la Russie, hostilité envers l'Angleterre, le tout par la force de l'épéeModèle:Sfn.
Bien que persévérant auprès de NapoléonModèle:Sfn, ce n'est qu'après la Restauration qu'il peut mettre en pratique ses principes, en tout premier lieu durant les traités de Paris et de Vienne. Cet équilibre européen qu'il prône en est le principe directeurModèle:Sfn. L'alliance avec l'Angleterre, cette « alliance de deux monarchies libérales, fondée l'une et l'autre sur un choix national » (telle que décrite par de BroglieModèle:Sfn), qui ouvre la voie à l'Entente cordiale, est scellée durant son ambassadeModèle:Sfn. De même, le principe de non-intervention, même imposé à d'autres puissances, est inauguré à l'occasion de la révolution belgeModèle:Sfn. À l'heure de sa retraite, à la signature du traité de la Quadruple-Alliance qui en est l'aboutissement, Talleyrand fait le bilan de cette ambassade :
Talleyrand était réputé pour sa conversation, son esprit, son raffinement et la finesse de sa tableModèle:Sfn, gardant toujours des manières d'Ancien RégimeModèle:Sfn. Pour Germaine de Staël, « si sa conversation pouvait s'acheter, je m'y ruinerais »Modèle:Sfn. Pour parler de littérature, il reçoit notamment dans sa riche bibliothèqueModèle:Sfn, qu'il doit vendre plusieurs fois, par manque d'argentModèle:Sfn.
Pendant toute sa vie, Talleyrand aime l'opulence et le gros jeu (notamment le craps et le whist)Modèle:Sfn, ce qui lui impose de disposer de revenus importants ; il lui arrive de se trouver à court d'argent et de ne pas payer ses fournisseursModèle:SfnModèle:Sfn.
Avant de s'installer successivement à l'hôtel Matignon et à l'hôtel Saint-Florentin, il partage son temps entre son ministère (pour les réceptions officielles) et la rue d'Anjou (pour les intimes) où il a installé Catherine GrandModèle:Sfn. Lui et ses nombreuses relations mondaines et intimes y jouent, dînent à la françaiseModèle:Sfn, écoutent parfois de la musiqueModèle:Sfn et surtout conversent de tous les sujets, y compris de cuisine et de vinsModèle:Sfn.
Il a la réputation d'avoir la meilleure cave et la meilleure table de ParisModèle:SfnModèle:Sfn. À l'hôtel Saint-Florentin, la cuisine occupe tout un quartier, comprenant, outre un temps Marie-Antoine CarêmeModèle:Sfn (« le roi des chefs et le chef des rois », qu'il rend célèbre), quatre chefs, un rôtisseur, un saucier, un pâtissier, occupant dix à vingt personnes suivant les momentsModèle:Sfn. Pendant quelques années, il est aussi le propriétaire du Château Haut-BrionModèle:Sfn.
Être étudiant au séminaire n'empêche pas Talleyrand de fréquenter ostensiblement une actrice de la Comédie-Française, Dorothée Dorinville (Dorothée Luzy pour la scène)Modèle:Sfn, avec qui il se promène sous les fenêtres du séminaireModèle:Sfn. Cette relation dure « pendant deux années, de dix-huit à vingt ansModèle:Sfn » :
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Les femmes prennent très tôt une grande importance dans la vie de Talleyrand, importance qui sera constante, intimement, socialement et politiquement jusqu'à sa mortModèle:Sfn. Parmi ces femmes, il entretient toute sa vie une amitié teintée d'amour avec un « petit globeModèle:Sfn » à qui il reste fidèle. Ainsi, ses mémoires ne mentionnent l'avènement de Modèle:Louis XVI que sous cet angle :
Madame de Staël a une brève aventure avec lui ; Talleyrand dira plus tard « qu’elle lui a fait toutes les avances<ref>Journal de Chênedollé, Modèle:P..</ref> ». Sollicitée des États-Unis par Talleyrand (qui scandalise la société de Philadelphie en se promenant au bras d'« une magnifique négresseModèle:Sfn ») pour l’aider à rentrer en France, c’est elle qui obtient, grâce à Marie-Joseph Chénier, qu’il soit rayé de la liste des émigrés, puis qui, en 1797, après lui avoir prêté Modèle:Unité, le fait nommer par Barras ministre des Relations extérieures<ref group=N>En retour, Talleyrand veut prendre Benjamin Constant, le nouvel amant de Modèle:Mme, comme secrétaire (mais sa qualité d’étranger constitue un obstacle) et obtient la désignation du baron de Staël comme ambassadeur extraordinaire de son pays, la Suède, auprès de la République française.</ref>. Lorsque Madame de Staël se brouille avec Bonaparte, qui l'exile, Talleyrand cesse de la voir et ne la soutient pas. Elle considérera toujours cette attitude comme une étonnante ingratitude<ref>Ghislain de Diesbach, Madame de Staël, Perrin, 1997.</ref>.
À son retour d'Amérique, Talleyrand demande en mariage Agnès de Buffon, qui lui oppose un refusModèle:Sfn, ne pouvant se résoudre à épouser un évêque<ref>Mémoires de la Comtesse de Boigne, née d'Osmond, Paris, Mercure de France, 1971, tome 1, Modèle:P..</ref>.
Quelques historiens, comme Jean Orieux, affirment qu'Eugène Delacroix est le fils de Talleyrand. Ils avancent que Talleyrand est l'amant de Victoire Delacroix, que Charles Delacroix (ministre dont il prend la place en 1797) souffre, jusque six ou sept mois avant la naissance, d'une tumeur aux testicules, qu'Eugène Delacroix offre une certaine ressemblance physique avec Talleyrand et que ce dernier le protège durant sa carrièreModèle:Sfn. Si Georges Lacour-Gayet estime « impossible » que Charles Delacroix soit son père et « possible » que Talleyrand le soitModèle:Sfn, et si Maurice Sérullaz ne se prononce pas<ref>Delacroix, Maurice Sérullaz, Modèle:P..</ref>, une autre partie des biographes du peintre<ref>P. Loppin, Eugène Delacroix, l'énigme est déchiffrée, cité par Emmanuel de Waresquiel.</ref> et de ceux de Talleyrand<ref>Léon Noël, Talleyrand, cité par Emmanuel de Waresquiel.</ref>,<ref>Casimir Carrère, Talleyrand amoureux, cité par Emmanuel de Waresquiel.</ref> contestent cette théorie, affirmant que la relation n'a jamais eu lieu, et que la naissance, prématurée, intervient logiquement à la suite de la guérison de Charles Delacroix. Enfin, leur principal argument est qu'il n'existe qu'une source sur cette paternité, les Mémoires de Madame Jaubert<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, ce qui fait dire à Emmanuel de Waresquiel :
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Durant les négociations du concordat de 1801, pour lesquelles Talleyrand met de la mauvaise volontéModèle:Sfn, Bonaparte souhaite que la situation de son ministre se normalise et qu'il quitte ou épouse sa maîtresseModèle:Sfn, l'ex-[[Catherine Noël Worlee|Modèle:Mme Grand]]. Elle-même, qui ne demande que cela, se plaint de sa situation auprès de JoséphineModèle:Sfn — d'après Lacour-Gayet, Talleyrand lui-même le souhaiteModèle:Sfn. Après de vifs désaccords, le pape, dans un bref, permet à Talleyrand de « porter l'habit des séculiers » mais lui fait rappeler qu'« aucun évêque sacré n'a été dispensé, jamais, pour se marierModèle:Note ». Sur l'ordre de Bonaparte, le Conseil d'État interprète à sa façon ce bref papal et rend Talleyrand à la « vie séculière et laïque » le Modèle:Date-Modèle:Note. Le Modèle:Date-, il se marie donc à l'hospice des Incurables, rue de Verneuil à Paris, avec Catherine Noël Worlee, qu'il connaît depuis trois ans. Les témoins sont Pierre-Louis Roederer, Étienne Eustache Bruix, Pierre Riel de Beurnonville, Maximilien Radix de Sainte-Foix et Karl Heinrich Otto de Nassau-Siegen. Le contrat est signé par Bonaparte et Joséphine, les deux autres consuls, les deux frères de Talleyrand et par Hugues-Bernard Maret. Malgré un mensonge de Catherine Worlee sur son veuvage, un discret mariage religieux aurait eu lieu le lendemainModèle:Sfn à l'église d'Épinay-sur-SeineModèle:Sfn. De Catherine, Talleyrand a sans doute une fille, Charlotte, née vers 1799 et déclarée de père inconnu, dont il devient judiciairement le tuteur en 1807 et qu'il marie en 1815 au baron Alexandre-Daniel de Talleyrand-Périgord, son cousin germainModèle:Sfn. Ayant démissionné de la présidence du Conseil, et quoique séparé depuis longtemps de Catherine, Talleyrand signe le Modèle:Date-, « sous le sceau de l'honneur », une convention de séparation amiableModèle:Sfn.
En 1808, durant l'entrevue d'Erfurt, si Napoléon ne parvient pas à séduire le tsar, Talleyrand obtient de ce dernier le mariage de son neveu Edmond de Talleyrand-Périgord avec Dorothée de Courlande, âgée de Modèle:Nobr, « un des meilleurs partis d'EuropeModèle:Sfn ». Sa mère, la duchesse de Courlande, s'installe à Paris et devient l'une des intimes et la maîtresse de Talleyrand, rejoignant le « petit globe » de ses amies.
Au congrès de Vienne, Dorothée de Périgord a Modèle:Nobr et voit sa vie transformée (« Vienne. Toute ma vie est dans ce mot. ») : elle brille dans le monde par son intelligence et son charme. Faite duchesse de Dino, elle prend définitivement place aux côtés de son oncle par alliance, devenant probablement sa maîtresse peu aprèsModèle:Sfn (sans qu'il cesse d'avoir de tendres rapports avec sa mèreModèle:Sfn) ; outre les enfants de son mariage, sa fille Pauline est vraisemblablement de TalleyrandModèle:Sfn. Malgré ses amants, elle vit avec ce dernier à l'hôtel Saint-Florentin, à Londres ou à Valençay jusqu'à sa mort, soit durant vingt-trois ans. Dépositaire par testament de ses papiers, elle devient pendant vingt ans la « gardien[ne] de l'orthodoxie » de la mémoire (et des Mémoires) de TalleyrandModèle:Sfn.
En 2007, est parue une compilation d'écrits de Talleyrand, présentée par Emmanuel de Waresquiel (voir bibliographie), contenant les mémoires, mais aussi les lettres de Talleyrand à la duchesse de Bauffremont :
Parti : au Modèle:Rom-maj de gueules aux trois lionceaux d'or armés, lampassés et couronnés d'azur (Talleyrand-Périgord) ; au Modèle:II d'or au sanglier passant de sable chargé sur le dos d'une housse d'argent (Bénévent) ; au chef des Princes souverains d'Empire brochant sur la partition.<ref name="heraldique-europeenne">Source : www.heraldique-europeenne.org.</ref>,<ref name="RIETSTAP"/>,<ref name="UniversitéGeorgel">Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="Roret1854">Modèle:Ouvrage.</ref>
La pièce de théâtre Le Souper, de Jean-Claude Brisville, relate un souper entre Joseph Fouché et Talleyrand, la veille du retour de Modèle:Souverain2 sur le trône. L'intérêt de cette œuvre qui mélange des éléments datant de 1814 et d'autres de 1815 n'est donc pas dans l'historicité mais dans la confrontation des deux personnages (à noter que le Fouché de la pièce n'est pas non plus le personnage historique, Fouché n'étant ni un homme sans éducation ni issu d'un milieu populaire).
Un ensemble de Modèle:Unité « volumes, lettres, autographes, manuscrits, médailles, gravures et affiches » relatifs à Talleyrand réunis par un collectionneur sur Modèle:Unité de sa bibliothèque, est vendu à l'hôtel des ventes de Vendôme le Modèle:Date-<ref>C. Bedel, Le Monde du Modèle:Date-.</ref>.