Belle Époque

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Événement historique

La Belle Époque est un chrononyme rétrospectif désignant la période marquée par les progrès sociaux, économiques et technologiques que connaît la France de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle au début de la Première Guerre mondiale en 1914. Les limites chronologiques de la « Belle Époque », de même que l'apparition de l'expression, sont encore débattues par les historiens.

Après la Grande Dépression des années 1873 à 1896, la France entre comme les autres pays industrialisés dans une période de croissance soutenue dans le cadre de la deuxième révolution industrielle, portée par des secteurs innovants comme l'électricité et l'industrie automobile. L'expression « Belle Époque », qui se répand tout au long du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, témoigne d'une perception quelque peu déformée d'un passé proche et rétrospectivement embelli, mais s'appuie néanmoins sur un certain nombre de réalités : une stabilité politique exceptionnelle sous la Troisième République, marquée par la longévité des gouvernements Waldeck-Rousseau, Combes et Clemenceau, une croissance économique rapide, portée par les industries de pointe et tournée vers la modernité, l'amélioration du niveau de vie moyen des Français, qui s'accompagne d'un recul de la misère et du développement des loisirs et des activités sportives, ainsi qu'une fierté nationale renforcée par les nouvelles conquêtes coloniales.

La modernisation de la France dans les premières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle masque ne peut cependant effacer un certain nombre de difficultés : le pays perd son rang de deuxième puissance économique mondiale, au profit de l'Allemagne et des États-Unis, et sa relative faiblesse démographique entraîne le vieillissement de sa population. Malgré l'amélioration du niveau de vie, la société française apparaît encore très inégalitaire et hiérarchisée. L'expression « Belle Époque » se rapporte avant tout au mode de vie d'une bourgeoisie triomphante, qui se distingue des autres Français par le raffinement de sa vie oisive, et ne suffit pas à masquer la misère des classes populaires des villes et des campagnes. La population, qui s'urbanise progressivement, reste majoritairement rurale, cependant que le monde ouvrier s'organise autour des syndicats pour porter de nouvelles revendications et améliorer ses conditions de travail. Les inégalités hommes-femmes, encore très marquées, laissent apparaître de premiers signes d'émancipation de ces dernières, principalement du fait de leur accès à une éducation primaire après la mise en place des lois scolaires.

Rassemblées face à la montée du nationalisme dans le cadre de l'affaire Dreyfus, les forces de gauche forment une majorité élargie autour des radicaux, ce qui entraîne une stabilité gouvernementale inédite durant les premières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, celles où l'État s'émancipe définitivement de la tutelle de l'Église dans un mouvement de sécularisation accélérée de la société qui culmine avec le vote de la loi de séparation des Églises et de l'État en Modèle:Date-. La presse écrite connaît son âge d'or et les intellectuels occupent un rôle grandissant en s'engageant sur les questions politiques et sociales.

La Belle Époque est une période de grands bouleversements culturels, scientifiques et technologiques et Paris, « Ville Lumière » en pleine mutation, brille tant par son rayonnement artistique et culturel que sa modernité, célébrée lors de l'exposition universelle de 1900. L'électricité se développe, tout comme les nouveaux moyens de transport que sont le métro et l'automobile, et de nouvelles formes de divertissement apparaissent, à l'image du cinéma dont la première représentation publique a lieu en 1895. La Belle Époque est aussi celle du développement de la pratique sportive, d'abord réservé une élite mais qui se démocratise avec la naissance du « sport-spectacle », la multiplication des associations sportives et des patronages.

Contexte et repères chronologiques

Fichier:Une soirée élégante par Victor Gabriel Gilbert (A).jpg
Une soirée élégante (1890) par Victor-Gabriel Gilbert.

Modèle:Citation bloc La Belle Époque est généralement définie comme les quinze ou vingt années qui précèdent la Première Guerre mondiale, mais ces limites sont parfois débattuesModèle:Sfn. L'historien Michel Winock choisit l'année 1900 comme point de départ, tant pour sa valeur symbolique, en tant que dernière année du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, que parce qu'elle coïncide avec Modèle:Citation, ainsi qu'avec l'exposition universelle, évènement pacifique qui fait de Paris Modèle:CitationModèle:Sfn. Pascale Goetschel et Emmanuelle Loyer définissent la Belle Époque comme Modèle:CitationModèle:Sfn.

Pour Dominique Lejeune, la Belle Époque débute en 1896, année du retournement de la conjoncture économique mondialeModèle:Sfn. La France connaît en effet, entre 1873 et 1896, une longue période de ralentissement de la croissance, de chômage et de baisse des prix, qui entraîne une certaine instabilité politiqueModèle:Sfn. Ayant plus souffert de cette situation économique défavorable que ses voisins, la France retrouve à partir de 1896 le chemin d'une croissance soutenue et d'une hausse des prix, comme pour l'ensemble des pays industrialisésModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Cette période de paix et de prospérité, propice aux progrès sociaux et techniques, frappe l'ensemble de l'Europe, et correspond notamment en Allemagne au wilhelminisme<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. L'historien Jean-Yves Mollier souscrit à ces mêmes limites de 1896-1914 et précise Modèle:Citation<ref name="mollier presse"/>.

La France des dernières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à 1914

La Troisième République, un régime politique renforcé

Vue rapprochée d'un tympan d'église recouvert d'écriture.
La devise de la République française inscrite sur le tympan de l'église d'Aups, dans le Var, après la loi de séparation des Églises et de l'État.

Contrairement aux précédents régimes, la Troisième République finit par s'installer durablement malgré les crises qui la traversent. Les dernières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle voient s'établir un fort Modèle:Citation, que Michel Winock définit principalement comme Modèle:CitationModèle:Sfn. Depuis la promulgation des lois constitutionnelles de 1875, l'idée républicaine s'enracine progressivement dans l'opinion comme au sein de la classe politique, si bien que les crises que traverse le régime, de celle du 16 mai 1877 à l'affaire Dreyfus en passant par le boulangisme, ne remettent pas en cause sa stabilitéModèle:Sfn. La pratique du suffrage universel renforce la démocratisation de la vie politique, cependant que se développent et s'organisent les partis politiques modernesModèle:Sfn. En 1901, le Parti républicain, radical et radical-socialiste est le premier d'entre euxModèle:Sfn. Membre essentiel de l'alliance du Bloc des gauches, qui remporte les élections législatives de 1902, il s'affirme comme le parti majoritaire de la Belle Époque, qui constitue un véritable Modèle:Citation du radicalismeModèle:Sfn.

L'École gratuite, obligatoire et laïque mise en place par les lois Jules Ferry a sans douté été l'un des meilleurs Modèle:CitationModèle:Sfn de la société, de sorte que les instituteurs, ces Modèle:Citation de la République<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, forment selon Michel Winock une sorte de Modèle:Citation, et l'enseignement d'une morale dépouillée de toute influence religieuse une forme de Modèle:CitationModèle:Sfn. Par leur volonté d'émanciper l'opinion en lui apportant la science, les lois scolaires réduisent la place de la religion dans la définition des mœurs et des normes du savoir, et dans la société en général, ce que poursuit la loi de séparation des Églises et de l'État en 1905<ref>Modèle:Article.</ref>.

Portraits dessinés de plusieurs hommes politiques rassemblés sur la couverture d'un journal.
Le gouvernement Émile Combes, issu de la victoire du Bloc des gauches en 1902.

Crise politique majeure, l'affaire Dreyfus divise profondément le pays au tournant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. La montée du nationalisme, qui agit comme le ciment d'une droite aux accents autoritaires et militaristes, incite les forces de gauches à former une majorité élargie qui entraîne une stabilité gouvernementale entre 1899 et 1905 avec le gouvernement de Défense républicaine de Pierre Waldeck-Rousseau puis le Bloc des gauches d'Émile Combes, dont la politique anticléricale renforce durablement le régimeModèle:Sfn.

La franc-maçonnerie, qui met en avant les valeurs de tolérance et la liberté absolue de conscience joue un rôle d'autant plus déterminant qu'une grande partie des fondateurs de la Troisième République en sont membres. En rassemblant des élus de différentes familles politiques, tant parmi les républicains modérés ou radicaux que parmi les socialistes, les loges Modèle:CitationModèle:Sfn.

Titre de presse en lettres noires sur fond blanc.
Titre du célèbre article d'Émile Zola dans L'Aurore.

Par ailleurs, à la suite d'Émile Zola et de sa célèbre lettre ouverte au président de la République, J'accuse… !, publiée dans le cadre de l'affaire Dreyfus, des artistes, des écrivains, des universitaires ou des scientifiques s'engagent pour une cause de justice que peu d'hommes politiques soutiennent alors. Nombreux sont les intellectuels qui adhèrent à la Ligue des droits de l'homme fondée par le sénateur Ludovic Trarieux en 1898. La victoire finale des dreyfusards, magnifiée par de grands écrivains, contribue donc à forger une mystique républicaineModèle:Sfn.

Grande puissance coloniale et financière

Portrait photographique en noir et blanc d'un homme âgé portant des moustaches en guidon.
Le député Eugène Étienne encourage l'expansion coloniale française.

À l'initiative de certains hommes politiques, comme les ministres Léon Gambetta<ref>Modèle:Article.</ref> et Jules Ferry<ref>Modèle:Article.</ref>, ou le député oranais Eugène Étienne<ref>Modèle:Article.</ref>, puis sous l'impulsion du parti colonial, un groupe d'influence qui rassemble des parlementaires issus de diverses tendances politiques<ref>Modèle:Chapitre.</ref>, la France entame une nouvelle politique d'expansion coloniale à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn. L'idée coloniale ne fait pourtant pas l'unanimité et certains hommes politiques, comme Georges Clemenceau, s'y opposentModèle:Sfn. Ainsi, en 1884, le sénateur Albert de Broglie déclare en séance : Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>.

Affiche en couleur montrant des Africains sur un bateau à voile, le port de Marseille se dessinant en ombre à l'arrière-plan.
Affiche de l'exposition coloniale de Marseille en 1906.

En Asie, la France augmente ses possessions et achève de constituer l'Indochine française. En Afrique, l'expédition de Madagascar aboutit à l'annexion de l'île en 1896, tandis qu'en Afrique subsaharienne, après les premières expéditions de Pierre Savorgnan de Brazza, les conquêtes se multiplient pour aboutir à la création de l'Afrique-Occidentale française et de l'Afrique-Équatoriale française, tout en reliant ces nouvelles possessions à celles du Maghreb. Entre 1870 et 1914, la France multiplie par 11 l'étendue de son empire colonialModèle:Sfn. L'exploitation de ces territoires offre à l'économie française de nouveaux débouchés en même temps qu'elle lui fournit d'importantes réserves de matières premières<ref>Modèle:Article.</ref>,Modèle:Sfn.

Indépendamment de ses colonies, la France de la Belle Époque est aussi une puissance financière. L'immense ressource de l'épargne française permet à la Bourse de Paris de rivaliser avec celles de Londres et de Berlin et de constituer alors le grand marché des capitaux d'épargne. La puissance financière du pays sert également sa politique extérieure : l'autorisation des emprunts russes par le gouvernement français conduit notamment au rapprochement diplomatique entre les deux pays et à la création d'une alliance. De même, les placements français sur le marché londonien, affaibli par la guerre des Boers, joue un rôle dans le renouvellement de l'Entente cordialeModèle:Sfn.

Retard économique et industriel

C'est dans la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle que s'accomplit véritablement la modernisation de la France, selon l'historien Jean-Marie Mayeur, mais cette période est également marquée par son déclin sur le plan économique et industriel par rapport aux autres puissances mondiales. Cette tendance, qui se manifeste par une industrialisation moins rapide, une démographie stagnante et une urbanisation lente, se poursuit dans les premières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="mayeur"/>.

Photographie en noir et blanc d'une installation à l'intérieur d'une usine, avec des ouvriers au premier plan.
Le marteau-pilon du Creusot au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Au cours de cette période, la France perd son rang de deuxième puissance économique mondiale, au profit de l'Allemagne et des États-Unis. En 1914, sa production industrielle représente moins de 6 % du total mondial, contre 9 % en 1880Modèle:Sfn. De même, la part de la France dans la production mondiale d'acier ne cesse de diminuer. À titre de comparaison, l'Allemagne produit, en 1914, deux fois plus de houille et d'acier par habitant que la FranceModèle:Sfn. Bien que les exportations françaises de produits industriels ont doublé entre 1890 et 1910, ces produits industriels représentent seulement 63 % du total des exportations, contre Modèle:Nobr pour l'Allemagne et 79 % pour la Grande-BretagneModèle:Sfn. Par ailleurs, la France est un pays essentiellement rural : en 1911, Modèle:Nobr des Français habitent encore à la campagne, contre Modèle:Nobr des Allemands, tandis que quatre français sur dix travaillent dans le secteur agricoleModèle:Sfn. Face à ses concurrents, la France apparaît encore comme une société préindustrielle. Dans l'agriculture comme dans l'industrie, le modèle français est celui de la petite propriété, ce qui implique une faible concentration de l'appareil de production : les salariés ne représentent que Modèle:Nobr de la population active française en 1911, contre Modèle:Nobr en Grande-BretagneModèle:Sfn. Enfin, si les exportations de capitaux s'accroissent fortement, à l'incitation d'un consortium de banques, le commerce extérieur n'en bénéficie pas : la Russie, par son système d'emprunt, représente par exemple un quart des exportations de capitaux au début du siècle, mais achète à la France seulement Modèle:Nobr de ses produits industrielsModèle:Sfn.

Le retard économique de la France s'explique par différents facteurs. En premier lieu, les économistes mettent en avant une certaine torpeur du marché intérieur : en raison de la faiblesse démographique du pays, les entreprises manquent de débouchés, cependant que le modèle de l'épargne l'emporte encore sur celui de la consommation. Le recours aux biens de consommation industriels est relativement faible : le monde rural pratique encore largement l'autosuffisance, les familles ouvrières consacrent l'essentiel de leurs revenus aux dépenses alimentaires, et la bourgeoisie, qui conserve un mode de vie aristocratique, se tourne principalement vers des produits de luxe d'origine artisanaleModèle:Sfn. Par ailleurs, le modèle de la petite propriété entraîne une productivité moindre et des rendements médiocres, tandis que la France dispose de moins de ressources naturelles que les autres puissances. Ainsi, en 1910, la production de charbon s'élève à Modèle:Nobr de tonnes en France, contre 155 en Allemagne, 270 en Grande-Bretagne et 455 aux États-UnisModèle:Sfn. Sur un autre plan, les traditions culturelles françaises ne semblent pas favoriser l'esprit d'entreprise : d'une part, l'idéal rentier est encore très ancré dans la haute société, d'autre part, le système éducatif français privilégie la culture littéraire au détriment des formations liées à l'industrie et au commerceModèle:Sfn.

Photographie en noir et blanc d'une exposition de modèles de voiture.
Le stand Renault Frères, fleuron de l'industrie automobile française, au salon de Paris, en 1901.

Pour autant, la France se distingue par le dynamisme de certaines industries de pointe, comme l'automobile, l'aviation et le cinémaModèle:Sfn, mais également le textile, l'hydroélectricité, la production d'aluminium et de colorants chimiquesModèle:Sfn, de sorte que la France apparaît, malgré ses difficultés, comme la quatrième puissance mondiale, et réalise sur cette période d'importants gains de productivitéModèle:Sfn. Comme l'affirme l'historien Michel Winock, Modèle:Citation de son économieModèle:Sfn. Elle connaît comme les autres pays industrialisés une nouvelle croissance économique dont les premiers signes sont visibles dès la fin des Modèle:Nobr, avant que celle-ci ne s'accélère à partir de 1906 pour atteindre son maximum à la veille de la Première Guerre mondiale. De fait, la production industrielle française progresse en moyenne de Modèle:Nobr par an entre 1896 et 1913, quand elle ne progressait que de Modèle:Nobr entre 1870 et 1896Modèle:Sfn. Cette croissance industrielle n'est pas homogène sur le territoire : au nord-est se trouvent les régions industrielles et les grandes campagnes céréalières, au sud-ouest une industrialisation moindre et une agriculture traditionnelleModèle:Sfn.

Au reste, la France possède alors une économie Modèle:Citation, selon l'analyse de Jean-Marie Mayeur<ref name="mayeur"/>.

Faiblesse démographique

L'accroissement de la population française est relativement faible pendant la Belle Époque et très en deçà de ses voisins européens, au point que le pays traverse une véritable crise démographique, le terme de Modèle:Citation étant parfois évoqué<ref name="baux">Modèle:Article.</ref>. Entre 1891 et 1911, la population française s'accroit en moyenne de Modèle:Unité par an, quand l'Allemagne en gagne environ 500 000 chaque année. Sur cette période, plusieurs années comptent plus de morts que de naissances, et seule l'immigration permet de compenser ce déficitModèle:Sfn. En 1911, la France compte Modèle:Unité d'étrangers, soit Modèle:Nobr de la population, principalement des Belges et des ItaliensModèle:Sfn.

Couverture du livre, comprenant une illustration au centre.
Ouvrage d'Émilie Lamotte diffusant des thèses néomalthusianistes, en 1908.

La faiblesse démographique française s'explique par un déficit de naissances : en 1913, le taux de natalité français est le plus faible d'Europe et s'élève à Modèle:Nobr, quand la moyenne des autres pays atteint Modèle:Nobr<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Des variations sensibles peuvent être observées selon les régions : des départements comme la Lozère ou le Finistère se distinguent par une forte natalité, quand la Seine, les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône enregistrent de très faibles taux de natalitéModèle:Sfn.

Les causes de cette faiblesse démographique sont multiples. Certains démographes de l'époque, comme Arsène Dumont, l'expliquent notamment par le phénomène de Modèle:Citation et le désir de s'éleverModèle:Sfn : Modèle:Citation<ref name="dumont">Modèle:Ouvrage.</ref>. Mais d'autres facteurs peuvent être évoqués, comme le rôle du Code civil qui, en supprimant le droit d'aînesse, instaure le partage entre les enfants, le service militaire qui retarde l'âge du mariage, l'émancipation de l'individu de la sphère religieuse, ou encore la diffusion de thèses néomatlhusianistes et d'une certaine propagande antinataliste dans les premières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn,<ref name="dumont"/>,<ref>Modèle:Article.</ref>.

À l'aube de la Première Guerre mondiale, la France est encore un pays très rural : en 1911, elle ne se classe qu'au sixième rang pour son taux d'urbanisation, qui s'élève à 44,6 %<ref name="baux"/>. De même, la France est un pays vieillissant : en 1914, elle ne compte en effet que Modèle:Unité de moins de vingt ans contre 437 en Allemagne et 487 en Russie, tandis que le nombre de personnes de soixante et plus s'élève à 126 contre 79 en Allemagne et 70 en Russie<ref name="baux"/>. Les progrès de l'alimentation et de la médecine expliquent le recul du taux de mortalité à cette période, qui passe de Modèle:Nobr en 1900 à Modèle:Nobr en 1914, un taux encore supérieur à celui des pays voisins comme la Grande-Bretagne et l'Allemagne, mais nettement inférieur à ceux d'Europe méridionale et orientale, comme l'Italie et l'Autriche-HongrieModèle:Sfn.

La société française de la Belle Époque

Une lente mutation

Modèle:Citation bloc

Tableau montrant des bourgeois installés à la terrasse d'un café, des personnages avec des vélos à l'arrière-plan.
Le Chalet du cycle au bois de Boulogne de Jean Béraud (vers 1900) illustre l'oisiveté de la société bourgeoise.

Selon Dominique Lejeune, l'expression Belle Époque Modèle:CitationModèle:Sfn. La Belle Époque est avant tout celle de la classe moyenne, qui s'attache aux vertus du travail, de l'épargne et de l'enseignement, et dont les mœurs et le mode de vie copient ceux de la haute société, numériquement restreinte, mais qui Modèle:CitationModèle:Sfn. La société française de la Belle Époque apparaît donc comme une société hiérarchisée et relativement stable malgré l'émergence de différentes formes de contestation de l'ordre établi, que ce soit par la grève et les organisations syndicales, ou sur le plan littéraire et artistiqueModèle:Sfn.

Pour autant, l'amélioration du niveau de vie moyen des Français est bien réelle et touche l'ensemble des catégoriesModèle:Sfn. La consommation alimentaire augmente, notamment pour des denrées comme la viande, qui dépasse le pain au premier des dépenses, le sucre et les denrées coloniales que sont le café et le cacaoModèle:Sfn. L'alimentation devient plus variéeModèle:Sfn. Les dépôts des Caisses d'épargne passent de Modèle:Unité de francs en 1895 à Modèle:Unité en 1913, et un Français sur deux possède un livret d'épargne avant la Première Guerre mondiale, ce qui démontre selon les historiens Jean Garrigues et Philippe Lacombrade Modèle:CitationModèle:Sfn. Le développement des catalogues de vente à domicile permet aux ouvriers de délaisser les blouses pour des vêtements de laine ou de cotonModèle:Sfn. Pour autant, cette amélioration sensible ne peut dissimuler les difficultés de l'existence matérielle pour les ouvriers et les salariés agricoles : une famille ouvrière de la Belle Époque consacre plus de 60 % de son budget à la nourriture contre 20 % pour une famille bourgeoise, et la part des dépenses liées aux transports, aux loisirs et à l'éducation des enfants n'est que de 5 % pour les familles ouvrières, quand celles de la bourgeoisie peuvent y consacrer 30 %Modèle:Sfn. De même, les logements insalubres sont encore nombreux, et la majorité de la population ne dispose ni du tout-à-l'égout, ni de l'eau courante, ni de l'électricitéModèle:Sfn.

Par la masse des électeurs qu'il représente, le monde rural représente un enjeu considérable pour les responsables politiques, qui s'attachent à gagner l'adhésion des paysans au régimeModèle:Sfn. De nombreux hommes politiques fondent alors leur action sur le maintien et le développement de la petite propriété paysanne, car ils y voient Modèle:Citation face à la montée des désordres ouvriersModèle:Sfn. Malgré la montée du socialisme et les difficultés rencontrées par le monde ouvrier, la conscience de classe est encore faible parmi la population française. Les ouvriers, en grande partie venus des campagnes, n'ont pas rompu avec l'idéal paysan du petit producteur largement soutenu par les républicains radicauxModèle:Sfn. En réalité, les différentes catégories sociales sont assez peu poreuses : l'endogamie sociale est généraliséeModèle:Sfn, et si la bourgeoisie n'est pas une caste fermée, il est difficile d'y accéder, notamment en raison d'un système d'enseignement secondaire encore cadenassé et inaccessible aux petites fortunesModèle:Sfn. Pour autant la société française apparaît comme relativement unie, principalement sous l'effet de la ferveur patriotique et colonialeModèle:Sfn.

La place des femmes dans la société est régulièrement questionnée, à une époque où les hommes détiennent toujours le pouvoir politique, économique et social. Si la condition féminine évolue favorablement dans les premières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, cependant qu'un mouvement féministe se structure peu à peu, c'est encore une condition soumise par le droit, les mœurs et le poids des traditionsModèle:Sfn.

Population rurale nombreuse et peu homogène

Carte postale ancienne montrant des paysans posant devant leurs outils de travail.
Une scène de battage en Bretagne au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

La société française de la Belle Époque est encore majoritairement rurale : en 1911, Modèle:Nobr de Français vivent à la campagne, contre Modèle:Unité en ville<ref name="alary">Modèle:Chapitre.</ref>. L'agriculture française se distingue par la prédominance des petites exploitations : en 1905, Modèle:Nobr d'entre elles ont moins de dix hectaresModèle:Sfn, et comme le souligne l'historien Éric Alary, Modèle:Citation<ref name="alary"/>. Dans son ensemble, le monde rural se distingue par une grande pauvreté. Les faibles revenus des petits exploitants, de par une productivité moindre et un prix de revient élevé, sont plus vulnérables à la conjoncture économiqueModèle:Sfn. Si le nombre d'ouvriers agricoles a fortement diminué vers la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle en raison de l'exode rural, ils sont encore Modèle:Unité en 1910 et composent, avec les domestiques et les journaliers, une forme de Modèle:CitationModèle:Sfn. Pour autant, on assiste à la naissance d'une agriculture de type capitaliste, notamment dans les grandes plaines de la Beauce et du Soissonnais, où de grands propriétaires diversifient leurs productions et investissent dans des machines qui améliorent leur productivitéModèle:Sfn.

Du fait de l'exode rural, les salaires des ouvriers agricoles s'accroissent sensiblement au tournant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn. La hausse relative des revenus paysans entraîne une évolution des modes de vieModèle:Sfn. L'alimentation et le logement s'améliorent progressivement, les habitudes se transforment. Les paysans délaissent peu à peu la veillée pour se regrouper dans les cafés où les jeux de cartes, le billard et la lecture du journal renforcent leur socialisation et les relient à l'influence des villes. Comme le soulignent Jean Garrigues et Philippe Lacombrade, Modèle:CitationModèle:Sfn. Pour autant, la vie de la plupart des paysans reste pénible. Mal nourris, mal logés, les paysans alternent alternent les périodes de forte activité l'été avec de longues périodes d'inactivité l'hiver. Le manque d'hygiène est la cause d'une mortalité encore élevée par rapport aux autres groupes sociauxModèle:Sfn.

Photographie d'une foule de manifestants brandissant des pancartes.
Manifestation de vignerons à Béziers en 1907.

Le monde rural présente une grande diversité politique. Sur le plan électoral, l'empreinte des cultures provinciales et des traditions religieuses marque une forte opposition entre les territoires où le christianisme est encore très ancré de ceux où l'anticléricalisme se répand plus largementModèle:Sfn. Par ailleurs, les Modèle:Nobr sont marquées par plusieurs crises agricoles, comme la révolte des vignerons du Languedoc en 1907, mené par Marcelin Albert, mais les mouvements de grève sont le plus souvent éphémères et peu organisés. En 1914, seuls Modèle:Nobr des ouvriers agricoles sont syndiquésModèle:Sfn.

Tableau montrant des paysannes ramassant du blé, de grandes meules figurant à l'arrière-plan.
Glaneuses près des meules, de Léon Lhermitte, en 1912.

Mais selon Michel Winock, le monde rural trouve une certaine cohérence dans le sentiment d'appartenance commune, Modèle:CitationModèle:Sfn. À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la volonté d'instruire les Français conduit les différents gouvernements à généraliser les obligations scolaires dans les campagnes avec l'espoir d'homogénéiser les mentalités et d'installer durablement l'esprit républicain, quitte à lutter contre les particularismes locaux, comme la restriction de l'usage des langues régionales qui est parfois vécu par les paysans comme une humiliation et une Modèle:Citation. En d'autres termes, un Modèle:CitationModèle:Sfn, d'autant plus qu'il est relayé dans la littérature de l'époque où les paysans, représentés comme Modèle:Citation, souffrent d'une image souvent négativeModèle:Sfn. La description de la vie paysanne dans littérature de la Belle Époque est le plus souvent le fait d'écrivains bourgeois et intellectuels, à l'exception d'Émile Guillaumin, écrivain autodidacte, à la fois journaliste et cultivateur, qui met en lumière les conditions de vie parfois misérables des paysans du BourbonnaisModèle:Sfn.

De l'école au service militaire, les hommes issus des campagnes sont fréquemment moqués par leurs camarades citadins et, de fait, il existe selon Michel Winock Modèle:Citation, derrière laquelle se cache également l'image de Modèle:Citation, qui tire son origine de la période révolutionnaire et refait surface par temps de pénurie ou de conflit socialModèle:Sfn. L'historien Jean-Baptiste Duroselle évoque l'isolement des paysans du reste de la nation : Modèle:CitationModèle:Sfn.

Bourgeoisie citadine triomphante

Le règne de la famille bourgeoise

Modèle:Citation bloc

Intérieur d'un grand magasin.
Le Bon Marché, Félix Vallotton, 1898.

La Belle Époque est celle du triomphe de la bourgeoisie qui forme, selon l'historien Dominique Lejeune, Modèle:CitationModèle:Sfn. Pour Michel Winock, son unité Modèle:Citation. Le terme bourgeoisie recouvre un ensemble relativement hétérogène, dans la mesure où une hiérarchie peut s'établir selon le capital financier, le capital social et le capital culturel des individus, mais la société bourgeoise conserve une certaine cohérence et se définit par le partage d'un système de valeurs et d'un style de vie, par opposition aux classes populairesModèle:Sfn, ce que le sociologue Edmond Goblot décrit dès 1925 comme Modèle:Citation, c'est-à-dire l'ensemble des stratégies de distinction et le sentiment d'appartenance qui permet à la classe bourgeoise de se démarquer des autres<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

La grande bourgeoisie mêle l'ancienne aristocratie nobiliaire, bien implantée par ses propriétés rurales dans les provinces, l'aristocratie financière en charge des grands établissements bancaires, des capitaines d'industrie, des diplomates, des hauts fonctionnaires ou des hommes politiquesModèle:Sfn. Tous constituent des élites qui partagent fortune, puissance et influence, au moment où Paris devient le lieu de toutes les spéculations internationales permettant un enrichissement rapideModèle:Sfn. Noblesse et grande bourgeoisie forment une haute société sensible au progrès technique, et qui manifeste son engouement pour les nouvelles entreprises que sont l'automobile et l'aviationModèle:Sfn.

La bonne bourgeoisie, telle que la définit l'historienne Adeline Daumard, rassemble des notables locaux qui possèdent une certaine richesse mais n'ont pas la surface nationale des grands bourgeoisModèle:Sfn. Il s'agit avant tout de chefs d'entreprises, de rentiers, de notaires, de médecins, d'avocats, d'officiers, de magistrats ou d'universitaires qui participent activement à la vie politique locale, régionale voire nationaleModèle:Sfn. La moyenne et la petite bourgeoisie regroupent la majorité de la population bourgeoise, dans laquelle on retrouve des commerçants, des boutiquiers, des artisans et de nombreux salariés de la fonction publiqueModèle:Sfn.

Aristocrates et grands bourgeois, la fusion des élites

À la Belle Époque, Modèle:Citation. Aristocrates et grands bourgeois forment un milieu social cohérent, tant à Paris qu'en provinceModèle:Sfn, ancré le plus souvent dans la droite catholique et conservatriceModèle:Sfn. La richesse nationale est détenue par une faible part de la population et seuls quelques milliers d'individus constituent ce qu'il est alors convenu d'appeler Modèle:Citation, le Modèle:Citation. Les aristocrates, qui conservent leurs châteaux en province, partagent leur temps entre leurs terres et la capitale, où ils fréquentent les clubs huppés comme le Jockey Club, qui compte mille membres en 1914Modèle:Sfn.

Ces clubs tout comme les grands salons parisiens, comme ceux de la comtesse Greffulhe ou de Boni de Castellane, véritable Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, permettent le mélange de la noblesse rentière et des grands bourgeois qui ont fait fortune dans les affaires ou dans l'entreprise. Tous figurent peu à peu parmi les membres des conseils d'administrations de la haute banque ou des grandes compagniesModèle:Sfn. Le patronat français de la Belle Époque est d'ailleurs très varié puisqu'il mêle de grandes dynasties de l'industrie métallurgique, comme les Schneider, Wendel, du textiles, comme les Motte, Prouvost, Dollfus et Koechlin, de la finance, comme les Rothschild, Fould et Seillière, aux entrepreneurs pionniers de l'automobile et de l'aéronautique comme Louis Renault, André Citroën, Marius Berliet ou Jacques BreguetModèle:Sfn. Comme le souligne l'historien Jean-Baptiste Duroselle, la principale activité des salons demeure le bavardage, Modèle:Citation, et l'ambition de la plupart de leurs membres est d'être admis dans tel ou tel salon représentant un milieu fermé, Modèle:Citation découpant encore ce monde des notables à travers un phénomène longuement décrit par l'écrivain Marcel Proust notammentModèle:Sfn.

Bien que les grands bourgeois d'affaires abandonnent le pouvoir politique aux représentants de la classe moyenne qui constituent la majeure partie des députés de la République radicale, leur influence sociale est importante, que ce soit à travers la presse, les groupes de pression économiques ou les comités extraparlementairesModèle:Sfn.

Essor de la classe moyenne

La Belle Époque marque l'essor de la classe moyenne, cette Modèle:Citation dont Léon Gambetta avait annoncé l'arrivée dès la naissance de la Troisième République et qui constitue les intermédiaires entre la France pauvre et la France richeModèle:Sfn. La classe moyenne se compose essentiellement d'employés du privé, de petits commerçants et d'artisans, mais également de fonctionnaires, dont le nombre a doublé depuis 1870 pour atteindre Modèle:Unité à la veille de la Première Guerre mondiale, dont un tiers dans l'Instruction publique et un quart dans les PTT. Les écarts de traitements sont considérables dans la fonction publique mais, bien qu'ils soient souvent mal payés, les petits fonctionnaires sont néanmoins respectés, à l'image des facteurs dans les campagnes. D'après l'expression de Jean Garrigues et Philippe Lacombrade, Modèle:CitationModèle:Sfn.

Les traditions familiales varient pour chacun des groupes qui constituent la bourgeoisie mais ils partagent tous le même genre de vie et fréquentent les mêmes lieux. À Paris, les grands bourgeois vivent dans des hôtels particuliers servis par de nombreux domestiques et animent la « saison », c'est-à-dire la période des réceptions et des spectacles qui ont façonné le mythe de la Belle Époque. En été, ils s'installent dans leurs châteaux à la campagne ou dans les villas des stations balnéaires ou thermalesModèle:Sfn.

La bourgeoisie, une classe de loisir

Vue impressionniste d'un hippodrome avec des chevaux en course et le public de chaque côté de la piste.
Aux courses de Pierre Bonnard, 1894.

Au tournant du siècle, la bourgeoisie incarne la Modèle:Citation par excellenceModèle:Sfn. La pratique du sport, les loisirs, l'hédonisme et l'oisiveté sont avant tout des moyens de rendre visible, de manière ostentatoire, l'étendue de sa richesse. De fait, les bourgeois disposent d'un capital temps et de moyens que n'ont pas les classes populaires. Les vacances sont alors réservées à une élite<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. La villégiature, une pratique à l'origine aristocratique, est favorisée par développement de l'automobile et des chemins de fer. Le premier Guide Michelin est édité en 1900Modèle:Sfn et les premiers Guides Joanne le sont en 1907<ref>Modèle:Article.</ref>.

L'usage de la bicyclette, qui est avant tout un loisir bourgeois dans les Modèle:Nobr, finit par se populariser au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle après la création des premières grandes épreuves cyclistes comme le premier Tour de France en 1903, mais la plupart des sports restent des marqueurs des loisirs bourgeois, comme le tennis, l'alpinisme, l'escrime ou le golfModèle:Sfn.

Même si de grands bourgeois ont encore des revenus patrimoniaux qui leur permettent une certaine oisiveté, qui donne son éclat à la vie mondaine de l'époque, le travail apparaît comme une valeur importante de la société bourgeoise, au contraire du modèle aristocratique qui prédomine jusqu'au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn.

Monde ouvrier aux visages multiples et à la recherche de structures

Conditions très diverses

Photographie de l'intérieur d'un atelier de montage de canons.
Ouvriers des usines Schneider au Creusot (1918).

Les ouvriers, dont l'historien Pierre Sorlin estime le nombre à près de Modèle:Unité en 1914, tandis que Jean Garrigues et Philippe Lacombrade avancent le nombre de Modèle:UnitéModèle:Sfn, forment environ le tiers de la population active françaiseModèle:Sfn. Le monde ouvrier présente une forte hétérogénéité. Dans leur majorité, les ouvriers travaillent encore dans des petites structures ou dans l'artisanat : en 1906, la moitié d'entre eux sont employés dans des entreprises qui ne comptent que de Modèle:Nombre, tandis qu'en moyenne, on compte seulement Modèle:Unité par employeurModèle:Sfn. De fortes concentrations ouvrières existent cependant, principalement dans la métallurgie, et c'est avec elles que se forme une classe ouvrière industrielle moderneModèle:Sfn. La modèle de la petite entreprise reste majoritaire mais une forme de prolétariat d'usine se développe peu à peu, qui intègre principalement les populations issues de l'exode rural ou de l'immigration, de sorte que Modèle:CitationModèle:Sfn.

Si, de façon générale, les conditions de vie des ouvriers s'améliorent pendant la Belle Époque, on constate une baisse du salaire réel entre 1905 et 1913 car le coût de la vie augmente alors plus rapidement que le salaire nominal, ce qui entraîne de vastes mouvements de grève et de nouvelles revendicationsModèle:Sfn. Les salaires varient également selon le sexe, le corps de métier ou les régions, les femmes percevant un salaire bien moindre que les hommes et les salaires étant plus élevés à Paris qu'en province. De même, les ouvriers qualifiés de la grande industrie voient leur niveau de vie augmenter quand les ouvriers non qualifiés restent proches de la misèreModèle:Sfn. Dans son ensemble, le monde ouvrier demeure dans une condition de pauvreté et de précarité qui le distingue des autres groupes de la société, bourgeois et paysansModèle:Sfn. Le plus souvent, les ouvriers restent mal nourris et vivent dans des logements insalubresModèle:Sfn.

La dureté du travail des ouvriers est avant tout physique, et malgré l'instauration légale d'un jour de repos hebdomadaire en 1906, les conditions restent éprouvantes et les ouvriers meurent plus précocement que les membres des autres classes socialesModèle:Sfn. De même, le monde ouvrier se caractérise par une certaine violence des mœurs : l'alcoolisme et la délinquance y sont largement répandus au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn. Si, dans les villes, le contraste entre les quartiers riches du centre et les faubourgs ouvriers est encore très marqué, les cités ouvrières des villes-usines, comme Le Creusot, offrent un autre cadre. Les grandes entreprises cherchent à fixer une main-d'œuvre volatile tout en assurant sur elle un contrôle sociale de type paternaliste en permettant aux ouvriers d'accéder à une petite propriété avec jardin, tout en disposant des commodités de la vie quotidienne : une école, une église, des associations sportives et culturelles, voire un système de retraites lié à une caisse d'entreprise gérée par la compagnieModèle:Sfn.

Revendications ouvrières

Dessin en couleurs montrant des hommes, des femmes et des enfants manifestant dans une rue en brandissant des drapeaux rouges.
Mineurs du Pas-de-Calais en grève en une du Petit Journal, en 1906.

La relative faiblesse du mouvement ouvrier français s'explique notamment par la séparation entre socialisme et syndicalisme. Les syndicats ouvriers sont pourtant assez combatifs au sein de la CGT, fondée en 1895, mais la charte d'Amiens, rédigée en 1906, rappelle que le syndicalisme est indépendant des partis politiques, que les ouvriers entendent penser et agir par eux-mêmes dans le domaine social mais aussi sur le plan politique en s'affirmant plus « révolutionnaires » que la SFIOModèle:Sfn.

Les années de 1906 et à 1910 sont marquées de grands mouvements de grève. En Modèle:Date-, la catastrophe de Courrières, qui coûte la vie de plus d'un millier de mineurs, entraîne un mouvement social sans précédent qui débouche sur la signature d'un compromis et des augmentations de salairesModèle:Sfn. Dans les années qui suivent, les grèves touchent quasiment tous les corps de métier, y compris les fonctionnairesModèle:Sfn. Malgré la faible proportion d'ouvriers syndiqués, qui ne sont encore que Modèle:Nobr en 1913Modèle:Sfn, certaines attentes sont en partie satisfaites<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> : le repos hebdomadaire est acquis à partir de 1906 et les journées de travail sont réduites dans certaines entreprises. La législation sociale française reste néanmoins en retard par rapport à celle de ses voisinsModèle:Sfn.

La création du ministère du Travail en 1906, confié au socialiste indépendant René Viviani, marque une nouvelle étape dans l'intégration de la classe ouvrière au reste de la société républicaineModèle:Sfn. La loi sur les retraites ouvrières dont le projet, évoqué par le cabinet Combes et le Bloc des gauches avant d'être lancé en 1906, n'est finalement promulguée qu'en Modèle:Date-. Elle affirme que tout salarié peut recevoir une allocation à partir de Modèle:Unité, sous réserve que lui et son patron aient cotisé pendant au moins trente ans. Mais cette avancée sociale est aussi mal accueillie par les patrons que par les syndicats, ces derniers faisant valoir qu'en raison d'une plus faible espérance de vie, de nombreux ouvriers meurent avant l'âge de la retraite. De fait, les trois quarts des salariés refusent de cotiser, et seuls les systèmes de retraites particuliers des cheminots, des mineurs et des fonctionnaires est réellement efficientModèle:Sfn.

Condition féminine

Modèle:Article détaillé Modèle:Citation bloc

Inégalités hommes-femmes encore très marquées

Carte postale ancienne en noir et blanc montrant des femmes au travail dans un atelier.
Femmes employées au tri du charbon à Montceau-les-Mines dans les Modèle:Nobr.

Le travail des femmes est encore peu répandu à une époque où la majorité des idéologues, tant laïques que catholiques, maintiennent le culte de la femme au foyer. En 1896, Modèle:Nobr des femmes mariées travaillent à plein temps, et l'idéal de la ménagère reste fort y compris dans le monde ouvrierModèle:Sfn. L'inégalité hommes-femmes est encore inscrite dans la loi, la femme étant dépendante de son mari et considérée comme une personne mineure, et ce cadre législatif évolue trop lentement pour favoriser l'acquisition de leur autonomie. Jusqu'en 1907, la loi n'autorise pas une femme à toucher son salaire ni à en disposer sans le consentement de son mariModèle:Sfn. Les premiers mouvements féministes réclament des lois sociales égalitaires et, de ce point de vue, la loi de 1906 sur le repos dominical peut être vue comme Modèle:Citation<ref>Modèle:Chapitre.</ref>. En 1909, un congé de maternité sans rupture de contrat, mais sans traitement, est instauré. L'année suivante, les institutrices sont les premières à bénéficier d'un congé de maternité payéModèle:Sfn.

Photographie en noir et blanc montrant plusieurs femmes triant des sardines sur des tables installées sur les quais du port.
Femmes préparant des sardines pour le séchage en Bretagne, en 1913.

Les syndicats ouvriers défendent l'idée que le travail des femmes détruirait leur santé et les détournerait de la fonction essentielle qu'est la maternitéModèle:Sfn, et le considèrent comme une concurrence qui risque de provoquer la baisse des salaires voire le chômageModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les lois votées en faveur des femmes ont parfois des effets pervers : la loi de 1892 qui limite à onze heures la durée de leur travail effectif quotidien incite les patrons à leur préférer les hommesModèle:Sfn. Les salaires féminins sont encore largement inférieurs à ceux des hommes et les femmes sont moins organisées pour se défendre : en 1914, elles représentent Modèle:Nobr du salariat ouvrier mais seulement Modèle:Nobr des syndiqués<ref>Modèle:Article.</ref>. Le cas des domestiques n'est guère plus enviable : souvent recrutées à la campagne et donc éloignées de leur famille, elles sont maintenues jour et nuit Modèle:Citation. Le plus souvent mal logées et mal nourries, les domestiques ne bénéficient d'aucune protection légale et peuvent être renvoyées sans recoursModèle:Sfn.

étude au pastel montrant des femmes en petite tenue installées dans un salon.
Au Salon de la rue des Moulins, par Henri de Toulouse-Lautrec.

La prostitution est un fait social largement répandu au tournant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn, considéré par les hygiénistes et les moralistes comme Modèle:Citation : Modèle:Citation. Elle revêt un caractère protéiforme, de la misère des relations tarifées de rue à celle, fastueuse, des « demi-mondaines » comme Caroline Otero ou Liane de PougyModèle:Sfn,<ref name="prostitution">Modèle:Article.</ref>. La prostitution est à l'époque une activité réglementée et encadrée, notamment dans les « maisons de tolérance » : les prostituées sont tenues de s'inscrire auprès de la Préfecture de police de Paris et ont l'obligation de se soumettre à des visites médicales régulières<ref name="prostitution"/>.

Premiers signes d'émancipation

Portrait photographique en buste de la scientifique.
Marie Curie en 1900.

L'éducation est le premier facteur d'émancipation des femmes de la Belle Époque, qui reçoivent toutes un enseignement primaire après le vote des lois scolaires de Jules Ferry. La loi portée par Camille Sée en 1880 crée les lycées de jeunes filles dont l'objectif républicain est de détourner les femmes de l'influence jugée néfaste de l'Église, mais non pas de former des femmes savantes, de sorte que des matières comme la philosophie, le latin et le grec n'y sont pas enseignéesModèle:Sfn. Le nombre de ces établissements passe de 23 en 1883 à 138 en 1913 mais ils sont rarement accessibles aux familles modestes et les filles issues de familles bourgeoises fréquentent le plus souvent des institutions privéesModèle:Sfn, de sorte que ce sont principalement les filles de familles libérales ou progressistes qui les intègrentModèle:Sfn. L'impératif matrimonial demeurant la norme, ces établissements secondaires cherchent avant tout à préparer les femmes dans le rôle qu'elles tiendront dans leur futur foyerModèle:Sfn. De même, si les effectifs féminins restent marginaux sur les bancs des universités françaises, leur nombre passe de moins de 500 en 1900 à plus de 2000 à la veille de la Première Guerre mondiale et des femmes comme Marie Curie, première femme titulaire d'une chaire à la Sorbonne en 1906 et première lauréate d'un prix Nobel trois ans plus tôt, ou des avocates comme Marguerite Dilhan<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> et Maria Vérone<ref>Modèle:Article.</ref>, font figure de pionnièresModèle:Sfn.

De nouveaux emplois apparaissent pour les femmes de la moyenne et petite bourgeoisie comme ceux du travail de bureau, en particulier dans la fonction publique (les PTT comptent notamment Modèle:Unité employées en 1906<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>), ou d'institutrice à mesure que se développe l'enseignement des jeunes fillesModèle:Sfn. En 1914, 10 % des femmes actives possèdent un emploi dans les services et la fonction publique comme demoiselles de bureau, télégraphistes, dactylographes ou institutricesModèle:Sfn.

Une de journal.
Une de La Fronde du Modèle:Date-, premier journal féministe.

La Belle Époque voit également l'essor du mouvement féministe. Un Conseil national des femmes françaises affilié au Conseil international des femmes est créé en 1901 dans le but de regrouper et de coordonner toutes les œuvres et sociétés féministes. D'inspiration philanthropique, l'association compte Modèle:Unité peu après sa créationModèle:Sfn. En parallèle, la presse féminine se développe peu à peu : en 1897, Marguerite Durand crée le quotidien La Fronde, dans lequel interviennent de grandes figures comme Séverine ou Lucie Delarue-Mardrus, puis en 1907, Madeleine Pelletier, la première femme médecin diplômée en psychiatrie, fonde la revue mensuelle La Suffragiste, avant de consacrer plusieurs ouvrages à la cause féministe comme L'Émancipation sexuelle de la femme en 1911 et Le Droit à l'avortement en 1913Modèle:Sfn. Les revendications des femmes françaises s'inscrivent dans un mouvement international plus large : au Royaume-Uni, des femmes s'engagent en politique, comme les suffragettes qui militent pour l'obtention du droit de vote féminin, ou de manière plus radicale chez les socialistes comme Rosa Luxemburg en AllemagneModèle:Sfn.

Les différentes religions

Catholicisme en déclin

Au tournant du siècle, la majorité des Français sont baptisés mais la pratique religieuse est en baisse. L'Église demeure une composante majeure de la société mais son influence se réduit dans un cadre républicain marqué par un fort anticléricalisme, une urbanisation et une industrialisation croissante. Le développement des sciences et de la philosophie contribuent à la remise en cause de l'enseignement traditionnel catholiqueModèle:Sfn. Dans certaines régions, la pratique religieuse demeure fortement ancrée, principalement dans l'Ouest de la France, de la Bretagne à la Vendée, le Pays basque, la bordure orientale du Massif central, la Savoie et les terres agricoles du Nord, mais elle disparaît progressivement de certains territoiresModèle:Sfn. La déchristianisation de certaines couches sociales est avancée, en particulier celle des ouvriers qui, en quittant la campagne, abandonnent la pratique religieuse, comme le souligne l'historien Pierre Pierrard : Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>. De façon générale, la population urbaine s'éloigne peu à peu de la religion, en premier lieu les professions libérales, les fonctionnaires, puis les commerçants, les artisans et les employés. Au début du siècle, le nombre d'enterrements civils est très important dans certains quartiers parisiensModèle:Sfn.

Caricature figurant un homme tranchant les liens unissant l'église, représenté par un abbé, et la République française, représentant une femme.
Caricature dénonçant la séparation des Églises et de l'État, parue dans Le Rire en 1905.

La Troisième République entraîne une sécularisation accélérée de la société, qui culmine dans le vote de la loi de séparation des Églises et de l'État en 1905Modèle:Sfn. Une partie des catholiques vit cette loi comme une persécution d'État et se considère en situation Modèle:Citation<ref>Modèle:Chapitre.</ref>, et le rejet de cette loi devient un argument pour ceux qui dénoncent le Modèle:Citation dont la France serait victime, l'antisémitisme étant alors largement répandu dans certains milieux catholiques<ref>Modèle:Article.</ref>, des revendications qui seront ensuite portées par l'Action françaiseModèle:Sfn.

L'Église catholique apparaît néanmoins déchirée sur ces questions, comme en témoigne la crise moderniste. Des théologiens comme Alfred Loisy cherchent à concilier la pensée rationnelle et la foi catholique mais sont fermement condamnés par le pape Pie X qui rejette en bloc leurs théories : des publications sont mises à l'index et les prêtres sont tenus de prêter le serment antimoderniste à partir de 1910Modèle:Sfn. La même année, Le Sillon, un mouvement fondé par Marc Sangnier qui cherche à promouvoir un catholicisme social, est dissousModèle:Sfn. Sur le plan politique, l'Action libérale populaire veut rassembler les catholiques ralliés à la République, mais son succès est limité : les catholiques intransigeants hostiles au régime la rejettent en bloc, quand les plus modérés, comme l'abbé Lemire, premier prêtre élu député en 1893, l'accusent de cléricalismeModèle:Sfn.

Si la place de l'Église catholique dans la société tend à diminuer, certains éléments démontrent qu'elle conserve un certain dynamisme, comme la réussite des patronages paroissiaux qui s'attachent à l'éducation populaire des jeunes gens des classes défavorisées, le succès des pèlerinages comme celui de Lourdes, ou le renouveau catholique dans la littérature française après la conversion de nombreux intellectuelsModèle:Sfn.

Évolution des autres grandes familles spirituelles

En 1872, la France compte environ Modèle:Unité, soit 1,6 % de la populationModèle:Sfn. Malgré leur faible nombre, ces derniers exercent une grande influence dans la société française de la Belle Époque, tant par le développement du christianisme social que par leur surreprésentation dans les fonctions publiques et les grades supérieurs de la hiérarchieModèle:Sfn,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. La religion protestante étant parfaitement compatible avec les principes de la démocratie républicaine, la plupart des protestants deviennent des républicains convaincus et soutiennent les grandes lois comme celle de séparation des Églises et de l'État en 1905. À titre d'exemple, le gouvernement William Henry Waddington en 1879 est composé pour moitié de ministres protestants, et deux autres membres de cette religion exercent la fonction de président du Conseil sous la Troisième République, Charles de Freycinet et Gaston Doumergue, futur président de la République. Cette forte représentation des protestants dans l'appareil politique est dénoncée par le courant nationaliste, en particulier pendant la crise de l'affaire DreyfusModèle:Sfn.

Environ Modèle:Unité vivent en France vers 1900, dont 60 000 en Algérie. La plupart d'entre eux, éloignés de la pratique religieuse, se sont complètement assimilés à la nation française et témoignent d'un fort attachement à la République, comme le montrent les nombreuses commémorations du centenaire de la Révolution organisées dans les synagogues en 1889, ce qui n'est pas le cas des juifs d'Europe orientale et centrale qui s'installent progressivement sur le territoire pour fuir les persécutionsModèle:Sfn. Selon l'historien Michel Winock, ces derniers, souvent pauvres et s'exprimant dans un français très incorrect, suscitent ou renforcent la vague d'antisémitisme qui s'abat sur la France au tournant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et qui culmine avec le déclenchement de l'affaire Dreyfus. Pour autant, de nombreux intellectuels juifs, philosophes, écrivains, chercheurs ou acteurs, illustrent l'intégration réussie des populations juivesModèle:Sfn.

Par ailleurs, les sociétés de libre-pensée se multiplient sous la Troisième République et s'attachent à remplacer les pratiques charitables de l'Église en organisant des sociétés de secours mutuel et en veillant au bon déroulement des enterrements civils. Composée en grande majorité d'hommes, et entretenant des liens avec la franc-maçonnerie et les partis de gauche, la libre-pensée a fortement contribué à la laïcisation de la société et de l'État selon Jacqueline LalouetteModèle:Sfn,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Pour autant, la fracture spirituelle entre catholiques et non-catholiques tend à se réduire face au danger extérieur et à mesure que le patriotisme s'affirmeModèle:Sfn.

Sentiment d'insécurité et criminalité

Photographie d'un homme portant une moustache.
Le criminel Jules Bonnot.

La progression de la délinquance et de la criminalité est une opinion largement répandue au sein de la société française de la Belle Époque, une impression que les statistiques permettent de nuancer : si le nombre de meurtres et d'assassinats tend à s'accroître dans les premières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le nombre de décès consécutifs à des coups et blessures sans intention de donner la mort est en diminution, si bien que la criminalité n'accuse aucune augmentation sensible au cours de cette périodeModèle:Sfn.

Pour autant, de nouvelles formes de criminalité apparaissent. Au début des années 1910, une nouvelle méthode défraie la chronique, celle des bandits en automobile, dont la bande à Bonnot est le symboleModèle:Sfn. Par ailleurs, la délinquance juvénile est en forte augmentation et s'exprime le plus souvent par le phénomène de bandes. Des adolescents ou de jeunes adultes, le plus souvent désœuvrés et touchés par l'alcoolisme, multiplient les vols et les agressions dont la presse se fait l'écho : ceux que l'on surnomme les « apaches », Modèle:Citation selon l'expression de Michelle Perrot, incarnent une nouvelle forme de violence qui pousse une large partie de la société française à réclamer une plus grande sévérité de jugementModèle:Sfn. Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, cependant que le nombre d'exécutions diminue, le débat sur la peine de mort est relancé. Dans le même temps, Georges Clemenceau, ministre de l'Intérieur, charge Célestin Hennion de moderniser la police française pour la doter de moyens appropriés pour lutter contre les nouvelles formes de criminalitéModèle:Sfn.

Riche période culturelle, de divertissements et d'inventions

Apogée de la culture écrite

Essor de la presse

La Belle Époque constitue le véritable âge d'or de la presse écriteModèle:Sfn, dans un contexte d'alphabétisation croissante de la population qui entraîne alors une forte demande. D'une part, l'essor de la presse écrite est encouragé par la loi du 29 juillet 1881 qui instaure la liberté de la presse. D'autre part, une série d'innovations techniques permettent d'importants gains de production, comme l'utilisation de la linotype, une machine de composition au plomb qui se développe en Europe dans les Modèle:Nobr, le perfectionnement de la presse rotative ou le remplacement progressif des machines à vapeur par l'électricitéModèle:Sfn. En même temps que les journaux s'étoffent, ils deviennent plus attrayants grâce aux nouveaux procédés d'illustration comme la photographie ou l'héliogravure, qui permet l'impression en couleursModèle:Sfn. Dans le même temps, l'extension du réseau ferré rompt l'isolement de certaines régions et permet la diffusion des principaux titres de la presse écrite sur l'ensemble du territoire<ref name="mollier">Modèle:Article.</ref>.

Dessin en couverture de journal montrant une rixe mortelle à laquelle participe quatre individus.
Une du Petit Journal en 1907.

Avant 1914, la presse française diffuse chaque jour près de Modèle:Unité de journaux<ref name="mollier presse">Modèle:Article.</ref>. Le Petit Parisien, dont les ventes passent de Modèle:Unité en 1899 à près de Modèle:Unité en 1913, devient le premier quotidien national pendant cette période. Dirigé par Jean Dupuy, il possède sa propre imprimerie, comme la plupart des grands journaux, mais aussi sa propre papeterie, ce qui lui permet de maîtriser l'ensemble du processus de fabricationModèle:Sfn. Leader à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Le Petit Journal voit ses ventes décliner, en raison notamment de ses prises de position antidreyfusardes. Malgré son affaiblissement, il tire encore à Modèle:Unité avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, et se place avec Le Petit Parisien, Le Journal et Le Matin, comme l'un des quatre grands quotidiens nationaux de cette périodeModèle:Sfn. Aux côtés de ces titres populaires figure une certaine presse d'élite. L'Écho de Paris, dont le tirage atteint Modèle:Unité en 1912, est un titre apprécié du lectorat catholique et conservateur, tandis que Le Temps, un journal républicain modéré d'influence protestante, est largement répandu dans l'élite de centre gaucheModèle:Sfn.

La Belle Époque marque également l'essor de la presse militante et engagée, parfois confiée à un polémiste comme L'Intransigeant d'Henri Rochefort ou La Libre Parole d'Édouard Drumont dont le ton est résolument antisémiteModèle:Sfn. Dans le camp royaliste, Le Gaulois, dont le tirage oscille entre 20 000 et Modèle:Unité est considéré comme le journal de la noblesse et de la haute-bourgeoisie, tandis que L'Action française, fondée en 1908, affiche ouvertement son opposition acharnée à la Troisième République et à la démocratieModèle:Sfn. Si le ralliement d'une partie des catholiques à la République entraîne une recomposition de la presse catholique française, La Croix en reste le premier quotidien, avec un tirage quotidien qui atteint Modèle:Unité vers 1900Modèle:Sfn. Dans le sillage de La Justice de Georges Clemenceau, dont le tirage reste relativement modeste, la presse de gauche voit la naissance de plusieurs titres-phares comme L'Aurore, créé par Ernest Vaughan et célèbre pour avoir publié l'article J'accuse… ! d'Émile Zola en Modèle:Date-, ou L'Humanité, fondé en 1904 par Jean JaurèsModèle:Sfn. En 1897, le premier quotidien féministe, La Fronde, nait sous l'impulsion de Marguerite DurandModèle:Sfn.

Portrait photo d'un homme chauve et moustachu.
Georges Clemenceau en 1904.

Le néologisme « intellectuel » apparaît dans le contexte de l'affaire Dreyfus. Georges Clemenceau est le premier à utiliser ce substantif dans les colonnes de L'Aurore en Modèle:Date- pour désigner les hommes de lettres et de sciences qui s'engagent pour défendre le capitaine dégradé, bien que tous ces Modèle:Citation ne figurent pas dans le camp dreyfusardModèle:Sfn. Mais le contenu politique n'est pas la seule caractéristique des journaux de l'époque, et comme le rappelle Pierre Albert, Modèle:Citation. Les journaux affichent également leurs préoccupations littéraires et artistiques, si bien qu'il existe un lien manifeste entre la presse et la production littéraireModèle:Sfn. Arthur Meyer, fondateur du Gaulois, affirme que Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

La presse pour enfants connaît elle aussi un âge d'or : aux côtés de références comme le Magasin d'éducation et de récréation et Le Petit Français illustré, présents depuis la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, de nouveaux titres apparaissent, parmi lesquels Les Belles Images et L'Épatant rencontrent un certain succès, grâce aux nombreuses illustrations qu'ils proposent aux lecteursModèle:Sfn.

Renouveau de l'édition et création des prix littéraires

Couverture d'une revue portant des caractères noirs et rouges.
Premier numéro de la Modèle:Abréviation discrète en 1909.

La scolarisation de masse, l'essor de la presse écrite, tout comme l'urbanisation croissante du pays, dans la mesure où les incitations à la lecture sont plus nombreuses en ville et que l'accès au livre et au journal y est plus aisé qu'en milieu rural, ont favorisé une certaine Modèle:Citation dont a largement profité la production littéraire de la Belle ÉpoqueModèle:Sfn. L'historien Michel Winock qualifie la période d'Modèle:CitationModèle:Sfn.

L'édition scolaire représente un marché considérable pour l'industrie du livre, dont tirent parti les principales maisons de ce secteur comme Hachette, Larousse, Belin, Armand Colin, Delagrave, Hatier ou NathanModèle:Sfn. Le monde de l'édition dans son ensemble connaît cependant un léger déclinModèle:Sfn, qui peut s'expliquer par la concurrence des journaux qui Modèle:CitationModèle:Sfn, au point que certains éditeurs choisissent de publier des journaux de lecture, comme Flammarion avec Le Bon Journal ou Hachette avec Lectures pour tousModèle:Sfn. Malgré ce Modèle:Citation de l'activité éditoriale, certains genres comme les ouvrages de vulgarisation, les livres pratiques ou les romans populaires connaissent un certain succèsModèle:Sfn. C'est la naissance des collections à bas prix mais à grands tirages, dans lesquelles paraissent des romans policiers à succès comme la série des Arsène Lupin ou des Fantômas, mais également des romans historiques comme Les Pardaillan de Michel ZévacoModèle:Sfn.

La Belle Époque est aussi celle de la création des premiers prix littéraires : le prix Goncourt est décerné pour la première fois en 1903, le prix Femina l'année suivanteModèle:Sfn. La démocratisation de la lecture touche aussi les revues : la Revue des Deux Mondes, fondée en 1829, compte environ Modèle:Unité pendant cette période, un chiffre jamais atteint par aucune autre revue intellectuelle. Des revues littéraires apparaissent qui rassemblent certains des plus grands écrivains de l'époque, comme le Mercure de France, La Revue blanche, et surtout La Nouvelle Revue française, qui deviendra une référence dans l'entre-deux-guerres sous l'impulsion de Gaston GallimardModèle:Sfn.

Activité littéraire intense

La production littéraire de la Belle Époque est abondante et éclectique, entre traditions et modernité. Les poètes parnassiens, Modèle:Citation, sont très appréciés de l'élite bourgeoise qui lit notamment les œuvres de Leconte de Lisle (mort en 1894), José-Maria de Heredia, Sully Prudhomme et François Coppée, président d'honneur de la Ligue de la patrie française et antidreyfusard notoireModèle:Sfn.

Maurice Barrès, Modèle:Citation, figure du nationalisme français, est l'un des chefs de file du courant anti-moderne, qui regroupe des auteurs comme Henry Bordeaux, René Bazin ou Paul BourgetModèle:Sfn. Autre auteur à succès, Pierre Loti, qui Modèle:CitationModèle:Sfn, rejette avec force la modernité pour se tourner vers un Orient consolateur : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. À l'inverse, d'autres écrivains exaltent les valeurs de la modernité et de la technique, comme Octave Mirbeau, qui publie en 1907 le premier récit de voyage en automobile, ou Filippo Tommaso Marinetti, dont le Manifeste du futurisme est publié dans Le Figaro en 1909Modèle:Sfn.

La littérature anarchiste invite elle aussi à la rupture et au rejet de l'ordre, de l'autorité et des principes de la bourgeoisie. Dans le sillage d'auteurs révoltés et pamphlétaire comme Lucien Descaves, Laurent Tailhade ou Georges Darien, des revues anarchistes sont créées, dont la plus célèbre, L'Assiette au beurre, accueille les textes de nombreuses plumes célèbres, comme Anatole FranceModèle:Sfn. Auteur engagé en faveur de nombreuses causes sociales et politiques, libre-penseur, anticlérical, il fait figure d'autorité auprès des socialistes et devient à cette période Modèle:CitationModèle:Sfn. Dans le même temps, des poètes comme Blaise Cendrars, Paul Fort ou Guillaume Apollinaire expérimentent de nouvelles formes et jettent les bases de la poésie moderneModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

L'historien Michel Winock évoque une Modèle:Citation dans les années qui précèdent la Première Guerre mondiale, autour d'auteurs qui refusent Modèle:Citation. C'est dans ce cadre qu'est lancée en 1909 La Nouvelle Revue française, qui regroupe des écrivains partageant Modèle:CitationModèle:Sfn. Encore inconnu du grand public à cette époque, André Gide en est un des écrivains majeurs, mais la Modèle:Abréviation discrète publie aussi bien des auteurs établis que des écrivains prometteurs, parmi lesquels Paul Valéry, Alain-Fournier, Charles Vildrac, Léon-Paul Fargue, Paul Fort, Roger Martin du Gard ou encore Jules RenardModèle:Sfn.

La Belle Époque dans les Arts

Selon Michel Winock, la Belle Époque se présente comme une période de rupture et de modernité dans le domaine des arts, et cette modernité, célébrée par l'Exposition universelle de 1900, repose sur trois piliers principaux : la technique, l'urbanisation et la sécularisation de la société françaiseModèle:Sfn. Le début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle apparaît comme une période de créativité intense dans tous les domaines, et Paris devient le carrefour du mouvement artistique internationalModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Création artistique foisonnante

Tableau représentant un groupe d'artistes autour d'un tableau.
Hommage à Cézanne, par Maurice Denis, 1900.

La production artistique connaît une abondance sans précédent dans les premières années de Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, qui font de Paris un véritable Modèle:CitationModèle:Sfn. Bien que la capitale accueille de nombreux peintres engagés dans la voie d'un art moderne, la peinture officielle, académique, mise en avant par l'Académie des beaux-arts, contrôle encore les principaux salons, le prix de Rome, et ses représentants monopolisent les commandes d'État, à l'image de Jean-Paul Laurens ou Carolus-DuranModèle:Sfn. Les peintres d'avant-garde dépendent quant à eux de collectionneurs et de marchands d'art comme Leo Stein, Victor Chocquet ou Ambroise Vollard, et voient leurs œuvres exposées dans de rares salons artistiques comme celui des indépendants, créé en 1884, ou le Salon d'Automne, créé en 1903Modèle:Sfn.

Doyen des impressionnistes, qui triomphent dans une exposition au Grand Palais lors de l'exposition universelle de 1900Modèle:Sfn, Claude Monet est au sommet de sa gloire dans le Paris de la Belle Époque : il débute sa série des Nymphéas, dont plusieurs tableaux sont exposés chez le marchand Paul Durand-Ruel et rencontrent un franc succès. Pour autant, les artistes des générations suivantes s'écartent de l'impressionnisme et subissent l'influence d'autres peintres qui ouvrent de nouvelles voies de rechercheModèle:Sfn. Ainsi Paul Gauguin, qui choisit l'exil aux îles Marquises, juxtapose des aplats de couleurs vives et simplifie à l'extrême le tracé pour faire ressortir l'authenticité des scènes. Il inspire de nombreux peintres comme Félix Vallotton, Pierre Bonnard, Maurice Denis, Édouard Vuillard ou Paul Sérusier, qui se regroupent au début des Modèle:Nobr sous le nom de nabisModèle:Sfn. Autre figure majeure de la peinture de cette époque, Paul Cézanne intègre des formes géométriques à ses paysages et abandonne la convention du point de vue unique, ce qui fait de lui le précurseur des peintres cubistesModèle:Sfn.

Photographie en noir et blanc d'une exposition de tableaux dans un musée.
Exposition cubiste au Salon d'automne de 1912, au Grand Palais.

Pablo Picasso et Georges Braque sont les maitres de ce nouveau mouvement dont Les Demoiselles d'Avignon, une œuvre qui puise autant dans les nouvelles références artistiques que dans l'art primitif, achevée en 1907, sont considérées comme le premier manifeste. L'art de Picasso est un art de rupture, Modèle:Citation. En cela, il dépasse les audaces des représentants du fauvisme comme Henri Matisse, qui se distingue par l'utilisation de couleurs violentes qui sont Modèle:CitationModèle:Sfn.

Carrefour des arts et des lettres, Paris concentre alors des artistes venus d'Europe et d'Amérique Modèle:Citation, à l'image d'Amedeo Modigliani, Marc Chagall, Eugène Zak, Léopold Gottlieb ou Moïse KislingModèle:Sfn.

Le sculpture est alors dominée par la figure d'Auguste Rodin, qui organise sa propre exposition dans un pavillon édifié à ses frais place de l'Alma lors de l'exposition universelle de 1900 et présente à cette occasion Modèle:Unité en plâtre, en bronze ou en marbreModèle:Sfn. Ses premières œuvres sont assez classiques dans leur facture, mais, des Bourgeois de Calais au Penseur, elles deviennent de plus en plus expressives. Des sculpteurs comme Antoine Bourdelle, Aristide Maillol ou Camille Claudel se distinguent également à cette époqueModèle:Sfn.

Renouveau de l'architecture et des arts décoratifs

Photo en couleurs sur fond d'immeubles et de ciel bleu d'une petite toiture en verre avec marquise arrondie cerclées de fer forgé.
Une entrée de métro dessinée par Hector Guimard à la station Abbesses.

Dans les domaines de l'architecture et des arts décoratifs, la France de la Belle Époque est marquée par l'apogée de l'Art nouveau, un style qui apparaît comme Modèle:CitationModèle:Sfn. Dans le sillage d'Hector Guimard, qui conçoit de nombreux immeubles ainsi que les entrées du métro parisien, une nouvelle génération d'architectes emploient des matériaux industriels comme le fer ou le verre, faciles à travailler et peu onéreuxModèle:Sfn.

Les arts décoratifs adoptent les motifs végétaux mis en avant par l'Art nouveau pour créer des objets utilitaires (mobilier, vaisselle) traités comme des œuvres d’art, sous l'impulsion notamment d'Émile Gallé et de l'École de Nancy, du céramiste Alexandre Bigot ou du joaillier René LaliqueModèle:Sfn. Par ailleurs, Paris devient la capitale de la mode féminine, autour de couturiers comme Paul Poiret, Jean-Philippe Worth, Jeanne Paquin ou Mariano Fortuny y MadrazoModèle:Sfn.

Théâtre et autres arts de la scène

Affiche en couleur montrant une femme dans un médaillon.
La comédienne Arlette Dorgère en tête d'affiche dans la fantaisie-opérette, La Princesse des Flirts (1906).

Le théâtre connaît une période faste : le nombre de salles augmente considérablement entre 1860 et 1913 et le théâtre s'adresse désormais à un large publicModèle:Sfn. Le succès de certaines pièces assure une gloire authentique aux auteurs comme aux comédiens : Sarah Bernhardt est considérée dans le monde entier comme la reine des comédiennes, et l'auteur de Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand, reçoit la Légion d'honneur devant l'enthousiasme que soulève son œuvreModèle:Sfn. Paul Claudel, qui Modèle:Citation, multiplie les succèsModèle:Sfn.

Alors que la Comédie-Française propose un théâtre ambitieux dans des salles de haut rang comme l'Odéon et le théâtre Antoine, d'autres scènes font la part belle à des genres populaires comme le théâtre de boulevard et le vaudeville, dont des auteurs remarquables comme Georges Feydeau s'assurent une très grande fortuneModèle:Sfn. Tristan Bernard et Georges Courteline s'affirment également comme des références du théâtre comiqueModèle:Sfn.

Musique qui rompt avec le passé

Modèle:Citation bloc La vie musicale française est d'une très grande richesse mais reste concentrée sur Paris, reflétant autant le rayonnement international de la « Ville Lumière » que la centralisation politique, administrative et culturelle de la France. Michel Winock affirme que la France de la Belle Époque Modèle:Citation à la musique, comme en témoigne l'exposition universelle de 1900 : entre avril et novembre, outre la trentaine de concerts officiels, Modèle:Unité de musique symphonique sont données, et près de Modèle:Unité d'opéraModèle:Sfn,<ref name="d'Angelo">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Portrait photographique d'un homme de profil.
Claude Debussy, compositeur phare de la Belle Époque.

Les premières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle sont marquées par la prépondérance en matière de création musicale. Gabriel Fauré et Camille Saint-Saëns figurent parmi les principaux compositeurs de cette époque, tandis que Jules Massenet accumule les triomphes avec ses opéras Sapho (1897), Cendrillon (1899) et Le Jongleur de Notre-Dame (1902)Modèle:Sfn. En parallèle, une nouvelle esthétique musicale se développe, dans le sillage de Claude Debussy dont les compositions, influencées par les musiques orientales, suscitent l'incompréhension de la critique tout autant qu'elles séduisent les jeunes mélomanes. Son opéra Pelléas et Mélissande, dont la première a lieu en 1902, est joué dans le monde entierModèle:Sfn. À la même période, Maurice Ravel rencontre ses premiers succès et se distingue par un certain éclectisme tout autant que par sa grande féconditéModèle:Sfn.

Affiche colorée présentant un danseur.
Affiche de Jean Cocteau pour la création du Spectre de la rose par les Ballets russes.

De même qu'en peinture, le Paris de la Belle Époque attire compositeurs et musiciens du monde entierModèle:Sfn. Serge de Diaghilev fonde les Ballets russes, compagnie dans laquelle se distingue le danseur Vaslav Nijinski et dont la première saison a lieu au théâtre du Châtelet en 1909. Le compositeur Igor Stravinsky acquiert une immense renommée dans les années qui précèdent la Première Guerre mondiale. Son ballet L'Oiseau de feu est joué pour la première fois à l'Opéra de Paris en 1910, et trois ans plus tard, Le Sacre du printemps déclenche le scandale : d'abord rejetée par le public et par la critique, tout en étant défendue par quelques intellectuels comme Guillaume Apollinaire, l'œuvre rencontre finalement le succès et s'impose comme l'une des plus importantes de l'histoire musicale du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn,<ref name="d'Angelo"/>. Paris accueille également des compositeurs espagnols comme Isaac Albéniz, Enrique Granados et Manuel de Falla. Le pianiste Ricardo Viñes est l'un des interprètes majeurs de cette époque et contribue à faire connaître les grandes œuvres créées à Paris dans toute l'Europe et l'Amérique latine<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Les grands salons parisiens donnent le ton de cette intense vie artistique, comme ceux de la comtesse Greffuhle<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, des princesses de Polignac et de Cystria, de Misia Sert ou encore de Madame de Saint-Marceaux<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Les premiers festivals de musique se développent dans le sud de la France, au théâtre antique d'Orange pour les Chorégies et aux arènes modernes de Béziers, où Fernand Castelbon de Beauxhostes monte des spectacles grandioses, tels la Déjanire de Camille Saint-Saëns (1897), Parysatis (1902) ou l'Héliogabale de Déodat de Séverac (1910)<ref name="d'Angelo"/>.

Progrès, découvertes scientifiques et technologies nouvelles

Modèle:Article détaillé Selon l'historien Jean-Marie Mayeur, la France connaît entre 1896 et 1913 une deuxième révolution industrielle, qui s'appuie sur le développement de l'automobile et de l'électricité. De nouvelles industries de pointe, hautement innovantes, se développent alors<ref name="mayeur">Modèle:Chapitre.</ref>. En Europe comme aux États-Unis, le nombre de brevets croit fortement. Comme le souligne l'historien François Jarrige, Modèle:Citation<ref name="jarrige">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Sciences et techniques

Photographie des deux scientifiques à côté de leurs instruments.
Pierre et Marie Curie dans leur laboratoire, vers 1904.

Dans le domaine des sciences, l'historien Dominique Lejeune présente la Belle Époque comme celle d'un Modèle:Citation, l'état d'esprit de foi optimiste en la science se diffusant assez largement au sein de la société dans les premières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, mais il rappelle également que dans le sillage du philosophe Henri Bergson, qui devient le maître à penser d'une large part de l'élite intellectuelle française, apparaît une critique du scientisme au profit de Modèle:Citation, tout autant qu'une Modèle:CitationModèle:Sfn.

Si les travaux de recherche et les découvertes se multiplient sur le plan international, la France n'est pas en reste : entre 1901 et 1913, les scientifiques français reçoivent deux prix Nobel de physique et trois de chimieModèle:Sfn. Les découvertes de la radioactivité par Henri Becquerel en 1896 puis du radium par Pierre et Marie Curie en 1898 entraînent une révolution dans les domaines de la physique, de la médecine ou de la chimie : Modèle:CitationModèle:Sfn. Les recherches entreprises à l'étranger se diffusent également en France : le physicien Paul Langevin y introduit notamment la théorie de la relativité d'Albert Einstein, tandis que les progrès de la télégraphie sans fil bénéficient largement des travaux d'Édouard BranlyModèle:Sfn.

Les découvertes les plus importantes ont été d’abord appliquées à la vie quotidienne. C’est le cas de la maîtrise de l’électricité, quand Marcel Deprez et Aristide Bergès mettent au point un système pour transporter le courant. L’éclairage domestique en bénéficie et cette nouvelle forme d’énergie révolutionne les techniques industrielles. L’électrométallurgie se développe et l’électrolyse transforme le travail de l’aluminium en abaissant le prix de revient de ce métal.

Automobile et aéronautique

Tableau montrant une foule enthousiaste, les regards tournés vers le ciel où se distingue un avion, dans le coin en haut à gauche du tableau.
Envol d'un biplan type Wright, tableau de Jean Béraud, vers 1909.

Pionnière de l'industrie automobile, la France demeure la premier producteur européen et le premier exportateur mondial jusqu'en 1914. La production française de véhicules est multipliée par 20 entre 1900 et 1913, pour atteindre Modèle:Unité en une annéeModèle:Sfn. Comme le soulignent Jean Garrigues et Philippe Lacombrade, l'industrie automobile Modèle:CitationModèle:Sfn. L'industrie automobile française est portée par des entrepreneurs de pointe comme Louis Renault, qui obtient notamment le marché des taxis parisiens et londoniensModèle:Sfn. Pour autant, la production est dispersée : d'une trentaine de constructeurs au début du siècleModèle:Sfn, la France passe à Modèle:Unité avant le Première Guerre mondiale, parmi lesquels Berliet, Citroën, Peugeot, Panhard et LevassorModèle:Sfn.

Photographie montrant un homme et une femme élégamment vêtus à bord d'une voiture en stationnement.
Une voiture Renault entre 1906 et 1907.

D'abord vu comme un produit de luxe, l'automobile se diffuse plus largement à mesure que son prix baisse. Le premier salon de l'automobile est organisé à Paris en 1898, cependant que se développent une presse spécialisée (L'Auto) et des associations consacrées, comme l'Automobile Club de France, encourageant la création des premières courses. Ces grandes compétitions automobiles contribuent à la renommée et au prestige de la production françaiseModèle:Sfn. Dans le même temps, l'usage de l'automobile comme moyen de tourisme se répand : les premières cartes Michelin au 1/200 000 sont éditées dans les Modèle:Nobr, tandis que les routes des Alpes et des Pyrénées sont desservies par des compagnies d'autocarModèle:Sfn.

Dans l'aéronautique, qui conserve Modèle:Citation selon Dominique Lejeune, certaines découvertes comme celles de Clément Ader et des frères Wright permettent aux aviateurs d'accomplir de nombreux exploits, comme la première traversée de la Manche par Louis Blériot en 1909 et celle de la Méditerranée par Roland Garros en 1913Modèle:Sfn. Comme dans la filière automobile, l'industrie aéronautique française est dispersée, avec près d'une centaine d'entreprises, dont les plus renommées sont Blériot et BreguetModèle:Sfn.

Cinéma

En 1895, les frères Lumière déposent le brevet du cinématographe, un Modèle:CitationModèle:Sfn. À la fin de cette même année, la première séance publique payante se déroule à Paris, au Salon indien du Grand Café. Si l'incendie du Bazar de la Charité, en 1897, met un frein à l'expansion du cinéma, celle-ci reprend de plus belle dans les années qui suivent, au point que le cinéma apparaisse comme l'une des principales attractions de l'exposition universelle de 1900. En 1899, Georges Méliès réalise Modèle:Unité et domine la production en artiste, apportant des innovations sur le plan de la mise en scène et des truquagesModèle:Sfn. Le cinéma devient une industrie et évolue peu à peu des scènes de la vie réelle vers le vaudeville, la féérie et le grand spectacle, avec la création des premiers films dramatiques, fantastiques ou de science-fictionModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Des hommes comme Charles Pathé et Léon Gaumont créent leur propre société de cinéma et font construire de nouvelles salles richement décorées, comme le Gaumont-Palace. En 1909, Pathé Journal devient le premier journal d'actualités hebdomadaires diffusé sur grand écranModèle:Sfn.

Développement de la pratique sportive et des loisirs

Pratique sportive et culte du grand air

Photographie d'une foule parmi lesquels des groupes de gymnastes et des hommes portant des chapeaux, de nombreux drapeaux et bannières brandis en arrière-plan.
Un concours de gymnastique organisé par la FGSPF en 1907.

La pratique du sport, plus tardive en France que dans les pays voisins, se répand massivement à la Belle Époque, encouragée par la [[Association loi de 1901|loi du Modèle:1er 1901 sur les associations]] : sur l'ensemble du territoire national, il y a deux fois plus d'associations sportives en 1907 qu'en 1902, et leur nombre est multiplié par trois entre 1907 et 1913Modèle:Sfn. Les sociétés de jeux traditionnels foisonnent, tout comme les sociétés vélocipédiques, les cercles, clubs et associations de culture physique, de natation, de gymnastique, de tir et de préparation militaire. L'encouragement de la pratique sportive au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle n'a pas seulement une visée sanitaire et ludique : la préparation des corps revêt parfois des allures paramilitaires et patriotiquesModèle:Sfn.

À titre d'exemple, plusieurs circulaires sont publiées par le ministère de l'Instruction publique en 1907 pour encourager la création de sociétés scolaires de tirModèle:Sfn. Parmi les nombreuses fédérations créées à cette époque, la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France (FGSPF), fondée en 1898, rencontre un certain succès, avec près de Modèle:Unité en 1914, et participe de ce que l'historien Pierre Arnaud définit comme la seconde phase du nationalisme sportif, un nationalisme affinitaire dans l'union symbolique autour du patriotisme défensif, après le nationalisme conscriptif, patriotique et revanchard des début de la Troisième République<ref>Modèle:Article.</ref>,Modèle:Sfn. De grandes compétitions de gymnastique sont organisées, comme autant de fêtes patriotiquesModèle:Sfn.

Affiche colorée présentant différentes images de la ville et de sa région, une femme en tenue distinguée contemplant un paysage entouré de montagnes à l'arrière-plan.
Une affiche vantant le thermalisme à Cauterets.

À cette époque, le sport est d'abord pratiqué par les bourgeois et les aristocrates, qui ont à la fois du temps libre pour les loisirs et les moyens financiers d'acheter des tenues de sport, tandis que la pratique sportive se diffuse lentement vers les classes populaires jusqu'à la Première Guerre mondiale, l'accès à l'éducation et le brassage social imposé par le service militaire jouant un rôle en ce sens. C'est le cas des sports individuels comme des sports collectifs, comme le rugby<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.

Ainsi, la pratique du sport se répand d'abord massivement parmi les classes aisées de la société, cependant que se développe un certain culte du grand air et de la nature, l'élite mondaine française prenant modèle sur le mode de vie anglo-saxonModèle:Sfn. Bourgeois et aristocrates se tournent vers le sport, la promenade et les bains de mer, considérés par la médecine comme des remèdes thérapeutiques. C'est l'âge d'or des stations balnéaires de la côte normande (Cabourg, Deauville, Dieppe), bretonne (Dinard) et atlantique (Arcachon), mais également des stations thermalesModèle:Sfn,<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, dont les plus fréquentées se situent principalement au centre de l'Auvergne (Vichy, Châtel-Guyon), dans le nord-est de la France (Vittel, Plombières-les-Bains), les Pyrénées (Cauterets, Luchon) et la Savoie (Aix-les-Bains, Évian-les-Bains)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Dès 1900, la France compte près de Modèle:UnitéModèle:Sfn.

Les associations d'alpinistes rencontrent elles aussi un grand succès, les effectifs du Club alpin français atteignant Modèle:Unité avant la guerreModèle:Sfn. Par ailleurs, les Modèle:Nobr marquent l'émergence des premiers mouvements scoutsModèle:Sfn.

La naissance du « sport-spectacle »

La Belle Époque est également celle du sport-spectacle, comme en témoignent le développement d'une presse spécialisée et l'organisation d'événements de grande ampleur, comme le premier Tour de France en 1903, la course automobile Paris-Madrid la même année, interrompue avant son terme en raison du grand nombre d'accidents, ou le grand raid Pékin-Paris en 1907Modèle:Sfn. C'est aussi le temps des premières rencontres internationales : l'équipe de France de football dispute son premier match le Modèle:Date- à Bruxelles, contre la Belgique<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, tandis que le XV de France affronte la Nouvelle-Zélande le Modèle:Date- au Parc des Princes, devant Modèle:Unité<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Les Jeux olympiques de 1900, deuxième olympiade de l'ère moderne, sont organisés dans le cadre de l'exposition universelle de Paris, sous la forme de concours internationaux organisés sur cinq mois. Leur succès est limité, ces concours n'étant pas même nommés « Jeux olympiques » ni dans les documents officiels ni sur les affiches de promotion de l'événement<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Autres formes de divertissements

Bien que la population française soit encore majoritairement rurale à la Belle Époque, la ville exerce une certaine fascination et, comme le soulignent Pascale Goetschel et Emmanuelle Loyer, Modèle:CitationModèle:Sfn. La bourgeoisie se presse aux hippodromes et sur les grands boulevards, tandis que les forêts situées à la périphérie de la capitale, comme le bois de Boulogne ou le bois de Vincennes, voient affluer les promeneurs le dimancheModèle:Sfn.

Les ouvriers disposent eux aussi de temps supplémentaire pour leurs loisirs, que permet la réduction progressive de la journée de travail et l'obligation du repos dominical, votée en 1906. Les loisirs individuels, comme la pêche, la colombophilie, le bricolage ou la culture des jardins familiauxModèle:Sfn, se développent en même temps que les loisirs collectifs : jeux de billard, de cartes, de boules et de quilles dans les cafés, mais également concours de pêche, carnavals, loteries, harmonies, fanfares ou chorales organisés jusque dans les plus petits bourgsModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Pour les historiennes Pascale Goetschel et Emmanuelle Loyer, ces pratiques sont Modèle:Citation, un phénomène encore plus manifeste durant l'entre-deux-guerresModèle:Sfn.

Photographie en médaillon d'un chanteur en costume, prenant une pose, l'image étant sous-titrée et entourée d'une bordure à motif végétal.
Félix Mayol, chanteur populaire de la Belle Époque.

La culture, d'abord réservée à l'élite, se démocratise largement. De nombreuses formes de spectacle connaissent le succès à la Belle Époque, comme le music-hall et le café-concert, le cirque, mais également les célèbres revues des Folies Bergère et du Moulin-RougeModèle:Sfn : Modèle:CitationModèle:Sfn. Les airs des artistes les plus célèbres de cette époque, Félix Mayol, Paulus, Dranem, Polaire, Yvette Guilbert ou encore Jane Avril, sont vendus à la criée à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, mais également reprises par des chansonniers de rue. Les affiches comme les photographies des spectacles sont largement reproduites et annoncent l'ère du vedettariat d'après-guerreModèle:Sfn. Des chants revendicatifs sont également popularisés, comme L'Internationale, chant révolutionnaire d'Eugène Pottier mis en musique par Pierre DegeyterModèle:Sfn.

Illustration en couleurs montrant un clown noir posant une araignée au bout d'une baguette sur la tête d'un autre clown vêtu de jaune assis devant lui et tenant un banjo dans sa main gauche.
Les clowns Foottit et Chocolat, illustration en couleurs de René Vincent.

Ainsi, le spectacle populaire se diffuse à Paris, où règne encore le théâtre bourgeois. De petites salles s'établissent dans les quartiers pauvres et périphériques, où les hommes de cirque attirent les foules, à l'image des célèbres clowns Foottit et Chocolat. La Belle Époque est aussi celle des théâtres d'acrobates et de marionnettes, qui divertissent les enfantsModèle:Sfn. Certains établissements deviennent des hauts lieux du divertissement et proposent au public des spectacles de toutes sortes : des salles comme le Casino de Paris ou l'Olympia présentent tour à tour des spectacles musicaux, mais également du patinage, des bals et des projections cinématographiquesModèle:Sfn.

La multiplication des lieux de spectacle s'accompagne du développement de nouveaux lieux de divertissement permis par l'utilisation de l'électricité. Les attractions foraines se modernisent et prennent exemple sur le Luna Park, inspiré des parcs d'attractions américains, ou la Foire du Trône, véritable institution parisienneModèle:Sfn.

Le développement des spectacles populaires n'est pas le fait de la seule capitale : dans les villes de provinces, même les plus petites, des kiosques à musique et des salles de bal sont construitsModèle:Sfn.

Paris, « Ville Lumière » en pleine mutation

L'exposition universelle de 1900

Fichier:Le Chateau d'eau and plaza, Exposition Universal, 1900, Paris, France.jpg
L'Exposition universelle de Paris, en 1900.

Modèle:Citation bloc L'exposition universelle de 1900 est organisée à Paris onze ans seulement après celle de 1889, marquée par l'inauguration de la Tour Eiffel. Voulue comme la synthèse et le bilan d'un siècle de prodigieux efforts scientifiques et économiques, elle célèbre la modernité de la France<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> et son renouveau économiqueModèle:Sfn. Organisée pendant deux-cents jours, elle rassemble environ Modèle:Unité et près de Modèle:Unité de visiteurs venus du monde entierModèle:Sfn.

Vue impressionniste de la ville de Paris.
Les Quais de la Seine, tableau de Maximilien Luce, en 1899.

L'exposition universelle laisse une empreinte sur la ville de Paris. Outre l'agrandissement de nombreux hôtels pour accueillir les visiteurs, les Invalides et les Champs-Élysées sont reliés par le nouveau pont Alexandre-III, en acier moulé, et l'avenue Nicolas-II, de part et d'autre de laquelle sont édifiés le Grand Palais et le Petit Palais. Le gare d'Orsay est elle aussi construite pour l'événementModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

L'exposition consacre l'électricité, à travers un palais qui lui est entièrement dédié, illuminé par plus de Modèle:Unité. La première ligne du métro de Paris, entre la porte de Vincennes et la porte Maillot, est inaugurée le Modèle:Date-, pendant l'exposition, qui accorde également une large place au cinéma, avec dix-huit emplacements différents qui lui sont dédiésModèle:Sfn.

Transformation de la ville

Photographie en noir et blanc d'une structure métallique.
Construction du métro aérien, en 1905.

Le nombre d'habitants à Paris est multiplié par cinq entre 1800 et 1900, ce qui en fait la troisième ville du monde après Londres et New York à l'aube de la Première Guerre mondiale. Cette forte croissance de la population entraîne une extension de l'habitat à Paris et dans sa banlieue qui exige de nouveaux transports, permis par les progrès techniques de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn. Inauguré en 1900, le métro de Paris se développe rapidement avec Modèle:Unité de voies en 1909. Le dernier omnibus et le dernier tramway à chevaux disparaissent de la circulation en 1913<ref>Modèle:Article.</ref>. L'automobile se diffuse et le lancement du premier autobus en 1905 aboutit l'année suivante à la création de la première ligne régulière entre Montmartre et Saint-Germain-des-PrésModèle:Sfn. Outre les transports motorisés, la bicyclette connaît elle aussi un fort développement, consacré par la tenue de grands événements sportifs comme le premier Tour de France en 1903, qui permet à l'industrie du cycle de bénéficier d'une vitrine pour ses différents produits<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Le développement de l'électricité, tout autant que son rayonnement artistique et culturel, confère à Paris le surnom de « Ville Lumière » : les lampadaires électriques remplacent peu à peu les becs de gaz dans les rues de la ville, tandis que les enseignes lumineuses se multiplientModèle:Sfn.

Historiographie

« Belle Époque », genèse d'un chrononyme

Plusieurs historiens, Jean Garrigues et Philippe LacombradeModèle:Sfn, affirment que l'appellation « Belle Époque » est apparue immédiatement après la fin de la Première Guerre mondiale pour Modèle:Citation. Selon Dominique Lejeune, cette expression Modèle:CitationModèle:Sfn. Dès lors, l'expression se diffuse rapidement au sein de la population qui l'utilise pour Modèle:CitationModèle:Sfn.

De fait, le qualificatif démontre la perception quelque peu déformée d'un passé proche et Modèle:Citation, ce qui, pour autant, n'est pas sans fondement pour Dominique Lejeune, car Modèle:CitationModèle:Sfn.

Si la grande majorité des ouvrages consacrés à la période s'accordent sur une naissance du chrononyme « Belle Époque » dès la fin de la Première Guerre mondiale, l'historien Dominique Kalifa conteste cette assertion dans une étude parue en 2016. D'après son analyse, aucune référence à la « Belle Époque » en tant que période historique n'apparaît au cours des Modèle:Nobr, bien que l'expression soit attestée dans son usage naturel pour évoquer l'âge d'or ou l'apogée d'une activité : Modèle:CitationModèle:Sfn.

En 1931, le pamphlet 1900, de Paul Morand, est le premier à circonscrire la période et à Modèle:Citation. Bénéficiant d'une large couverture médiatique, cette diatribe contre une période jugée stupide par son auteur suscite une forte réaction et contribue à lancer une Modèle:Citation, de nombreuses personnalités, écrivains ou critiques d'art s'attachant alors à défendre les premières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn. Une certaine nostalgie du Modèle:Citation, célébrée dans le film d'Abel Gance Paradis perdu, réalisé en 1939 et diffusé l'année suivante, se met alors en placeModèle:Sfn.

Selon Dominique Kalifa, c'est en 1940 que figure le premier usage sans équivoque du chrononyme « Belle Époque », à travers l'émission radiophonique « Ah la Belle Époque ! croquis musical de l'époque 1900 » que le comédien André Alléhaut anime sur Radio-Paris. Le succès de l'émission est tel que son programme est ensuite adapté sur la scène des music-halls parisiens, avant que le Moulin-Rouge en copie la formule en Modèle:Date- dans un spectacle intitulé « 1900 : la belle époque ». L'expression entraîne alors avec elle Modèle:CitationModèle:Sfn. En 1946, le film Paris 1900, de Nicole Vedrès, s'affirme dans son sous-titre comme un Modèle:CitationModèle:Sfn. L'expression se diffuse rapidement, au point que l'économiste Alfred Sauvy déplore : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Évolution des représentations

Modèle:Citation bloc C'est dans les Modèle:Nobr que l'imaginaire de la Belle Époque, considérée en tant que période historique, se répand largementModèle:Sfn. Selon Dominique Kalifa, dans le contexte international d'après-guerre où la France devient une puissance secondaire, Modèle:CitationModèle:Sfn. Célébrer la France du début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle tend alors à rassurer la population en rappelant sa grandeur, son rôle et son rayonnement culturel à cette époqueModèle:Sfn. Le nombre d'ouvrages consacrés à la séquence se multiplie, qu'il s'agisse de livres Modèle:Citation comme La France de M. Faillères, de l'historien Jacques Chastenet en 1949, d'études historiques centrées sur le triomphe de la Troisième République ou bien d'ouvrages biographiques, de mémoires et de souvenirs. Les images de la Belle Époque intègrent les manuels scolaires et la première exposition dédiée à la période est organisée à Bordeaux en 1957. La production cinématographique n'est pas en reste avec près de soixante films consacrés entre 1943 et 1960Modèle:Sfn.

Dans les Modèle:Nobr, la Belle Époque n'est plus un imaginaire de référence, principalement sous l'effet des transformations voulues par le président Georges Pompidou pour la capitale : Modèle:CitationModèle:Sfn. Dans le même temps, les travaux des historiens abandonnent la Modèle:Citation de la Belle Époque pour se concentrer sur les tensions, les conflits et les inégalités qui la jalonnentModèle:Sfn. Ainsi, les nombreux témoignages de Français ayant vécu l'époque et publiés dans les Modèle:Nobr montrent souvent Modèle:CitationModèle:Sfn.

Dominique Kalifa explique que dans le dernier quart du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:CitationModèle:Sfn. En même temps que le mouvement de décentralisation culturelle se met en marche, le phénomène Modèle:Citation valorise un patrimoine de proximité de plus en plus Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. La Belle Époque s'impose comme le temps des grands-parents, celui des greniers et des brocantes Modèle:Citation<ref name="fabre bensa">Modèle:Ouvrage.</ref> et Modèle:Citation<ref name="fabre bensa"/>. Cette vague est portée par le nouveau marché que constitue les millions de cartes postales imprimées au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et de nombreux éditeurs se spécialisent dans la publication d'ouvrages retraçant l'histoire d'une région, d'une ville ou d'un village à la Belle ÉpoqueModèle:Sfn. Dans le même temps, la Belle Époque s'internationalise et l'expression comme à s'appliquer à d'autres histoires nationales. C'est le cas en Italie mais également en Amérique du Sud, où certains auteurs brésiliens soulignent des similitudes entre la rénovation de Rio de Janeiro à compter de 1903 et les grands travaux de ParisModèle:Sfn.

Au tournant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les travaux d'historiens cherchent à dresser un portrait plus nuancé de la Belle Époque en relativisant le mythe de Modèle:Citation que sous-tend l'expression sans chercher à masquer les indicateurs d'une vie meilleure pour l'ensemble des FrançaisModèle:Sfn. C'est le cas de Jean-Baptiste Duroselle qui publie en 1992 La France de la Belle Époque, un ouvrage didactique et appuyé par de nombreuses statistiques<ref>Modèle:Article.</ref>, ou de Michel Winock, qui édite en 2002 une somme d'analyses tirée de son cours d'historie contemporaine à l'Institut d'études politiques de ParisModèle:Sfn. Plus d'un siècle après la fin de la période, la Belle Époque est encore un sujet d'actualité. En 2019, l'historien Antoine Prost en propose une Modèle:Citation, tandis que Modèle:Citation<ref name="bechini"/> : cette même année, le réalisateur Roman Polanski transpose l'affaire Dreyfus dans le film J'accuse, France 3 diffuse un documentaire réalisé à partir d'images colorisées du début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Une si belle époque !, et la mini-série Le Bazar de la Charité relate l'incendie survenu dans cette salle en 1897<ref name="bechini">Modèle:Article.</ref>.

Notes et références

  • Michel Winock, La Belle Époque, La France de 1900 à 1914, 2022 :

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  • Autres références :

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