À la croisée des mondes

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Modèle:En-tête label Modèle:Infobox Livre

À la croisée des mondes (Modèle:Langue) est une trilogie du genre fantasy écrite par le romancier britannique Philip Pullman de 1995 à 2000. Elle a été traduite en français par Jean Esch.

La trilogie originale, composée des livres Les Royaumes du Nord (1995), La Tour des anges (1997) et Le Miroir d'ambre (2000), suit le rite de passage de deux adolescents, Lyra Belacqua et Will Parry, qui traversent des univers parallèles en vivant une série d'aventures épiques. L'auteur écrit par la suite d'autres romans situés dans le même univers.

Pullman s'est fortement inspiré d'un poème anglais du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, Le Paradis perdu de John Milton, et aborde des thèmes tels que le passage à l'âge adulte, la mort et la religion. Le récit prend la forme d'un roman d'aventures allégorique où Pullman propose sa propre interprétation de l'origine de l'Homme et de son but sur Terre par des questionnements métaphysiques et philosophiques.

Bien qu’initialement publiée pour les adolescents, l’œuvre propose plusieurs niveaux de lecture, ce qui la destine également aux adultes. Les livres originaux ont obtenu plusieurs récompenses, et sont devenus des succès littéraires. Ils sont aujourd’hui considérés comme des « classiques » de la littérature anglophone. Ils ont également été adaptés pour la radio en 2003, pour le théâtre entre 2003 et 2004, au cinéma en 2007 et pour la télévision, sous forme de série, à partir de 2019.

L’œuvre a également fait l'objet d'un certain nombre de critiques, notamment de la part d'organisations chrétiennes qui lui reprochaient son contenu antireligieux.

Modèle:Sommaire

Genèse et rédaction

Choix des titres

Le titre de la série, en anglais Modèle:Langue (littéralement Modèle:Citation<ref group="N" name="Noirs matériaux">Les « noirs matériaux » seraient un Modèle:Citation (Modèle:Harvsp).</ref>), est tiré du poème anglais du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle de John Milton, Le Paradis perdu (Modèle:Langue)<ref group="N">L'extrait du Paradis perdu est cité au début du premier roman, Modèle:Langue, dans les publications en anglais.</ref> :

La Chute de Lucifer de Gustave Doré
La Chute de Lucifer (1866), illustration du Paradis perdu par Gustave Doré.

<poem> Modèle:Citation bloc </poem>

<poem> Modèle:Citation bloc </poem>

Le poème de Milton raconte la guerre que Satan lance contre Dieu en levant une armée d'anges rebelles. Leur tentative échoue et ils sont bannis du Paradis. Satan, cherchant à se venger, intervient pour convaincre Adam et Ève de goûter au fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, provoquant ainsi la Chute et leur bannissement du jardin d'Éden. Poème épique ayant pour « héros » l'ange déchu, Lucifer, il est souvent considéré comme l'une des plus grandes œuvres littéraires de langue anglaise avec celles de Shakespeare<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Pullman a d'abord proposé de nommer la série Modèle:Langue (littéralement Modèle:Citation), autre référence au Paradis perdu, où est évoqué le compas que Dieu utilise pour établir les limites de la Création.

Dieu utilisant le compas d'or
Modèle:Langue (1794) de William Blake.

<poem> Modèle:Citation bloc </poem>

<poem> Modèle:Citation bloc </poem>

Finalement, l'auteur intitule les trois romans Modèle:Langue, Modèle:Langue et Modèle:Langue et les publie sous ce nom entre 1995 et 2000 au Royaume-Uni.

Cependant, l'éditeur américain Knopf, exploitant le double sens de Modèle:Citation étrangère : « compas » et « boussole », a préféré nommer le premier livre Modèle:Langue (au singulier), dans le sens « La Boussole d'Or », en référence à l'aléthiomètre de Lyra. Aussi, dans le deuxième roman, Pullman rationalise-t-il le titre américain en faisant utiliser le mot « boussole » par le personnage de Mary Malone pour parler de l'aléthiomètre<ref name="Paradise Lost and Found again p.5">Modèle:Harvsp</ref>. Ce titre alternatif est pour certains critiques meilleur que le Modèle:Langue puisqu'il évoque le troisième objet alimenté par la Poussière, l'aléthiomètre. Ainsi, avec le poignard subtil et le miroir d'ambre, ils formeraient une série de trois « objets-titres » : Modèle:Langue, Modèle:Langue et Modèle:Langue<ref name="More Dark Materials" />,<ref name="Paradise Lost and Found again p.5" />.

La traduction française a décidé de ne pas reprendre littéralement les titres choisis par l'auteur – et ainsi de supprimer les références à Milton. La série, Modèle:Langue, est devenue À la croisée des mondes, alors que les trois tomes, Modèle:Langue (littéralement, Modèle:Citation), Modèle:Langue (Modèle:Citation), et Modèle:Langue (Modèle:Citation) sont respectivement traduits par Les Royaumes du Nord, La Tour des anges et Le Miroir d'ambre.

Influences

Modèle:Autres projets

Les trois influences littéraires majeures qu'a reconnues Philip Pullman<ref group="N">Pullman les cite dans les Remerciements, à la fin du troisième roman, Le Miroir d'ambre.</ref> sont l'essai Du Théâtre de Marionnettes (Modèle:Lang, 1810) de Heinrich von Kleist<ref>Modèle:Lien web</ref>, les travaux de William Blake et surtout Le Paradis perdu (1667) de John Milton, dont il signe en 2005 une introduction à la lecture de cette œuvre pour la maison d'édition Oxford University Press, source du titre et de nombreuses idées<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name="Darkness Visible">Modèle:Lien web</ref>. Admirateur des deux derniers, Pullman adapte pour plaisanter la célèbre phrase de Blake à propos du poète puritain<ref group="N">Blake, admirateur de Milton (il illustre son poème du Paradis perdu en 1808), écrit : Modèle:Citation étrangère (« Milton est du côté du Diable sans le savoir »).</ref> et se l'applique à lui-même : Modèle:Citation<ref name="I am of the Devil's party" />,<ref name="The Dark Materials Debate">Modèle:Lien web</ref>. D'ailleurs, il est reconnu comme l'un des héritiers de Milton (voir la section « Pullman et Milton : l'héritage »), à l'instar de nombreux écrivains britanniques, Alexander Pope, William Blake, Percy Bysshe Shelley, Mary Shelley, John Keats ou Lord Byron<ref name="Pullman's interpretation of Milton's Paradise Lost">Modèle:Lien web.</ref>.

D'autre part, Pullman retient la série épique de Richard Wagner L'Anneau du Nibelung (Modèle:Lang, 1849-76) parmi les œuvres ayant conduit à la construction de la mythologie des différents mondes, qu'il compare au Seigneur des anneaux (Modèle:Langue, 1954-55) de J. R. R. Tolkien : Modèle:Citation<ref name="The Republic of Heaven">Modèle:Lien web</ref> (Pullman reste cependant admirateur de Tolkien<ref name="A Challenge to Fantasies">Modèle:Harvsp</ref>). D'autres références littéraires parsèment les livres : la Divine Comédie (Modèle:Lang, 1307-1321) de Dante ou Faust (1808-32) de Goethe<ref name="Lenz Scott Intro" />.

Tout au long de la trilogie, les textes bibliques, en particulier le Livre de la Genèse et les mythes liés à la Chute, servent de support à la construction des personnages et la démonstration idéologique. Ainsi, Pullman relie le péché originel à la naissance de la conscience : à un moment donné de l'évolution (Ève croque la Pomme, Prométhée vole le feuModèle:Etc.), l'Homme, s'affranchissant de la nature et du divin, s'engage dans la voie de l'individualisation consciente<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="Lenz Scott Intro" />. S'y retrouvent également les mythes et légendes gréco-romains, nordiques et celtiques<ref name="Obedience, Disobedience, and Storytelling" />.

Outre Milton et Blake et surtout dans le dernier livre, Pullman cite d'autres auteurs, en majorité poètes, ayant marqué la littérature européenne et américaine : John Ashberry, George G. Byron, Samuel Taylor Coleridge, Emily Dickinson, John Donne, Robert Grant, George Herbert, John Keats, Andrew Marvell, Rainer Maria Rilke, Christina Rossetti, John Ruskin, Edmund Spenser et John Webster. Il évoque également le poète grec antique Pindare ainsi que des personnages et des textes bibliques : Ézéchiel, Jean, L’Exode et Le Livre de Job<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Modèle:Lang, Le Monde de Narnia (Modèle:Langue), la série de romans de C. S. Lewis publiée de 1950 à 1956, semble avoir eu une influence négative sur lui. Il la qualifie d'Modèle:Citation, de Modèle:Citation, d'Modèle:Citation et de Modèle:Citation<ref group="C">Citation originale : Modèle:Citation étrangère</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref> (voir la section « Pullman et Lewis : l'antithèse »).

Écriture et place dans l’œuvre de l'auteur

Oxford
Vue aérienne d'Oxford.

Pullman a mis sept ans à écrire la trilogie : deux ans pour chacun des deux premiers livres et trois pour le dernier<ref name="Darkness Visible" />. Il explique que Modèle:Citation

Modèle:Citation bloc

Philip Pullman, né en 1946, a été professeur dans différents collèges (Modèle:Langue) à Oxford avant de rejoindre en 1986 la Modèle:Langue de Londres, l'une des plus prestigieuses Public Schools anglaises, où il exerce pendant huit années<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il commence à écrire dès 1972, à vingt-cinq ans, avec Modèle:Langue, qui remporte le prix Modèle:Langue. Il se dirige ensuite vers la littérature pour enfants : il écrit des pièces de théâtre pour ses élèves et s'emploie à leur lire ses histoires préférées, dont Le Paradis perdu, les œuvres de Blake ou les mythes grecs<ref>Modèle:Harvsp</ref>. En 1985, il débute la série de romans Sally Lockhart, qui se déroule dans l'Angleterre victorienne. À la croisée des mondes est considéré comme son œuvre principale et est mondialement renommée. Par la suite, il remporte nombre de distinctions, dont le titre de Commandeur de l'ordre de l'Empire britannique (CBE) en 2004, ainsi que diverses récompenses décernées par des associations littéraires anglo-saxonnes. Il poursuit son exploration de l'univers de la trilogie depuis 2003, avec la publication de nouveaux romans, écrit occasionnellement des tribunes pour le Modèle:Langue et reste engagé dans l'interprétation de la culture religieuse avec Jésus le Bon et Christ le Vaurien (Modèle:Langue) publié en 2010<ref name="PP About">Modèle:Lien web</ref>.

Pullman désire inverser la proposition de Milton d'une guerre entre le Ciel et l'Enfer, arguant que Satan, le personnage principal du Paradis perdu, ne saurait être le héros de son histoire<ref name="The Art of Darkness (The Telegraph)">Modèle:Lien web</ref> : Milton se trouve donc mis à la portée d'un public adolescent<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, car sont mis en scène deux enfants, Will et Lyra, qui partent sauver le monde libre contre la dictature de la religion, mission couronnée de succès puisque l'ordre établi est renversé. Fasciné qu'il est depuis son adolescence par le poème, Pullman explique qu'il Modèle:Citation<ref name="Darkness Visible" />.

Le début de l'histoire rappelle fortement Le Monde de Narnia de C. S. Lewis, notamment son volet intitulé Le Lion, la Sorcière blanche et l'Armoire magique (Modèle:Langue, 1950). En découle une transformation générant le reste de l'aventure : Lucy passe en effet par l'armoire pour atteindre Narnia et Lyra, cachée dans une penderie, y découvre l'existence de la Poussière<ref name="The Golden Compass - Sparknotes">Modèle:Lien web</ref>,<ref name="Obedience, Disobedience, and Storytelling" />.

Enfin, chaque chapitre de la trilogie est illustré par un encadré dont Pullman est lui-même l'auteur<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Résumés

Logo de His Dark Materials
Logo original avec l'aléthiomètre.
Note : dans le reste de l'article, les mondes traversés par les protagonistes seront ainsi désignés : « monde de Lyra » pour le premier roman, « monde de Will » pour le nôtre, et « monde de Cittàgazze » pour le monde méditerranéen du deuxième livre ; puis chacun de ceux que présente le Miroir d'ambre prendra le nom des créatures qui le peuplent (« monde des Mulefas », « monde des Morts », « monde des Gallivespiens », etc.), à l'exception du monde où Lord Asriel construit sa forteresse, appelé « République des Cieux » (voir aussi la section « Cadre spatio-temporel »).

Les Royaumes du Nord

Modèle:Article détaillé Dans un monde ressemblant au nôtre, Lyra Belacqua est une jeune fille de onze ans ayant grandi dans le cercle fermé de Modèle:Langue à Oxford. Entourée d'érudits, des hommes pour la plupart, elle apprend par hasard l'existence de la Poussière (Modèle:Langue en anglais), étrange particule élémentaire semblant dotée d'une conscience, qu'a redécouverte son oncle Lord Asriel dans le Nord. Le Magisterium, le puissant organe de répression de l'Église<ref group="N" name="Magisterium" />, établit que la Poussière est liée au Péché originel. Ses propriétés propres font l'objet d'expériences visant à déterminer pourquoi elle semble moins attirée par les enfants que par les adultes. Ces travaux, dirigés par Madame Coulter et des théologiens chercheurs, scientifiques mandatés par le Magisterium, conduisent à la décision d'enlever des enfants pour les conduire secrètement au Nord où, par un procédé douloureux appelé intercision, est pratiquée la résection de leurs dæmons (partie d'eux-mêmes incarnée sous la forme d'un animal). Lyra a pour meilleur ami Roger Parslow<ref group="N">Parslow était le majordome et ami de Charles Darwin. Ainsi se trouve indirectement introduit le personnage symbolisant Darwin, Mary Malone (voir La Tour des anges).</ref>, lui aussi enlevé, et elle jure de le retrouver.

Le Maître de Modèle:Langue, une sorte de doyen d'université de par ses fonctions, a reçu des parents de Lyra la responsabilité de son éducation ; sous la pression du Magisterium, il accepte que Modèle:Mme fasse de Lyra son assistante, mais avant qu'elle ne parte, il la met en garde et lui offre un aléthiomètre (Modèle:Langue ou « lecteur de vérité »), instrument permettant, une fois son fonctionnement bien compris, de répondre à n'importe quelle question. D'abord enthousiaste à l'idée de quitter Jordan College et de suivre Modèle:Mme dans ses recherches, Lyra finit par découvrir que cette hypnotique et élégante dame préside le Conseil d'Oblation (Modèle:Langue), organisme chargé par le Magisterium des enlèvements et plus connu sous le nom d'« Enfourneurs » (Modèle:Langue<ref group="N">Le nom Modèle:Langue vient des gobelins, esprits maléfiques des mythes irlandais, qui volent l'âme des enfants ainsi condamnés à mourir dans leur sommeil.</ref>).

Lyra prend alors la fuite et est recueillie par des Gitans<ref group="N">L'auteur a utilisé le terme Modèle:Langue alors que le mot anglais signifiant « Gitan » est Modèle:Langue.</ref>, qui lui apprennent qu'en réalité, Modèle:Mme est sa mère et que Lord Asriel n'est pas son oncle, mais son père. Les Gitans décident d'organiser une expédition, à laquelle Lyra réussit à se joindre, pour secourir les enfants, en majorité appartenant à leur communauté, qui ont été enlevés et sont retenus au Nord. Aidés par un ours en armure (Modèle:Lang) nommé Iorek Byrnison et de sorcières, les Gitans sauvent les enfants après avoir découvert l'objet des expériences pratiquées à Bolvangar. Lyra, Roger et Iorek s'envolent vers Svalbard, le Royaume des ours en armure, à bord du ballon de l'aéronaute Lee Scoresby. Lyra aide Iorek, un prince exilé, à retrouver son trône, puis poursuit son chemin à la recherche de son père, lui aussi exilé à Svalbard sur ordre de Modèle:Mme. À tort, Lyra est persuadée qu'Asriel désire s'emparer de son aléthiomètre pour réaliser son projet de construction d'un « pont » reliant le ciel à un autre monde. En fait, c'est une énorme quantité d'énergie que requiert son entreprise, énergie que la séparation de Roger et de son dæmon (l'intercision), procédé également utilisé par les Enfourneurs pour leurs expériences, finit par libérer. Lyra arrive trop tard pour sauver Roger mais, apercevant son père traverser le pont, elle décide de le suivre dans le nouveau monde<ref name="The Golden Compass - Sparknotes" />.

La Tour des anges

Modèle:Article détaillé Après sa traversée du ciel par le pont de Lord Asriel, Lyra atterrit à Cittàgazze, ville côtière dont certains habitants ont découvert un moyen indolore pour traverser les mondes bien avant Lord Asriel et son pont : un poignard permettant de découper leur « enveloppe » et d'ouvrir une « fenêtre » de l'un à l'autre. Cependant, l'usage immodéré et imprudent de cette technologie a libéré les Spectres (Modèle:Langue) mangeurs d'âmes, contre qui les enfants sont immunisés, mais qui terrorisent les adultes. Lyra y rencontre Will Parry, garçon de douze ans venant de notre monde ; recherché par la police pour le meurtre d'un homme qui menaçait sa mère malade, il a par hasard découvert une fenêtre donnant sur Cittàgazze et s'y est réfugié.

Will devient le porteur du Poignard subtil (Modèle:Langue), outil forgé il y a trois cents ans. L'un de ses côtés permet de scinder les plus infimes particules subatomiques, ce qui génère dans l'espace de subtiles divisions spirituelles ouvrant des fenêtres entre les mondes ; l'autre a le pouvoir de découper n'importe quelle matière. Après avoir rencontré les sorcières, les deux adolescents partent à la recherche du père de Will, réfugié contre son gré dans le monde de Lyra sous un autre nom. En effet, ayant découvert une fenêtre, il y est entré mais n'a jamais retrouvé son chemin pour en revenir. Malheureusement, John Parry est presque aussitôt assassiné par une sorcière autrefois amoureuse de lui et qu'il avait repoussée.

Peu après, Lyra est enlevée<ref name="The Subtle Knife - Sparknotes">Modèle:Lien web.</ref>.

Le Miroir d'ambre

Modèle:Article détaillé

Lord Asriel tente de construire la République des Cieux (Modèle:Langue) pour lutter contre le Royaume des Cieux (Modèle:Langue), où siège l'Autorité (Modèle:Langue). Deux anges rebelles, Balthamos et Baruch, abordent Will et l'informent qu'il doit voyager avec eux pour offrir la puissance du Poignard subtil à Lord Asriel afin que celui-ci puisse tuer l'Autorité. Will, décidé à secourir Lyra d'abord, est aidé par une jeune fille nommée Ama, le roi des ours Iorek Byrnison et les espions gallivespiens d'Asriel, le Chevalier Tialys et Lady Salmakia. Il sauve Lyra de la caverne où sa mère, Modèle:Mme, la retient captive afin de la protéger du Magisterium, qui a découvert dans une prophétie des sorcières que Lyra était la Modèle:Citation et est décidé à la tuer avant qu'elle ne cède encore à la Tentation. Après leur fuite, Lyra, Will, Tialys et Salmakia traversent le monde des Morts.

Pendant ce temps, Mary Malone, scientifique originaire du monde de Will qu'intéresse la Poussière (ou « Ombres »), découvre un passage ouvrant sur un monde où vivent des créatures appelées Mulefas. Elle y découvre la vraie nature des Ombres, des particules de conscience, à la fois créées et nourries par la vie consciente, dont la fuite dans le néant va conduire à la destruction du libre arbitre et du plaisir. La désormais excommuniée Modèle:Mme s'associe à Lord Asriel pour détruire le Régent de l'Autorité, Métatron, mais ils sont tous deux annihilés par l'abîme dans lequel ils ont poussé Métatron. L'Autorité, elle-même disparaît lorsque Will et Lyra la libèrent de la prison de cristal dans laquelle son Régent l'avait enfermée.

Will et Lyra, quant à eux, libèrent les fantômes du monde des Morts, retrouvent leur dæmons, dont ils ont dû se séparer à l'entrée, et, découvrant leur amour mutuel, succombent à la Tentation évoquée par la prophétie, ce qui a pour effet de stopper la fuite de la Poussière. Cependant, ils se rendent vite compte qu'il ne leur est pas donné de vivre ensemble dans le même monde, chaque fenêtre devant être refermée et les dæmons ne pouvant vivre toute une vie hors de leur monde d'origine<ref name="The Amber Spyglass - Sparknotes">Modèle:Lien web</ref>.

Univers

Personnages principaux

Modèle:Article détaillé

Liste des personnages principaux<ref name="Personnages" group="N">Lyra est présente dans 51 chapitres, Will dans 30, Madame Coulter dans 19, Iorek dans 15, Lee dans 15, Mary dans 14, Tialis dans 14, Salmakia dans 13 et Lord Asriel dans 11.</ref>:

  • Lyra Belacqua est une jeune fille de douze ans, ayant grandi à Modèle:Langue (Oxford) où son père Lord Asriel l'a abandonnée. Elle est décrite comme une fillette maigrelette aux cheveux blond foncé en bataille et aux yeux bleus. Elle s’enorgueillit de sa capacité à tromper les gens et excelle dans l'art du mensonge, au point que son ami et protecteur Iorek Byrnison l'a surnommée « Lyra Parle d'Or ». Elle manie l'aléthiomètre de façon presque innée, alors que son utilisation requiert d'habitude des décennies d'expérience. D'un caractère sauvage et intuitif, elle est loyale envers ses amis et porte en elle la culpabilité de la mort de son jeune ami Roger Parslow. Une prophétie prédit qu'elle est Modèle:Citation, sans jamais en avoir conscience et en commettant une grande trahison. Les sorcières la nomment Modèle:Citation, parce qu'elle serait soumise à la tentation du serpent, représenté par Mary Malone.
    • Pantalaimon est le dæmon de Lyra. Comme tous les dæmons des enfants n'ayant pas atteint la puberté, il change de forme, passant d'une créature à l'autre, avant de devenir, à la fin de la trilogie, une martre des pins rousse, svelte et gracieuse. Lyra est unie à lui pour toujours, mais elle est contrainte de l'abandonner pour pénétrer dans le monde des morts, réalisant de ce fait la trahison évoquée par la prophétie. Elle n'est cependant pas séparée de lui comme l'étaient les victimes de la centrale de Bolvangar.
  • Will Parry, issu de notre monde, est un garçon de douze ans, sensible, mature et délibérément moral. Devenu le détenteur du Poignard subtil, il se trouve en butte aux forces qui le convoitent. Will est indépendant et responsable pour son âge, ne serait-ce que parce qu'il a dû s'occuper de sa mère, mentalement instable. D'autre part, il a acquis la capacité de passer inaperçu.
    • Kirjava est le dæmon de Will. Auparavant invisible, il apparaît après le voyage de Will dans le monde des morts. Ce dernier ne le rencontrera cependant que bien plus tard, après la bataille finale. Il prend la forme d'un chat à la fin de la trilogie.
  • Marisa Coulter est la mère de Lyra, belle, froide et extrêmement manipulatrice. Elle sert le Magisterium en enlevant des enfants pour effectuer des recherches sur la nature de la Poussière. Initialement hostile à Lyra, elle prend finalement conscience du profond amour qu'elle lui porte et, dorénavant, n'a de cesse de la protéger des agents du Magisterium qui cherchent à attenter à sa vie.
    • Le singe doré est le dæmon de Modèle:Mme. Ses tendances à la cruauté et la violence sont à l'image du véritable caractère de son humain. Tout comme elle, il est décrit comme splendide.
  • Iorek Byrnison est un ours en armure exilé que le dépit a rendu alcoolique. Son armure, l'équivalent des dæmons, ayant été volée par les humains, Lyra l'aide à la récupérer et, par là, à lui rendre sa dignité et le trône de Svalbard. À la fois guerrier puissant et forgeron, c'est Iorek qui répare le Poignard subtil lorsqu'il se brise.
  • Lee Scoresby est un aéronaute texan. Il pilote un ballon pour emmener Lyra et les Gitans dans le Nord. C'est aussi un ami de longue date de Iorek Byrnison et du clan des sorcières de Serafina Pekkala.
    • Hester, une hase est le dæmon de Lee.
  • Mary Malone est une physicienne venue du monde de Will. Elle rencontre Lyra qui lui donne un aperçu de la vraie nature de la Poussière (qu'elle connaît sous le nom d'« Ombres »). Elle apprend alors à communiquer avec les particules, qui lui conseillent de s'enfuir, car elle est poursuivie par des agents de l'Église et elle trouve refuge dans le monde des Mulefas. Elle y construit un miroir d'ambre qui lui permet de visualiser la Poussière (symbole de la Connaissance) et tente de comprendre pourquoi celle-ci, essentielle à la survie des Mulefas, s'écoule hors de l'univers.
    • Le crave à bec rouge est le dæmon invisible de Mary. C'est la sorcière Sérafina Pekkala qui lui enseignera une technique pour pouvoir le visualiser.
  • Le Chevalier Tialys et Lady Salmakia sont deux espions Gallivespiens, sous les ordres de Lord Roke. Ils avaient pour mission de mener Lyra à son père, Lord Asriel. Mais puisque Lyra voulait se rendre dans le royaume des morts, ils sont forcés de la suivre et de veiller sur elle et sur Will.
  • Lord Asriel, soi-disant oncle de Lyra, est en réalité son père. Explorateur et chercheur émérite, il ouvre une brèche entre les mondes et part à la poursuite de la Poussière. Son obsession de détruire l'Autorité, de renverser les forces de l'Église et de constituer la République des Cieux. À cette fin, il rassemble une immense armée rebelle constituée de multiples puissances. Il fut l'amant de Marisa Coulter (mère de Lyra) et de Ruta Skadi, la reine des sorcières de Lettonie.

Évolution des personnages

La Chute de l'Homme de Cornelis van Haarlem
La Chute de l'Homme (1592), Cornelis van Haarlem.

Lyra

Le personnage de Lyra peut être rapproché d'un poème de Blake, intitulé Modèle:Langue<ref>Modèle:Lien web.</ref> (littéralement « La Petite Fille perdue »), dont l'héroïne se nomme Lyca<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Outre la similitude de leurs noms, les deux fillettes partagent certains traits de caractère, notamment leur côté sauvage et impulsif. « Lyra » vient du grec Modèle:Lang (« lyre ») et « Belacqua » de l'italien Modèle:Lang et Modèle:Lang, soit « belle eau » ; il renvoie aussi au personnage de Belacqua dans la Divine Comédie de Dante, une âme de l'antépurgatoire (chant IV, 98-135) représentant ceux qui attendent la dernière opportunité pour se tourner vers Dieu<ref>Modèle:Lien web</ref>. Son dæmon, Pantalaimon, peut être rapproché du héros grec Télamon et de Saint Pantaléon, nom lui-même issu du grec Modèle:Lang / Modèle:Lang (« tout ») et Modèle:Lang / Modèle:Lang (« miséricordieux »), pouvant signifier « qui pardonne toujours »<ref>Modèle:Lien web</ref>. Elle est qualifiée de « nouvelle Ève<ref group="N" name="Nouvelle Ève" /> » par les sorcières et ses actions vont déterminer l'avenir de l'univers : elle joue le rôle d'un prophète, désigné pour sauver l'humanité.

Remarquée par plusieurs auteurs et universitaires féministes, Lyra est le symbole de la lutte que mène Pullman contre les structures et traditions patriarcales tant religieuses que sociales : elle défie les conventions, conquiert son autonomie, affirme son libre arbitre et contribue à l'amélioration du monde<ref name="Heroes and Heroines">Modèle:Harvsp.</ref>. Physiquement et mentalement forte, franche, vive et perspicace<ref>Modèle:Lien web.</ref>, elle s'affirme comme à l'opposé des personnages féminins de la littérature de jeunesse<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, ces princesses enfermées dans un donjon, que le destin condamne à attendre le prince charmant ou à servir leurs homologues masculins<ref name="Heroes and Heroines" />,<ref name="Eve, Again">Modèle:Harvsp</ref>.

De plus, la nouvelle de la mort accidentelle de ses parents alors qu'elle était enfant l'a rendue indépendante, pleine de ressources et prompte à s'adapter à toutes les situations<ref name="How Philip Pullman Develops the Characters">Modèle:Lien web</ref>. L'auteur explique que, dans la littérature pour enfants, Modèle:Citation<ref name="The Southbank Show">Modèle:Vid Interview de Philip Pullman par Melvyn Bragg dans l'émission britannique The Southbank Show (26x13) le 9 mars 2003.</ref> est à la fois un problème, mais aussi une nécessité : les héros se doivent d'être libres et seuls pour vivre leurs aventures<ref name="Darkness Visible"/>. Pourtant, la protection parentale est souvent évoquée dans la trilogie : Lyra, abandonnée par les siens, retrouve des parents de substitution dans une succession de personnages adultes jalonnant son parcours, le Maître de Jordan College, Ma Costa, Lord Faa, Iorek Byrnison, Lee Scoresby, Serafina Pekkala ou Mary Malone. Et paradoxalement, lorsqu'elle découvre l'identité de ses parents biologiques, elle fait tout pour les repousser et entretient avec eux des rapports conflictuels, sans jamais parvenir à les considérer comme ses modèles<ref name="Eve, Again" />.

Will

William Parry est un vrai héros masculin, dont la personnalité est on ne peut plus différente de celle de Lyra : posé et responsable là où elle est impulsive, sauvage et indépendante, il ne bénéficie jamais de la protection de ses parents, puisque son père a disparu alors qu'il n'avait qu'un an, et que sa mère est atteinte de ce qui ressemble à la schizophrénie ; c'est d'ailleurs lui qui lui sert de parent et il lui incombe de faire face à des problèmes très ancrés dans la réalité, s'occuper de sa mère, trouver à manger, ne pas se faire remarquer, alors que Lyra vit une série d'aventures fantastiques impliquant des dæmons, des ours qui parlent et des sorcières. Sa gravité, sa fierté et sa bravoure, inhabituelles pour son âge, en font un personnage ambigu qui effraye même les sorcières, alors qu'il n'est qu'un garçon à la recherche de son père<ref name="The Subtle Knife - Sparknotes" />.

Will est le porteur du poignard subtil et a été parfois contraint de faire preuve de violence. Cependant, il refuse d'endosser le rôle de conquérant et de guerrier. Ainsi, dans Le Miroir d'ambre, lorsqu'enfin s'offre à lui la possibilité de parler à son père, il insiste pour décider lui-même de son avenir, sans rien devoir à la société ou au destin : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Will, plus proche de l'âge adulte que Lyra, représente le triomphe du libre arbitre<ref name="Analysis of Major Characters">Modèle:Lien web</ref>. D'ailleurs, son prénom suffit à symboliser son caractère, Modèle:Langue signifiant « volonté »<ref name="Pullman's interpretation of Milton's Paradise Lost" />.

Madame Coulter

Lilith de John Collier
Lilith (1887), John Collier.

Marisa Coulter, la mère de Lyra, est un mélange d'Ève et de Lilith, personnage apocryphe de l'Éden et première compagne d'Adam, symbole de la révolte féminine. Lilith est le prototype de la femme fatale, à la sexualité insatiable, pleine d'assurance et indépendante, ce qui correspond parfaitement à la personnalité de Madame Coulter, qui allie science et beauté. Ce personnage vil, trompeur et vicieux, semblable au Serpent<ref name="Eve, Again" /> de la Genèse, est doté d'un magnétisme hypnotisant, pour les hommes principalement, et Pullman souligne en elle le pouvoir féminin de celle qui sait utiliser tous les atouts à sa portée pour réussir dans le monde masculin qu'il dépeint<ref name="Heroes and Heroines" />. En agriculture, le nom commun Modèle:Citation étrangère (le « coutre ») est la lame précédant le soc de la charrue : il y a là une analogie avec ce qu'elle est, le caractère cinglant de ses propos et le fait qu'elle soit très impliquée dans les pratiques d'intercision<ref name="Exegesis, Allegory, and Reading">Modèle:Harvsp</ref>.

La complexité du personnage (mélange d'égoïsme et d'ingéniosité, de femme fatale et de bourreau impitoyable) rend son analyse difficile : elle alterne actes barbares, abandon de sa fille, enlèvement d'enfants, torture, meurtre et bonnes actions, sauvant Lyra de la guillotine, en prenant soin dans la caverne de l'Himalaya et sacrifiant pour elle jusqu'à sa vie<ref name="Lenz Scott Intro" />. Elle se sert de sa beauté physique comme d'une arme pour cacher un caractère pétri de mensonge et de tromperie. Lorsque l'ange Métatron la rencontre dans Le Miroir d'ambre, il voit en elle Modèle:Citation Il ajoute à son adresse : Modèle:Citation, mais ce faisant il ne peut découvrir ses véritables intentions – sauver Lyra – parce qu'enfin elle fait preuve d'un geste entièrement désintéressé.

Cette ambivalence la situe à des lieues de l'archétype de la bonne mère/mauvaise mère que l'on trouve habituellement dans la littérature de jeunesse<ref name="Dyads or Triads?">Modèle:Harvsp</ref>. Antagoniste de l'histoire jusqu'au troisième roman, elle devient, à la suite d'un revirement de tout son être et de la prise de conscience de l'amour qu'elle porte à sa fille<ref name="A Challenge to Fantasies" />, le Modèle:Langue final.

Mary Malone

Mary Malone, dont le prénom rappelle celui de la mère de Jésus, est également inspirée d'Ève, avec qui elle partage le rôle de tentatrice, du Serpent de la Chute : elle aussi procure la connaissance, mais d'une manière sensuelle, moins directe que celle de Madame Coulter. À Lyra, elle apprend une vérité sur la vie que ne recèlent pas les livres, en une sorte d'Annonciation inversée, Marie tenant le rôle de l'archange Gabriel<ref name="Eve, Again" />.

Chez Pullman, le Serpent joue un rôle positif indispensable, contrairement à celui de la tradition biblique, expulsé du jardin d'Éden et condamné à ramper et, chaque jour de sa vie, manger de la poussière. Mary est l'un des personnages les plus actifs, puisqu'elle parvient seule, après avoir connu les Mulefas<ref name="Eve, Again" /> et été adoptée par leur communauté, à créer un objet-titre, le miroir d'ambre, et à s'en servir. Son aptitude à s'intégrer dans un monde de créatures inconnues, ainsi que l'analyse qu'elle fait des événements ayant conduit à l'évolution des Mulefas, la rapprochent de Charles Darwin ou de Richard Dawkins<ref group="N">Pullman a d'ailleurs écrit un chapitre sur Dawkins (Modèle:Langue sous la direction d'Alan Grafen et Mark Ridley) intitulé Modèle:Citation étrangère.</ref>,<ref name="Darwin in Wonderland">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}/{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web</ref>. L'auteur explique qu'elle incarne aussi Satan, le tentateur du Paradis perdu<ref name="Heat and Dust">Modèle:Lien web</ref>.

Lord Asriel

L'Ange de la Mort d'Evelyn De Morgan
L'Ange de la Mort (1881), Evelyn De Morgan.

Autre symbole masculin, Lord Asriel, le père de Lyra, est un homme secret dont on sait peu de choses. Il est qualifié de « héros byronien », d'après le type de héros romantique créé par Lord Byron au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle ; c'est en effet<ref group="N">Lord Asriel est ainsi décrit : Modèle:Citation Modèle:Harv</ref> Modèle:Citation. Il se présente lui-même comme un « libérateur » et est parfois rapproché de Satan, l'ange rebelle et le héros de Milton menant une guerre contre Dieu. Dans Le Miroir d'ambre, Lord Asriel construit son propre « Royaume », qu'il appellera la « République des Cieux », alors que Satan règne sur l'Enfer, acte de défi envers Dieu (Le Paradis perdu, livres I et II), et comme Satan dans les livres V et VI, il lève une armée rebelle pour vaincre les forces du Ciel<ref name="Challenge to Tolkien and Lewis">Modèle:Harvsp</ref>. La différence entre les deux personnages est qu'Asriel va réussir, quoiqu'en y laissant sa vie, alors que Satan échoue.

« Asriel » est phonétiquement proche d'Azraël, de l'arabe Modèle:Lang / Modèle:Lang, l'ange de la mort des traditions hébraïques : il serait donc l'allégorie de la Mort, « celui qui veut tuer Dieu ». De plus, dans les mythologies juive et musulmane, Azraël sépare l'âme du corps au moment de la mort, ce qu'Asriel accomplit à la fin des Royaumes du Nord en séparant le dæmon (l'âme) du corps de Roger, l'ami de Lyra, et entraînant sa mort<ref name="Challenge to Tolkien and Lewis" />. En cela, il tient du Surhomme, l’Modèle:Lang allemand, concept développé par Nietzsche et ainsi défini : Modèle:Citation. Asriel ne se soucie pas de l'individu, se rapprochant en cela du stoïcisme<ref name="Heat and Dust" />, pas même lorsqu'il s'agit d'un enfant, mais il poursuit son objectif d'un monde meilleur – et donc sans Dieu pour Pullman – au-delà du Bien et du Mal<ref name="Challenge to Tolkien and Lewis" />. Asriel est également l'anagramme d'« Israël » (Jacob) dont le nom hébreu (Modèle:Lang) signifie « celui qui a lutté avec Dieu »<ref name="The Ruler Complex">Modèle:Lien web.</ref>.

Certaines analyses le comparent à Voldemort, l'antagoniste de la série Harry Potter. Asriel et Tom Jedusor, Voldemort dans sa jeunesse, se ressemblent par leur physique avantageux, leur charisme et leur morale ambiguë. De plus, ils ont en commun l'objectif de vaincre la Mort : Voldemort veut devenir immortel pour son bénéfice personnel (Modèle:Citation) alors qu'Asriel entend la détruire dans l'intérêt de toute l'humanité (Modèle:Citation)<ref name="Paradise Lost and Found again p. 23">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="The Ruler Complex" />.

Les dæmons

Dans le monde de Lyra, l'âme de chaque être humain est visible à l'extérieur de son corps sous la forme d'un animal, reflétant à l'âge adulte la personnalité de son humain. Appelé « dæmon » (prononcer « démon<ref group="N">Le traducteur de la version française conseille de prononcer le mot « dæmon » à la française, comme nous dirions « démon ».</ref> »), il forme avec son humain un seul et même être bien qu'ils soient deux entités distinctes<ref name="Girls Who Save the World" />. Ils sont étroitement liés et s'ils sont physiquement séparés par une trop grande distance, l'un et l'autre ressentent un profond mal-être qui les oblige à rester à proximité. De plus, chacun partage les sentiments et sensations de l'autre, que ce soit joie ou douleur. Certaines personnes, notamment les sorcières et les chamans, ont réussi à briser ce lien de proximité en forçant la séparation. Chacun d'eux peut alors aller où bon lui semble sans aucun malaise, mais ils continuent cependant de partager leurs sentiments. Le dæmon est créé Modèle:Lang à la naissance de l'humain et s'évapore à sa mort : la mort de l'un entraîne toujours celle de l'autre. Hors du monde de Lyra, les êtres humains ont également des dæmons, mais ceux-ci ne sont pas visibles et restent cachés à l'intérieur du corps.

Le dæmon se manifeste sous une forme animale et semble être composé de Poussière. Avant la maturité, il peut se métamorphoser à volonté et prend ensuite sa forme définitive, forme qui correspond à sa personnalité et à celle de son humain. Il est doué d'une conscience propre et peut avoir un caractère légèrement différent de celui de son humain. Il est le plus souvent du sexe opposé. L'auteur sous-entend qu'un humain doté d'un dæmon de même sexe est homosexuel<ref name="Lexicon">Modèle:Lien archive</ref>.

Il existe un grand tabou, universel, implicite et intériorisé par tous qui stipule qu'aucun humain ne doit toucher de quelque manière que ce soit un dæmon qui n'est pas le sien. Même pendant les combats, les humains attaquent les humains, les dæmons attaquent les dæmons<ref name="Paradise Lost and Found again p.13">Modèle:Harvsp</ref>. Ce tabou a conduit un certain nombre de critiques à supposer que les dæmons étaient des représentations du sexe (les pulsions sexuelles ainsi que les organes génitaux)<ref name="Paradise Lost and Found again p.14">Modèle:Harvsp</ref>. Quand il décrit les relations entre les dæmons de Madame Coulter et de Lord Asriel ou Lord Boreal, Pullman ne fait que traduire les jeux de la séduction entre les personnages adultes (en particulier le pouvoir sexuel qu'exerce Modèle:Mme sur les hommes qu'elle approche)<ref name="Paradise Lost and Found again p.13" />, alors que le tabou qui interdit à un humain de toucher le dæmon d'un autre concerne la partie du corps que l'on ne peut approcher sans permission, soit le sexe : lorsque les hommes de Bolvangar saisissent Pantalaimon, Lyra se fige devant l'horreur de la situation, assimilable à un viol<ref name="dæmons and Ideology">Modèle:Harvsp.</ref>.

La Dame à l'hermine de Léonard de Vinci
La Dame à l'hermine (1488-90), Léonard de Vinci.

Pullman a eu l'idée du concept des dæmons en voyant La Dame à l'hermine de Léonard de Vinci, ainsi que certains portraits de Giambattista Tiepolo et de Hans Holbein le Jeune<ref name="The Art of Darkness (Intelligent Life Magazine)">Modèle:Lien web</ref>.

Étymologiquement et sémantiquement, le terme « dæmon » peut être rapproché du Modèle:Lang / [[Familier (esprit)#Le daïmon de Socrate|Modèle:Lang]] (« démon ») de la mythologie grecque (par exemple, le daímôn de Socrate)<ref>Modèle:Lien web</ref>. Milton utilise dans Le Paradis perdu ce radical pour créer le néologisme « Pandémonium », la capitale de l'Enfer où règne Satan, associé avec Modèle:Lang / Modèle:Lang (« tout »), déjà utilisé dans l'étymologie de Pantalaimon<ref name="Pullman's interpretation of Milton's Paradise Lost" />.

Appelé « familier », « démon familier » ou « bon génie » en français ou Modèle:Langue dans la pratique de la sorcellerie moderne anglaise<ref>Modèle:Lien web</ref>, le dæmon est une entité (animal ou esprit) imaginaire et invisible, à laquelle les hommes s'adressent pour demander des conseils ou obtenir des services, parfois rapprochée de l'ange gardien<ref name="What Makes a Classic?" />,<ref>Modèle:Lien web</ref>. En tant que manifestation physique de l'âme d'un humain, le dæmon est décrit de manière presque identique par l'auteur américain de science-fiction Catherine Lucille Moore dans sa nouvelle Modèle:Langue (1946) : c'est pour Moore une créature ayant une forme humaine de différentes couleurs, qui suit son maître où qu'il aille et qui est invisible par les autres. Les dæmons existent également dans d'autres cultures, comme le Fylgja de la mythologie nordique, le Nahual et le Tonal de la mythologie aztèque, l'aku-aku de l'île de PâquesModèle:Etc.<ref>Modèle:Lien web</ref>. On peut aussi faire un parallèle entre les dæmons et l'Modèle:Lang et l'Modèle:Lang que développe Carl Jung dans la psychologie analytique<ref name="dæmons and Ideology" />. Enfin, William Blake a évoqué dans Modèle:Langue la relation qui unit l'âme et le corps<ref name="How Philip Pullman Develops the Characters" />.

Blake et John Milton ont largement abordé la dualité de la nature humaine : la raison et le désir. Pour les deux auteurs les rapports entre ces deux dimensions de l'être humain sont harmonieux, mais c'est la raison qui prime chez Milton alors que, chez Blake, c'est le désir<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Les dæmons de Pullman expriment cette dualité bien plus efficacement que ne l'ont fait Blake ou Milton. Lyra et Pan en sont l'incarnation : chacun équilibre l'autre et aucun ne peut vivre sans l'autre. Lyra incarne le désir et Pan la raison, par exemple lorsque, dans le premier chapitre des Royaumes du Nord, Lyra explore le Salon réservé aux érudits masculins, tandis que Pan, très nerveux, supplie Lyra de sortir<ref name="Pullman's interpretation of Milton's Paradise Lost" />.

Dans Le Miroir d'ambre, Mary Malone évoque la capacité qu'a tout un chacun, avec un peu d'entraînement, de visualiser certaines manifestations non-physiques des dæmons. Elle laisse entendre que chacun possède le sien, mais n'a appris ni à le reconnaître ni à lui parler<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Cadre spatio-temporel

La trilogie se déroule à travers un multivers composé d'une infinité de mondes peuplés d'humains et de créatures surnaturelles. La Poussière, métaphore de la Connaissance, dont la condensation consciente a créé les Anges, en est un élément essentiel. Les protagonistes ont la faculté de se déplacer d'un monde à l'autre sans entraves.

Les lieux et les époques

D'après la théorie des univers parallèles que Pullman exploite librement, une multitude de mondes parallèles se créent en permanence, par scission de mondes déjà existants : chaque fois qu'un évènement se produit dans l'un de ces mondes, toutes ses issues possibles se réalisent simultanément, donnant chacune naissance à un nouveau monde. La trilogie en explore sept, celui de Lyra, celui de Will (le nôtre), celui des Mulefas, celui de Cittàgazze (prononcer « à l'italienne » : /tʃit.ta.'ɡa.tse/), le monde des Morts, le monde des Gallivespiens et la République des Cieux. S'y ajoutent divers mondes mineurs qu'aperçoivent ou évoquent les personnages.

Chaque monde possède sa géographie propre, mais certains mondes ont une géographie très similaire, voire identique, tels le monde de Will et celui de Lyra, qui se ressemblent beaucoup sur ce point<ref name="La Tour des anges">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Le Miroir d'Ambre">Modèle:Harvsp.</ref>. D'après Lord Boréal, l'un des personnages, toutes les ouvertures entre les mondes passent par le monde de Cittàgazze, ce qui en fait une sorte de carrefour entre les mondes, mais après le déchirement créé par Lord Asriel, les fenêtres se retrouvent déplacées et peuvent relier entre eux n'importe quels mondes sans avoir à passer par celui de Cittàgazze<ref name="La Tour des anges" />. La ville côtière de Cittàgazze présente l'apparence d'une ville méditerranéenne par son climat et son architecture, de plus, le nom de la ville elle-même, ainsi que ceux de ses habitants, suggèrent une ville italienne ; elle semble pourtant se trouver à proximité de l'Oxford de Will et à seulement quelques jours de marche du pôle Nord du monde de Lyra<ref name="La Tour des anges" />, alors que la géographie de ces deux mondes semble par ailleurs coïncider<ref name="La Tour des anges" />,<ref name="Le Miroir d'Ambre"/>. La géographie du monde de Lyra est très similaire à celle du monde de Will, cependant, certains lieux ou pays portent des noms archaïques ou calqués sur des appellations étrangères, ce qui permet de mettre en évidence des divergences dans l'histoire, notamment sociale et géopolitique, de ces deux mondes : Eirelande (Irlande) ; Grand Océan du Nord (Océan Arctique) ; Catai (Chine du Nord) ; Moscovie (Russie) ; Lac Enara (Lac Inari)Modèle:Etc. De surcroît, certains États du monde de Lyra n'existent plus dans le monde de Will, ou existent sous une forme différente. Ainsi, l'Amérique du Nord de Lyra est constituée de la Nouvelle-France, du Modèle:Lien et d'un Texas apparemment indépendant, ce qui implique que les États-Unis n'existent vraisemblablement pas. De même, la Laponie est un royaume dans le monde de Lyra alors que dans celui de Will, c'est un territoire partagé entre quatre pays : la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie. Enfin, le Svalbard de Lyra n'est pas un archipel norvégien mais le royaume des Ours en armure<ref name="Tucker 2003" />.

Le premier tome, Les Royaumes du Nord, se déroule entièrement dans un univers très semblable au nôtre<ref group="N">Il est écrit dans l'introduction : Modèle:Citation Modèle:Harv</ref>, quoique disposant d'une technologie moins avancée : style vestimentaire de l'époque victorienne, automobiles en petit nombre et peu rapides, avions inexistants, les voyages aériens se faisant en zeppelins. C'est le monde de la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, à l'époque industrielle, et du début de la Première Guerre mondiale, encore que le savoir, dans certains domaines, surpasse celui de l'époque, avec, par exemple, l'étude de la physique des particules<ref name="Les Royaumes du Nord">Modèle:Harvsp.</ref>. Le monde de Lyra est rapproché du sous-genre SF « Modèle:Langue »<ref name="Reflexions on the Fantasy Trilogy">Modèle:Article</ref>.

La Tour des anges visite plusieurs mondes, celui de Lyra, le nôtre et le monde de Cittàgazze, et dans Le Miroir d'ambre, les mondes traversés sont encore plus nombreux<ref name="Le Miroir d'Ambre" />.

L'époque étant différente selon les mondes, il est difficile d'en dégager une analyse précise. Le nôtre semble contemporain de l'écriture des livres, c'est-à-dire la fin des années 1990 et le début des années 2000 en Europe de l'Ouest, et plus précisément en Angleterre. D'autre part, sont évoqués certaines périodes et lieux spécifiques, comme la grotte dans l'Himalaya<ref>Modèle:Harvsp</ref> ou la ferme hollandaise victime d'une guerre civile dans le dernier roman<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Les races et créatures

En plus des humains, une multitude de créatures peuplent ces mondes. Certaines reprennent des créatures légendaires connues<ref name="Tucker 2003" /> :

  • les Anges : des esprits de lumière ailés résultant de la condensation de la Poussière dont le rang définit l'apparence (plus ou moins perceptible par l'œil humain). Bien que plus grands que les hommes malgré leur consistance éthérée, ils convoitent presque tous leur solidité corporelle. Ils sont appelés Modèle:Lang, signifiant « fils de Dieu » en hébreu<ref name="The Amber Spyglass - Sparknotes" />.
  • les Sorcières : des femmes liées à la Nature volant dans le Nord polaire sur des branches de sapin, et vivant en société selon un système de clans que dirigent des reines. Leur longévité étant de plusieurs centaines d'années, elles gardent l'apparence de la jeunesse et de la beauté, ce dont elles usent pour procréer. Guerrières féroces, expertes à l'arc, elles sont doués de certains pouvoirs surnaturels comme la faculté de ne pas ressentir le froid de l'Arctique sur leur peau nue, l'aptitude à se faire oublier au point de devenir « invisibles » ou la possibilité pour leur dæmon de voyager à des centaines de kilomètres d'elles-mêmes. Le destin de leurs enfants est déterminé par leur sexe ; une fille sera sorcière tandis qu'un fils sera humain. L'amour d'une sorcière ne se refuse pas, et si tel est le cas, cet amour devient haine et la sorcière tuera son bien-aimé s'ils viennent à se recroiser.
  • les Fantômes : des répliques sans substance des êtres conscients décédés, regroupées et enfermées dans le monde des Morts. Depuis la venue de Will et Lyra dans leur monde, ils peuvent s'en échapper par une fenêtre entre les mondes, et se dissolvent en milliards de molécules pour reprendre une place dans le cycle de la vie.
  • les Morts : les personnifications de la Mort servant de guide aux individus de certains mondes pour les accompagner tout au long de leur vie. Elles ont une apparence humaine, mais sont ternes et sans aucune particularité de sorte qu'on oublie rapidement leur présence.
Les Harpies de Gustave Doré
Les Harpies, illustration de la Divine Comédie par Gustave Doré.
  • les Harpies : des créatures ailées mi-femmes mi-oiseaux, gardiennes du monde des Morts. Capables de détecter les péchés commis par les fantômes, elles en profitent pour les persécuter sans fin. Avides d'histoires et de renseignements sur le monde des vivants, elles se nourrissent de vérité comme elles se repaissent de sentiments honteux. Autrefois la hantise des fantômes, elles sont, depuis la venues de Will et Lyra dans le monde des Morts, leurs guides vers la fenêtre du monde des vivants. Elles accomplissent cette tâche en échange d'une ou plusieurs histoires sur la vie passée des fantômes, cela constituant pour elles une forme de nourriture. Elles font cependant une exception pour les tout jeunes enfants qui n'ont rien à raconter. Les harpies sont mentionnées dans la Divine Comédie où elles tourmentent les damnés du septième cercle de l'Enfer devant Dante et Virgile.

Outre ces êtres de légende, Pullman a inventé d'autres espèces, certaines dotées de conscience et parole, d'autres simplement mues par un objectif<ref name="Tucker 2003" /> :

  • les Modèle:Lang (« ours en armure » en danois) : des ours polaires sachant parler, qui vivent en société regroupée autour de leur roi à Svalbard. Leur personnalité est extrêmement différente de celle des humains, car bien qu'ils éprouvent des sentiments, ils sont habituellement impossible à berner. Leurs pouces opposables leur confèrent puissance et dextérité. Incomparables forgerons, ils utilisent l'acier des météorites pour se fabriquer une armure représentant leur âme, l'homologue des dæmons du monde de Lyra ;
  • les Gallivespiens<ref group="N">Le nom des Gallivespiens vient de l'insecte Modèle:Lang ou « guêpe de Galles » (Modèle:Langue en anglais).</ref> : des créatures humanoïdes de la taille d'une main chevauchant des libellules et dotées de dards empoisonnés aux talons ; individus fiers ne supportant ni fraude ni mensonge, ils servent habituellement d'espions. Leur taille et leur nom rappellent les petits hommes des Voyages de Gulliver (Swift, 1721), les lilliputiens ;
  • les Mulefas : ressemblant à des animaux de bétail mais dotés d'une conscience, ils ont évolué dans leur monde et vivent en symbiose avec leur environnement ; leur civilisation s'apparente à celle de l'âge de pierre. Nantis d'une trompe et de quatre pattes disposées en losange, ils ont appris à utiliser les cosses tombées des arbres pour sillonner comme avec des motos sur les routes de pierres naturelles qui serpentent à travers leur monde ;
  • les Spectres : des esprits maléfiques, nés du vide créé par les ouvertures entre les mondes, leur constitution reste fantomatique. Ils vampirisent l'âme des adultes, dépossédant leurs victimes de toute conscience, ce qui les rend indifférentes à leur propre existence comme à celle des autres, tels les zombies que deviennent, dans le monde de Lyra, les personnes séparées de leurs dæmons. Ils ne peuvent pas être tués, mais le Poignard subtil les maintient à distance.

D'une manière générale, Pullman prend le contre-pied des représentations traditionnelles. Les pouces opposables sont, dans la théorie de l'Évolution, un caractère principalement humain (ou du moins hominidé) : ainsi, les ours en armures partagent avec les hommes à la fois l'intelligence et la préhension. De plus, les sorcières symbolisent habituellement les ténèbres et le mal, alors qu'elles sont ici transformées en symboles quasi religieux de liberté et de pouvoir.

Pullman fait aussi des héros des Gitans, peuple traditionnellement nomade et areligieux vivant à la périphérie de la société : souvent maltraités, premières victimes des Enfourneurs, ce sont eux qui décident de s'unir pour sauver tous les enfants prisonniers dans le Nord, même les sédentaires issus des terres, dont les habitants les martyrisent depuis des siècles<ref name="The Golden Compass - Sparknotes" />. Enfin, certains anges se révèlent diaboliques, à commencer par l'Autorité et Métatron, alors que les harpies, derrière leur aspect repoussant, s'avèrent capables de bonté<ref name="The Amber Spyglass - Sparknotes" />.

Spécificités de l'univers

La terminologie

L'histoire et la géographie du monde de Lyra différant des nôtres, Pullman a créé un certain nombre de néologismes ou de noms alternatifs, historiquement ou étymologiquement dérivés, pour désigner des objets, des personnes ou des lieux qui nous sont familiers. Par exemple, le terme « ambarique » remplace « électrique » : le premier vient de l'arabe Modèle:Lang / Modèle:Lang et le second du grec Modèle:Lang / Modèle:Lang ; tous les deux désignant l'ambre, connue pour ses propriétés électrostatiques. L'auteur a également créé un langage parlé par les Mulefas dont il propose quelques mots dans Le Miroir d'ambre<ref name="Tucker 2003" />.

La Poussière

Le terme « Poussière » (Modèle:Citation étrangère en anglais) est tiré du Paradis perdu où Adam dit à Ève Modèle:Citation, livre XI)<ref name="Pullman's interpretation of Milton's Paradise Lost" />, lui-même tiré de la Genèse<ref>Modèle:Harvsp.</ref> :

<poem>Modèle:Citation bloc</poem>

William Blake utilise aussi le terme « poussière » en 1794 dans Modèle:Langue : Modèle:Citation Le poète illustre d'ailleurs son recueil par le frontispice Modèle:Langue (voir l'illustration du Compas d'or ci-dessus) qui a servi d'inspiration à Pullman pour le choix des titres.

Particule de conscience, la Poussière est apparue il y a Modèle:Unité, née de la prise de conscience d'elle-même par la matière. La tradition biblique attribue son apparition à la Chute : se nourrissant elle-même, elle est à l'origine de la vie intelligente, soit lors de la perte de l'innocence par Adam et Ève au moment où ils mangent le fruit de l'arbre de la connaissance<ref name="The Subtle Knife - Sparknotes" /> (voir la section « Une nouvelle Genèse »). Beaucoup plus présente chez les adultes, sa carence chez les enfants témoigne de leur inconscience de la place qu'ils occupent dans le monde<ref name="The Golden Compass - Sparknotes" />. La Poussière se « dépose » sur les créatures conscientes et les objets ayant reçu de l'homme une volonté d'amélioration : ainsi, un simple morceau d'ivoire ne l'attire pas tandis qu'une pièce d'échecs taillée dans le même ivoire provoque sa réaction<ref>Modèle:Harvsp</ref>. La Poussière est une métaphore de la connaissance<ref name="Paradise Lost and Found again p.12" />,<ref name="Girls Who Save the World" />. Au début du premier livre, le lecteur apprend l'existence de la Poussière en même temps que Lyra, à qui il est expliqué qu'elle serait « mauvaise », l'autorité religieuse de son monde étant de plus en plus inquiète de sa propagation : Modèle:Citation lui est-il dit. Ce n'est que plus tard, en même temps que Lyra, qu'il comprend que la Poussière est « bonne », cumulant Modèle:Citation<ref name="The shed where God died" />, écrit Pullman.

En tant que matière consciente, elle est capable de communiquer, Modèle:Lang des objets, l'aléthiomètre de Lyra ou la « Caverne<ref group="N" name="Caverne">La « Caverne » est le nom de l'ordinateur que Mary Malone utilise à son travail, en référence à l'allégorie de la caverne exposée par Platon, Modèle:Harv</ref> » de Mary ou encore les baguettes I Ching de Mary autorisant la méditation<ref name="The Subtle Knife - Sparknotes" />. Invisible à l’œil nu, elle est pourtant perceptible par certaines créatures comme les Mulefas qui la décrivent comme Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Elle est aussi appelée « particules ombres » ou « Ombres », « matière sombre » (par Mary Mallone), « particules de Rusakov » (dans le monde de Lyra) ou « sraf » (par les Mulefas).

L'aléthiomètre

L'un des principaux objets de la trilogie, avec le poignard subtil et le miroir d'ambre, est l'aléthiomètre de Lyra. Transmis par le Maître de Jordan College, c'est un « lecteur de vérité » – du grec Modèle:Lang / Modèle:Lang, « vérité », et Modèle:Lang / Modèle:Lang, « mesure » – qu'alimente la Poussière et dont le fonctionnement se fonde sur les associations d'idées. Il n'existerait dans le monde que 5 aléthiomètres connus : celui de l'université d'Uppsala, de l'université de Bologne, de Paris, de Genève, et du Jordan College d'Oxford (caché dans la bibliothèque de Bodley)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Cet instrument a la forme d'une grosse boussole dont le cadran est composé de 36 symboles peints, au centre desquels évoluent quatre aiguilles. Ainsi que le lui explique le Gitan Farder Coram, Lyra doit, pour le faire fonctionner, placer trois des aiguilles sur les différents symboles représentant une idée plus ou moins explicite afin de formuler une question ; la quatrième aiguille se chargeant de donner la réponse. La formulation de la question et la lecture de la réponse requièrent un état d'esprit proche de la méditation. À ce propos, Pullman cite le poète Keats : Modèle:Citation<ref name="The Golden Compass - Sparknotes" />.

Chaque symbole a une signification primaire et une infinité de significations secondaires. Par exemple, le « Soleil » renvoie d'abord au jour ; puis il se charge de références symboliques souvent issues de la mythologie : par sa puissance, il représente l'autorité ; par sa lumière éclairant les ténèbres, il est la vérité. S'ajoutent à ces attributs la royauté ou l'autorité politique : d'Apollon il possède la rationalité et l'intelligence, le pouvoir de guérison, l'art de l'archerie, la faculté de sanctionner à distance, par exemple par la peste ; tel l'Apollon des neuf muses, il symbolise les arts créatifs et, rappelant la passion du dieu pour Daphné, il devient l'amour, puis l'honneur, la célébrité, la victoire, sans compter la divination ou la prophétie comme l'Oracle de Delphes ; Apollon aimant Hyacinthe, il représente aussi l'amour homosexuel et, en outre, l'agriculture, l'or, la GrèceModèle:Etc.<ref name="Aléthiomètre">Modèle:Lien web</ref>

Le Poignard subtil

Le Poignard subtil, qui choisit son porteur et doit être détruit<ref name="Paradise Inverted">Modèle:Ouvrage</ref>, est une arme forgée il y a 300 ans par les Érudits de la Guilde de la Tour des anges à Cittàgazze. Sa lame peut couper n'importe quelle particule et créer des portails entre les mondes. Il semble doté d'une volonté propre et rappelle en cela l'Anneau unique du Seigneur des anneaux poursuivant un but spécifique et souvent maléfique derrière ses apparences bénéfiques. En effet, en plus de savoir tout découper et ouvrir des passages entre les mondes, le Poignard est à l'origine des Spectres.

Le Poignard est décrit comme étant très beau, et très élégant. Son manche est en bois de rose et la lame est d'un côté argenté et de l'autre parcourue par des volutes irisées. Le fil de la lame est si fin qu'il est invisible à l'œil nu. Après avoir appris à l'utiliser, Will tente de s'en servir avec précaution ; en effet, bien que son utilité principale soit de découper l'espace afin d'ouvrir un portail d'un monde à l'autre, le poignard est à l'origine de l'apparition des Spectres. Il est surnommé Modèle:Lang (« Destructeur de Dieu ») en raison de sa capacité à couper toute matière, y compris l'enveloppe éthérée des anges<ref name="The Subtle Knife - Sparknotes" />.

Will le brise accidentellement une première fois alors qu'il tente de libérer Lyra de Madame Coulter. Il pense à sa mère et brandit le poignard en même temps, ce qui fait que le couteau se retrouve à tenter de couper quelque chose qu'il ne peut pas couper : l'amour que Will porte à sa mère. La lame se brise alors en sept morceaux. C'est Iorek Byrnison qui le réparera avec l'aide de Lyra et Will. À la suite de cette opération, le poignard est décrit comme n'ayant Modèle:Citation Le Poignard est brisé pour la seconde et dernière fois à la fin de la trilogie. N'en ayant plus besoin et sachant à quel point il est dangereux, Will décide de le détruire. Pour cela il pense à l'amour qu'il éprouve pour Lyra et le couteau se retrouve dans la même situation que la première fois où il s'est brisé.

Genre littéraire

Une série de fantasy

Philip Pullman nie que ses romans appartiennent à la Modèle:Langue<ref name="Darkness Visible" />,<ref name="Oxford’s Rebel Angel" />,<ref name="Lexicon" />, mais la trilogie contient des éléments et utilise des codes qui l'identifient au genre<ref name="The Man Who Dared Make Religion the Villain" />,<ref name="Fantastic Legacy">Modèle:Harvsp</ref> :

  • un héros (un « Élu du Bien »), initialement plutôt naïf et immature, qui va être projeté hors de son quotidien par un élément déclencheur (et passer, lorsque c'est un enfant au début de l'histoire, de l'enfance à l'âge adulte) ;
  • un univers différent du nôtre (ou une infinité de mondes parallèles) et la construction d'une mythologie propre à l’œuvre (chaque monde possédant sa géographie et son histoire) ;
  • un voyage périlleux au cours duquel le héros va développer des capacités dont il ne soupçonnait pas l'existence ;
  • un guide adulte (un mentor), plus sage, qui l'aide à prendre de bonnes décisions ;
  • des créatures surnaturelles dotées de conscience (comme les ours polaires qui parlent, les anges, les Mulefas, les Gallivespiens, etc.), chaque individu rencontré possédant des traits de caractère spécifiques à sa race, mais ayant aussi une identité propre ;
  • des phénomènes « magiques » qui, dans la trilogie, sont le fait de la Poussière ;
  • un retour à la fin vers le monde originel avec des aptitudes nouvelles qui permettent de répondre aux questions que le héros se posait au départ.

C'est bien de la fantasy pour enfants qu'il s'agit puisque le protagoniste principal est un enfant qui, en déjouant les multiples menaces qui vont peser sur son avenir ou même sa vie, va grandir et mûrir<ref name="The Man Who Dared Make Religion the Villain" />, vivre une série d'aventures épiques, l'Amour et la Haine<ref name="Lenz Scott Intro" />. Pullman renouvelle cependant la tradition du genre en introduisant dans son récit des interrogations de type métaphysique : Modèle:Citation Il explique que l'homme a besoin de mythes dans son existence, de quelque chose de plus grand que lui, et que pendant des siècles, en Occident, c'est l’Église chrétienne qui a joué ce rôle<ref name="Dæmon geezer">Modèle:Lien web</ref>.

Il y a, au sein de la fantasy, de nombreuses façons de comparer les sous-genres. Les deux principaux sont la Modèle:Langue et la Modèle:Langue, respectivement « fantaisie élevée » et « fantaisie faible ». Elles diffèrent par leur approche de l'« univers » créé par l'auteur : la première se déroule exclusivement dans un monde imaginaire (la Terre du Milieu dans Le Seigneur des anneaux) alors que la seconde a pour cadre un monde imaginaire qui communique avec le monde « normal » (le « monde caché » des sorciers dans Harry Potter)<ref name="L'Encyclopédie de la fantasy">Modèle:Ouvrage.</ref>. À la croisée des mondes appartient donc à la Modèle:Langue, car bien que notre monde fasse l'objet d'une dizaine de chapitres, il n'est qu'un univers secondaire, la majeure partie de l'intrigue se situant dans d'autres mondes<ref name="Garrahy">Modèle:Harvsp.</ref>.

À la croisée des mondes appartient également au sous-genre de la Modèle:Langue en raison des données scientifiques introduites dans les récits qui le rendent parfois proche de la science-fiction<ref name="L'Encyclopédie de la fantasy" />, notamment avec la traversée d'univers distincts grâce à des techniques qui libèrent suffisamment d'énergie pour « déchirer » l'enveloppe qui les sépare. Par sa description du monde de Lyra, associant la science-fiction à l'époque victorienne, la trilogie a pu aussi être rapprochée du Modèle:Langue, un mouvement dérivé du Modèle:Langue à l'atmosphère rétrofuturiste. D'abord sous-genre littéraire, le Modèle:Langue (« punk à vapeur ») s'est rapidement étendu à d'autres arts ou moyens d'expression que la littérature : le cinéma, la télévision, le graphisme, l'architecture, la bande dessinée, la musique ou les jeux vidéo<ref name="Reflexions on the Fantasy Trilogy" />.

Pour Pullman, Modèle:Citation. Certains critiques ont repris à leur compte la phrase de Keats sur la Modèle:Citation citée dans les romans (Modèle:Citation<ref group="C">Citation originale : Modèle:Citation étrangère</ref>) pour décrire l'état d'esprit dans lequel le lecteur doit se trouver pour adhérer à la littérature de fantasy en général et au multivers de la trilogie en particulier<ref name="Lenz Scott Intro" />.

Une trilogie épique

L'épopée est ce genre littéraire caractérisé par de très longs poèmes dont les plus célèbres sont l’Iliade et l’Odyssée, écrits au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle par Homère. Le registre épique de ces poèmes en appelle à la capacité du lecteur à admirer les exploits du héros en usant de procédés d'amplification (vocabulaire hyperbolique, figures de style superlatives, syntaxe élaborée, style rapide des actions qui s'enchaînent, etc.). En dehors des scènes d'action, la narration utilise régulièrement le suspense<ref name="The Man Who Dared Make Religion the Villain" /> et sa forme moderne que l'anglais appelle Modèle:Citation étrangère, rendue célèbre par les séries télévisées, et où le dénouement n'intervient pas à la fin du chapitre ou du livre<ref name="Dæmon geezer" />.

Pullman s'est également inspiré de Milton et de sa manière d'écrire, héritière des épopées antiques et de leurs procédés, en particulier la personnification qui consiste à représenter des qualités abstraites sous les traits d'individus afin de faciliter le processus d'identification des héros<ref name="The Legacy of Paradise Lost">Modèle:Lien web</ref>.

Thèmes

Modèle:Encadré texte

La religion

Les romans s'inspirent fortement du courant gnostique pour la description de la mythologie des univers (voir la section « Thèses théologiques »). La religion est omniprésente dans l'œuvre de Pullman, mais elle est en contradiction avec les préceptes moraux et les principes théologiques chrétiens enracinés dans les cultures européennes (les autres religions monothéistes ou polythéistes ne sont que peu ou pas abordées, à l'exception de certaines coutumes africaines<ref>Modèle:Harvsp</ref> ou musulmanes<ref name="La Tour des anges p.52">Modèle:Harvsp</ref>).

Dans le monde de Lyra, l'Église<ref group="N" name="Magisterium">Pour éviter la confusion entre l'Église (organisation) et l’Église représentée dans les romans, l'appellation « Magisterium » lui sera substituée lorsqu'il s'agit de celle des romans.</ref>, proche d'une obédience radicale du calvinisme<ref name="Girls Who Save the World">Modèle:Harvsp.</ref>, est symbolisée par son organe exécutif, le Magisterium, la séparation entre l'Église et l'État paraissant presque inexistante<ref name="Girls Who Save the World" />. Celui-ci siège à Genève (siège de la réforme menée par Jean Calvin) plutôt qu'à Rome et exerce ou aspire à exercer un contrôle total sur le peuple européen. L'histoire se déroulant au Royaume-Uni, il est à supposer que la situation d'autoritarisme est la même dans les autres États de l'Europe de l'Ouest, voire au-delà, puisque la Moscovie est évoquée, Union soviétique ou Russie selon les époques, ainsi que l'Amérique, plus précisément le Texas<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Dans Le Miroir d'ambre, le lecteur apprend que c'est un ange appelé l'Autorité qui représente l'Être suprême<ref group="N">Modèle:Citation. Modèle:Harv</ref>. Cet ange est présenté comme un usurpateur puisqu'il tient sa légitimité du fait qu'il est le premier à avoir été formé et qu'il a affirmé à ceux qui l'ont suivi qu'il les avait créés. Par ailleurs, Pullman n'apporte pas de réponse à la question de savoir quelle intelligence ou quel événement serait à l'origine du monde. En raison de son âge avancé, l'Autorité a transmis tous ses pouvoirs à son régent, Métatron, archange mentionné dans le livre d'Hénoch<ref group="N">Dans le livre d'Hénoch (Ancien Testament), Metatron est qualifié d'Modèle:Citation et du seul ayant pu voir Dieu. Dans la tradition juive, il est le Modèle:Citation. Voir aussi : Modèle:Lien web.</ref>, qui règne en maître des mondes depuis le Royaume des Cieux et souhaite consolider le système totalitaire mis en place par son prédécesseur. L'existence même de Dieu est remise en cause, de même que Son immortalité, puisque, à la fin de la trilogie, l'Autorité et Métatron sont supprimés. L'idée que Dieu est en fait un ange comme les autres est tirée du Paradis perdu, dans une conversation entre Satan et un ange fervent, au cours de laquelle il lui demande s'il se rappelle avoir été créé<ref group="N">Modèle:Citation Voir aussi : Modèle:Lien web.</ref>. L'idée de Pullman est que la Poussière se serait un jour « condensée » pour former les anges qui ne seraient alors que des formes de connaissance créées à partir d'un événement attribué à la destinée. Ce faisant, il place son Dieu dans une position d'imposture, puisque, premier être à avoir été créé, il n'a aucune légitimité à occuper le trône céleste<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Le Magisterium, qui cherche à éradiquer le Péché, est impitoyable et cruel<ref name="Oxford’s Rebel Angel" />. La sorcière Ruta Skadi, personnage secondaire appelant à la guerre contre l'Autorité et le Magisterium, explique que Modèle:Citation. Voilà qui renvoie à l'intercision<ref group="N">Le néologisme a été créé par l'auteur.</ref>, procédé par lequel un humain est séparé de son dæmon, intervention libératrice d'une grande quantité d'énergie mais générant un traumatisme physique et mental pouvant entraîner la mort ou changer le sujet en un « zombie » privé de conscience. Le terme qu'a forgé Pullman a le même radical qu'« excision » : en effet, si le dæmon représente le sexe, à la fois organe et pulsion, l'opération aboutit au même résultat, l'éradication de la pulsion et du désir par amputation<ref name="Paradise Lost and Found again p.18">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="The Golden Compass - Sparknotes" />. L'excision étant pratiquée, marginalement ou non, en Afrique centrale et orientale ou en Asie par certaines communautés religieuses, chrétiennes, musulmanes ou animistes, la sorcière<ref group="N">Modèle:Citation. Modèle:Harv</ref> et avec elle l'auteur, étendent la critique à toutes les religions organisées<ref name="Paradise Lost and Found again p.18" />,<ref name="Sympathy for the Devil" />. La castration est également évoquée par Lord Asriel, qui la relie uniquement à l'Église<ref group="N">Modèle:Citation. Modèle:Harv</ref>,<ref name="Paradise Lost and Found again p.19">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="The Golden Compass - Sparknotes" />, bien que plusieurs civilisations orientales la pratiquaient pour former des eunuques.

Par ces mutilations, le Magisterium souhaite « protéger » les enfants de la Poussière qui « infecte » déjà les adultes : Madame Coulter explique à Lyra que Modèle:Citation, où les « sentiments gênants » sont le désir sexuel<ref name="Paradise Lost and Found again p.17">Modèle:Harvsp</ref>. Ainsi, le but du Magisterium est de maintenir les enfants dans l'ignorance<ref name="Paradise Lost and Found again p.16">Modèle:Harvsp</ref>.

Le Magisterium n'hésite pas, en dernier ressort, à tuer ; pour autant, à titre préventif, il a inventé une forme d'absolution<ref group="N">Modèle:Citation. Modèle:Harv.</ref> permettant d'effectuer une pénitence anticipée pour un péché non encore commis, ce qui, d'après certains critiques, relève d'un extrémisme religieux prêt à tout pour atteindre son but<ref name="Paradise Lost and Found again p.20">Modèle:Harvsp.</ref>.

Une nouvelle Genèse

Expulsion du jardin d’Éden de Thomas Cole
Expulsion du jardin d’Éden (1828), Thomas Cole.

L'œuvre évoque largement la Chute décrite dans le Livre de la Genèse<ref name="Oxford’s Rebel Angel">Modèle:Lien web</ref> et fait ainsi référence, sous la forme d'une métaphore, au choix que fait la femme de croquer le fruit de l'Arbre de la connaissance du bien et du mal, acte fondateur ayant, d'après Pullman, rendu service à l'humanité<ref name="Oxford’s Rebel Angel" />.

Ainsi, la Poussière, symbole de la connaissance et donc de la conscience de soi, plus présente chez les adultes que les enfants (dont la conscience et l'expérience sont moins développées<ref name="Paradise Lost and Found again p.10">Modèle:Harvsp.</ref>), est la manifestation physique du péché originel<ref name="Les Royaumes du Nord p. 332">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="Heroes and Heroines" /> (voir la section « Spécificités de l'univers - La Poussière »). Dans la Genèse, après qu'Adam et Ève ont croqué le fruit défendu et, ce faisant, désobéi à Dieu, ils sont expulsés d’Éden, deviennent mortels et retournent à la poussière (Genèse, 3:19)<ref name="Pullman's interpretation of Milton's Paradise Lost" />. Pullman explique que Modèle:Citation. Dans ses romans, la Poussière s'avère être le commencement de tout, à la fois origine et nourriture<ref name="Paradise Lost and Found again p.8">Modèle:Harvsp</ref>.

Modèle:Citation bloc

Certains personnages tentent d'empêcher qu'un nouveau « péché originel » ne soit commis<ref name="Paradise Lost and Found again p.10" />. Pour l'auteur, cependant, cet événement, quelles que soient les forces engagées pour s'y opposer, est plus qu'inévitable, non pas une Chute, mais une évolution nécessaire, métaphore du passage de l'enfance à l'âge adulte<ref name="Oxford’s Rebel Angel" />. Aussi, Will et Lyra deviennent-ils les nouveaux Adam et Ève<ref name="Girls Who Save the World"/>,<ref name="Paradise Lost and Found again p.11">Modèle:Harvsp.</ref> et, comme ceux qu'encouragea le Serpent de l'Ancien Testament, ils succombent à l'amour après avoir été tentés par Mary Malone<ref name="The shed where God died" />. Alors que la Poussière se déverse dans l'abîme du néant<ref>Modèle:Harvsp</ref> et que la connaissance et la conscience s'en trouvent annihilées, le processus prend fin une fois leur attachement réciproque reconnu par les deux jeunes gens<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Cela représente une inversion du mythe : parce qu'elle est née au moment du péché originel chrétien, la Poussière recouvre son intégrité grâce à sa récidive<ref name="Paradise Lost and Found again p.12"/>.

Sans le péché, en effet, l'Homme ne serait pas retourné à la poussière et la Poussière n'aurait pas existé. Comme elle est issue de la désintégration des fantômes du monde des Morts, la mort elle-même apparaît désormais comme une simple étape du processus de transformation. Elle permet le passage d'un monde oppressant et sans espoir vers un autre plus accueillant, ce qui inverse la proposition édénique qui, de négative, devient éminemment positive<ref name="Pullman's interpretation of Milton's Paradise Lost" />.

Aussi, à l'encontre de l'interprétation biblique qualifiant de « Péché » et de « Chute » la transgression d'Adam et Ève, la connaissance est-elle un gage de liberté. Ce renversement critique implicitement l’Église<ref group="N" name="Magisterium" /> pourvoyeuse, elle, d'ignorance. Adam et Ève sont en effet passés de l'état d'ignorance au statut d'adultes libres, certes soumis à la souffrance et la peine, mais pensant par eux-mêmes. Sur ce point, l'œuvre présente une dichotomie : pour le Magisterium, la Chute a ruiné l'humanité ; pour les Sorcières, les Mulefas ou Lord Asriel, elle a été le commencement du Bien. Ainsi, la guerre d'Asriel contre l'Autorité ne vise qu'à assurer pour chacun la conquête de sa propre liberté. La « Chute » est donc devenue une métaphore du passage de l'enfance à la maturité<ref name="Themes, Motifs, and Symbols">Modèle:Lien web</ref>.

De plus, est soulignée l'importance de la sexualité dans la maturité des adultes. Dans la Genèse, lorsque Adam et Ève mangent le fruit de l’Arbre de la connaissance du Bien et Mal, ils se rendent compte qu’ils sont nus et en tirent honte. Cet épisode est généralement assimilé à la découverte de la sexualité, associant donc intimement connaissance et sexualité. C'est pourquoi le Magisterium tente par tous les moyens d'empêcher l'accession à cette connaissance, d'où le rapt des enfants, leur séparation du dæmon, symbole du sexe et du plaisir (voir « Les dæmons »). Aussi, la « Chute » de Lyra, découvrant son amour pour Will, est-elle une relation en quelque sorte « proto-sexuelle »<ref group="N">Pullman nie cependant avoir fait l'apologie des relations sexuelles dès l'âge de douze ans : Modèle:Citation</ref>,<ref name="The shed where God died"/>. Lyra rompt donc avec l'innocence enfantine, choisit de grandir et, rappel de l'invitation faite à Adam de croquer le fruit défendu<ref name="Pullman's interpretation of Milton's Paradise Lost"/>, les deux enfants échangent un baiser à l'ombre des arbres après s'être offert de goûter des fruits rouges.

Pullman aborde aussi la question de la destinée, en opposant les serviteurs du Magisterium qui veulent qu'elle existe, et ses détracteurs qui veulent l'anéantir. Non seulement leur conflit concerne la possibilité de vivre libre et conscient, mais il a pour but de permettre aux hommes d'exister sans destin et d'être maîtres de chaque moment de leur vie<ref name="Themes, Motifs, and Symbols" />.

Pullman associe également la Chute à l'existence des dæmons : dans le premier roman, Lord Asriel explique à Lyra le début de l'existence des dæmons en citant une version adaptée de la Genèse<ref group="N">Modèle:Citation Modèle:Harv Voir aussi : Modèle:Lien web.</ref> auquel il ajoute que le « péché, la honte et la mort » ont conduit les dæmons à ne plus changer de forme et donc à devenir matures<ref name="Paradise Lost and Found again p.16"/> ; d'autre part, alors que les humains, endoctrinés par le Magisterium, associent la Connaissance à la honte (par l'utilisation de mots à connotation péjorative : la Tentation, le Péché, la Chute), les Mulefas l'associent à la sagesse en utilisant une autre métaphore pour parler du Péché originel chrétien<ref group="N">Modèle:Citation Modèle:Harv</ref>. Ainsi, au moment de la puberté, le dæmon cesse de se transformer et prend une forme définitive, et l'humain va alors attirer la Poussière de manière beaucoup plus forte et donc devenir plus conscient de sa propre existence et du monde qui l'entoure<ref name="Paradise Lost and Found again p.10" />.

Enfin, tout comme dans la tradition judéo-chrétienne, la grâce qui permet à Lyra d'évoluer dans les différents mondes, c'est le pouvoir conscient de la Poussière qui reconnaît en elle l'« Élue ». Comme Adam et Ève qui vivent dans un état de grâce, Lyra est l'objet d'une bénédiction jusqu'à sa « Chute » – le péché-qui-n'en-est-pas-un, son amour pour Will. Avant cela, elle est capable de lire l'aléthiomètre de manière instinctive, avec l'innocence qui la définit, et elle vit une série d'aventures qu'aucun être n'a encore vécues : descendre dans le monde des Morts et en revenir afin d'accomplir la prophétie. Après, elle se rend compte que cette grâce a disparu et que, dans sa maturité et sa conscience d'elle-même, elle va devoir réapprendre à lire l'aléthiomètre - et à vivre sans Will. Pullman suggère qu'avec le triomphe du libre arbitre et l'anéantissement de l'Autorité et du Destin, les êtres conscients de tous les mondes vont pouvoir vivre à leur guise, mais cela implique, pour chacun d'entre eux, de passer son existence sans le soutien de la grâce ou la protection d'un quelconque pouvoir supérieur<ref name="Themes, Motifs, and Symbols" />.

Le rite de passage

La thématique du rite de passage est un élément majeur de la trilogie de Pullman : il insiste sur la nécessité de l'accession à la maturité et à la connaissance pour franchir la limite qui sépare l'enfance de l'âge adulte au moment de la puberté<ref>Modèle:Lien web</ref>. La trilogie a pour thème central le passage de l'innocence de l'enfance à l'expérience de l'âge adulte, le triomphe de la connaissance sur l'ignorance<ref name="Paradise Lost and Found again p.12">Modèle:Harvsp.</ref>. L'auteur développe l'idée que l'enfant doit traverser une série d'épreuves pour atteindre la sagesse de l'adulte, le passage de l'innocence à l'expérience ne se faisant pas sans heurts, contrairement à ce que suggère C. S. Lewis dans Le Monde de Narnia<ref name="Sympathy for the Devil" /> (voir la section « Pullman et Lewis : l'antithèse »). Leur quête de maturité se déroule d'ailleurs sans le secours de leurs parents respectifs, qui sont chez la plupart des enfants des guides dans ce processus. Les parents de Lyra sont deux êtres à la fois bons et mauvais qui l'ont abandonnée à sa naissance pour se consacrer uniquement à leurs projets respectifs, alors que le père de Will a disparu, laissant sa mère dans une détresse l'ayant conduite à la psychose<ref name="Paradise Lost and Found again p. 27">Modèle:Harvsp</ref>.

Modèle:Citation bloc

Au cours de leur voyage, Lyra et Will vont découvrir tout ce qui détermine la vie des adultes, notamment le devoir, l'amour, l'autonomie, la sexualité et la mort. À l'origine, Pullman n'envisageait pas un changement de forme pour les dæmons, avant de décider qu'une différence symbolique ou métaphorique entre l'enfance et l'âge adulte était nécessaire : la forme définitive des dæmons en est le signe<ref name="Darkness Visible" />.

La trilogie évoque le refus par Lyra de l'autorité, et par conséquent sa quête d'indépendance<ref name="Heroes and Heroines" />,<ref name="Obedience, Disobedience, and Storytelling">Modèle:Harvsp.</ref> :

  • l'autorité parentale : lutte de Lyra à l'encontre de ses parents ;
  • l'autorité institutionnelle : lutte contre les institutions telles que le Magisterium ;
  • l'autorité morale : les actions ne doivent pas être gouvernées par une morale, ou une doctrine, imposée de l'extérieur.

Cette autorité est personnifiée par l'Autorité, l'Être absolu usurpateur des romans. Le combat de Will et Lyra contre Ses agents symbolise l'accession à l'autonomie qui advient avec le passage à l'âge adulte<ref name="Heroes and Heroines" />.

Pour Pullman, la perte de l’innocence de l'enfance est nécessaire pour pouvoir grandir<ref group="C">Citation originale : Modèle:Citation étrangère</ref>,<ref name="Paradise Lost intro Pullman" /> – une autre analogie avec l'histoire d'Adam et Ève, qui sont dans un état d'innocence avant de manger de fruit de l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal et une référence au poème de William Blake Modèle:Langue<ref name="Themes, Motifs, and Symbols" />. En grandissant, les enfants perdent leur innocence, ainsi que leur vision égocentrique de la vie : ils deviennent conscients de la place qu'ils occupent dans le monde et font la différence entre le Bien et le Mal, choisissant consciemment de faire l'un ou l'autre<ref name="The Golden Compass - Sparknotes" />.

Cela renvoie notamment à la pensée du psychanalyste et pédagogue américain Bruno Bettelheim pour qui l'idée de grandir nécessite d'opérer des choix selon le principe de réalité plutôt que selon le principe de plaisir, et de faire ainsi des choix raisonnables<ref name="The Uses of Enchantment">Modèle:Ouvrage</ref>. Dans les romans, l'ultime étape de la maturité est le choix qui s'impose à Will et Lyra à la fin de la trilogie : vivre ensemble le reste de leur vie ou rendre le monde meilleur et stopper la fuite de la Poussière (donc de la connaissance). Révélation douloureuse : ils réalisent qu'ils ne peuvent rester tous les deux dans le même monde et que, pour le bien commun, ils ne pourront plus jamais se voir, toutes les fenêtres entre les mondes devant être refermées pour arrêter la fuite de la Poussière et la propagation des Spectres<ref>Modèle:Harvsp</ref>. En tant que jeunes adultes, ils comprennent que l'avenir des mondes est entre leurs mains, et que leurs désirs respectifs doivent céder face à l'intérêt général<ref name="Heroes and Heroines" />.

L'innocence avait cependant un avantage pour Lyra : elle était capable, dans cet état immature et innocent, de lire l'aléthiomètre, ce dont elle n'est plus capable à la fin du Miroir d'ambre. Depuis les Royaumes du Nord, le déchiffrage de l'appareil, qui requiert de tous les protagonistes adultes un temps infini et une bibliothèque de livres de modes d'emploi, était pour elle aussi simple que Modèle:Citation. Elle devra désormais passer sa vie d'adulte à réapprendre à lire l'aléthiomètre : Modèle:Citation<ref name="Reading His Dark Materials">Modèle:Harvsp</ref>

Enfin, la trilogie évoque ce que Freud appelle l'Modèle:Citation et l'acceptation du fait d'être mortel qui devrait l'emporter sur elle. Pullman, dans sa représentation de la mort et de la vie après la mort, écrit Modèle:Citation. C'est là une critique directe de l'enseignement chrétien sur le Paradis et l'Enfer, et la croyance en une quelconque vie possible pour l'âme après la mort du corps<ref name="Harry Potter : Les raisons d'un succès">Modèle:Ouvrage</ref>.

Le combat de chacun des protagonistes qui luttent contre l'Autorité a également pour finalité la maturation des consciences – libérer l'humanité de sa dépendance envers Dieu – métaphore de l'indépendance acquise par les enfants vis-à-vis de leurs parents au moment de l'adolescence<ref name="Paradise Lost and Found again p. 29">Modèle:Harvsp</ref>.

Le Bien, le Mal et la Mort

La Mort
La Mort est représentée dans les romans comme une allégorie et une personnification.

L'ouvrage de Philip Pullman se veut anti-manichéen et brouille les différences entre le Bien (religieux et philosophique) et le Mal : le personnage le plus diabolique est capable de surprenants actes d'héroïsme<ref group="C">Citation originale : Modèle:Citation étrangère</ref>,<ref name="The Man Who Dared Make Religion the Villain" />. Milton a précédemment étudié avec Modèle:Lang (pamphlet distribué en 1644 au Parlement sur la liberté de la presse) la difficulté de séparer le Bien et le Mal, affirmant que pour atteindre maturité et sagesse, l'homme a besoin de cette dichotomie<ref name="Pullman's interpretation of Milton's Paradise Lost" />.

De plus, Pullman introduit des nuances par rapport à une différenciation tranchée entre l'« innocence de l'enfance » et la « sagesse de l'adulte ». Bien que la plupart des enfants soient dans les romans des personnages innocents qui sont embarqués dans l'histoire malgré eux (Lyra et Will, les enfants de Bolvangar, etc.), certains sont nettement catégorisés comme des personnages néfastes, tels les camarades d'école de Will qui se moquent de sa mère et de lui, ou les enfants de Cittàgazze, abandonnés à eux-mêmes et prêts à tuer<ref name="Paradise Lost and Found again p. 35">Modèle:Harvsp</ref>. De même, les adultes sont présentés comme êtres ni tout à fait corrompus ni tout à fait immaculés, en particulier les parents de Lyra, pour qui la fin justifie toujours les moyens : Lord Asriel, qui tue l'ami de Lyra pour ouvrir le pont entre les mondes ; Modèle:Mme qui enlève des enfants pour que le Magisterium pratique des expériences mutilantes sur eux. De même, les « bons personnages » comme Iorek, Lee Scoresby, les gitans sont des guerriers pour qui tuer est une nécessité ou un devoir, et Will lui-même est contraint de devenir un meurtrier pour sa survie<ref name="The Man Who Dared Make Religion the Villain" />.

Lorsque Lyra dupe le roi des ours Iofur Raknison, dont le vœu le plus cher est de devenir humain, alors que les ours ne peuvent habituellement pas être trompés, Pullman évoque les faiblesses humaines. Iofur, en se comportant comme un humain, en acquiert les vices et les défauts, et il est vaincu par le « vrai » roi des ours Iorek Byrnison, car bien que sa volonté de devenir un homme soit logique, elle le mène à sa perte. Cependant, pour l'auteur, ce sont les faiblesses de l'Homme qui en font la valeur : le Magisterium attribue les vices humains à la Chute d'Adam et Ève et considère le Péché originel comme une tragédie qui a condamné le monde. Pour Lord Asriel en revanche, le « Péché » a rendu les hommes intéressants, car sans lui tous les humains ressembleraient aux infirmières intercisées de Bolvangar, dont le dæmon (âme) a été séparé de leur corps : ennuyeux, fades, incurieux et complaisants<ref name="The Golden Compass - Sparknotes" />.

La mort est présente dans toute la trilogie et concerne chaque personnage, y compris les enfants. L'auteur aborde dans le dernier roman la croyance chrétienne en une vie après la mort, mais la modifie de fond en comble : d'après les évangiles, la vie éternelle est acquise à celui qui fait le bien et il ira au Paradis à l'heure du Jugement dernier, séparé des pécheurs non repentis qui iront en Enfer<ref group="N">Le Jugement dernier : ce sera l’heure où ceux qui gisent dans la tombe en sortiront à l’appel de la voix du Fils de l’Homme ; ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal pour la damnation. (Évangile selon Jean 5:28-29. Voir aussi : Modèle:Lien web.)</ref>. Dans la trilogie, la vision de la mort est bien plus sombre : chaque être conscient qui meurt passe dans le monde des morts, un monde souterrain où bons et pécheurs sont tous rassemblés dans une sorte de camp de concentration sans limites. De ce monde sont bannis couleurs et bons sentiments, tandis que les fantômes que les morts sont devenus de pâles figures sans substance de ce qu'ils furent et condamnés à être éternellement harcelés par des harpies qui leur rappellent sans cesse leurs mauvaises actions<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Loin de l'idée chrétienne de Paradis, le monde des morts ressemble plutôt aux Enfers de la mythologie grecque. Le voyage de Lyra dans le monde des morts afin de retrouver Roger fait songer à la descente aux Enfers de Dante, à la recherche de Béatrice Portinari, dans la Divine Comédie (Modèle:Lang)<ref name="Girls Who Save the World" />. De plus, le passeur qui emmène Lyra dans le monde des Morts – et lui en interdit l'accès avec Pantalaimon – ressemble à Charon, le nocher des Enfers<ref name="The Amber Spyglass - Sparknotes" />.

L'auteur personnifie La Mort dans Le Miroir d'ambre et la fait exister comme un être conscient et qui parle. Will et Lyra rencontrent des humains qui vivent en permanence avec « leur Mort » et qui leur expliquent le rôle qu'elle joue : Modèle:Citation

Le mensonge

Le mensonge est omniprésent dans chacun des romans. Il est caractéristique du personnage de Lyra. Parfois qualifiée d'arnaqueuse ou de tricheuse dans certaines analyses de la trilogie, la jeune fille se vante d'être Modèle:Citation. La première scène où elle apparaît correspond exactement à ces paroles : elle se retrouve dans un endroit où elle n'est pas censée être, réservé aux universitaires masculins, bafouant les traditions patriarcales et défiant le narcissisme masculin à l'honneur à Jordan College. Cependant, le penchant naturel de Lyra à mentir est contrebalancé par la découverte et l'utilisation de l'aléthiomètre, qui, en plus d'être un lecteur de vérité, la pousse au contraire et souvent à la sincérité, comme lors de sa première rencontre avec Mary Malone<ref name="Heroes and Heroines" />.

Le mensonge est presque toujours considéré par l’Église chrétienne comme inacceptable. Saint Augustin le dénonce catégoriquement dans Du mensonge<ref group="N">Modèle:Citation (Augustin d'Hippone, Du mensonge (395). Voir aussi : Modèle:Lien web.)</ref>, alors que plusieurs textes bibliques sont encore plus virulents : Modèle:Citation (Proverbes), Modèle:Citation (Psaumes) et Modèle:Citation (Apocalypse).

Le mensonge et la tricherie caractérisent aussi la mère de Lyra, Madame Coulter. Alors que Lyra s'en sert pour sauvegarder son autonomie, sa mère, elle, s'en sert par malice et intérêt personnel. Illustration classique de la femme fatale, elle ment, triche et manipule les gens qui l'entourent, principalement les hommes et les enfants. Lord Asriel la décrit ainsi : Modèle:Citation Est régulièrement évoqué le pouvoir de séduction qu'elle exerce sur les hommes (Lord Asriel, Lord Boreal, le roi Ogunwe, etc.) ainsi que sur les enfants (Lyra est d'abord éblouie par son charme, de même que les enfants qu'elle enlève, ainsi que Will, qui est attiré par son apparente figure maternelle couplée à une grande féminité)<ref name="Heroes and Heroines" />.

Dans le dernier roman, Lyra se fait sermonner par le Chevalier Tialys, qui l'accuse d'être une Modèle:Citation, et elle réalise alors qu'elle devient comme sa mère, monstrueuse de malhonnêteté. Or, tout au long de la trilogie, la fillette tente de trouver un équilibre entre la vérité et la tromperie, tromperie dont elle se sert pour se tirer de mauvais pas comme lors de sa fuite à Londres ou à Bolvangar. Mais les capacités de Lyra en matière de mensonge lui permettent aussi, notamment à Svalbard, de protéger son ami Iorek : elle parvient à tromper le roi usurpateur, et Iorek, reconnaissant, la surnomme « Lyra Parle d'Or » (Modèle:Langue en anglais, littéralement Modèle:Citation)<ref name="Heroes and Heroines" />.

Elle découvre enfin le pouvoir de la vérité dans le monde des Morts, lorsqu'elle est attaquée par les harpies, les premières créatures à mettre au jour sa tricherie, alors que, parallèlement, les fantômes qu'elle rencontre lui demandent de raconter le monde qu'ils ont perdu. La vérité prend alors tout son sens et Lyra va par la suite en comprendre les bienfaits, comme elle l'explique au maître de Jordan College à son retour à Oxford à la fin de la trilogie : Modèle:Citation<ref name="Heroes and Heroines" />.

La science(-fiction)

La science est largement mentionnée dans la trilogie et de nombreuses références sont faites tout au long des livres sur des personnages ou des expériences scientifiques<ref name="The Science Behind His Dark Materials">Modèle:Lien web</ref>,<ref name="Gribbin 2003">Modèle:Harvsp.</ref> : la théorie de Barnard et Stokes sur les mondes multiples<ref group="N">Conversation entre le Maître de Modèle:Langue et le Bibliothécaire : Modèle:Citation Modèle:Harv</ref> ; les particules de Rusakov (nom théorique de la Poussière dans le monde de Lyra, d'après leur découvreur Boris Mikhailovitch Rusakov) appartenant à la classe des particules élémentaires<ref name="Les Royaumes du Nord p. 332" /> ; l'intrication quantique selon laquelle Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref> ; la théorie des cordes selon laquelle il existe plus de trois dimensions spatiales ; etc<ref name="Gribbin 2003" />.

De plus, beaucoup de personnages (Lord Asriel, Madame Coulter, Lee Scoresby, John Parry, Mary Malone…) sont des explorateurs ou des scientifiques. La différence notable avec notre monde est que dans le monde de Lyra, ces chercheurs sont appelés « théologiens expérimentaux », ce qui dénote l'influence de la religion sur l'ensemble des découvertes scientifiques.

Aurore boréale
Une aurore boréale, qui permet dans la trilogie d’apercevoir d'autres mondes par la mince enveloppe qui les sépare.

Les aurores boréales sont aussi largement évoquées notamment dans le premier roman, auquel le titre anglais Modèle:Langue (« Les Lumières du Nord ») fait directement référence<ref name="The Science Behind His Dark Materials" />.

D'autre part, alors que Milton ne fait qu'évoquer, dans Le Paradis perdu, la possibilité des mondes multiples (Modèle:Citation, livre II ; Modèle:Citation, livre III)<ref name="The science of fiction" />,<ref group="N" name="PL Livre II" />, Pullman, lui, développe cette hypothèse et imagine un « univers » constitué d'une multitude de mondes parallèles<ref name="Pullman's interpretation of Milton's Paradise Lost" />. Dans le premier roman, Kaisa (le dæmon-oie de la sorcière) explique le concept des mondes multiples à Lyra :

Modèle:Citation bloc

Pullman cite également la physique quantique comme inspiration pour la création d'un univers aux mondes parallèles<ref name="The Art of Darkness (The Telegraph)" />,<ref>Modèle:Harvsp.</ref> : Modèle:Citation.

La Poussière (évoquée dans toute la trilogie) ou les Ombres (citées dans La Tour des anges), ainsi que les « Noirs matériaux » du titre, sont des références scientifiques à la matière noire (ou matière sombre), matière hypothétique encore non détectée et évoquée par les astrophysiciens dans l'estimation de la masse des galaxies<ref name="The science of fiction">Modèle:Lien web</ref>.

Enfin, Pullman est qualifié d'« auteur darwinien » par certains critiques, notamment par son attachement à la théorie de l’Évolution développé par le naturaliste britannique<ref name="Pullman does for atheism">Modèle:Lien web</ref>, personnifié dans les romans par Mary Malone<ref name="Darwin in Wonderland" />.

Analyse

Modèle:Encadré texte

Thèses théologiques

Satan Watching the Caresses of Adam and Eve de William Blake
Satan regardant les caresses d'Adam et Ève (1808), illustration du Paradis perdu par William Blake.

Le thème majeur de À la croisée des mondes étant la religion et son impact sur la vie des protagonistes, la « théologie de Pullman » a été étudiée dans de nombreux ouvrages, essais et articles qui ont tenté de la décrypter (voir « Bibliographie - Sources secondaires »).

Une vision critique des religions organisées

À la croisée des mondes donne de la religion et plus particulièrement des agents du Magisterium, décrits comme des fanatiques<ref name="What Would Jesus See?" />, une image très négative<ref name="Pullman’s Purpose">Modèle:Lien archive</ref>,<ref name="An attack against Christianity">Modèle:Lien web</ref>. Ils sont associés à la vilénie, l'oppression, la torture, le meurtre et la malveillance en général. Du coup, certains critiques comparent les serviteurs de l'Autorité à ceux de l'Inquisition, voire aux Modèle:Lang de Hitler sous le Troisième Reich<ref name="Sympathy for the Devil" />.

Après la publication de ses romans, Pullman s'est à de nombreuses reprises exprimé sur ses opinions religieuses : il se dit agnostique plutôt qu'athée et explique que Modèle:Citation. Il a voulu se différencier de l'auteur du Paradis perdu. Il s'inspire comme lui d'un récit de la Bible mais en inverse le sens : Modèle:Citation Se référant à la Bible, ses mythes comme ses métaphores (Adam et Ève, le Serpent, la Poussière), à des figures de la mystique juive (Metatron, les anges) et à la tradition judéo-chrétienne en général, Pullman livre sa propre interprétation, de la Genèse en particulier. Sa vision personnelle des origines de l'Homme (l'Évolution est évoquée dans l'histoire des Mulefas) entre en contradiction avec la vision chrétienne traditionnelle<ref name="Sympathy for the Devil">Modèle:Lien web</ref>,<ref name="I am of the Devil's party">Modèle:Lien web</ref>. L'auteur l'évoque plus ou moins directement, mais sa critique s'étend à toutes les religions organisées<ref name="Sympathy for the Devil" />,<ref name="A dark agenda?" />.

Modèle:Citation bloc

Dans une étude comparative consacrée à la littérature pour la jeunesse, un critique a pu dire que le mythe de la Chute a deux fonctions idéologiques principales. La première est de construire un paradigme de l'autorité, un paradigme de la relation hiérarchique entre les hommes et Dieu ; la seconde est de créer un paradigme du genre<ref group="C">Citation originale : Modèle:Citation étrangère</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. La trilogie opère une refonte tant de l'Autorité que d'Ève, et lie la chute de la première au relèvement de la seconde<ref name="Eve, Again" />. Pullman pose aussi, très directement, la question de l'existence – et donc de l'immortalité – de Dieu, citant George Eliot qui s'était déjà intéressé à ces problèmes philosophiques de même qu'à celui du devoir : Modèle:Citation<ref name="The Republic of Heaven" />.

En faisant de Dieu un vieillard fragile, pathétique et évanescent, l'auteur annonce la fin de la croyance en une déité omnipotente, omnisciente et immortelle<ref name="Unexpected Allies">Modèle:Harvsp</ref> :

Modèle:Citation bloc

Un auteur gnostique ?

En « réécrivant » la Genèse, Pullman se positionne en auteur gnostique : il remet en cause ce qui est considéré comme l'un des fondements du christianisme et, par extension, de la culture occidentale depuis des siècles<ref name="Eve, Again" />. Un journaliste du Modèle:Langue écrit que Modèle:Citation Le gnosticisme est un mouvement religieux dissident apparu au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, qui parle d'un Dieu mauvais qui tient emprisonnées les âmes divines des Hommes et d'un Dieu bon en qui certains cultes gnostiques honorent Jésus-Christ, le grand absent de la trilogie de Pullman<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il n'est dès lors pas étonnant que les romans de Pullman donnent des évènements du Jardin d'Éden une interprétation très différente<ref name="Eve, Again" /> de celle qu'en fait la Bible.

Le terme même de gnosticisme renvoie directement à des notions centrales dans ses romans, puisque le mot gnose, du grec Modèle:Lang / Modèle:Lang signifie la « connaissance »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, qui est représentée métaphoriquement par la Poussière. Dans les tout premiers siècles de l'histoire du christianisme, à l'époque où les canons hébraïques et chrétiens n'étaient pas encore fixés, ont été écrits un grand nombre de textes relatifs à la Création et la Chute, et aucun auteur, qu'il soit juif ou chrétien, n'y raconte la même chose<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le Livre d'Hénoch par exemple, d'où sont tirés certains éléments de la trilogie, écrit au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, n'est reconnu ni par le canon hébraïque ni par la plupart des Églises chrétiennes qui le considèrent comme apocryphe<ref name="Eve, Again" />. De plus, Ève personnifie le savoir dans la plupart des thèses gnostiques<ref group="N">Le nom d'Ève est dérivé de l'hébreu Modèle:Lang, Hawwāh (« La Mère de tous ») et de l'araméen Hawa (« instruire »).</ref> et est souvent associée au Serpent, considéré comme une créature sage par opposition au tyrannique Seigneur de la Création<ref name="Eve, Again" />.

Pullman conteste cependant cette lecture de son œuvre qui la rattache au courant gnostique : Modèle:Citation

Thèses humanistes

Pour Pullman, la valeur de l'Homme est grande : ce sont ses vices et ses faiblesses qui le rendent intéressant. La possibilité de pécher – et la capacité de ne pas le faire – est essentielle pour lui et nous distingue des zombies, des suiveurs sans libre arbitre représentés dans les romans par les serviteurs de l'Autorité<ref name="The Golden Compass - Sparknotes" />.

Remise en cause de l'obéissance

Dans une comparaison avec l'œuvre de C. S. Lewis à propos de l'autorité et l'obéissance, un critique écrit : Modèle:Citation. Mais, alors que Lewis insiste sur la nécessité de l'obéissance, Pullman affirme le contraire et célèbre la désobéissance et les nombreuses et nécessaires révolutions, à commencer par le simple acte de rébellion<ref name="Pullman does for atheism" />. L'obéissance, voire l'allégeance extrême requise dans certains ordres religieux, a défini pendant des siècles la société chrétienne, justifiant l'idée d'une hiérarchie des genres et la soumission des femmes. Au contraire, Pullman fait de sa Modèle:Citation non plus la mère du Péché en disgrâce, mais la libératrice. Et il la présente comme une héroïne<ref name="Heroes and Heroines" />.

L'autonomie, du grec Modèle:Lang / Modèle:Lang (« soi-même ») et Modèle:Lang / Modèle:Lang (« la loi »), est la capacité, pour un individu, de déterminer librement les règles auxquelles il se soumet : c'est l'obéissance à la loi dictée par la raison (le libre arbitre) et non la soumission aveugle aux règles (religieuses en l'occurrence) déjà établies. La raison est donc, pour Pullman, ce qui fait la différence entre le comportement d'un enfant et celui d'un adulte<ref name="Paradise Lost and Found again p.22">Modèle:Harvsp</ref> : il suggère l'idée que l'Église traite ses membres comme des enfants, étouffant leurs pulsions naturelles et les opprimant en leur imposant des règles strictes quant à ce qu'ils doivent ou ne doivent pas faire. Finalement, l’œuvre de Pullman parle d'une Révolution, de la nécessaire remise en question du pouvoir en place<ref name="Eve, Again" />.

Modèle:Citation bloc

La « République des Cieux »

Une autre différence majeure avec les romans de C. S. Lewis, c'est le bonheur terrestre qui est pour Pullman une évidence. Il pense que les hommes doivent construire leur propre Paradis sur la Terre : Modèle:Citation

Pullman propose de bâtir la République des Cieux, cet idéal philosophique humaniste évoqué dans le dernier roman, bien que l'idée de sa nécessaire construction soit sous-jacente à toute la trilogie : les hommes doivent bâtir leur bonheur sur Terre, Modèle:Citation, plutôt qu'attendre et espérer l'après-vie au Paradis comme le propose l’Église chrétienne<ref name="Paradise Lost and Found again p. 31">Modèle:Harvsp</ref>. Dans Le Miroir d'ambre, le fantôme de John Parry explique à Will et Lyra le projet de Lord Asriel : Modèle:Citation

À l'origine, le terme désigne un monde parallèle inhabité dans lequel Lord Asriel construit sa forteresse et rassemble son armée révolutionnaire pour la lancer contre le Royaume des Cieux. La République des Cieux se veut, comme son nom l'indique, une société républicaine libre, sans dieu ni roi, où chaque individu a la responsabilité de créer un mode de vie idéal pour lui-même et pour les autres, sans le contrôle et l'oppression de l’Église<ref name="The Republic of Children">Modèle:Lien web</ref>. Le terme est l'antonyme du Royaume des Cieux avec son idée de monarchie divine, largement critiquée par Pullman. L'expression « République des Cieux » a été inventée par Gerrard Winstanley, un réformiste protestant radical anglais du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, leader des Bêcheux pendant la Première révolution anglaise<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Pullman explique en quoi l'idée de Winstanley a influencé sa propre philosophie : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.

À travers sa trilogie, Pullman défend ainsi les idées propres, selon lui, à rendre le monde meilleur : égalité des genres (Lyra est le prophète), tolérance en matière d'orientation sexuelle (l'amour homosexuel des deux anges accompagnant Will), affirmation du sexe (les allusions sexuelles, notamment à la fin de la trilogie, pour expliquer que l'acte de chair n'est pas une « mauvaise chose »), célébration de la force de vie (les dæmons sont des symboles de la vitalité et de l'énergie), tolérance vis-à-vis des autres ethnies (l'élaboration des mondes multiples peuplés de créatures non-humaines), anti-impérialisme (les nombreuses menaces étrangères dans les différents mondes, en particulier l'impérialisme universel de l’Église<ref group="N" name="Magisterium" /> dont le but est le contrôle hégémonique de l'ensemble des mondes)<ref name="Religious Subversion" />.

Avec sa vision relativement tragique de la vie après la mort, proche des représentations des Enfers grecs, l'auteur fait perdre tout espoir de bonheur après la mort – du moins avant l'arrivée de Lyra, présentée comme un prophète qui libère les Morts et les aide à Modèle:Citation. Certains voient dans ce genre de développement narratif les influences de l'éducation chrétienne de Pullman, bien qu'il ait depuis pris position contre les principes de cette éducation : ainsi, Lyra serait une personnification de Jésus-Christ<ref name="Paradise Lost and Found again p. 37">Modèle:Harvsp</ref>. Objet de la prophétie des sorcières, elle joue un rôle de messie : elle est celle qui viendra libérer l'humanité d'un destin funeste. Il y a, dans les romans, des réminiscences d'attitudes de Jésus, en particulier la scène où Lyra raconte son séjour dans le monde des Morts, assise sous un arbre, tous les fantômes rassemblés autour d'elle et buvant ses paroles, après qu'elle se fut sacrifiée pour eux en abandonnant son dæmon bien-aimé<ref name="Tucker 2003">Modèle:Harvsp.</ref>. Lyra met ainsi fin au caractère éternel de la « vie après la mort » des fantômes (des « résidus » d'âme après la mort du corps) : avec l'aide de Will, elle les guide jusqu'à l'endroit où l'enveloppe du monde des Morts est la plus fine. Will découpe une grande fenêtre pour que les fantômes s'échappent et ils se désintègrent en milliers de particules de poussière (ou de Poussière) au moment où ils sortent à l'air libre. Pullman explique qu'il croit à la vie après la mort telle qu'il l'a décrite dans son livre (éphémère plutôt qu'éternelle, avant un retour de l'âme au niveau atomique pour faire partie de ce qui compose la nature) : Modèle:Citation

Prééminence de la raison

Enfin, l'auteur propose une solution au problème du dualisme qui oppose William Blake et John Milton : pour Blake, le désir est le principal moteur des activités humaines, comme il l'explique dans Le Mariage du Ciel et de l'Enfer ; pour Milton, c'est la raison. En faisant triompher la raison à la fin de la trilogie (Lyra et Will décident de vivre séparément pour le Bien commun, malgré leur désir mutuel), Pullman laisse entendre que, pour lui, les idées de Milton sont plus en adéquation avec la réalité de l'existence humaine. Pour permettre au monde d'exister le plus longtemps possible, la raison doit dépasser le désir : si le désir prend le contrôle, l'homme n'accomplira jamais quoi que ce soit<ref name="Pullman's interpretation of Milton's Paradise Lost" />.

Thèses féministes

À la croisée des mondes est souvent considéré comme un ouvrage féministe. Les romans et le personnage principal (Lyra) s'opposent nettement aux héros masculins traditionnels de la fantasy<ref name="Heroes and Heroines" />,<ref name="Girls Who Save the World" /> (voir la section « Développement des personnages »). Que Lyra joue un rôle central lors de la proclamation de la République des Cieux permet de repenser complètement la vocation de la femme dans un contexte religieux<ref name="Unexpected Allies" />.

C'est ce qui a amené les théologiens féministes à lui apporter leur soutien. Qu'il s'agisse de Dieu ou de l’Église, de l'interprétation de la Chute ou de l'espérance dans une vie après la mort, Pullman traite des réalités religieuses en féministe<ref name="Whose Dark Materials?">Modèle:Article</ref>. Les théologiens féministes Modèle:Citation. Ils analysent la place que tient la Femme dans les textes bibliques et de manière globale dans l'histoire de l'Église<ref name="Unexpected Allies" />.

Lewis, comme Milton, partage les préjugés judéo-chrétiens sur la place de la femme dans la Création. Pour eux, Ève est la seule à blâmer : elle n'est qu'un joli ornement du jardin d'Éden ayant conduit l'Humanité à sa perte et qui devrait être soumise et humble<ref name="Feminist Milton">Modèle:Harvsp</ref>, puisque issue du côté d'Adam, selon la Genèse : Modèle:Citation). La glose de Milton à ce propos est nettement misogyne<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ; en effet, Adam dit à Ève :

<poem>Modèle:Citation bloc </poem>

Modèle:Citation bloc

Pullman décide ici de se démarquer de son modèle et de présenter Ève comme le « véritable héros » de la Chute, parce qu'elle a non pas perdu mais sauvé l'Humanité en lui apportant la connaissance<ref name="The Lion and the Unicorn">Modèle:Harvsp.</ref>. Ce raisonnement, qui prend le contre-pied de la vision de Milton, voit en Ève et le Serpent les « porteurs » de sagesse<ref name="Alternative Theological Vision">Modèle:Harvsp</ref> : Modèle:Citation. L'universitaire Carole Scott suppose que Pullman, comme elle-même, pense que la misogynie de Milton l'a amené à mal comprendre son propre texte et à tout faire pour tromper son lecteur : Lyra est le « vrai héros » de À la croisée des mondes, et Will y joue un rôle important mais subordonné, de même qu'Ève est le « vrai héros » du Paradis perdu et Adam y a la même place que Will<ref group="C">Citation originale : Modèle:Citation étrangère</ref>,<ref name="A Challenge to Fantasies" />.

Certains considèrent cependant que le féminisme des romans n'est pas si prononcé, car, même si Lyra est l'héroïne principale, elle dépend de Will qui est plus mûr, meilleur combattant et meilleur leader en toutes occasions. Quant à Madame Coulter, même si c'est une femme puissante, elle tire la plus grande part de son attraction sexuelle<ref name="The Feminist Review">Modèle:Lien web</ref>.

Pullman et Lewis : l'antithèse

C. S. Lewis
Statue de C. S. Lewis.

Depuis le succès de la trilogie de Pullman de nombreuses études la comparent avec l'œuvre de C. S. Lewis. Elles ont souligné que les deux œuvres sont différentes, bien qu'appartenant au même genre (le roman de Modèle:Langue pour enfants). Ces recherches sur l'approche différente des deux auteurs au sein de ce même type de littérature pour la jeunesse ont été publiées dans plusieurs pays, en particulier aux États-Unis : Modèle:Citation, de N. Wood<ref name="Obedience, Disobedience, and Storytelling" /> et « À la croisée des mondes de Pullman : un challenge aux ouvrages de fantasy de J. R. R. Tolkien et C. S. Lewis », de B. Hatlen<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ; au Royaume-Uni : « Fantasy, moralité et idéologie » de L. M. Cuthew<ref>Modèle:Harvsp.</ref> et « Une exploration de l'usage de la narration biblique sur la Chute dans les séries pour enfants de C. S. Lewis et de Philip Pullman », de R. M. Fisher<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ; en Iran : « Changer la représentation de l'enfance dans la littérature jeunesse » de M. Serajiantehrani<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ; en Nouvelle-Zélande : « Ne rêve pas des autres mondes : C. S. Lewis, Philip Pullman et le fantôme de Milton », de U. S. Scherer<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ; en Thaïlande : « La comparaison entre Le Monde de Narnia de Lewis et À la croisée des mondes de Pullman », de J. Thongnoi<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ; etc. (voir la section « Bibliographie - Études comparatives »).

Le Monde de Narnia (Modèle:Langue), ouvrage en sept volumes publiés de 1950 à 1956 par C. S. Lewis, emprunte thèmes et personnages au Christianisme, à la mythologie grecque, turque et romaine, ainsi qu'à des contes traditionnels britanniques et irlandais<ref name="Obedience, Disobedience, and Storytelling" />. La série des Narnia est considérée comme un classique de la littérature pour la jeunesse et plusieurs volumes ont été adaptés au cinéma et à la télévision. Avant que Philip Pullman ne conteste cette série, plusieurs controverses sur le « sexisme » et le « racisme » dans les romans à destination des enfants avaient déjà vu le jour<ref>Modèle:Lien web</ref> – certaines organisations chrétiennes ont également accusé les livres de « paganisme<ref>Modèle:Lien web</ref> ». Depuis les années 1990, Pullman s'est joint à ces dénonciations en rédigeant entre autres une tribune dans Modèle:Langue intitulée « Le Côté obscur de Narnia » (1998) : il y écrit que Modèle:Citation Pour Pullman, Lewis trompe son lecteur en abusant du Modèle:Lang pour faire rebondir la narration. Il crée un monde artificiel emprunté aux mythes et aux traditions au lieu d'en imaginer un d'original, comme celui de Tolkien par exemple<ref name="Obedience, Disobedience, and Storytelling" />.

Une grande « bataille » se déroule depuis dans la presse et sur Internet entre partisans et adversaires de Narnia, chaque camp usant d'arguments d'autorité : les prises de position publiques d'universitaires ou de célébrités<ref name="Narnia toujours plus critiqué… et défendu">Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Comme pour À la croisée des mondes, il existe de nombreuses études sur sa portée philosophique et son influence sur la littérature pour enfants.

Lewis, fervent anglican, fait l'apologie du christianisme dans chacune de ses œuvres. « Pullman fait pour l'athéisme ce que C. S. Lewis a fait pour Dieu » titrait en 2002 Modèle:Langue<ref name="Pullman does for atheism"/>. Une journaliste du Modèle:Langue écrit que Modèle:Citation

Dans la littérature pour enfants, en partie du fait de son rôle didactique, le problème de l'obéissance est central. Il est traité en long et en large tant par Lewis que par Pullman de manière parfois paradoxale. L'obéissance peut être à la fois réponse instinctive et naturelle à un supérieur (personne ou ordre) et violation des choix individuels par la contrainte morale et/ou la force. L'obéissance est appréciée par les ordres religieux, maçonniques, monarchiques et militaires, mais aussi par les parents. Lewis est partisan de l'obéissance, alors que Pullman la remet en cause, mais tous les deux la voient comme un problème à résoudre par l'enfant qui grandit<ref name="Obedience, Disobedience, and Storytelling" />. L'existence de Dieu, le bonheur sur la terre ou au ciel, opposent les deux écrivains<ref name="Pullman does for atheism" />,<ref name="The Man Who Dared Make Religion the Villain" />. Pullman dénonce la violence présente dans Narnia (de grandes batailles s'y déroulent). Or, sa trilogie comporte aussi des scènes de torture, des meurtres et des batailles<ref name="Narnia toujours plus critiqué… et défendu" />.

C. S. Lewis et Philip Pullman s'inspirent tous les deux du poème de Milton, Le Paradis perdu, et l'analysent. Ils en donnent des interprétations opposées notamment à propos du « héros », Satan. Son éducation chrétienne pousse Lewis à écrire que Lucifer est le méchant tel que la Bible le définit<ref name="A Preface to Paradise Lost">Modèle:Ouvrage.</ref>, alors que Pullman cite le mot d'un vieil homme ayant reçu une éducation très simple à qui on lit le poème et qui s'exclame : Modèle:Citation<ref name="Paradise Lost intro Pullman" />.

Le Paradis perdu a donc influencé les deux auteurs. Ils relisent et ré-interprètent la Chute et c'est à partir d'elle chez eux qu'on remet le monde réel en cause. Ils ont en commun le genre littéraire qu'ils pratiquent, celui de la Modèle:Langue et certains de leurs héros : par exemple un être naïf qui se retrouve responsable de l'avenir du monde et dont la maturité ne va finalement se gagner qu'au cours d'une lutte physique et morale en vue d'élucider les ressorts du monde des adultes<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il y a des ressemblances entre les structures narratives de leurs récits : le début des romans (Lucy dans Narnia et Lyra dans À la croisée des mondes se cachent dans une armoire) ; la présence de personnages féminins à la fois attirants et repoussants (la Sorcière blanche et Madame Coulter) ; des bêtes intelligentes puissantes (Aslan et Iorek) ; des créatures mythologiques (les harpies, les sorcières, …) etc.<ref name="Obedience, Disobedience, and Storytelling" />.

Pullman et Milton : l'héritage

Tête de John Milton jeune, longue chevelure bouclée. Gravure.
Portrait de John Milton.

Plusieurs articles<ref name="The Legacy of Paradise Lost" /> et travaux universitaires<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref>Modèle:Harvsp</ref> ont analysé l'influence de Milton sur Pullman et les nombreuses similitudes entre leurs deux œuvres, considérant Pullman comme l'héritier de Milton<ref name="Pullman's interpretation of Milton's Paradise Lost" />.

Les thèmes communs

Les œuvres de Pullman et Milton sont centrées sur la tentation de transgresser un interdit : dans Le Paradis perdu (1667), Satan, sous la forme d'un serpent, tente Ève, et dans À la croisée des mondes, Mary Malone joue le rôle du serpent et tente Lyra. Milton et Pullman sont tous deux préoccupés par les questions d'autorité et de liberté, et le rapport à Dieu et à la religion dans ces deux notions. Dans les deux œuvres, un acte de désobéissance fait advenir une nouvelle « réalité » dans le monde (le péché dans Le Paradis perdu ; la Poussière dans À la croisée des mondes)<ref name="The Legacy of Paradise Lost" />.

Alors que chez Milton, le respect des principes chrétiens est la condition pour être libre, chez Pullman, Dieu est répressif et son influence néfaste. Le Dieu de Milton est un monarque, pas un tyran : il a une supériorité légitime sur ses subordonnés, et ne s'est pas injustement élevé au-dessus de ses semblables, comme le fait le Dieu de Pullman. Chez Milton, c'est Satan qui s'est auto-proclamé leader des anges déchus. L’œuvre de Milton ouvre le débat sur les « bienfaits » et les « méfaits » de Dieu, celle de Pullman rejette les termes d'un tel débat. Il affirme clairement dans l'introduction qu'à la différence de Milton, dont Blake a dit qu'il était un poète se mettant du côté du Diable sans le savoir, Modèle:Citation<ref name="The Legacy of Paradise Lost" />.

Milton et Pullman se focalisent également sur la connaissance et l'ignorance, sur la façon dont elles sont utilisées pour maintenir l'autorité. Le Dieu de Pullman est soucieux de maintenir son pouvoir en empêchant les hommes d'acquérir la connaissance. Dans Le Paradis perdu, c'est Satan qui avance cet argument, suggérant que Dieu a peut-être empêché l'homme de goûter au fruit de l'arbre de la connaissance dans le seul but de le maintenir dans l'ignorance. Satan essaie de présenter Dieu comme un être répressif intellectuellement, en disant à Ève :

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<poem> Modèle:Citation bloc </poem>

Pullman reprend les arguments de Satan mais les développe dans une nouvelle mise en scène<ref name="The Legacy of Paradise Lost" />.

Un autre point commun est leur fascination pour la possible existence de mondes multiples. Le Paradis perdu évoque le voyage de Satan vers la Terre, à travers le Chaos<ref group="N" name="PL Livre II">Voir le passage cité dans la section « Choix des titres » : Livre II, lignes 910 à 920.</ref> : Milton a un point de vue unique sur l'origine du monde. Comme le rappelle une analyse récente, il existait auparavant trois théories pour expliquer la façon dont Dieu a créé le monde<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> : 1. le chaos existait déjà et Dieu a pris les (noirs) matériaux existants pour créer le monde ; 2. Dieu a créé le monde à partir du néant ; 3. Dieu a créé le monde à partir de lui-même. Milton les rassemble, expliquant que Dieu a d'abord créé le chaos à partir de lui-même, puis qu'Il a séparé une partie du chaos pour former l'univers et a ensuite créé le monde sur cette partie venue du chaos, qui existerait toujours quelque part<ref group="N">Voir le passage cité dans la section « Choix des titres » : Livre VII, lignes 224 à 232.</ref>. Ainsi, il semble raisonnable de penser que si Dieu l'avait voulu, il aurait créé de nombreux mondes à partir de ce qui restait du chaos<ref name="Pullman's interpretation of Milton's Paradise Lost" />. L'idée des mondes multiples que Milton se contente d'effleurer, Pullman la développe et en fait un thème central de son œuvre<ref name="The Legacy of Paradise Lost" />. D'une manière générale, Le Paradis perdu tente de Modèle:Citation, alors que Pullman, à l'inverse de la doctrine chrétienne, ne croit pas que Dieu a créé le monde Modèle:Lang, car pour lui, personne (même Dieu) ne peut créer quelque chose à partir de rien<ref name="Pullman does for atheism 2">Modèle:Lien web</ref>.

Enfin, leurs anges se ressemblent : tous deux mettent l'accent sur leur existence physique. Raphaël partage un repas avec Adam dans le livre V du Paradis perdu, Balthamos goûte à un gâteau à la menthe offert par Will dans Le Miroir d'ambre ; la conversation avec Raphaël sous-entend qu'il existerait un continuum entre les hommes et les anges, tandis que Baruch révèle qu'il a un jour été un homme. En raison de la description ambiguë de l'« amour angélique » par Raphaël, les anges de Milton ont été accusés d'homosexualité (thèse largement réfutée dans les travaux de C. S. Lewis), mais Pullman y va carrément en décrivant l'union fusionnelle et l'amour passionné qui lie Balthamos et Baruch<ref name="The Legacy of Paradise Lost" />. D'autre part, les anges rebelles, comme Balthamos et Baruch<ref group="N">Le personnage de Baruch (« béni » en hébreu) vient aussi de la tradition judéo-chrétienne et renvoie à Baruch ben Neria, disciple du prophète Jérémie.</ref> ou Xaphania, ne sont pas une invention de Pullman, puisqu'ils sont évoqués par Milton dans Le Paradis perdu, comme Satan (Lucifer) lui-même.

Les divergences

Malgré ces nombreux points communs, ces deux auteurs divergent sur d'autres, tout aussi nombreux. Par exemple, Pullman réinterprète l'histoire d'Adam et Ève que raconte Milton et en inverse le sens : les nouveaux Adam et Ève, Will et Lyra, loin d'être des bannis, font renaître l'espoir : il débouche sur un avenir plein de promesses où l'Homme doit créer son propre Paradis sur terre (la République des Cieux). Pullman se rapproche plutôt du Paradis retrouvé (Modèle:Langue), l'autre poème de John Milton, écrit en 1671, qui traite de la tentation du Christ<ref name="Pullman's interpretation of Milton's Paradise Lost" />.

Le personnage de Satan, le « héros » de Milton, est très présent dans l’œuvre de Pullman, mais à travers plusieurs personnages : Lord Asriel, Madame Coulter et Mary Malone. Asriel ressemble à Satan dans sa guerre contre Dieu ; Modèle:Mme lui ressemble par le fait qu'elle drogue Lyra, lui permettant de rêver, comme Satan le fait pour Ève ; Mary prend la place du Serpent mais rappelle aussi le Satan de Milton qui tente Ève/Lyra (voir la section « Développement des personnages »). S'il a été difficile pour les lecteurs contemporains du Paradis perdu de considérer Satan comme le héros, les personnages (surtout Asriel et Coulter) de Pullman sont, eux aussi, ambivalents et il est difficile de les faire sortir de cette ambiguïté en raison du fait qu'ils alternent actions diaboliques et héroïques<ref name="Pullman's interpretation of Milton's Paradise Lost" />.

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Accueil critique et public

Philip Pullman en 2005
Philip Pullman en 2005.

Modèle:Citation bloc

Devenue un classique de la littérature de jeunesse<ref name="Garrahy" />, parfois qualifiée de Modèle:Citation<ref name="The Good Man Jesus" /> allégorique<ref name="More Dark Materials">Modèle:Lien web</ref>, la trilogie de Pullman a bouleversé les rapports entre la littérature pour la jeunesse et celle pour adultes<ref name="Oxford’s Rebel Angel" />,<ref name="What Makes a Classic?">Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. Au moment de sa sortie, la trilogie est comparée au livre de Madeleine L'Engle, Un raccourci dans le temps (Modèle:Langue, 1962), au roman Le Royaume de la rivière (Modèle:Langue, 1977) de Katherine Paterson, ou à la série de Diane Duane des Jeunes Sorciers (Modèle:Langue, 1983-2010), mais aussi, à cause des univers de Modèle:Langue créés dans les deux séries, aux sept tomes du Monde de Narnia (1950-1956)<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name="Far From Narnia">Modèle:Lien web</ref> (voir la section « Pullman et Lewis : l'antithèse »).

À la croisée des mondes est aussi associée à la série des romans de Harry Potter, parue à peu près à la même époque (entre 1997 et 2007, soit légèrement après Les Royaumes du Nord), et qui relève du même genre (la Modèle:Langue<ref group="N">La différence tient au sous-genre des deux séries : À la croisée des mondes appartient à la Modèle:Langue (qui se déroule exclusivement dans un monde imaginaire, ici en l'occurrence plusieurs mondes), et Harry Potter à la Modèle:Langue (un monde imaginaire communique avec notre monde).</ref>). Les thèmes abordés sont vaguement similaires. Les romans présentent deux enfants, un orphelin (Harry) et une fille abandonnée (Lyra), qui vivent une série d'aventures épiques mettant leur vie en jeu, ainsi que l'avenir du monde libre, tout en gagnant par leurs actes la maturité suffisante pour passer de l'enfance à l'âge adulte et évoluer vers la sagesse. Tous deux sont embarqués dans l'histoire contre leur gré et font face à des forces bien plus puissantes qu'ils ne seraient normalement en mesure de contrer. Ils sont également aidés et conseillés par des sages ou des forces supérieures (Dumbledore pour Harry Potter ou l'aléthiomètre pour Lyra Belacqua) et jouissent de pouvoirs, certes moins puissants que ceux de leurs adversaires, mais aussi plus profonds (pour Harry, ses talents de sorcier et l'amour de sa mère qui le protège des sortilèges de Voldemort ; pour Lyra, l'aptitude à mentir et son don pour lire l'aléthiomètre)<ref name="Girls Who Save the World" />. Enfin, le groupe que forment le héros et ses compagnons se fonde sur le même schéma : le trio Harry-Ron-Hermione et l'association entre Lyra-Pantalaimon et Will. Les deux séries ont bénéficié d'un formidable accueil (plus important encore pour Harry Potter) et dû toutes deux faire face à des critiques, notamment de la part de fondamentalistes religieux<ref name="The shed where God died">Modèle:Lien web</ref> (voir la section « Controverses »).

Modèle:Citation bloc

Philip Pullman, parfois surnommé « le J. K. Rowling masculin<ref name="The shed where God died" /> », est, depuis, considéré comme un auteur incontournable de la Modèle:Langue. On le compare à J. R. R. Tolkien ou C. S. Lewis<ref name="What Would Jesus See?" />,<ref name="Oxford’s Rebel Angel" /> (tous deux membres des Modèle:Langue) ainsi qu'à Lewis Carroll, l'auteur d’Alice au pays des merveilles. Cependant, alors que ces auteurs, situés entre les {{#switch: e

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}}, étaient tous les trois de confession chrétienne et professeurs à Oxford (capitale du roi [[Charles Ier (roi d'Angleterre)|Modèle:Nobr]] en exil pendant la Première révolution anglaise), Pullman, bien qu'enseignant également à Oxford<ref name="Oxford’s Rebel Angel" />, n'est pas croyant et est républicain (il veut abolir la monarchie). On le compare également à des auteurs classiques tels que Milton, Tolstoï, Blake, Tchekhov ou Dickens<ref name="The shed where God died" />,<ref name="I am of the Devil's party" />.

Pour beaucoup de critiques, les dæmons sont la plus belle trouvaille de Pullman<ref name="Oxford’s Rebel Angel" />,<ref name="More Dark Materials" /> : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>, et de nombreux lecteurs, adultes et enfants, ont exprimé le désir d'en avoir un<ref name="Darkness Visible"/>, tandis que des sites internet proposent de deviner la forme de votre dæmon après que vous aurez fourni des réponses à des questions sur votre personnalité<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Un critique américain proche des mouvements chrétiens libéraux écrit que Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>. Un journaliste britannique ajoute que son sens du détail, semblable à celui qui, chez Lewis ou Tolkien, recrée la mythique vieille Angleterre, permet à Pullman de Modèle:Citation.

La trilogie s'est vendue à plus de Modèle:Nombre dans le monde<ref name="What Would Jesus See?" />,<ref name="The Art of Darkness (Intelligent Life Magazine)" /> et elle est arrivée en troisième position au concours Modèle:Langue de la Modèle:Langue (un sondage national classant les livres préférés des participants), après Le Seigneur des anneaux et Orgueil et Préjugés<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Distinctions

Le premier tome, Les Royaumes du Nord, a remporté la Modèle:Langue pour une fiction pour enfants au Royaume-Uni en 1995<ref>Modèle:Lien web</ref>. En 2007, le jury de la Modèle:Langue pour la littérature de jeunesse a sélectionné le premier volume comme étant l'un des dix plus importants romans anglophones pour enfants des soixante-dix dernières années, et en juin de la même année, le public l'a désigné numéro un avec plus de 40 % des voix, lui décernant la « Carnegie des Carnegies »<ref>Modèle:Lien web</ref>. Les Royaumes du Nord est cité par l'hebdomadaire britannique Modèle:Langue comme l'un des cent meilleurs romans jamais écrits (à la Modèle:98e)<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Le Miroir d'ambre a remporté en 2001 le Prix Whitbread du livre de l'année, une récompense britannique prestigieuse en littérature, décernée pour la première fois à un livre de la catégorie « littérature pour enfants »<ref>Modèle:Lien web</ref>, et la trilogie en entier a été distinguée par le Prix de la fiction pour enfant décerné par le quotidien britannique Modèle:Langue<ref name="PP About" />.

En 2002, Philip Pullman reçoit le Prix Eleanor Farjeon récompensant les meilleurs auteurs de littérature pour la jeunesse<ref>Modèle:Lien web</ref>. En 2005, il remporte le Prix commémoratif Astrid-Lindgren, dans la catégorie littérature de jeunesse (Modèle:Lang avec l'illustrateur japonais Ryōji Arai), décernée par le gouvernement suédois, ainsi que la somme de cinq millions de couronnes suédoises (Modèle:Unité, soit environ Modèle:Unité)<ref>Modèle:Lien web</ref>, et il est ensuite invité à la Modèle:Langue de Londres, où il est félicité « au nom du gouvernement de Sa Majesté » par la Secrétaire d’État à la Culture, Tessa Jowell<ref>Modèle:Lien web</ref>. En 2011, Philip Pullman est nommé au Modèle:Langue, l'un des plus importants prix littéraires en langue anglaise pour l'ensemble de son œuvre, À la croisée des mondes étant son travail le plus important et le plus connu<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Controverses

Un ouvrage antireligieux ?

La trilogie a fait l'objet de nombreuses controverses, en particulier de la part de certaines organisations chrétiennes qui lui reprochent son contenu antireligieux<ref>Modèle:Lien archive</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web</ref>.

La majorité des critiques, plus ou moins virulentes, viennent d'organisations catholiques : Pullman répond que ses arguments peuvent s'appliquer à toutes les religions institutionnelles<ref name="Lenz Scott Intro">Modèle:Harvsp</ref> et à toute forme de totalitarisme en général<ref name="A dark agenda?">Modèle:Lien web</ref>,<ref name="Heat and Dust" /> : il explique que pour lui, les religions (monothéistes) sont les cas particuliers de la tendance naturelle des hommes à vouloir faire prévaloir une doctrine sur une autre, quelle qu'elle soit (le marxisme, le christianisme, le nazisme, l'islam, etc.), en disant Modèle:Citation<ref name="Heat and Dust" />. Il ajoute qu'il a cru en Dieu jusqu'à son adolescence (son grand-père était pasteur de l'Église d'Angleterre dans le comté de Norfolk), puis a commencé à se poser des questions sur son existence : Modèle:Citation Lorsqu'il est accusé de Modèle:Citation, il répond sardoniquement que Modèle:Citation<ref name="The devil in Philip Pullman">Modèle:Lien web</ref>.

Il dément cependant avoir écrit un ouvrage antireligieux. Il explique que lorsque l'un de ses personnages critique le Magisterium<ref group="N" name="Magisterium" />, comme Mary Malone (une ancienne nonne qui a perdu la foi) qui affirme que Modèle:Citation, ce n'est pas nécessairement son idée à lui : Modèle:Citation<ref name="A dark agenda?" /> (il dit cependant le contraire dans une autre interview<ref name="Heat and Dust" />). Son approche des questions de spiritualité se situe entre le gnosticisme et l'athéisme, et certains croyants y voient du nihilisme<ref name="Heat and Dust" />.

L'antithéisme de Pullman, parfois qualifié de « misothéisme » (du grec Modèle:Lang / Modèle:Lang, « haine » et Modèle:Lang / Modèle:Lang, « Dieu »), rappelle d'autres ouvrages subversifs tels que Le Dieu de Milton (Modèle:Langue, 1965) de William Empson<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, La Nuit de l'iguane (Modèle:Langue, 1961) de Tennessee Williams<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, Le Procès de Dieu (Modèle:Langue, 1979) d'Elie Wiesel<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, etc<ref name="Religious Subversion">Modèle:Harvsp</ref>.

Certains catholiques interprètent les intentions de l'auteur en écrivant par exemple que Modèle:Citation, alors que le président de la Modèle:Langue américaine traite la trilogie d'Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref> appelant au boycott du film<ref name="Catholic League Boycott">Modèle:Lien web</ref>. Cette controverse a conduit au Canada un conseil d'administration scolaire à retirer les livres de la bibliothèque de l'école<ref name="The devil in Philip Pullman" />.

Une polémique a vu le jour en 2002 à la suite d'un article publié dans The Catholic Herald, une revue catholique, qui aurait qualifié les livres de Pullman de Modèle:Citation, et Modèle:Citation<ref name="Oxford’s Rebel Angel" />,<ref name="A dark agenda?" />. Il s'avère que c'était une plaisanterie de la journaliste qui se demandait si, à la veille de la Modèle:Langue<ref group="N">Le 5 novembre, on célèbre par des feux de joie, dans tout le Royaume-Uni et certains pays issus de l'Empire britannique, l'échec de la conspiration des Poudres, tentative de faire sauter le Parlement le 5 novembre 1605, au cours de la cérémonie d'ouverture par le roi Jacques Ier, et l'arrestation de Guy Fawkes.</ref>, les fondamentalistes n'avaient pas mieux à faire que brûler des livres tels que À la croisée des mondes ou Harry Potter<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Modèle:Citation bloc

Pullman a obtenu malgré tout le soutien de chrétiens plus libéraux, notamment Rowan Williams, l'archevêque de Cantorbéry (le chef spirituel de l'Église anglicane), qui réplique aux attaques des fondamentalistes que les critiques de Pullman sont centrées sur les dangers du dogmatisme et de l'usage de la religion en tant que moyen d'oppression, pas sur le christianisme lui-même<ref>Modèle:Lien web</ref>. Williams a également recommandé À la croisée des mondes afin qu'elle puisse nourrir les discussions dans le cadre des cours de religion. Il s'est félicité du nombre de groupes scolaires qui ont assisté aux représentations théâtrales au Modèle:Langue<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Plusieurs membres de la droite conservatrice et de groupes religieux voient dans l'œuvre de Pullman un texte « semi-satanique » qui sape la chrétienté<ref>Modèle:Lien web</ref>. En 2002 un journaliste britannique du Modèle:Langue va jusqu'à écrire, que Philip Pullman est « L'auteur le plus dangereux de Grande-Bretagne » après qu'il a remporté le Modèle:Langue, trouvant étrange qu'un écrivain qui clame que Dieu est mort et que l'Église est fanatique remporte un prix littéraire prestigieux<ref name="This is the most dangerous author in Britain">Modèle:Lien web</ref>. D'autres critiques qualifient l'auteur d'« antéchrist », d'« athée militant », voire d'« hérétique » à mettre dans le même panier que Blake ou Milton<ref name="The devil in Philip Pullman" />. À l'opposé, de nombreux critiques et journalistes l'ont qualifié d'auteur « audacieux ». De nombreux articles soutiennent la même thèse : « Le Parti du Diable »<ref name="I am of the Devil's party" />, « L'Art de la noirceur »<ref name="The Art of Darkness (The Telegraph)" />,<ref name="The Art of Darkness (Intelligent Life Magazine)" />, « L'Homme qui ose faire de la religion le méchant de l'histoire »<ref name="The Man Who Dared Make Religion the Villain" />, « Une attaque contre le christianisme ou une confirmation de la valeur humaine ? »<ref name="An attack against Christianity" />, « Sympathie pour le Diable »<ref name="Sympathy for the Devil" />, « L'Ange rebelle d'Oxford »<ref name="Oxford’s Rebel Angel" />, et certains critiques qualifient d'Modèle:Citation sa réécriture de la Chute<ref name="Oxford’s Rebel Angel" />.

Le film adapté du premier livre en 2007 a supprimé la plupart des allusions anti-religieuses présentes dans le roman (bien qu'elles soient encore plus nombreuses dans les tomes suivants). Ne conservant que l'intrigue centrale, le film est allé dans le même sens que des organisations comme l'Modèle:Langue<ref name="What Would Jesus See?" />,<ref>Modèle:Lien web</ref>. La comparant à la polémique qui a touché Nabokov à propos de son roman controversé Lolita, un journaliste du Modèle:Langue écrit que Modèle:Citation, et il ajoute que les cinéphiles n'auront jamais aucune idée du débat que propose le livre : « Est-ce que Dieu est mauvais ? » qu'ils soient pour ou contre<ref name="What Would Jesus See?" />.

Un livre pour enfants ?

La trilogie est publiée à la fois dans une collection pour enfants et pour adultes<ref>Modèle:Lien web</ref>. Les différents niveaux de lecture en font un livre accessible à tous, bien que les thèmes abordés, comme la religion, la mort, la sexualité, etc. ont parfois donné lieu à des critiques sur son caractère « tous publics ». D'ailleurs, certains passages du dernier tome, où il est question de sexualité, ont été censurés dans l'édition américaine<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name="What Would Jesus See?">Modèle:Lien web</ref>,<ref name="Lexicon" />.

Néanmoins, les références religieuses (la Bible ou l'histoire de la chrétienté) et littéraires (en particulier le Paradis perdu de Milton, mais aussi les citations mises en exergue au début de chaque chapitre du troisième tome, tirées d'œuvres et de poèmes d'auteurs tels que William Blake, Emily Dickinson, Lord Byron, etc.) sont presque exclusivement destinées aux adultes. La trilogie de Modèle:Langue pose des questions complexes et reste en permanence entre le mystère et le sérieux, le fantastique et la réalité, et s'adresse aux enfants et aux adultes<ref name="Girls Who Save the World" /> : Pullman, comme Milton avant lui, possède l'autorité d'un écrivain lui permettant de réécrire l'un des récits les plus forts sur l'origine de l'Homme, avec un « réalisme extrême », permettant au lecteur de se familiariser avec une critique philosophique profonde de la mythologie des Origines et de l'Évolution, de l'emprise intellectuelle de l'Église et de la vie après la mort<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Modèle:Citation bloc

À la croisée des mondes est l'une des premières œuvres de la littérature pour la jeunesse à avoir été éditée en grand format plutôt que directement en livre de poche dans une édition jeunesse (dans la collection Folio Junior de Gallimard). Ce précédent dans l'édition Modèle:Langue (« jeunes adultes ») a ouvert la brèche pour un grand nombre de sagas littéraires, telles que Harry Potter, Modèle:Langue (2005-2008) ou Modèle:Langue (2008-2010). La création de la classe d'âge « jeunes adultes » correspond à l'habitude prise par des lecteurs adultes d'aller piocher dans la littérature pour enfants ou adolescents, et inversement, habitude dont les éditeurs ont tiré les conséquences depuis le début des années 2000<ref>Modèle:Lien web</ref>.

La question de la mort (et plus généralement de la noirceur) dans les livres pour enfants est largement abordée dans les publications récentes, comme Harry Potter, The Hunger Games, L'Étrange Vie de Nobody Owens (Modèle:Langue, 2008) ou La Voleuse de livres (Modèle:Langue, 2005). Auparavant, des romans comme Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (Modèle:Langue, 1865) ou Peter Pan (1911) illustraient un univers fantastique où le jeune héros ne grandit pas et où le méchant est aisément identifiable selon les critères traditionnels : un « monstre » fabuleux avec une touche d'absurde (voir le Capitaine Crochet et la Dame de cœur par exemple). Ces romans se situent sur une limite ténue entre horreur et excentricité, proche du conte. Plusieurs auteurs de littérature pour la jeunesse contemporains ont cependant franchi cette limite du côté sombre, proposant à leur lecteur un monde sauvage et cruel (la barbarie des Hunger Games surpassant tous les romans évoqués ici, avec des adolescents qui s'entretuent pour un jeu télévisé<ref name="No More Adventures in Wonderland">Modèle:Lien web</ref>) dont la noirceur est rarement atténuée par un effet comique (l'un des rares exemples est La Voleuse de livres, où le narrateur n'est autre que la Mort et où l'humour noir est très présent<ref>Modèle:Lien web</ref>). Ainsi, la différence entre littérature pour la jeunesse et littérature pour adultes, de par ses thèmes, est de moins en moins claire, et Pullman explique qu' Modèle:Citation<ref name="No More Adventures in Wonderland" />,<ref group="N">Modèle:Langue consacre en 2011 un dossier entier à la noirceur qui envahit la littérature pour la jeunesse (ou pour les jeunes adultes), et À la croisée des mondes y est largement abordé. Voir Modèle:Lien web</ref>.

Adaptations

À la radio

À la croisée des mondes a été adaptée en feuilleton-radio sur la radio britannique BBC Radio 4, avec Terence Stamp pour la voix de Lord Asriel, Lulu Popplewell pour Lyra et Daniel Anthony pour Will<ref name="BBC Radio 4 Characters">Modèle:Lien web</ref>. Cette version radio a été diffusée en 2003, et publiée (en anglais) en CD et cassettes<ref>Modèle:Lien web</ref>. La version de BBC Radio 4 a été reprise sur BBC Radio 7 en 2008 et 2009. Chaque épisode dure plus de 2h30, pour un total de 7h30 d'enregistrement sur 6 CD.

Une autre version audio, non-abrégée, a été enregistrée et éditée en CD. Pullman est le narrateur et les interprètes reprennent leurs rôles respectifs : une durée totale de plus de 30 heures sur plus de 15 CD<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Au théâtre

Nicholas Hytner a adapté les livres au théâtre (une pièce de 6 heures en deux parties écrites par Nicholas Wright) pour le Modèle:Langue (Oliver Theatre) de Londres, jouée de décembre 2003 à mars 2004<ref>Modèle:Lien web</ref>. Anna Maxwell Martin y interprète le rôle de Lyra, Dominic Cooper celui de Will, Timothy Dalton celui de Lord Asriel, et Madame Coulter est jouée par Patricia Hodge<ref>Modèle:Lien web</ref>. Les dæmons-marionnettes avaient été conçus par Michael Curry<ref>Modèle:Lien web</ref>. La pièce rencontra un énorme succès et fut rejouée (avec un casting différent) de novembre 2004 à avril 2005<ref>Modèle:Lien web</ref>. La pièce a remporté deux Laurence Olivier Awards des meilleurs décors et des meilleurs effets lumineux en 2005<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Le Modèle:Langue a créé en 2009 une nouvelle adaptation théâtrale de la trilogie avec le Modèle:Langue<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Au cinéma

Modèle:Article détaillé

Dakota Blue Richards
Dakota Blue Richards, interprète de Lyra dans le film de Chris Weitz (2007).

Une adaptation cinématographique du premier tome, intitulée À la croisée des mondes : La Boussole d'or (Modèle:Langue), est produite par Modèle:Langue et réalisée par Chris Weitz<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name="God is cut from film of Dark Materials">Modèle:Lien web</ref> en 2007.

Fin juin 2006, Modèle:Langue a annoncé que ce serait une inconnue, Dakota Blue Richards, qui incarnerait Lyra à l'écran ; la jeune fille a été repérée à Cambridge lors d'un casting à travers le Royaume-Uni au mois de mars<ref>Modèle:Lien web</ref>. Le reste de la distribution comprend Nicole Kidman dans le rôle de Marisa Coulter, Daniel Craig dans celui de Lord Asriel et Eva Green dans celui de Serafina Pekkala, ainsi que Ian McKellen et Sam Elliott<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Pullman, qui avait initialement décidé de ne pas s'investir dans le projet d'adaptation cinématographique, a cependant demandé aux producteurs de Modèle:Citation. Il a également écrit certaines scènes et conseillé l'équipe du film. Ses dernières déclarations sur le projet y sont favorables, évoquent un script Modèle:Citation et une distribution de très haute qualité<ref name="Pullman The Golden Compass">Modèle:Lien web</ref>.

Beaucoup de critiques (des fans des livres, des critiques littéraires et cinématographiques, des associations anti-censure et la National Secular Society) ont cependant dénoncé un « écrémage » des idées antireligieuses dans la production (certains parlent même de « castration »<ref>Modèle:Lien web</ref>). New Line a répondu qu'il s'agissait d'une super-production qui s'adresse principalement aux enfants et qu'elle est classée « film familial ». L'histoire prend la forme d'un conte naïf pour enfants, aux effets spéciaux spectaculaires, et supprime la plupart des allusions du roman à une Église toute-puissante et néfaste<ref>Modèle:Lien web</ref>. Une journaliste écrit dans un article intitulé « Comment Hollywood a sauvé Dieu » qu' Modèle:Citation

Un apologète américain signale, dans un article intitulé « Les parents ne doivent pas avoir peur de La Boussole d'or », que les enfants qui vont voir le film vont probablement être tentés de lire les romans, Modèle:Citation, et il résume la trilogie en disant que c'est l'histoire d'une fillette déterminée à tuer Dieu, présenté comme menteur et mortel, afin de libérer le monde de Sa tyrannie<ref>Modèle:Lien web</ref>. Des organisations chrétiennes ont d'ailleurs dénoncé certaines allusions au christianisme dans le film et fait remarquer que le Magisterium faisait clairement référence à l’Église catholique romaine ; selon elles, le film est parsemé de termes religieux tels que « oblation » et « hérésie »<ref>Modèle:Lien web</ref>. D'autres ont appelé au boycott du film, non pour son contenu, mais pour celui du matériau d'origine<ref name="Catholic League Boycott" />.

Le film n'ayant pas eu le succès escompté, Modèle:Langue a rapidement annoncé que l'adaptation des deux tomes suivants était compromise<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Pullman écrit sur son site personnel que les chances de voir une suite produite par New Line sont quasi nulles<ref name="Pullman The Golden Compass" />.

En jeu vidéo

Un jeu vidéo d'action-aventure a également vu le jour en 2008, adapté du film et édité par Sega sur les plateformes PC, PlayStation 2, PlayStation 3, PSP, Xbox 360, Wii et Nintendo DS<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En bande dessinée

Le 11 septembre 2014 débute l'adaptation en bande dessinée de la trilogie À la croisée des mondes. Le scénario est écrit par Stéphane Melchior et dessiné par Clément Oubrerie.

En série télévisée

Modèle:Article détaillé

Fichier:Dafne Keen Press Conference Logan Berlinale 2017 02.jpg
Dafne Keen, interprète de Lyra dans la série télévisée (2019).

Une adaptation télévisuelle est diffusée à partir de 2019<ref name="serietv5">Modèle:Lien web.</ref>, produite pour la Modèle:Langue<ref name="serietv3">Modèle:Lien web.</ref>. Philip Pullman en est producteur tout comme Modèle:Langue, qui était déjà producteur du film. Elle est adaptée par Jack Thorne<ref name="serietv4">Modèle:Lien web.</ref>.

Postérité

L'auteur écrit après À la croisée des mondes d'autres romans situés dans le même univers.

Livres complémentaires

  • Lyra et les Oiseaux : un livre qui se situe deux ans après Le Miroir d'ambre, sorti en Modèle:Date-. Une sorcière qui cherche à venger son fils, mort au cours de la guerre contre l'Autorité, tend un piège à Lyra, maintenant âgée de quinze ans<ref name="Complémentaires">Modèle:Lien web</ref>.
  • Il était une fois dans le Nord : une nouvelle préquelle des Royaumes du Nord qui est sortie en Modèle:Date-. Elle s'attarde sur le jeune aéronaute texan Lee Scoresby, alors qu'il avait vingt-quatre ans. Après avoir gagné son ballon dirigeable, Scoresby s'envole pour le Nord et atterrit sur les îles de Novy Odense dans l'Arctique, où il se retrouve mêlé à un dangereux conflit de territoire. Il rencontre au cours de cet épisode l'ours en armure Iorek Byrnison<ref name="Complémentaires"/>.
  • Serpentine : écrit en 2004 pour une vente aux enchères à des fins caritatives, le texte n'était pas destiné à être publié. Les événements se déroulent après ceux narrés dans Lyra et les Oiseaux. Pullman a accepté qu'il soit édité en octobre 2020<ref>Modèle:Lien web</ref>.
  • Modèle:Langue : ensemble de nouvelles concernant les différents protagonistes de l'ensemble de l'œuvre. Publié en anglais en avril 2022. Pas de traduction en français prévue à date.

Seconde trilogie

Modèle:Article détaillé La Trilogie de la Poussière (Modèle:Langue) est une nouvelle trilogie<ref>Modèle:Lien web</ref>, dont le premier tome La Belle Sauvage sort en 2017<ref>Modèle:Lien web</ref> et le deuxième tome La Communauté des esprits (Modèle:Langue) sort en 2019<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Notes et références

Modèle:Traduction/Référence

Citations originales

Modèle:Références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Annexes

Bibliographie

Sources primaires

Publications originales
Traductions en français

Sources secondaires

En français
En anglais
Études comparatives
Voir aussi

Articles connexes

Modèle:Autres projets

Liens externes

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