Licorne

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Semi-protection longue Modèle:En-tête label Modèle:Méta bandeau de note Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Créature La licorne, parfois nommée unicorne, est une créature légendaire à corne unique. Son origine, controversée, résulte de multiples influences, en particulier de descriptions d'animaux tels que le rhinocéros et l'antilope, issues de récits d'explorateurs. Les premières représentations attestées d'animaux unicornes remontent à la civilisation de l'Indus. Le récit sanskrit d'Ekashringa et les routes commerciales pourraient avoir joué un rôle dans leur diffusion vers le Proche-Orient.

Connue dans l'Occident chrétien depuis l'Antiquité grecque par des récits de voyageurs en Perse et en Inde, sous le nom de « monocéros », la licorne occidentale se distingue de ses consœurs asiatiques par son apparence, son symbolisme et son histoire. Sous l'influence du Physiologus, les bestiaires occidentaux et leurs miniatures la décrivent comme un animal sylvestre très féroce, symbole de pureté et de grâce, attiré par l'odeur de la virginité. Le récit de sa chasse, durant laquelle une jeune fille vierge aide les chasseurs à la capturer, se diffuse dans tout l'Occident chrétien ainsi qu'une partie du monde musulman. La représentation physique de la licorne occidentale se fixe entre le cheval et la chèvre blanche à la fin du Moyen Âge. Elle se voit dotée d'un corps équin, d'une barbiche de bouc, de sabots fendus, et surtout d'une longue corne au milieu du front, droite, spiralée et pointue, qui constitue sa principale caractéristique, comme dans la série de tapisseries La Dame à la licorne.

La licorne devient l'animal imaginaire le plus important de l'Occident chrétien depuis le Moyen Âge jusqu'à la fin de la Renaissance. La croyance en son existence est omniprésente, grâce au commerce de sa « corne » et à sa présence dans certaines traductions de la Bible. Des objets présentés comme d'authentiques « cornes de licorne » s'échangent, et sont crédités du pouvoir de purifier les liquides des poisons et de guérir la plupart des maladies. Peu à peu, ces objets sont identifiés comme des dents de narval, un mammifère marin arctique. L'existence de la licorne reste toutefois discutée jusqu'au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. De tous temps, cette bête légendaire intéresse des théologiens, médecins, naturalistes, poètes, gens de lettres, ésotéristes, alchimistes, psychologues, historiens et symbolistes. Son aspect symbolique, très riche, l'associe à la dualité de l'être humain, la recherche spirituelle, l'expérience du divin, la femme vierge, l'amour et la protection. Carl Gustav Jung lui consacre une quarantaine de pages dans Psychologie et Alchimie.

La licorne figure depuis la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle parmi les créatures typiques des récits de fantasy et de féerie, grâce à des œuvres comme De l'autre côté du miroir de Lewis Carroll, La Dernière Licorne de Peter S. Beagle, Legend de Ridley Scott, ou encore Unico d'Osamu Tezuka. Son imagerie moderne s'éloigne de l'héritage médiéval, pour devenir celle d'un grand cheval blanc « magique », avec une corne unique au milieu du front. Son association récente à des univers fictifs tels que, entre autres, My Little Pony, lui donne une image plus mièvre. Elle est souvent prétexte à des parodies dans la culture populaire, entre autres à travers le culte de la Licorne rose invisible. Modèle:Sommaire

Étymologie et terminologie

D'après l'Académie française, le substantif féminin licorne est un emprunt à l'italien Modèle:Langue, avec agglutination et coupure fautive de l'article défini élidé<ref name="Académie" group="R">Modèle:Académie (Modèle:Nobr) Modèle:Consulté le.</ref>,<ref group="R">Modèle:CNRTL Modèle:Consulté le.</ref>,<ref group="R" name="Rép">Modèle:Lien web à la question d'Modèle:Nobr (France) du Modèle:Date-, dans Dire, ne pas dire, sur le site de l'Académie française [consulté le Modèle:1er 2017].</ref> (l'al- > lal- > la l-). Le dictionnaire Le Robert soutient cette même théorie, le nom « licorne » étant vraisemblablement un emprunt du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à l'italien, lui-même forme altérée du latin chrétien Modèle:Langue<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Une autre théorie, plus ancienne (attestée à partir de 1694), voulait que le latin unicornis ait pu donner directement le mot « licorne », après suppression de la lettre « u », et transformation du « n » en « l »<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. En effet, l'emploi d' « unicorne » est attesté dans la langue française avant la généralisation de « licorne », notamment dans une chanson médiévale de Thibaut de Champagne<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Selon la linguiste Henriette Walter, le mot « licorne » proviendrait de deux erreurs successives : la prononciation « unicorne », sous l'influence du latin et du mot anglais Modèle:Langue, a fait croire qu'il s'agit d'« une icorne », avec l'article indéfini, d'où l'icorne avec l'article défini, ce qui a donné « licorne »<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>. Mais d'après l'Académie française, c'est le nom anglais qui est un emprunt à l'ancien français « unicorne », et non l'inverse<ref group="R" name="Rép" />.

Le latin Modèle:Langue, signifiant « à une seule corne » (de unus, « une » et cornu, « corne »), est la traduction littérale de Modèle:Langue (Modèle:Langue) en grec ancien, de même sens<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>.

De nombreuses créatures issues de légendes et de récits d'explorateurs sont nommées ou surnommées « licorne », leur seul point commun étant la description d'une corne unique. C'est le cas du qilin chinois, plus connu au Japon sous le nom de kirin, de l’indrik russe, du re'em de la Bible, du tragelaphus d'Aristote, du Karkadann et du Shâdhavâr perses, du Kartazonos (Modèle:Langue) de Claude ÉlienModèle:Sfn (dérivé d'après Odell Shepard du sanskrit Modèle:Citation étrangère, signifiant « seigneur du désert »Modèle:Sfn), du camphruch et du pirassouppi d'André Thevet. Après sa découverte, le mammifère marin à l'origine du commerce des « cornes de licorne » en occident, le narval, acquiert le surnom de Modèle:CitationModèle:Sfn. Le narval étant perçu comme la version aquatique de l'animal terrestre légendaire, ce surnom perdureModèle:Sfn. L’Elasmotherium, un grand rhinocerotidae éteint vu comme une origine possible des licornes asiatiques, est surnommé la « licorne géante »Modèle:Sfn.

Origines

deux sceaux, un foncé, l'autre blanc avec des dessins dessus
Sceau de la vallée de l'Indus avec animal unicorne, v. - 2500 - 2000. British Museum.

La licorne fascine le monde occidental depuis des sièclesModèle:Sfn. Les légendes et représentations universelles d'animaux à corne unique, en orient comme en occident, et surtout la dimension mystique et ésotérique de la licorne, portée par des « artistes, conteurs et rêveurs » enclins à la méditation, sont source de mystère et d'inspiration. Les œuvres qui mettent en scène une licorne possèdent souvent une forte charge symbolique, à l'image des tapisseries et des bestiaires du Moyen ÂgeModèle:Sfn. Les théories concernant ses origines se révèlent plus ou moins sérieuses, à tel point que le professeur et poète américain Odell Shepard suggère avec humour dans son ouvrage The Lore of the Unicorn, publié en 1930, qu'elle doit provenir de l'Atlantide ou des montagnes de la LuneModèle:Sfn.

Un débat concerne l'influence des créatures unicornes asiatiques, peut-être connues depuis la préhistoire, sur la licorne occidentale dont l'image s'est forgée au Moyen Âge. La théorie d'une influence orientale est défendue par le psychanalyste et érudit Carl Gustav Jung (dans Psychologie et Alchimie), par l'historien d'art Richard EttinghausenModèle:Sfn, par l'essayiste et tibétologue Francesca-Yvonne Caroutch<ref group="Note">Les travaux de F. Y Caroutch sont contestés. Selon Pierre Julien, Le livre de la licorne est affaibli Modèle:Citation - Modèle:Harvsp. Bruno Faidutti met en garde contre l'« érudition aussi foisonnante qu'approximative » de F. Y. Caroutch : « à la différence de Malraux comme de Jung, madame Caroutch ne vérifie pas ses sources, et ses références sont généralement inexactes » : Modèle:Harvsp.</ref>, par l'écrivain Roger Caillois, et par quelques études mettant en lien récits et représentations orientales et occidentales<ref group="R" name="Giacomo"/>. Cette théorie est réfutée, entre autres, par Odell ShepardModèle:Sfn, par le théologien français Jean-Pierre Jossua (qui juge les parallèles indiens et chinois effectués par Jung et Caillois peu crédiblesModèle:Sfn) et par la thèse de doctorat en sciences sociales de Bruno Faidutti. D'après ce dernier, les travaux de Carl Gustav Jung ont entraîné une tendance au syncrétisme, et donc l'attribution du nom de Modèle:Citation à des créatures distinctesModèle:Sfn.

Origine orientale

Fichier:Unicorn. Mold of Seal, Indus valley civilization.jpg
Empreinte de sceau de la vallée de l'Indus, Chhatrapati Shivaji Maharaj Vastu Sangrahalaya (anciennement Prince of Wales Museum), Mumbai.
Gravure représentant deux animaux, des signes d'écriture sont inscrits en haut à droite
Combat d'un lion et d'un animal unicorne sur un bas-relief des ruines de Persépolis. Gravure du livre de l’explorateur Carstens Niebuhr : Voyage en Arabie et en d’autres pays circonvoisins, Amsterdam, 1779.

L'existence de représentations d'animaux à corne unique dans la civilisation de l'Indus est source de controverses au moins depuis la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn. La plus ancienne image connue d'un animal unicorne (en 2013) provient du Nord de la vallée de l'IndusModèle:Sfn. Daté d'environ - 2600Modèle:Sfn, son profil ne correspond à aucun animal à cornes connu dans la région (tel que le buffle ou le rhinocéros)Modèle:Sfn. Ce motif est retrouvé sur Modèle:NobrModèle:Sfn, disparaissant vers - 1900Modèle:Sfn. Il remplit une fonction symboliqueModèle:Sfn. Il n'existe pas de preuves qu'il se soit transmis ensuite en Asie de l'Ouest ou au TibetModèle:Sfn, mais l'archéologue Jonathan Mark Kenoyer postule qu'il ait pu se transmettre physiquement au Proche-Orient à la faveur des voyages de marchands, et influencer des légendes en Asie occidentaleModèle:Sfn.

Selon Francesca-Yvonne Caroutch, la licorne est connue en Asie dès la période pré-bouddhiqueModèle:Sfn. Intégrée à la mythologie chinoise sous le nom de QilinModèle:Sfn,Modèle:Sfn, elle serait mentionnée dans les Annales de BambouModèle:Sfn, et deviendrait un symbole cosmique dans la civilisation mésopotamienne, de fécondité et de fertilité dans la civilisation indo-aryenne. Elle serait présente dans d'anciennes cosmogonies et des textes religieux et philosophiques aussi bien chinois qu'indiens ou persesModèle:Sfn, notamment en Himalaya, Mésopotamie, et Crète préhelléniqueModèle:Sfn. Elle cite des créatures unicornes dans le Bundahishn, l’Atharva-Véda, l’épopée de Gilgamesh, le Rāmāyana et le Mahâbhârata de l'Inde AntiqueModèle:Sfn.

Jonathan Mark Kenoyer estime qu'il n'existe aucune preuve d'une connexion directe entre ces exemples de créatures unicornes dans l'espace asiatiqueModèle:Sfn. Certains liens entre animaux unicornes indiens et licorne occidentale reposent sur des erreurs de traduction ou des biais, à l'image de l'expression Khaggavisāṇa en pāli, traduite par Modèle:Citation, mais révisée (2014) par Modèle:Citation<ref group="R">Modèle:Article.</ref>. Une peinture rupestre représentant un bovin dans une grotte de Paphlagonie a parfois été interprétée à tort comme celle d'une licorne, en raison de la présence d'un trait qui servait plus vraisemblablement de guide de tracé<ref group="R">Modèle:Chapitre.</ref>. Certains bas-relief perses représentant un bœuf vu de profil (avec une seule corne visible) ont pu jouer un rôle dans la diffusion de la légende de la licorne : Ettinghausen estime que ces représentations ont influencé l'image du Karkadann perseModèle:Sfn, expliquant ainsi les représentations et mentions d'animaux unicornes dans le monde arabe médiévalModèle:Sfn. Il ajoute que la Modèle:Citation du monde musulman par rapport à l'Inde, à la Chine, et à l'Occident chrétien, a favorisé la diffusion de la légende de la licorneModèle:Sfn. Pour lui, les représentations d'animaux unicornes dans le monde arabe sont d'origine indienne, l'Inde étant l'origine la plus vraisemblable pour le motif du combat entre le rhinocéros et l'éléphantModèle:Sfn.

Le conte indien de l'Modèle:Citation, ou Modèle:Citation, littérature sanskrite issue des Jātaka (récits des vies antérieures du Bouddha) et du Mahâbhârata, met en scène un ermite solitaire appelé Ekashringa, ce qui signifie « Corne unique »Modèle:Sfn. Il conte le périple d'un mystique méditant et vivant dans la forêt, parmi les animaux. En buvant à la même source qu'une antilope divine, il donne naissance à un enfant doté d'une corne unique sur la tête et de pouvoirs surnaturelsModèle:Sfn. Ce conte est souvent cité pour son influence sur la licorne occidentale : certains éléments se retrouveraient dans les croyances perses, elles-mêmes à l'origine des récits gréco-romains concernant le monocérosModèle:Sfn,<ref group="R" name="Giacomo"/>. Ettinghausen estime aussi que ce conte a influencé les érudits arabesModèle:Sfn. D'après Caroutch, différentes versions existent au Japon, en Chine, en Inde et en PerseModèle:Sfn. Le conte d'Ekashringa aurait, toujours d'après Caroutch, forgé après de nombreux remaniements la légende de l'apparition merveilleuse d'un animal portant une corne unique en ivoire, qui ne peut être capturé que par une jeune filleModèle:Sfn.

Origine occidentale

Gravure de licorne blanche
De Monocerote (de la licorne), gravure dans Historiae Animalium par Conrad Gessner, 1551.

Odell Shepard souligne la difficulté à remonter l'histoire de la licorne occidentale au-delà des récits de Ctésias, au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècleModèle:Sfn. Au crédit d'une origine préhistorique, l'une des peintures naturalistes de la grotte de Lascaux avait été qualifiée de Modèle:Citation en raison de deux traits rectilignes évoquant une corne sur son front. Il s'agit vraisemblablement de la reproduction déformée d'un lynx<ref group="R">Modèle:Article.</ref>.

Les observations mal comprises d'animaux réels expliquent en grande partie les multiples descriptions de la licorne occidentale, mais l'histoire de cette créature se révèle longue et complexe, notamment en raison de sa symbolique. Création du haut Moyen ÂgeModèle:Sfn, la licorne occidentale est une chimère. Elle ne provient pas de la mythologie gréco-romaine ni d'une religion puisqu'elle ne présente aucun lien avec la création du monde<ref group=Note>Bien qu'on la trouve fréquemment représentée dans des peintures du jardin des délices.</ref>, les gestes héroïques, ou la fondation d'une ville. Elle naît d'un mélange entre traditions orales et écrites, récits de voyage (depuis Ctésias au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle) et descriptions des naturalistesModèle:Sfn. Pour Bruno Faidutti, son origine est à rechercher dans les premiers bestiaires inspirés du Physiologus et dans les textes gréco-romains, eux-mêmes issus d'observation d'animaux exotiquesModèle:Sfn. D'après Odell Shepard, la légende de la licorne occidentale est issue du mélange entre la description de Ctésias, qui en a fait un animal féroce ne pouvant être chassé par des techniques conventionnellesModèle:Sfn et le récit de sa capture par une vierge dans le Physiologus.

Animaux réels aux sources de la légende

Animal quadrupède couleur fauve
Ctésias décrit l'Hémione, un âne sauvage asiatique, comme ayant une corne unique.

Il est fréquent, pour les explorateurs, de confondre des animaux connus avec une créature à corne unique. Pour Odell Shepard, le monocérosModèle:Sfn,<ref name="Giacomo" group="R" /> de Ctésias mélange des récits sur le rhinocéros indien, dont la corne est traditionnellement créditée de propriétés thérapeutiques, sur l'onagre (ou âne sauvage), réputé dans l'Antiquité pour sa vitesse et sa combativité (cité par exemple dans l'Anabase de Xénophon), et sur l'antilope du TibetModèle:Sfn. La découverte de la survie jusqu'à une époque relativement récente de certaines espèces disparues de rhinocéros laineux comme ceux du genre Elasmotherium laisse à penser que ce genre d'animaux a aussi pu influencer la légende (soit de leur vivant, soit par leurs squelettes imposants)<ref group="R" name="Dinerstein"/>.

Narval

dessin représentant des animaux à corne unique.
Licorne, narval et Modèle:Citation comparés dans le Museum Museorum, en 1704.

Modèle:Article détaillé

Le narval a joué, bien malgré lui, un rôle central dans la longue croyance en la licorne occidentale. La grande dent unique et spiralée de ce mammifère marin s'est longtemps vendue comme Modèle:Citation en Europe, depuis la fin du Moyen Âge jusqu'à la Renaissance, en particulier au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, fournissant une preuve matérielle de l'existence de l'animal légendaire<ref group="R">Modèle:Article.</ref>. La première mention d'un narval cornu figure dans l’Atlas Minor, un ouvrage savant daté de 1607<ref group="H">Modèle:Ouvrage, cité par Modèle:Harvsp.</ref>. Une autre description détaillée du narval paraît en 1645 grâce à Thomas Bartholin, mais sans faire de lien entre « licorne de mer » et licorne terrestreModèle:Sfn.

En 1704, un dessin du Museum Museorum de Michael Bernhard Valentini, première étude des collections d’Europe, compare l'objet alors vendu comme « corne de licorne » médicinale (Modèle:Langue), une représentation de narval (Modèle:Langue), un squelette reconstitué de Modèle:Citation (probablement un Elasmotherium) et une représentation équine de la licorne, titrée Modèle:Langue<ref name="Valentini" group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>,Modèle:Sfn. La défense du narval reste longtemps considérée comme une corne et non comme une dent, probablement en raison du refus de la dissymétrie énoncé par Carl von Linné dans son Modèle:Langue<ref group="Di">Modèle:Ouvrage, cité dans Modèle:Harvsp.</ref>. Le narval est depuis nommé la « licorne de mer ». Il est admis à partir du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle que la plupart des Modèle:Citation vendues comme antidote sont en réalité des dents de narvalModèle:Sfn. La découverte du narval fait s'effondrer le cours des « cornes de licorne » et met fin à leur commerce, mais la croyance en l'existence de la licorne perdure, même chez certains érudits, jusqu'au milieu du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn.

Rhinocéros et Elasmotherium

dessin représentant un mammifère poilu avec une corne sur le front
Reconstitution d'un elasmotherium par Heinrich Harder (1858-1935).

Modèle:Article détaillé La confusion entre la licorne et le rhinocéros est fréquente, particulièrement dans l'Antiquité et au Moyen Âge, en raison d'erreurs de traduction à partir du latin<ref group="R">Modèle:Article.</ref>. Le rhinocéros indien, plus petit que l'africain, est le seul animal terrestre existant à posséder une seule corne, avec le rhinocéros de Java. L'animal décrit par Pline l'Ancien au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle s'en rapproche<ref name="Pline" group="H"/>. Par ailleurs, des rhinocéros sont vus à Rome dès le Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle Les Étymologies d'Isidore de Séville, au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref group="H">Isidore de Séville, Étymologies, livre XII, 2</ref>, sont une source de confusion avec le rhinocéros, puisque l'auteur décrit la capture du monocéros avec l'aide d'une vierge, ainsi qu'un combat furieux face à l'éléphantModèle:Sfn. Marco Polo décrit un rhinocéros à Java comme étant une licorne, dans le Devisement du mondeModèle:Sfn.

Ulisse Aldrovandi soupçonne l'erreur de Marco Polo : Modèle:Citation. La corne des rhinocéros est réputée posséder des propriétés médicinales, tout comme celle de la licorne. Cette confusion est fréquente, en particulier chez les érudits qui écrivent de faux récits de voyages en s'inspirant des sources de l'antiquité classique<ref name="Rursus" group="R">Modèle:Article.</ref>.

Il existe aussi un groupe d'animaux éteints, le genre Elasmotherium, dont les espèces étaient des sortes d'énormes rhinocéros eurasiens natifs des steppes jusqu'à la fin du Pléistocène, et présents en Europe et en Russie. Parfois surnommé « licorne géante », ce type d'animal possédait une très grande corne unique au milieu de la tête, généralement située entre les yeux. Selon Willy Ley, la description de cet animal pourrait s'être transmise oralement dans certaines légendes russesModèle:Sfn ; des restes fossilisés pourraient aussi avoir alimenté la légende (comme les fossiles de dinosaures pour les dragons)<ref name="Drager">Modèle:Ouvrage.</ref>. Le témoignage d'un voyageur arabe du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, Ibn Fadlân, laisse à supposer la survie d’Elasmotherium pendant les temps historiques, puisque sa description correspond au karkadann de la Perse, et à la licorne zhi de la Chine<ref group="R" name="Giacomo">Modèle:Article.</ref>. L'extinction d'Modèle:Langue pourrait être plus récente qu'on ne l'avait précédemment supposé<ref group="R">Modèle:Article.</ref>,<ref group="R" name="Dinerstein">Modèle:Ouvrage.</ref>, bien que la datation de cette extinction à Modèle:Unité dans le passé reste controversée<ref group="R">Modèle:Article.</ref>.

Le Rhinocéros laineux pourrait pour sa part avoir disparu il y a seulement Modèle:Unité<ref name="Tong 2004a"> Modèle:Ouvrage. </ref>, cependant il portait deux cornes, au niveau du nez (à la manière du rhinocéros blanc actuel).

Antilopes

Photo de plusieurs Oryx d'Arabie dont un avec une seule corne visible
Oryx d'Arabie avec une seule corne visible.

Modèle:Article détaillé

Diverses variétés d'antilopes, dont l'oryx<ref name="Stet" group="R">Modèle:Article</ref> et l'éland<ref group="R">Modèle:Article.</ref>, peuvent avoir contribué à propager la légende de la licorne, notamment par le commerce de leurs cornes, attesté au Tibet avec l'antilope localeModèle:Sfn. Claude Élien fait référence à ce type d'animaux en décrivant une corne noire et annelée chez le monocérosModèle:Sfn. L'oryx d'Arabie, antilope blanche portant deux longues cornes minces pointées vers l'arrière, ressemble à un cheval unicorne vu de côté et à distance<ref name="Stet" group="R"/>. Aristote lui attribue une seule corne dans son Histoire des animaux<ref group="H" name="Aristote"/>, ainsi que Pline l'Ancien, dans son Histoire naturelle (livre XI, chapitre CVI).

Mammifères vivants avec une corne ou un bois

photo d'un animal de couleur marron clair et marron foncé.
Oryx égyptien avec une corne déformée.

Il arrive qu'une seule des deux cornes d'un mammifère se développe. Les deux cornes peuvent aussi se mêler et fusionner, ce qui donne l’impression que l’animal n’en porte qu’une. Quelques animaux à corne unique sont bien attestés. Naturels mais rarissimes, ils ne constituent pas une espèce, leurs cas relevant de la tératologie. Ces cas sont documentés depuis l'Antiquité. F. Y. Caroutch cite notamment le bélier de PériclèsModèle:Sfn :

Modèle:Citation bloc

Le devin Lampon interprète ce présage comme la victoire du parti de Périclès sur celui de Thucydide, mais le philosophe Anaxagore dissèque le crâne et montre qu'il s'agit d'une malformation<ref group="R">Modèle:Article.</ref>. Ces cas restent connus de nos jours, puisque le Centre des sciences naturelles de Prato, en Italie, abrite depuis 2007 un chevreuil doté d'un bois unique au milieu du front : le directeur du parc a déclaré à cette occasion que ce type de naissance pourrait être à l'origine de la légende de la licorne<ref group="P">Modèle:Lien web. Voir aussi Modèle:Lien web.</ref>, même si les maladies qui la provoquent comme l'Holoproencéphalie ne permettent généralement pas la survie de l'animal jusqu'à l'âge adulte.

Créations artificielles

Squelette d'un animal présenté en pleine nature
Plastique d'un "squelette de licorne" basé sur la description d'un os trouvé par Otto von Guericke, exposé à l'entrée du zoo d'Osnabrück en Allemagne.

La création artificielle de mammifères dotés d'une corne ou d'un bois unique a pu jouer un rôle dans la croyance en la licorneModèle:Sfn. Cependant, Bruno Faidutti réfute que ces cas aient pu avoir une influence réelle sur la construction de son imageModèle:Sfn. Des cas de « licornes » créées artificiellement sont documentésModèle:Sfn tant en Occident qu'en Orient, ou en Afrique. Au contraire de la licorne occidentale, les licornes artificielles asiatiques sont, à l'origine, des chèvres angora dont les cornes sont liées par le fer et le feu. Cette corne artificielle est courte, ressemblant à deux chandelles tresséesModèle:Sfn. Cette pratique a depuis disparu, en raison de sa cruauté envers les animauxModèle:Sfn.

En Occident, le cas le plus connu de « licorne artificielle » est celui d'os fossiles déterrés à Einhornhöhle (dans le massif du Harz, en Allemagne). Ces ossements sont décrit par le maire de Magdebourg, Otto von Guericke, comme une licorne en 1663Modèle:Sfn. Cette prétendue licorne, assemblage hétéroclite d'un crâne de rhinocéros laineux et d'os de mammouth sur lesquels est fixée une défense de narval, n'a que deux jambes. Le squelette est examiné par Gottfried Wilhelm Leibniz, qui a douté de l'existence de la licorne et l'atteste dans une publication de 1690, lui apportant de la notoriétéModèle:Sfn. Il est cependant vite considéré comme un canularModèle:Sfn.

Beaucoup plus récemment, en 1982, les cornes d'un bouc nommé Lancelot sont modifiées artificiellement pour n'en former qu'une. Il est présenté comme Modèle:Citation dans plusieurs cirques américains<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Ses créateurs s'attribuent la redécouverte d'une technique perdue. Face aux protestations de militants des droits animaliers, ils finissent par retirer l'animalModèle:Sfn. Un autre bouc aux cornes modifiées apparaît dans un bar à thème de Washington en 2006Modèle:Sfn.

Description

Les « licornes » occidentales et asiatiques diffèrent par leur description, leur seule caractéristique commune étant la présence d'une corne unique, qui est la plus importante caractéristique de la licorneModèle:Sfn.

Licornes occidentales

dessin d'un animal de couleur blanche situé dans un paysage de colline
Licorne dans un manuscrit du Livre des propriétés des choses de Barthélemy l'Anglais, au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. BNF, Fr.22532, f.310v.

Modèle:Encadré

D'après Bruno Faidutti, la licorne occidentale « eut une âme avant d'avoir un corps »Modèle:Sfn, son sens symbolique (pureté féminine) ayant précédé la relative uniformisation de son apparence physique (couleur blanche, apparence de petit cheval, longue corne spiralée et droite)Modèle:Sfn. Roger Caillois la décrit comme une alliance entre la fine monture des damoiselles et la corne du narval, qui trône parmi les trésors royauxModèle:Sfn. Les auteurs grecs ne représentaient pas visuellement le monocéros, source d'inspiration des bestiaires médiévauxModèle:Sfn. La généralisation de la forme à la fois caprine et chevaline et de la couleur blanche dans les représentations artistiques résultent du symbolisme et des allégories attribués à la licorne au Moyen ÂgeModèle:Sfn. La robe blanche de cette licorne qui acquiert du cheval sa taille et sa noblesse s'impose pour un animal symbole de pureté et de modestieModèle:Sfn.

La licorne n'a pas toujours été décrite comme un animal pacifique : son attirance pour les jeunes filles vierges et son attribut phallique peuvent aussi en faire un symbole viril, soutenu par la violence contenue parfois attestée chez cet animal, qui selon certains auteurs n'hésite pas à tuer la jeune fille qui cherche à l'approcher si elle n'est pas vierge<ref name="Pastoureau/Lebrun">Modèle:Lien web.</ref>.

Le problème des différences de description de la licorne dans le monde occidental se pose dès l'Antiquité, où l'on relève jusqu'à sept animaux « unicornes » : le rhinocéros, l'âne sauvage, le « bœuf indien », l'oryx, le bison, le « cheval indien » et le monocéros proprement ditModèle:Sfn. Barthelemy l'Anglais (Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle) remarque cette disparité :

Modèle:Citation bloc

Les différences dans les descriptions de licornes fournies par les explorateurs de la Renaissance conduisent soit à réfuter son existence, soit à supposer de multiples espècesModèle:Sfn. La corne unique n'est pas toujours le point commun entre tous ces animaux, puisqu'il existe aussi des mentions de licornes à deux cornesModèle:Sfn. Au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, des récits d'explorateurs mentionnent également des licornes aquatiques, telles que le Pirassouppi et le CamphruchModèle:Sfn.

Licornes orientales

Bas relief d'animal cornu à sabots.
Bas-relief japonais d'un Kirin. Yasukuni-jinja, Tokyo.

Modèle:Article détaillé Le Karkadann (de Kargadan, perse : كرگدن « seigneur du désert »), animal unicorne de Perse dont la description physique est extrêmement variableModèle:Sfn et dont le nom signifie « rhinocéros », est nommé entre autres dans les Mille et une NuitsModèle:Sfn, et mentionné par Ibn BattutaModèle:Sfn. Comme la licorne occidentale, sa chasse est réputée dangereuseModèle:Sfn. Il peut être capturéModèle:Sfn, et fait l'objet de représentations de combats féroces contre d'autres animaux, en particulier l'éléphant (aux {{#switch: XIV

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}}

}}Modèle:Sfn). Sa corne a divers usages médicinaux, et est très précieuseModèle:Sfn.

Le qilin, surnommé « licorne asiatique », est souvent représenté dans l'art ancien comme un reptile à queue de bœuf proche du cerf, portant deux cornes recouvertes de fourrure sur le front, parfois une seule dans les textes. Sa symbolique est très positive, puisqu'il représente l'arrivée des grands sages, notamment par son association à Confucius<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>. Symbole de perspicacité, il est traditionnellement représenté dans les tribunaux chinois du système impérial sur la tenture séparant la salle d'audience et le cabinet du magistrat<ref group="R" name="Tournier">Modèle:Ouvrage.</ref>. Il fait partie des cinq animaux sacrés associés aux éléments avec le dragon azur, l'oiseau vermillon, le tigre blanc et la tortue noireModèle:Sfn. Dans sa version japonaise, il se nomme KirinModèle:Sfn. Ce nom est également présent en turc<ref group="R">Modèle:Article.</ref>. Au Tibet, deux animaux unicornes entourent souvent la roue du Dharma en remplaçant les biches<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Le shâdhavâr, parfois qualifié de « licorne perse », est une créature carnivore et traîtresse du folklore arabe, semblable à une gazelle portant une seule corne qui se ramifie, symboliquement plus proche des sirènes mythologiques que de la licorne occidentaleModèle:Sfn. Sa première représentation figure dans un manuscrit du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle attribué au Perse Al-Qazwini (1203-1283)Modèle:Sfn.

Histoire

Estampe de licorne
Licorne. Albert le Grand, De animalibus, estampe, Francfort-sur-le-Main (1545).

Des animaux unicornes sont décrits dès l'Antiquité gréco-romaine, mais la licorne n'appartient à aucune légende populaire vivante, et ne marque ni les arts plastiques, ni les récits créatifs, ni la mythologie de l'AntiquitéModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Elle ne figure que dans des récits de voyages et des descriptions d'animaux recopiées les unes sur les autresModèle:Sfn. Son image se fixe à la fin du Moyen Âge, son invention pouvant être datée du début de la Renaissance de l'occident chrétien, époque où des ouvrages entiers lui sont consacrésModèle:Sfn. Par son omniprésence dans l'Art et les récits des lettrés, la licorne européenne forme l'animal imaginaire le plus important de l'époque.

Sources grecques

Les sources grecques se rattachent à l'histoire naturelle. La plupart de ces textes attestent l'existence d'un animal unicorne en Inde. Le plus ancien texte de la littérature occidentale évoquant la licorne date d'entre -416 et -398. Il est dû au médecin grec Ctésias, qui résida dix-sept ans à la cour de Perse, avec Modèle:Souverain2 et Modèle:Souverain2. À son retour en Grèce, il rédigea une Histoire de l'Inde nommée Ἰνδικά / Indiká<ref>Ctésias n'a en réalité jamais séjourné en Inde</ref> dont il reste des fragments rapportés au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle par Modèle:Souverain3Modèle:Sfn. Ils décrivent, parmi les peuples et animaux fabuleux de l'« Inde » :

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Ctésias semble croire fermement en l'existence de l'animal qu'il décrit<ref name="Bodart">Modèle:Ouvrage.</ref>. Au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, le philosophe Aristote classe les animaux par le nombre de leurs cornes et de leurs sabots, peut-être en s'appuyant sur Ctésias. Il en distingue deux qui auraient une corne, l'âne indien et l'oryx : Modèle:Citation bloc

Mégasthène est, vers 300 av. J.-C., envoyé comme ambassadeur à la cour de Chandragupta Maurya, roi des Indes, à Pataliputra sur les bords du Gange<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. Il y reste une dizaine d'années, et rédige son livre Indica<ref group="H">Indica (310 av. J.-C. selon Bosworth) : fragments conservés dans Modèle:Ouvrage.</ref>. Il décrit un animal solitaire des montagnes appelé « Kartazoon » ou « kartajan » d'après la langue du pays. Pour la première fois, cet animal unicorne est décrit comme doux avec les autres animaux. Querelleur envers les siens, son agressivité ne s'adoucit qu'à la saison des amours. Sa corne est utilisée comme remède contre les poisons<ref group="H">Modèle:Grc Mégasthène, FRAGM. XV. B. (in Aelian, Hist. Anim, livre XVI, chapitre 20 et 21.) Modèle:Lire en ligne.</ref>. Strabon le cite en disant qu'Modèle:Citation<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Comme le note Richard Ettinghausen, les sources grecques de Claude Ptolémée et d'Aristote se sont transmises à des érudits arabes. Al-Jahiz (776-867) et Sharaf al-Zamān Ṭāhir al-Marwazī (1056-1124) y font référence dans leurs propres écritsModèle:Sfn.

Sources romaines

Gravure d'animal composite
Licorne par Andrés Ferrer de Valdecebro, Madrid, 1658, inspirée de la description de Pline l'Ancien.

La croyance se perpétue à l'époque romaine, Jules César attestant lui-même la présence d'une sorte de cerf unicorne dans la forêt hercynienneModèle:Sfn. La description de Pline l'Ancien, au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, sert de base à de nombreux ouvrages plus tardifs :

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Au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, Philostrate l'Athénien reprend le récit de Ctésias dans sa Vie d'Apollonios de Tyane, sans prêter foi aux vertus médicinales de la corne :

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Au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, Claude Élien reprend peut-être les récits de CtésiasModèle:Sfn, ou ceux de Mégasthène :

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Influence des érudits d'Alexandrie

Modèle:Article connexe Selon Odell ShepardModèle:Sfn et Jean-Pierre JossuaModèle:Sfn, les érudits d'Alexandrie placent la licorne au cœur du symbolisme chrétien. Au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, de nombreux récits sur les animaux assortis d'une morale circulent. Le premier bestiaire chrétien, le Physiologus, y trouve son origine. Il exerce une influence considérable sur la diffusion de la légende de la licorne dans le monde occidentalModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Le Physiologos (en latin Physiologus), recueil de brefs récits vraisemblablement rédigé en grec ancien en Égypte au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn, raconte pour la première fois la capture d'un monocéros par des chasseurs utilisant une jeune vierge comme appât, entre autres descriptions d'animaux et de créatures imaginairesModèle:Sfn. Le texte est présenté comme une technique de chasse, non comme un mytheModèle:Sfn. Sa description pourrait être plus ancienneModèle:Sfn. Les différents auteurs du Physiologos ont pu créer de toutes pièces le récit de la capture de la licorne par une femme vierge en tant que symbole de l'incarnation du ChristModèle:Sfn. Ce récit peut aussi trouver sa source dans la symbolique d'attraction sexuelle entre la corne phallique de la licorne et la vierge pure, moralisée et adaptée à une vision chrétienneModèle:Sfn. Enfin, d'après Odell Shepard, ce récit pourrait être une pure création d'allégoristes chrétiensModèle:Sfn. Le récit du Physiologus est traduit dans un très grand nombre de langues, dont l'arabe, le syriaque, le latin, l'arménien, le vieux haut-allemand, l'islandais, l'ancien français, le provençal, le guèze, l'italien et le vieil anglaisModèle:Sfn. Traduit en latin au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, il inspire d'innombrables auteurs de bestiaires occidentaux au Moyen Âge<ref name="Rursus" group="R"/> :

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La version latine la plus répandue cite la chasse de la même manière, en terminant ce court récit par une morale chrétienne : « Il en va de même aussi de notre Seigneur Jésus Christ, unicorne spirituel, qui, en descendant dans le ventre de la Vierge, prit chair en elle, fut pris par les Juifs et condamné à mourir sur la croix. À ce sujet David dit : Et il est aimé comme le fils des unicornes [Ps. 28, 6] ; et à nouveau dans un autre psaume, il dit de lui-même : ‘Et ma corne sera relevée comme celle de l’unicorne.’ » [Ps. 91.11]<ref name="Rursus" group="R"/>

Cosmas Indicopleustès, marchand d'Alexandrie qui vit au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et voyage dans « les Indes », écrit une cosmographie dans laquelle il cite la licorne. Il en fournit une représentation à partir de quatre figures en cuivre, qu'il aurait vues dans le palais du roi d’Éthiopie :

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D'après Ettinghausen, ce « conte » pourrait être inspiré d'observations sur des chèvres ou des antilopes sauvages persesModèle:Sfn.

Au Moyen Âge

Fichier:Bâton pastoral de St-Bertrand, l'alicorne.jpg
Bâton pastoral de Saint-Bertrand-de-Comminges, « l'alicorne », Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (défense de narval).
Dessin montrant un chasseur à l'arc tirant dans le cou d'une licorne
Chasse au monocéros dans le Bestiaire Harley, British Library, Harley 3244, f.42v.

Modèle:Article connexe Tous les récits médiévaux et leurs illustrations évoquant la licorne sont d'inspiration chrétienneModèle:Sfn. Le monocéros est étudié sporadiquement au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, sans laisser de traces notablesModèle:Sfn. Dès la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la licorne devient l'un des thèmes favoris des bestiaires et de la tapisserie (dans une moindre mesure, des sculptures) dans l'occident chrétienModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Elle n’apparaît toutefois que dans les ouvrages pour lettrés, soit une infime partie de la population médiévale. Il n’en est pas fait mention dans les contes et chansons du folklore populaire<ref group=Note>Ce qui explique la quasi-absence de toponymes liés à la licorne, au contraire des centaines de « pierres aux fées », grottes de nains ou lutins, et autres repaires de loups-garous, attestés dans la toponymie occidentale.</ref>,Modèle:Sfn. Elle se retrouve aussi sur quelques vitraux, dont les plus anciens connus sont dans la basilique de San Saba, à RomeModèle:Sfn.

Des créatures unicornes sont mentionnées et représentées dans le monde musulman médiéval. Le philosophe persan d'expression arabe classique Abû Hayyân al-Tawhîdî parle d'une créature nommée Manāfi, ne pouvant être capturée que par une jeune femme viergeModèle:Sfn. La description de la technique de chasse contient parfois des références à AllahModèle:Sfn. Le Physiologus s'est en effet diffusé en langue arabeModèle:Sfn. Richard Ettinghausen cite la croyance populaire médiévale selon laquelle la réputation de la corne de licorne pour détecter les poisons viendrait de la médecine arabe, mais il n'existe aucune source écrite pour l'attesterModèle:Sfn.

Bestiaires

Les premières licornes européennes apparaissent dans des bestiaires inspirés du Physiologus, malgré des efforts de certains religieux pour interdire sa diffusion<ref group=Note>Un bestiaire provençal influencé par l'Église évangélique vaudoise fait de la licorne une incarnation du Diable qui ne peut être soumise que par la Sainte Vierge, bien que ce cas reste isolé : Modèle:Harvsp.</ref>. L'influence des textes gréco-romains, comme celui de Pline l'Ancien, est moindreModèle:Sfn. La licorne acquiert un symbolisme chrétien justifiant sa présence dans les œuvres religieuses, bien qu'elle soit issue de descriptions païennesModèle:Sfn. Selon les versions, la jeune femme désireuse d'attirer une licorne doit parfois être nonne, de naissance noble, pure de cœur, d'une grande beauté, vierge de tout contact avec un homme<ref name="Bodart"/>, ou tenir un miroirModèle:Sfn. La licorne est créditée du pouvoir de reconnaître les vierges par l'odorat, ou grâce à ses propres dons magiques<ref name="Bodart"/>. Le théologien Alain de Lille explique cette attirance des licornes pour les femmes vierges via la théorie des humeurs : la licorne, « chaude » de nature, est irrésistiblement attirée par une jeune fille « frigide »Modèle:Sfn.

Citant le Physiologus, Pierre de Beauvais compare Jésus-Christ à Modèle:Citation, et fut pris, puis crucifié à cause de son incarnation. La corne ornant le front de la licorne est symbole de Dieu, la cruauté de la licorne signifie que personne ne peut comprendre la puissance de Dieu, sa petite taille symbolise l'humilité de Jésus-Christ dans son incarnationModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le Modèle:Langue (Livre des subtilités des créatures divines) de l'abbesse Hildegarde de Bingen, rédigé au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, est à la fois le plus riche des bestiaires médiévaux et le plus éloigné de la tradition grecque, puisqu'il s'attache aux propriétés des animauxModèle:Sfn. Elle recommande un onguent à base de foie de licorne et de jaune d’œuf contre la lèpre<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. Le port d’une ceinture en cuir de licorne est censé protéger de la peste et de la fièvre, tandis que des chaussures en cuir de cet animal éloigneraient les maladies des pieds<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Dessin montrant trois hommes tenant un animal, celui du centre lui met une corde au cou
La Capture de la licorne. MS. Douce 167, folio 4 verso : Unicornis, début Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, bibliothèque Bodléienne, Oxford.

Le Bestiaire divin de Guillaume Le Clerc de Normandie, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, contient l'un des récits les plus détaillésModèle:Sfn :

Modèle:Citation bloc

Brunetto Latini (1230-1294) donne dans son Modèle:Lien la description d'une licorne redoutable dont le corps ressemble à celui d'un cheval, avec le pied de l'éléphant, une queue de cerf et une voix épouvantable. Sa corne unique est extraordinairement étincelante et a quatre pieds de long, elle est si résistante et acérée qu'elle transperce sans peine tout ce qu'elle frappe. La licorne y est cruelle et redoutable, personne ne peut l'atteindre ou la capturer avec un piège<ref>Brunetto Latini, Le Livre du Trésor, livre I, CLXXXXVIIII, lire en ligne, en ancien français.</ref>. La description de la chasse est la même que dans les autres bestiairesModèle:Sfn.

Philippe de Thaon fournit vers 1300 une interprétation qui se veut chrétienne<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref> :

Modèle:Col-début

Modèle:Col-2Ancien français <poem>Modèle:Citation étrangère.</poem> Modèle:Col-2FrançaisModèle:Note. <poem>Modèle:Citation.</poem> Modèle:Col-fin

Giovanni da San Geminiano parle dans son Modèle:Langue d'une odeur de virginité qui rend la licorne douce comme un agneau lorsqu'elle se réfugie dans le giron d'une jeune vierge<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Récits de Marco Polo

Peinture montrant quatre animaux dans un paysage de montagne
Livre des merveilles montrant l'âne, l'éléphant et la licorne. Fr. 2810, f.59v Rinoceronti/unicorni. Vers 1410-1412.

Modèle:Article connexe

Deux rhinocéros de Sumatra : petits, velus, couverts de boue.
L'animal décrit par Marco Polo pourrait être un Rhinocéros de Sumatra.

Le Devisement du monde (1298), de Marco Polo, contient plusieurs références à la licorne. Il y décrit un animal :

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Cette description ressemble beaucoup à celle du Rhinocéros de Sumatra, petit, velu et se couvrant régulièrement de boue : Sumatra fait en effet partie des régions visitées par l'explorateur<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

C'est également à Marco Polo que l'on doit la description d'une ancienne race de chevaux unicornes en Inde, prétendument issue du célèbre Bucéphale d'Alexandre le Grand :

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Des représentations de Bucéphale portant une corne noire au front, symbole de puissance et de divinité, apparaissent au Moyen ÂgeModèle:Sfn. Bucéphale est censé se nourrir de chair humaine, comme les cavales de Diomède, mais seul Alexandre peut le monter, ce qui rappelle symboliquement la légende de la licorne attendrie par une viergeModèle:Sfn.

Contes médiévaux

Plusieurs contes médiévaux, chargés ou non d'une morale, citent la licorne. Le dit de l’unicorne et du serpent, rapporté par Jacques de Voragine entre 1261 et 1266, met en scène un homme nommé Barlaam, qui vit dans le désert près de Senaah où il prêche souvent contre les plaisirs illusoires du mondeModèle:Sfn. Instruisant Josaphat, le fils du roi, il lui raconte la parabole suivante : Modèle:Citation bloc

La Dame à la licorne et le Chevalier au lion, conte courtois de Blanche de Navarre, daté du début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, raconte qu'une princesse belle et chaste reçoit une licorne du Dieu d’amour, et se fait appeler « la blanche dame que la licorne garde ». Elle épouse un seigneur qui part un jour à l’aventure et capture, puis apprivoise un lion. La Dame se fait dire que son chevalier est mort, un mauvais seigneur en profite pour l’enlever. Le chevalier au lion, de retour, part à l’assaut du château du ravisseur, libère sa dame et tous deux quittent le château maudit, la dame montée sur sa licorne et le chevalier sur son lion<ref group="H">Blanche de Navarre, Le Roman de la Dame a la Lycorne et du Biau Chevalier au Lion, BnF, Paris, Département des manuscrits (Français 12562), Modèle:Présentation en ligne ; analyse par Modèle:Ouvrage</ref>.

De la Renaissance au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

À la Renaissance, la licorne rejoint des traités de médecine à propos de l’usage de sa Modèle:Citation, ainsi que des études bibliques discutant de sa présence dans les textes sacrés, en plus des ouvrages décrivant les animaux, des récits de voyages où les explorateurs affirment l'avoir rencontrée. Quelques traités d’alchimie, d'astrologie, d’héraldique, et des commentaires sur les textes gréco-romains, la mentionnent égalementModèle:Sfn.

Commerce et usages de la corne de licorne

Photo d'une tête de licorne artistique.
Enseigne d'une pharmacie en forme de licorne avec sa corne en ivoire de narval, en Europe. Science Museum de Londres.

Modèle:Article détaillé La fameuse « corne de licorne » se voit associer, depuis la fin du Moyen Âge, des pouvoirs magiques et des vertus de contrepoison qui en font l'un des remèdes les plus chers et les plus réputés durant la RenaissanceModèle:Sfn. Sa principale utilisation médicinale est liée à son pouvoir de purification, mentionné pour la première fois au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. La corne est alors recherchée par toute la royauté d'Europe pour purifier les mets des poisons ; la croyance veut qu'elle se mette à fumer en contact avec un plat empoisonnéModèle:Sfn. Ces légendes sur ses propriétés, circulant dès le Moyen Âge, sont à l’origine du commerce florissant de ces objets, qui deviennent de plus en plus communs jusqu'à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, où leur origine réelle est connueModèle:Sfn. La « corne de licorne », de forme torsadée, s’échange, circule<ref name="Tervarent" group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>, et est consommée de différentes façons<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. Le cours de la « corne de licorne » atteint son apogée au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, où elle est considérée comme le meilleur contrepoison existant avec la pierre de bézoard<ref group="R" name="Schon">Modèle:Ouvrage.</ref>. Son prix ne cesse de baisser au cours des années suivantes, pour s'effondrer au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, quand la découverte du narval se fait connaître<ref group="R" name="Schon"/>.

Récits de voyages et d'exploration

Gravure avec texte en bas homme et licorne au centre
Frontispice de l'ouvrage De unicornu observationes novae par Thomas Bartholin, 1678.

De la fin du Moyen Âge à la Renaissance, à l'époque des grandes explorations, de nombreux voyageurs assurent avoir vu des licornes. Ils en font des descriptions très précises, souvent contradictoires, qui amènent les interprètes à croire que ces licornes forment une famille comprenant des races différentesModèle:Sfn ou à douter de la réalité de leur existenceModèle:Sfn. Les récits d'explorateurs concordent parfois pour situer les licornes. L'Inde est très souvent citée, de même que l'Éthiopie. D'après Faidutti, ces deux pays forment les Modèle:CitationModèle:Sfn. Des témoignages isolés mentionnent plusieurs lieux du Moyen-Orient, Madagascar, le Caucase, l'Asie du Sud-Est et, plus exceptionnellement, les côtes est américaines, ainsi que le Groenland et l'AntarctiqueModèle:Sfn. La licorne survit aux différentes phases d'exploration de la Renaissance, contrairement à d'autres animaux « fabuleux » comme le dragon et le griffon, qui rejoignent mythologies et récits folkloriquesModèle:Sfn. Lorsque les régions où sont censées vivre les licornes sont entièrement explorées, d'autres récits mentionnent la bête dans des lieux plus inaccessibles encoreModèle:Sfn, comme le Tibet<ref group="H">Modèle:Ouvrage, lettre du major Latter publiée dans The Asiatic Journal, décembre 1820.</ref>,<ref group="H">Modèle:Ouvrage : Modèle:Citation.</ref>, l'Afrique du Sud, et surtout le centre de l'AfriqueModèle:Sfn.

Lors d'un séjour à La Mecque en 1503, l'explorateur italien Ludovico de Verthema rapporte avoir vu deux licornes dans un enclos<ref group="H" name="Varthema"/>. Elles auraient été envoyées au Sultan de La Mecque par un roi d’Éthiopie en gage d’alliance, comme la plus belle chose qui soit au monde, un riche trésor et une grande merveille<ref group="H" name="Varthema"/>. Modèle:Citation

Ambroise Paré cite le chirurgien Louis Paradis, qui décrit une licorne en ces termes : Modèle:Citation<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. En 1652, Thomas Bartholin décrit Modèle:Citation. En 1690, le Dictionnaire universel d’Antoine Furetière donne cette définition de l'unicorne : Modèle:Citation. Un voyageur portugais décrit des licornes éthiopiennes en ces termes : Modèle:Citation.

Le jésuite portugais Jerónimo Lobo cherche les sources du Nil, quand il rapporte sa rencontre avec des licornes dans un récit, daté de 1672 : Modèle:Citation

D'après Olfert Dapper et Arnoldus Montanus (1673), sont censés vivre près de la frontière canadienne Modèle:Citation<ref name="Dapper" group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. Plus loin dans le même ouvrage, Dapper et Montanus décrivent Modèle:Citation<ref name="Dapper" group="H"/>.

Descriptions de licornes aquatiques

Modèle:Article détaillé

gravure montrant un animal aux pattes palmés, avec une corne sur le front et de la fourrure sur la tête et le torse
Le Camphruch dans le bestiaire d'Ulisse Aldrovandi, Monstrorum historiae, 1642.

Au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle apparaissent des récits d'explorateurs mentionnant d'étranges licornes aquatiques. À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le cosmographe André Thevet décrit le Pirassouppi, une « sorte de licorne à deux cornes », qu'il situe en ArabieModèle:Sfn. Le navigateur portugais Garcias da Horto mentionne, entre le promontoire de Bonne-Espérance et celui des CourantesModèle:Sfn, un animal amphibie avec la tête et le crin d’un cheval, une corne de deux empans de long, mobile, tournant tantôt à dextre, tantôt à sénestre, se haussant et se baissant. Cet animal combat furieusement contre l’éléphant, sa corne est fort prisée contre les venins<ref group="H" name="Horta">Modèle:Ouvrage.</ref>. Rédigé en portugais, son récit est traduit en français en 1602<ref group="H" name="Horta"/>.

Le Camphruch, observé par André Thevet en 1575, se rapproche de l'animal décrit par HortaModèle:Sfn. Alors qu'il voyage en Indonésie, il décrit une licorne aquatique dont le museau tient du phoque et du chat. L’avant du corps est semblable à celui d’une biche, avec une abondante crinière grise qui recouvre le cou. L'animal porte une longue corne torsadée et ses jambes postérieures sont palmées. Le camphruch chasse le poisson en l’empalant sur sa corne, qui a la particularité d’être mobile et de pouvoir soigner le poison, ce qui la rend très recherchée<ref name="CosmoThevet" group="H">Modèle:Ouvrage. Illustrations sur Gallica et Texte sur Gallica.</ref>. Quelques années plus tard, le nom est simplifié en Camphur dans les encyclopédiesModèle:Sfn.

Ouvrages savants et encyclopédies

Dessin représentant cinq licornes
Pierre Pomet mentionne cinq espèces de licornes dans son Histoire générale des drogues.
Dessin représentant huit licornes
Jan Jonston mentionne huit espèces de licornes dans Historia naturalis de quadrupedibus<ref group="H" name="Jonston"/>.

Des ouvrages savants consacrés à la licorne paraissent de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Dans de multiples encyclopédies, la licorne cohabite avec les animaux réels. Ces ouvrages évitent pour la plupart toute référence aux bestiaires médiévaux, et se basent sur les multiples récits et témoignages, souvent disparates, des explorateurs ayant prétendument croisé des licornesModèle:Sfn. Ils dissertent sur l'existence de l'animal, son apparence et ses propriétésModèle:Sfn. L’Historia animalium de Conrad Gessner, parue en 1551<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>, considérée comme l'une des premières compilations d’histoire naturelle, connaît de nombreuses rééditions. Elle consacre six pages à la licorne et surtout aux propriétés médicinales de sa corne, mais ne se prononce pas sur la réalité de l'existence de l'animal. En 1607, le révérend Edward Topsell publie à Londres Modèle:Langue (L'histoire des bêtes à quatre pattes)<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref> une traduction anglaise à peine modifiée de l’Historia animaliumModèle:Sfn.

Ulysse Aldrovandi (1522-1607), naturaliste originaire de Bologne dont le plus ancien exemplaire connu de l'ouvrage De quadripedibus solipedibus date de 1616, devient la référence en matière de zoologie en remplaçant le travail de GessnerModèle:Sfn. Il explique comment un marchand juif de Venise a démontré l'authenticité d'une corne de licorne en la confrontant à des animaux venimeuxModèle:Sfn, sépare les Modèle:Citation Modèle:LangueModèle:Sfn des Modèle:Citation (Modèle:Langue)Modèle:Sfn, et reste neutre sur la question de l'existence des licornesModèle:Sfn.

L’Historia naturalis de quadrupedibus de Jan Jonston (1652) présente huit espèces de licornes, avec des noms latins<ref group="H" name="Jonston">Modèle:Ouvrage. Voir aussi Tab:X, Monoceros Unicornu, Capricornu Marin, Monoceros Unicornu, Tab:XI, Onager Aldro, Monoceros seu Unicornu Iubatus, Monoceros seu Unicornu aliud et Tab:XII, Onager, Lupus Marinu, Capra Sÿluestris.</ref>. Au moins deux des illustrations de la planche qui accompagne la description présentent des ressemblances certaines avec des espèces de rhinocéros.

Entre 1735 et 1744, Carl von Linné cite les licornes sans y croire dans son Systema naturae, au sein d'un appendice intitulé Modèle:Citation, et qui regroupe principalement des légendes auxquelles certains accordaient encore quelque crédit à l'époque ; cette section sera abandonnée à partir de la Modèle:6e édition (1744). Il y solde ainsi le compte des licornes : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

En 1751, c'est le Baron d’Holbach qui est l'auteur de l'article Modèle:Citation dans L'Encyclopédie, court et prudent : Modèle:Citation bloc Il ajoute que la Modèle:Citation<ref name="Encyclopédie"/> ; d'autres prétendues cornes de licornes, trouvées parfois lors de fouilles en Europe, sont selon lui des restes d'anciens poissons géants (en réalité des fossiles d'Elasmotherium).

Constellation de la licorne

Modèle:Article détaillé La constellation de la Licorne aurait été nommée par l'astronome néerlandais Petrus Plancius en 1613, et cartographiée par Jakob Bartsch en 1624. Elle apparaîtrait sur des travaux de 1564 et Joseph Scaliger rapporte l'avoir vue sur un ancien globe céleste perse. D'après Camille Flammarion, il s'agit d'une constellation moderne qui n'est pas associée à une quelconque mythologie, mais nommée ainsi par simple analogie avec l'image de la licorne légendaire à cette époque<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

image montrant un homme habillé de rouge caché derrière un arbre où une licorne a sa corne coincé
Illustration de la licorne du Vaillant Petit Tailleur par Carl Offterdinger, fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Modèle:Article connexe En parallèle avec l'évolution de la croyance en son existence, la licorne rejoint peu à peu un riche bestiaire imaginaire qui la place au fond d'une forêt ou dans un pays parallèle, en compagnie des féesModèle:Sfn. Le Vaillant Petit Tailleur, conte collecté par les frères Grimm, met en scène un jeune homme frêle issu du peuple qui doit tuer ou capturer une licorne féroce dans la forêt, et y parvient par la ruseModèle:Sfn. De l'autre côté du miroir, roman de Lewis Carroll paru en 1871, parle de la licorne au chapitre 7<ref name="CotéMiroir"/>. Le Lion et la Licorne s'y affrontent, en référence aux symboles héraldiques de l'Angleterre et de l’Écosse<ref name="CotéMiroir"/>.

Modèle:Encadré

Gustave Flaubert décrit poétiquement la licorne dans La Tentation de saint Antoine :

Modèle:Citation bloc

Un folklore tardif (1834), basé sur l'homophonie, veut qu'un seigneur du Maine soit un jour revenu d'une lointaine expédition avec une licorne, et l'ait perdue. Il se serait mis à hurler « Ma licorne ! Ma licorne ! », d'où le nom du village : Malicorne-sur-Sarthe<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. Victor Segalen décrit dans son œuvre symboliste inachevée, La Queste à la Licorne, présentée comme un manuscrit médiéval de la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, le voyage de Messire Beroald de Loudun pour trouver la licorne en orient et en occident. Il la décrit comme une Modèle:Citation<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>.

La licorne se retrouve sur de nombreux filigranes depuis la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle jusqu'à la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Ils possèdent des interprétations symboliques inspirées des signes de reconnaissance de sociétés secrètes, comme les cathares, les alchimistes, les sociétés antichrétiennes, maçonniques ou rosicruciennes<ref group="R">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref group="R">Modèle:Ouvrage</ref>.

Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

Jouets licornes avec du rose et du blanc
Licornes-jouet, typiques de la production de biens de consommation au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.

D'après Faidutti, les travaux de Carl Gustav Jung (1944) ont particulièrement diffusé l'idée selon laquelle la licorne est un archétype imaginaire qui aurait existé de tous temps et dans toutes les civilisationsModèle:Sfn. Cependant, l'ouvrage de Jung s'attache davantage à voir dans la licorne une représentation universelle de la nature duelle, changeante, double et paradoxale de la psyché humaine<ref group="E" name="Vannoy">Modèle:Ouvrage.</ref>.

La licorne est désormais associée à la culture de l'imaginaire, sans doute parce qu'elle provoque la rêverieModèle:Sfn. Très populaire dans les courants New AgeModèle:Sfn et chez les artistes féeriques, bien que sans existence biologique, elle peut être décrite avec davantage de précision par une majorité de personnes que des animaux réels comme l'ornithorynque et le dodoModèle:Sfn. Elle inspire une abondante production, incluant jouets, décorations de chambres d'enfants, posters, calendriers, ou encore figurinesModèle:Sfn, en particulier à destination des petites filles.

Bien qu'elle ne soit mentionnée nulle part<ref name="ArthPop" group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>, ou de façon extrêmement marginaleModèle:Sfn, dans la matière de Bretagne, la licorne est fréquemment associée, dans l'imaginaire collectif, à Merlin, à la forêt de Brocéliande, et aux légendes celtesModèle:Sfn,<ref>Pour des exemples en langue française, voir, entre autres : Modèle:Ouvrage, Modèle:Ouvrage ; Modèle:Ouvrage ; Modèle:Ouvrage ; Modèle:Ouvrage.</ref>.

Le Modèle:Date, plusieurs périodiques annoncent que, dans un but apparent de propagande, les autorités de Corée du Nord déclarent avoir découvert à Pyongyang une ancienne tanière de licornes<ref group="P">Modèle:Lien web ; Modèle:Lien web</ref>. The Guardian indique, toutefois, que l'information a été relayée avec une erreur : la licorne étant spécifique aux légendes occidentales, il s'agit d'une traduction erronée du mot « Qilin ». Les archéologues nord-coréens suggéraient, non pas que cette créature légendaire ait réellement existé, mais qu'ils avaient découvert un site associé à la légende du roi Jumong<ref group="P">Modèle:Lien web.</ref>.

De nos jours, même si plus aucun scientifique ne croit à l'existence des licornes, elles restent parfois utilisées comme exemple méthodologique en biologie, entre autres pour modéliser la répartition de la population d'une espèce cryptique<ref name="Boris">Modèle:Lien web.</ref>. L'attirance des jeunes enfants pour les licornes a inspiré un médecin, qui raconte une histoire de pic (piqûre ?) de corne de licorne tout en pratiquant une ponction veineuse sur sa jeune patiente<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Évolution de la croyance

gravure de licorne de dos
Licorne d'après une gravure romantique du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Plusieurs facteurs expliquent la longévité de la croyance en la licorne. Son apparence est plus vraisemblable que celle de créatures mythologiques comme la chimère ou le griffonModèle:Sfn. La mention écrite de licornes dans certaines traductions de la Bible forme un argument d'autorité en faveur de son existence, en particulier pendant la RenaissanceModèle:Sfn. Sa « corne » circule chez des apothicairesModèle:Sfn. Personne ou presque n’ayant l’occasion de voir des animaux exotiques en Europe, les érudits de l'époque admettent l’existence du monocéros dans un lointain paysModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Certains textes relèvent vraisemblablement de mensonges, plusieurs médecins affirmant avoir vu des licornes terrestres ou testé les propriétés médicinales de leur corneModèle:Sfn.

Bruno Faidutti identifie deux périodes historiques marquées par un vif débat autour de l'existence de la licorne dans l'occident chrétien : un débat d'ordre sémantique lié à la classification des espèces animales de la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle jusqu'au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, et un débat principalement lié à l'observation d'antilopes unicornes en Afrique au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn. De 1550 à 1620 environ, le débat est selon lui Modèle:CitationModèle:Sfn. La controverse resurgit à partir de 1785 ; le caractère Modèle:Citation de la licorne n'est véritablement consensuel qu'au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn. Depuis, le syncrétisme a entraîné une tendance à nourrir une vision reconstruite et fantasmée de la licorne, et à en défendre une vision mystiqueModèle:Sfn.

Interprétations bibliques

Modèle:Article détaillé

gravure montrant cinq animaux à une corne
Les re'em d'après une gravure du Hierozoycon, sive de Animalibus Scripturæ de Samuel Bochart en 1663.

L'introduction de la licorne dans certaines traductions bibliques est en partie responsable de son inclusion dans la mythologie chrétienne et de son symbolisme médiévalModèle:Sfn. Dans les livres de la Bible hébraïque, le mot hébreu re'em (רְאֵם), équivalent de l'arabe rim aujourd'hui traduit par « bœuf sauvage » ou « buffle », apparaît à neuf reprises comme une allégorie de la puissance divine<ref name="Schaper" group="R">Modèle:Article.</ref>. Les traducteurs de la Bible du roi Jacques et ceux de la Bible de Martin Luther rendent le mot « re'em », respectivement, par « Modèle:Langue » et « Modèle:Langue », qui signifient « licorne »Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle et Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, quand les juifs hellénisés d'Alexandrie traduisaient les différents livres hébreux pour en faire une version grecque appelée Septante, ils utilisaient pour traduire re'em le mot « monocéros » (μoνoκερως), qu'ils devaient connaître par Ctésias et Aristote<ref name="Schaper" group="R"/>. À partir du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, le judaïsme rabbinique a rejetéla tradition hellénistique et est revenu à l'hébreu (le texte massorétique). Mais, la Septante devient l'Ancien Testament du Christianisme : dans sa version latine, la Vulgate, le mot est traduit soit par unicornis, soit par rhinocerotisModèle:Sfn. Selon Yvonne Caroutch, les kabbalistes auraient remarqué (?) les lettres de la licorne (en tant que Re'em) : resch, aleph et mem, celles de la corne étant (Queren) qoph, resch et nunModèle:Sfn.

Ce passage est fréquemment cité pour justifier du caractère indomptable de la licorne :

Modèle:Citation bloc

gravure montrant un navire au milieu des flots, au premier plan divers animaux
Gravure extraite d'une édition des Antiquités judaïques de 1631.

Le Livre de Daniel utilise l'image d'un bouc avec une grande corne entre les yeux<ref group="H">Modèle:BFR</ref> dans le contexte d'une métaphore du royaume d'Alexandre le Grand<ref name="Schaper" group="R"/>.

Aeneas Sylvius Piccolomini, le futur Pape Pie II, semble croire en l'existence de la licorne (1503)Modèle:Sfn. Plusieurs penseurs de la renaissance, dont Conrad Gessner<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>, ont imaginé que la licorne n'aurait pas pu monter dans l'Arche de Noé au moment du DélugeModèle:Sfn. Selon un conte russe, la licorne refuse de monter dans l'Arche et préfère nager, sûre de survivre. En quarante jours et autant de nuits, elle reçoit des oiseaux fatigués sur sa corne. Alors que les eaux commencent à baisser, l'aigle se pose à son tour sur sa corne. La licorne, épuisée, coule et se noie<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Selon la tradition talmudique, la grande corne de la licorne, signe d'orgueil, l'empêche de trouver une place dans l'Arche<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. D'après des interprétations de la tradition hébraïque, la licorne ne prend pas place dans l'Arche de Noé, mais ses qualités lui permettent de survivre au Déluge. Certaines versions plus récentes ajoutent qu'elle y parvient en devenant le narval<ref name="Bodart"/>. Dans la gravure ci-contre, extraite d'un exemplaire des Antiquités judaïques de Flavius Josèphe publié en 1631, la licorne est le seul animal à ne pas être en couple parmi ceux que Noé s'apprête à sauver des eaux.

Remises en cause de l'existence de la licorne

Les premiers textes remettant en cause l'existence de la licorne paraissent au milieu du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. En 1562, François Rabelais, par ailleurs médecin, évoque la licorne de façon humoristique dans PantagruelModèle:Sfn. En 1566, le Vénitien Andrea Marini publie Modèle:Langue (en français : Discours contre la fausse opinion de la licorne), un ouvrage critique dans lequel il s'étonne que le commerce des cornes de licornes provienne de l'Angleterre et du Danemark<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. Ambroise Paré remarque dans son Discours de la licorne, en 1582, une forte disparité dans les descriptions de l'animal, présenté comme tantôt un cerf, tantôt un âne, un cheval, un rhinocéros, voire un éléphant, avec des différences physiques importantes tant pour la couleur (pelage blanc, noir ou brun) et la taille de la corne, que la forme des piedsModèle:Sfn. Il qualifie la licorne de Modèle:CitationModèle:Sfn. Ambroise Paré met aussi en doute l'utilisation de la corne de licorne comme contrepoison, et procède à une expérience au cours de laquelle il place un crapaud, animal alors réputé venimeux, dans Modèle:Citation. Il retrouve l'animal trois jours plus tard, Modèle:CitationModèle:Sfn. Son ouvrage multiplie ainsi les exemples et les preuves inspirées de la méthode expérimentale pour réfuter l'existence de la licorne, et surtout pour combattre l'usage médicinal de sa corne, très répandu à l'époqueModèle:Sfn.

En 1751, l'article résolument sceptique, voire incrédule du Baron d’Holbach dans l'influente Encyclopédie de Diderot et d'Alembert achève sans doute de ridiculiser cette croyance dans la société européenne<ref name="Encyclopédie"/>. Trente ans plus tard, c'est à peine si Buffon la mentionne encore (Modèle:Citation) dans sa non moins influente Histoire Naturelle, générale et particulière (Supplément, Tome VI, 1782)<ref name="Buffon">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Défenses de l'existence de la licorne

Fichier:Narwhal tooth at Strahov Monastery Library and Cabinet of Curiosities.jpg
Dent de narval à la bibliothèque et au cabinet de curiosités du monastère de Strahov, 2015
dessin représentant une pièce de maison
Cabinet de curiosités dans lequel on peut apercevoir une corne de licorne. Museum Wormianum, 1655.

L'ouvrage d'Ambroise Paré lui attire les foudres de certains théologiens et médecins. La Réponse au discours d'Ambroise Paré touchant l'usage de la licorne (1583), texte anonyme et haineux, le compare à LuciferModèle:Sfn et affirme que Modèle:Citation<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. Un apothicaire français tenant un cabinet de curiosités, Laurent Catelan, consacre en 1624 son Histoire de la nature, chasse, vertus, proprietez et usage de la lycorne à la défense de l'existence des licornes, en opposant les arguments d'Ambroise Paré aux siens<ref group="H" name="Catelan">Modèle:Ouvrage.</ref>. Il attribue aux licornes un caractère violent et féroce, la capacité à se nourrir de poisons qui se concentrent dans leur corne, un odorat permettant de reconnaître la virginité et l’eau empoisonnée, et une corne elle-même empoisonnée à l'intérieur, attirant à elle tous les poisons présents dans l’eau par sympathie<ref group="H" name="Catelan"/>. D'après lui, la licorne s'évanouit de joie lorsqu'elle rencontre une vierge et se laisse mourir de faim si elle est capturée<ref group="H" name="Catelan"/>.

En 1797, G. Reusser publie cinq pages « Sur l’Existence de la licorne » dans le Magasin encyclopédique<ref group="H">Modèle:Chapitre.</ref>. En 1836, J.F. Laterrade publie une « Notice en réfutation de la non-existence de la licorne »<ref group="H">Modèle:Chapitre.</ref>. Le même débat a lieu en langue allemande, J.W. von Müller publiant les 60 pages de Modèle:Langue en 1853<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Le septième volume de La revue de l'orient, en 1845, fournit une description encyclopédique de la licorne<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. En 1853, l'explorateur Francis Galton la cherche en Afrique australe, offrant de fortes récompenses pour sa capture : Modèle:Citation<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. Odell Shepard cite un scientifique entraîné, qui croit avoir découvert une peinture de licorne en Afrique du Sud à la même époqueModèle:Sfn. Le Glossaire archéologique du Moyen Âge de Victor Gay, paru en 1883<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>, est, d'après Faidutti, le dernier ouvrage francophone à mentionner la licorne comme réelleModèle:Sfn.

Croyance en une existence « spirituelle »

Si personne ne croit plus en l'existence physique de la licorneModèle:Sfn, une croyance en des licornes « spirituelles » perdure de nos jours dans le courant New Age. L'ésotériste américaine D. J. Conway propose d'invoquer une licorne comme guide jusqu'au pays des fées, pour obtenir une croissance spirituelle et une amélioration de ses valeurs morales<ref group="E">Modèle:Ouvrage.</ref>. Diana Cooper et Tim Whild présentent la licorne (2016) comme un ange gardien immatériel<ref group="E">Modèle:Ouvrage.</ref>, un « être énergétique » et un « guide spirituel »<ref group="E">Modèle:Ouvrage.</ref>. Adela Simons assure (2014) que les licornes vivent sur une fréquence vibratoire différente de l'être humain, et que leur (prétendue) présence dans la Bible est une preuve de leur existence<ref group="E">Modèle:Ouvrage.</ref>. L'adepte du chamanisme et psychothérapeute Steven Farmer cite la licorne parmi les animaux-totem, attribuant à son apparition le message de la nécessité de poursuivre des activités artistiques<ref group="E">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Symbolisme

Modèle:Article connexe

Gravure représentant une femme tenant par l'encolure une licorne
Jeune femme sauvage en compagnie d'une licorne. Gravure pour une carte à jouer du Maître E. S., vers 1460-1467.

Avant que Carl Gustav Jung ne lui consacre une quarantaine de pages dans Psychologie et Alchimie en 1944, la licorne n'intéresse pas tant psychanalystes et symbologuesModèle:Sfn. Souvent associée à la forêt<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>, elle est avant tout rapprochée de la femme, comme le démontrent de multiples récits la décrivant en compagnie d'une jeune viergeModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Son pelage blanc rappelle la lune, astre symbole de la féminitéModèle:Sfn. Sa pureté et sa chasteté s'opposent au lion, au pelage beige ou doré et à la crinière flamboyante, animal solaire et masculin par excellenceModèle:Sfn. D'après les bestiaires médiévaux, la licorne a pour ennemi naturel l'éléphant, et s'oppose plus tard au lionModèle:Sfn. La « lettre du Prêtre Jean », un faux de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, raconte le combat entre un lion et une licorne en ces termes Modèle:Citation

Spiritualité et religion

Jean-Pierre Jossua souligne le succès rencontré par la symbolique religieuse de la licorneModèle:Sfn. Le Physiologus compare en effet Jésus-Christ à Modèle:Citation, la corne de la créature à l'unicité de la nature divine du Christ, et la petite taille de la licorne à l'humilité du Christ<ref name="Pomel" group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>. Les bestiaires suivants rapprochent la jeune femme vierge accompagnant la licorne de Marie<ref name="Pomel" group="R"/>,Modèle:Sfn. Une interprétation britannique de 1929 voit dans la corne de licorne l'unité entre Dieu et son fils JésusModèle:Sfn.

D'après les auteurs du Dictionnaire des symboles, la licorne peut renvoyer au Christ ou à la Vierge<ref name="Dictbol" group="R"/>. Sa corne symbolise une flèche spirituelle, un rayon solaire et une épée de dieu, la révélation divine et la pénétration du divin dans la créature<ref name="Dictbol" group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>. Selon la morale d'un bestiaire toscan daté de 1468, Modèle:Citation. Jung mentionne aussi un ancien traité d'alchimie de Priscillien, selon lequel Dieu est Modèle:Citation : Modèle:Citation étrangère<ref group="H">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Priscillian, in Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum. Modèle:T.Modèle:XVIII, Modèle:P. cité par Modèle:Ouvrage.</ref>. Selon différents auteurs, la corne de la licorne capte l'Esprit Saint et féconde la madone dans les Modèle:Citation, symbolisant l'incarnation du Verbe de Dieu dans le sein de la Vierge Marie<ref name="Dictbol" group="R"/>,<ref name="Pomel" group="R"/>. L'iconographie de la chasse à la licorne met l'accent sur la persécution du Christ<ref name="Pomel" group="R"/>, la trahison envers Jésus-Christ, son flanc percé par une lance comme dans l'épisode biblique de la PassionModèle:Sfn.

Pour Francesca-Yvonne Caroutch, toutes les licornes seraient des créatures spirituelles issues de la projection de l'expérience intime, fondamentale, du retour de l'unité. C'est l'animal de la tradition par excellence, elle lie la terre au ciel, le visible à l'invisible, les forces telluriques et cosmiques, le conscient et l'inconscient, les opposés, les polarités, elle est puissance et verticalité. Elle travaille sur les énergies subtiles, grâce à l'œil intérieurModèle:Sfn. D'après le Dictionnaire des symboles, la licorne est à elle seule puissance, faste et pureté, une pureté agissante et une sublimation miraculeuse de la vie charnelle<ref name="Dictbol" group="R"/>,Modèle:Sfn.

Dualité

sculpture représentant une licorne
Statue de licorne à Hampton Court, Angleterre.

Dès l'époque des interprétations chrétiennes, la licorne revêt des symboliques opposées, puisqu'elle peut figurer Jésus-Christ ou représenter un danger à fuir dans les Psaumes<ref name="Pomel" group="R"/>. Cette dualité de la licorne est évoquée par Voltaire : Modèle:Citation bloc

D'après Caroutch, la nature ambivalente de la licorne, désignant la fusion des polarités, lui permet d'être soleil ou lune, soufre ou mercure, fertilité ou virginitéModèle:Sfn. Selon le dictionnaire des symboles, les œuvres d'art qui présentent deux licornes s'affrontant renvoient à un violent conflit intérieur entre deux de ses valeurs : virginité et fécondité<ref name="Dictbol" group="R"/>. D'après Jung, la licorne en tant que symbole de la nature double et changeante de tout être vivant, apparaît dans l’allégorie ecclésiastique sous diverses formes pour représenter une « Modèle:Langue » (ensemble formé par des contraires) ou « materia prima » alchimique qui, étant double ou hermaphrodite, est destinée à se transformerModèle:Sfn. De la même manière, Jung met la licorne en parallèle avec le symbolisme du serpent chez les gnostiques, serpent qui représente l’essence de toute chose dont la nature changeante et multiforme correspond Modèle:CitationModèle:Sfn.

Vue comme un animal pur et indomptableModèle:Sfn, le pouvoir de la licorne de déceler les impuretés renvoie (selon d'Astorg) à la fascination que la pureté exerce sur les cœurs corrompusModèle:Sfn. Pour Caroutch, c'est une créature farouche, veillant sur le jardin de la connaissance. Androgyne, la licorne évoque la restauration de l'état édénique. Elle est l'animal tantrique qui transmute les souillures et l'un des animaux gnostiques proposant la libération par la connaissanceModèle:Sfn.

La licorne est l'un des rares animaux à corne qui ne soit pas présentés comme maléfiques, bien qu'il en existe aussi des représentations démoniaques. Elles possèdent alors généralement une corne courbéeModèle:Sfn, et se laissent chevaucher par des démons ou des sorcières<ref name="Tervarent" group="R"/>. Deux textes occidentaux, au moins, présentent des licornes dangereuses et menaçantes : la version chrétienne de la légende de Barlaam et Josaphat, et le conte du Vaillant Petit TailleurModèle:Sfn. Selon Carl Jung, la licorne peut symboliser le mal, c'est-à-dire l'inconscient, parce qu'elle est dès l'origine un animal fabuleux et monstrueuxModèle:Sfn.

Amour et sexualité

Tableau montrant une femme allongée en robe rose, une licorne repose sur ses genoux
Femme et licorne, huile sur toile vénitienne anonyme, vers 1510, Rijksmuseum.

La licorne symbolise aussi l'amour : Bertrand d'Astorg voit dans la licorne les grandes amoureuses qui refusent l'accomplissement de l'amour qu'elles inspirent et qu'elles partagentModèle:Sfn. Lorsqu'elle est représentée avec sa corne dressée vers le ciel, elle évoque la puissance et la fertilitéModèle:Sfn. Son symbolisme sexuel est explicite, car cet animal est femelle et vierge, mais sa corne de forme phallique est un attribut mâle. Selon le Dictionnaire des symboles, cette corne peut symboliser une étape de la différenciation et la sublimation sexuelle. Elle est comparable à une verge frontale, un phallus psychique renvoyant à la fécondité spirituelle<ref name="Dictbol" group="R" />. Gilbert Durand renvoie la corne de la licorne à la puissance virile<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>. La licorne est parfois associée à la lascivité et à la luxure, comme le prouvent quelques statues et des bas-reliefs où elle place sa corne entre les seins nus d'une femmeModèle:Sfn.

Alchimie

Modèle:Article connexe

Gravure avec cerf et licorne
Cerf et licorne dans une forêt — Modèle:3e du Traité de la pierre philosophale de Lambspring.

D'après Faidutti, la licorne apparaît rarement et plutôt tardivement dans le pourtant riche bestiaire de la symbolique alchimiqueModèle:Sfn. Une représentation de la licorne et de la Vierge figure dans l'une des versions Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle du manuscrit enluminé de l'Aurora consurgens<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. Elle apparaît aussi, avec des significations différentes, dans deux livres d'emblèmes du tournant du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. Dans le poème alchimique De lapide philosophico (De la pierre philosophale) attribué à un certain Lambspring, publié pour la première fois en 1598 et illustré en 1625<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>, la triade forêt / cerf / licorne représente allégoriquement les trois parties de l'homme corps / âme / esprit qui, dans la théorie paracelsienne, sont utilisés pour représenter les trois « principes » constituants de la matière : le mercure, le soufre et le sel<ref group="R">Modèle:Ouvrage qui reprend Ernst Kämmerer Le problème du corps, de l'âme et de l'esprit chez Paracelse et chez quelques auteurs du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle in Paracelse Cahiers de l'Hermétisme, Albin Michel, 1980.</ref>. Le cerf ailé se retrouve également associé à la licorne<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>. Dans une illustration de la Philosophia reformata (1622) de Johann Daniel Mylius<ref group="H">Modèle:Ouvrage. L'illustration est reproduite dans Modèle:Ouvrage.</ref>, la licorne sous un rosier symbolise l'une des sept étapes du grand œuvre alchimiqueModèle:Sfn.

Jung évoque la croyance que les jeunes vierges calment la licorne, qu’il met en parallèle avec l’image d’un lion blessé sur les genoux d’une reine, pour dire que la licorne, comme le lion, symbolise la force masculine sauvage et pénétrante du « spiritus mercurialis » alors que la jeune vierge ou la reine, symbolisent l’aspect féminin et passif de ce même mercureModèle:Sfn. Le cerf est un symbole du mercure philosophique, associée à l'or de la licorne, du lion, de l'aigle et du dragonModèle:Sfn. Selon Francesca-Yvonne Caroutch, la licorne est l'un des emblèmes favoris des alchimistes, parce qu'elle neutralise tout venin, tout poison, elle œuvre à la transmutation alchimique en spiritualisant la matièreModèle:Sfn.

Tour à tour soleil et lune, semence et matrice, la licorne incarnerait le solve et coagula, pour dissoudre le corps et coaguler l'esprit, spiritualiser le corps et donner corps à l'espritModèle:Sfn. D'après Caroutch, dans la tradition hermétique, la licorne serait associée à l'œuvre au blanc, et l'escarboucle visible sous sa corne unique annoncerait le phénix de l'œuvre au rougeModèle:Sfn. Seul un sage accompli serait sûr de reconnaître la licorne, car elle peut déceler tout ce qui est altéré, impur, pollué ou maléfiqueModèle:Sfn. Selon le dictionnaire des symboles, elle désigne le chemin vers l'or philosophal aux hermétistes occidentaux<ref name="Dictbol" group="R"/>.

Psychanalyse

Les travaux de Carl Gustav Jung sur la licorne inspirent une grande variété d'interprétations, opposant notamment l'approche jungienne à l'approche lacanienne dans le domaine de l'interprétation des rêves<ref group="E" name="Vannoy"/>. Hélène Renard décrit la licorne onirique comme source de force lors de difficultés passagères, en se fondant sur l'ouvrage le Mystère de la Licorne de Francesca-Yvonne Caroutch<ref group="E">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Au cours d'un colloque de 1960, Serge Leclaire, premier disciple de Jacques Lacan, relate le rêve d'un de ses analysants. Ce rêve est connu en psychanalyse sous le nom de « Rêve à la licorne » : « La place déserte d'une petite ville : c'est insolite ; je cherche quelque chose. Apparaît, pieds nus, Liliane – que je ne connais pas – qui me dit : il y a longtemps que je n'ai pas vu de sable aussi fin. Nous sommes en forêt et les arbres paraissent curieusement colorés de teintes vives et simples. Je pense qu'il doit y avoir beaucoup d'animaux dans cette forêt, et comme je m'apprête à le dire, une licorne croise notre chemin ; nous marchons tous les trois vers une clairière que l'on devine, en contrebas. »<ref group="E">Modèle:Chapitre.</ref>

Dans une première analyse, Leclaire extrait de ce qu'il appelle un texte inconscient ou texte hiéroglyphique, c'est-à-dire une chaîne constituée des mots Lili-plage-sable-peau-pied-corne, dont la contraction radicale donne Li-corne. Ce point de départ considéré comme ne dépassant pas le niveau préconscient, donna lieu à un approfondissement ultérieur par son auteur et à de nombreux commentaires et interprétations par différents psychanalystes<ref group="E">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Représentations picturales de la licorne

Tableau montrant une licorne allongée caressée par une femme nue portant une couronne et un manteau rouge
Gustave Moreau, La licorne, huile sur toile, 1884-1885.

Modèle:Article détaillé D'après Jean-Pierre Jossua, le succès des représentations de licornes repose sur l'image du couple qu'elles forment en association avec une jeune femme viergeModèle:Sfn. La licorne inspire en effet de très nombreuses représentations dans l'occident chrétien : dans son ouvrage Spiritalis unicornis, catalogue des représentations médiévales, le franciscain Jürgen Werinhard Einhorn (Einhorn signifiant "licorne" en allemand) recense plusieurs milliers d'images de licorne pour le seul Moyen ÂgeModèle:Sfn. L'association femme-licorne perdure après le Moyen Âge ; le peintre français Gustave Moreau (1826-1898) y recourt ppel dans une perspective érotique (voir ci-contre)Modèle:Sfn.

D'après Bruno Faidutti, les deux thèmes artistiques médiévaux les plus populaires sont la scène de la chasse à la licorne et celle de la purification des eaux à l'aide de sa corneModèle:Sfn. Un thème artistique mineur, moins populaire, est celui du combat de la licorne contre l'éléphant et/ou le lionModèle:Sfn. Dans les bestiaires médiévaux et l'iconographie du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la licorne est volontiers associée aux hommes, femmes et bêtes sauvages<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>,Modèle:Sfn, ou chevauchée par des sylvainsModèle:Sfn. Le symbolisme et les allégories favorisent la couleur blanche. C'est à la Renaissance que la licorne devient une créature plus fine, plus proche de la taille du cheval que de la chèvre, ne gardant que les sabots fendus et la barbichette en souvenir de son passé de « chevreau ». La robe blanche de cette licorne qui acquiert du cheval sa taille et sa noblesse s'impose pour un animal symbole de pureté et de modestieModèle:Sfn.

Dans le monde musulman, des animaux unicornes composites sont attestés, souvent sous l'apparence de la licorne ailée, en combinant parfois des attributs de félinModèle:Sfn. Les représentations de licorne ailée lui confèrent également les attributs symboliques de Pégase<ref name="Tervarent" group="R"/>.

Miniatures médiévales

Modèle:Galerie détaillée

Dessin d'une licorne
Licorne du Bestiaire d'Aberdeen, vers 1200.

D'après Jean-Pierre Jossua, le récit du Physiologus donne naissance à une imagerie de licornes foisonnante, notamment dans les miniatures médiévalesModèle:Sfn. Il estime que cette imagerie de séduction d'un animal sauvage, évoquant sensualité et tendresse, est pour beaucoup dans le succès de la licorne médiévale, le texte religieux l'accompagnant étant de son point de vue plutôt superficielModèle:Sfn.

Les premières licornes médiévales inspirées des descriptions de Physiologos et de Ctésias ressemblent rarement à un « cheval blanc », pouvant être proches de chèvres, moutons, biches, voire de chiens, d'ours, et même de serpentsModèle:Sfn. Leurs couleurs varient, et incluent le bleu, le brun et l'ocreModèle:Sfn. Leur taille est plus proche de celle du chevreau que du chevalModèle:Sfn. Des manuscrits basés sur la Topographie chrétienne de Cosmas Indicopleustès rapprochent la licorne d'une chèvre noire ou blanche, avec une barbichette et une longue corne droiteModèle:Sfn. La scène de la chasse à la licorne se généralise au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref name="Pomel" group="R"/>.

Comme le souligne Bruno Faidutti, la majorité des miniatures médiévales reprennent une mise en scène inspirée du Physiologus : la bête est séduite par une vierge traîtresse, pendant qu'un chasseur lui transperce le flanc avec une lanceModèle:Sfn. Liée à la virginité des jeunes filles, cette scène de Modèle:Citation semble issue de la culture de l’amour courtoisModèle:Sfn, du respect de la femme, des loisirs délicats, de la musique et de la poésieModèle:Sfn :

Tapisseries

Modèle:Galerie détaillée D'après Faidutti, la licorne est emblématique des tapisseries de la RenaissanceModèle:Sfn, en particulier de celles des ateliers de Flandres, qui la représentent le plus souvent en compagnie d'une dame ou d'animauxModèle:Sfn. Les deux plus célèbres sont probablement La Dame à la licorne et La Chasse à la licorne, qui inspirent de nombreux commentaires et des travaux plus ou moins sérieuxModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

La Chasse à la licorne est une série de sept tapisseries exécutées à la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, qui représentent un groupe de nobles poursuivant et capturant une licorne. Leur origine reste controverséeModèle:Sfn. La série fut achetée par John Davison Rockefeller, qui en fit don au Musée des Cloisters, où elle se trouve de nos jours<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Les six tapisseries de La Dame à la licorne, datées de la même époque, sont exposées au Musée de Cluny à Paris. Probablement commandées pour Antoine Le VisteModèle:Sfn, elles constituent les plus célèbres pièces de ce musée et attirent de très nombreux visiteursModèle:Sfn. Les circonstances de leur commande restent peu claires, mais elles pourraient avoir constitué des cadeaux de mariageModèle:Sfn. Sur chacune d'elles, un lion et une licorne sont représentés à droite et à gauche d'une dameModèle:Sfn. Ces tapisseries font l'objet de très nombreuses spéculations au moment de leur redécouverte et de leur restauration, au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn. Cinq de ces représentations illustrent un sens, vraisemblablement en suivant une progression du plus matériel au plus spirituel<ref group="R" name="Delahaye">Modèle:Article.</ref>. La sixième tapisserie, sur laquelle on peut lire la formule « À mon seul désir » sur une tente, est plus difficile à interpréter, mais semble relever d'une représentation moralisante d'un « sixième sens »<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref group="R" name="Delahaye"/>. La cinquième tenture de saint Étienne, dans le même musée, montre le corps du Saint exposé aux bêtes, dont une licorneModèle:Sfn. Il existe d'autres tentures bruxelloises avec des licornes, telle celle de Guillaume Tons l'Ancien, datée de 1565<ref group="R">Modèle:Article.</ref>.

Représentations féeriques modernes

Image représentant une tête de licorne, au fond un loup hurlant à la lune
Licorne, telle qu'on se la représente généralement depuis la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.

L'apparence de la licorne dans les œuvres du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et postérieurement, inspirées par la féerie, accentue encore la proximité avec le cheval blanc, puisqu'elle perd parfois sa barbichette et ses sabots fendus. Dépeinte comme une créature solitaire, pure et bénéfique, inspirée par l'idéologie New Age, la licorne porte désormais au front une corne de couleur blanche, dorée ou argentéeModèle:Sfn. Elle est décrite comme « un cheval magique avec une corne », scintillante sous la lumière de la lune, cette corne dorée ou argentée renvoie au monde féerique et à la magieModèle:Sfn.

Bruno Faidutti et Yvonne Caroutch citent la description de Bertrand d'Astorg à titre d'exemple :

Modèle:Citation bloc

Héraldique et logos

Modèle:Article détaillé Modèle:Galerie détaillée

dessin d'une licorne blanche à la corne et aux sabots bleus sur un fond noir
Blason imaginaire de Gringalas le Fort.

La licorne est une figure héraldique imaginaire. D'après Michel Pastoureau, jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, elle est quasiment absente des blasons, probablement en raison de l'isolement de la culture héraldique (?)<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>. Elle est le plus souvent représentée blanche. Sa silhouette était plus proche de celle du chevreau à l'origine, ne se rapprochant du cheval qu'à partir du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, mais conservant une barbiche caractéristiqueModèle:Sfn. Elle est surtout utilisée comme support dans l'ornement extérieur de l'écuModèle:Sfn<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. Elle est beaucoup plus rare à l'intérieur de l'écu, bien qu'il existe des exemples dans les pays germaniquesModèle:Sfn.

Bruno Faidutti cite le blason du chevalier de la table Ronde Gringalas le Fort, de sable à la licorne d’argent accornée et ancornée d’azur, comme l'un des plus vieux exemples de blason à la licorne connusModèle:Sfn. Cet animal devient l’un des emblèmes les plus utilisés par les seigneurs et chevaliers à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn. Elle symbolise leurs vertusModèle:Sfn. D'après un traité d'armoiries londonien publié en 1610, Modèle:Citation<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. De même, Marc de Vulson de La Colombière (1669) écrit que Modèle:Citation<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>. Bartolomio d'Alvano, capitaine au service des Orsini, tire parti de cette symbolique en faisant broder une licorne plongeant sa corne dans une source sur son étendard, avec la légende Modèle:Citation<ref name="Tervarent" group="R"/>.

vue d'un blason indiquant en bas Dieu est mon roi, un lion est sur la gauche, une licorne sur la droite
Armoiries du Royaume-Uni.

Dans les armoiries de Grande-BretagneModèle:Sfn, le lion représente l’Angleterre et la licorne l’ÉcosseModèle:Sfn. La présence combinée de ces deux créatures symbolise l’union impériale des deux couronnes. Lewis Carroll cite une chanson enfantine anglaise, dans De l’autre côté du miroir, rappelant l’origine de ces supports d’armes<ref name="CotéMiroir"/> :

<poem>

Modèle:Langue</poem>

<poem>

Le lion et la licorne se disputaient la couronne Le lion battit la licorne tout autour de la ville </poem>

<poem>

Pour la couronne d’or et pour la royauté, Le fier Lion livrait combat à la Licorne. Elle fuit devant lui à travers la cité, Sans jamais, toutefois, en dépasser les bornes. </poem>

Traduction littérale Traduction de Jacques Papy
vue d'un blason entouré de deux licornes cabrées
Armoiries de la ville d'Amiens.

En France, la licorne figure dans les armoiries de la ville d'Amiens<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref> et est l'emblème de l'Amiens Sporting Club, club de football professionnel de cette même ville, en Picardie. Elle est représentée sur le logo du club, qui dispute ses matches à domicile au stade de la Licorne<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. La licorne est également présente dans le blason de la ville normande de Saint-Lô<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>, et celui de la ville alsacienne de Saverne<ref group="H">Modèle:Ouvrage.</ref>, qui a inspiré une célèbre brasserie<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Avec le développement de l'imprimerie, la licorne devient l’animal le plus représenté sur les filigranes de papier, et le plus répandu après le phénix dans les marques et les enseignes d’imprimeurs, dans toute l’Europe. Bruno Faidutti suppose qu'elle symbolise la pureté du papier, et donc celle des intentions de l'imprimeurModèle:Sfn.

Dans la culture populaire

Modèle:Article détaillé

dessin montrant une licorne rose
La licorne rose invisible.

La licorne reste une source d'inspiration pour les auteurs et créateurs de culture populaire, notamment d’œuvres relevant des littératures de l'imaginaire, du cinéma de fantasy, du merveilleux, du fantastique<ref group="R" name="Labbé">Modèle:Ouvrage.</ref> et du jeu de rôle sur table<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Dans La Fille du roi des Elfes de Lord Dunsany, la rencontre avec des licornes marque l'entrée d'un royaume enchantéModèle:Sfn. Dans Modèle:Langue (La Dernière Licorne ), roman de fantasy de l'Américain Peter S. Beagle publié en 1968, une licorne vit paisiblement dans sa forêt lorsqu'elle entend deux chasseurs dire qu'elle serait la dernière<ref name="Beagle"/>. Elle part à la recherche d'autres licornes, affronte une sorcière, est métamorphosée en femme, et retrouve son apparence origienlle au terme d'un combat contre un taureau de feu<ref name="Beagle"/>. Elle libère ses semblables avant de regagner sa forêt<ref name="Beagle">Modèle:Ouvrage.</ref>. L'adaptation en film d'animation du roman est sortie en 1982. D'après André-François Ruaud, cette œuvre oscillant entre merveilleux et naïf rencontre un Modèle:Citation, bien qu'il faille attendre trente ans pour la parution de sa traduction française<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Modèle:Encadré Dans Les Dames à la licorne, publié en 1974, René Barjavel et Olenka de Veer imaginent que Modèle:Souverain3 a épousé une licorne, dont sont issus les rois d'Angleterre et d'Europe<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le Signe de la Licorne de Roger Zelazny s'inscrit dans le cycle des Princes d'Ambre<ref group="R" name="Labbé"/>. Le monde de Narnia compte des licornes ; dans Le Lion, la Sorcière blanche et l'Armoire magique, premier film de la série d'adaptation sorti en 2005, Peter Pevensie monte une licorne durant la première bataille<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Anne McCaffrey a créé une série de science-fiction autour d'Acorna, une licorne humanoïde trouvée dérivant dans un vaisseau spatial<ref name="Noosf"/>. D'après un article de NooSFere, les licornes des romans de l'imaginaire Modèle:Citation<ref name="Noosf"/>. Ainsi, dans le premier tome de la saga Harry Potter, le meurtre des licornes fait découvrir la présence de Voldemort<ref name="Noosf">Modèle:Article.</ref> ; les licornes de cet univers de fiction se distinguent par les propriétés de leur sang, qui est un élixir de longue vie<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

En bande dessinée, Le Secret de La Licorne, dans la série de Tintin par Hergé, renvoie à un navire nommé La Licorne, dont la figure de proue représente une telle créature. Unico, un manga d'Osamu Tezuka, met en scène une petite licorne possédant de nombreux pouvoirs magiques, qu'elle emploie en faveur d'une personne qui l'aime et qu'elle aime en retour<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Au cinéma, L'Enfant et la Licorne de Carol Reed (1955) évoque les croyances enfantines<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Dans le film de Blade Runner (1982), le personnage principal rêve d'une licorne, équivalent du mouton électrique évoqué dans le texte<ref group="R">Modèle:Ouvrage.</ref>. Les licornes du film Legend (1985), qui en sont l'un des sujets principaux, sont jouées par de fins chevaux blancsModèle:Sfn ; symbolisant l'équilibre entre le bien et le mal<ref group="R" name="Labbé"/>, elles vivent dans les forêts et au bord des rivièresModèle:Sfn ; c'est grâce à une corne de licorne que le démon Darkness est vaincuModèle:Sfn. Nico la licorne est, à l'origine, un roman jeunesse américain de Franck Sacks paru en 1996<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, dont a été tiré un film en 1998. Il raconte l'histoire d'un jeune garçon de onze ans handicapé depuis un accident de voiture, qui sauve une ponette d'un cirque, laquelle donne naissance à une licorne douée de pouvoirs magiques<ref group="P">Modèle:Article.</ref>. Dans U, film d'animation français sorti en 2006, la découverte de l'amour sépare une jeune fille de sa licorne<ref>Modèle:Lien web</ref>.

À la télévision, She-Ra, la princesse du pouvoir présente Éclair, le cheval d'Adora qui se transforme en Fougor, licorne ailée douée de parole<ref group="E">Modèle:Article.</ref>. La série d'animation américaine Princesse Starla et les Joyaux magiques montre des adolescentes chevaliers d'Avalon montant des licornes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Dans My Little Pony, les licornes sont l'une des trois races principales peuplant le monde d'Equestria, avec les poneys et les pégases<ref>Modèle:Article</ref>. Dans l'univers de Pokémon, Galopa est proche d'une licorne de feu<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

La licorne fait partie du bestiaire des jeux de rôle. Inclus au bestiaire de Donjons et Dragons, un numéro de Dragon magazine distingue une espèce principale, la licorne sylvestre, et dix sous-espèces. La plupart vivent pour protéger les forêts, leurs capacités proviennent de leur corne<ref>Modèle:Article.</ref>. La licorne est l'une des montures des elfes sylvains dans l'univers de Warhammer.

Ces dernières années, la licorne est particulièrement représentée dans la culture internet, souvent de manière parodique, comme en témoignent le culte de la Licorne rose invisible (parodie de religion, reposant sur le paradoxe selon lequel la licorne est à la fois rose et invisible), les web séries décalées Charlie the Unicorn et Planet Unicorn, les œuvres dérivées de My Little Pony : Les amies, c'est magique ou encore l'univers de Robot Unicorn Attack, jeu vidéo de plates-formes très kitsch développé en Flash, qui semble directement tiré d'un rêve de petite fille<ref name="Tsaag" group="R"/>. D'après Amélie Tsaag Valren, son image subit une déchéance symbolique depuis les années 1980, les licornes perdant la richesse de leur légende originelle dans les productions de culture populaire<ref name="Tsaag" group="R"/>. Elles sont perçues comme des créatures mièvres, qui font fantasmer les petites filles<ref name="Tsaag" group="R">Modèle:Article.</ref>. Dans le langage courant, le mot « licorne » est devenu une métaphore de l'extraordinaire<ref group="P">Modèle:Lien web.</ref>.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Sources primaires historiques

Modèle:Références nombreuses

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Travaux d'analyse

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Travaux relevant de l'ésotérisme ou de la psychanalyse

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  • Autres références psychanalyse et ésotérisme

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Sources de presse

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Autres références

Modèle:Références nombreuses

Annexes

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Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes

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